Merci ! Et donc, en route pour Cheyenne Mountain mais bien sûr, pas en ligne droite, d'abord, petit séjour à Vancouver, mais court le séjour, promis.
ooOoOoo
6 – John ne remercierait sans doute jamais assez le médecin écossais de l'avoir, disons, ramené à la raison.
Pas sûr que ce petit épisode plaise à Weir. Ou à Summer. Il soupira. Il verrait bien … de toute manière son dossier était déjà remplis de « black marks », alors une de plus, une de moins …
Ford se trouvait à ses côtés avec Beckett. Desmond et ses hommes avaient coffré les trois hommes et deux hélicoptères ambulance devaient venir chercher les gamins et les conduire au BC Chidren's Hospital (12). Selon Beckett, ils allaient bien, mais il fallait faire un toxscreen pour savoir avec précision ce qui leur avait été injecté.
Restait à retrouver Rodney.
Malgré les menaces, l'homme n'avait rien dit. Il avait juste souri et leur avait dit de chercher. John se rappelait de l'air mauvais qu'avait eu l'homme lorsqu'il leur avait dit que Rodney « méritait une petite leçon dans l'art de l'obéissance. » Cette fois c'est Beckett qu'il avait fallu stopper. Enfin, juste après qu'il ait tout bonnement tenté de faire perdre sa masculinité à ce sale type, en prenant soin bien entendu après de charger son collègue, de s'occuper de l'homme qui se tordait de douleur par terre. Serment d'Hippocrate et tout et tout. John était sûr qu'il allait bien s'entendre avec le docteur Beckett.
« Bon, nous avons fouillé toutes les pièces encore debout dans cette vieille baraque. Où est-ce qu'il peut bien être ? »
Ford avait raison, il avait fouillé toutes les pièces du sol au plafond et … le sol ? John se dirigea sans un mot vers ce qui avait été autrefois la cuisine. Il y avait une petite glacière, un réchaud et les restes d'un repas sur la table. John la débarrassa d'un large revers de la main.
« Heu, Major, vous faites quoi là au juste ? »
Ford et Beckett l'avait suivi. John fit un signe de tête à Ford qui s'approcha de la table.
« Aidez moi à la soulever et à la déplacer. »
Ford s'exécuta et ils placèrent la table de long du mur. John se baissa et souleva la vieille carpette qui se trouvait par terre. Et sourit lorsqu'il découvrit ce qu'il y avait en dessous. Beckett s'approcha.
« Une trappe ? »
« Les vieilles baraques de ce type sont souvent équipées d'un cellier. »
Il souleva la trappe et commença à descendre l'escalier qui menait au dit cellier.
« Ford, j'aurais besoin d'une torche ! »
« Okay, je vous amène ça tout de suite. »
Le Lieutenant sortit de la cuisine. Beckett s'agenouilla au dessus de la trappe ouverte, mais il était impossible de voir quoique ce soit. John appela Rodney. Personne ne lui répondit. Ford revint avec la torche.
« Parfait, merci Lieutenant. »
John descendit prudemment, Beckett sur les talons. La lumière de la torche tomba soudain sur une jambe. Toute idée de prudence disparue, John se précipita.
Dans un coin du cellier, près de l'escalier, se trouvait Rodney, allongé sur un vieux matelas, les mains et les chevilles liées. Beckett s'agenouilla près de lui et vérifia son pouls pendant que John tranchait les liens.
« Doc ? »
« Le pouls est un peu rapide et … » Il souleva une paupière « … ses pupilles sont dilatées. » Il souleva le bras de Rodney. Une trace de piqûre était visible dans le creux de son coude. « Lieutenant, amenez moi une couverture, il est glacé et un petit début d'hypothermie n'est pas à écarter. »
Ford qui était resté dans l'escalier fit un signe de tête et disparu.
« Heu, Doc', il n'a rien d'autre, je veux dire, ils ne l'ont pas … »
Beckett poussa un soupir.
