Disclaimer: Encore une fois, ce serait trop beau s'ils étaient à moi... JKR, Warner Bros, Bloomsbury, mais pas moi.

Note: Chapitre 2 (sur trois) de ma mini fic.

Hope you like it :)


Lui parler ? Ce soir ?

Harry devait être complètement dérangé ou n'avoir rien compris à ce que Ron venait de lui expliquer.

Ou alors…

Ou alors, il devait penser qu'il était temps que le rouquin cesse d'être un fichu trouillard.

Mais parler à Hermione, c'était comme d'imaginer Hagrid en tutu, c'était bougrement terrifiant !

« Oh… lui parler… Oh, ok, ok, ce soir… »

« Après la petite fête, si tu préfères. Je vous laisserai un peu d'intimité. »

« In-In-timité ? »

Harry éclata de rire devant la mine confuse de son ami.

« Intimité, ouais ! Ca veut dire que je m'éclipserai pour vous laisser un peu seuls… »

« Merci, Harry ! Je sais ce qu'intimité veut dire ! » répondit le jeune homme roux avec une grimace indignée. « Mais je ne vois pas trop pourquoi j'aurais besoin que tu t'en ailles. Je sais très bien comment ça va se passer : je lui dis ce que je ressens pour elle, elle me rit au nez et je vais creuser un trou très profond dans lequel je resterai une cinquantaine d'années. Tu vois, tu pourras même me regarder m'assommer avec la pelle, si tu veux… »

Harry leva les yeux au ciel en soupirant, puis se retourna vers son ami qui s'était appuyé contre le tronc d'un chêne, la tête entre ses mains.

« Et moi je suis certain que ça ne se déroulera pas comme ça et que tu regretteras certainement que je ne sois pas à des années lumières de vous deux… Crois-moi, Ron, quand tu es avec la fille que tu aimes, tu voudrais que le reste du monde s'arrête de tourner autour de toi. »

Ron allait poser une question à son ami quand il se rappela que la fille en question ne pouvait être que Ginny et que, par conséquent, il valait peut-être mieux qu'il n'en sache pas plus.

« Euh… oui… bon ben, on verra, hein. Elle refusera peut-être tout simplement de lâcher ses précieux bouquins et on sera condamné à vider la bouteille de Bill simplement toi et moi. »

Harry poussa à nouveau un soupir exaspéré puis, s'étirant les bras et les jambes, il jeta un regard vers le flan de la colline qu'ils auraient de nouveau à grimper.

« On pourrait transplaner jusqu'au campement… Qu'est-ce que tu en penses, Ron ? »

Le jeune sorcier dévisagea un instant son ami. « Mais je… je croyais que tu ne voulais pas qu'on attire l'attention sur nous, qu'il fallait éviter de trop utiliser la magie tant qu'on était dans le coin. » bégaya-t-il.

Harry Potter enfonça ses mains dans ses poches et laissa ses yeux errer tout au tour de lui. « Ne le dis pas à Hermione, mais je pense qu'elle a raison. Il n'y a rien ici, rien du tout, je ne sens rien, je ne LE sens pas. Pas pour l'instant en tout cas… Je SAIS qu'il est venu par ici, et plus d'une fois, j'ai reconnu des endroits que j'avais vu dans la pensine de Dumbledore. Son empreinte est partout, mais LUI est ailleurs en ce moment… Je ne sais simplement pas où. »

Ron se rapprocha de son ami, il reconnaissait ce tremblement dans sa voix quand il parlait de Vol-Vol… du Mage noir, il devinait sans même les voir que ses poings devaient être contractés dans ses poches.

« Mais mais… si nous le trouvions maintenant, nous ne serions pas prêts, n'est-ce pas ? Pas tant qu'on n'a pas détruit les horcruxes. C'est ce que Dumbledore t'a dit… Harry ? »

Un seul regard vers son ami suffit au rouquin pour se douter qu'il y avait autre chose, quelque chose, QUELQU'UN de plus. « C'est Rogue… c'est lui que tu cherches ? Tu penses qu'il est avec son Maître… »

A cet instant, Harry eut un hochement de tête si léger qu'il était presque imperceptible, puis il sortit de sa poche une chaîne en or au bout de laquelle pendait un médaillon grossièrement taillé.

