Disclaimer: Répétez après moi, je ne suis pas JK Rowling, ceci ne m'appartient pas, je ne fais que m'amuser avec...

Note: Republication (après piratage pour ceux qui auraient loupé un épisode) de ma fic post tome 6. Je l'ai publiée le jour où HBP est sorti en français et j'ai déjà oublié la date, fichue mémoire !

Ceci dit, c'est une mini fic en trois parties, j'adorerais en écrire la suite mais il faut VRAIMENT que je sois raisonnable parce que je n'ai pas le temps pour ça... pour l'instant, on verra plus tard. Quand cette fic avait été publiée, j'avais reçu beaucoup de reviews (merci énormément pour ça) qui me demandaient et qui attendaient une suite, en mettant la fic en alert, donc. Vous pouvez le faire à nouveau mais si une suite arrive, ce ne sera vraiment pas pour tout de suite, donc pas de pression, SVP :)

Merci beaucoup et bonne lecture !


Il était rare que Ronald Weasley ait l'impression d'être vraiment utile.

Perdu au milieu de ses six frères et sœur, ce n'était pas souvent que le choix de sa mère s'arrêtait sur lui au moment de la répartition des tâches importantes.

A Bill la gérance du coffre familial chez Gringotts, à lui l'épluchage des pommes de terre.

A Percy la responsabilité de veiller sur ses cadets (avant qu'il ne devienne la raclure la plus prétentieuse du Ministère), à lui le dégnomage du jardin.

A Fred et George la charge d'animer les banquets de famille, à lui celle de débarrasser la table.

Même Charlie, pourtant à des milliers de kilomètres du Terrier, prenait plus part dans les décisions familiales qu'il ne lui était permis.

MEME Ginny, sa petite sœur adorée, source de ses tracas et cible de ses emportements, même elle, pourtant plus jeune d'un an, avait eu plus à dire que lui pendant toute la préparation du mariage de Bill et de Fleur, leur mère la pressant sans cesse de donner tel avis sur telle robe ou tel autre sur telle composition florale, tout ça sous le seul prétexte que ELLE, elle était une fille.

La belle affaire !

Ses parents ne voulaient tout simplement pas lui avouer qu'ils le pensaient incapable de montrer du talent ou de la détermination pour quoi que ce soit d'autre que l'exploit d'être le premier à s'asseoir à table et le dernier à la quitter.

Ce qui était totalement inexact ! Il savait faire une foule d'autres choses.

Par exemple, de tous les garçons Weasley, il était le plus fort aux échecs, même son père peinait à le battre à présent.

Et puis, il était le seul à avoir reçu une distinction spéciale de Poudlard pour avoir fermé la Chambre des Secrets en deuxième année, même si Harry avait dû affronter le basilic seul, aucun de ses frères ne pouvaient se vanter d'avoir été à ses côtés. Gin, si, mais ça ne comptait pas puisque dans ce cas, elle était la victime. Or, il est bien écrit partout dans les livres (et même Hermione ne pourrait le contredire sur ce point), qu'on ne peut pas être à la fois victime et héros, il y a des places à tenir !

Et qu'il était un héros, ou héros en seconde (voire troisième) place, Ron Weasley avait pu le prouver à plusieurs occasions !

Il y avait cette fois, en troisième année, quand Sirius sous sa forme d'animagus l'avait entraîné sous les racines du saule cogneur, c'était lui qui s'était dressé entre Harry et son parrain pour offrir sa vie en protégeant ses amis.

Lui, pas Charlie ou Percy ou Fred !

Et puis, c'était lui qui en quatrième année… Non, en fait, en quatrième année, entre sa crise de jalousie envers Harry et sa crise de jalousie envers Hermione et Viktor-je-suis-un-crétin-grognon-Krum, il n'avait pas vraiment eu le temps de démontrer qu'il valait aussi bien que le reste de la nouvelle génération Weasley.

Il n'empêche qu'il s'était bien rattrapé en cinquième année !

D'abord, il avait été nommé préfet, LUI et même si trois de ses frères pouvaient s'en vanter, ça faisait tout de même un point en sa faveur contre Fred et George.

Et puis, même s'il n'était pas aussi bon que Dubois, c'était quand même sa prestation de gardien qui avait permis à Gryffondor de remporter la coupe cette année là.

Et tout ça, c'était sans parler de tout l'épisode Ombrage et des évènements au Département des Mystères.

On distinguait toujours sur ses bras les cicatrices laissées par les tentacules de ces maudits cerveaux.

Si ça ce n'était pas une preuve de bravoure !

