grimm-jenn : hi ! merciiw d'avoir prit le temps de reviewer ça me va droit au cœur :) ! bahaha, et merci pour la "faute" je pense avoir été profondément prise dans la toile de l'inspi' pour m'en rendre compte. - je suis d'accord avec toi, je fonds dans leur mignonnerie ! -


Ils avaient dévalé, dévalé la pente semée de rochers et de troncs d'arbres. Bien sûr, la femme folle de rage qui les coursait n'alla pas plus loin que sur le rebord de la colline, brandissant son modique arme en hurlant des malédictions. Les deux petits garnements avaient agrandi l'écart, ne se souciant du tout de ces projectiles divers et variés qu'ils se prenaient en pleine tronche à cause de leur vitesse.

Malgré une fuite réussie haut la main, chaque chose avait sa conséquence et pour ce cas-ci, ce fut une bonne semaine de punition pour la susnommée Catherine. Ses parents ne furent tendres avec elle mais la petite s'y attendait car quand l'heure de rentrer au bercail se présenta, elle fit des adieux solennelles à son nouvel ami, l'expression grave et le teint blême peint sur sa peau couleur ébène et en retour, Katakuri lui lança un salut des plus hésitant, une perle de sueur sur la tempe.

Comme attendu, cette semaine se présenta bien calme sans ce danger ambulant dans les parages mais Catherine ne manqua de lui rappeler sa présence quand, deux jours avant la fin de sa détention, elle envoya ses deux frères en tant que messagers.

Il se baladait tranquillement sur les docks, au milieu des marins et de l'air salin, les mains dans les poches et les goélands raillant à tout va. Cependant, son minois arborait bien plus que cette indifférence habituelle soit à la place, une humeur dans les chaussettes étant donné que sa tête avait été placardé à l'entrée de la boulangerie, au côté de celle de Catherine.

Un vrai danger ambulant en effet.

Ce fut donc la tête rentrée dans les épaules et la mâchoire serrée qu'il contenait ce manque qui durait depuis lors, cinq longs jours. Dans sa marche hasardeuse, la dernière chose à laquelle il s'attendait fut ces deux silhouettes qui, quelques mètres plus loin, allaient lui couper la route. Plus précisément, ce qui happa son attention restait la ressemblance flagrante entre ces garçons et la gamine. Même couleur de peau et de chevelure, il devina bien vite qu'il s'agissait des frangins que Catherine avait plus d'une fois évoquée, ceux qui venaient la chercher là-haut sur la colline.

L'un portait ses cheveux albâtre jusqu'aux épaules et l'autre, les avait ras. Scotchés tels deux pôles magnétiques opposés, leurs grands yeux noirs et vitreux ne le quittaient plus alors qu'ils poussaient leurs lèvres vers le haut, dévoilant une fossette sur chaque joue.

Les bessons le dépassaient de deux bonnes têtes.

— Holà, c'est bien toi Katakuri ? S'exprima le rasé.

Arrivé à leur hauteur, l'interpellé les dévisagea un instant avant de daigner séparer ses dents.

— Ouais, y a quoi ?

Fouillant dans sa poche, celui aux plus longs cheveux en sortit une petite feuille pliée en quatre avant de la tendre au plus jeune, se penchant légèrement.

— Tiens, de la part de notre petite frangine.

Sa voix douce et réservée s'estompa dans les airs, laissant le Charlotte avec ce brin de papier. Quand ses iris purpurins se relevèrent après inspection de la matière blanche, les deux lui tournaient déjà le dos. Il revint à ce qui se trouvait dans sa paume, le dépliant pour dévoiler une simple ligne manuscrite à l'encre noire, une écriture quelque peu tremblotante.

Ses yeux passèrent rapidement dessus avant qu'il ne relève le sourcil, se demandant intérieurement si ça serai une bonne idée de sa part que d'accepter ce qu'il lisait.

Deux jours plus tard il y repensait toujours et maintenant, le voici adossé à ce mur en brique, les bras repliés contre son torse. Le papier ayant mené à tout ceci reposait au fond de sa poche et bien qu'il se disait grognon de ne plus pouvoir bénéficier de ses friandises, la curiosité avait été plus forte alors qu'il attendait là, sur le lieu de rendez-vous.

Un chat au pelage gris et à l'oreille fendu vint se frotter contre lui, la sensation lui faisant relever ses paupières autrefois fermées. Il ne fit aucun geste, figé comme une statut depuis maintenant vingt minutes. L'autre là aura bien intérêt à se montrer reconnaissante envers sa patience de fer car alors que son absence perdurait, lui se trouvait au milieu de cette ruelle, l'air de ressembler à un parfait benêt. Il se serait presque ennuyé si ce n'est la distraction apportée par quelques idiots en soif de poings.

Il en avait fait sa petite pile dans cette ruelle sombre, à sa gauche.

