En fait, je poste ce soir Alena!

Ce n'est pas totalement fini, mais comme je me rends bien compte que je risque de faire un très long chapitre, je préfère me restreindre à 3500 mots pour ce soir! :-)

Très logiquement il y aura la suite demain! Voir deux suites si j'ai le temps! :-)

Bonne lecture!


Notes de Viktor 2 : Ilona…

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22 Mars 1207,

En vérité je restais un mois entier en compagnie d'Ilona. Mes blessures furent, bien sur, très vite guéries, mais j'éprouvais le besoin de sa compagnie. Et je dois bien admettre que celle de son cousin ne me déplaisait pas non plus. La première peur passée, Olek se montra très prompt à la conversation, même si le sujet d'Helén était à proscrire en sa présence. Sa timidité vis-à-vis de celle que je considère comme ma petite fille me fait aujourd'hui encore sourire.

Le jeune garçon trouva vite un moyen de remettre sa lettre, et ce moyen s'appelait Ilona. Mon hôte fréquentait de plus en plus sa demi-sœur et fut donc missionnée pour cette tache délicate. Elle fut également désignée par ma jeune guérisseuse, pour aller transmettre la réponse et toutes les lettres suivantes. Ce fut pour Ilona une bonne occasion de se détendre un peu, et je pus capter de nombreux sourires, le genre de sourire attendri qu'un aîné peut adresser à ses enfants lorsqu'ils découvrent par eux même le bonheur qu'il y a, parfois, à vivre.

Ilona ne manquait jamais, chaque soir qu'elle revenait dans la 'cabane' pour dormir, de me raconter quelques petites anecdotes de sa journée. Et les principales concernaient nos deux tourtereaux comme nous les avions baptisés assez puérilement. A présent je me rends bien compte que je n'avais plus grand-chose d'un aîné des vampires, coincé en haut de mon arbre avec le plus civilisé et divertissant des loups qu'il m'ait été donné de rencontrer. Mais je crois que ces jours passés avec elle on fait ressortir quelque chose en moi, une chose que je n'aurais jamais du oublier : le fait que j'ai eu une vie humaine. Il fut un temps où j'étais moi aussi, fragile à l'instar de ses personnes qui me protègent. Moi aussi j'ai eu faim et froid, et la colère qui m'anime depuis une éternité est apparue durant cette vie.

Elle me parla également de son plan concernant 'les 30' et je ne pus que l'encourager dans cette optique car après tout, c'est Auban et moi qui avions mis en place cette entreprise de sauvetage, avec bien entendu le roi de Hongrie qui reste un ami de longue date. Elle ne fut pas très surprise d'entendre qu'il faisait lui aussi parti du monde la nuit et ne posa que quelques questions polies à son sujet. Elle fut rassurée de savoir que c'était quelqu'un de confiance et ne parla plus, par la suite, que de ses projets pour regrouper ces personnes. Elle attendait une réponse et je lui promis d'envoyer moi-même une missive à mon retour au château. Elle me remercia, et je remarquai qu'elle faisait d'innombrables efforts pour paraître moins froide et plus agréable en ma présence. Cela ne me gênait pas qu'elle soit froide et distante, je ne suis, après tout, moi-même, guère très loquace.

Mais je dois bien avouer que cette nuit d'orage avait tout même réussit à nous rapprocher un peu. Elle eut un peu honte, au début, de s'être refugiée dans mes bras à cause de sa peur. Mais comme elle réitéra l'expérience de nombreuses nuits durant, elle finit par être un peu plus à l'aise. De mon côté, si la première fois m'avait faite bien rire, les suivantes étaient un peu gênantes, en partie à cause du fait qu'à force de passer du temps avec quelqu'un on commence à vraiment l'apprécier. J'aimais déjà beaucoup Ilona lorsqu'elle était enfant et je soupçonnais à raison que ce sentiment était loin d'avoir disparu. Je ne faisais, bien entendu, que la serrer dans mes bras, mais cela n'empêchait pas mon corps de réagir à cette présence féminine et chaleureuse. Elle dut forcément le remarquer, mais elle ne m'en fit jamais la remarque. Après tout, je doute sincèrement que tous les frissons dont elle fut secouée soient uniquement dus au froid.

