Bonsoir! Ceci est un chapitre un peu miroir du précédent, il s'agit des mêmes évènements mais du point de vue d'un autre personnage. Pour quelques prochains chapitres je vais tester une sorte de nouveau format, assez court mais qui me semble assez adapté à ce que j'ai envie de raconter, c'est un peu une fanfiction pleine d'expérimentations pour moi ah ah^^
Bonne lecture!
Notes de Viktor 4 : L'archère
OoooooO
7 Juillet 1207,
Un jour j'apprendrai à Ilona le véritable sens de l'expression « faire profil bas » bien que je doute qu'elle soit jamais en mesure d'écouter ne serait-ce qu'un seul conseil avisé. Je pensais que « ne pas viser un aîné avec une dague » était une évidence suffisamment implicite pour ne pas la citer, il faut croire que je ne cesserais jamais de me méprendre concernant la fille d'Auban. Maudits soient les descendants de la famille Corvinus et leur affinité pour les ennuis. Je pense relativement bien savoir de quoi je parle, ayant suffisamment donné dans ce domaine par le passé. Markus, William, Helén, Ilona et Ariana, ma vie aurait été d'une morne banalité sans votre participation active à faire de celle-ci un enfer. D'ailleurs elle aurait certainement pris fin il y a de cela cinq ou six siècles, je ne sais plus exactement. D'après Markus et son incommensurable sagesse, à l'égale du fait d'omettre de préciser ses liens de parenté avec un certain loup-garou jusqu'au moment où ledit loup-garou apparaît devant nous, on cesse de tenir les comptes passer deux cent ans.
Ce tournoi n'avait pourtant pas si mal commencé que cela, si on oublie l'ennui mortel qui s'était emparé de moi au bout de quelques duels des humains, ils étaient véritablement lents et pathétiques, remplis de l'espoir désespérant d'intégrer nos rangs. Tous ces fils de seigneurs n'étaient que des enfants gâtés et vantards dénués du véritable esprit guerrier, leur technique frôlait, certes, l'excellence décrite dans les plus complets parchemins, mais ils n'en demeuraient pas moins aussi prévisibles qu'Helén et Ilona le jour où je leur ai interdit d'adopter un loup.
Le seul dont la dextérité m'ébranla et me tira autre chose qu'un soupir exaspéré fut Olek. Il m'arrivait, presque parfois, de me sentir proche du garçon. Je notais quelques ressemblances plutôt plaisantes il prenait des risques, poussant son adversaire dans ses retranchements, l'analysant avec vivacité, je comprenais mieux les excellents réflexes d'Ilona, son cousin ne la ménageait certainement pas durant leurs joutes. Il ne remportait le duel jamais deux fois de la même manière, ses adversaires n'avaient pas une chance de prévoir ses mouvements et seule possibilité de le faire fléchir était de le prendre de vitesse ou de force, ce qui se passa durant le combat final où Olek négligea la force de son adversaire l'obligeant à déclarer forfait après avoir entendu son poignet émettre un bruit peu rassurant.
Puis était venu le moment de l'épreuve de tir, j'avais intérieurement parié sur ce qu'Ilona se fixerait comme limites au spectacle qu'elle serait certainement ravie d'offrir. Parfois je plains sincèrement ceux qui se retrouvent à portée de ses flèches, le calme dont elle fait preuve au moment de relâcher la corde et sa dextérité sont presque félines. Elle ne montra qu'une petite partie de son talent ce qui suffit amplement à clouer le bec aux autres participants. Ces derniers, n'ayant pratiqué le tir à l'arc, cet art de lâches, pour ne pas les citer, qu'au sein d'enceintes closes étaient incapables de prendre en compte les différents paramètres extérieurs aussi bien qu'Ilona qui avait du apprendre à tirer pour, en premier lieu, chasser et manger.
Aucun incident majeur ne survint tandis que l'humaine qui me donnait tant de soucis écrasait avec une violente satisfaction non voilée ses homologues masculins, sous les yeux avides d'Amélia. Si je n'avais pas été aussi tendu j'aurais peut-être souri, ah, les femmes…
Non, les ennuis arrivèrent véritablement quelques minutes plus tard, lorsqu'Ilona rejoignit les autres candidats afin de se préparer pour la prochaine épreuve. Elle fut prise d'une migraine, ce qui, chez les affiliés Corvinus est presque plus désastreux que de contracter la peste. Autrement dit, il y avait de grandes chances pour que la mort vienne rapidement nous menacer de sa faux. En quelques secondes je fus auprès d'Ilona pour savoir ce dont il retournait, ayant d'avance la certitude qu'importent les mots qui sortiraient de sa bouche, cela ne me plairait pas. Le destin me donna raison et des hurlements de loups-garous ne tardèrent pas à fendre le silence nocturne que j'affectionne tant.