« R.A.B… si seulement nous comprenions qui il est ! Si je pouvais trouver un moyen pour savoir si l'horcrux a été détruit, comme il le dit dans le manuscrit. Si… »

« Hermione saura ! Elle trouvera, tu peux lui faire confiance. »

Le jeune homme brun laissa un sourire discret se dessiner sur ses lèvres à la ferveur du rouquin.

« Oui, c'est certain… Hermione est pas mal acharnée quand elle veut… »

« Acharnée ? Elle est géniale, ouais ! C'est la fille la plus brillante et intelligente que j'aie jamais rencontrée, et elle est futée aussi et obstinée et, et… » s'emporta Ron.

« Oh oh oh du calme vieux… Toi, il faut que tu lui parles ! Et vite, d'ailleurs ! Tu vas exploser, Ron, si tu ne laisses pas enfin sortir tout ce que tu as sur le cœur… »

Le jeune homme roux ne répondit pas à son ami qui affichait à présent un immense sourire, il se contenta de pousser un grognement désespéré en donnant à nouveau de petits coups de pied dans les racines du chêne sur lequel il s'était laissé tomber.

« Bon, je crois que c'est entendu, nous n'avons plus rien à faire dans le coin. Demain matin, nous déciderons quelle sera notre prochaine destination. D'ici là, c'est toi le chef, Ron ! Je ferai ce que tu veux pour organiser la petite fête de ce soir. »

« En fait, je pensais que ce serait une bonne idée de manger chaud, tu vois… Le problème, c'est que tout ce qu'il nous reste comme viande en conserve, c'est du corned-beef… »

« Et que tu as horreur du corned-beef. » intervint Harry, d'un air entendu.

« Ouais, voilà… mais en même temps, je ne crois pas qu'Hermione aurait envie que je tue un animal pour fêter son anniversaire. Tu sais, ça ferait un peu genre, je me fous de l'existence de la pauvre petite bête… Elle n'est pas très rationnelle avec les animaux, Hermione… Il suffit de voir comment elle réagit par rapport à son satané chat ! »

Harry Potter attrapa son ami par les épaules et le secoua gentiment.

« Ron, vieux, arrête de penser ! Rentrons au campement et cesse de réfléchir à ce que tu devrais faire et ce que tu ne devrais pas faire, je te le dis, tu vas finir par exploser ! Ton idée est extra, Hermione sera très touchée, j'en suis sûr, même si on n'a rien d'autre que des haricots en conserve à lui servir. Tu ne peux pas rester caché ici en espérant que ça va t'aider à avoir le cran de lui parler, il est temps d'agir ! »

Sans attendre que son ami perde à nouveau courage, le jeune homme brun visualisa les environs de la clairière où ils avaient monté leur tente et se dématérialisa dans un crac sonore devant le regard ahuri de Ronald Weasley.

Arrivé, comme il l'avait prévu, à une centaine de mètres de l'endroit où les attendait Hermione, Harry s'assit sur une souche et fit tournoyer devant lui le faux horcrux, comme s'il s'agissait d'un pendule.

Une bonne vingtaine de minutes plus tard, n'ayant toujours pas vu apparaître son ami, il commença à s'inquiéter et songeait à faire demi-tour pour regagner la colline où il avait abandonné Ron quand il le vit enfin surgir entre deux buissons dans un craquement retentissant.

« Fichus trois D ! J'ai foiré sur la destination, j'aurais dû visualiser l'extérieur de la forêt au lieu de l'intérieur ! » grogna le rouquin en s'extirpant avec peine des ronces qui s'accrochaient à son jeans.

« Merde, vieux, t'en as mis du temps ! » lui cria Harry.

« Euh ouais ouais, je voulais juste… enfin… j'ai… Oh puis zut, tu vois bien non ? J'ai cueilli des fleurs, c'est tout ! » finit par annoncer le rouquin en brandissant un petit bouquet de clochettes violettes et de fleurs d'églantier.