« Non, Major, rien ne semble indiquer qu'il y ait eu agression sexuelle, mais le trauma de ce qui s'est passé ici sera, croyez moi, suffisamment grave. »
John hocha la tête et se pencha pour écarter les cheveux qui tombaient dans les yeux de Rodney.
« C'est un battant. Il s'en sortira. »
« Tenez Doc' ».
Ford tendit la couverture d'urgence à Beckett. Celui-ci enveloppa Rodney dedans et allait le prendre dans ses bras, lorsque John souleva l'adolescent.
« Major, votre bras … »
« Pas de problème Doc', il n'est pas si lourd que ça. »
Ils sortirent du cellier. Desmond se trouvait encore dans la maison à discuter avec un type en civil.
« Ah, Major, vous avez retrouvé notre petit héros à ce que je vois. »
John sourit. Oui, Rodney était un héros, dans tous les sens du terme.
« Oui, et nous allons l'évacuer avec les autres donc, si … »
« Pas de problème, le Capitaine Harriman de la police de Vancouver vient juste de nous rejoindre avec ces collègues, nous en avons encore pour un bon moment ici et je crois me souvenir que ce bras, » il désignait l'attelle de John à peine visible sous les pans de la couverture qui recouvrait Rodney, « a besoin d'être examiné. Nous vous rejoindrons dès que nous aurons fini. »
Harriman se tourna vers lui.
« J'ai pas mal de question à vous poser Major, notamment sur cet homme que vous avez vu partir en voiture de police. »
« Et bien vous savez où me joindre. Messieurs. »
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Le voyage en hélico. ne dura pas plus d'une quinzaine de minutes. Plusieurs équipes les attendaient sur le toit de l'hôpital et les gamins furent tous rapidement installés sur des civières et dirigés vers des salles d'examen. Rodney fut un des premiers à être examiné. Beckett donna une petite tape d'encouragement à John et disparu avec son homologue canadien.
John allait s'installer dans la salle d'attente avec le lieutenant mais une jeune interne lui fit signe de la suivre.
« Le Docteur Beckett a signalé qu'il fallait que l'on examine votre bras, si vous voulez bien me suivre Major. »
Humm, la suivre ? Mais où elle voudrait. Hey, qui refuserait de suivre une mignonne petite blonde d'à peine 25 ans, médecin de surcroît ? John afficha son sourire le plus charmeur.
« Mais oui, avec plaisir. »
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Plus jamais il ne fantasmerait sur les jolies internes. Mon Dieu et dire que celle-ci serait bientôt diplômée. Il frissonna en se remémorant l'affreux examen.
Elle avait commencé par lui enlever l'attelle sans aucune précaution. Il avait eu du mal à se retenir de hurler et seules ses excuses et son air désolé et ses jolis petit seins qui dansaient juste devant son nez sous sa blouse, l'avaient empêcher de sortir de la salle d'examen et de réclamer un médecin, un vrai. Mais le pire, ç'avait été la prise de sang – John se demandait encore pourquoi elle avait besoin de sang pour soigner une fracture – elle l'avait piqué tellement de fois avant de trouver enfin une veine qu'il ressemblait à un junkie !
Maintenant, il avait un superbe plâtre et il avait mal partout. Cette femme était ni plus ni moins qu'un monstre en blouse blanche. Okay, un joli monstre, mais un monstre quand même.
Il soupira. Ford était là lui aussi. Très calme. Et très patient. John ne savait pas comment il faisait, lui n'avait jamais été patient.
« Major. Lieutenant. »
John se retourna. Beckett était là et il était souriant, ce qui était forcément bon signe, non ?
« Alors ? »
« Alors, aucun des enfants n'a subi d'agression sexuelle. Ils ont été drogués avec une assez forte dose de valium, mais rien d'alarmant. Ils vont les garder ici 24 heures, le temps de les avoir tous identifiés et de faire venir leur parents ou leurs représentants légaux. »
« Le Foyer Saint James. »
Beckett fronça les sourcils.
