- L'AUTRE -


Précisions : Comme vous ne l'ignorez sans doute pas, Harry Potter est né de la fabuleuse imagination de J.K.Rowling.

L'idée de base de cette histoire m'est venue de la lecture des Neuf mondes, magnifique projet d'écriture de Shinia Marina et shakes kinder pinguy qui ont créé une communauté (lesneufmondes) sur LiveJournal pour mettre en ligne leur épopée. Vous les trouverez dans mes auteurs favoris, et le lien vers la communauté sur dans mon profil. Je vous engage vivement à aller les lire, personnellement, j'adore ce qu'elles font.

Mon histoire ne serait pas non plus ce qu'elle est sans les précieux conseils et relectures de Fenice, Calimera et Monsieur Alixe.

Vous vous doutez bien que dans ces conditions, on ne me laisse pas gagner d'argent avec mes petites histoires.


V : Discussion

Au cours de cette longue nuit, nous avons comparé nos vies et celles de nos parents. Tout est venu un peu dans le désordre, au gré de nos associations d'idées et des questions que nous nous posions mutuellement.

Il semblait que la jeunesse de Lily et James Potter ait été la même dans les deux mondes. L'Autre en connaissait beaucoup moins d'épisodes que moi, mais tout ce que je lui révélai cadrait avec le peu que les amis de ses parents lui avaient raconté.

De son côté, il m'a parlé d'une scène de la cinquième année de James qui n'avait jamais évoquée devant moi. Mais ce dernier n'y apparaissait pas vraiment à son avantage, et il n'était pas impossible qu'elle ait existé dans mon monde et qu'il ne s'en soit pas vanté. De plus, elle illustrait assez bien l'animosité qui existait entre lui et Severus Rogue.

Mon double me reparla de la prophétie. La fameuse prophétie. Je compris à quel point elle avait changé sa vie. Et à quel point elle l'effrayait par ce qu'elle impliquait. Je fus surpris d'apprendre que c'était Trelawney qui l'avait énoncée.

"Trelawney ? Elle dit de vraies prophéties ? m'étonnai-je.

- Pas souvent, mais ça lui arrive, m'assura-t-il. Elle en a fait une devant moi, une fois. Mais c'est vrai que le reste du temps, elle raconte n'importe quoi. Elle enseigne aussi chez toi ?

- Oui, mais j'ai pas pris divination. Ma mère a insisté pour que je prenne arithmancie à la place.

- C'est bizarre !

- Qu'est-ce qui est bizarre ?

- Dumbledore m'a dit qu'il n'avait pas l'intention de l'engager. Ce n'est qu'après sa prédiction qu'il a préféré la garder à l'abri, à Poudlard, m'expliqua-t-il.

- Mais alors, pourquoi l'aurait-il engagée, dans mon monde ? demandai-je.

- C'est précisément la question que je me pose. Il y a peut-être une autre raison, hasarda-t-il.

- Elle a peut-être fait une autre prédiction, avançai-je.

- Ou la même qui ne s'est pas réalisée, proposa-t-il.

- Peut-être qu'elle désignait celui qui a arrêté de Tu-Sais-Qui dans mon monde, continuai-je sur ma lancée.

- Quand a-t-il été arrêté ? demanda-t-il.

- Le 31 octobre 1981", répondis-je.

Ma réponse le laissa pensif.

"Il s'apprêtait peut-être à aller tuer tes parents, supputa-t-il.

- Il n'avait aucune raison de chercher à les tuer si la prophétie ne parlait pas de moi", opposai-je.

Il secoua la tête d'agacement :

"Tu es sûr que tu n'as jamais entendu parler d'une prédiction ? insista-t-il.

- Certain. Mais cela ne signifie pas qu'elle n'ait pas existée, admis-je. On aurait pu me la cacher, comme à toi. Cela dit, elle ne peut pas indiquer que je dois tuer le Seigneur des Ténèbres, car dans mon monde, ce n'est pas possible. Il n'est plus dangereux, maintenant, privé de son âme à Azkaban. D'ailleurs, il est peut-être mort depuis longtemps."

Nous avons laissé tomber le sujet, ne sachant quoi dire de plus. Il me raconta par le menu ce qui s'était passé le trente et un octobre 1981. Quand je lui demandai comment il pouvait en connaître les détails, il m'avoua, sur un ton qui se voulait détaché, qu'il entendait toute la scène dans sa tête, en présence de Détraqueurs. La compassion qui me saisit à cette révélation me coupa presque le souffle. Je détournai vivement les yeux pour qu'il ne puisse s'en rendre compte, et en être blessé ou embarrassé.

