Chapitre 39 : cherche âme sœur désespérément

Dans la salle de repos des infirmières, les conversations allaient bon train. Une aide-soignante entra dans la pièce, et s'affala sur une chaise libre. Les autres la chambrèrent, lui disant qu'ici, c'était le coin exclusif des infirmières, ce qui entraîna moult grimaces de la part des deux camps, avant d'en rire toutes ensembles. Puis elle soupira, et ne put s'empêcher de remarquer tout haut :

- C'est triste. Vous savez, notre Jane Doe, elle a émergé pour ne dire qu'une seule chose, avant de partir à nouveau pour le pays des rêves.

- Ah ? Et tu étais là ? C'était quoi ? Quelque chose d'important peut-être ?

- Je l'ignore. Je crois que c'était un nom : Regina.

- Peut-être le sien ?

Une voix s'éleva soudain, plus forte que les autres.

- Tu as bien dit Regina ?

- Euh, oui. C'est ce que j'ai entendu. Enfin, je crois. Pourquoi ?

- J'ai eu une patiente, il y a quelques jours, qui s'appelait ainsi. Difficile d'oublier un prénom pareil ! Et encore plus, vu les circonstances.

- De quoi tu parles ?

- L'accidentée de la route, qui en fait, était apparemment une tentative de meurtre.

- Ah oui, la brune catatonique ?

- Exactement. Donc, si une autre personne a prononcé son nom, je pense qu'il faut prévenir la police sans tarder.

- Tu as raison. Je m'en occupe.

La ruche qui ne cessait de bourdonner fut soudain très silencieuse, lorsque le coup de fil fut passé. Une inspectrice se dépêcha à l'hôpital immédiatement.

L'inspectrice Darendel se présenta à l'accueil, et fut aussitôt conduite auprès de l'aide-soignante, avant de demander à voir la patiente en question. Elle avait une idée qui lui trottait dans la tête et s'était munie d'une photo, afin d'en avoir le cœur net. Elle pénétra dans la pièce obscure, et salua la patiente, qui ne lui répondit pas.

- Elle est dans un léger coma, mais elle est en phase de réveil. Elle pourra bientôt nous dire ce qu'il s'est passé.

L'agent opina de la tête, et plaça la photo à côté du visage de l'inconnue. Elle sourit.

- Bonjour, madame Charming.

L'aide-soignante fut surprise d'entendre ce nom.

- Vous la connaissez ?

- Oui, on recherche son corps depuis quatre jours. Je ne pensais pas retrouver une personne vivante. J'ai une bonne nouvelle à apporter à la famille, pour une fois. Et j'appelle immédiatement mes collègues, pour qu'ils montent la garde ici. Je partirai une fois qu'ils seront là. Hors de question de prendre le moindre risque. Et… J'aimerais que tout ceci reste entre nous, pour le moment.

- Bien sûr.

Trente minutes plus tard, deux agents étaient postés devant la porte de la chambre d'Emma, et personne ne pouvait approcher, à part les médecins et infirmières dûment identifiés. Elle se rendit directement chez les Charming, sans perdre une minute.

Elle sonna à la porte, aussitôt flanquée par quatre chiens de gardes, armés et prêts à en découdre. Elle montra son badge, et prit son air le moins avenant.

- Je dois voir Regina Mills et les Charming. C'est très urgent. Maintenant.

Un des hommes parla dans son oreillette, et aussitôt, l'accès s'ouvrit. Elle soupira. En effet, Mary-Margareth ne plaisantait pas quant à la sécurité de son domaine privé. Elle fut accueillie un peu fraîchement par les membres de la famille, qui avaient tous l'air d'avoir dormi une heure maximum. Regina semblait la plus atteinte, et avait clairement maigri. Elle se réjouit alors de la nouvelle qu'elle avait entre les mains.

- Bonjour à tous. J'ai une excellente nouvelle. Et je pense que vous devriez être attentif.

Tous la fixèrent, ne goûtant guère le suspense qu'elle instaurait.

- J'ai retrouvé Emma Charming.

Regina explosa en larmes, tandis que tous les autres s'étaient tendus. Elle comprit son erreur.

- Vivante !

- Quoi ?

Le croassement de la mère d'Emma ne passa pas inaperçue, et Regina fixa la policière, la bouche ouverte et les yeux écarquillés.

- Emma Charming est à l'hôpital central, en vie. Elle était dans le coma, mais elle se réveille progressivement et a prononcé un mot : Regina. C'est ce qui a permis de faire le lien avec vous. Elle est vivante !