« Merlin, Ron, c'est… »

« Grotesque, ouais je sais… Je voudrais tellement avoir quelque chose de mieux à lui offrir. » se renfrogna le jeune homme en contemplant le bouquet avec déception.

« Nooon, c'est extra ! Hermione va être enchantée, crois-moi… c'est vraiment mignon ! »

« Mignon ? » lança Ron. « Mais je ne veux pas que ce soit mignon, moi ! Je veux que ce soit… enfin, bon, je veux qu'elle comprenne que… enfin, quoi, mignon… c'est ridicule ! Mignon… Arnold le Boursouflet est mignon ! Moi je… Oh Godric, je suis vraiment pitoyable ! »

« Harry ? Ron ? »

Perdu dans ses lamentations, le rouquin n'avait pas entendu arriver son amie et un coup d'œil vers Harry lui confirma que lui non plus ne s'était pas attendu à voir apparaître la jeune fille.

« Mais qu'est-ce que vous faites ici ? Il y a eu un problème ? Vous avez trouvé quelque chose chez les Gaunt ? »

Harry fit quelques pas vers Hermione mais celle-ci regardait Ron avec curiosité tandis qu'il essayait vainement de dissimuler le bouquet derrière son dos.

« Non, il n'y avait rien de spécial là-bas, on a préféré revenir plus tôt… Mais toi, tu ne devrais pas t'éloigner seule du campement, ce n'est pas très prudent, tu le sais, Hermione. » dit le jeune sorcier brun avec un regard faussement menaçant.

La jeune fille balaya d'un geste le reproche de son ami et courba la tête pour voir ce que fabriquait Ron, resté en arrière.

« Coq a entendu du bruit, il piaillait comme un fou pour que je le suive, voilà tout. Et je suis tout à fait capable de prendre soin de moi, merci Harry. » marmonna-t-elle, les yeux toujours fixés sur l'autre jeune homme. « Non mais vraiment, Ron… Arrête de te tortiller comme ça ! Qu'est-ce que tu caches derrière ton dos ? »

En entendant son amie, le rouquin se raidit et sentit ses joues et ses oreilles prendre feu. Ridicule… il était totalement, désespérément, inévitablement ridicule.

Harry sembla comprendre le malaise de son ami et prit Hermione par le bras pour détourner son attention.

« Viens, Hermione, nous allons t'expliquer ce qu'il se passe, enfin… Ron va t'expliquer ce qu'il se passe quand nous serons au campement. »

La jeune fille dévisagea le jeune homme brun avec un regard angoissé. « Vous avez trouvé quelque chose, n'est-ce pas ? C'est quelque chose de grave et vous ne voulez pas m'en parler ? Oh Merlin… de nouveaux cadavres ! C'est ça que vous avez découvert là-bas ? De nouvelles victimes de V-Voldemort ? »

« Nooon ! » lança Harry.

« Laisse tomber, vieux, je t'avais bien dit que c'était grotesque. » le coupa Ron. « Tiens voilà, Hermione, c'est pour toi ! » dit le jeune homme en fourrant son bouquet dans les mains de son amie. « Bon anniversaire ! Ne dis rien, je sais que c'est stupide… »

Puis, sans attendre la réaction de la jeune fille, il fonça droit devant lui à grandes enjambées, suivi par un minuscule hibou visiblement ravi d'avoir retrouvé son maître.

La jeune sorcière laissa ses yeux voyager entre le bouquet qu'elle tenait dans ses mains et le nuage de poussière que Ron avait soulevé en filant aussi précipitamment.

Sans un regard vers Harry qui s'était mystérieusement fait tout petit après le départ du rouquin, elle se mit à courir aussi vite que la longueur modeste de ses jambes le permettait.

Quelques instants plus tard, totalement hors d'haleine, elle aperçut la silhouette dégingandée du jeune homme, accroupi près de son sac à dos.

« Ronald Weasley ! »

Le sorcier se figea sans oser relever la tête.

« Ce n'est pas très poli de ficher le camp comme ça ! Tu-tu n'as vraiment aucunes manières ! »

Agacé par le ton impérieux de son amie, Ron se redressa d'un bond pour faire face à la mine qu'il imaginait furibonde de la jeune fille.