Heureusement, il enchaîna très vite sur les cours que lui avait donnés Remus, quand il avait eu besoin d'apprendre à créer un Patronus. Il me demanda quelle était la vie de notre ami dans mon monde, et je lui fis très plaisir en lui parlant de sa modeste carrière au Ministère dans les services de régulation des créatures magiques. Bien entendu, certains de ses collègues le considéraient comme à peine plus humain que les Trolls ou les Détraqueurs qu'ils étaient chargés de contrôler, mais d'autres avaient appris à le connaître et à l'apprécier.

Non, il n'était pas marié. J'avais surpris une conversation entre mes parents à ce sujet. Mon père regrettait que son ami considère son état comme empêchant toute idée de mariage et même de liaison sérieuse. Je crus comprendre que les deux amis semblaient avoir eu de nombreuses discussions à ce sujet, mais visiblement mon père n'avait jamais réussi à convaincre Remus.

Parler de Sirius fut très douloureux pour l'Autre. Mais il insista pour que je lui dise le plus de choses possibles sur la femme de mon parrain, Antje, et leur fille, Alys. Il me demanda plusieurs fois si celui-ci était heureux, et je lui répondis que oui.

Il me demanda ensuite s'il vivait Place Grimmaurd. Ce n'est que lorsqu'il précisa que c'était l'antique maison des Black que je compris de quoi il parlait. Je lui appris que mon Sirius avait vendu la maison de ses parents après la mort de sa mère, sans jamais y remettre les pieds.

Mon double évoqua pour moi son séjour dans cette maison des horreurs et termina en me racontant les circonstances dans lesquelles son parrain avait disparu. Les mots avaient du mal à sortir. Il me fit là une véritable confession, et, aussi douloureux que cela semblait être pour lui d'évoquer ce jour-là, je sentis qu'il avait besoin de m'en parler.

Même si son récit laissait apparaître les responsabilités diverses qui avaient abouti à ce résultat, à savoir le mensonge de l'elfe, les cours d'Occlumancie sabotés par Rogue, les silences de Dumbledore, il se considérait cependant comme le principal responsable de la disparition de son parrain. C'est lui qui avait pris la mauvaise décision, lui qui avait désobéi aux directives des adultes et lui qui n'avait pas écouté Hermione. En outre, il avait mis ses amis en danger de mort.

"Ils n'étaient pas obligés de te suivre, lui fis-je remarquer. S'ils sont venus, c'est qu'ils étaient d'accord avec ton analyse de la situation.

- Justement, non. Hermione a essayé de me retenir.

- Raison de plus pour ne pas y aller. Tu ne peux pas te considérer comme responsable du choix des autres. De toute façon, ils ne sont pas de ton côté uniquement pour te faire plaisir. Si tu perds, ils sont mal barrés, eux aussi.

- Peut-être, mais si j'avais pas voulu aller au Ministère, Sirius serait encore vivant !

- Qu'en sais-tu ? Et qui sait ce que Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom aurait imaginé pour te faire aller là-bas, si cette tactique n'avait pas marché. Il aurait peut-être enlevé Ron ou Hermione, et c'est eux qui seraient morts.

- Tu veux que je me félicite de ce qui est arrivé à Sirius ?

- Je te fais simplement remarquer que c'est débile de te croire responsable de tout. Il y a eu des morts dans la guerre que mes parents ont menée avant ma naissance. Il y en aura dans la tienne. Tu n'y peux rien."

Il haussa les épaules, manifestement peu désireux de poursuivre notre conversation sur ce thème. Je changeai donc de sujet :

"Je sais que Ginny est coriace, et j'ai vu Ron et Hermione en cours de défense. Mais j'ai du mal à imaginer Neville et Luna se battre contre des Mangemorts."

Il me parla alors de l'A.D., ces cours clandestins de défense qu'il avait donnés l'année précédente, et je compris d'où il tenait ses aptitudes à enseigner.

Nous avons ensuite comparé la personnalité de nos amis.

"Elle est comment, Luna, chez toi ? me demanda-t-il :

"Comme ici. Fantasque, décalée et amie avec Ginny, répondis-je. J'adore ses commentaires. Des fois, j'invente des trucs déments, et je lui en parle. Une fois, je lui ai raconté une histoire inspirée d'un livre de Fantasy moldue que ma mère avait acheté à ma sœur Rose. J'ai tout retrouvé dans le Chicaneur un mois plus tard, avec plein de détails inédits. Mon père était mort de rire quand je lui ai raconté.

- J'imagine", estima-t-il en souriant lui-même.

