Auteurs : Bliblou et Lilician.
Chapitre 4 : Suis-je un monstre ?
Harry courrait à en perdre haleine. Il n'en pouvait plus, ses jambes semblaient faites de plomb, elles lui faisaient mal et pourtant il n'avançait pas.
Tout était noir autour de lui.
Tout était oppressant.
Il entendait des voix qui l'appelaient. Ils ne savaient pas où les trouver. Il cherchait, il souffrait pour les retrouver car elles étaient sa chaleur, son salue.
Une neige fine commença à tomber sur lui, de plus en plus vite, de plus en plus fort, recouvrant la noirceur d'un voile blanc. Maintenant il avait froid, il grelottait à la recherche des ses voix inquiètes.
Tout se mit à tourner autour de lui. Il hurla jusqu'à s'en briser les cordes vocales. Son corps s'embrasa d'un coup puis se fut le néant.
Le corps du garçon allongé dans le grand lit aux draps noirs était parcouru de soubresauts successifs, sa température baissant puis montant en flèches, ses lèvres devenant de plus en plus bleus mauves.
Draco regardait le jeune homme se battre. Il ne comprenait pas ce qui se passait.
Il sentait la souffrance envahir le corps et l'esprit d'Harry.
Il sentait la folie emporter le Survivant vers une mort certaine.
« Je ne peux rien faire d'autre, Maître. » Confia Severus d'une voix sombre alors qu'il refermait la petite fiole de potions rouge vif.
Voldemort ne réagit même pas.
Severus prit son fils dans ses bras puis sortit, laissant Draco et Lord Voldemort ensemble.
Harry se retrouva dans la maison de son oncle et sa tante. Il devait avoir sept huit ans. Il regarda le petit garçon aux cheveux noirs ébouriffés et aux yeux verts profonds, éclatants sans lunettes.
Il regardait son cousin jouer avec ses camarades dans la neige du jardin. Il serrait contre lui sa petite couverture miteuse dans laquelle on l'avait trouvé et que sa tante lui avait laissé, et suçait son pouce. Les enfants dehors s'amusaient bien, ils riaient aux éclats, se lançaient des boules de neige mais… pas lui. Il ne pouvait pas sortir, il devait laisser son cousin avec ses amis parce que lui...
Lui n'était pas normal…
Lui c'était un monstre…
Des larmes coulèrent sur les joues pâles surprenant Tom et Draco qui se jetèrent un regard incertain. Ils prirent chacun une main du jeune homme puis entrèrent dans son esprit en même temps, avec la même formule de magie noire.
La scène changea. C'était en Automne. Les feuilles des arbres recouvraient le jardin et la terrasse de la maison. Il devait toutes les ramasser et les faire brûler. Il se mit au travail sans discuter. Au bout d'une demi heure, il avait fini de faire son gros tas mais il avait les mains froides presque bleues.
Draco et Tom regardèrent le petit garçon. Le premier était un peu surpris, en colère et triste. Le deuxième semblait stoïque mais cette situation le ramena quelques années en arrière.
Le petit garçon craqua une allumette mais elle était légèrement mouillée. Son cousin l'avait fait tombée quelques instants plutôt et avec le vent froid, la boîte ne séchait pas. Il recommença plusieurs fois mais aucune ne voulait s'allumer jusqu'à la dernière. Il alluma un papier journal puis le jeta dans le tas de feuilles qui s'embrasa d'un coup. Il se rapprocha du feu et plaça ses petites mains devant les flammes.
« Eyh ! Le monstre… » Gueula son cousin en le poussant près du tas en feu.
Harry poussa un cri quand il sentit ses mains le brûler. Il se releva en vitesse.
« Espèce d'imbécile. Immonde crétin. Aussi stupide que ta mère. » Hurla Tante Pétunia en l'attrapant par le col de son pull troué et en le rentrant pour l'enfermer dans son placard. « Bon à rien. »
Draco avait voulu s'élancer vers Harry pour le relever et soigner ses mains brûlées mais il avait refermé ses bras sur de l'air. Tom l'avait laissé faire. Il savait que Draco avait besoin de se rendre compte qu'il ne pouvait rien faire.
De son côté, Harry, toujours entouré des ténèbres, avait vu toute la scène. Il ne comprenait pas la réaction du blond. Pourquoi s'était-il élancé vers lui ?
Son corps s'était légèrement réchauffé quand le garçon avait voulu refermer ses bras sur lui. Il se souvenait de cette sensation comme si cela c'était passé hier. Il s'était senti parcouru d'un léger frisson de plaisir et de bien être pendant un instant. Il avait tout de suite su qu'il ne s'agissait pas des flammes qui l'avaient brûlé mais d'autre chose… De quelqu'un.
