Août 1988

La petite fille avait collé son oreille contre la porte où se trouvait le bureau de son père. Des cris persistaient depuis près de quinze minutes, alors que Lord Artwood et sa sœur cadette – la tante de Dorea – s'étaient enfermés il y a de cela plus d'une demi-heure.

Dorea Artwood, alors âgée de huit ans depuis quelques jours maintenant, avait tragiquement perdu sa mère quelques mois auparavant et bien qu'il fût ardu d'y faire face, les révélations sur ses origines et sa véritable nature demeuraient quasi insurmontable depuis.

Néanmoins, les visites régulières de sa tante, nommée Deirdre et cracmole de son état, avaient quelque peu pansés ses plaies. Cependant, la petite fille, du haut de ses huit ans, sentait nettement qu'aujourd'hui, une page se tournait définitivement.

C'est sur ces réflexions que la fillette entendit des pas se rapprocher de la porte. Ni une, ni deux, elle fila silencieusement derrière une colonne qui surmontait le corridor donnant sur le grand hall d'entrée en contre-bas.

La porte du bureau s'ouvrit sur une Deirdre particulièrement fulminante et un Goderic, qui la poursuivait, rouge de colère, une veine battant sur sa tempe.

La petite Dorea n'avait en aucun cas vu son père si furieux.

- Alors c'est pour ça que tu es venue ?! Pour me renvoyer à la gueule toutes les erreurs qu'a faites notre père ?! s'exclama Goderic.

- Non, je suis simplement venue te dire la vérité ! rétorqua Deirdre sur le même ton en se tournant vers son frère.

- TU M'AS MENTI PENDANT DEUX ANNÉES ENTIÈRES ! hurla le Lord.

- JE PEUX EN DIRE AUTANT DE TOI ! cria sa cadette.

- Je ne cautionne pas Deirdre ! Si tu ne remédie pas à cette situation embarrassante pour la famille, je te renie du testament et te déshérite !

- Trop tard ma décision est déjà prise ! J'ai ma propre famille dorénavant. Alors va te faire voir !

Le silence se fit soudainement dans la demeure puis un bruit sonore ressemblant à une claque interrompit la tension suspendue.

Deirdre, une main sur la joue tourna le regard vers son frère aîné, stupéfaite du geste qu'il venait d'avoir à son égard.

- Va-t'en d'ici, je ne veux plus jamais te revoir, siffla Goderic entre ses dents.

La jeune femme fit volte-face et sorti du château sans même se retourner. Dorea courut alors, tâchant de la poursuivre et arrivée à l'extérieur, la voiture de sa tante démarra et roula à toute allure vers le portail d'entrée.

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Dorea était assise sur le lit en tailleur. Elle campa sa tête contre le mur derrière et ferma les yeux de dépit.

La pièce ne devait pas faire plus de cinq mètres carrés et seulement une lampe à huile illuminait un coin de la cellule dans laquelle elle se trouvait. Une cellule dans les tréfonds du M.A.C.U.S.A. pour tout reclus de la justice attendant qu'on les juge et qu'on les envoie à Erkstag, Nurmengard, ou bien Azkaban.

Étant donné que la pièce n'était dotée d'aucune fenêtre, elle avait très vite perdu le fil du temps. Ayant été débarrassée de tous ses effets, comme sa montre, ou encore son collier que son père lui avait offert à son quinzième anniversaire, auquel elle tenait tant, seuls les repas lui signifiait à quel moment de la journée ils se trouvaient. Et selon ses comptes, cela faisait à présent cinq jours qu'elle était enfermée là-dedans.

Les seules visites qu'elle avait eues se résumaient aux elfes qui lui fournissaient les repas. Mais aucun auror, ni même les membres de sa famille n'étaient venus. Elle avait donc très vite compris qu'ils l'avaient tous abandonnée. Elle allait devoir se battre seule pour obtenir sa liberté. Mais voulait-elle réellement l'obtenir ? La méritait-elle vraiment ?

Elle pensa alors, en tout premier, comme elle le faisait depuis sa réclusion, à ses parents. Son père, Goderic, sa mère, Hermance, ou encore James et Lily Potter. Ils auraient certainement eu honte d'avoir une fille tel qu'elle. Puis ses pensées se dirigèrent vers son frère. Son arrestation avait certainement dû faire les unes des journaux du monde entier dans la communauté. Elle ne serait même pas étonnée que l'on en parle dans le monde moldus… Une gamine qui assassine un mangemort et tue avec une arme à feu automatique une vingtaine de moldus faisant partie d'un Cartel. Vous y croyez, ça ?

Dorea soupira, se demandant comment Harry allait gérer ça à son retour à Poudlard. Elle commençait à croire qu'il avait dit vrai : elle était plus un boulet qu'autre chose pour lui.

Et puis il y avait ses amis… Ou anciens amis. Elle ne savait plus dans quelle catégorie les classer. Elle savait cependant qu'elle donnerait tout pour faire machine arrière et pouvoir revivre ces moments de pures complicités qui les avaient animés.