Je lui ai ensuite décrit mon Neville à moi : beaucoup plus affirmé que celui qui vivait ici, pince sans rire, populaire. Dans un premier mouvement, l'Autre fut sembla avoir du mal à me croire. Puis il admit que la façon dont sa grand-mère avait élevé notre condisciple n'avait pas dû l'aider à montrer tout son potentiel. Je lui demandai ce qui était arrivé aux parents de mon ami et, après avoir hésité un instant, il me le dit. Je ressentis une nouvelle fois une profonde compassion, et je lus dans les yeux de mon double la réplique de ce que je ressentais.

Nous avons longuement parlé de Ginny. Cela lui faisait plaisir, et j'étais également très curieux de mieux connaître ma meilleure amie. Il me raconta l'épreuve qui avait été la sienne lors de sa première année. Je fus bouleversé d'apprendre qu'elle avait été la victime d'une résonance de Vous-Savez-Qui. Malgré cela, je jugeai qu'elle était restée assez semblable à celle que je connaissais. Tout comme dans mon monde, elle était une version féminine de ses frères jumeaux.

Il me demanda comment étaient les jumeaux chez moi. Une fois que j'eus terminé ma description, il m'affirma qu'ils étaient bien pareils ici. J'en profitai pour lui demander s'il savait comment ils avaient fait pour trouver les fonds nécessaire à l'ouverture de leur magasin. Je le sentis hésiter, mais il m'avoua assez vite que c'était lui qui leur avait donné l'argent. Cela me stupéfia. Bien que très proche des jumeaux, je n'avais jamais pensé qu'ils pourraient avoir de tels projets si on leur en donnait les moyens. Ils m'avaient confié leur intention de vendre leurs produits par l'intermédiaire de Zonko et je n'étais pas allé chercher plus loin, alors même que les activités de mon père auraient dû m'en donner l'idée. Honteux, je demandai à mon double comment, lui, avait été amené à leur faire cette proposition.

C 'est ainsi qu'il se retrouva à me parler du Tournoi des trois sorciers.

Je fus impressionné par ses performances lors des épreuves, mais ce n'était rien par rapport à ce qu'il avait vécu ensuite. Je fus tétanisé par le récit de ce qui s'était déroulé dans le cimetière. Il avait adopté un ton impersonnel, comme s'il n'était pas celui qui avait subi cette terrible épreuve. Mais rien ne pouvait effacer l'horreur de la renaissance macabre du Seigneur des Ténèbres, les trois impardonnables lancés sur mon double, les fantômes sortant de la baguette de leur meurtrier, ni la mort subite de Diggory.

De toutes ces atrocités, ce fut le meurtre dont Peter était l'auteur qui me troubla le plus. Parce que dans mon monde, le meurtrier était l'ami de mon père, un adulte en qui j'avais toujours eu confiance. Jusqu'à ce moment, j'avais réussi à occulter qu'il avait, ici, trahi mes parents au profit de Voldemort. Peut-être qu'au fond de moi, je m'étais persuadé qu'il n'avait pas eu le choix, qu'on l'avait forcé à révéler le secret dont il était le gardien. Mais apprendre qu'il avait froidement abattu un adolescent m'obligeait à admettre sa noirceur. Derrière le gentil Peter, il y avait un être fourbe, prêt aux pires vilenies pour complaire à son maître.

L'Autre me demanda ce que Peter était devenu, dans ma vie à moi. Mal à l'aise, je lui révélai qu'il voyait toujours régulièrement mes parents, et qu'il travaillait dans une des animaleries du Chemin de Traverse. Il s'entendait généralement bien avec les animaux. "Avec les chats, aussi ? avait demandé l'Autre avec dérision, faisant sans doute allusion à sa forme d'Animagus. Puis, il me demanda si Peter était marié. Non, il ne l'était pas, mais cela faisait plusieurs années qu'il vivait avec la même femme.

"Une petite vie bien tranquille ! avait ironisé l'Autre, toujours aussi amer quand il s'agissait de lui.

- Dans cette vie-là, il n'a rien fait de mal, lui répondis-je, prenant perversement la défense de l'indéfendable.

- Tu n'en sais rien, me répliqua-t-il. Et puis, jusqu'à la prophétie, nos parents sont exactement les mêmes dans les deux mondes, non ? Et lui aussi, sans doute. Dans les mêmes conditions, il aurait donc fait les mêmes choix. Ce sale rat est pourri !

- Ce n'est pas la peine de t'énerver comme ça ! lui fis-je remarquer. Il n'est pas dans ton monde, de toute façon. Tu as bien assez à t'occuper du tien.