La chape de plomb qui s'était emparée de la famille se leva d'un coup sec, mais tous étaient encore trop abasourdis pour bouger. L'inspectrice sourit.

- Peut-être voudriez-vous vous rendre à son chevet ? J'ai déjà placé deux gardes devant sa porte, afin qu'aucun autre fâcheux incident ne se produise.

David fut le premier à réagir, et hurla presque à la cantonade.

- Dans la voiture, vite !

Ce fut une volée de moineaux qui s'engouffra dans l'habitacle du monstrueux pick-up avec cabine, précipitamment. Mary-Margareth hurlait également de se dépêcher, tandis que la policière ouvrait la voix. Inutile de provoquer un autre accident.

Les retrouvailles avec la belle endormie furent rapides, mais frustrants. Elle n'était toujours pas réveillée. Ils restèrent à son chevet, sa compagne et sa mère ne bougeant pas d'un pouce de la chambre. Les hommes de la famille avaient discuté avec les policiers en faction, et se relayaient, afin d'identifier une quelconque menace. Tous faisaient corps autour de la blonde, et un véritable bouclier l'entourait, dorénavant.

Durant ce temps, l'inspectrice Darendel harcelait littéralement le service scientifique, afin d'obtenir des preuves matérielles, quant à cet accident, qui n'en était pas un. Au bout de cinq passages, et deux engueulades en règle sur leur vitesse d'escargot, un agent vint lui porter un rapport, et elle se leva d'un bond en le lisant.

- Je te tiens !

Elle partit rapidement, laissant tout le reste en plan. Elle fit un détour par l'hôpital, afin de s'assurer que tout se passait bien. Emma revenait à elle, de façon anarchique, mais elle était en bonne voie. Elle repartit alors, et se rendit à l'adresse indiquée par son GPS : la maison de Malcolm Pan. Ce dernier avait été remis en liberté, contre une lourde caution, vu son statut d'homme d'affaires respecté. Elle sonna à la porte d'entrée et patienta. Il se présenta lui-même, prêt à la chasser.

- Vous n'avez que ça a faire, bande de vautours ?!

- Pardon, Monsieur Pan, mais je suis de la police, et j'aurais quelques questions à vous poser.

- Voyez ça avec mon avocat ! Je m'en moque !

Il lui claqua la porte au nez, dans un geste rageur. Elle hoqueta, stupéfaite par l'agressivité de cet homme, qui n'avait vraiment pas peur de son insigne. Elle repartit, tout en sifflotant. Son plan avait parfaitement fonctionné. Elle revint dans les locaux de la police scientifique et transféra un fichier audio sur leur serveur, afin d'en faire une analyse comparative avec la preuve qu'elle avait exhumée du rapport transmis par ses collègues. Un sourire lui barra le visage, avant de bien vite s'effacer. Il ne fallait pas vendre la peau de l'ours avant de l'avoir tué.

Dans la chambre d'hôpital, Regina récitait une litanie, implorant sa bien-aimée de revenir vers elle. Son âme sœur ne pouvait pas lui faire ainsi faux-bond, encore une fois. Elle ne voulait pas lâcher sa main, malgré Mary-Margareth qui souhaitait en faire autant, mais savait qu'elle devait laisser la brune prendre cette place, sous peine de la voir basculer dans la folie. Toute la famille priait pour que la blonde revienne rapidement à elle, et n'ait pas de séquelles de son séjour prolongé dans l'eau. Mais ils n'en auraient le cœur net qu'une fois qu'elle se serait complètement réveillée. Lorsque Regina sentit une légère pression sur ses doigts, elle releva la tête et caressa doucement la chevelure de sa compagne. Tous avaient cessé de respirer, et attendaient un signe, prouvant qu'Emma revenait à elle. Un gémissement, puis un souffle plus appuyé leur indiqua que leur souhait était en train d'être exaucé. Regina s'était levée, et implorait sa moitié de revenir vers elle. Lorsqu'une émeraude s'ouvrit, des larmes inondèrent le visage de la brune, qui déposa un baiser sur la joue de la femme d'affaires.

- Enfin, enfin, tu daignes te montrer. Je n'espérais plus… Tu m'as tellement manquée.

- Regina ?

- Oui, c'est moi. Et tout le monde ! Nous sommes tous là. Pour toi.

Cette fois-ci, deux iris émeraudes étincelèrent, alors que la blonde s'éveillait pleinement. Elle tourna légèrement la tête, afin de voir sa famille, chacun avec un grand sourire aux lèvres. Sa mère vint à ses côtés, et lui serra la main également.

- Merci d'être revenue. Comment te sens-tu ?