Ilona semblait ébranlée au plus profond d'elle, presque blessée, comme si sa volonté en avait rencontré une plus puissante qui l'avait muselée, écrasée comme si elle n'était qu'un vulgaire moucheron. En soit, c'était bien loin d'être un signe encourageant, peinant déjà à comprendre toute la subtilité du lien d'Ilona avec les créatures de William je doutais sincèrement de mon aptitude à appréhender quelqu'un capable de bien pire qu'un simple petit tour de suggestion. Tandis que Markus et Amélia hurlaient déjà des ordres autour d'eux afin de préparer notre défense j'empoignais Ilona et enfermais les humains, par la même occasion, dans un des bâtiments. J'avais le pressentiment que les loups n'étaient là que pour nous. J'aurais aimé avoir raison.
J'avais à peine quitté Ilona et empalé mon dixième lycanthrope qu'une clameur retentit, semant le doute comme une bourrasque balaie des grains sable, nos esclaves s'enfuyaient et les loups-garous s'en régalaient. Quelqu'un avait ouvert les geôles pour faire diversion, quelqu'un s'amusait avec nous, nous manipulait pour remplir un objectif précis. Celui qui avait monté cette attaque n'avait que peu de scrupules, condamnant des dizaines d'humains en les libérant alors, qu'au fond de leur cachot, ils étaient certainement les habitants du château les mieux protégés.
Nos esclaves ne furent cependant que quelques secondes l'objet de mes préoccupations principales car je ne manquais pas de constater, sans réelle surprise, qu'une fois encore Ilona ne m'avait pas écouté. Mon amie avait du attendre environ deux minutes avant d'une fois encore faire quelque chose de très stupide et toutefois terriblement logique lorsqu'on l'on commence un peu à comprendre comment cette jeune-fille raisonne. Tout en maintenant les loups-garous à bonne distance je m'assurais qu'elle regagnait les souterrains sans encombre en jetant régulièrement des coups d'œil que je souhaitais discrets en sa direction. A peine quelques mètres derrière elle, suivait Olek. Ce jeune humain ne cessait de m'étonner de part son courage et sa loyauté sans faille envers Ilona, on ne pouvait pas rêver meilleur allié que ce mortel, fragile, pourtant prêt à risquer sa vie face aux plus dangereux monstres. Je comprenais un peu mieux ce qui pouvait attirer Helén chez lui, ce garçon aurait tout à fait sa place dans nos rangs et je devinais que derrière ses silences et sourires polis se cachait une véritable force d'assurance qui ne demandait qu'à émerger.
Je fus finalement soulagé qu'Ilona et son cousin aient une fois de plus désobéi à mes ordres en quittant la grange qui abritait les participants au tournois car peu de temps après qu'ils aient disparu dans les profondeurs du château, l'abris relatif qu'elle proposait s'écrasa littéralement sur le sol, broyant ses occupants, les créatures de William ne manquant pas de s'occuper de ceux qui avaient pu réchapper de l'affaissement du bâtiment. Un frisson me parcourut, il s'en était fallu de peu. Une vague de culpabilité me submergea alors que j'enfonçais à nouveau mon épée dans le torse d'un loup-garou, déchirant ses entrailles dans un craquement écœurant, j'avais, par mégarde, accéléré la mort des humains. Au fond de moi, un très vieux souvenir me soutenait que j'avais fait une erreur, tandis que la grande majorité de mon esprit me dictait que ces quelques hommes n'étaient rien de plus qu'une minuscule poussière que je pouvais fouler du pied. Visiblement passer du temps avec Ilona me rend bien trop nostalgique de mon ancienne vie, si je ne me reprends pas je vais bientôt finir par éprouver de l'empathie pour eux. Comme s'il était naturel qu'un loup se questionne sur le ressenti du cerf avant de lui broyer la gorge de ses crocs, ce serait insensé ! Tout comme le fait que je viens de comparer un vampire à un canidé…
Les humains en sureté je dus cependant me préoccuper d'une autre jeune demoiselle prompte à s'attirer des ennuis, Helén, pour une raison qui me dépasse encore au moment où j'écris ses lignes était descendue de sa chambre, une arme à la main. Cela ne lui ressemblait pas, elle n'est certes pas mauvaise en escrime, je dois bien lui reconnaitre que son niveau est tout à fait convenable en dépit de son entrainement, entrepris bien trop tardivement, mais cela n'est tout simplement pas dans son caractère de donner la mort, au contraire cela la répugne au plus haut point. Son apprentissage de guérisseuse lui convient beaucoup mieux et j'ai pu attester à un certain nombre de reprises l'étendue de ses prédispositions vis-à-vis de cette matière. J'ai bon espoir qu'elle surpasse les maîtres de notre époque d'ici quelques décennies, sa soif d'apprendre est tout bonnement incroyable et sa motivation dépasse ce que je pensais en premier lieu.
Je compris aisément, après lui avoir épargné un mauvais coup qu'elle s'inquiétait pour sa sœur et son ami Olek. Pour cette fois je ne pouvais que laisser passer ce geste aussi stupide que courageux, étant capable de la même chose et c'est avec une idée bien précise derrière la tête que je lui demandais d'aller chercher le petit garçon que nous tenions depuis bien trop longtemps prisonnier de nos murs. Si quelqu'un vient à jour à découvrir que la seule chose qui me répugne vraiment c'est de toucher aux enfants je ne donne pas cher de ma crédibilité. Mais il est des défauts que l'on ne peut visiblement pas combattre. Ce que j'espérais c'est qu'Helén trouverait sa sœur et qu'ainsi Ilona repartirait avec le petit garçon, j'étais bien loin de me douter que l'humaine qui occupe tant de place dans mon esprit, en avait décidé autrement.