- C'est vrai, grogna-t-il. La prochaine fois que je le croise, je ne le raterai pas. Quand je pense que c'est moi qui ai convaincu Remus et Sirius de ne pas le tuer ! Mais quel crétin j'ai été !"

Je l'interrogeai sur cet épisode, et il me raconta ce qui s'était passé dans la Cabane Hurlante, lors de sa première rencontre avec Sirius. J'avoue que j'eus du mal à imaginer Remus et Sirius pointer leur baguette sur Peter avec l'intention de le tuer. Tout comme l'idée que Peter ait pu passer douze ans sous la forme d'un rat me paraissait démente. Je ne l'avais d'ailleurs jamais vu transformé, ne connaissant son Animagus que par ouï-dire. Il faut dire que c'était moins glorieux que le cerf ou le chien.

La nuit était bien avancée et, comme pour éloigner de lui les souvenirs sombres qu'il avait retrouvés pour moi, mon double se leva pour ranimer le feu qui était sur le point de s'éteindre. Cela faisait des heures que Dobby était passé chercher les reliefs de notre repas et nous souhaiter bonne nuit. Tout le monde devait dormir dans le château.

Je le regardai remuer les braises, si semblable à mon père dans la semi-obscurité. Tout comme moi, il était plus mince que lui, mais je retrouvai la chevelure à épis, le reflet des lunettes et le profil que nous partagions tous les trois.

Jusqu'à maintenant, je l'avais considéré comme une insulte à ma personne : il avait mon apparence, portait mon nom et mon prénom et avait ma place dans cette école. Lui-même m'ignorait avec ostentation et cela me convenait parfaitement. Si je parlais normalement à Hermione, Ginny, Neville et à nos autres camarades de chambre, en dix semaines, nous nous étions à peine adressé la parole, si l'on exceptait la discussion que nous avions eue à propos de Ginny.

Mais après tous ces souvenirs partagés, j'avais la sensation qu'il était de ma chair et de mon sang. Nous avions les mêmes parents, et je me sentais solidaire de ses déboires. Il était mon double, mon ami, mon confident. Il était mon frère.

Il se redressa et reprit sa place dans le large et moelleux fauteuil dans lequel il s'était installé en début de soirée. Il s'y pelotonna puis me demanda très doucement :

" S'il te plait, parle-moi de nos parents."

oO§O§Oo

J'eus beaucoup de mal à commencer. J'avais peur de le blesser en racontant mon enfance qui d'un seul coup m'apparut singulièrement heureuse et choyée. J'avais toujours considéré ma famille comme banale : des parents que j'aimais beaucoup, mais dont les remontrances et conseils m'agaçaient, une petite sœur, assez mignonne à ses heures, mais la plupart du temps pot-de-colle et piailleuse.

Devant cet autre moi-même qui avait eu une enfance calamiteuse – les rares allusions qu'on en avait fait devant moi avaient été assez parlantes, j'avais presque honte d'avoir eu autant de bonheur sans le mériter et, surtout, sans en apprécier la valeur. Mais il insistait pour avoir toujours plus de détails et il me fut impossible de résister à ses demandes tant je sentais dans sa voix le besoin qu'il avait d'en savoir davantage.

Je commençai par évoquer mon père. Mon père, avec son rire communicatif, ses traits d'esprit, ses idées farfelues. Mon père, héritier des Potter qui, sous ses dehors frivoles, avait une assez haute idée des responsabilités qu'il avait envers sa famille, son nom et sa communauté. Il n'avait pas de travail à proprement parler, mais il gérait la fortune familiale. Sa marotte était de découvrir de nouveaux talents et d'investir en eux pour qu'ils puissent mettre leurs idées en pratique. Il avait ainsi investi dans l'art, les sciences et le commerce. Il ne se contentait pas de donner de l'argent à ses protégés. Il les mettait aussi en contact avec des personnes pouvant les aider à réaliser leurs rêves, et suivait leurs progrès de près, avec une insatiable curiosité.

Je parlai ensuite de Rose, qui avait cinq ans de moins que moi. Elle avait les cheveux de Maman, les yeux de Papa. Elle était assez rêveuse et elle adorait les vieilles légendes sorcières et moldues que ma mère lui racontait. Elle aimait lire aussi, farfouiller dans mes affaires, et me poser des questions idiotes. Une petite sœur, quoi ! Elle avait insisté pour avoir un chien, et une espèce de boule de poils mordilleuse hantait notre maison et notre jardin.

Enfin, j'entrepris d'évoquer ma mère. Elle était affectueuse, jolie et gaie. Elle suivait mes études avec attention et avait, concernant mes frasques, en général beaucoup moins de tolérance que mon père. J'avais déjà reçu deux beuglantes de sa part durant ma scolarité, dans lesquelles elle n'avait pas mâché ses mots. Elle faisait des recherches indépendantes.