- Pas terrible…

- Ce n'est pas grave, ça va aller de mieux en mieux.

Durant toute cette journée, toute la famille fut des plus soudée, et aucune personne ne fut acceptée dans la chambre, afin de protéger Emma et sa santé mentale.

Le lendemain, l'inspectrice Darendel reçut un rapport de la section scientifique. Elle l'ouvrit, et relut quatre fois la conclusion, afin d'être certaine de ce qu'elle avait sous les yeux. Puis, l'officier de garde vint l'informer qu'un homme patientait dans le hall, et souhaitait lui parler de l'affaire Charming.

- C'est parfait. Bon timing… Faites-le entrer, s'il vous plaît.

Quelques minutes plus tard, un homme brun et bien bâti observait la salle où se tenaient plusieurs bureaux d'inspecteurs, avant de fondre sur elle, une enveloppe épaisse sous le bras.

- Inspecteur Darendel ?

- Oui, c'est moi. Bonjour, monsieur ?

- Je suis Auguste, un des amis d'Emma Charming.

- Asseyez-vous, je vous en prie.

L'homme semblait nerveux, mais obéit sagement. Il jeta un coup d'œil par-dessus son épaule, et se retourna vers elle.

- Il n'y a pas d'oreilles indiscrètes, par ici ?

Elle fut surprise par la question, mais se garda bien d'émettre le moindre commentaire.

- L'endroit est sûr, vous pouvez vous tranquilliser.

- D'accord… Tenez, c'est pour vous.

Il lui tendit l'enveloppe. Elle arqua un sourcil, afin d'entendre de plus amples explications, quant à la livraison de ce colis.

- Il s'agit du dossier original qu'Emma avait réussi à monter contre le vice-président de sa société, ainsi qu'une partie du conseil d'administration. Tous les originaux sont dans cette enveloppe. Mais je ne voulais plus la garder, après ce qu'il s'est passé…

- Je comprends. Racontez-moi m'en plus, je suis toute ouïe.

- Par où commencer ?

Il resta deux heures, racontant tout ce qu'il savait, essayant tant bien que mal de rattacher les évènements entre eux. À la fin de l'entretien, il demanda un récépissé pour son dossier.

- Vous ne faites pas confiance à la police ?

- Regina Mills a trop souffert, pour être de nouveau traînée dans la boue. Je préfère assurer mes arrières.

- J'en conviens. Tenez, et apportez cela à qui de droit. Mon collègue de la financière sera ravi de disposer de telles informations, et je ne vais pas le lâcher d'une semelle, croyez-moi.

- Je ne demande qu'à vous croire…

- Bonne journée, Auguste.

- Inspecteur Darendel.

Il repartit, plus léger, les mains dans les poches. Il avait fait ce qu'il devait faire, afin de mettre tout le monde, et surtout le couple de femmes, en sécurité.

Durant plusieurs jours, la police eut beaucoup de difficultés à parler à Emma. En effet, la famille Charming faisait un blocage autour de la blonde, ne permettant à personne de l'approcher. Seule l'inspectrice Darendel parvint à obtenir une entrevue, en instillant une certaine curiosité parmi les membres de la famille. Elle prit la déposition de la blonde, et croisa les données qui étaient déjà en sa possession. Elle savait où elle voulait aller, et cela prenait du temps, de tout imbriquer. Elle organisa une réunion avec ses collègues de la financière, et exposa son plan. Il fut accueilli tièdement, mais elle réussit à leur soutirer leur accord, pour mener une opération conjointe. Elle sourit, en revenant chez elle, le soir même. Tout prendrait fin demain matin, à six heures tapantes. Elle mangea légèrement et se mit au lit. Elle devait se réveiller tôt, le lendemain.

Pendant qu'Emma et Regina dormaient encore à poings fermés, la police fit une descente dans deux domiciles distincts : celui de Malcolm Pan, et celui de la secrétaire de la blonde. Ils furent arrêtés, et la secrétaire fut la première à craquer. Elle devint un véritable moulin à paroles, que personne ne pouvait plus stopper, à la grande satisfaction des enquêteurs. Ils obtinrent les aveux qu'ils désiraient, et menaient diverses arrestations toute la journée. Cette dernière fut très productive, alors que la famille Charming s'offrait une séance de cinéma, afin de sortir pour se changer les idées.

Le lendemain, l'inspectrice Darendel se rendit à la demeure des Charming, et expliqua les derniers évènements. Elle leur fit part des avancées de l'enquête conjointe, et conclut la conversation, après avoir bu une tasse de thé.