Alors qu'il se torturait l'esprit, à savoir s'il devait rester une minute de plus ici ou non, sa réponse prit la forme d'un petit corps qui s'invita du ciel comme une grêle en plein hiver. Son action fit fissa déguerpir le pauvre chat dans un bond.

— C'est dur pour toi de garder les pieds sur terre hein ?

Il l'observa alors qu'elle se balançait d'avant en arrière sur la plante de ses pieds, les mains jointes derrière son dos. Elle arborait ce même sourire vertigineux, lui parlant comme s'ils s'étaient vu la veille.

— Un peu oui, j'aime bien le parkour !

Décroisant ses bras, le violet mit sur le plateau son petit message. Elle n'y avait laissé qu'un lieu et une heure, sans plus. Il pensait qu'elle voudrait encore se battre mais son engouement combatif manquait aujourd'hui.

— J'crois qu'on va se passer des combats pour cette fois. Fit-elle en montrant ses paumes.

Ces dernières étaient légèrement rouges et pleines de cloques. Certaines explosées, d'autres encore pleines. Le garçon fronça du nez en notant ses petits doigts flétris, chaque majeur arborant un minuscule creux comme si elle avait longuement tenu un crayon.

— Ta punition ? Osa t-il évoquer en se gardant bien de demander des détails.

— On peut dire ça comme ça. Répondit la plus courte en grimaçant.

Le garçonnet lui jeta un coup d'œil perplexe. De son côté, Katakuri avait à peine reçu des remontrances de ses ainés ; Principalement car Perospero ne se souciait pas de ce genre de choses et que Compote, elle, était bien occupée avec les plus jeunes sachant qu'il restait encore plus à faire avec leur mère qui attendait une autre portée.

— Allons pêcher alors ! J'aime bien pêcher !

— Et comment comptes tu faire ça avec ces mains ?

— Tu tiendras le bâton !

— Et toi alors ?

— Je chercherai les vers. . .avec mes pieds !

Et elle accompagna ses mots en relevant lesdits petons pour tortiller ses orteils comme des asticots sous le regard abasourdi de la tête d'ortie.

Bien, sur quoi avait-il encore atterri ?

La perspective d'aller flâner à côté d'un lac restait invitante et il s'y connaissait assez dans le domaine pour avoir été de corvées de ravitaillement ces jours où, Mama les abandonnait sur une île quelconque lorsqu'elle avait ses affaires de pirateries à régler.

Elle revenait ensuite récupérer la fratrie une semaine, voir plusieurs mois plus tard.

— On y va alors ? Je connais un coin super pour ça.

Catherine se tortillait d'impatience, sa hâte l'ayant menée à engager le pas quelques mètres plus loin. De sa petite personne, l'on devina bien vite toute cette excitation emmagasinée durant une semaine cloîtrée chez elle. L'albâtre avait ce besoin de tout extérioriser bien que l'activité à laquelle la petite voulait s'adonner demandait le calme et la patience que, à première vue, elle ne possédait pas.

Au lieu de répondre, Katakuri se délaissa du mur auquel il s'était adossé et posa un énième pas vers ce territoire inconnu.

Et ici, il ne s'agissait pas de ce coin super dont parlait Catherine. . .

OoO

Était-ce un point commun qu'ils partageaient tous les deux ? A première vue oui.

Après l'avoir trainé au-delà de la ville et de toutes formes d'habitation, Catherine lui avait fait découvrir un coin caché par d'innombrables feuillus, quelque part au fin fond de la forêt.

Un lieu reculé comme il les aimait, perdu à la vue de tous. C'était un étang qui s'étalait sur plusieurs mètres, entouré par la flore verte et dense de l'île.

Sa surface verte, presque émeraude, à cause des algues accueillait plusieurs oiseaux, hérons cendrés et canards colverts étant de parfaits exemples. De multitudes autres dont les noms lui échappaient se prélassaient à leur guise, profitant des poissons que cette étendue stagnante avait à offrir.

En chemin, Katakuri s'était procuré une longue branche ainsi qu'une liane aussi robuste qu'une corde de caoutchouc afin de parfaire sa canne. S'étant déjà installé au bord du petit quai flottant raccroché à la berge, il s'occupait de renforcer son invention pendant que l'albâtre, elle, s'en tenait à ce qu'elle avait proposé plus tôt.

— J'les ai trouvé !

Le violet reporta son attention vers la petite qui ricanait joyeusement, cette dernière courant vers lui, les mains pleines de leurres gesticulants. Le quai tangua sous son poids alors qu'elle s'asseyait brutalement, faisant pâlir le Charlotte qui ne prévoyait pas de faire trempette de sitôt.

— Vas-y doucement !

Oups, s'exclama Catherine pas le moins du monde désolée, préférant lui mettre ses trouvailles sous le nez, regarde ! Y en a pas mal, hein ?