En fait, non, il savait bien au plus profond de lui que CA, c'était surtout une preuve de sa grande bêtise.

Cette légendaire bêtise qui faisait que ses parents préféraient avoir l'avis d'une paire de loustics passés maîtres dans l'art des farces et attrapes plutôt que le sien.

Cette extraordinaire sottise qui l'avait poussé à rester fâché avec son meilleur ami pendant la moitié de l'année où celui-ci allait finalement se retrouver face à face avec le pire sorcier que la Terre ait porté.

Cette hallucinante crétinerie qui l'avait aveuglé au point de ne pas croire Harry quand celui-ci soutenait dur comme fer en sixième année que Malfoy préparait un mauvais coup… un très mauvais coup.

Cette impardonnable stupidité qui l'avait jeté dans les bras de Lavande Brown pour le simple plaisir de voir la petite bouille d'une très brune et très brillante amie se tordre de chagrin.

Oh non, il n'avait pas grand chose d'étonnant en fin de compte à ce que tout le monde mette en doute ses capacités à réagir intelligemment, pour une fois.

Et depuis la fin de l'année à Poudlard, depuis les évènements si dramatiques qui avaient marqué cette fin d'année, Ron ne pouvait s'empêcher de penser qu'il avait eu tort de se dresser fièrement devant Harry et de lui soutenir fermement que, où que son ami aille, Hermione et lui iraient également.

Après tout, à quoi avait-il servi depuis qu'ils avaient quitté le Terrier après les noces de Bill et de sa nouvelle belle-sœur vélane ?

Il les avait ralenti, un point c'est tout !

Hermione passait des heures plongée dans les énormes bouquins qu'elle avait obtenu de la bibliothèque de Poudlard avec autorisation spéciale de Mc Gonagall tandis que Harry partageait son temps entre l'étude des notes laissées par Dumbledore et le perfectionnement de son occlumentie.

Ron passait de l'un à l'autre pour tenter de se donner l'illusion qu'il abattait lui aussi sa part de travail.

Mais chaque jour était une nouvelle preuve de son éclatante incompétence.

Il avait d'abord eu beaucoup de mal à ne pas abandonner ses amis en plein milieu de la clairière où ils avaient décidé de monter leur minuscule tente moldue, s'échinant avec Harry de placer dans l'ordre indiqué par une Hermione très concentrée sur le plan de montage tous les piquets, mousquetons, tubes qui étaient sensés former l'armature de leur abri pour les semaines à venir.

Il ne parvenait pas à comprendre, encore moins à partager, l'obsession d'Harry et Hermione à se compliquer la vie en évitant la magie. Comme si le simple fait de préférer une tente moldue singulièrement inconfortable à un modèle magique amélioré allait empêcher celui-dont-il-était-toujours-foutrement-incapable-de-prononcer-le-nom de lancer à leur trousse sa horde de Mangemorts.

En fait, ce n'était pas tant les Mangemorts qui l'effrayaient, il en avait croisé quelques-uns une année auparavant et ils n'étaient rien d'autre que des sorciers, plus crapuleux que les autres, mais des hommes de chair et de sang.

Ce n'était même pas tellement les Détraqueurs qui lui fichaient la frousse, avec Harry et Hermione à ses côtés, il aurait de quoi former un Patronus assez puissant pour les affronter.

Ce n'était pas non plus les géants. Il connaissait Hagrid et Madame Maxime et avait même vaguement rencontré Graup, les autres ne devaient pas être beaucoup plus grands, si ?

Non, ce qui l'empêchait de fermer l'œil la nuit, le dos coincé contre le sac de couchage d'Harry et l'oreille tendue pour percevoir la respiration régulière d'Hermione à travers la mince paroi de toile, c'était les Inferi…

Il s'était maudit d'avoir interrogé Harry sur ce qu'il s'était vraiment passé quand il était en compagnie de Dumbledore dans la grotte où ils avaient trouvé le troisième, mais malheureusement faux, horcrux.

Apparemment, Harry répugnait à évoquer le sujet devant Hermione et lui, mais Ron avait insisté en soulignant qu'ils ne pouvaient suivre Harry dans sa quête sans savoir à quoi ils devaient se préparer. Pour une fois, Hermione avait soutenu son avis.

De toute façon, ce n'était même pas vraiment un sujet tabou, comme l'étaient justement les horcruxes, puisque Ron en avait entendu parler pour la première fois officiellement pendant une très académique leçon de Rogue, cette immonde charogne repoussante.

Mais voilà, les descriptions d'Harry, même atténuées par le ménagement de son ami, lui avaient à jamais ôté l'envie de dormir.