Un visage s'imposa à elle, mais elle se refusa d'y penser plus. Elle n'avait pas besoin de s'enfoncer un peu plus en imaginant Drago Malefoy dans les bras d'une autre, pendant qu'elle croupissait au fond d'une cellule pour le restant de ses jours.

La jeune Artwood était au bord du précipice, mais elle ne pouvait s'en prendre qu'à elle-même. Elle avait fui Poudlard, son frère, ses amis, la protection que pouvait lui apporter Dumbledore. En aucun cas elle ne se serait retrouvée dans une telle situation si elle était restée bien sagement auprès d'Harry.

Seulement, voilà, elle avait bien conscience que personne ne voulait d'elle à ses côtés. Et elle était encore plus consciente de représenter un danger pour eux. Or, que pouvait-elle faire ?

Dorea entendit au loin une porte coulisser puis se refermer dans un claquement sonore. Des pas résonnèrent dans les couloirs du sous-sol du M.A.C.U.S.A. Certainement la famille d'un détenu qui attendait son audience.

Elle perçut – et ce détail lui paraissait futile en un moment semblable – que c'était plus exactement le bruit d'escarpins qui se détachaient des multiples pas qui devaient marcher à leurs côtés.

Les pas s'approchants de sa cellule progressivement, elle releva doucement la tête et fronça des sourcils. Ses yeux s'écarquillèrent et sa bouche s'ouvrit de stupéfaction lorsque les visiteurs s'arrêtèrent devant sa grille.

Sa grand-mère, sa tante, Harry et Daphné étaient accompagnés d'un auror qui sortit sa baguette et d'un mouvement de poignet déverrouilla la porte qui coulissa tandis qu'elle se relevait de sa couche, tout à fait stupéfaite de cette apparition. C'est sans réfléchir, comme si les dernières semaines, les derniers mois n'avaient pas existés qu'elle vit Harry s'introduire en premier dans la pièce et se jeter sur elle et l'enlacer avec force.

À cet instant, elle fondit tout bonnement en larmes, relâchant la tension des derniers jours qui s'était accumulée. Daphné les rejoignit et la prit dans ses bras à son tour alors qu'Harry la maintenait fermement dans les siens.

Durant de longues minutes, elle pleura, sans pouvoir s'arrêter, dans les bras de son frère et de sa meilleure amie. Le soulagement, qu'elle éprouvait, de voir qu'ils étaient là malgré tout était si intense, qu'elle crut que son cœur allait exploser.

« Tu es vivante, tu es vivante » lui répétait inlassablement le brun dans le creux de son oreille.

Un toussotement se fit alors entendre à l'entrée de la cellule et tout compte fait, ils se séparèrent. Elle se rendit compte que Daphné sanglotait tout autant qu'elle, si ce n'est voir plus.

Ce fut donc sans réfléchir, bien trop heureuse d'être entourée de sa famille qu'elle se dirigea vers sa grand-mère et sa tante qui la réceptionnèrent dans leur bras, l'enlaçant aussi fortement que l'avait fait le gryffondor et la serpentard.

- Je suis désolée… Je suis désolée, sanglota Dorea d'une voix tremblante.

- Tu n'as pas à t'excuser, ma chérie, lui dit sa tante. Tu es forte et tu vas t'en sortir, dit-elle en se détachant d'elle à l'instar de Lady Beaumont.

- Je ne laisserai personne jugé à tort ma petite fille, dit Émilie de Beaumont de son ton éternellement sec. Tu es une Artwood, et le sang de la famille Potter coule dans tes veines. Tu n'as fait que te défendre.

- Gabriel a été interrogé hier après que le Comité ait envoyé des aurors faire une enquête au Mexique, lui expliqua sa tante. Nous savons tout ce qu'il s'est passé.

Dorea fronça des sourcils et se retourna vers Harry.

- Tu es ici depuis combien de temps ?

- Deux jours, répondit-il. Nous sommes venus dès que nous l'avons su.

- Nous ?

- Mr Weasley, moi et… Théo.

- Thé…

Les sourcils de Dorea ne formèrent qu'une seule ligne à présent, alors qu'elle ne saisissait rien à ce que venait de lui apprendre Harry. Comment se faisait-il que Théo se trouvât avec les Weasley ?

- De toute manière, ce n'est pas le moment de parler de ça, interrompit sa grand-mère. Ton audience a lieu ce matin et tu dois te préparer.

C'est à ce moment que l'ancienne serpentard remarqua qu'un vêtement était suspendu à son bras.

- Dorea, habille-toi, enchaîna-t-elle. Ton amie Daphné va t'aider à te préparer et ensuite, tu seras conduite jusqu'à la salle où aura lieu ton procès.

La jeune femme hocha vivement la tête. Sa grand-mère lui tendit une robe noire tout ce qu'il y avait de plus sobre. Et sortie de la cellule, suivie de Deirdre. Harry l'embrassa sur la tempe, lui démontrant tout l'amour et le soutien qu'il avait pour elle. L'auror qui était à l'extérieur referma la porte tandis que son frère, Deirdre et Émilie se dirigèrent vers l'entrée à l'autre bout du couloir.