« Ouais bon d'accord, j'ai dit que c'était stupide, je me doute bien que tu aurais préféré un de tes satanés livres, mais voilà, hello Hermione, c'est pas la succursale de Fleury et Bott ici, juste une putain de forêt ! »

Hermione serra le poing qui ne tenait pas le bouquet et le lui envoya en plein milieu du torse.

« JE ne suis pas idiote, Ronald ! TU n'as pas besoin d'être grossier pour me le faire remarquer ! Et puis d'ailleurs, si tu m'avais laissé le temps de réagir avant de disparaître, tu saurais que-que… »

Mais elle ne termina pas sa phrase. Elle se rapprocha d'un seul coup de son ami trop grand et passa ses bras derrière son dos avant d'appuyer son front contre sa poitrine.

Désemparé, Ron l'entendit pousser de petits gémissements et sentit peu à peu des larmes imbiber son t-shirt.

« Hey, Mione, ne pleure pas, ce n'est rien… Je suis un foutu imbécile, je m'en veux d'avoir été grossier, je ne le ferai plus. » murmura-t-il en tapotant maladroitement la broussaille de ses cheveux.

La jeune fille dégagea son visage et plongea ses grands yeux noisette dans le regard désolé de son ami.

« Mione ? »

« Euh ouais, c'est un diminutif d'Hermione, c'est… enfin… »

« C'est joli, j'aime bien. Mione, c'est plus doux qu'Hermione, plus simple à prononcer, c'est… » Et elle refondit en larmes.

« Oh, j'ai fait quoi là ? S'il-te-plaît… je m'excuse, mais ne pleure plus, s'il-te-plaît ! »

La petite brunette laissa retomber ses bras qu'elle avait écrasé si fort dans le dos du jeune homme et vint s'asseoir sur le tronc d'arbre abattu qui leur tenait lieu de banc.

« Ce n'est pas toi, Ron. C'est si gentil ce que tu as fait pour moi. Je ne m'attendais pas à ce que vous vous souveniez de mon anniversaire, après tout, c'est mille fois moins important que ce qu'on est sensé chercher, mais… mais de t'entendre me le souhaiter et que tu m'offres ce si joli bouquet, c'est… Oh Merlin, c'est si difficile ! J'ai si peur et mes parents me manquent tellement… c'est-c'est trop dur ! » bredouilla-t-elle en écrasant une goutte salée sur sa joue.

Quand Ronald Weasley avait serré fort contre lui une Hermione sanglotante à l'enterrement de Dumbledore, c'était en partie pour la consoler, pour l'apaiser mais aussi pour lui faire sentir que sa peine était partagée, qu'il avait autant de mal qu'elle à admettre et à accepter que celui qui s'était toujours érigé en rempart contre les forces du mal n'était plus. Ca s'était révélé très simple de caresser ses cheveux et de lui murmurer des paroles qui n'avaient d'autre sens que de soulager la douleur déchirante qui les étreignaient face au Mausolée immaculé. Il n'y avait aucune maladresse dans ses gestes ce jour-là, son instinct lui disait que si les légers effleurements sur ses épaules et sur son dos pouvaient alléger juste un peu leur chagrin, alors c'était bien, c'était juste…

Mais aujourd'hui… aujourd'hui c'était totalement différent.

Il mourrait d'envie de dire à Hermione tout et absolument son contraire, lui chuchoter que ça irait, que c'était normal si elle avait si mal, que bien sûr elle pouvait toujours rentrer chez elle, retrouver son père et sa mère, si rassurants, si étrangers au drame inexorable qui couvait… mais d'un autre côté, il voulait lui hurler non, ne me laisse pas, ne me quitte pas, je suis là, je serai fort, plus fort pour que tu aies moins mal, mais surtout, surtout ne t'en vas pas…

Et le petit garçon incertain qu'il était encore tout au fond de lui, malgré ses 17 ans et son mètre 85, savait que quoi qu'il dise, il ne trouverait pas les bons mots pour réconforter Hermione Granger.

Alors, il ne dit rien, se contenta d'accentuer la pression de ses bras et de lui déposer sur le front des baisers si légers qu'il n'était pas sûr lui-même qu'ils soient réels.