Nous avions donc pris l'habitude de dormir l'un contre l'autre, le plus généralement en nous tournant le dos, mais il n'était pas rare que nous nous retrouvions face à face au réveil. Je remarquai souvent, lors de ces moments de proximité qu'elle rougissait légèrement, et si nous parlions de sujets variés, ce que nous pouvions ressentir l'un pour l'autre faisait parti d'un domaine inexploré. Elle me posa également quelques questions sur son enfance, à demi effacée et je me rendis bien assez vite compte qu'Ilona était presque en mesure de passer le barrage mental qu'avait instauré son demi-frère des années auparavant. Elle avait des flashs de souvenirs et la plupart concernaient Helén. Ce qui n'avait, en soit, rien de très étonnant elles étaient inséparables petites. Certains me concernaient également et c'est pour cette raison qu'elle tentait, de façon détournée, de m'en faire dire un peu plus. Je n'étais pas en droit de lui répondre. Son jugement avait été clair, sa vie aux côtés des vampires ne pouvait lui être dévoilée que si elle rejoignait ce camp.

Une autre chose que j'ai découvert à propos d'Ilona, c'est son incroyable capacité à transmettre des pensées ou des souvenirs, et pas uniquement par le sang. Les loup-garous transmettent des souvenirs à leurs victimes lorsqu'ils les mordent, et Ilona, d'une façon similaire peut transmettre également mais via un simple contact frontal avec la personne de son choix. J'en fis l'expérience quelques fois, mais la grande proximité physique qu'impliquait une telle manœuvre nous freina beaucoup sur ce terrain.

Me concernant, je remarquais quelques changements assez probants. Il fut un temps où j'étais en quelque sorte relié à Ilona. Je ne me suis jamais expliqué une telle chose et je n'en ai jamais, par ailleurs, touché mot à quiconque hormis à la principale concernée. C'était notre secret lorsqu'elle était enfant et avait encore tous ses souvenirs. Je ne l'ai jamais dit à Markus, mais c'est ce lien, pourtant devenu si ténu, qui m'avait permis de la retrouver ce soir de neige où William l'avait mordue. De même, cela m'a permis de toujours plus ou moins garder un œil sur elle, et même si elle ne l'avouait pas, je devinais qu'il en était de même pour elle.

Nous avions fini par mettre Helén au courant de ma présence dans la demeure d'Ilona. Elle m'avait d'ailleurs gratifié d'une belle avoinée dans les règles de l'art. Il faut dire que j'avais totalement oublié d'envoyer une lettre à sa mère pour ne pas qu'elle s'inquiète. Mais les choses finirent par s'arranger et Helén et Olek nous rejoignaient souvent pour prendre part à nos discussions. Avec Ilona, nous notions bien un léger rapprochement, néanmoins, nos deux têtes de mules s'entêtaient à ne dévoiler leurs sentiments que par écrit, ce qui avait le don de nous faire sourire et les moqueries étaient très régulières.

Nous ne nous arrêtâmes que le jour où Helén nous fit comprendre qu'il n'y avait pas que deux personnes ''coincées'' (ce sont ses mots) dans la pièce. Pendant un instant, j'ai cherché ce à quoi elle faisait allusion, mais lorsque j'ai vu Ilona s'empourprer un peu j'ai compris qu'elle parlait tout simplement de nous. Cette réflexion me hanta toute la nuit, et encore maintenant je ne sais pas vraiment où me situer, même si certaines choses ont beaucoup évolué je dois l'admettre…

Toujours était-il que nous faisions des paris sur le moment où Olek et Helén franchiraient le pas. C'est pour ce genre d'activités communes que je ne sais pas vraiment me situer par rapport à Ilona, car nous nous comportons en quelque sorte, simplement comme de bons amis, et ce statut me réjouit. Je dois bien admettre que j'avais peur de ne plus jamais pouvoir lui parler. Bien sur nous étions très loin de la fusion qui nous unissait lorsqu'elle était plus jeune mais je trouvais qu'elle faisait de gros progrès en ma compagnie. Elle semblait moins tendue et peut-être un peu plus heureuse. Bien entendu, je ne nie pas qu'il y ait eu quelques dérapages, en fait, principalement un, mais j'y reviendrai plus tard.