Alors que nous étions sincèrement en très mauvaise posture et que Markus commençait à envisager d'instaurer un siège tant les loups-garous nous dépassaient en nombre je sentis quelqu'un m'agripper. De surprise je faillis blesser Ilona en me retournant un peu trop rapidement, sans un mot elle me tira dans l'ombre d'une arcade, son air était sombre mais néanmoins déterminé, une farouche lueur faisait ressortir son regard vif. D'un souffle, m'empêchant d'un doigt autoritaire sur les lèvres de parler, elle m'exposa son plan, simple, concis, efficace. Selon toute vraisemblance il fallait abattre un loup précis afin de déstabiliser le reste de la meute. A vrai dire, maintenant que j'y repense c'était certainement le plan le plus intelligent que nous ayons sur le moment quoiqu'un peu hasardeux. Comment trouver le bon loup ?
Avisant mon air interrogateur, et je dois bien l'avouer, assez dubitatif sur l'instant, Ilona soupira. Je ne compris pas exactement de quel qualificatif elle m'affubla tout en me tirant vers les escaliers intérieurs, mais en vérité il vaut surement mieux pour l'avenir de notre relation que ce soit ainsi, et ce ne fut que lorsqu'elle m'entraina vers une grande salle que je savais pourvue d'un balcon que je réalisai que prendre de la hauteur était effectivement une brillante idée. Nous traversâmes la pièce en question assez rapidement et sans même s'arrêter plus d'une seconde sur le balcon, Ilona l'enjamba et, avec assurance, sauta sur le toit le plus proche. J'étouffai un juron, c'était un saut compliqué et dangereux, n'importe quel humain se briserait une jambe ou deux en le tentant, s'il ne se rompait pas le cou avant d'atterrir bien entendu. Seulement, mon humaine préférée, n'était pas exactement ce que l'on pouvait appeler « un être humain lambda » au grand damne de toute la communauté vampirique et c'est avec aisance qu'elle se rattrapa aux tuiles et commença à progresser sur le toit à la recherche, certainement, du meilleur angle pour tirer. D'un bond je la rejoignis, mon instinct me dictant qu'il ne fallait pas que je la perde de vue. Au bout de quelques mètres, elle s'immobilisa et promena son regard sur la cour. Je vis son visage se tendre en une grimace de dégout, les lieux aménagés pour le tournoi n'offraient plus qu'un immense champ de bataille. Des rivières de sang coulaient vers la grande porte en contrebas et ceux qui n'étaient pas encore morts sous l'assaut des loups-garous ou le tranchant d'une lame piétinaient les défunts en un écœurant bruit de craquement d'os. Pour ma part je ne ressentais rien, ce n'était qu'une bataille comme une autre, les cadavres seraient brulés et la pluie se chargerait de laver le sang qui resterait. La vie était ainsi faite.
Ilona se ressaisit rapidement et encocha une flèche, je me sentais inutile et cela me révoltait, j'aurais du être en bas, à me battre et non à aider une humaine à repérer un loup au milieu de plusieurs dizaines, c'était insensé !
« Lui, indiqua soudainement Ilona en me montrant une bête énorme du doigt.
- En es-tu certaine ? Demandai-je prudemment, tentant encore de comprendre comment elle avait pu l'identifier. »
Son seul air décidé fut une réponse satisfaisante et j'abandonnai rapidement la simple idée d'avoir ne serait-ce qu'une uniquement fois, une explication claire et précise de son mode de fonctionnement. Sans un mot elle ajusta son tir, fronçant les sourcils. Je compris rapidement le problème, elle était loin. Cette distance était parfaitement à sa portée mais sa cible se mouvait rapidement et trop d'immortels vampires ou lupins gravitaient autour d'elle pour qu'elle ne puisse être certaine de ne pas atteindre quelqu'un d'autre dans son entreprise. Je voulus l'encourager en glissant ma main sur son épaule mais elle m'arrêta d'un geste me faisant comprendre qu'elle se passerait volontiers de mes services pour se concentrer. En d'autres circonstances j'aurais probablement répliqué quelque chose de particulièrement cinglant mais notre survie à tous me tenant étonnamment à cœur je me résignai. J'aurais tout le temps de me disputer avec elle durant les prochains jours, il me paraissait évident, à présent, qu'Ilona n'avait pas prévu de quitter le château. Une vague de compassion m'envahit à cette pensée, je ne savais que trop bien ce qui risquait de lui arriver et qu'importe la direction que prendrait la décision du Conseil à son sujet, je savais que cela ne me plairait pas.