Faisant des allers-retours entre son large sourire et ce qu'elle tenait entre les mains, Katakuri décida finalement de revenir à sa tâche, tentant d'oublier le fait qu'elle les avait attrapé avec ses orteils.

— C'est dégoutant.

— Méchant !

Cependant Catherine ne se laissa décourager, continuant dans ses taquineries en apportant des rires et des cris renfrognés dans l'atmosphère.

Puis finalement, le calme revint à la seconde où la ligne fut jetée, accompagnée d'un léger plop. Les iris du Charlotte ne quittaient plus l'étendue verdâtre, divaguant jusqu'à ce que son ouïe capte un petit air qu'il reconnaîtrait entre mille, chantonné par sa nouvelle comparse. Bink's no sake.

Assise en tailleur, Catherine releva ses paupières quand la voix plus grave de Katakuri noya sa fine chansonnette.

— Tu viens pas de cette île, nan ?

Au regard curieux qu'elle lui lança, il continua en ramenant une fois de plus ses yeux à sa ligne.

— T'avais dis un truc qui me pousse à penser ça, que tu t'étais faite aucun ami depuis ton arrivée par ici.

La réalisation frappa ses orbes jaunes au souvenir de la discussion qu'ils avaient eu au sommet de la colline.

— Oh ça. . .non je suis pas d'ici.

Un hum traversa les lèvres du garçon, le silence revint et Catherine commença à se masser soigneusement les paumes.

— Et toi alors ?

— Je suis un pirate. . .

La curiosité empreinte sur les traits de la fillette quadrupla, coupant court la parole du Charlotte et se mettant rapidement à genoux, les yeux brillants d'excitation et le quai se balançant à nouveau.

— OUAH T'ES UN PIRATE ?! LE RÊVE !

— Moins fort, idiote ! Tu vas éloigner tous les poissons !

Et malgré le ton aigri qu'il avait emprunté, Katakuri ne dissimula cette lueur de fierté à la voix envieuse de Catherine. Cette dernière revint à sa position initiale, croisant ses bras et gonflant puérilement les joues, elle aurait aimé être aussi chanceuse.

— N'empêche c'est vrai quoi ! Toutes les aventures folles que tu dois vivre en mer et les ennemis que tu combats ! Je suis jalouse. . .

Elle soupira en le regardant hausser les épaules, l'air de dire qu'on ne naissait pas sous la même étoile.

— Pas mon problème.

À son insolence elle lui tira bruyamment la langue avant de continuer dans ses plaintes.

— C'est mon rêve et c'est dommage car à cause du boulot d'mes parents, j'peux pas le vivre.

— Ils font quoi tes parents ?

— Oh. . .ils sont juste historiens, fit-elle préférant rester évasive sur le sujet, n'empêche on voyage beaucoup du coup ça m'va aussi.

— Attends juste quand tu seras grande alors.

Ouais. . .

Sa réponse incertaine et sans conviction l'emmena à hausser un sourcil et quand il lui jeta un regard en biais, sa pupille purpurine ne manqua son visage renfermé, presque défaitiste.

Ne voulant faire durer cette soudaine lourdeur dans les airs, l'albâtre reprit du poil de la bête en laissant place à un immense sourire sur ses lèvres, faisant demander à Katakuri si il était authentique, avant de s'exclamer joyeusement comme elle savait si bien s'y prendre.

— Bon ! Ils viennent quand ces poissons, dis ?

— Qu'est-ce que j'en sais moi.

Et là, comme si dame nature leur répondait à la seconde, la liane se tendit sous les cris amusés de Catherine et la prise resserrée de Katakuri. Se mettant sur ses pieds, le jeune garçon tira de toute ses forces, en plantant fermement ses chaussures sur le sol, excité alors qu'il séparait ses lèvres dans un immense sourire, faisant scintiller ses canines proéminentes.

— Ça mord ! Ça mord ! Allez tire Kata', tire !

— Qu'est-ce que je suis en train de faire là ?! Et j'te l'ai déjà dis, c'est Katakuri pour toi !

Sur ce quai qui tanguait au gré de leur humeur, perdus dans cette petite bulle d'euphorie à l'idée d'une belle grosse proie, les deux gamins étaient comme coupés du monde et ne voyaient à travers leurs yeux que cette ligne qui promettait un copieux goûter.

Cependant, alors que Katakuri était dévoué à son poste, encouragé par Catherine, le duo ne s'attendait surtout pas à se retrouver propulsé vers l'eau à la place, se retrouvant en plein dans l'étendue aqueuse, la canne glissant entre les mains du violet durant sa chute et emportant avec lui, le fruit de plusieurs minutes de patience.

L'éclaboussure fut énorme.

— C'est pour nous avoir bien caché ton jeu espèce de p'tit fûté !