"C'est quoi des recherches indépendantes, avait demandé mon double.

- Des recherches qui sont faites en dehors du cadre du département des Mystères, lui expliquai-je. Papa dit toujours que Maman est son meilleur investissement.

- Et quel genre de recherches fait-elle ? s'enquit-il.

- Elle étudie la magie ancienne. C'est un sujet qui la passionne, lui expliquai-je, plus loquace à ce sujet que je ne l'avais jamais été. Elle commence à être connue pour ça dans le monde sorcier, tu sais. Elle a retrouvé d'anciens sorts qui avaient été oubliés, car consignés dans plusieurs ouvrages que personne ne consultait plus. Certains ont même intéressé le Ministère, mais je ne sais pas trop de quoi il s'agit car Maman n'avait pas le droit d'en parler. Concernant d'autres sortilèges, moins contrôlés, elle a écrit un livre dans lequel elle rassemble toutes ces connaissances éparpillées et inexploitées.

- Elle a vraiment travaillé avec Rogue ? se rappela Harry.

- Oui. Lui, il fait la même chose, mais pour les potions. Papa dit qu'il retrouve des recettes de magie noire, mais Maman affirme que non. Enfin, plus exactement, la magie ancienne n'est ni noire ni blanche, mais quelque part entre les deux. Tout dépend de l'usage qu'on en fait. Si j'ai bien compris, la limite de Maman est le gris clair et celle de Rogue, le gris foncé.

- Dans ton monde, peut-être. Car ici, il a clairement dépassé la limite. Il a été Mangemort, tu sais. Il paraît qu'il est ensuite passé du côté de Dumbledore et qu'il aurait espionné pour lui, mais je suis loin d'être convaincu par sa conversion. affirma mon double.

- Mais dans ce cas, c'est dangereux qu'il soit à Poudlard ! m'écriai-je, outré que le directeur lui fasse courir des risques supplémentaire, alors que les circonstances étaient déjà très périlleuses.

- Je le sais bien, mais Dumbledore refuse de mettre en doute sa fidélité à l'Ordre, fit Harry d'une voix agacée.

- L'Ordre ?

- L'Ordre du Phénix, m'expliqua-t-il. Une organisation secrète, dont Dumbledore est le chef, et qui combat Voldemort. Nos parents en ont fait partie.

- C'est vrai ? m'étonnai-je. Ils me parlent assez peu de leur combat", commentai-je, pour expliquer mon ignorance.

Mon double revint à notre conversation initiale :

"Ta mère ne fait que rechercher dans les livres ou elle fait aussi des découvertes ? demanda-t-il.

- Un peu des deux. Elle trouve des parties de formules ou de rituels, et elle fait des expériences pour les compléter.

- Elle me fait un peu penser à Hermione, commenta-t-il d'une voix ensommeillée.

- Ton Hermione, oui, c'est vrai, admis-je. Par contre, tempérai-je, la mienne est un peu trop revêche pour être comparée à Maman.

- Elles ne sont peut-être pas si différentes que tu crois, bailla-t-il.

- Peut-être", répondis-je mollement, gagné moi aussi par le sommeil.

Le silence est retombé, et nous nous sommes endormis.

oO§O§Oo

Nous fûmes réveillés par l'Elfe Dobby, inquiet de nous retrouver dans les fauteuils de la salle commune, quand il vint nous livrer notre petit déjeuner. Assommés de n'avoir dormi que trois heures, nous sommes allés dans l'une des salles de bains communes disposées à mi-étage des dortoirs, pour nous rafraîchir un peu. Nous avons investi deux lavabos contigus et nous sommes passés le visage à l'eau froide.

Quand nous nous sommes redressés et avons émergés de nos serviettes de toilette, nous nous sommes vus côte à côte, réfléchis par le grand miroir disposé au dessus des vasques. Ce fut très troublant de nous voir ainsi tous les deux.

"Ça doit faire bizarre pour les autres, nota Harry.

- Oui, approuvai-je. T'as remarqué, au moins, que j'ai changé de coiffure pour faciliter notre identification ?

- Bien sûr ! me répondit-il du ton de celui qui n'a rien remarqué du tout.

- Hé, Potter, le taquinai-je, tu devrais faire réviser tes lunettes. T'es complètement bigleux.

- Au fait, me demanda-t-il. Comment tu veux que je t'appelle ?

- T'as qu'à dire Simon, lui répondis-je. Je suis habitué, maintenant. Et puis, c'est toi le Harry Potter, ici.