Le bruit sec d'une corde tendue que l'on lâche subitement me tira des mes réflexions maussades et un juron particulièrement imaginatif acheva de me refaire prendre pied dans la réalité. Ilona avait raté sa cible de plusieurs mètres, faute de puissance, ce qui n'était pas dans ses habitudes, sa frustration bruyante en témoignait. Cependant ce n'était absolument pas le moment de panser son égo aussi lui pris-je l'arc des mains et tirai à mon tour, sans plus de résultat malheureusement. J'étais excellent au tir, mais pas suffisamment pour ce but, la cible était trop lointaine et je n'avais plus la vue d'un jeune-homme, et ce malgré mon statut vampirique. Il est de fait admis de penser que devenir immortel vous guérit de tous vos défauts humains, en pratique la chose est fort différente et aléatoire. Je n'avais pas une mauvaise vue en tant qu'être humain mais elle s'était considérablement détériorée avec les années, j'avais retrouvé une bonne partie de mes capacités sensorielles et certaines s'étaient vues considérablement décuplées en devenant un vampire mais ma vue restait inférieure à celle de Markus et Amélia beaucoup plus jeunes lors de leurs transformations respectives.
« Je vise, vous tirez, dit résolument la voix d'Ilona alors je fixais toujours avec ébahissement le loup-garou que je venais de tenter d'abattre sans succès.
- Vous avez besoin de mes yeux, j'ai besoin de votre force, reprit-t-elle, puis, joignant le geste à la parole expliqua, je vais me mettre devant vous et guider vos mains, contentez-vous de resserrer la corde de cet arc et de tirer lorsque je vous le dirai. »
Recevoir des ordres n'avait jamais été une de mes prédilections, en recevoir d'une jeune-fille encore moins. Je mis plusieurs secondes avant de réagir tirant un grognement de mécontentement à Ilona qui me signifia que nous n'avions pas toute la nuit devant nous. Je pris sur moi de lui faire connaître mon point de vue sur le ton qu'elle employait et obtempérai. Les mains d'Ilona glissées sur les miennes je me laissai guider, trouvant horripilant de ne pas avoir le contrôle complet de la situation mais jugeant préférable de lui faire confiance, s'il existait la moindre petite chance de mettre fin au massacre sous nos pieds je devais la saisir quelle que soit sa nature et quel que soit la blessure affligée à mon amour propre dans le processus.
« Maintenant. »
Je lâchai la corde, la flèche décrivit une courbe parfaite et se ficha dans sa cible sans heurt. Je laissai échapper un sifflement admiratif mais Ilona, loin de s'en formaliser, se dégagea de notre étreinte involontaire et s'élança sur les toits après avoir récupéré son arc. Je voulus la suivre lorsqu'une sourde lamentation s'éleva en contrebas, médusé j'assistai alors à un spectacle que je n'aurais jamais cru possible. L'immense loup, l'alpha selon Ilona, s'effondra sur le sol et bien loin d'adopter leur comportement habituel ses congénères s'étaient immobilisés. Une bête commença à hurler, puis une deuxième, une troisième, une douzaine, une vingtaine jusqu'à ce que la meute complète rejoigne le cœur ainsi formé. Un frisson me parcourut, me glaçant le sang, je n'avais jamais assisté à une telle chose. L'expérience qui s'en rapprochait le plus demeurait la capture de William cinq années auparavant, les loups-garous s'étaient immobilisés, désorientés, presque amputés de leur chef avant de fuir sans que personne ne puisse véritablement comprendre ce qui se tramait. Alors qu'une brusque anarchie s'installait parmi les créatures, je compris que nous avions gagné cette bataille de justesse. Alors que les miens achevaient les loups-garous presque paralysés par la mort de leur chef, je réalisai que nous n'étions en vie que parce qu'Ilona l'avait décidé. Elle aurait pu tous nous faire tuer. Cette évidence me transperça amèrement, notre survie n'était due qu'au bon vouloir d'une humaine, c'était aussi troublant qu'humiliant. A quelques mètres, la jeune-fille en question avait le regard perdu dans le vide, ses yeux balayant l'horizon à la recherche de quelque chose. Je m'approchai d'elle, hagard, avant de lui faire remarquer qu'elle avait encore le temps de s'enfuir. Elle me répondit par un rire amer qu'il n'était pas dans mon intérêt de la laisser filer, elle ajouta en se tenant le flanc que de toute façon, dans son état elle n'irait pas bien loin. J'eus juste le temps de glisser mon bras autour de sa taille que ses pieds se dérobèrent sous elle, la tension du combat retombait et avec elle la douleur avait fait son apparition. Je l'assis et relevai sa tunique en dépit de ses protestations. La blessure était profonde mais ne constituait rien dont elle ne pourrait se remettre rapidement, la seule perte sanguine devait être à l'origine de son affaiblissement. Je déchirai un bout du tissu rougi et entrepris de réaliser un bandage de fortune prévoyant de la faire rapidement examiner avant que nous ne décidions de son sort, Helén fera certainement cela très bien, avais-je pensé.