Daphné s'activa en lui prenant la robe des mains et Dorea enleva son haut, puis son jean qu'elle avait gardé depuis son arrestation, faisant fi de sa pudeur. Puis elle se saisit de la bassine au pied de son lit, ainsi que de l'éponge qui flottait dedans et commença à se rincer, tâchant de paraître convenable même après cinq jours dans les cachots du M.A.C.U.S.A. Elle prit la robe des mains de son amie, restée silencieuse jusque-là, mais dont l'angoisse se lisait sur ses traits. La fermeture éclair zippa jusqu'en haut et Dorea sentit Daphné lui ramener ses cheveux en arrière et les attacher d'un élastique qu'elle sortit de la poche de sa veste.

Dorea se retourna vers Daphné, cette dernière étant de nouveau au bord des larmes.

- Daphné…

- Les jurys vont certainement te fixer les conditions de ta libération, interrompit-elle, la voix chevrotante. S'ils te demandent de retourner à Poudlard, refuse. Je t'en supplie refuse.

- Quoi ? fit Dorea en grignant le front. Mais pourquoi ?

- Tu es le Phénix Noir, Dott'. Ils ont peur de toi, chuchota-t-elle.

- Artwood, vous êtes prête ? fit alors l'auror apparaissant de nouveau derrière l'auror.

Daphné et Dorea se fixèrent intensément, la serpentard tâchant de la supplier silencieusement de faire ce qu'elle lui demandait.

- Oui, je suis prête, dit Dorea en détachant son regard de celui de son amie.

L'auror ouvrit la grille et la referma après que Daphné lui eut lancé un dernier coup d'œil empreint d'une inquiétude qu'elle ne lui connaissait. Dorea reprit place sur son lit en attendant que l'on vienne la chercher.

Elle ne savait pas du tout à quoi s'attendre. Et l'injonction de la jeune Greengrass l'avait rendue plus que perplexe.

Elle inspira profondément et orienta son regard vers la grille. Elle s'esclaffa doucement en ayant soudainement une pensée risible : les aurors du M.A.C.U.S.A n'avaient certainement pas renforcé la sécurité de sa cellule, identique à toute celle des autres détenus. Si elle le voulait, elle pourrait ouvrir cette fichue grille d'un geste de main et sortir tranquillement du bâtiment sans la moindre résistance. Mais voilà, peut-être était-elle une serpentard, mais elle n'était pas foncièrement mauvaise. Après tout, si elle s'était rendue, c'était bien parce qu'elle ne pouvait plus s'accommoder de la situation dans laquelle elle s'était mise.

C'est sur cette pensée que la grille se rouvrit de nouveau et quatre aurors, baguette en main, lui faisait face. Une femme pénétra la pièce tandis que la jeune Lady se redressait.

- Les poignets derrière, Artwood, dit froidement un auror à l'entrée de la cellule.

La femme lui sourit d'un sourire mi-embarrassé, mi-compatissant et la contourna pour pointer sa baguette sur ses mains. À l'instar du soir de son arrestation, des menottes en fer forgé glissèrent sur ses poignets et encore une fois, Dorea pensa que c'était bien trop simple à son goût.

La femme lui saisit précautionneusement le bras et elles sortirent de la cellule débouchant sur un immense couloir au plafond voûté.

Le chemin se fit dans le plus grand silence et alors que l'ascenseur montait les étages, grimpant jusqu'à la salle d'audience, la respiration de Dorea progressait rapidement. Sa bouche devenait pâteuse et elle ne cessait de s'humecter les lèvres.

Le « ding » qui résonna dans l'appareil leur indiqua qu'ils étaient arrivés à destination. Ils prirent la direction d'un long corridor dallé semblable à ceux du ministère de la magie à Londres. Au loin résonnait un brouhaha ambiant et cela ne fit que l'angoisser devinant qu'il s'agissait des multiples sorciers qui avait voulu assister à son audience.

Ils tournèrent sur la droite, puis sur la gauche, encore sur la gauche pour finalement arriver devant une porte, que l'un des aurors qui l'avait escortée, ouvrit.

- Faites entrer Lady Dorea Artwood, dit fortement une voix d'homme.

Un silence s'abattit sur la salle et l'agent qui maintenait l'ancienne serpentard la poussa gentiment dans la pièce circulaire. À première vue, Dorea fut surprise de la petitesse de la salle vaste en hauteur. Les plafonds étaient voûtés à l'instar des sous-sols.

Devant elle, au centre, se tenait une barre en bois, demi-circulaire, placée en plein milieu d'une étoile tracé sur le sol en marbre représentant des signes de runes anciennes.

Des escaliers montaient jusqu'à un « trône » où l'aigle américain sculpté à même la pierre, recouvert de feuilles d'or les surplombait. Dessous, suspendait fièrement le drapeau des États-Unis d'Amérique.

Le président actuel – John Adamson - du Congrès Magique des États-Unis d'Amérique y était fièrement assis tout comme les représentants des différents pays à ses côtés.

- Lady Artwood, veuillez-vous avancer jusqu'à la barre, je vous prie.