- Désolé, murmura-t-il embarrassé.

- De quoi ? demandai-je. C'est pas de ta faute si j'ai atterri ici. A moins que tu m'aies caché quelque chose. Tu as fait un rituel d'invocation ? Tu as craché trois fois au-dessus de ton épaule gauche un jour de nouvelle lune, alors que Mars était en conjonction avec Saturne ?

- Euh, tu crois que cela aurait marché ? demanda-t-il avec une moue amusée.

- Je ne sais pas. Et si on tentait le coup ? Si ça se trouve, il y a une infinité de mondes parallèles. Il nous suffit de récupérer une cinquantaine de Harry Potter, et ton Voldemort, on n'en ferait qu'une bouchée !"

L'idée parut lui plaire, et c'est d'assez bonne humeur que nous avons mangé nos œufs au bacon.

oO§O§Oo

"J'aimerais tant faire un tour en balai, soupira-t-il, une fois rassasié, en regardant le ciel bleu par la fenêtre ouverte.

- On n'a qu'à demander à McGonagall, proposai-je.

- Elle ne va jamais vouloir !

- Elle était très en colère l'autre fois, parce qu'elle avait eu peur pour nous. Mais elle doit être un peu calmée, maintenant.

- Et comment on lui demande ? me demanda Harry, dubitatif.

- On écrit notre demande sur un bout de papier et on met nos cours de sortilège en pratique, proposai-je. Son bureau n'est pas loin. On devrait bien arriver à y faire voler un petit bout de parchemin."

Il ne parut pas très convaincu, mais il sortit une feuille de son sac. Après un court débat, nous avons marqué "Professeur, pourrions-nous sortir une heure par jour dans le parc ?" puis nous avons étudié le trajet à suivre sur la carte du Maraudeur. Enfin, nous avons fait partir le papier, à coup de "Wingardium" et de sortilèges de direction.

Notre message dut plus ou moins parvenir à destination car, une heure plus tard, la professeur McGonagall pénétrait dans la salle commune des Gryffondors.

"Bonjour Messieurs, dit-elle un peu sèchement. Je ne sais pas comment vous m'avez fait parvenir votre mot alors qu'il est interdit de faire de la magie dans les couloirs, et je préfère ne pas le savoir. Quoiqu'il en soit, je ne peux accéder à votre requête. Il est beaucoup trop dangereux pour vous de sortir, et vous ne l'avez manifestement pas compris.

- Tant que nous restons dans l'enceinte de Poudlard, nous ne risquons rien, protestai-je. Et nous vous promettons de ne plus sortir sans permission.

- Cela ne suffira pas, j'en ai peur…

- C'est inhumain de nous tenir enfermés, alors que nous devrions être en train de fêter Noël en famille", plaidai-je.

Je lui laissai le temps de se pénétrer de l'argument. Quand je vis sa physionomie sévère se détendre légèrement, je continuai :

"En plus, ce n'est pas bon pour nous de rester ainsi confinés. A force de tourner en rond, je ne me sens vraiment pas très bien", affirmai-je, tentant de prendre l'air le plus misérable possible, ce qui n'était pas très difficile, vu la quasi nuit blanche que nous venions de passer.

"Hum, oui, effectivement, vous avez une petite mine, tous les deux. Je vais y réfléchir, soupira-t-elle le regard ému. Peut-être qu'une petite sortie vous ferait un peu de bien.

- Merci Professeur, ce serait déjà beaucoup pour nous", la remerciai-je, baissant les yeux, pour garder une expression humble.

- Mais cela ne doit pas vous faire oublier que vous avez des devoirs à faire, insista-t-elle.

- Ils sont déjà terminés, répondit précipitamment Harry. Nous pouvons vous rendre nos rédactions de métamorphose tout de suite, si vous le désirez.

- Je serais effectivement curieuse de les lire avant que votre amie Hermione ne les ai vérifiées, répondit McGonagall avec un petit sourire, mais je suppose que ce ne serait pas juste de les relever avant celles de vos camarades."

Elle hocha la tête en nous regardant, puis sortit. Une fois que le tableau de la Grosse dame eut repris sa place dans son dos, Harry me regarda, les yeux ronds.

"Mais comment t'as fait ? dit-il.

- Il suffit d'attendre un peu et de l'attendrir, lâchai-je négligemment, mais assez fier de moi, en fait. T'avais jamais essayé ?

- Si mais… enfin non, j'ai déjà plaidé ma cause, mais c'était juste après qu'elle m'ait donné la punition. J'ai jamais pensé à redemander ensuite.