« Ne faites pas cette tête Viktor, chuchota Ilona alors que je la fixais avec tristesse, j'ai eu ce que j'étais venue chercher, le reste n'a pas d'importance. »
Avec délicatesse elle glissa ses doigts sous mon menton et orienta ma tête de façon à ce que j'aperçoive Goran tirer Zán derrière lui, suivi quelques dizaines de mètres plus loin par Olek qui portait Helén. Je tressaillis n'ayant pas anticipé cette action éventuelle de l'hybride dont j'étais responsable, une vague d'inquiétude me submergea, elle ne semblait pas consciente et j'ignorais qu'elle pouvait en être la cause. Ce ne fut que la main tremblante d'Ilona sur mon bras ainsi que la voix douce qu'elle emprunta, m'assurant qu'elle ne courait aucun danger qui me permirent de me détendre. Nous restâmes encore quelques minutes sur le toit en silence, Ilona avait lié ses doigts aux miens, je savais qu'elle était terrifiée et qu'elle faisait des efforts surhumains pour ne rien laisser paraître. Je me promis intérieurement de la garder en vie, il le fallait, aussi bien par devoir envers son père et la promesse que je lui avais faite, qu'à cause des sentiments que j'éprouvais pour elle. Je n'étais pas certain de pouvoir m'en remettre si je venais à nouveau à perdre quelqu'un qui m'était cher. Le trou béant laissé par le décès de Felicja ainsi que la défection de son père était loin d'être totalement refermé. Je ne pouvais oublier ce qui avait brusquement fait basculer ma considération pour Markus deux siècles plus tôt. C'étaient tant de choses que je taisais et qui demeuraient cloitrées dans ma mémoire échappant même aux questions bienveillantes d'Ilona, je n'étais pas prêt à lui parler de mon ancienne vie, je ne me connaissais pas la force de supporter le jugement qu'elle ne manquerait pas d'y porter.
« Peut-être devrions-nous descendre ? »
Je me tournai vers elle, admiratif, comment pouvait-elle être aussi calme en cet instant ? Sa vie était aux mains de vampires qu'elle avait maintes fois humilié, suspendue, mais elle affichait un air serein, parfait masque couvrant sa peur, matérialisée par les seuls tremblements de sa main dans la mienne. Deux siècles auraient pu se lire dans ses yeux à la place d'une seule petite quinzaine d'années. Je déglutis, m'imaginant soudain que j'avais certainement plus peur pour son sort qu'elle. J'acquiesçai cependant et nous nous relevâmes en silence. Ilona vacillait, la fatigue se lisait facilement sur ses traits et je devinai qu'elle était trop exténuée pour réaliser pleinement ce qui était en train de se passer. J'avais tort bien entendu, Ilona savait, rien de ce genre de chose ne lui échappe. Je dus la porter pour sauter du toit à la cour et ses joues prirent une couleur rosée lorsque je la redéposai sur le sol devant Markus qui nous observait depuis quelques minutes, les sourcils arqués. Peu de personnes avaient connaissance de mes sentiments envers Ilona, et mon frère parmi les aînés n'en faisait certainement pas partie. Afin de défaire les doutes émergeant dans l'esprit du premier vampire j'empoignai vivement la captive par le bras, lui arrachant un glapissement, j'ignorais ce qu'il avait pu voir de notre expédition sur les toits, aussi préférais-je prendre toutes les précautions qui s'imposaient.
« Qu'est-ce que… ceci ? Grommela une voix parmi la foule des vampires qui s'activaient pour déblayer la cour en jaugeant Ilona de la tête aux pieds.
- Ceci… est une humaine, Coloman, répondis-je agacé. »
Le conseiller sembla envisager quelques instant la possibilité d'émettre une objection par rapport au ton que je venais d'employer afin de lui parler, mais grand bien lui en fasse il préféra s'abstenir, laissant tout le loisir à Markus de renchérir avec quelques questions, portant la plupart sur la raison de notre présence sur les toits alors que tous se battaient dans la cour. Je levais les yeux au ciel, pourquoi ne pouvait-il donc pas se satisfaire du fait que nous ayons pu lui sauver la vie ? Pourquoi fallait-il toujours qu'il sache tout, et en particulier ce que personne n'avait envie de partager avec lui ? J'esquivai l'interrogation en proposant de continuer cette discussion loin des oreilles indiscrètes et il sembla s'en satisfaire. Ilona me lança un bref regard paniqué lorsque je la remis aux bons soins d'un garde qui faisait certainement le triple de son poids (et possédait le tiers de ses facultés intellectuelles). Je l'ignorai avec grand peine et l'observait distraitement partir avec l'homme qui la trainait plus qu'il ne la faisait marcher. Amélia me fixa avec suspicion, il va falloir que je sois bien plus vigilant avec elle, bien qu'elle n'ait jamais cherché à me nuire. Malgré sa discrétion, notre nouvelle aînée ne possède pas moins une capacité d'observation suffisante pour détecter une situation peu banale, telle que l'attirance d'un vampire respectable pour une jeune-fille qui ne l'est pas exactement sur bon nombre de nos critères.