En arrière plan, debout et tout sec, Oven et Daifuku se fendaient la poire, rigolant à gorge déployée et se tenant le ventre, fières de leur petite farce. Ils reprirent de plus belle derrière des yeux larmoyants quand Katakuri refit surface, tout collant et plein de vase.

Les gars. . .Le ton meurtrier de l'ainé aurait du être un signal mais les deux fripouilles ne prirent aucunement peur, même face au regard ombragé de leur frère. Ses cheveux lui collaient au visage cependant, il ignora ce désagrément car ses mains avaient bien plus importants à faire.

L'étang n'était pas si profond que ça malgré le fait qu'il n'en touchait pas le fond et alors que le violet s'évertuait à remonter à la surface, listant mentalement les coups qu'il allait infliger à ses deux diablotins de frangins, des débattements violents derrière lui interpellèrent son attention et firent stopper net l'amusement du blond et du roux, faisant fondre en chemin la colère qui l'habitait, remplaçant celle-ci par de la préoccupation.

— Au s-s'cours. . .a-aide moi kata-. . .

Catherine luttait pour remonter à la surface, ses bras battants fiévreusement autour d'elle alors qu'elle essayait en vain de rester émergée. Elle buvait la tasse à mesure que les secondes passaient et si ce n'était les réflexes de Katakuri, la pauvre petite aurait sombrée dans l'eau trouble.

— Crotte, elle ne sait pas nager Oven !

— Je vois ça Dai', allons les aider !

Le Charlotte avait réussi à attraper son poignet malgré la violence dans ses mouvements, la ramenant contre lui en essayant d'apaiser sa panique.

— C'est bon j'te tiens !

Soulagée de se savoir retenue, Catherine prenait de grandes goulées d'air avant de cracher toute cette eau qui lui obstruait l'œsophage. Oven et Daifuku vinrent leur tendre la main, soutenant fermement le quai flottant pendant que Katakuri nageait jusqu'à ce dernier.

Enfin, après quelques coups de pieds dans l'eau et une bonne poussée vers le haut. Les quatre garnements se retrouvèrent finalement sur le sol ferme, éloignés de l'enfer aquatique.

Après être sortie d'affaire, l'albâtre ne manqua pas une seconde pour cracher ses poumons, toussant violemment contre le sol. Le violet vint la soutenir, lui intimant de relever son buste alors qu'il lui tapotait le dos.

— Tu sais pas nager et pourtant ça t'es pas venu à l'esprit que c'était dangereux de te balancer comme tu le faisais sur cette planche ?!

Catherine continuait de tousser sous le ton dur du Charlotte avant de finalement s'arrêter, soulagée d'être toujours en vie.

— Sur le moment j'avais oublié alors. . .

— Triple crétine. Maugréa t-il avant de retirer sa main, sidéré. Quand à vous. . .

Le duo fautif se tenait à l'écart, déglutissant légèrement de leur gourde.

— Ne nous regarde pas comme ça, tenta Daifuku en rigolant nerveusement, on savait pas nous que c'était une enclume.

— Et puis, t'as quel âge toi ? Continua Oven en pointant son doigt vers Catherine.

— Neuf balais !

— Et tu sais toujours pas nager ?

Le regard terne qu'elle lança à Oven suffit comme réponse alors qu'elle se relevait du sol, toute trempée.

— C'est qui ces garçons Kata' ?

— Mes frères triplés.

Catherine s'arrêta un instant alors qu'elle ramenait ses mèches blanches vers l'arrière pour se dégager le front, son regard passant sur chaque garçon debout face à elle avant de le scotcher sur une paire cramoisie.

— Vous vous ressemblez pas du tout.

— Je sais.

Décidant de sortir du second plan, un Daifuku à l'air rusé s'avança à grands pas vers la seule fille du groupe, ramenant son visage empli de questionnement au-dessus de sa petite forme.

— Dis moi toi, j'y crois moyen à ton histoire d'enclume...t'aurais pas mangé un fruit du démon par hasard ?

De sa place, Katakuri se releva à cette question, tout aussi curieux d'en entendre la réponse. Il ne l'avait pas pensé sur l'instant à cause de l'agitation engendrée par la presque-noyade cependant il devait avouer que ça serait vachement probable.

Son regard se perdit sur Catherine qui recula de deux grands pas pour mettre une certaine distance avec son frère et il ne sut dire si elle était vraiment tendue mais cette impression partie bien vite quand elle cligna des paupières, interloquée.

— Pas que j'saches. . .

Soit elle disait vrai, soit les triplés se trouvaient face à une très bonne comédienne.

Leurs regards se croisèrent une nouvelle fois, ses iris dorés brillant d'amusement alors qu'elle tapait vivement des paumes.

— Mais ça aurait été cool, pardi, ne Katakuri?