Jamais à cet instant, il n'aurait crû qu'il rencontrerait la même chaleur quelques années plus tard dans un magasin de vêtements sorciers.
La même sensation…
Le même frisson…
Et il avait eu peur. Après tout il n'était qu'un monstre, un objet.
Un enfant pleurait toutes les larmes de son corps devant un sapin vide, entouré de papiers cadeaux.
Le Père Noël l'avait oublié…
Il n'avait pas été sage…
Il n'était qu'un monstre…
Son oncle et sa tante étaient partis avec son cousin au restaurant. Ils n'avaient pas voulu l'emmener parce qu'il n'avait pas été sage.
Pourtant il avait tout fait… Il avait obéit à son oncle, il avait fait le ménage, la vaisselle, ses devoirs mais son oncle avait dû lui payer des lunettes. Bien sûr, il avait reçu les moins chers, elles étaient même presque cassées mais il n'avait rien dit. Pourtant il aurait voulu celles avec des petites souris sur les branches, qui souriaient et étaient habillés comme le Père Noël…Qui l'avait puni.
Harry se leva puis alla se coucher dans son placard après avoir éteint toutes les lampes, et avoir ressentit une dernière fois un frisson de bien être le parcourir.
Draco trépignait sur place, il avait voulu prendre le petit garçon dans ses bras mais il l'avait encore traversé. Son cœur lui hurlait de partir, de sortir des pensés d'Harry mais il ne pouvait pas. IL DEVAIT VOIR.
Voir ce garçon qui était tombé plus bas que la poussière, qui demandait qu'on achève ses souffrances. Pourtant il avait continué, il avait survécu…
C'était son anniversaire et son amie l'araignée le lui avait souhaité en lui laissant une petite mouche emballée dans sa toile. Bien entendu, l'araignée n'avait pas pensé à lui mais il aimait le penser, y croire encore un peu… Juste un peu.
Il sortit de son placard et prépara le déjeuner. Son cousin le nargua en lui montrant son nouveau jouet et en brayant un joyeux anniversaires pour lui-même. Harry se réfugia en lui, il n'écoutait plus jusqu'à ce qu'il sente un coup lui couper le souffle. Son cousin venait de lui donner un coup de pieds dans le dos. Il renversa le bacon sur le sol. Son oncle hurla comme un cochon égorgé puis le poussa violement sur le carrelage. Sa figure heurta le sol dans un bruit mât. Ses deux dents de devant venaient de se casser. Son oncle lui attrapa le col de son t-shirt trois fois trop grand mais ça n'empêcha pas le fait qu'il doive se lever pour empêcher qu'il ne s'étouffe. Il se traîna derrière son oncle qui lui hurlait dessus alors qu'il suppliait pour être lâché. Vernon le jeta dans son placard avant de le frapper plusieurs fois en le traitant de bon à rien, de monstre et d'erreur de la nature. Quand la porte se fut refermée sur lui, il pleura longuement en hoquetant. Il avait mal. Il voulait simplement mourir. Retrouver ses parents. Les connaître. Est-ce qu'ils auraient été comme Vernon et Pétunia ? Sa maman était-elle gentille ? Lui aurait-elle pardonné sa maladresse ? L'aurait-elle cajolée ? Et son papa ? Il aurait joué avec lui ?
Maintenant Draco pleurait abondamment en regardant. Il avait été odieux, injuste avec Harry. Il avait toujours crû qu'il avait eu une vie facile, une vie de rêves.
Tom, de son côté, se revoyait vraiment dans ce gamin. Mais… Comment Harry avait-il pu garder son innocence ? Sa pureté ? Son amour des autres ? Lui, était devenu bien amer, en colère, rempli de haine envers les moldus…
Un petit chat fit son apparition derrière la petite cabane au fond du jardin. Harry le caressa longuement, il souriait même alors que le chat ronronnait et s'étendit sur lui.
Un petit espoir…
Une petite lueur…
Tous les jours, il volait un peu de bacon dans les assiettes à la fin des déjeuners puis allait l'apporter au chat qu'il avait soigné longuement et tendrement.
Lui…
C'était son ami.
Il l'avait appelé Bibi… parce qu'il l'avait trouvé dans une poubelle derrière à jouer avec un biberon cassé.
Harry lui tendit le petit morceau de bacon que le chat mangea avec appétit et en ronronnant de plaisir. Harry sourit un peu plus en le regardant se lécher les pattes.
« Papa ! » Hurla Dudley en lui jetant un regard sadique.
Vernon arriva tout de suite, ses yeux s'enflammant en voyant l'animal.
« Sale gamin. Tu essayes de tuer notre Dudley chéri ? Tu sais bien qu'il est allergique aux chats. » S'énerva Vernon en empoignant l'animal dans sa grosse main.
Dudley fit mine de tousser bruyamment et de s'étouffer.