Le pas hésitant, Dorea s'avança et elle sentit ses menottes la libérer enfin. Elle rabattit ses poignets contre elle et les massa. Lorsqu'elle dressa ses prunelles vers l'assemblé autour d'elle, une chevelure blonde qu'elle reconnut aussitôt se détacha du haut des gradins. Mais ce qui la surprit le plus c'est que Drago Malefoy, qui la dardait de son éternel regard froid et méprisant, était accompagné d'une femme tout aussi reconnaissable que lui : Narcissa Malefoy. L'attitude hautaine mais digne, l'élégance même des Black s'affichants sur ses traits. Juste en dessous se trouvait Severus Rogue. Il l'observait sans qu'elle ne décelât de sentiments. Au premier rang, elle remarqua Harry entouré d'Arthur Weasley et de Théodore Nott.

Elle tourna la tête et vit sa tante, son époux, Les Greengrass, Blaise ainsi que ses grands-parents installés côte à côte. Albus Dumbledore avait pris place non loin et la scrutait d'un regard sécurisant par-dessus ses lunettes en demi-lune. Il lui fit un signe de tête lui démontrant tout son soutien. Dorea souffla quelque peu, éprouvant une pointe de soulagement.

- Lady Dorea Artwood, enchaîna le président du Congrès, née le trente-et-un juillet mille-neuf-cent-quatre-vingt, à vingt-trois heures trente et une, dans la commune de Godric's Hollow, en Grande-Bretagne. Fille de James et Lily Potter, sorcier de leur état, récita-t-il le nez collé sur le parchemin qu'il lisait attentivement. Adoptée à l'âge de deux jours, par feux Lord Goderic et Lady Hermance Artwood. Répondez-vous par l'affirmative ? ajouta-t-il en redressant le nez de son parchemin pour l'observer à son tour, comme le reste de l'assemblée.

Le Président Adamson représentait l'archétype de l'américain. Grand, les épaules larges, la mâchoire carrée, les cheveux poivre et sel, il était le traditionnel politicien que l'on pouvait imaginer.

- Oui, répondit-elle distinctement utilisant des grandes inspirations.

- Sous la tutelle de Lord Richard et Lady Émilie de Beaumont, résident au Bois de Boulogne à Paris. Votre baguette leur a été confisquée après votre arrestation, termina-t-il dans un soupir.

Dorea déglutit avec une difficulté réelle, réalisant qu'à présent, elle savait où se trouvait sa baguette magique.

- Bien, nous sommes réunis, car vous êtes accusés de plusieurs faits. En premier lieu, l'assassinat d'Henry Nott en juin dernier au département des mystères au ministère de la magie à Londres….

- Dorea Artwood n'a pas à répondre de ce fait devant la justice magique, intervint Albus Dumbledore en se redressant de son banc.

Sa voix caverneuse et placide avait suspendu l'air et les chuchotements ambiants.

- Professeur Dumbledore…

- Cette accusation est caduque du fait qu'Henry Nott était un mangemort et que c'était de la légitime défense, poursuivit le directeur de Poudlard.

- Professeur Dumbledore, je vous prie….

- Cette affaire a déjà été réglée à huit clos à Londres avec l'ancien Ministre de la Magie, Mr Cornelius Fudge, interrompit-il, ne fournissant pas le moindre occasion au Président du Congrès de rétorquer comme il se doit.

- Professeur Dumbledore, veuillez-vous asseoir. Nous ne sommes pas à Londres ici, et vous n'avez aucun pouvoir.

- J'ai celui de défendre cette jeune femme, Président Adamson. A-t-on auparavant vu un mineur se défendre seul devant une telle assemblée ?

Des chuchotements s'élevèrent et le Président Adamson gigota sur sa chaise, l'air soudainement mal à l'aise, tandis que le professeur Dumbledore prenait de nouveau place sur le banc.

- Bien, alors, fit le Président en consultant son parchemin, revenons-en à la tuerie à laquelle vous avez amplement participé aux côtés de Gabriel Kowalski, pour lequel ce dernier a été interrogé et jugé pas plus tard qu'hier. Répondez-vous de ces actes ?

- Oui.

- Bien, je cède la parole à mon confrère, le Ministre de la Magie britannique, Rufus Scrimgeour, présenta-t-il d'un geste vers un sorcier assis à sa droite.

Un homme se leva et la première pensée qui traversa Dorea fut qu'il avait les traits d'un félin prêt abattre sa proie avec sa fine bouche et sa crinière brune imposante. Dans tous les cas, il imposait bien plus que son prédécesseur.

- Lady Dorea Artwood, d'après ce que l'on sait sur vous, vous avez traversé une année des plus particulière, lors de votre cinquième année à Poudlard ?

- Particulier est un euphémisme, Monsieur le Ministre, répondit calmement Dorea. Mon père est mort en janvier dernier.

- Oui, je connaissais votre père, sourit mélancoliquement le Ministre en abaissant le regard.

Puis il haussa ses prunelles ambrées qu'il encra dans ceux de la jeune femme, l'examinant d'un œil perçant.

- Ce qui a conduit à votre fuite de Poudlard.

- Je crois dire que vous grillez quelques étapes Monsieur le Ministre, répondit Dorea sur un ton presque ironique.