Des morts qui marchent.

Des corps sans vie qui s'animent néanmoins, qui rampent et qui nagent, et certainement qui se battent aussi pour défendre celui qui leur a rendu l'apparence de la mortalité en aliénant leurs âmes.

Comment pourrait-il protéger Harry et Hermione de telles calamités ? Comment, lui qui avait toujours été incapable de finir ne serait-ce qu'une dissertation sans l'aide de ses amis ferait-il face à ces cauchemars en mouvement ?

Il n'avait pas la réponse. Ou plus simplement, il n'y avait pas de réponse à ça.

Il n'y arriverait pas, un point c'est tout.

Le jour où ils auraient tous les trois à défendre leurs peaux pour atteindre leur premier but, à savoir trouver et détruire les horcruxes manquants, Ron Weasley ne pourrait compter que sur l'extraordinaire courage de ses deux amis ou, à la rigueur, sur son aléatoire bonne fortune pour sauver sa pitoyable carcasse.

Il n'était qu'accessoire, il était inutile.

Sa seule occupation pour maintenir encore un semblant d'emploi dans leur trio bancal était de compter.

C'était lui qui comptait les rations mangées et les rations restantes, les feuillets noircis par la main d'Hermione, les sentiers passés et dépassés, les souches sur lesquels il trébuchait, les jours, les heures, les minutes, les secondes écoulés depuis qu'ils avaient quitté Godric's Hollow trois semaines, deux jours, onze heures, six minutes, vingt secondes auparavant.

Au moins, ses nuits sans sommeil lui permettaient de tenir ses calculs au plus près, un œil souvent posé sur sa précieuse montre offerte par ses parents pour son 17e anniversaire.

Et quand il avait lu dans son petit carnet de bord dans lequel il notait tous les chiffres qui composaient l'ordinaire de leurs journées de quête que c'était aujourd'hui le 19 septembre, le jour précis où Hermione aurait ses 18 ans, il avait senti qu'il fallait absolument qu'il soit un tout petit peu plus que le Ronald Weasley démuni et inefficace de tous les autres jours.

Aujourd'hui, même s'ils étaient tous les trois fatigués, soucieux et infoutus de savoir où ils devaient diriger leurs recherches, Ron devrait tout faire pour que cette journée soit un tout petit peu moins sombre et désespérée que les autres.

Ils campaient dans une clairière à l'orée des bois qui abritaient le trou à rat des Gaunt, l'endroit où avait vécu la propre mère de Tom Jedusor.

Ils n'étaient pas non plus très loin de Little Hangleton, la petite ville où se dressaient encore l'imposante demeure des Jedusor et le sinistre cimetière où Harry avait vu le Mage noir retrouver son apparence maléfique.

Hermione soutenait depuis quelques jours que ce n'était pas le moment pour eux d'être ici, qu'il devait y avoir bien d'autres cachettes à fouiller avant de s'attaquer au repère passé du meurtrier des parents d'Harry.

Elle maintenait l'idée que, si on en croyait ce que Dumbledore avait raconté à Harry, le Mage noir devait avoir confié certains des horcruxes à ses plus fidèles Mangemorts, comme ça avait été le cas avec son journal entré en possession de Lucius Malfoy.

Selon elle, il suffirait de localiser les disciples les plus proches de leur maître et s'introduire chez eux pour inspecter minutieusement tout ce qui aurait pu contenir les artefacts dérobés par Lord Machin.

Ron pensait que sa logique se tenait tout à fait mais qu'il ne partageait pas son enthousiasme à l'idée de visiter la demeure de sorciers célèbres pour égaler en cruauté leur très dérangé leader.

Il n'avait que très moyennement envie de fouiner dans les petites affaires des Lestrange ou de Mulciber.

Mais, quel que soit son sentiment à ce sujet, Harry était inflexible, ils ne quitteraient les environs qu'avec une destination précise où aller et des indices solides.

En attendant, il parcourait les collines à la recherche de cavités suffisamment grandes pour que leur ennemi y ait caché ses possessions.

Ils savaient tous très bien que c'était illusoire, voire impossible, mais Harry semblait avoir besoin de cette activité incessante pour anesthésier le torrent de douleurs qu'avaient provoqué l'assassinat de Dumbledore et la trahison de Rogue.

Le jeune homme roux sentait aussi qu'il y avait quelque chose d'irrésolu entre Ginny et Harry qui poussait le Survivant à s'abrutir un peu plus chaque jour dans ses recherches et le perfectionnement de ses sortilèges.

