OP!UNIVERSE

zoro : treize ans

perona : dix-sept ans

finalement, je réserve 'how i met your daddy' pour une autre fois :D


voyage voyage

— Perona t'es obligée de ramener tous ces trucs ?

— Ce ne sont pas des trucs, ce sont mes affaires personnelles !

— On ne part qu'une semaine !

— C'est déjà assez, j'te dis !

Alors que les deux gamins se disputaient, Zoro peinant à se frayer un chemin entre les affaires personnelles de sa sœur, Mihawk de son côté s'apprêtait à larguer les amarres. La petite famille se trouvait sur le port abandonné de Kuraigana, les pieds sur le ponton miteux du lieu alors qu'ils se préparaient à quitter l'île pour une courte excursion, le temps d'aller se ravitailler ailleurs. Habitué par leurs querelles incessantes au sujet de tout et n'importe quoi, le corsaire n'en restait pas moins irrité et afficha cela en embarquant sans plus attendre, à deux doigts de les laisser sur la terre ferme.

Zoro en voyant ça ne répondit pas à l'énième réplique épineuse de Perona, se dégageant plutôt de derrière l'énorme ours en peluche de la rosée afin de sauter, du haut de ses petites jambes, sur le bastingage non moins grand de la barque à l'allure d'un cercueil.

L'équilibre léger, il lui fallut quelques secondes afin de retrouver une certaine stabilité après plusieurs battements erratiques de ses bras. Il tourna ensuite son regard féroce vers le plus âgé :

— Si tu veux, abandonnes l'autre mais t'sais à quel point j'attends ces sorties, moi !

— Parce que tu crois être le seul à vouloir quitter ce coin miteux ?!

Essoufflée, Perona embarqua à son tour mais malheureusement, elle n'avait pu prendre que deux de ses valises. Elle grogna hardiment, planifiant déjà d'harceler son père à leur retour afin qu'il aille repêcher ses affaires chez les Humandrills, certaine qu'ils n'hésiteront pas à venir les lui piquer après leur départ.

Et c'est reparti.

Ignorant les piques qu'ils lançaient à cette île qu'il avait pris soin d'aménager durant toutes ces années, pour leur offrir un foyer décent qui plus est, Mihawk partit s'asseoir sur l'unique siège de l'embarcation, la bordure de son chapeau abaissée.

— Si vous continuez, je n'hésiterai pas à vous donner à manger aux monstres marins de Calm Belt.

Le silence prit place à la seconde où il termina sa menace. Pensant avoir trouvé le calme, le corsaire vit sa victoire factice prendre fin avant qu'il n'ait eu le temps de s'en délecter. Un reniflement puis un autre avant qu'un éclat de rire général ne rompt l'atmosphère humide du secteur.

Pffff, tu penses encore qu'on porte nos couches, hein le vieux ?

Horohorohoro, on n'a plus cinq ans ! En plus, tu sors la même phrase à chaque fois, il est temps d'être innovant là !

L'homme renchérit à peine. Au moins il avait réussi à les rallier dans une cause : le charrier.

escale

Une demi-journée plus tard, les voilà amarrés sur l'une des îlots de tout un archipel.

Perona fronça du nez car bien sûr, ils fallait qu'ils débarquent dans l'endroit le plus repoussant du secteur. L'insalubrité de l'île se ressentait avant même qu'ils aient mis un pied sur la terre ferme et les habitants donnaient l'impression de vouloir sauter sur tout ce qui bougeait et plus précisément, dépouiller les nouveaux arrivants.

Malheureusement pour eux, Dracule Mihawk n'était pas n'importe quel arrivant.

A son approche, tous s'écartaient comme s'il représentait la mort, se demandant que diable venait faire un Grand Corsaire chez eux sachant que la réponse se trouvait sous leurs yeux.

— J'ai fais toute une liste de ce qui me manque ! Allons d'abord chercher tout ça !

L'adolescente voletait à côté de son père, déroulant le papier qu'elle tenait entre ses mains. Elle commença son énumération, rechignant sur le fait que la plupart de ses articles resteront introuvables sur l'île et qu'au lieu d'y perdre leur temps, le mieux serait de changer de cap, de suite.

— Il me faudra aussi du matériel de couture mais vu comment les gens sont fringués ic-

— J'ai rédigé une liste des denrées alimentaires, part avec Zoro.