« Pardon ? »
« Rodney, il vient du foyer Saint James, c'est ici, à Vancouver, une sorte d'institution qui accueille des adolescents. »
« Oh. Et bien vous serez heureux d'apprendre que notre petit héros va bien lui aussi. Nous allons surveiller sa température qui en encore un peu basse et il devrait dormir pendant encore une bonne douzaine d'heures. »
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En fait, Rodney dormit un peu plus de douze heures. Il était près de 13 heures de l'après midi, le lendemain de son sauvetage et il dormait toujours. John était près de son lit et feuilletait un magazine. Enfin, il faisait semblant guettant le moindre signe de réveil.
Il soupira. Tout était bien qui finissait bien. Harriman, le flic, était venu ce matin. Les onze gamins, qui avaient entre 13 et 15 ans, le plus jeune étant Rodney, qui avait largement arrondi son âge, allaient bien, leurs parents avaient été alertés et ils sortiraient tous de l'hôpital dans la journée. Le type qui était parti avec la voiture de flic avait été pris lui aussi. En train de kidnapper un autre gamin. La tactique était simple : faire la sortie du Planétarium, repérer les mômes qui étaient seuls et leur proposer de les ramener chez eux. Qui se méfierait d'un flic ? Le type était d'ailleurs un vrai flic, ce qui rendait le tout encore plus sordide. A qui se fier, si ceux qui devaient vous protéger étaient aussi ceux qui vous brutalisaient ?
Il reposa son magazine et se leva. Il faisait beau dehors, un soleil de mai. Agréable, doux, pas trop lourd. John regarda sa montre. Vers 17 heures, l'assistante sociale de Saint James devait passer le voir, enfin, les voir, si Monsieur McKay consentait un jour à se réveiller !
John décida d'aller se prendre un café. Il sortit de la chambre et alla se servir au distributeur dans le couloir puis revint et se réinstalla dans la chaise qui se trouvait devant le lit. Il commença à boire lorsqu'un gémissement lui fit poser précipitamment la tasse sur la table près du lit.
« Rodney ? »
Les yeux bleus papillonnèrent un instant puis se fermèrent.
« Ohhhh, non, pas de ça, Rodney ! Je crois que tu as assez joué comme ça à la belle au bois dormant, allez, on se REVEILLE ! »
« C'fff ? »
John haussa un sourcil. Qu'est-ce que … ?
« Quoi ? »
« Café. »
John regarda la tasse de café fumant qui se trouvait près du lit.
Incroyable ! Ce gamin était vraiment unique ! Il était enlevé, drogué et son premier mot au réveil était « café » ? Ceci dit, s'il suffisait de ça pour le réveiller … s'il avait su, John aurait été chercher son foutu café, il y a deux heures de ça !
« Café … Siou plaît ? »
John hésita un moment. Oh et puis quelle importance ! Ca ne pouvait pas lui faire de mal. Il aida Rodney à s'installer en position assise, le dos fermement calé par deux oreillers et lui donna la tasse. Rodney la but lentement, savourant le breuvage comme s'il s'agissait d'un nectar divin.
« MAJOR, j'espère que notre jeune ami ici présent n'est pas en train de boire ce que je crois qu'il est en train de boire, n'est-ce pas ? »
Et merde ! Pris comme un rat.
« Heu Doc' ! Déjà là ? Je veux dire, heu … »
Beckett, qui venait d'entrer, leva les yeux au ciel et s'approcha du lit, il tendit la main vers Rodney qui poussa un soupir bruyant mais lui donna néanmoins la tasse de café. Beckett l'a vida dans l'évier qui se trouvait dans la petite salle de bain adjacente et revint un large sourire aux lèvres. Il claqua dans ses mains.