Au bout d'environ deux semaines de cohabitation, plus ou moins mouvementées, je lui proposai de l'entraîner. Elle me fixa avec étonnement avant d'accepter, non sans m'avoir demandé avec ironie si ce n'était pas une sorte de trahison d'enseigner à l'un de ses potentiels ennemis. Il est vrai que j'avais oublié ce léger détail : nous n'étions pas vraiment dans le même camp. Et même si Ilona faisait tout ce qui était en son pouvoir pour réguler les pulsions violentes du chef des rebelles, Goran, nous n'étions pas censés nous fréquenter.

Je décidai cependant de mettre cela de côté et l'entrainai dehors, mon épée et la sienne à la main. Nous nous installâmes près de la cascade et après l'avoir jaugée de haut en bas je lui tendis son épée et lui demandai de me montrer ce qu'elle savait faire. Il n'y avait, bien sur, aucune chance qu'elle gagne contre moi, mais je dois bien avouer que ce fut extrêmement divertissant. Elle était douée, c'était certain, et si elle avait été une vampire, elle aurait certainement pu me mettre dans l'embarra en forçant à faire ce qu'elle voulait. Ilona avait et a toujours, une formidable capacité d'anticipation et d'analyse. Elle fut capable de reconnaître mes quelques points faibles en quelques minutes d'entrainement, et elle voyait très juste. Elle tirait également des leçons de chaque joute et ne reproduisait jamais deux fois la même erreur. C'était plutôt plaisant de faire travailler quelqu'un d'aussi attentif et volontaire.

Il arrivait bien sur que nous ayons des désaccords, ils étaient même nombreux. Elle avait beau essayer de faire le moins de victime possible lors de ses expéditions, je suis contre le vol dans tous ces genres. Et je trouve également qu'elle se met continuellement en danger et qu'elle ne fait pas suffisamment attention à elle. Mais je dois me rendre à l'évidence, Ilona n'a jamais appris à prendre soin d'elle, au contraire elle privilégie toujours les autres. Notre principale dispute à ce sujet concerna le nombre de coups de fouet qu'elle était capable de se prendre à la place d'autrui en une seule semaine. Elle insinua fortement qu'elle n'avait pas vraiment le choix. Et je mis longtemps à essayer de lui faire comprendre qu'elle n'avait pas à faire cela pour réparer je ne sais qu'elle faiblesse d'Auban. C'était vraisemblablement les mots à ne pas dire, nous ne dormîmes pas ensemble cette nuit là. Elle ne me parla pas, non plus, pendant la nuit suivante. Puis finalement, alors que le soleil n'était pas encore levé, je la retrouvai penchée au dessus de moi. Elle me secouait avec douceur, pour me réveiller. Et je compris à ce moment qu'elle avait enfin décidé de clore notre discussion.

« _ Vous avez raison ».

Je fus très surpris qu'elle me dise une chose pareille. A sa place je n'aurais certainement jamais admis m'être trompé. J'allais lui dire que je ne lui en voulais pas le moins du monde, lorsqu'elle m'empêcha de parler en posant un doigt impérieux sur mes lèvres et en reprenant :

« _ Vous avez raison sur toute la ligne. Vous me connaissez mieux que je ne me connaîtrais jamais. Et vous savez sans aucun doute ce qui est bien ou non pour moi. Seulement, vous voyez, ici, c'est totalement différent que lorsque j'habitais au château de mon père. Des gens souffrent à cause de tyrans et de meurtriers qui n'ont jamais été punis pour leurs actes et ne le seront sans doute jamais. Et personne n'est assez courageux pour prendre leur défense. Je ne supporte pas de voir d'autres personnes souffrir et d'autres enfants innocents mourir. Au début je me battais pour venger la mort de mon père et de mon frère, j'étais jeune, idiote, égoïste et aveuglée par la rage. Aujourd'hui, les temps ont changé, je sais que je peux vraiment faire quelque chose pour ces pauvres gens. Je sais que je peux aider à rétablir la paix qu'il y avait au temps de mon père, j'ai juste besoin de trouver un moyen d'unir toutes ces personnes. Elles ne comprennent pas que ce qui fait leur soumission c'est simplement leur isolement… si tous s'entraidaient il n'y aurait pas tous ces emprisonnements et tous ces châtiments publics. En demandant au roi d'envoyer ses émissaires, je veux juste trouver un moyen de les unir, et également de mettre au grand jour la vérité. Si j'étais moins faible je ferais ce que mon père voulait que je fasse avec la liste, mais j'ai peur… Peur d'échouer et de ne faire qu'envenimer la situation. Alors vous avez parfaitement raison : à l'origine c'était de la vengeance, puis c'est devenu un devoir pour honorer mon père, mais aujourd'hui c'est juste une question de liberté et de justice.