La tristesse voilée dans les yeux de sa jeune sœur depuis qu'ils étaient sortis du Poudlard Express et les silences de son ami pendant toute la cérémonie du mariage étaient assez clairs, même pour un abruti avec la capacité émotionnelle d'une cuillère à café.

Mais aujourd'hui, Ronald Weasley avait une mission.

Il devrait convaincre ses deux meilleurs amis qu'ils avaient le droit, ou plutôt le devoir, de s'autoriser une journée de repos, au risque de perdre toute étincelle d'espoir et de se laisser bouffer tout doucement par l'impuissance.

Ils étaient jeunes, ils étaient vivants, il était impératif qu'ils prennent le temps de se souvenir que c'était pour le rester qu'ils passaient des journées entières à poursuivre cette quête vacillante.

Ron avait accompagné Harry à la première heure du jour quand son ami lui avait confié qu'il désirait retourner, une fois de plus, explorer l'ancien taudis des Gaunt.

Ils avaient laissé Hermione au campement, rassurés par les sortilèges protecteurs que la jeune fille avait placé tout autour de la clairière. Hedwige et Coq surveillaient également la place, chacun à leur façon très personnelle.

Ron Weasley se donnait la matinée pour convaincre Harry Potter que fêter les 18 ans d'Hermione était une raison suffisante pour relâcher leurs efforts.

Mais malgré sa détermination, il n'avait pu se résoudre à aborder le sujet, se contentant d'épier le visage fermé de son ami tandis qu'ils gravissaient les pentes de la colline.

Ca faisait un moment qu'il avait laissé Harry prendre la tête et qu'il réfléchissait à la meilleure façon de confier son idée au jeune sorcier en donnant de petits coups de pied dans les roches moussues qui garnissaient cette partie des bois quand son ami se retourna brusquement.

« Ron… si tu ne me dis pas tout de suite pourquoi tu as insisté pour venir avec moi au lieu d'aider Hermione dans sa lecture, je crois que je vais devenir cinglé ! Tu me lances des coups d'œil depuis une heure que nous marchons comme si tu t'attendais à ce que j'explose. Par Merlin, que se passe-t-il ? »

Le rouquin rattrapa son ami en quelques pas puis fit claquer sa langue nerveusement.

Harry avait toujours eu le don pour mettre les gens à l'aise…

« Parle, bon sang ! »

Le jeune homme prit une profonde inspiration et se jeta à l'eau.

« C'est l'anniversaire d'Hermione. » dit-il dans un souffle.

« Quoi ? »

« Aujourd'hui, c'est le 19 septembre, l'anniversaire d'Hermione, elle a 18 ans. »

Le jeune sorcier brun s'ébouriffa la tignasse machinalement, en signe de confusion.

« Ah merde, j'avais oublié… Tu en es sûr ? »

« Positivement ! » répondit le rouquin.

« Mais elle n'a rien dit ce matin. Elle n'en a pas du tout parlé. » insista Harry.

« Je sais. Elle a peut-être oublié elle aussi. Ou alors, elle ne veut pas nous mettre mal à l'aise si elle croit qu'on ne s'en souvient pas. »

Harry décocha un sourire contrit à son meilleur ami. « Oui, elle aurait tout à fait raison dans mon cas. Je suis vraiment un imbécile insensible avec vous depuis que nous sommes partis. »

Malgré son envie désespérée de taire à son ami que c'était exactement ce qu'il pensait de lui par moment, Ron Weasley ne put empêcher ses trop révélatrices oreilles de prendre une teinte aubergine. « Non, ce n'est pas… »

« Stop, tais-toi, je sais que c'est vrai et vous auriez parfaitement raison de me laisser moisir ici avec mes obsessions. » murmura Harry. « Mais je sais aussi que vous ne le ferez pas ! » reprit-il devant la mine véhémente de son ami.

« Je remarque juste que quand il s'agit d'Hermione, tu as l'air de retenir beaucoup plus de choses que moi… » poursuivit-il avec un sourire.

« Mais non, je… »

« Arrête, c'est stupide… Je sais très bien que tu es amoureux d'elle depuis plus longtemps que tu ne peux t'en souvenir et je suis persuadé que c'est pareil pour elle. Je ne comprends pas pourquoi vous vous obstinez tous les deux à nier l'évidence. »

Le visage tout entier de Ronald Weasley s'accorda à la couleur cramoisie de ses oreilles.

« C'est… c'est compliqué. J'ai été un vrai abruti avec elle l'an dernier et je… enfin, nous… enfin, ce n'est pas le moment ni le lieu idéal pour se lancer dans une relation. Et puis, elle ne m'a jamais dit que… enfin, je ne comprends pas trop pourquoi elle perdrait son temps avec un type comme moi. »

Le jeune homme brun posa sa main sur l'épaule de son ami et lui secoua gentiment le dos.