Markus fit réunir le conseil restreint, celui-ci comportant uniquement les aînés et pour la postérité, Tanis, notre historien. Son regard malin brillait de curiosité, je devinai sans peine qu'Ilona l'intriguait. J'hésitai à le congédier, voulant préserver quelques uns de ses secrets que je devinais les oreilles du lettré impatientes d'entendre. Je m'assis sur un des bancs en pierre, fourbu, je n'y avais pas vraiment prêté grande attention auparavant mais mon cœur battait singulièrement vite, j'étais anxieux. Cela n'avait pas du m'arriver depuis quelques décennies et je détestais cette sensation de danger imminent, Ilona était décidemment plus qu'une faiblesse, c'était Ma faiblesse, et si le bon sens aurait voulu que je m'en éloigne je n'en avais pas la moindre envie. Markus me rappela à l'ordre voyant que je n'écoutais pas le monologue qu'il avait entamé pendant mes errances internes. Il se questionnait sur le pourquoi de la présence d'Ilona en ses murs car cela défiait toute logique qu'elle s'expose de la sorte. Pauvre fils d'Alexander, comprendrait-il un jour que les rares personnes aussi extraordinaires qu'Ilona défiaient tout bon sens ? N'en avait-il pas eu l'exemple deux cent ans plus tôt et surtout cela ne lui avait donc pas suffit ? Il était persuadé de l'identité de mon amie, comprenant avec quelques années de retard qu'elle avait survécu à l'attaque du château de son père. L'annonce publique ne lui avait donc pas suffit, il avait fallut qu'il la voit accomplir une des prouesses dont elle seule était capable (enfin le pensais-je avant de la voir se heurter à un esprit aussi puissant que le sien) pour pouvoir affirmer qu'elle était bien Ilona Corvinus et non une petite paysanne aux ambitions démesurées. Cependant je voyais dans son regard une lueur inquiétante, la même qui avait conduit une fillette de neuf ans à aider à la capture du loup-garou le plus puissant qui soit, l'éclat avide du besoin d'expérimentation. Il était fasciné et seules l'intéressaient les limites de son nouveau sujet. J'avais un goût amer dans la bouche tout cela me rappelait bien trop de souvenirs que j'aurais voulu voir effacés à jamais. Il ne s'arrêterait jamais quoique je dise, quoique je fasse. Les êtres différents ne m'intéressaient pas, j'avais pitié d'eux et la mort était pour beaucoup grandement profitable, au moins n'étaient-ils pas les victimes d'illuminés souhaitant disséquer leurs esprits jusqu'à ce que la moindre parcelle de leur âme de soit réduite à néant. Excédé je quittai la salle et regagnai mes appartements, souhaitant y trouver le repos et un esprit clair.
Je me défis de mon armure avec soulagement, mon corps était fourbu, la tension nerveuse sans doute, et m'assis à mon bureau, me prenant la tête dans les mains. Je ne savais que faire, j'ignorais dans quel sens prendre le problème. Le conseil voudrait la mort d'Ilona c'était certain, Amélia la trouvait sympathique et voyait en elle une alliée de choix, Markus était partagé entre son envie malsaine d'étudier ses capacités au détriment de son intégrité et le respect qu'il éprouvait pour elle. De mon côté, tout était bien plus nuancé. J'aime Ilona (certainement un peu trop pour mon propre bien dirait-elle), elle est une petite note de fraicheur et de paix que je n'aurais jamais pu imaginer rencontrer. Mais me soucier d'elle avant de me consacrer au conseil vampirique ne me paraissait pas judicieux. J'étais puissant, respecté, en quelques siècles j'avais progressivement réussi à égaler Markus et il ne manquait que peu de choses pour que les nôtres oublient qu'il était le premier des vampires. Le scandale révélé par Ariana avait considérablement entaché l'image que tous avaient de lui, il avait menti et la vérité avait fait voler en éclat la lisse et parfaite façade qu'il affichait. Chacun l'avait payé, l'ancienne aînée et moi-même certainement plus que d'autres mais nous en étions ressortis grandis et mes décision, bien qu'elles m'aient privé d'êtres chers, m'avaient hissé bien plus haut que je n'aurais jamais pu l'imaginer. Devais-je agir à nouveau de la sorte ? Enfermer mes sentiments dans un coffre sans fond et me focaliser uniquement sur ma place au sein de la hiérarchie ? Plus le temps s'écoulait et plus je la sentais qui m'échappait, mon humanité rendait progressivement ses derniers soupirs.
Des coups donnés à la porte me firent lever la tête, Amélia entra, silencieuse, le visage indéchiffrable. J'éprouve une certaine admiration pour elle et sa capacité d'adaptation. Elle n'était qu'une humaine sept ans auparavant et pourtant elle avait accompli bien plus que bon nombre des immortels plusieurs fois centenaires de cette demeure. Ses deux enfants l'aidaient sans doute à tenir. Je ne m'en cachais pas, la venue au monde de deux autres hybrides m'avait rassuré sur l'avenir d'Helén. Markus ne lui ferait rien car sinon on lui reprocherait de ne pas agir de la même façon avec le fruit de sa propre chair.