Ron et Hermione restèrent ainsi enlacés, l'un supportant de toute sa hauteur la peine écrasante de l'autre, jusqu'à ce qu'une silhouette surmontée d'une crinière noire et indisciplinée vienne mettre un terme au silence du campement.

« Je me demandais où… »

« Oh Harry ! » s'écria la jeune fille en séchant subrepticement ses yeux humides avec la manche de son cardigan.

« Ce n'est rien… je… j'avais une pensée pour mes parents, et Ron m'a… Oh Ron, ton t-shirt est trempé ! Tu aurais dû me le dire, je ne me suis pas rendu compte que… oh c'est vraiment idiot de se mettre dans des états pareils ! » poursuivit-elle en se dégageant des bras de son ami. « Bien ! Merci beaucoup pour le bouquet, Ron, j'adore les campanules et ces fleurs d'églantier sentent merveilleusement bon. Je crois qu'il faut que je travaille encore un peu, je n'ai pas fini de lire l'Almanach des années sombres d'Arturo Willipet, c'est le document le plus complet sur la première Ascension de V-Voldemort, il y a peut-être des indications utiles dedans. Enfin… oui…je-je vais dans la tente un moment… pour lire… »

A ces mots, Hermione marcha tout droit jusqu'à la petite tente canadienne installée entre deux arbustes. Elle tenait toujours contre elle le petit bouquet de fleurs roses et violettes qui avait un peu souffert d'être malmené entre ses mains.

« Hermione ! » lança Harry en se précipitant à la suite de la jeune fille.

Aussitôt, le jeune rouquin rattrapa son ami par l'épaule et l'obligea, gentiment, à faire volte-face.

« Vieux, qu'est-ce que tu fais ? Laisse-la tranquille un moment… »

Le Survivant regarda son compagnon un peu hébété. « Elle a dit qu'elle voulait lire, mais son livre est toujours sur la pierre, là-bas. » dit-il en désignant une roche plate couverte de bouquins et de parchemins. « Je voulais la prévenir qu'elle l'avait oublié, c'est tout. »

« Je ne pense pas qu'elle l'ait oublié, je crois qu'elle a simplement besoin d'être un peu seule en ce moment… »

Le jeune homme brun jeta un regard inquiet sur la toile scellée de la tente puis se retourna vers Ron.

« Qu'est-ce qu'elle a ? Vous vous êtes engueulés ? »

« Non ! Ce qu'elle a, c'est ce qu'on va tous finir par ressentir au bout d'un moment… Elle a peur, ses proches lui manquent… »

« Oh… merde… oui, c'est normal, je suppose. » murmura Harry. « Tu crois que je devais lui dire de rentrer chez elle ? »

Ron contempla un long moment l'ouverture de la tente zippée jusqu'en bas, secoua la tête comme s'il voulait en chasser des pensées déplaisantes et enfin répondit à son ami en fixant un point très lointain au-dessus de ses épaules.

« Je crois qu'elle nous détesterait si on lui suggérait d'affronter CA sans elle. Elle a toujours été là et, même si ça me rend malade d'imaginer qu'elle pourrait en souffrir, elle voudra être là jusqu'au bout. Je te l'ai dit ce jour-là, près du lac, on ira partout où tu iras, Harry, tous les trois ! » asséna le rouquin en essayant de maîtriser le tremblement dans sa voix. « Mais… tu peux toujours lui suggérer. Lui dire qu'elle a encore le choix… » parvint-il à finir dans un murmure.

« Oui, peut-être… » acquiesça Harry soudainement fasciné par les lacets de ses chaussures.

Ron hésita un instant, attendant secrètement qu'Harry développe sa réponse, mais son ami semblait avoir de nouveau atteint ce territoire étrange et connu de lui seul où il remâchait sans cesse des tourments de culpabilité.

Le livre d'Hermione était toujours là où elle l'avait laissé, ouvert à la moitié. Le jeune rouquin le prit entre ses mains en faisant particulièrement attention à ne pas perdre la page où s'était arrêtée son amie et cala son dos contre le tronc d'arbre abattu.

