MODERN!UA

poker face, kinda

scénettes


smile

Ils se fixaient dans le blanc des yeux pendant qu'il lui tamponnait le derrière de talc.

Père et progéniture partageaient un point commun : les sourires restaient rares chez eux.

Cependant, bien qu'il reconnaissait sa propre nature stoïque, Mihawk se demandait si c'était normal qu'un enfant de son âge ait un registre d'expressions aussi restreint. Ses pupilles grises ne servaient qu'à lui balancer des regards condescendants, qu'il n'hésitait pas à renvoyer avouons-le, et s'il ne le faisait pas c'est qu'il roupillait pour Dieu sait combien d'heures.

Légèrement inquiet, il avait pris rendez-vous avec leur médecin traitant mais ce dernier a affirmé que tout fonctionnait parfaitement bien chez le bambin. Malgré cet avis médical, le paternel restait tout de même sur ses gardes.

Un autre trait assez dérangeant du bonhomme aux cheveux verts était qu'il pleurait tout aussi rarement. Ça changeait de ces nuits blanches que lui a fait vivre Perona, il n'allait pas s'en plaindre, et la maison restait bien silencieuse.

Alors que leur contact visuel se prolongeait, le noiraud attrapa une couche propre afin de s'atteler à l'étape suivante, rêvant déjà de cette tasse de café noir corsé qu'il allait se servir.

Mais apparemment, Zoro avait d'autres plans.

Alors qu'il défaisait la couche, se penchant pour soulever ses petits petons, un jet de liquide chaud - de la pisse - lui aspergea la vue - de la pisse - lui mouilla son vêtement - de la pisse - et cela pendant une bonne dizaine de secondes avant de finalement s'arrêter.

Tout le long il était resté stoïque comme il savait si bien le faire, la moustache ravagée certes mais toujours stoïque.

Une lingette de passé sur le faciès, il replongea son regard sur le bébé toujours allongé sur le lange, qui gigotait comme si de rien n'était mais il la voyait, cette lueur dans ses petits yeux.

— T'es ravi ?

Il reçu un sourire édenté.

laugh

— PEPERONIII !

— C'EST PERONA J'TE DIS ! PAPA LE TONTON BIZARRE EST DE RETOUR !

Ceci dit, la fillette resserra son ours en peluche, Kumashi, contre elle avant de tirer la langue au drôle de personnage qui venait de faire son apparition. Son père lui interdisait un tel comportement mais étrangement quand il s'agissait du roux, il ne disait rien.

Elle tourna ensuite son pas, se dirigeant vers sa chambre pour aller s'y enfermer à double tours et jouer à la dînette.

Posé dans le salon et le bébé tenu entre ses bras, Mihawk regrettait déjà d'avoir pris le combiné afin de composer le numéro de Shanks.

Rien qu'au téléphone il savait que ça n'allait pas le faire avec sa voix bruyante et le comble du tout, c'était Perona qui lui jetait des œillades remplies de pitié en marmonnant qu'il devait se faire plus d'amis que ça.

Elle n'avait pas tort sur ce point. Depuis leurs années universitaires, Shanks était comme ce chewing-gum qui ne daignait s'extirper de la basket. Il le collait comme pas deux et s'obstinait à vouloir faire ami-ami avec lui malgré son aura solitaire.

"On dirait un vampire"

Et ça lui faisait marrer en plus.

— Qu'avons nous là ? Pour une fois que c'est toi qui appelles !

Faisant comme chez lui, il déposa la multitude de sacs en papier brun qu'il trimballait avant de s'avancer vers le duo à grands pas. Le roux avait bien une chose de plus que lui, une fibre paternelle bien en vue et qui se ressentait à des kilomètres. Son travail lui obligeant à côtoyer des gamins, il savait s'y faire et les comprenait parfaitement mais bien sûr jamais le Dracule ne l'avouera de vive voix.

Irrité par ses maniérismes indélicats, Mihawk éloigna l'enfant qu'il berçait du roux beaucoup trop intrusive. Il avait ramené sa grosse face un peu trop près de Zoro.

— Tu vas lui faire peur.

— Bah voyons. Regarde, il me réclame. . .

Vrai. Traître qu'il était, Zoro avait détaché ses mains de la chemise de son père afin de tendre ses bras vers le nouveau venu, réclamant son attention.

S'esclaffant de l'expression aigri de son ami, Shanks répondit à la demande du petit en l'éloignant soigneusement de son père, veillant à bien soutenir sa tête.

Gouzi gouzi gouzi. . .

— Arrêtes ça, c'est ridicule.

Et pourtant, le faucon se retrouva vite sidéré face au petit son qui sortit d'entre les lèvres de Zoro.

Le bougre, il rigolait bien avec l'autre.