Quelques rires fusèrent parmi l'assemblée.

- Alors racontez-nous.

Le silence se fit de nouveau dans la salle et Dorea prit une ample inspiration tandis que Scrimgeour se réinstallait.

- Personne n'est s'en savoir que la mort de mon père a déclenché un … Déchaînement de mes pouvoirs, ce qui m'a plongé dans un profond coma qui a failli me coûter la vie. Lorsque je me suis réveillée, j'étais de nouveau à Highclere. Faible mais vivante. Alors lorsque Lucius Malefoy – elle jeta un regard à Drago et sa mère – est venu me menacer personnellement afin que je cède le patrimoine qui restait de ma famille pour son maître, croyez bien que je ne me suis pas laissé faire.

- J'ai entendu parler de votre… Ardeur, en effet. Que s'est-il passé par la suite ?

- Highclere a été attaqué par des mangemorts …

- Ça été mentionné par la Gazette du sorcier, Lady Artwood, intervint le Président du Congrès.

- Mais est-ce que la Gazette du sorcier a mentionné que Fenrir Greyback était sur le point de me mordre si je ne m'étais pas servi de mes pouvoirs ? Est-ce que la Gazette à mentionner le fait que j'ai vu mon majordome, celui qui m'a pratiquement élevé, mourir sous mes yeux, ou qu'Henry Nott a avoué avoir assassiné mon père sur les berges de la Seine à Paris ? Ou encore que Lord Voldemort ait tenté de me capturer ce soir-là ? Et que si je m'en suis sortie, c'est uniquement grâce à l'intervention de mon parrain, Sirius Black. Homme que vous avez accusé à tort pendant quatorze ans pour un crime dont il n'était pas coupable ! s'énerva-t-elle. Même la justice moldue ferait mieux dans de telles circonstances !

- Miss Artwood, je vous prie de conserver votre calme !

Dorea échangea un regard avec son frère, où la fierté brillait dans le sien. Il fallait qu'elle le dise.

Un brouhaha monta dans l'assemblée et le Président exigea le silence, ce qui se fit aussitôt.

- Devons-nous-en conclure que vous avez assassiné Henry Nott dans le but de venger votre père ?

- Je le répète, se redressai vivement le professeur Dumbledore dont on percevait la colère poindre d'un instant à l'autre. Dorea Artwood n'a pas à répondre de ce crime. C'était de la légitime défense !

- C'était un mangemort, fit alors Dorea d'une voix forte. C'était un mangemort, répéta-t-elle plus doucement tandis que Dumbledore s'assit de nouveau. Vous auriez une dague plantée sur la carotide, prête à dégainer au moindre mouvement, qu'auriez-vous fait à ma place ?

Tous étaient à présent pendus aux lèvres de la jeune femme.

- Je me suis défendue, comme je l'ai fait durant cette nuit à Highclere. C'était de la légitime défense, et même si j'y pense chaque minute de la journée, que j'ai l'impression d'avoir du sang sur les mains, je recommencerais une bonne centaine de fois au moins, si cela me permettait de rester envie et de protéger les miens.

Des chuchotements traversèrent de nouveau l'assemblée et Dorea remarqua quelques hochements de têtes approbateurs.

- Est-ce donc la cause de votre fuite à Poudlard ? demanda Scrimgeour.

- La fuite de Dorea Artwood n'est pas le sujet ici, gronda alors Dumbledore de sa voix rauque en se relevant une fois de plus.

- Professeur, je vous prie, laissez Lady Artwood répondre, rétorqua sèchement le Président.

Dorea fut surprise du ton qu'avait employé le Président du Congrès avec son mentor. Jamais elle n'avait vu qui que ce soit donné un ordre à Albus Dumbledore.

- Lady Artwood, veuillez répondre à la question, fit alors le Président à son adresse.

- J'ai fui Poudlard pour des raisons personnelles.

- Qui sont ? interrogea le ministre britannique.

- Je n'étalerai pas ma vie privée ici, Monsieur le Ministre. Ce n'est pas le but de cette aud…

- Répondez à la question, Lady Artwood, ordonna le Président du Congrès.

Dorea obstrua ses yeux de dépit puis les rouvrit.

- Parce que j'ai compris qu'en restant auprès de ma famille, de mes amis, je représentais un danger pour eux. Beaucoup de gens sont morts par ma faute et Voldemort me veut dans ses rangs, alors c'est la seule solution que j'ai trouvée.

- Une solution qui vous a amené à tuer une vingtaine de Non-Maj.

- Ils faisaient partie d'un Cartel de la drogue ! s'exclama Dorea outrée. Encore une fois, c'était de la légitime défense.

- Monsieur Kowalski nous a racontés cette soirée et nous avons dépêché des enquêteurs à Guadalaraja. Mais nous aimerions avoir votre version des faits, dit Adamson.

- Qu'est-ce que vous voulais que je vous dise ? s'exaspéra Dorea. Ils ont ouvert le feu sur nous et nous nous sommes défendus en utilisant des armes moldus. Qu'est-ce que vous auriez souhaité que l'on fasse ? Que Gabriel utilise sa baguette et que j'utilise mes pouvoirs, qui cela dit en passant avaient été contenu par un sorcier mangemort du Sinaloa.