« Bien alors, comment va ce jeune garçon aujourd'hui, hein ? »
« J'ai 14 ans, je ne suis pas un … »
« 13 ans, 4 mois et 7 jours … ça ne fait pas tout à fait le compte. »
Rodney lança un regard noir à John puis son visage se décomposa lorsqu'il se rendit compte que si ce dernier connaissait son âge, cela voulait aussi dire qu'il devait en savoir pas mal sur lui.
Beckett sentit à la mine renfrognée du gamin que quelque chose n'allait pas, il décida de laisser le Major régler ça.
« Bien, je vais aller chercher ton docteur. Je vous laisse donc tous les deux, à condition que vous promettiez de vous conduire en personnes responsables et, oui, Major, je parle aussi pour vous. »
John arbora la mine la plus innocente qui soit et Beckett ne put réprimer un petit gloussement. Il sortit et les laissa seuls. John se tourna vers Rodney.
« Mme Dickory va passer tout à l'heure. »
« Okay. »
« Elle avait l'air très inquiète pour toi. »
« Sûr. »
« Rodney ? »
« Quoi ? »
« Ce que tu as fait lorsque nous étions dans la cabane, et avant aussi d'ailleurs, c'était très courageux. »
Rodney haussa juste les épaules.
« Pas vraiment non. »
« Non ? »
« Non, ce qui aurait été vraiment cool, ç'aurait été de sauver tout le monde tous seul ! J'aurais du trouver une meilleure idée … peut-être en utilisant un truc dans la grange, j'ai vu qu'il y en avait une derrière la maison. Il y a toujours des trucs qui traînent dans ce genre d'endroits, vous savez, comme un vieux générateur par exemple ou alors … »
John l'écouta lui expliquer tout ce qu'il aurait pu faire avec ceci ou avec cela, demandant de temps en temps une explication un peu plus précise, essayant de le coincer mais, hey, coincer Rodney McKay sur de la technique n'était pas facile.
Après tout, le gamin était un génie. Un génie au QI de 151. Un génie dont le père était mort un an auparavant, emporté par un cancer. Un génie dont la sœur aînée, une jeune mère de famille de 24 ans, ne pouvait assumer la charge.
Un génie solitaire.
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L'entretien avec l'assistante avait été un total fiasco. Enfin, du point de vue de John.
Mme Dickory était une petite bonne femme d'une cinquante d'année, toute ronde, qui lui faisait un peu penser à une pomme. Elle était gentille et semblait vraiment aimer Rodney, mais ce dernier s'était contenté de lui répondre sèchement et de préférence de manière monosyllabique. Tout le contraire de ce qu'il était avec John. Difficile de l'arrêter et ces phrases étaient si longues que John se demandait si Rodney pensait à respirer entre chaque mot.
John avait raccompagnée Mme Dickory jusqu'à sa voiture.
« C'est un gentil garçon, je veux dire, c'est si … »
« Injuste ? Oui, Major, vous avez raison, mais personne n'a dit que le monde était juste, n'est-ce pas ? »
« Il devrait l'être, en tout cas pour les enfants. »
« Vous l'avez sauvé d'un sort horrible, je crois que ça compte, non ? »
« Oui, mais j'aimerais pouvoir faire plus. »
« Major, vous serez partis dans quoi, quelques jours, quelques semaines ? Que croyez vous pouvoir faire ? »
« Je ne sais pas, juste … »
« Rodney est intelligent, un peu trop en fait, n'essayez pas de lui mentir, vous causeriez plus de mal que de bien. Mais je suppose qu'il pourrait avoir besoin d'un ami, même si c'est momentané. »
Et c'est comme ça que le Major John Sheppard devint l'ami de Rodney McKay.
TBC (bon, il va bien falloir que John parte pour Cheyenne Mountain, et bien sûr, Rodney ne va pas l'entendre de cette oreille …)
(13) BC Children's Hospital (British Colombia) est un des deux hôpitaux de Colombie britannique spécialisé dans la prise en charge des enfants (le second est le Sunny Hills Hospital Health Centre for Children). Ils se trouvent tous les deux à Vancouver.