« Voila comment tu nous remercies de te garder sous notre toit ? En voulant tuer notre fils ? » S'époumona le cachalot en frappant Harry sans se soucier de la vieille voisine qui regardait la scène avec effarement avant de s'enfermer chez elle. « Sale bâtard. Pas étonnant que personne ne veuille de toi. »
Pétunia criait au meurtre en aidant Dudley à rentrer.
« Tu vas voir ce que je vais faire de ton animal de malheur. »
« Non pas Bibi ! Laisse Bibi tranquille ! Il n'a rien fait. Je t'en pris Oncle Vernon. » Supplia Harry avant de se retrouver à terre le souffle coupé par le coup qu'il venait de recevoir.
Il regarda en pleurant son chat se faire décapiter par son oncle qui jeta le corps sans vie du chat dans un buisson puis qui le traîna dans la maison pour lui mettre une correction bien méritée.
« PAS MON CHAT ! PAS MON AMI ! » Hurla Harry en sortant dans des ténèbres et en voulant protéger l'animal du coup de machette mais…
Ce fut impossible.
Il regarda ensuite le petit Harry pleurer, le visage en sang, ses bras couverts d'ecchymoses, son pull déchiré et son jeans sali. Il se balança en même temps que le petit en répétant : « je suis un monstre. Je veux mourir. »
Ils se retrouvèrent dans la réalité, dans le grand lit.
Draco s'approcha doucement en l'appelant à voix basse. Mais Harry se recroquevilla sur lui-même. Il ne voulait pas de la chaleur ; C'est pour ça qu'il n'avait pas voulu lui serrer la main, il n'aurait pas su le lâcher.
Il se retrouva dans les bras de Tom qui le réconfortait du mieux qu'il pouvait et Draco qui lui tenait les deux mains.
« Tu n'auras plus froid. » lui souffla Tom en resserrant sa prise sur le corps fin d'Harry qui tentait de se calmer.
« » « » « » « »
Séhéiah se promenait dans la forêt depuis une bonne heure à présent. Heureusement, elle avait réussit à trouver toutes les plantes et les racines dont elle avait besoin pour aider les villageois à soigner la nouvelle épidémie qui s'était propagée.
Elle allait faire demi tour quand elle ressentit une forte douleur envahir son corps. Elle s'adossa à un arbre puis analysa le sentiment qui l'avait assaillit sans prévenir. Séhéiah se dirigea vers la source de douleur et découvrit à l'entrée d'une petite grotte, un homme étendu face contre terre, couvert de sang, des ecchymoses partout sur le corps. Elle s'approcha et chercha son pouls… Il battait encore mais faiblement.
La jeune femme ouvrit son long manteau bleu et en sorti une longue baguette couleur ciel d'été incrustée de diamants qui brillaient grâce aux rayons du soleil. Elle pointa le bout de sa baguette sur l'homme et le fit léviter à ses côtés pour le ramener chez elle.
Quand elle eut fini de nettoyer toutes les blessures, Séhéiah recouvrit le corps de l'homme d'une fine couverture sur laquelle elle rajouta un sort de réchauffement suivant la température de la personne.
Elle quitta ensuite la pièce pour préparer une tisane et un bouillon. Mais avant, elle retira sa veste, réajusta son pull trois quarts bordeaux et au col carré sur son pantalon blanc large en soie. Séhéiah se regarda dans le grand miroir dans l'entrée, remit une mèche de cheveux bruns foncés dans son chignon lâche et remit un peu de crayon noir sous ses yeux verts cerclés de dorés.
Séhéiah était une jeune femme solitaire qui possédait un don très précieux : soigner les souffrances des autres.
Elle avait, tout d'abord, parcouru le monde pour étendre son pouvoir et ses connaissances des mondes moldus et sorciers mais surtout du monde humain en général : Savoir comment ils vivaient, comment les approcher pour les aider,…
Les sorciers étaient quand même plus ouverts que les moldus en général, moins arrogants (en étalent leurs connaissances à tout vent), plus ouverts d'esprits (ils connaissaient la persécution à cause d'une différence), plus amicaux et soudés entre eux (pas comme les moldus qui se battent pour un rien), et tout un tas d'autres faits qui avaient poussé la jeune femme à s'installer dans un village moitié moldu moitié sorcier.
Le seul existant sur Terre en fait.
Le seul reclus de toute civilisation, quelle qu'elle soit.
Le seul où les gens ignoraient les mots : haine de la différence.
Les gens l'avaient accueillit à bras ouverts, la remerciant de son aide même s'ils avaient été surpris de voir arriver une jeune femme bien sous tout rapport, intelligente, sympathique, dans un village paumé en France entre deux montagnes et complètement à la traîne sur le reste du monde.
Mais Séhéiah s'était bien intégrée et leur rendait bien leur gentillesse.