- Miguel Juajez, c'est ça ?

- Effectivement.

- Monsieur Kowalski nous a certifiés, dans son interrogatoire, que lorsqu'il vous a trouvé en compagnie de Juajez, ce dernier était sur le point de vous violer ?

Des exclamations outrées fusèrent parmi les sorciers présents. Dorea vira ses yeux vers ses amis et son frère qui étaient tout aussi choqué.

- Est-ce vrai ? insista le Président.

Dorea ne répondit pas et leva son regard vers Drago qui était resté impassible.

Elle ressentit aussitôt une pointe d'amertume qui émergea du plus profond de son être. Elle ne savait pas pourquoi elle recherchait de la compassion auprès du jeune Malefoy ? Quelle réaction aurait-elle souhaitée de la part du jeune homme ? De la colère ? De la compassion ? C'était de Drago Malefoy dont on parlait, autant dire qu'il était tout à fait indifférent à son sort. Il l'avait déjà prouvé par le passé.

- Lady Artwood, je vous prie de répondre à la question.

L'ancienne serpentard reporta son attention sur le Président Adamson et les Ministres de la magie faisant partie du Comité. Ils la scrutaient tous, sans même cillé, suspendu à sa réponse.

- Je ne répondrai pas à cette question, fit-elle d'un ton déterminé.

- Lady Artwood, soupira Adamson, vous vous devez de répondre à la moindre de nos questions afin que nous prenions une décision en ce qui concerne votre liberté…

- Et il s'agit de mon intégrité, coupa Dorea fermement.

- Lorsque vous comparaissez devant le Comité Magique de la Sécurité Internationale, il n'y a pas d'intégrité qui tienne, Lady Artwood, rétorqua le Président froidement. Il n'y a plus lieu de vie privée ici. Vous êtes dans l'obligation de répondre aux questions, au risque d'ajournée cette audience et d'alourdir votre peine. Nous vous donnons une chance de le faire sans véritasérum. Alors, je me répète : Miguel Juajez, était-il sur le point de vous violer lorsque Monsieur Kowalski est venu à votre rescousse ?

Dorea expira tout son agacement qu'elle pouvait ressentir en cet instant.

- Oui, murmura-t-elle.

Le choc fut général dans la salle d'audience.

- Silence ! Silence ! réclama le chef du Congrès.

Le silence se fit de nouveau, mais les sorciers présents eurent du mal à contenir leur stupeur et même pour certain, leur colère.

- Le connaissiez-vous ?

- Oui, répondit Dorea au bord des larmes.

- Saviez-vous qui c'était ?

- Non, je n'en avais aucune idée, dit-elle d'une voix tremblante. À dire vrai, je croyais que c'était un moldu.

- Étiez-vous proche ?

- Oui, plus ou moins.

- Plus ou moins ? Qu'est-ce que cela veut dire ?

- On… On a eu une aventure, chuchota-t-elle.

- Je vous demande pardon ?

Dorea ferma les yeux, tâchant de contenir la fureur qui progressait en elle, s'insinuant dans ses veines comme un poison qu'elle n'avait plus ressentie depuis bien longtemps.

- Lady Artwood ! la rappela le Président.

- Nous avons eu une aventure, dit-elle plus fortement en rouvrant ses prunelles à présent humide.

- Étiez-vous consentante ?

- Je me rappelle uniquement que j'avais beaucoup bu ce soir-là. Mais oui, j'étais consentante.

- Et ensuite ?

- Eh bien, le lendemain, il m'a emmené au restaurant, dit-elle en reniflant. À l'Américano plus exactement et nous avons rencontré Guzman, le chef du Cartel de Guadalajara. Puis nous nous sommes installés à table et Gabriel est entré dans la salle à ce moment-là. Miguel m'a fait une crise de jalousie et par la suite, je suis partie aux toilettes tâchant de me rafraîchir. Il m'a rejointe et… et…

- Continuez.

Elle obstrua de nouveau ses prunelles ne pouvant supporter le regard de sa famille et de ses amis.

- Et il m'a enfermé dans une cabine. Il… Il a commencé par me menacer en me révélant qui il était réellement et ce qu'il savait sur moi. Il… Il m'a prise à la gorge en tentant de m'étrangler et à entreprit de…

Une larme coula sur sa joue.

- Président Adamson, intervint Dumbledore, je crois que nous devrions faire une pause.

- Non, non, ça va, souffla Dorea.

- Prenez votre temps, compatit à Adamson d'un ton plus doux.

- Il a commencé à déboucler sa ceinture, continua-t-elle d'une voix plus déterminée en fixant son regard sur le comité. Gabriel est arrivé à ce moment-là, et une seconde plus tard Juajez était mort.

- Pourquoi n'avez-vous pas pu vous servir de vos pouvoirs ? Vous êtes le Phénix noir, non ?

- Je vous l'ai dit : il a réussi à les contenir.

- Comment ?

- Un collier qu'il m'avait offert.

- Et par la suite, que s'est-il passé Lady Artwood ?