« C'est bien ce que je dis, c'est stupide ! »

Ron lui décocha un regard ennuyé. « Ce n'est pas si stupide… Tu ne peux pas dire que la situation présente n'a pas un peu influencé ta décision de rompre avec ma sœur. »

« Elle t'en a parlé ? » questionna Harry en scrutant le visage de son ami.

« Non, mais ce n'était pas très difficile de le deviner… »

Le Survivant poussa un léger soupir en relâchant son étreinte.

« Gin et moi, c'est compliqué… C'est dangereux pour elle d'être avec moi. Ce maniaque s'est déjà servi d'elle une fois, je ne veux pas lui donner de raisons de s'en prendre de nouveau à elle. Je crois qu'elle a compris, même si c'est aussi dur pour elle que pour moi. »

Ron se tortilla faiblement. Il était toujours embarrassant pour lui d'entendre son ami parler de sa relation avec sa sœur.

« Mais Hermione et toi, c'est différent ! » reprit le jeune homme. « Vous risquez autant que moi d'être la cible de ce malade, alors, même si c'est une situation risquée pour tous les deux, chaque jour passé sans vous avouer vos sentiments est un jour perdu où vous auriez pu être heureux. »

« Oui, mais s'il lui arrivait quoi que ce soit, ce serait tellement pénible que… »

« Que quoi, Ron ? Tu crois vraiment que s'il arrivait quelque chose à l'un de vous d'eux, je n'en souffrirais pas ? »

« Non mais… »

« Non mais je ne suis pas impliqué sentimentalement, c'est vrai. Mais je crois vraiment qu'après tout ce que nous avons vécu ensemble, ça ne fait pas de différence que nous soyons impliqués sur ce plan là ou pas. Ce serait douloureux dans tous les cas. Quoi qu'il arrive à Hermione, tu en souffriras, ce n'est pas une raison pour t'empêcher d'avoir des moments heureux avant que ça arrive… »

Ron baissa le regard pour le fixer sur un point très vague entre ses chaussures. Harry avait décrit ce qui constituait sa plus grande crainte et rejoignait l'invasion des Inferi dans ses cauchemars éveillés.

« Ca n'arrivera pas, Ron. On s'en sortira tous les trois, ou on échouera, mais ce sera toujours nous trois ensemble, je peux te le jurer ! »

L'affirmation d'Harry n'avait pourtant pas grand chose de rassurant mais Ron comprenait fort bien ce que son ami avait voulu dire.

Ils étaient unis tous les trois dans cette fichue destinée, quel qu'en soit l'aboutissement.

« Qu'est-ce que tu voulais me demander, Ron ? »

La question de son ami le sortit de sa réflexion.

« Oh ça… je voulais… enfin, je pensais qu'on aurait pu fêter ça. »

« Fêter ça ? » répéta Harry en haussant les sourcils.

« Oui… enfin, je sais que ce n'est pas le moment ni l'endroit et que c'est plutôt dangereux, mais juste préparer un petit truc tu vois ? Peut-être manger chaud pour une fois et puis peut-être terminer par quelque chose de sucré… et puis il y a toujours cette flasque de whisky de feu que Bill nous a donné… et puis, je ne sais pas, parce que bon, on ne saurait pas vraiment aller lui chercher un cadeau ou un truc de ce genre, mais juste lui faire comprendre ce soir qu'elle compte pour nous et qu'on n'a pas oublié. Juste ce soir. »

« L'endroit n'est pas très sûr… » commença Harry.

« Oui, je sais. » murmura Ron.

« Et il faudra être léger sur le whisky… » continua-t-il.

« Oui oui, évidemment, nous devons rester alertes… »

« Mais c'est une très bonne idée et je suis tout à fait d'accord ! »

A ces mots, la mine inquiète du jeune sorcier roux s'élargit en un sourire radieux.

« C'est vrai ? Tu crois que… ? Oh brillant ! Ca va être brillant ! »

Harry éclata de rire et flanqua une claque cinglante dans le dos de son ami.

« Remets-toi, Ron. Il faut qu'on rentre si on veut organiser tout ça ! Et je vais faire de mon mieux pour t'aider. A une condition… »

Le rouquin lui lança un regard interrogateur. « Une condition ? »

Harry Potter se dégagea un peu pour plonger dans les yeux de Ron son regard vert où brillait une lueur de malice.

« Oui vieux, une condition… Que tu lui parles ce soir. »