_ Ilona… Murmurai-je en voyant quelques larmes sur ses joues.

_ Vous comprenez ? » Insista-t-elle en pleurant et en me secouant par les épaules.

J'hochai positivement la tête en la pris dans mes bras. Elle s'y effondra et je tentais de la calmer pendant de longues minutes. Elle s'accrochait à moi comme une âme en perdition, alors qu'elle était si lucide et si réaliste à mes yeux. Seulement elle ne se voyait pas telle qu'elle était vraiment. Au fond de moi, j'avais la vive certitude qu'elle serait capable de bien plus de choses avec un peu d'assurance. Je sais reconnaître un meneur d'homme lorsque j'en vois un. Et Ilona n'est pas un simple soldat. Je cherchai longtemps quelque chose à lui dire avant que six mots ne me viennent à l'esprit.

« _ Ton père serait fier de toi. » Chuchotai-je en la serrant contre moi avec… amour ? Non, je ne sais pas vraiment ce que c'était. Je voulais juste qu'elle arrête de pleurer, je m'étais déjà rendu compte, à ce moment que j'aimais la voir sourire. Mais d'un autre côté, cette étreinte me permettait de faire moi-même un peu le vide dans mon esprit. Elle se détendit doucement et se laissa tomber contre moi en glissant ses bras dans mon dos. Sa tête reposait, comme d'ordinaire, sur ma poitrine. Elle écoutait les battements réguliers de mon cœur pendant que je la berçais.

Je lui ai demandé, une fois, pour plaisanter, qui la prenait dans ses bras lorsque je n'étais pas là. Elle ne prit pas la plaisanterie dans le bon sens, et me rétorqua froidement que c'était Olek ou Ili. Et je vis, à l'évocation de son amie, maintenant disparue depuis trois semaines, qu'elle se crispait un peu. Elle ne parvenait pas à cacher tout le souci qu'elle se faisait pour son amie enceinte et je le comprenais parfaitement.

Mais revenons à notre étreinte. Je pensais qu'elle allait s'endormir lorsqu'elle me demanda quelque chose d'assez étrange.

« _ Montrez-moi des souvenirs de mon père lorsqu'il était encore heureux. »

Je me figeai, théoriquement comme ce n'était pas vraiment un souvenir propre à Ilona je pouvais le lui transmettre, mais même si j'avais eu la preuve qu'elle pouvait, en plus de recevoir, transmettre, j'ignorais si c'était une bonne idée ou non.

« _ Je me fiche de si ces souvenirs sont partagés avec sa première femme. Je ne l'ai jamais vu autrement que malheureux, soucieux et absent. Montrez-moi. »

Et c'est ce que je fis.

oOo

Le petit garçon aux cheveux noirs courrait après la fillette blonde. Au loin, je les observais. Lívia était comme une fille pour moi. Je l'avais recueillie alors qu'elle n'était qu'un nourrisson, elle n'avait jamais connu ses parents, transformés en loup-garous par les créatures de William.

Auban lui montra un papillon qui n'avait pas encore eu le temps de se mettre à l'abri pour passer la nuit. Elle rit. Il la poussa dans l'herbe et s'allongea à côté d'elle.

Ils restaient souvent de longues heures ensemble, insouciants. Ce n'étaient que des enfants après tout.

oOo

Auban sortit un bouquet de fleurs de derrière son dos. Lívia n'était pas vraiment une jeune fille qui acceptait ce genre de présent et je savais que cela faisait juste parti de leurs petits jeux de séduction.

Ils étaient deux adolescents plein de vie. Et si au début j'avais craint que ma fille ne s'éloigne de moi en fréquentant un humain, je ne pouvais décemment pas oublier qu'elle appartenait encore à cette espèce.

Le jeune Auban était quelqu'un de bien et son père, seigneur, était admiré de tous. Son fils suivait avec application son chemin.

oOo

Les larmes coulaient, intarissables, sur les joues d'Auban. Il avait à peine quinze ans et son père venait de décéder brutalement durant une bataille contre les loup-garous.

Il se tenait droit près du cercueil, signant les papiers que l'on lui tendait afin de clarifier sa nouvelle situation de seigneur humain. Il demanda à rester seul, mais je ne l'écoutais pas et resta près de lui. Il était trop jeune pour assurer ce poste seul, c'est pourquoi j'avais décidé qu'il bénéficierait d'une intendance jusqu'à des dix-huit ans. Il viendrait vivre au château avec nous.

