Chers lecteurs trop sympas,

Voici la suite. On en apprend un peu plus sur le fonctionnement de Poudlard (et sur Potter, of course).
Merci pour vos comms, vos followitations et autre favoritudes.

Portez-vous bien, prenez du thé à la citrouille, à bientôt,

Al

PS : apparemment y a des bugs on ff. faut cocher un truc dans les paramètres du profil pour recevoir les alertes j'ai cru comprendre.


À la fin de sa journée de travail, Drago se sentait éreinté mais plutôt content de lui. Il lui restait une heure d'étude à surveiller (première année, ça devrait pas être trop compliqué), une retenue avec quatre élèves (s'il se débrouillait bien, il n'aurait rien à faire, juste à leur jeter des regards brûlants de mépris) et une ronde avec Lovegood (maudite Minnie !) avant de retrouver son lit moelleux et délicieux ; mais le gros du travail était fait. Les Serdaigle de première année venaient de quitter sa salle de classe pour la récréation : il avait vingt minutes de pause avant de surveiller l'étude.

Il s'étira en arrière, fit craquer son dos avec conviction et attrapa sa baguette : en trois gestes précis le tableau s'effaça, les placards se refermèrent et les paillasses reluisirent. Les ingrédients que les quatre collés du jour allaient devoir trier étaient répartis sur quatre paillasses. Bien sûr, la paillasse réservée à Bubble était recouverte des ingrédients les plus dégoûtants.

Alors que Drago s'apprêtait à quitter sa salle de cours, un avion en papier apparut devant lui.

« Purin de dragon… »

Une note de McGo. Il la déplia.

Miss Lovegood indisponible. L'étude des premières années sera dans la Grande salle avec les deuxièmes et troisièmes années.

Drago réprima un nouveau juron. Sur une idée (que Drago ne voulait pas reconnaître intelligente) de Weasley, les études avaient été réglementées ainsi : un prof pour un niveau. Même les sixièmes et septièmes années, jusque là laissés autonomes, étaient ainsi encadrés pour éviter les débordements. Et contre toute attente, cette organisation portait ses fruits : l'époque où les jumeaux Weasley refilaient leur came à d'autres étudiants pendant l'étude était révolue.

Là, si Lovegood ne pouvait pas s'occuper des troisièmes années, ça voulait dire qu'il allait se retrouver avec un autre professeur.

Il pria sincèrement pour que ce soit Londubat ou Flitwick. Ou Patil, à la rigueur : il pouvait toujours l'ignorer royalement. Mais pas Granger ni Weasley.

Et surtout pas Potter.

« Je t'avoue que je m'inquiète pour Luna. »

Bien évidemment, Potter était juste derrière la porte quand il quitta son cachot. Drago soupira en verrouillant sa porte.

« T'as des frayeurs pour rien, froussard. Lovegood pourrait mater un troupeau d'hippogriffes et leur apprendre à faire des claquettes avant même que t'aies eu le temps de sortir ta baguette.

- Elle a dû rentrer chez elle pour s'allonger. Elle n'a pas assuré ses cours de cet après-midi.

- C'est l'école publique, que veux-tu… »

Potter plissa ses yeux anormalement verts et répliqua :

« Toi qui es si fort en potions, tu pourrais pas la dépanner ? Lui donner une petite potion pour calmer le bébé ?

- Loufoca refuse de boire des potions. Elle ne se soigne qu'en décoctions et autres tisanes sans pesticides. C'est Londubat que tu dois aller emmerder, pas moi.

- Luna est trop… éthérée, reprit Potter. Son fiancé devrait lui forcer la main, parfois. Même si je suis pour qu'on respecte les décisions des femmes, je trouve qu'il devrait arrêter de… Enfin, tu vois… Elle a parfois du mal à voir qu'elle est trop fatiguée.

- Qu'est-ce que tu ne comprends pas dans va emmerder Londubat et fous-moi la paix ?

- Hermione m'a dit que l'abus de mandragore peut entraîner des contractions. Bon normalement, la grossesse est encore trop récente pour que ça crée un vrai danger mais bon…

- Parce que t'as toujours pas appris à lire ? Y a des infos dans les grimoires de gynécomagie, tu sais… »

Le regard de Potter étincela. Drago se demanda combien de temps Potter allait le suivre dans les couloirs.

« Hermione m'a dit que tu t'inquiétais de savoir si elle lisait mon courrier.

- Le courrier, c'est perso. »

Surtout les lettres qu'ils s'étaient envoyées.

« Je n'ai pas de secret pour Hermione. Ni pour Ron, d'ailleurs.

- Pas même nous ? »

C'était sorti trop vite et Drago s'en voulut immédiatement. Se montrer si faible face à Potter ! Comme une groupie encore folle de son héros même quand celui-ci l'a totalement ignorée. Mais il avait besoin de savoir, même s'il devait faire une croix temporaire sur son orgueil.

Potter devint très sérieux.

« Tu veux vraiment régler ça maintenant, Malefoy ?

- C'est toi qui mets le sujet sur le tapis, Potter. Faut choisir tes moments. »

Potter ne pipa mot pendant quelques secondes, le temps qu'ils atteignent l'escalier qui menait au rez-de-chaussée.

« Je n'ai jamais parlé de toi à personne. Tu es my dirty little secret. »

Drago ne sut quoi en penser. Déjà, l'utilisation du présent… Mais après tout, Potter avait aussi été son sale petit secret sang-mêlé. Jamais il n'aurait pu avouer (et encore aujourd'hui ça lui semblait impensable de le reconnaître) tout ce qui s'était passé durant sa sixième année.