« Puis-je savoir à quoi tu joues Viktor !? »
Elle s'avançait, les bras croisés, implacable et déterminée. Je n'avais aucun moyen d'éviter la discussion, et à vrai dire cela ne m'ennuyait pas que cela soit à elle que je confie mes tourments. Ariana lui a transmis un grand nombre de souvenirs lors de la succession, aussi connait-elle bien plus de choses sur moi que Markus n'en saura jamais.
« Ressaisis-toi ! Markus va finir par se rendre compte qu'il peut utiliser la petite contre toi si tu continues de la sorte ! Tu prends beaucoup trop de risques, j'avoue que je ne comprends pas. Pourquoi es-tu allé avec elle sur les toits, il a parfaitement pu voir que tu te tenais bien plus proche d'elle que la bienséance ne le conçoit.
- Markus n'est intéressé que par la bizarrerie d'Ilona, les liens affectifs qu'elle tisse ne sont qu'un détail. Rétorquai-je en la toisant.
- Tu ne devrais pas prendre cela à la légère. Si lui ne s'en sert pas, le conseil le fera. Ils vont tenter de la briser et tu le sais parfaitement. Elle va souffrir, tu vas la voir souffrir, peut-être même mourir. Es-tu prêt à cela ? Insista-t-elle, le visage soucieux. »
Je ne répondis pas, l'éventualité de son décès était inconcevable. Amélia poursuivit en avançant qu'elle-même éprouvait une grande sympathie à son égard et que l'utiliser lorsqu'elle était enfant l'avait profondément bouleversée. Toujours était-il qu'elle n'avait pas émit d'objection lorsque Markus avait mit son plan à exécution, souillant l'âme pure de la fillette qu'elle était. Lorsqu'elle me questionna sur ce que je ressentais réellement je répliquais violement, estimant ne pas avoir à me justifier sur ce genre de choses. Amélia attendit, se contentant de hocher la tête avec patience. Lorsqu'enfin je retrouvai mes esprits elle me regarda avec compassion.
« Tu dois impérativement mettre tes sentiments sous clef, pour ton bien et pour le sien. Rappelle-toi ce qui s'est passé avec Felicja…
- Ne prononce pas son nom, tu ne l'as pas connue et jamais les souvenirs d'Ariana ne compenseront cela, aussi parfaits et complets soient-ils. La coupai-je rageusement. »
Une vague de douleur me submergea, je secouai la tête, refusant de repenser à ce passé si proche et si douloureux. Laisser mes sentiments reprendre le dessus avait été ma pire erreur et je l'avais payé. Des années cauchemardesques s'étaient écoulées avant que je ne parvienne à reprendre le dessus. J'avais tout perdu à cause d'un odieux mensonge dont Markus était le seul responsable et les décisions du conseil m'avaient impacté plus qu'elles ne l'auraient du. La loyauté envers son clan était une chose, celle envers sa propre famille en était une autre.
« Ce que je veux te faire comprendre, c'est qu'il faut que tu te comportes avec elle comme avec n'importe qui. Oublie un instant ce que tu ressens et gère ce cas comme tu le ferais avec un autre. Une fois que nous aurons obtenu qu'elle soit transformée tu seras parfaitement libre de la côtoyer autant qu'il te plaira. Ariana serait du même avis je pense.
- Ariana me dirait d'éloigner Ilona de Markus et ses charmeuses manipulations. »
Elle savait que j'avais raison. J'avais été très satisfait de pouvoir la compter parmi mes alliés dès notre première entrevue. Il m'avait paru évident qu'elle n'éprouvait pas de réels sentiments pour Markus et que Janelle et Liam étaient plus le fruit du hasard que celui d'un amour véritable. Amélia n'est pas le genre de personne à s'embarrasser de ressentis freinateurs, pour obtenir ce qu'elle voulait il fallait qu'elle séduise Markus sur tous les plans possibles, elle l'avait fait, elle en assumait les conséquences. Cela m'attriste parfois, la famille demeurera un concept obscur pour les deux petits hybrides, seule me console l'affection indéniable que chacun porte à sa progéniture, au moins n'en manqueront-ils pas.
« Markus a réuni le conseil pour statuer une première fois sur Ilona, ne lui fais pas le plaisir de te défiler, acheva-t-elle avant de passer la porte, me laissant à nouveau dans mes songes. »
Amélia voulait m'aider, je l'en remerciais bien volontiers mais j'avais besoin de faire le vide dans mon esprit. Il faut que j'oublie, que j'enfouisse pour les prochains jours toutes les émotions qu'Ilona fait naître en moi. Je dois redevenir froid et impitoyable, que je refoule les doux souvenirs en sa compagnie le temps de son jugement, il en va de sa survie et de son avenir.