Lorsque je m'éclipsais enfin, Lívia le rejoignit et je pu voir ma douce enfant le serrer dans ses bras. Je sus à cette instant qu'ils seraient à jamais inséparables.

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Auban, nerveux du haut de ses dix-neuf ans, attends le dos tourné, près de l'hôtel, que j'arrive avec Lívia. Elle tremble et s'accroche à mon bras. Je sais qu'elle est heureuse de se marier avec la personne qu'elle aime le plus au monde. Mais je me souviens également qu'elle a beaucoup pleurer de devoir me quitter.

Nous arrivons et Auban se retourne : « Prends soin d'elle. » Furent mes derniers mots, accompagnés d'un sourire, que je ne réserve qu'à ''mes deux enfants''.

Ils répétèrent leurs vœux de mariage avec émotion. Mais lorsqu'ils s'embrassèrent je ressentis un pincement au cœur. Ils avaient décidemment bien grandi.

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La grossesse de Lívia commence à se voir. Elle et Auban sont plus heureux que jamais. Ils m'ont confié qu'ils pensaient que ce serait un garçon. J'ignore encore comment ils pouvaient en être si sûrs. Je n'avais rarement vu Auban plus heureux que lorsqu'il m'indiqua en souriant que je serais bientôt grand-père.

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Je n'avais pas eu d'autre solution, pour sauver Lívia après son accouchement compliqué, que de la transformer. J'avais peur qu'elle m'en veuille, mais à les voir serrer, elle et Auban, leur petit Fábián dans leurs bras, je me dis que j'ai certainement fait le bon choix.

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Lorsque je réussi à convaincre Lívia de mettre au courant Aban de sa nouvelle grossesse, je ne pensais pas qu'il serait aussi heureux. Cela faisait des années qu'ils n'étaient plus ensemble mais leur amour semblait perdurer au-delà de leurs différences. Cette nuit passée en souvenir de leur vie passée n'avait finalement amené qu'un magnifique cadeau supplémentaire.

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Les jumeaux et l'enfant que portait Lívia allaient venir au monde en même temps, j'en avais la certitude. Auban et sa nouvelle compagne, que je n'appréciais guère, étaient venus au château. Mon gendre avait passé plus de temps avec son ancienne femme qu'avec la nouvelle et j'en venais à me demander pourquoi il s'était remarié.

L'accouchement fut compliqué, un des jumeaux, enfin la jumelle, eut du mal à prendre vie. Mais c'était visiblement une battante, elle hurlait maintenant à plein poumons. Sa mère ne semblait cependant pas y prêter grande attention et c'est pour cela qu'après avoir serrer son fils dans ses bras, il prit Ilona et l'emmena dans la pièce adjacente où se reposait Lívia après avoir mis au monde Helén. Ma fille adoptive berçait le bébé avec douceur, un doux sourire sur son visage. Elle leva la tête vers Auban et son regard s'illumina. Il lui tendit Ilona qu'elle réceptionna. Elle cala les deux petites contre sa poitrine et Auban l'embrassa sur le front, d'un de ses baisers tendres qu'il lui avait toujours réservé.

Il se releva et m'adressa un bref salut poli et enjoué. Ce fut l'une des dernières fois où il sourit.

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Ilona et moi étions front contre front. Ses yeux se fixèrent dans les miens et je remarquai qu'elle avait l'air apaisée. Elle rougit un peu eu je constatai que mes mains s'étaient tout naturellement posées sur ses hanches, les siennes étaient posées sur mes épaules. Je m'excusai vaguement, un peu gêné, mais elle m'assura que ce n'était rien. Elle retira elle-même mes mains et les garda dans les siennes un instant avant de me remercier et de déposer un léger baiser sur une de mes joues. Cela me rappela la dernière fois qu'elle avait fait ce petit geste d'affection à mon égard, elle avait neuf ans, et elle était vraiment adorable.

Nous nous rendormîmes, mais ensemble cette fois-ci.

Nos journées devenaient routine et je me complaisais dans cette simplicité bienvenue et apaisante. Tout était parti pour perdurer ainsi jusqu'à mon départ, mais à cause de Goran nous eûmes une légère complication dans notre programme.

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