« C'est aussi pour ça que je te détestais. Je ne pouvais pas parler de toi à Hermione, elle trouvait déjà que je parlais trop de toi, que j'étais obsédé… J'ai jamais pu lui dire ce qui se passait entre nous.

- Tu avais honte de nous, je vois très bien. »

Drago avait mal à la gorge, mal au cœur et mal à la tête. Tout ça à la fois. C'était étonnant. C'était une douleur encore plus aiguë que la dragoncelle.

« T'inquiète pas, t'es pas le seul dans ta couardise. Moi non plus je n'en ai jamais parlé à mes amis. Mais au moins je ne suis pas dans la maison des fiers et preux. »

Il avala trois marches d'un coup et mit définitivement trop de distance entre lui et Potter pour qu'il puisse le suivre sans avoir l'air de lui courir après.

Fort heureusement, il se retrouva à surveiller l'étude avec Londubat.

« Ça va, vieux ? »

Drago ne répondit rien, simulant d'être captivé par son livre.

« Y a le petit Kevin qui a besoin d'aide en potions. Tu veux bien aller voir ?

- Londubat, même toi tu peux t'en sortir avec des potions de première année.

- Il est sur une potion de deuxième année, déjà.

- Ça lui apprendra à vouloir aller trop vite.

- Malefoy, s'il te plaît… »

Drago leva les yeux de son livre.

« C'est le Serdaigle surdoué, c'est ça ?

- Ouais. Et tu sais bien que les options n'arrivent qu'en troisième année. Faut l'occuper. »

Kevin Abbadon était brillantissime : il pigeait tout, et bien trop vite par rapport à ses camarades. Il avait déjà réussi à placer sa maison en tête pour la coupe (les Serpentard étaient juste derrière, donc Drago n'était pas encore trop inquiet. Après tout, on n'était que le 5 septembre, il avait largement le temps de faire remonter son équipe dans les sondages.) Son seul problème, c'est qu'il était asocial et subissait donc déjà une forme d'ostracisme dans son niveau. Flitwick avait averti les professeurs le matin-même qu'un harcèlement pouvait se mettre en place en douce : les Serdaigle n'étaient pas aussi sympathiques que des Poufsouffle et presque aussi sournois que les Serpentard. Lovegood pouvait en témoigner.

Drago reposa son livre.

« Il se fait emmerder par ses voisins, c'est ça ?

- Oui.

- Et tu penses que j'y peux quelque chose ? Je ne suis pas son directeur de maison…

- Il ne sera jamais autant protégé que s'il appartient aux Dragons. Les Serpentard le laisseront tranquille, les Serdaigle verront bien que tu le surveilles, les Gryffondor arrêteront de lui chercher des noises.

- Et les Poufsouffle ? »

Londubat ricana :

« S'il te plaît, tu sais bien que les Poufsouffle sont inoffensifs. C'est bien pour ça que je n'en suis pas un. »

Drago se leva :

« C'est bien la dernière fois que je te fais plaisir. Et tu sais combien ça te coûtera.

- Mon champifleur n'attend que toi. »

Drago remonta les tables sans ignorer que les élèves se redressaient et se taisaient sur son passage. Il arriva devant le petit Kevin Abbadon, plongé dans un grimoire d'allure peu ragoûtante. D'un coup d'œil, Drago vit qu'il regardait comment concocter un philtre Aiguise-méninges.

« Abbadon. »

Le petit sursauta. Drago ne s'en formalisa pas et lui jeta d'un ton froid, s'assurant que tous les Serdaigles présents autour d'eux l'entendent (la rumeur ferait le reste) :

« Il vous faudra l'abrégé d'herboristerie du professeur Babblefruit. Et une édition plus récente de votre manuel : la réédition de 2003 met en garde contre l'utilisation de la passiflore pour les potions de concentration. Je vous ferai un mot pour que Mrs Pince vous laisse prendre les manuels dont vous aurez besoin dans la réserve. »

Le Serdaigle le regardait avec des yeux adorateurs et hocha frénétiquement la tête en réponse, incapable de parler, preuve que l'émotion et la gêne le submergeaient. Drago ne s'attendrit pas et se détourna du petit nouveau. Il vit alors un groupe de Serpentard de deuxième année s'avancer vers lui, sûrement pour lui demander quelque chose. Alors il asséna bien fort, pour que tous les élèves de toutes maisons confondues l'entendent :

« Et n'oubliez pas la devise de Poudlard, vous tous. Ne titillez pas le dragon qui dort. Et Abbadon est très certainement un dragon. »

Les Serpentard hochèrent la tête et Drago retourna vers la table professorale.

« Je le savais, qu'au fond, t'avais grand cœur.

- Ferme-la, Londubat. C'est uniquement pour ta racine de datura et ton champifleur que j'ai fait ça.

- Au fond, tu aurais pu terminer à Gryffondor : prendre la défense du plus faible, c'est un trait de caractère.

- Continue comme ça et je t'empoisonne la semaine prochaine. »

Bien sûr, Londubat ne prit pas sa menace au sérieux et éclata de rire.

Il le lui ferait payer, tiens. Il lui verserait du Trompe-la-mort dans sa soupe. Ça lui apprendrait à se moquer de lui. Londubat passerait trois jours à l'infirmerie pour se purger, ça lui ferait du bien.

Ou du sel dans son café. Tout aussi chiant mais beaucoup moins dangereux.