MODERN!UA
Perona : dix-sept ans
Zoro : treize ans
eDarling
— Je suis rentré.
Zoro bailla une première fois, heureux d'avoir enfin terminé les cours. Ne recevant aucune réponse, il se contenta de se déchausser et de jeter son sac par terre. Son père n'aimait pas quand il laissait trainer ses affaires comme ça mais pour l'instant, il avait juste envie de partir paresseusement vers sa chambre pour se plonger dans son coussin jusqu'au dîner.
Dans sa traversée, le vert passa à côté de la chambre close de sa grande sœur d'où émanait les notes tonitruantes de son girls band préféré et avec ça, son rire fusait de la même manière, interpellant légèrement le plus jeune.
— Ce ne sont pas mes affaires. Conclut Zoro en haussant les épaules, prêt à ignorer la grande porte rose, zébrée de rayures noires.
Cependant pas de bol. Cette dernière fut soudainement ouverte, dévoilant Perona avec un long sourire à lui faire apparaître toutes ses dents. La voyant ainsi, cette étincelle malicieuse coulant dans ses gros yeux, le vert recula d'appréhension en sentant qu'il y avait une drôlerie dans l'air.
— Enfin, te voilà ! Ramène toi !
Ni une ni deux, son poignet tomba dans l'emprise de sa sœur alors qu'elle le tirait à l'intérieur, ses protestations atterrissant dans l'oreille d'un sourd.
La porte claquée, Zoro se retrouva malgré lui dans la grande chambre haute en couleur et empestant le Nina Ricci.
— Qu'est-ce que tu m'veux ?
Perona se contenta de lui jeter un regard en biais, se dirigeant plutôt vers son lit baldaquin pour attraper son ordinateur. Elle frétillait, nageait dans l'extase comme si l'évènement du siècle lui était tombé dessus. La rose leva sa main à la hâte, encourageant le plus jeune de la rejoindre.
— Viens voir ça, je suis une génie !
Suspicieux, l'interpellé finit tout de même par bouger, sautant sur son matelas moyennement ferme.
L'écran exposait une page web avec toutes sortes d'informations qu'il ne captait pas vraiment seulement, en haut de la page il pouvait lire :
eDarling
"Exigez des rencontres de qualité "
Rien, toujours pas de tilt dans sa tête.
— Hein ? C'est quoi ce truc ?
— T'es idiot ma parole, (hé!) c'est un site de rencontres gros bêta !
Un site de rencontres.
— Tu cherches l'amour ?
Perona souffla rageusement, prenant un de ses petits coussins pour y étouffer ses cris de frustrations. Bon sang, il fallait tout apprendre à ce gamin écervelé !
— Non pas moi ! C'est pour papa ! Fit-elle en pointant son doigt vers l'écran.
Suivant le mouvement, les yeux gris de Zoro se posèrent sur une fiche d'information complète et détaillée ou trônait, en effet, la photo du Dracule. Perona glissa ensuite son index sur le pavé tactile, partant cliquer sur un autre onglet. De là, une conversation s'afficha et elle fit dérouler les bulles de messages, indéfiniment.
— Je lui ai trouvé un match ! J'ai agis dans le plus grand des secrets mais ça fait un bon mois que je parle avec cette femme et elle est parfaite pour papa !
Le vert fit tourner les mots de sa sœur dans sa tête, légèrement dépassé par tout ce qui lui tombait dans l'oreille.
— Tu te fais passer pour papa dans un site de rencontres. . .
— Oui.
— Et là tu as trouvé cette. . .Marjorie qui est parfaite pour lui. . .
— Oui !
Portant frénétiquement ses mains sur son crâne, le cadet frotta ses cheveux, sentant son cerveau surchauffer.
— Pourquoi au juste ? On a toujours vécu tous les trois alors pourquoi en rajouter et pis, je suis pas sûr que ça va plaire au vieux. Tenta de raisonner Zoro, voyant qu'ils couraient vers une cause perdue. Il voulait rien avoir à faire avec tout ça en plus.
A ses mots, Perona se pencha vers lui les yeux larmoyants.
— T'es vraiment sans cœur, ç-ça te fais pas pitié de le voir toujours célibataire ? Il ne s'occupe que de son travail et de nous, il est si seul et. . .et ça te brise pas le cœur de le voir assis mélancoliquement avec son verre de vin tous les week-ends ? A fixer le feu crépiter sans une présence à ses côtés ?
Et Zoro grinça des dents à son ton mélodramatique.
— Non il me fait pas pitié. Et je le vois pas comme ça au contraire, on dirait qu'il vit sa meilleure vie quand il passe ses week-ends comme ça. T'exagères.
— A peine ! Envoya la rose en esquissant un soupir à s'en fendre l'âme. En bref, tu vas aussi participer dans le plan !
Du tout au tout, Perona abandonna son masque dramatique pour le remplacer par quelque chose de plus calculateur.
— Je suis pas dans ça, moi. Ce plan pue à des kilomètres.
Avec ça il se releva pour quitter la pièce, décidé à en finir avec cette journée et les idées farfelues de sa frangine.
— T'es sûr de pas vouloir coopérer ?
Oh oh. Dans l'air, un bruissement. Dans l'air, un papier qu'on agitait malicieusement, de droite à gauche. Dans l'air, un rappel des chaînes qui allaient bientôt le lier.
Zoro regarda derrière lui, un mauvais pressentiment filant sur son échine comme un vent glacial. Et il repéra la copie tenue par Perona, qu'elle s'amusait à agiter en sachant déjà qu'elle avait gagné cette manche.
Le gros zéro rouge fluorescent, aussi rond qu'un œuf le narguait de là où il était.
— Tu vas m'le payer. Cracha Zoro, tel un venin entre ses chicots, alors qu'il serrait ses poings.
— Horo-horo-horo.
(je plore de rire ptdrr, j'ai eu cette idée après avoir vu une ff du genre par-ici😭)