Il avait déjà lu, difficilement, un paragraphe quand Harry vint s'interposer entre le soleil et lui. L'ombre projetée par le Survivant le tira de sa lecture.

« Ron, qu'est-ce que tu fais ? »

« Je lis. »

« Je vois ça, mais pourquoi lis-tu ? »

« Pour aider Hermione. »

« Aider Hermione ? Maintenant ? Et ta grande idée ? Ton envie de prendre un jour de repos pour fêter son anniversaire ? »

Le jeune homme referma le livre entre ses doigts, histoire encore une fois de ne pas perdre la précieuse page et regarda Harry avec un air embêté.

« C'était une mauvaise idée, non ? Si je n'avais rien dit, si nous avions continué à faire de cette journée un modèle tout pareil aux autres, elle ne se serait pas rendu compte que ses parents lui manquaient autant… »

« C'est stupide ! » coupa Harry.

« Merde, non, c'est pas stupide ! Elle est triste et j'en suis malade… »

« Bon sang, Ron, elle n'est pas triste à cause de toi ! La seule chose intelligente à faire pour qu'elle oublie un peu sa peine c'est de continuer ton plan comme prévu. Arranger un peu le campement, ouvrir quelques boîtes de conserve, trouver trois petits verres pour boire ce fameux Ogden's Old et faire un bon feu. Puis, ce soir, quand le whisky nous aura mis à l'aise et que tu nous auras fait rire avec de nouvelles histoires drôles, ce sera le moment idéal pour que je m'éclipse et que tu lui fasses ta grande déclar… »

« Chuut ! Tu veux qu'elle t'entende ou quoi ? » s'écria Ron en bondissant pour mettre une main sur la bouche de son ami trop bavard.

Harry sentit naître un sourire immense derrière la paluche constellée de tâches de rousseur.

« Oh ça va… te moque pas de moi, tu ne me ficheras pas la paix tant que je n'aurai pas parlé à Hermione, c'est ça ? »

Le brun hocha la tête de haut en bas vigoureusement.

« Bon ben, je vais ouvrir les boîtes de conserve et toi tu ranges le campement, d'accord ? »

Le brun secoua la tête de gauche à droite avec presque autant de vigueur.

« Ok ok, TU ouvres les boîtes et JE range le campement… mais tu me laisseras quand même vérifier qu'il y autre chose que du corned-beef au menu, hein vieux ! »

Harry répondit d'un clignement d'yeux et Ron retira sa main de la bouche du Survivant.

« Je crois qu'elle dort… On devrait la réveiller à ton avis ? » demanda-t-il en jetant un œil à la tente silencieuse.

Harry s'ébouriffa le crâne en suivant le regard de son ami, puis examina sa montre.

« Hmmm, non, il est 15 heures. Laissons-la se reposer encore un moment. On ira l'appeler vers 17 heures si elle ne s'est pas levée avant. Je doute de toutes façons que tu tiennes plus longtemps sans te jeter sur la nourriture… »

Ron asséna un petit coup de poing sur l'épaule du jeune sorcier et s'éloigna en grommelant qu'il n'était pas qu'un ventre à pattes.

Harry vérifia que son ami s'occupait effectivement de rendre l'endroit un peu plus agréable et s'attaqua au contenu du sac à dos renfermant leurs provisions.

A son grand désarroi, il fallait admettre que le rouquin avait raison, les possibilités de faire un bon repas étaient maigres.

Au bout d'un long moment de réflexion, il empila six boîtes en pyramide (comme il avait vu faire au jeu de massacre où il avait eu le privilège d'accompagner les Dursley pour applaudir les exploits de Duddlynouchet ). Ce soir, pour célébrer les 18 ans d'Hermione, ils auraient droit à des haricots sauce tomate, des petites pommes de terre imbibées d'eau, le fameux corned-beef et une boîte de jambon en gelée qu'il avait déniché dans le fond du sac. Pour le dessert, le choix se ferait entre des ananas en tranches au sirop ou des poires en quartier au sirop… Il ne restait plus à espérer qu'il y aurait suffisamment de whisky de feu pour faire passer tout ça.