- C'est Sirius qui m'a donné le truc, expliquai-je. Il m'a expliqué qu'elle est très exigeante envers ses élèves, mais qu'elle les aime bien, au fond. Alors, quand on lui laisse le temps d'oublier un peu nos bêtises et qu'on arrive à la convaincre que nous avons été punis trop sévèrement, on peut l'amener à être plus clémente."

Mon allusion à Sirius le figea un instant, puis il fit une moue et m'opposa :

"Le problème, c'est que mes bêtises sont généralement trop grosses pour qu'on puisse facilement les oublier.

- C'est vrai que tu joues dans la cour des grands", admis-je en riant.

oO§O§Oo

Avec notre déjeuner, Dobby amena un mot de McGonagall, nous permettant de sortir de 14 à 16 heures, chaque jour, dans le parc. Il était spécifié que tout débordement d'horaire ou de périmètre serait sanctionné par une interdiction définitive de sortir de notre dortoir, jusqu'au retour de nos camarades. On a échangé un sourire victorieux, avant de nous jeter sur la nourriture, notre appétit aiguisé par la perspective de pouvoir enfin nous dégourdir les jambes.

Le second coup de l'horloge de la salle commune vibrait encore quand nous avons passé le portrait de la Grosse dame et rapidement pris le couloir qui menait au grand escalier. Nous avions d'un commun accord décidé de voler. Heureusement, le balai du professeur Bibine était resté dans le casier de Harry, et nous avions deux bons balais à notre disposition.

Enivrés par l'air pur et l'ivresse du vol, nous avons presque laissé passer l'heure à laquelle nous devions rentrer. Il nous fallut courir comme des fous pour franchir le seuil de notre salle commune avant que quatre heures aient fini de sonner. Epuisés par le manque de sommeil et nos prouesses sportives, nous sommes directement montés dans notre dortoir pour faire la sieste.

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23/02/2006 : Mise en ligne de la version modifiée.

18/10/2005 : L'allusion est discrète, mais je pense que certain l'ont remarquée. J'ai glissé le nom d'Antje dans la conversation. Que ceux qui ne savent pas de qui il s'agit aillent immédiatement sur le profil de Calimera pour découvrir son histoire, Antje, ainsi que la suite Black Blues. Ça vaut le détour.

Puisque je suis dans les conseils de lectures, je vous conseille de ne pas passer à côté des fantastiques histoires de Fenice. J'adore le Harry de Ruptures d'un processus linéaire, qui essaie de régler ses comptes avec le Ministère après s'être débarrassé de Voldemort. Je vous conseille aussi les trois volets de son UA (Entre Lune et Etoile, In Stellis Memoriam et L'inné et l'acquis), dans laquelle Remus adopte Harry quand ce dernier a quatre ans. Cela fait plaisir de voir un peu de bonheur dans la vie de notre héros.

Sur ce, je vous retrouve la semaine prochaine.


Calimera : James, mécène, euh... Bin je voulais qu'il ne travaille pas (entretien avec JKR "Il n'aurait pas eu besoin de travailler") et juste gérer sa fortune me paraissait un peu austère, alors j'y ai ajouté la découverte et l'invention.Voilà. Bises et bon courage pour ton emploi du temps de dingue.

Lily Petite Etoile : Oui, c'est vraiment de dernière mibute. Tu as aimé je pense que les deux Harry continuent à devenir de plus en plus proches. Bises

Sassy : Là encore, on a continué dans la comparaison. Ça va pas arranger ton problème ;-). Bisous

Bertie Crochue : Ayé, Simon n'apelle plus Harry l'Autre. Il lui a juste fallu un peu de temps. Effectivement, cette fic n'a rien avoir avec Ginny la furie et la relation Ginny/Harry est différente (désolé, ça doit embrouiller). Comme tu l'a lu plus haut, Simon et Lavande, ça ne marche plus trop. Luna, non, ce serai pas très gentil pour Luna. Il est pas très sérieux avec les filles, Simon.

Titania.M : Merci pour tous tes encouragements.

Celune : merci pour tes compliments. Tout est écrit (mais pas tout relu), donc je continuerai bien à publier une fois par semaine (plus que deux semaines, d'ailleurs). Après… je sais pas trop.

Kemet : Merci d'aimer autant.

Harpiotte : Merci pour ton mot

alana chantelune : Merci. Oui, c'est un peu mon dada, l'enrichissement mutuel. Non, pas de confrontation de Voldemort avec notre doublon.

Rebecca-Black : Moi qui pensait avoir choisi "Simon" par hasard !