Sans tourner le regard, le noiraud lui remit ladite chose avant de continuer son chemin, ne prêtant attention à l'air dépité qui peignait leur faciès.

— Et ne le quitte pas des yeux, on a autre chose à faire que de fouiller toute l'île.

Hé, ce n'est pas de ma faute si le paysage bouge tout seul !

Grognon, Zoro enfonça ses mains dans ses poches et fit un virage à 90° en direction de ce qu'il pensait être le marché. Perona cligna des yeux, bras ballants en les regardant prendre des directions différentes avant qu'elle ne se décide à obéir à son père, voyant que ses propres rechignements ne mèneront à nulle part. L'envie de faire du tourisme dans le coin, pour le plus grand plaisir du petit ne l'enchantait pas plus que ça non plus.

ittoryu

— Quel honneur d'avoir un Shichibukai dans ma clientèle.

L'odeur familière de l'acier planait dans les airs, accompagnée par la voix qui venait l'accueillir : veloutée. Adossée à son comptoir et un Kiseru tenu délicatement entre ses doigts, la gérante du magasin fixait le nouvel arrivant, l'ombre d'un sourire jouant sur ses lèvres. Dans le coin, les rumeurs se propageaient aussi vite que la peste alors la surprise ne fut que partielle lorsque ce grand gaillard au torse découvert franchit sa porte. Le manque de réponse de sa part ne l'ennuya pas plus que ça, se retrouvant plutôt à l'observer d'un œil aiguisé tandis qu'il examinait ses étagères.

Sa boutique proposait un large panel d'épées, cette passion entretenue durant des générations au sein de sa famille et malgré une clientèle régulière, les grands noms de ce monde restaient rares chez elle.

Celui qui portait le titre du plus grand épéiste du monde quand même. Il aura de quoi raconter ce soir, au bar.

— Je vous aurez bien proposé quelques conseils mais je pense que cela ne servira à rien mmh ? Vous savez sûrement ce que vous cherchez.

Un regard en biais comme seule réaction, Mihawk retourna à son inspection.

Cela faisait maintenant six ans depuis que Zoro avait exprimé son intérêt pour l'escrime. D'ordinaire et durant ses entraînements, il ne lui autorisait que le bokken, jugeant l'épée en bois comme un passage obligatoire dans l'art du maniement. Au fil des années, il s'est approprié son propre style avec l'utilisation des trois sabres et jamais il ne l'avait vu aussi impliqué dans une chose.

Son regard ocre se fixa sur un modèle. La Tsuka était d'un vert émeraude, le cuir tressé autour de cette dernière bien serré et ferme lorsqu'il prit le katana dans sa paume. Le fourreau présentait les mêmes teintes et protégée par celui-ci, une lame forgée d'un acier composite. Dur pour l'enveloppe et plus souple pour le cœur, chaque morceau d'acier a été feuilleté de nombreuses fois puis intimement soudés les uns aux autres. Le polissage a été fait d'une minutie qui en releva les structures cristallines de la lame, montrant autant l'éclat que le tranchant de cette dernière.

En avoir tenu autant durant ces années lui permettait de faire son propre avis expert, son Kokuto Yoru reposant sur son dos étant une preuve suffisante de l'expérience qu'il portait.

La propriétaire, voyant que le choix a été fait se passa du monologue habituel qu'elle repassait aux acheteurs, au sujet d'une lame forgée par un ancêtre dans une contrée spirituelle et dont le travail s'étendait sur de longues décennies.

— Je vous l'emballe dans du papier cadeau ?

breathe

— PERONA !

Le regard flou, résultant de la difficulté à respirer à cause de ce genou appuyé contre sa gorge, Zoro tentait de se débattre, de s'extirper de son ravisseur, en vain. Son organe vital battait sans retenue alors qu'il regardait l'un des truands traîner le corps inconscient de sa grande sœur vers Dieu sait où.

Ils parlaient de rançon, d'un bon pactole à encaisser.

— Depuis quand qu'il a des gosses c'lui là ?

Ils étaient sept contre eux deux. Et pour une fois, ce n'était pas car Zoro s'était perdu, non, ils revenaient tout juste du marché avec des sacs de courses remplis à ras bord, prêts à être chargés sur la barque.