- En définitive, ce fut cette dernière erreur qui a mené tout ce petit monde à leur perte. Je suis sincèrement désolée que vous ayez eu à subir tout cela, mesdames. J'espère que dorénavant, le destin sera plus clément pour vous.

Emma dodelina de la tête, appréhendant avec difficultés que tout cette histoire était derrière elles. Regina souffla, et semblait perdu dans ses pensées, un air triste peint sur le visage.

- Madame Mills, l'enquête ne saurait tarder à vous blanchir totalement. Vous pourriez donc récupérer votre patrimoine rapidement.

- Oh, vraiment ? Ce serait une bonne nouvelle. Enfin, pour l'instant, je crois qu'il nous faut réapprendre à vivre.

- Oui, je respecte ce point de vue. Trop d'épreuves peuvent laisser des traces. Je vous souhaite une bonne journée, je n'ai pas terminé mon rapport, mais je voulais être certaine que vous auriez la primeur du dénouement de cette affaire.

- Merci de votre sollicitude, inspectrice Darendel. Bonne journée également.

Une fois l'agent de police partie, David ne put s'empêcher d'émettre un long sifflement.

- Hé bien, si je m'attendais à une telle chose ! Le vice-président qui a demandé à sa secrétaire de saboter la voiture. Et dire que tu la prenais pour une idiote endimanchée… Emma, elle a bien failli te tuer, avec Regina.

- Oui, je n'en reviens pas. Elle était cousine avec le vice-président… La même famille de dégénérés… Ce qui explique qu'il avait toujours un coup d'avance. Elle le tenait au courant de tout ce qu'il se passait dans la société. C'était une mécanique bien huilée.

- Et vous deux, vous étiez des engrenages défaillants, pour eux. Ils vous ont donc mises au rebut.

Les deux femmes acquiescèrent, quelque peu désabusées. Aladin résuma la situation, afin que tout le monde comprenne bien les conséquences de ces arrestations.

- Une fois que Pan a été arrêté, à la soirée de gala, il a demandé à sa cousine, par le biais de son avocat, de s'occuper de vous deux, en sabotant la voiture des Charming, que vous aviez déjà utilisée. Il lui a demandé d'appeler, et de vous transmettre son message d'adieu, via un déformateur de voix. Il pensait que l'accident vous tuerait. Ça a bien failli… Mais l'inspectrice a comparé les deux voix enregistrées, puisque la boîte noire du véhicule a pu être retrouvée. Et elle l'a enregistrée en allant le voir chez lui. Il y avait concordance entre les voix, mettant ainsi en lumière son intention de vous éliminer. Ils ont tous les deux été arrêtés, et la secrétaire a donné les noms, ainsi qu'un listing avec l'argent perçu, par tous les membres du conseil d'administration impliqués dans l'affaire de corruption. Avec le dossier donné par Auguste, qui contenait tous les originaux, ils ne pourront pas s'en tirer, cette fois. Ils iront en prison. Mais vous, qu'allez-vous faire, maintenant que cette épée de Damoclès ne pèse plus sur vos têtes ?

Emma haussa les épaules, tandis que Regina avait les yeux perdus dans le vague.

- Je ne sais pas… Nous devons y réfléchir à tête reposée. D'ailleurs, je pense qu'il est temps que nous regagnions notre appartement, afin d'être un peu seules, avec Henri. Nous devons retrouver une vie de famille stable, avant toute autre chose.

- Je comprends.

Mary-Margareth sembla triste d'entendre cette nouvelle, mais elle capitula, sachant combien le couple avait besoin de se retrouver. Néanmoins, elle ne put s'empêcher de regimber.

- Mais je veux qu'une voiture avec des gardes reste en bas de chez vous, au moins une ou deux semaines, afin d'assurer votre sécurité ! Et ce n'est pas négociable !

- Très bien maman, inutile de discuter avec toi.

Elles firent rapidement leurs bagages, et repartirent le lendemain. Emma n'avait pas gardé de séquelles de son accident, et ses blessures s'étaient correctement refermées. Regina avait mis plus de temps pour guérir des brûlures laissées par sa sortie précipitée de la voiture folle. Mais tout rentrait dans l'ordre, progressivement.