La jeune femme monta un bol de bouillon et une tasse de tisane médicinale jusqu'à la chambre de son inconnu. Elle ouvrit la porte en chêne de la chambre et posa le plateau sur une table basse à droite du grand lit. Puis elle se dirigea vers son malade qui émergeait de son sommeil.
« Vous vous sentez bien ? » demanda-t-elle d'une voix douce en réajustant la couverture sur le corps de l'homme.
« Un ange… » Murmura l'homme avant de sombrer à nouveau dans les bras de Morphée.
Le cœur de Séhéiah rata un battement avant de reprendre son cours normale en se rendant compte qu'il avait simplement rêvé. La jeune femme remit une mèche des longs cheveux châtains clairs de l'homme hors de son visage aux traits secs mais tendres.
Elle soupira, prit un bouquin de l'énorme bibliothèque au fond de la chambre puis s'installa dans le grand fauteuil mauve pâle.
Toute la chambre était lumineuse mariant le blanc et le mauve clair avec harmonie. Le lit était grand (pour deux personnes) et recouvert de draps blancs soyeux. Les meubles étaient en vieux chêne mais très clair et brillant (alors qu'il s'agissait de vieux meubles rapiécés données par une vieille dame du village pour la remercier d'avoir guéri son petit fils d'une rougeole qui avait mal tourné), la bibliothèque avait été placé dans la chambre parce que c'était là que la jeune femme passait tout son temps libre, la table basse de couleur blanche était près de l'entrée et entourée de coussin mauve pâle. Et il y avait aussi une grande baie vitrée sur la gauche qui donnait une superbe vue sur le village à quelques centaines de mètres de la maison.
Séhéiah finit par s'endormir dans son fauteuil.
« » « » « » « »
Voldemort regarda les deux adolescents endormis l'un contre l'autre se tenant les mains. Ils avaient fini par s'endormir, épuisés psychologiquement et émotionnellement.
Il sortit et rejoignit la salle de réunion.
Lucius, Severus, Black et quelques autres mangemorts se trouvaient présents autour de la table rectangulaire.
Il congédia les mangemorts de bas niveaux et ne garda que Black, Rogue et Lucius avec lui.
« Harry est sorti d'affaire. » Les informa-t-il.
Sirius poussa un soupir, rassuré. Lucius se contenta de s'asseoir sur une chaise et Rogue prit place juste en face du blond.
« Comment va ton fils Severus ? » S'enquit Voldemort.
« Il s'est endormi, Maître. »
« Bien. Je veux que les moldus soient tués, massacrés ou tout ce que vous voulez mais débarrassez-moi de ces vermines de la surface de la terre dans les plus brefs délais. » Cracha-t-il.
Ses yeux étaient à présent rouge vif et brillaient de rage.
« Séhaliah ! » Hurla-t-il.
« Ouais. Ouais. J'arrive. » Marmonna une voix féminine.
Une jeune femme aux cheveux noirs courts ébouriffés à l'arrière et plat devant avec des mèches blanches, des yeux gris cerclés de bleu mauve et la peau pâle, entra dans la salle.
« Que se passe-t-il encore ? » Demanda-t-elle en apparaissant à côté de Voldemort.
« Comment se porte ton peuple ? »
« Mon peuple ? » Ironisa Séhaliah. « Aurais-tu oublié que c'est Loévan qui est le chef des Anges Damnés. »
« Je pensais que tu avais accepté de devenir sa reine ? » S'étonna Rogue s'attirant un regard des plus noirs.
Séhaliah bougonna quelque chose d'inintelligible avant de déclarer.
« De toute façon, Loévan est de ton côté, Tom. Tant que tu respectes les closes du contrat établi, il n'y aura aucun souci à se faire. »
« Et ton rôle dans tout cela ? » S'enquit Voldemort.
Séhaliah soupira :
« Laisse moi mener à bien cette mission, Tom. Tu n'en souffriras pas, ne t'inquiètes pas. »
« Je l'espère bien. » Marmonna Voldemort.
« » « » « » « »
Draco s'étira doucement puis se frotta les yeux légèrement douloureux d'avoir trop pleuré avec Harry qui était à sa droite dans la position du fœtus, les mains serrées sur sa chemise blanche froissée.
Draco caressa du plat de sa main le visage aux traits fins du jeune homme. Il semblait plus calme même si sa peau était vraiment trop pâle et que des cernes soulignaient ses yeux clos bordés de longs cils noirs. Le blond passa ses doigts sur la courbe de la mâchoire fine du garçon endormi puis remonta jusqu'à l'arrête du nez et redessina les lèvres purpurines.
Harry finit par papillonner des yeux quelques instants avant de bailler et de s'étirer.