- Avec Gabriel, nous voulions nous échapper le plus discrètement possible. Mais l'endroit grouillait d'hommes de Guzman qui avaient été embauchés par Juajez au cas où les choses tourneraient mal.

- Comme dans ce cas, en l'occurrence, compris le Président.

- Oui. Nous avons ainsi réussi à presque accéder à la sortie, mais un homme a trouvé Juajez dans les toilettes, alors ils ont ouvert le feu sur nous. Gabriel à sortit une arme de sous sa veste et ma littéralement balancée derrière un comptoir qui se trouvait juste à côté.

- Et comment en êtes-vous venu à tirer à votre tour sur des Non-Maj ?

- Eh bien, il y en avait un qui avait réussi à nous approcher d'assez près pour tenter de tirer sur Gabriel. Mais Gabriel a été bien plus vif… Alors il a glissé l'arme du moldu jusqu'à moi, et c'est sans réfléchir que je l'ai prise et que j'ai tiré à mon tour.

- Puis-je savoir comment ça se fait qu'une jeune femme de votre âge sache se servir d'une arme moldue ? questionna Scrimgeour.

- Mon père m'avait appris. Au lendemain des événements de la coupe de Quidditch en Angleterre. Il voulait que je sache me défendre, sans baguette, sans mes pouvoirs, sans magie.

- Et donc, d'après ce que nous savons, vous avez embarquer dans la voiture de Monsieur Kowalski et vous êtes partis en route pour la frontière.

- Euh…

Dorea eut un doute soudainement. Gabriel avait-il parlé de Payton ? Elle n'était plus à une vérité prés.

- Nous avons d'abord fait un détour, reprit-elle.

- Détaillez, s'il vous plaît.

- Je m'étais fait une amie. Une collègue de travail… J'avais trouvé un petit boulot en tant que serveuse dans un restaurant sur la place du marché… Et je ne pouvais pas la laisser seule au risque que les hommes de Guzman ne la kidnappent ou pire ne la tue. Alors nous l'avons emmenée avec nous. Mais elle ne savait rien sur notre condition. Elle savait seulement ma véritable identité. Et nous l'avons oubliettée dès que nous sommes arrivés à New-York.

- Comment s'appelait-elle ?

- Payton Sanders.

- Avez-vous repris contact avec cette Non-Maj ?

- Non.

- Par conséquent, si je comprends bien, vous avez fui du restaurant, après avoir fait un massacre, avez fait un détour pour mettre en sécurité cette jeune femme et êtes partis pour la frontière.

- Oui.

- Et vous n'avez pas été repérés durant tout ce temps-là ?

- Je ne crois pas non. Il y avait bien les hommes de Guzman à la frontière, mais Gabriel a eu recours à des subterfuge pour éviter que l'on se fasse repérer.

- Et vous êtes arrivé à New-York le sept août dernier, c'est bien ça ?

- Oui.

- Bien… fit Adamson en hochant la tête, pensif. Messieurs, des questions ? demanda-t-il à l'adresse des autres ministres du Comité.

- Moi, j'en ai une, dit alors un homme installé à deux places du Président.

- Monsieur le Ministre de la magie français, annonça le président.

- Si nous vous donnons l'amnistie totale, qu'allez-vous faire ? Retournerez-vous à Poudlard ? Allez-vous vous engager dans la guerre auprès de votre frère ?

Dorea lança un rapide regard vers Daphné qui l'observait l'air implorante. Sur le moment, elle ne savait quoi répondre. Les derniers jours avaient été suspendus dans le temps et elle s'était interdite de penser à l'avenir.

Ses yeux dérivèrent vers un regard semblable au sien : Harry. Son frère, lui, l'observait calmement, attendant sa réponse. Elle était presque certaine qu'il la soutiendrait quelle que soit sa décision. Elle prit conscience qu'en le voyant, assis là, il lui avait terriblement manqué. Les choses qu'il lui avait dites n'avaient plus du tout lieu. Il regrettait, autant qu'elle déplorait tous ses mensonges qui avaient presque détruit leur relation.

Ses amis lui avaient manqués également. Leur présence à cette audience voulait tout dire. Il lui pardonnait, autant qu'elle leur pardonnait. C'étaient ses meilleurs amis et rien, ni personne ne pouvait les séparer. Ils étaient liés. Ils avaient toujours été là pour elle, ne manquant jamais à l'appel. Elle comprenait leur colère lorsqu'elle avait fui Poudlard. Elle aurait certainement agi de la même façon.

Elle tourna ensuite ses prunelles vers le blond et nota un changement. Bien évidemment, il tentait de le masquer, et ça marchait certainement auprès des autres sorciers présents. Mais elle le connaissait assez pour savoir que son témoignage l'avait touché bien plus qu'il ne l'admettrait.

Malgré ce qu'il avait pu dire, elle savait qu'à un moment donné, ce qu'ils avaient vécu était vrai.