Aux yeux de tous, au sein même du port, le groupe s'était invité, sautant sur eux sans préavis. Ayant vu le danger venir, Zoro ne se ménagea pas, se positionnant instinctivement devant sa sœur. Entre temps il avait délaissé ses sacs, s'armant de ses sabres en bois qu'il traînait à présent partout où il allait. Mais hélas ils n'ont pas lésiné sur la force ni la ruse. L'un d'eux n'a point hésité à saisir Perona, lui administrant un sauvage coup sur la tête, action qui lui fit perdre la conscience et lui, sa raison.

Fou de rage et sans réflexion, Zoro avait foncé dans le tas, chose qui lui coûta beaucoup dû au déséquilibre numérique entre les deux camps. Et voilà qu'il se trouvait lui même prisonnier de leur poigne, le souffle qui désertait à la seconde. De minuscules et innombrables points noirs dansaient dans sa vision, il se sentait devenir bleu, au bord de l'inconscience mais il ne pouvait pas s'évanouir car cela signifiera qu'il aura échoué pour de bon, à protéger sa sœur.

vivre card

De la fumée grise s'échappait des minces filets de feu qui bordaient les deux petits papiers. Au creux de sa paume, les deux cartes de vies indiquaient la même direction et ce n'était certainement ni vers le marché ou bien le port.

La mâchoire contractée, le Shichibukai se tenait sur une ligne fine entre garder la tête froide et trancher la ville en deux.

Les riverains baissaient leur regard, s'écartaient, s'enfermaient chez eux. Chacun savait mais aucun n'osait l'ouvrir pas que cela allait leur apporter un quelconque salut.

Quels qu'ils soient, il s'agissait d'idiots s'ils pensaient pouvoir affronter Œil de Faucon.

L'aura de mort qu'il évoquait à son arrivée était maintenant bien réelle, signal intangible que la discorde n'allait tarder à s'abattre. Son large chapeau ombrageait son regard alors qu'il avançait d'un pas résolu.

Aucune vie ne sera épargnée, Kokuto Yoru hurlait sa soif de sang.

ravage

Ce qui le sortit de son inconscience, fut ce balancement régulier.

La gorge sèche et le regard vitreux, Zoro sortit doucement de l'inconscience, faisant alors face à des brodures carmins, familières. Il avait la tête logée dans le cou du Mihawk, sa grande main soutenant son dos tandis qu'il portait Perona de son autre bras.

Cela ne lui prit que quelques minutes afin d'analyser la situation, s'extirpant rapidement de l'étreinte, la face rouge vive d'embarras.

— Repose moi par terre !

Il ponctua son exclamation par une toux tonitruante, causée par son cou malmené durant le guet-apens. Ça faisait un mal de chien mais il ne s'en plaindra jamais à haute voix.

Sa plainte fut ignorée et pendant un vague instant, le vert se dit que peut-être, son père était furieux contre lui, déçu. Il jeta un regard à une Perona toujours hors du monde et s'en voulu, énormément. Son devoir était de la protéger et pourtant, la défaite fut cuisante. Il porta ensuite son regard sur le vaste cimetière d'arbres qui offrait pas plus que ce matin une forêt luxuriante, sa faiblesse le fouettant de plein fouet, plus fortement qu'auparavant.

— Je suis désolé. . .

— Roronoa !

— . . .

— Rien n'excusera ta défaite du jour mais que cela soit une motivation pour tes combats à venir.

— Oui.

Zoro se tut, une boule enclavée dans sa gorge mais le yeux brillants et féroces.

Le Dracule, bien conscient de la bataille non-équitable, ne prenait pourtant pas cela avec des pincettes car la réalité de leur monde n'offrait pas de cadeau. Il n'était ni déçu, ni furieux d'eux deux bien qu'intérieurement il bouillonnait toujours, face à l'audace des ravisseurs.

Son devoir était de s'assurer qu'au départ de ces enfants vers leur propre cheminement, ils prendront conscience des dangers de ce monde et plus que ça, qu'aucune personne ne les épargnera, qu'importe le nom qu'ils portaient. Ils devront se défendre seuls car tout ce qu'il attendait, était qu'ils puissent par eux même, éteindre la braise de leur carte de vie.