« Bonjour ! » Souffla Draco en attrapant Harry qui essayait de partir du lit. « Où vas-tu comme ça ? »
Harry se raidit contre le corps de Draco qui embrassa sa nuque doucement.
« Merci de m'avoir aidé. » Murmura le blond à son oreille.
« Je ne t'ai pas aidé. Si je n'avais pas été chercher ce chaton, tu n'aurais pas été blessé. » Rétorqua Harry d'une voix peiné
« Et si je n'avais pas été là, tu aurais été enlevé directement. »
« Ca aurait mieux valu ! » Cracha Harry d'une petite voix.
Draco le retourna brusquement vers lui, entourant son visage de ses mains blanches aux doigts fins et manucurés.
« Tom t'a ordonné de ne plus jamais dire ce genre de chose. » Déclara-t-il d'un ton sec. « Même pas devant moi. Est-ce clair ? »
Harry hocha simplement la tête en voyant les yeux gris briller de colère.
« Je sais qu'il te faudra du temps pour comprendre que tu ne dois pas mourir, que nous sommes là… Que Tom et moi serons là pour toi, jusqu'à la fin. » Murmura Draco sur un ton implacable.
Harry secoua la tête négativement. Il ne voulait pas y penser.
C'était impossible.
« Vous dites que je mérite de vivre mais ce n'est que pour une chose : ne pas avoir de problème plus tard. » Cracha Harry dont les yeux verts habituellement pétillants de malice étaient ternes et vides de vie. « Je n'ai ma place nulle part. Il a senti quand tu avais besoin de lui, il est venu et t'a soigné mais… Mais il m'en veut pour tes blessures. Je le sais bien. »
Draco ouvrit la bouche pour protester mais Harry le coupa :
« Je l'ai vu quand je suis venu pour savoir comment tu allais. Il n'a même pas répondu à ma question. Il ne m'a regardé que deux secondes… C'était de la colère, Draco. Du mépris. Je n'apporte que des ennuis et pour ça, Dumbledore a raison. »
Draco n'avait rien à dire. Harry était persuadé du bien fondé de ses pensés. Il le serra contre lui pour le réconforter.
« C'est vrai que nous ne nous sommes pas toujours entendu… Bon, d'accord ! Nous nous sommes haïs dès le moment où tu as refusé ma main de jeune prétentieux gominé … Entre temps et même avant, nous avons eu chacun une vie bien à nous, difficile certes… Aujourd'hui, quelqu'un nous propose d'enfin vivre comme nous l'entendons, sans nous soucier de qui pensera quoi, de savoir si nous serons dans le camps des gagnants ou des perdants, de vivre par nous-mêmes avec ce qu'il a à nous offrir. »
« Il a tué mes parents. » Murmura Harry le nez collé à la chemise du blond.
« Comme il a asservi mon père… Comme ma mère a brisé le lien qui unissait mon père à ton parrain… Chacun fait des erreurs à cause de son passé, de son présent, et même parfois, à cause de ce qui lui semble être son futur proche… Quand tu as refusé ma main, tu as scellé ton futur entouré d'hypocrite… Et quand j'ai joué les petits prétentieux sûr de lui, j'ai scellé le mien vis-à-vis de toi. Mais grâce à Tom, j'ai compris qu'il y avait toujours moyen de défaire certains scellés de notre destin. Nous te proposons d'apprendre la vraie magie, d'apprendre à vivre pour toi et ceux qui t'aiment vraiment pour ce que tu es… Nous te proposons un avenir plus libre, loin d'une prophétie inventée de toute pièce… A toi de voir si tu veux prendre la main que nous te retendons malgré nos erreurs passées, graves ou moins graves. »
Harry éclata en sanglots dans les bras de Draco qui le réconforta en silence.
« Ca passera Harry… Ca passera un jour… Avec du temps et si tu le permets. » Murmura Draco en embrassant son front.
Harry voulait y croire. Vraiment. Et même si cette fichue voix au fond de sa tête lui hurlait qu'il se trompait. Il y croirait. Il essayerait d'y croire.
Draco lui essaya du bout des doigts ses joues couvertes de larmes puis lui sourit doucement, tendrement. Il posa ses lèvres sur celles du jeune homme dans ses bras. Un baiser très chaste… Très doux… Très sentimentale… Pour donner l'Espoir, même vague d'un avenir plus heureux. Un petit rayon de soleil pour éclairer des jours à venir de plus en plus lumineux dans les ténèbres.
Un bruit de porte les surpris. Ils se retournèrent pour voir Voldemort entrer puis se diriger vers eux, tenant un petit paquet dans ses mains. Il le plaça sur le lit. Le petit tas remua légèrement pour faire apparaître une petite tête noire avec une tâche blanche sur son museau.
Harry jeta un regard craintif à Tom.
« Je l'ai trouvé entrain d'errer dans les couloirs du manoir. Je l'ai donc ramené à toi. » Expliqua Tom d'une voix douce.