Un peu avant 17 heures, alors qu'Hermione dormait toujours, Harry essaya d'allumer un feu avec les moyens moldus, c'est-à-dire des feuilles sèches et une boîte d'allumettes, mais les feuilles qu'il avait disposées au-dessous des branchages sensés s'embraser étaient loin d'être aussi sèches que prévues et il arriva tout au plus à provoquer un nuage de fumée âcre.

S'assurant que Ron était trop loin pour s'apercevoir qu'il violait toutes ses résolutions anti-magie, il sortit sa baguette de la poche de son jeans et, d'un petit Incendio informulé, fit s'enflammer le monticule de branches mortes.

Ron revint quelques instants plus tard avec un immense ballot d'herbes sèches et de feuillage. Arrivé devant le feu, il fit un sourire appréciateur à Harry et s'affaira à disposer son trésor de verdure le long de l'arbre abattu.

Après avoir vérifié que son tas de feuilles avait bien la même épaisseur partout, il le recouvra d'une épaisse couverture en laine, sans oublier d'inverser le sort de réduction qui permettait de la faire tenir dans son sac à dos.

Ensuite, il sortit du même sac à dos un paquet de bougies blanches retenues par une ficelle et en retira dix-huit. Jugeant qu'il arriverait difficilement à faire léviter les bougies sans attirer l'attention d'Harry, il se contenta de les enfoncer dans la mousse abondante de la clairière, espérant que l'effet serait assez joli une fois la nuit tombée.

Puis prenant un peu de recul, il jugea de l'effet provoqué par son « rangement » du camp. La nappe à carreaux disposée sur le tronc d'arbre et retenue par des branches de lierre n'avait rien d'extraordinaire et il regretta en soupirant le confort chaleureux de la cuisine du Terrier, mais même si le décor avait été bien plus luxueux, ça n'aurait en rien atténué l'impression lancinante qu'un petit rongeur vorace se régalait joyeusement de ses boyaux. Il allait parler à Hermione, ce soir…

Comme si elle n'avait attendu que la fin des aménagements pour quitter l'abri de la tente, Hermione montra le bout de son joli nez retroussé à l'instant même où Harry faisait couler, sous le regard navré du rouquin, le contenu des conserves dans des poêlons posés sur les braises.

« Je… j'ai dormi longtemps ? » demanda la brunette à son ami le plus proche.

« Environ trois heures. » répondit Harry.

Hermione se frotta les paupières doucement puis étira ses bras au-dessus de la tête en poussant un petit gémissement soulagé.

« Comment te sens-tu ? » interrogea le grand garçon roux qui épiait ses moindres gestes.

« Beaucoup mieux, merci Ron… » lança la jeune fille lui souriant. « Mais j'ai… euh… je me suis endormie en tenant ton bouquet et je… enfin, il est dans un triste état… » poursuivit-elle d'un ton navré en désignant le pitoyable assemblage de fleurs chiffonnées qu'elle tenait à la main.

Harry s'approcha sensiblement d'Hermione et prononça quelques mots à voix basse que ses amis n'eurent pas l'occasion de saisir.

Le bouquet de campanules et d'églantines était à nouveau aussi frais et coloré que lorsque Ron l'avait cueilli.

« Mais, Harry… je croyais que tu voulais qu'on évite la magie pour les choses quotidiennes. » murmura la jeune fille en humant le parfum léger des fleurs d'églantier.

« Ca n'a plus d'importance. Demain, nous déciderons où aller mais je te promets que c'est notre dernière soirée ici. Tu avais raison, les horcruxes sont ailleurs. »

« Oh… oui, c'est très possible, ils sont forcément ailleurs ! Je veux dire que, si on se réfère aux notes que Dumbledore t'a laissées, il nous reste une foule d'autres possibilités avant de revenir ici… Si on s'accorde pour dire que c'est ici qu'aura lieu le-le… enfin, le tu sais quoi ! Mais l'Almanach de Willipet doit contenir plus d'informations. Bien sûr, j'ai encore la moitié à lire mais je suis certaine qu'il doit renfermer des pistes… D'ailleurs, si tu veux que nous repartions demain, je ferais bien de me remettre à ma lecture tout de suite, tant qu'il fait un peu clair… Je commence à avoir mal aux yeux à lire tout le temps à la bougie. »

Les deux garçons se regardèrent un instant, un peu effrayés par le débit déjà retrouvé de leur amie à peine sortie de sa sieste, puis, profitant que la jeune fille était repartie dans une tirade sur les bienfaits des livres, ils lui attrapèrent chacun un bras et la firent se retourner vers le petit coin douillet que Ron avait disposé autour du feu.