Orlina : moi qui ai 10 alertes en attente dans ma boite de mail, je te comprends très bien… C'est Penac qui dit que le temps de lire est toujours "pris" (en fait, personne n'a vraiment le temps de lire). Merci d'avoir quand même posté 2 mots. Oui, c'est pas facile pour Simon, d'autant qu'il n'est pas vraiment armé pour survivre à la dure.

Angel's Eyes : il va se passer qu'on va un peu s'occuper des Serpentard, gniark (ça repose un lecteur qui ne demande pas de mise à jour plus rapide, lol)

Molly : Simon sait que les réponses de Harry seront difficile à supporter pour sa tranquillité d'esprit. Il a donc repoussé ce moment. Mais c'est chose faite, maintenant.

Fenice : suis pas sûre d'avoir changé la fin, mais les détails du milieu ont peut-être modifié la balance.

Ayuluna : Merci pour tes compliments

Melindra : heureuse de savoir que tu suivra jusqu'au bout. Bises

Dreamin' Malak : merci d'aimer ma fic comme elle vient !

Aurélie : Héhé, joyeux retour dans le monde d'internet

Namyothis : HP n'a pas souvent de bol, le pauvre !

Kazy : Ce genre de review est un vrai plaisir pour les auteurs ! On se demande toujours comment les lecteurs ont réagi à tel ou tel passage. Pour la cicatrice, effectivement, Simon est encore trop sous le choc de l'attaque pour s'identifier à Harry. Il fait exprès de pas réaliser, d'ailleurs, pour se protéger, d'où son humour foireux. Pendant la nuit où ils parlent, il est plus disponible et réalise vraiment. Effectivement, j'ai fait une erreur pour la cape. On va dire que c'est en troisième année, et je vais corriger mon chapitre. T'as l'œil, dis donc. Suis assez fière de mes chocogrenouilles, j'avoue. C'est sûr, Dobby aurait pu rajouter des paragraphes sur le professeur Rogue, mais cela cassait un peu le rythme ;-) LOL ton développement sur l'agenda d'Hermione. Pour Ron, j'ai tendance à l'oublier alors j'essaie de caser de temps en temps que c'est un bon copain ! Bon, soulagée que tu ne regrette pas l'enlèvement.

lélia malefoy-black-potter : MOI ? Je fais souffrir Harry ? Et KJR, alors ! Mais j'aime bien Harry, alors dans mon idée, ça lui fera du bien à long terme de parler de tout ça.

beru ou bloub : j'ai posté plus tôt que d'habitude, la semaine dernière, non ? Voui, beau travail sur la chapitre 7. on va y arriver à publier cette fic ! Contente que le comportement de mes Harry te paraissent vraisemblables.

Angie Black : J'espère que tu ne va pas m'en vouloir, mais ton mot m'a donné l'idée de faire un petit emprunt à ma chère Calimera et de lui emprunter son Antje. Mais j'adore également ton Angie et ton dernier chapitre est en tête de mes lectures prévues-dès-que-j'ai-cinq-minutes.

Pataci : merci pour ton mot.

Boo Sullyvan : ravie de te plaire. Amitiés aussi.

chrys63 : Eh oui, ils n'ont que 15 ans de différence.

mademoiselle mime : merci d'être là.

Fee Fleau : Simon intéressé par le réseau de Harry ? Je sais pas. Simon est très populaire et doit donc avoir l'habitude de discuter avec plein de gens et d'avoir plein d'infos. Mais il est vrai qu'il n'y a pas grand choses d'intéressant qui se passe en dehors de Poudlard dans son monde. Contente que mes chocogrenouilles t'aient plues. Finalement, ils ont surmonté leur hésitations : la curiosité a été la plus forte. Bien évidemment, je ne vais pas répondre à ta dernière question. Niark !

Crookshank : ma pauvre… tu crois que cela se soigne ?

Mushu : Effectivement, ils ont plein de choses à se raconter.

Qc-HP : merci pour ton mot.

Elmire : Oui, vu tes projets Alvin me semble une lecture indispensable. Contente que la direction choisie te plaise. Bon courage pour la suite de tes projets d'écriture.

Shinia Marina : Moi non plus je ne suis pas très constructive dans mes reviews… Mais cela fait toujours plaisir de recevoir un petit mot.

Lapaumee : Répartition, il me semble bien que je l'ai lu. Je te l'ai pas renvoyé ? Tu pourrais me le renvoyer en Word, c'est plus facile pour moi…

m4r13 : Tu va mieux ? j'avance peu à peu dans les corrections. Dois-je attendre une nouvelle version du 7b ? Salutation à Monsieur URL.

Shima-chan : Merci pour ton mot. Ta journée s'est bien passée ?