Harry prit le petit chaton dans ses bras et le câlina. Le chaton se mit à ronronner. Draco envoya un regard incertain à Tom.
« Je vais voir Père. » Déclara Draco en se levant mais Harry lui attrapa la main au vol.
Il la lâcha rapidement en rougissant et en baissant sa tête vers le petit chaton qui léchait ses doigts.
« Tu dois me dire ce que tu veux, Harry. Préfères-tu que je reste ? » Demanda Draco avec délicatesse.
Harry hocha simplement la tête. Draco se réinstalla à côté de lui en passant ses bras autour de sa taille si fine.
« Vous allez bientôt rentrer à Poudlard. » Commença Tom d'une voix douce. « Draco, tu la possèdes déjà mais… Harry j'aimerais que tu portes ceci. »
Il lui tendit un écrin qu'il ouvrit pour montrer une bague en argent. Harry la prit dans le creux de sa main. C'était la même bague que possédait Draco et certains autres Serpentards.
« Il s'agit de la bague de Salazard. C'est une protection contre les maléfices que l'on pourrait te jeter et elle te liera à Draco et moi. » Expliqua Tom.
Harry regardait la bague avec attention. Elle était magnifique.
« Je ne sais pas si je… » Murmura-t-il avant d'être couper par Tom.
« Je ne tiens pas responsable de ce qui est arrivé à Draco même si j'ai eu un comportement très incorrect envers toi qui pourrait faire penser le contraire. Sache que je ne te considère pas du tout comme un objet au service des autres et qu'à partir de maintenant, je veillerai sur toi quoiqu'il arrive. »
Harry fondit en sanglots. Il voulait y croire.
Tom lui ouvrit la main puis passa la bague à son doigt. Harry ressentit une chaleur… Cette chaleur… Celle qui le réconfortait depuis tout petit… Envahir tout son être et soulager son cœur.
« Merci. » Souffla-t-il, très timidement.
« De rien Harry. »
Le Lord s'assit doucement au bord du lit alors que Harry se serrait plus contre Draco.
Tom hocha doucement la tête, le visage dénué de toute expression, mais Harry saisit tout à fait la petite lueur triste et inquiète dans les yeux de son ancien ennemi.
Alors doucement il déplaça les mains de Draco qui enlaçaient sa taille et, tout en en gardant une entre ses doigts fins, il s'avança doucement, un peu craintivement aussi, vers le Seigneur des Ténèbres et, après un minuscule temps d'arrêt, il se blottit dans ses bras, fourrant son petit nez dans la chemise en soie verte de Voldemort qui sourit doucement et resserra son étreinte autour du corps fragile du garçon.
Draco finit par se rapprocher et vint se caler contre le Lord Noir, serrant ainsi de ses deux mains celle encore froides de son nouveau petit protégé.
Le chat vint de blottir au milieu.
« « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « « … » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » »
A plusieurs centaines de kilomètre de là, de l'autre côté d'une mer parmi tant d'autre, et dans un village caché et entouré d'immenses montagnes, un homme aux doux cheveux châtain s'éveilla doucement.
Un mal de crâne fulgurant vrillant ces tempes.
Il plaqua rapidement une main devant ses yeux lorsque la lumière passa trop rapidement entre ses paupières et ne s'aperçut pas du petit gémissement qu'il lâcha.
Il cessa cependant tout mouvement quand il avisa la présence d'une jeune femme endormie dans un fauteuil douillet à quelques mètres du lit. Plusieurs livres étaient étalés par terre, la jeune femme ayant d'ailleurs dû s'endormir en en lisant un, le laissant de ce fait tomber.
L'homme passa, sans vraiment sans rendre compte, quelque minute à fixer le livre, sans qu'aucun sentiment ne traverse son visage puis il releva doucement la tête et examina plus attentivement son sauveur. Car elle devait l'être, si il n'était pas mort.
Elle était mignonne, petite, pelotonnée comme un chat dans son fauteuil, ces longs cheveux châtain foncé s'éparpillant autour d'un chignon qui avait probablement été lâche, mais qui maintenant retombait complètement sur sa nuque.
Elle avait un visage pâle, très pâle, un teint de porcelaine, et un visage de poupée. Elle n'était pas belle, non, mais elle était...adorable. Et l'homme se surprit à contempler sa petite bouille paisible.
Il ne pu cependant continuer son examination car la jeune femme papillonna doucement des yeux et bailla franchement, passant une petite main devant sa bouche, de long doigt fins reposant doucement sur ses lèvres.
Elle ouvrit enfin franchement les yeux et tomba dans ceux d'ambre de son invité.
« Ho…Vous êtes réveillé. » Remarqua t-elle très judicieusement.
L'homme sourit timidement mais acquiesça.