Une fois tous rentrés au loft, la petite famille reprit tranquillement possession des lieux, afin de se recentrer sur l'essentiel. Henri était reparti à l'école, et Emma avait pris des vacances, incapable de revenir à son travail. Regina était toujours en arrêt, mais devait bientôt revenir bosser à la boucherie. Elles profitaient de chaque moment ensemble, et leur tendresse était revenue, comme au premier jour. Elles n'avaient pas refait l'amour depuis l'accident, car leurs corps avaient besoin de guérir, avant toute autre chose. Aussi l'amour et l'affection avaient remplacé le sexe. Elles étaient heureuses, d'être en vie, et ensemble. Emma apprenait la cuisine aux côtés de son âme sœur, tandis que Regina tentait de se détendre et s'obligeait à fainéanter sur le canapé des heures entières, souvent avec un livre à la main, afin de se reposer au maximum. Cela faisait cinq jours que cette douce routine s'était mise en place, et aucune des deux femmes ne souhaitait y mettre un terme. Henri, pour le week-end, avait été autorisé à se rendre chez son copain Neal, afin de savourer sa jeunesse retrouvée, puis tout le monde irait déjeuner chez les Charming le dimanche midi.

Lors du repas, les deux femmes observaient Aladin, qui semblait vouloir leur parler en privé. Aussi, après le délicieux dessert apporté par Regina, une charlotte au chocolat, elles s'isolèrent avec lui. Il tournait autour du pot, ce qui ne lui ressemblait pas. Emma s'en agaça.

- Mais vas-tu me dire ce que tu veux nous avouer, ou bien dois-je te tirer les vers du nez avec une pince à épiler ?

- Ne sois pas méchante, sœurette… J'ai simplement une question à poser à Regina, mais j'espère ne pas vous énerver au passage…

- Crache le morceau.

- Hum, alors… Il se pourrait que j'ai fait main basse sur une partie du magot de Malcolm Pan. Enfin j'ai peut-être remonté la piste d'un compte privé, et euh… Je l'ai peut-être siphonné, en grande partie ? On va dire ça. Et hum, comme Regina a perdu sa fortune, hé bien, je me suis dit que ce serait équitable que tu récupères cette somme. Voilà, quoi.

Devant l'air penaud d'Aladin, les deux femmes le regardèrent avec des yeux ronds. Puis Emma explosa.

- Mais t'es trop con ! T'as pas fait ça ? Hein ? T'es pas si stupide ?!

- Peut-être ?

- Merde ! Je vais te botter les…

Regina coupa sa compagne.

- Attends, Emma. C'est gentil d'avoir pensé à moi, Aladin, mais je ne veux pas de l'argent de cette pourriture. Par contre, il me vient une idée.

- Laquelle ?

- Pourrais-tu faire un don à la communauté de Storybrook, afin qu'ils puissent en profiter et redémarrer leurs vies ? Ce serait un beau pied de nez à ce salopard.

Emma contempla la brune, stupéfaite.

- Tu ne cesseras jamais de m'étonner… Tu penses d'abord aux autres, avant toi-même. Et Henri ? Pour ses études ? Ça pourrait servir plus tard.

- Je ne veux pas de leur fric ! C'est définitif, et le sujet est clos !

- Oui, chef !

Le frère et la sœur avaient répondu simultanément, créant un effet comique, qui n'échappa nullement à la mère de famille.

- Vous êtes impayables… Aladin, tu pourras faire ce que je te demande, s'il te plaît ?

- Avec un grand plaisir. Et Emma, arrête de me frapper, tout est rentré dans l'ordre.

- Si je veux, d'abord !

Ils se chamaillèrent encore un moment, avant de rejoindre le reste de la famille pour boire un café.

Dans l'ombre, Mary-Margareth n'avait rien perdu de cet échange, et elle s'effaça, afin de ne pas se faire prendre. Elle contacta une de ses connaissances, afin d'obtenir une chose bien précise.

Durant un mois, Emma resta à télétravailler depuis le loft, se rendant une journée par semaine à son bureau, tandis que Regina reprenait son poste de vendeuse à la boucherie. Henri voyait bien que la blonde n'était pas heureuse, mais il ne savait quoi faire. Il s'en ouvrit malgré tout à sa grand-mère, comme il l'appelait, et Mary-Margareth lui chiffonna les cheveux.

- Ne t'inquiète pas, mon chéri, tout cela va bientôt se résoudre, comme par magie !

L'enfant ne fut pas dupe, mais ne chercha pas à comprendre, faisant confiance à cette femme si déterminée.

Deux semaines plus tard, Regina recevait un pli, où il était officiellement fait mention de l'arrêt de la procédure judiciaire à son encontre, et de la restitution de son patrimoine dans les plus brefs délais. Elle ne douta pas un seul instant que sa belle-mère fut derrière cette accélération de la procédure, l'ayant entendu au téléphone, alors que cette dernière se croyait seule. Elle l'en remercia intérieurement, et récupéra ses biens quatre jours après. Une nouvelle page pouvait commencer.