oOo
8 Juillet 1207,
J'étais arrivé dans la salle du conseil alors que Markus terminait tout juste d'énoncer ce qu'il disait être les faits. Chacun y allait de son opinion et les propositions, plus désespérantes les unes que les autres fusaient de part et d'autre de la grande pièce. Il m'avait fallu une heure pour reprendre contenance, une minute pour prendre la décision d'empêcher le premier vampire d'engendrer plus de catastrophes que l'intégralité de sa famille n'en était l'auteure en huit cent ans et à peine une petite seconde pour rétablir l'ordre parmi les aristocrates hystériques. Le silence s'était fait et j'avais échangé un regard entendu avec Amélia. Les yeux s'était rapidement retrouvés rivés sur moi et j'avais pu mener le débat comme bon me semblait. Markus avait été suffisamment sage pour ne pas dévoiler à l'assemblée les quelques particularités surnaturelles de la tête pensante des rebelles, je savais qu'il ne manquerait pas de mener certaines expériences mais au moins avait-il appris, depuis Felicja, qu'il valait mieux les réaliser loin des yeux indiscrets afin de préserver l'intégrité du sujet. Nous avions finalement convenu qu'il faudrait s'entretenir plusieurs fois avec Ilona avant de pouvoir décider de son sort. Je sentais les avis partagés, Gorjman et Döme estimaient qu'elle était une menace pour notre survie et qu'il était nécessaire de s'en débarrasser. D'autres, outrés, appuyaient le fait qu'elle était très jeune et que la conclusion de son jugement ne devait pas être trop hâtive. Coloman et quelques autres ne semblaient pas s'opposer à ce qu'elle rejoigne nos rangs s'il existait un moyen d'être certain de sa loyauté future. Orsova souleva le point intéressant de la mémoire d'Ilona et plus précisément de la possible réémergence des souvenirs enfouis hors de sa conscience par Fábián. Elle estimait cela dangereux d'exposer un si jeune esprit à ce genre de traumatisme. A l'époque de l'affaire elle s'était déjà fermement opposée à la décision de priver une fillette de ses souvenirs et avait même proposé de tout simplement la garder au château en attendant qu'elle ait l'âge d'être transformée. Les choses n'étaient peut-être finalement pas si terribles qu'elles le semblaient au premier abord. J'étais soulagé en sortant de la salle du conseil, nous soumettrions Ilona dès le lendemain à un premier interrogatoire et la majorité semblait plutôt favorable à lui laisser le bénéfice du doute. Les vampires restaient d'un naturel curieux, et malgré leur méfiance le fait qu'elle ait pu participer à leur survie les convainquait volontiers de la possible utilité qu'il soit possible d'en tirer. Evitant soigneusement les cachots où elle était enfermée, j'allais me coucher lorsqu'un bruit particulièrement inopiné plongea le château dans le plus grands des silences. L'espace d'un instant tous cessèrent leurs activités et tendirent l'oreille se pensant abusés par quelque sorcellerie. Cela ne se pouvait, les naissances étaient relativement rares chez les vampires et aucune femme n'était tombée enceinte depuis la naissance d'Helén. Et pourtant, des vagissements de nouveau-né faisaient vibrer mes tympans.
Nous fumes trois à nous précipiter vers les cachots, Amélia et Markus étaient blêmes, quelque chose d'anormal était en train de se produire, un grand bouleversement dans l'histoire immortelle. En arrivant nous nous figeâmes, incapables du moindre mot, estomaqués par ce que nous voyons. Un garde hagard ouvrit la porte du cachot à la volée dévoilant la chose la plus impensable qui soit, devant moi se tenait un enfant, humain. Il cessa immédiatement de pleurer lorsque je croisai son regard, bleu, innocent. Par réflexe Amélia se pencha pour l'attraper et sa génitrice, un loup-garou au poil clair grogna avant de fondre sur elle. Ma seule réaction lui sauva la vie et mit fin à celle de la créature qui roula sur le sol, agonisant, un carreau d'arbalète figé dans la poitrine. Alors qu'Amélia, presque collée à Markus et tremblante observait le petit garçon avant horreur, voyant chacun de ses gémissements agiter un peu plus les autres créatures de William, j'aperçus Ilona, livide, dans le cachot adjacent, une larme dévala sa joue, suivie très vite d'une deuxième, un cri de douleur lui échappa et des sanglots commencèrent à la secouer violement. Je croisai son regard avant de le suivre, la vision qui s'offrit à mes yeux me tira un haut le cœur, le loup avait laissé la place à une jeune-fille d'une quinzaine d'années, blonde, parfaitement et douloureusement reconnaissable.
Alors que son nom m'échappait et que je croisai à nouveau les yeux terrifiés d'Ilona, le nouveau-né se remit à hurler.
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J'aime beaucoup m'amuser avec Viktor, je pense qu'il est un peu (beaucoup) OOC dans cette fic, mais bon, je trouve cela très drôle qu'Ilona puisse le faire tourner en bourrique XD Promis, on la retrouve d'ici peu de temps... (enfin 5 chapitres O:)
Le chapitre 21 sera composé de non pas deux, mesdames et messieurs, ni trois, mais bien quatre parties! Elles seront disposées de part et d'autre du chapitre 22 (oui, c'est tout à fait logique). La chronologie sera peut-être un peu en décalée avec ce chapitre mais j'ai réussi à me piéger toute seule (c'est malin, tiens) et donc voilà! Surprise au prochain clic!
A bientôt!