Elle se leva et il fut ravit de voir sa silhouette de face, mignonne, c'était le mot, petite, fine mais pas comme un clou, des petites fesses potelées, fermes, et tout ce qui allait avec.
Il rougit fortement quand son hôte, qui s'était penchée pour ramasser son livre, lui fit de nouveau face.
Elle haussa un sourcil intrigué et lui fit un léger sourire ironique qui fit encore plus rougir le malade.
« Je ne sais pas si vous vous souvenez de quelque chose ? Je vous ai trouvé dans la forêt, d'ailleurs vous avez eu du pot que j'y sois, vous étiez dans un état lamentable, sans vouloir vous offensez. Vous savez qui vous a fait ça ?
L'homme se racla la gorge et détourna la tête, la pleine lune avait été plutôt méchante cette nuit et il se souvenait assez bien de la douleur de sa métamorphose, le retour au mode humain avait été pire et il ne se rappelait même pas à quel moment il était tombé dans les pommes.
Il toussota et secoua négativement la tête, sans en dire d'avantage.
« Je ne me souviens de rien, je suis désolé. »
Elle haussa les épaules et s'assit sur le bord du lit en lui tendant la main.
« Je m'appelle Séhéiah, je suis médecin, d'où votre chance surnaturelle, héhé ! »
L'homme lui sourit et saisit doucement sa main, sentant comme un million de petits papillons envahir son corps, des petites étoiles dansant autour de ses yeux.
« Remus Lupin, je suis anglais, et…je suis professeur, mais heu…pas en ce moment. »
La jeune fille garda sa main dans la sienne et le dévisagea en arquant un sourcil…avant d'éclater de rire.
Il était trop choux ce bonhomme…et elle le connaissait.
Enfin, elle avait déjà entendu son nom quelque part, peut être là-bas…Quoique… C'était un loup garou donc…Mais si, bien sûr, il y avait eu un débat pour savoir si oui ou non, il allait pouvoir y entrer.
C'était il y a longtemps, avant sa transformation, il était même destiné à être un grand, mais ce stupide gamin n'avait pas fait correctement son boulot. Le loup était arrivé et avait mordu cet enfant.
Enfant ravissant qui n'avait, au fil des années, rien perdu de sa douceur.
Il méritait d'y entrer.
Mais personne n'aurait voulu le comprendre.
Elle serra les dents et retira sa main d'un coup sec, un sentiment de colère, lui faisant toujours autant ressentir ce sentiment de malaise envahissant son corps. Elle n'était pas faite pour ressentir ce genre de sentiment.
« Est-ce que tout va bien ? »
Séhéiah hocha vivement la tête quand la porte d'entrer claqua violemment contre le mur.
« Siah, Siah ! »
Elle se leva et se précipita en bas, courant vers le petit enfant qui bondit dans ses bras et se serra très fort contre elle.
« Mael calme toi chéri, qu'y a-t-il ? »
Le petit releva un visage ruisselant de larme et ses lèvres tremblèrent violemment. Il ouvrit doucement la bouche pour répondre mais aucun son n'en sortit.
Et c'est là qu'elle l'entendit…ce bruit.
Qu'elle avait prit pour un bruit de fond quand la porte s'était ouverte mais qui maintenant qu'elle s'en rendait compte paraissait totalement différent.
Totalement réelle.
Des cris.
Des hurlements.
Et l'odeur de sang qui envahit ses narines et se répandit dans ses veines, lui procurant une atroce douleur dans le cœur, lui donnant la nausée.
« Mon dieu non ! » Souffla-t-elle.
Elle se releva d'un bon et posa l'enfant à terre, lui intimant l'ordre de rester ici.
Elle dévala ensuite la colline et tenta de remonter aussi vite qu'elle pouvait l'autre flanc, car le village était derrière, plus loin, bien plus loin, bien trop loin.
Elle ne vit pas qu'on la suivait.
Elle ne vit que les flammes qui jaillissaient de derrière la colline et qui amenaient avec lui des hurlements inhumains, qui pourtant devaient leurs appartenir.
Et quand elle atteint le sommet, enfin, essoufflée et en nage, son visage trempé de larme et tremblant de rage.
Son cœur s'arrêta.
Et elle hurla.
La mort était trop proche, elle la frôlait doucement, il n'y avait plus âmes qui vivent tout en bas, de l'autre côté de la colline, tout en bas, tout au fond, il n'y avait plus rien que le feu et les corps, morts…
Elle lâcha un dernier cri avant de sombrer dans l'inconscience.
Encaissant tout ce flux d'âmes déchaînées, brûlées vives.
Pourquoi ?
« Pourquoi ? »
Elle sentit à peine qu'on la bougeait doucement et que sa tête rencontrait l'herbe moelleuse.