« Hermione, tais-toi ! » s'écrièrent en même temps les garçons.

« Mais… mais… » protesta-t-elle.

« Hermione, s'il-te-plaît… tais-toi et écoute-nous ! » reprit plus doucement Harry. « Ron a pensé que tu méritais un peu de repos et de détente pour célébrer ton anniversaire et il a tout à fait raison. Donc, ça veut dire plus de livres, plus de questions, plus de chagrin ce soir… Demain… tu décideras si tu veux continuer avec nous ou si tu préfères retourner chez tes parents, d'accord ? »

Hermione dégagea ses bras et mit les poings sur les hanches en poussant un grondement courroucé. « Non mais vraiment, que je retourne… que je vous laisse… non mais honnêtement ! »

« Chut, Mione… Harry a dit demain ! Maintenant, tu te tais, tu t'assieds et tu fais semblant de trouver le repas d'Harry tout à fait délicieux… Tu t'en sens capable ? » lui chuchota le rouquin en lui poussant gentiment les épaules pour la forcer à s'installer sur le tas de feuillage.

La brunette rougit légèrement et fronça les sourcils comme si elle allait à nouveau réprimander ses amis mais se tint coite et se laissa aller sous la pression des mains de Ronald Weasley.

Une fois Hermione assise, les actions parurent plus simples à exécuter pour Harry et Ron. Elle avait renoncé, pour ce soir, à ses bouquins, le plus dur était donc fait.

Harry touilla encore un instant dans les haricots frémissants et fit revenir les pommes de terre dans la graisse du corned-beef, puis il découpa quelques tranches hors du bloc de jambon en conserve et les déposa dans la poêle à côté des patates.

Ron regardait avec dégoût un monticule de corned-beef fondre doucement dans un autre poêlon, se demandant secrètement s'il avait jamais vu sa mère procéder ainsi.

La grimace furtive d'Hermione le conforta dans l'idée que JAMAIS sa mère ne s'y serait prise de cette façon, mais Harry avait choisi sa part du travail et Ron, étant bon camarade, n'allait pas se mettre à critiquer le menu du Survivant avant d'y avoir goûté, mais il s'était juré mentalement depuis le moment où il avait observé Harry ouvrir la boîte de corned-beef qu'il n'y aurait qu'un Imperium très puissant à même de le forcer à avaler la mixture.

Il s'était assis à courte distance d'Hermione et lui jetait de temps à autre des coups d'œil timides, elle avait noué ses mains autour de ses genoux et semblait songeuse mais elle n'avait pas l'air triste.

Hermione, de son côté, sentait fréquemment le regard du grand roux se poser sur elle mais évitait de tourner la tête vers lui. Le souvenir de ses bras si rassurants qui l'avaient enlacée tout à l'heure l'avait plongée dans une cohue de sentiments étourdissants et elle sentait encore ses pommettes s'embraser au rappel des images de lui et d'elle flottant encore dans son esprit à son réveil.

Il y avait tous ces petits riens qui s'accumulaient depuis un moment… tous les petits riens qui faisaient beaucoup pour Hermione Granger. Ces regards, ces sourires, ces colères, ces doutes, tous les petits signes que Ronald Bilius Weasley lui envoyaient et qui ajoutaient chaque jour une pièce de plus au puzzle.

C'était imminent, elle le sentait… Bientôt il pourrait admettre sans bafouiller qu'il y avait un petit quelque chose de plus entre elle et lui. Un petit quelque chose qu'Hermione ne partagerait jamais avec Harry, malgré toute l'affection qu'elle avait pour son ami.

Un tout petit rien qui faisait battre son cœur tellement plus vite…