Drago Malefoy n'était plus froid et impassible, se tenant droit sur son banc, comme au début de l'audience. Il était à présent avachi, accoudé sur ses cuisses. Il la fixait si intensément, sans même ciller ou bouger ne serait-ce qu'un sourcil. Ses orbes s'était assombris de colère et pour finir le tout, sa mère avait posé une main réconfortante sur son épaule. Cela prouvait bien que son témoignage l'avait bien plus touché qu'il ne le laissait percevoir.

Partir pour les protéger n'était pas la solution. Elle avait le pouvoir de changer les choses, au contraire, de les protéger tous.

James et Lily avaient été assassinés, mais elle réalisa en cet instant même que ce n'était pas de sa faute. Ils étaient des sorciers puissants et quoi qu'il en soit, ils représentaient une menace pour Voldemort.

Hermance était morte mais ce n'était pas sa faute. Elle était gravement malade et rien d'autre n'aurait pu la sauver.

Goderic et Sirius étaient mort, mais ce n'était pas sa faute. Ça avait été leur choix de la protéger. Tout comme elle aurait donné sa vie pour eux. Et au-delà de ça, ils se battaient pour une cause. Tout comme elle, tout comme Harry.

Oui, ils étaient tous morts. Assassinés par Voldemort ou ses sbires. Mais ce n'était en rien de sa faute, Ils avaient donnés leur vie pour la liberté.

En conséquence, elle allait faire de même : se battre pour sa liberté et donner sa vie pour la liberté des siens s'il le fallait.

Elle reporta son attention sur le Président, et leva légèrement le menton, l'air digne.

- Je prendrai la décision de retourner à Poudlard, oui, dit-elle simplement. Je me battrai aux côtés de mon frère afin que les générations futures puissent vivre en paix. Je me battrai pour protéger mes proches. Et s'il fallait tout recommencer, je recommencerais, sans hésitation. Je ne dis pas que je suis une enfant de cœur. Loin de là … Mais on ne pourra jamais me reprocher de tout faire pour préserver ma famille ou mes amis. J'amènerai chaque personne, chaque sorcier dans les tréfond de cette terre et moi avec s'il le fallait pour tous les défendre. Car c'est mon unique objectif : défendre ma famille. N'avons-nous pas tous, le même et unique but ? Vous Président Adamson, ne feriez-vous pas pareil pour les vôtres, si vous en aviez le pouvoir ? Et si on vous le demandait, vous engageriez vous dans cette guerre ? Ou allez-vous rester là, planté sur votre trône à regarder la communauté britannique se déliter ? Et vous Monsieur le Ministre ? fit-elle en se tournant vers Rufus Scrimgeour. Faut-il que je vous rappelle que vous n'avez pas levé le petit doigt lorsqu'Harry et le professeur Dumbledore ne cessaient d'avertir le monde entier du retour de Lord Voldemort ? On a tous des squelettes dans notre placard, ce n'est pas pour autant que vous avez eu à en répondre devant la communauté magique, non ? Alors faites ce que vous voulez. Libérez-moi, enfermez-moi, mais n'oubliez pas qui je suis : je suis le Phénix noir. Et si j'avais été réellement dotée de mauvaises intentions, ce n'est pas une simple grille de cellule, des menottes ou une armada d'aurors qui m'aurait empêché de m'enfuir. Je suis le Phénix Noir, mon frère est l'Élu et nous vaincrons Lord Voldemort pour notre liberté à tous. À vous de voir dans quel camp vous vous trouvez Présent Adamson ?

Un silence de mort suivie sa tirade. Dorea garda ses yeux fixés sur le Président du Congrès, qui lui s'évertuait à fuir son regard.

Il inspira profondément et lança un regard à ses homologues qui hochèrent la tête dans sa direction.

- Pour ceux qui veulent une amnistie totale en faveur de Lady Dorea Artwood, lève la main, annonça-t-il d'une voix forte.

Sans hésitation, les sept représentant du Comité levèrent le bras. Un soupir de soulagement s'éleva des gradins et Dorea, réalisant qu'elle s'était soudainement arrêtée de respirer, expira sa propre délivrance.

Une tornade blonde se jeta dans ses bras, tout comme Harry qui se joignit aussitôt aux deux serpentards. Blaise et Théo ne tardèrent pas à faire de même, l'enlaçant fortement à tour de rôle.

- Tu fuis à nouveau comme une voleuse et je t'assure que je te ramènerai moi-même par la peau des fesses, lui chuchota Théo à l'oreille.

Dorea se recula et un sourire fendit son visage lorsqu'elle vit un Théo le regard brillant de joie.

- Théo…, commença-t-elle.

- Non, Dorea, coupa-t-il. Il n'y a rien à dire de plus. Tu es une héroïne à mes yeux et je t'admire. J'admire ton courage, ta détermination, ta fougue… Personne n'aurait pu surmonter les épreuves que tu as vécues avec autant de bravoure que tu l'as fait.

Dorea, les yeux humides et débordants de gratitude, l'enlaça de nouveau dans ses bras.

Ce fut un enchainement d'embrassades. Tous voulaient la féliciter et s'étaient réunis au centre de la salle d'audience. Elle ne vit donc pas Drago Malefoy sortirent, lui lançant un dernier regard indéchiffrable mais ses traits exprimant un soulagement contenu.