« Elle se réveille. »
Cette voix…Elle la connaissait, elle était jeune, si jeune.
« Mael ? » S'entendit-elle murmurer, la voix rauque et sèche.
« Ne parlez pas mademoiselle. Ca va aller. »
Mael et Remus étaient là. Ils étaient en vie. Tous les deux…Mais pas les autres.
Les autres étaient morts et elle n'avait rien pu faire.
Elle contrôlait le feu mais n'avait rien pu faire. Elle contrôlait l'eau mais n'avait rien pu faire.
Elle n'avait pas entendu.
Rien.
Pas un bruit.
« Je suis désolée. » Souffla t-elle alors qu'une larme glissait le long de sa joue alors que deux lèvres douces se posaient sur son front et que deux petites mains passaient dans ses cheveux.
« « « « « « « « « « « « « « « « « « « … » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » » »
« Lucius ? »
Sirius ouvrit faiblement les yeux et paniqua rapidement quand il ne vit rien, que du noir, et qu'il ne sentit pas la main de son ancien amant serrée dans la sienne.
Pourtant il lui avait promis.
Après que Harry ait été mieux, il avait accepté de retourner se coucher, et il lui avait promis qu'il resterait avec lui.
Et il était partit, il l'avait laissé seul…Dans le noir.
Il sentit rapidement ses yeux le piquer et les larmes envahirent son regard alors que sa respiration se précipitait, ses mains serrant convulsivement les draps qu'il resserra contre lui, cachant presque tout son corps dessous, laissant simplement sa tête dépasser et fixer point par point chaque recoin de la pièce.
Noir.
Et les murs se rapprochaient.
Et sa respiration s'accélérait.
Et ses larmes dévalaient ses joues pâles et tremblantes.
Et ses lèvres reformaient inlassablement le prénom de son amant…ex amant.
Et l'air était épais, trop épais.
L'ancien prisonnier se mit à suffoquer doucement incapable de faire le moindre geste pour sortir de la pièce tant sa peur le paralysait.
Il se laissa simplement retombé sur le côté, se recroquevillant sur lui-même.
Et il hurla.
Encore.
Et encore.
Revivant sa première nuit en Enfer…
Sa première nuit derrière ce voile maudit.
Jusqu'à ce qu'enfin la porte s'ouvre violemment et que des pas précipités retentissent prés de lui.
Il n'arrêta de crier qu'à ce moment là et fixa ses yeux vides sur un point de la pièce, sa respiration sifflante l'emplissant.
« Sirius ? »
La voix douce de Lucius ne réussit même pas à le sortir de la torpeur malsaine dans laquelle la peur l'avait entraîné et d'où il ne pouvait sortir.
Lucius le fixa de plus en plus inquiet et lui prit doucement les bras, le désentortillant de son draps sous lequel il avait tenté de se cacher, le ramenant contre lui et caressant doucement ses cheveux.
« Sirius, je t'en pris réponds moi, je suis là, je suis désolé, je ne partirais plus jamais, je te le promets. »
« Pas le noir. » Souffla l'animagus contre sa poitrine.
Le corps de Lucius trembla doucement.
« Pas le noir Si', je te le promets, rien du tout, je laisserais une lumière et je resterais avec toi. Pardon. »
« Pas le noir. Il se mit à sangloter violemment contre Lucius qui le resserra encore plus contre lui. Pas le noir Lucius. Pas le noir. »
« Pardon, pardon, pardon. Sirius, je t'en pris, regardes moi, crois moi, jamais, jamais plus tu ne dormiras dans le noir, je te le promets, jamais. Sirius ? »
Le blond se contorsionna un peu et saisit tendrement le visage de Sirius entre ses mains, le plaçant devant le sien.
« Jamais, promis. Jamais. »
« Jamais, plus le noir. »
L'expression de l'homme ressemblait à celle d'un enfant perdu, complètement paumé dans un monde cruel, où la cruauté lui avait été infligée.
Lucius serra les dents et maudit Dumbledore encore plus.
« Promis. » Souffla t'il finalement alors que ces lèvres frôlait celles de l'animagus qui retint son souffle, son esprit s'évadant peu à peu de l'enfer dans lequel il venait de se plonger.
« Je t'aime Lucius. »
Son souffle chaud rebondit sur la peau si pâle et aristocratique de son amant et caressa ses lèvres.
« Plus jamais je ne te laisserais seul. Promis. »
Et les yeux de Sirius pétillèrent une seconde derrière ses larmes.
« Merci. » Souffla-t-il avant de se rendormir.
Lucius caressa ses cheveux tendrement, le serrant contre lui.
Bien des nuits s'étaient passées…
Bien des hurlements furent poussés…
Bien des larmes furent coulées.
« » « » « » « » « » « » « » « »
A suivre…
Alors… Jugement ?
