- L'AUTRE -
Précisions : Comme vous ne l'ignorez sans doute pas, Harry Potter est né de la fabuleuse imagination de J.K.Rowling.
L'idée de base de cette histoire m'est venue de la lecture des Neuf mondes, magnifique projet d'écriture de Shinia Marina et shakes kinder pinguy qui ont créé une communauté (lesneufmondes) sur LiveJournal pour mettre en ligne leur épopée. Vous les trouverez dans mes auteurs favoris, et le lien vers la communauté sur dans mon profil. Je vous engage vivement à aller les lire, personnellement, j'adore ce qu'elles font.
Mon histoire ne serait pas non plus ce qu'elle est sans les précieux conseils et relectures de Fenice, Calimera et Monsieur Alixe.
Vous vous doutez bien que dans ces conditions, on ne me laisse pas gagner d'argent avec mes petites histoires.
VI : La rentrée
Les jours suivants passèrent de la même façon. Un matin sur deux, nous recevions notre courrier de la part des Wesley et d'Hermione, avec les journaux des deux jours précédents. L'après-midi, nous sortions, le plus souvent dans le parc ou sur le terrain de Quidditch, mais aussi à la bibliothèque pour emprunter des livres qui nous occupaient le reste du temps.
C'est Hermione qui nous avait suggéré de profiter de notre retraite forcée pour nous avancer dans le programme du second semestre. Dans un premier temps, nous n'avions pas été totalement séduits par cette proposition, mais j'ai fait remarquer à Harry que cela pourrait peut-être nous dégager du temps pour le moment où nous serions enfin libres.
Encouragés par cette perspective, nous avons regardé ce qui était au programme pour les semaines à venir, et avons commencé à nous documenter dessus. En cherchant une plume dans son sac, alors qu'il était occupé ailleurs, je vis qu'il avait discrètement emprunté un livre traitant d'ancienne magie, ce qui n'entrait nullement dans nos matières d'étude. Sans doute, tentait-il ainsi de se rapprocher de sa mère – telle que je la lui avais présentée.
Les vacances se sont rapidement terminées. McGonagall vint nous signifier la fin de notre punition peu avant le retour de nos camarades. C'est ainsi que nous pûmes les attendre dans la Grande Salle quelque temps avant l'heure du dîner. Nos condisciples arrivèrent les uns après les autres pour prendre place autour de nous. Ils avaient tous la même question à la bouche : où étaient passés les cent-quatre-vingt-quatre points que Gryffondor avait engrangés durant le premier trimestre ?
Harry et moi avons feint de ne pas les entendre, mais finalement, Lavande, qui s'était installée près de moi a dit tout haut ce que les autres pensaient tout bas :
"Harry, qu'est-ce que tu as encore fait pour nous faire perdre autant de points ?"
Harry a piqué du nez dans son assiette pendant qu'Hermione nous regardait, narquoise. Elle pensait sans doute que nous méritions bien cette petite scène embarrassante.
"On s'est juste trouvés là où on n'aurait pas dû être, répondis-je. Rien d'intéressant à raconter."
Ron a levé les yeux au ciel, pendant qu'Hermione soupirait, nettement réprobatrice.
"En attendant, notre compte est à zéro, grommela Dean. Et Harry nous fait le coup tous les ans ! Il perd plus de points à lui tout seul que tous les Gryffondors réunis.
- Et il vous en fait gagner suffisamment pour que nous n'ayons jamais perdu la coupe depuis qu'il est là, lui rappela Hermione, qui nous restait solidaire malgré sa désapprobation de principe. Que cela vous encourage à bien travailler pour regagner les points perdus, continua-t-elle. Il n'y a aucune raison pour que nous ne gagnions pas la coupe des quatre maisons cette année aussi.
- Cet idiot de Malefoy était mort de rire ! siffla Parvati.
- Il rigolera moins quand Harry lui piquera le Vif sous le nez dans deux semaines, répliquai-je.
- Et toi, Simon, tu joues au Quidditch ? me demanda Neville.
- Bien sûr ! répondis-je. Tous les Potter jouent au Quidditch. Mon père…"
Je fus interrompu par trois coups de pieds dans les tibias.
"…est un très bon poursuiveur", terminai-je, en foudroyant du regard Harry et ses deux comparses.
Ils ne pensaient tout de même pas que j'étais assez idiot pour raconter qu'il avait joué à Poudlard autrefois !
"Tu vas intégrer l'équipe ? me demanda Lavande, inconsciente du drame qui s'était joué sous la table.
- Si Harry me laisse son poste, pas de problème, lui assurai-je. Je joue bien mieux que lui.
- Dans tes rêves ! protesta l'intéressé. Mais si tu veux voler un peu, tu peux m'emprunter mon balai", ajouta-t-il plus gentiment.
Je vis le regard de Ron faire plusieurs allers-retours entre moi et Harry. Sans doute était-il étonné par notre nouvelle complicité. Cela n'avait pas l'air de lui plaire outre mesure. Par contre Hermione, à ses cotés, semblait attendrie. Eh oui, ma belle, je ne vais pas lui tirer dans les pattes, à ton Harry !
Je me demandai où elle en était avec Ron. J'avais eu l'impression, avant les vacances, qu'ils se plaisaient tous les deux, et passer deux semaines ensemble, sans Harry pour les détourner l'un de l'autre, aurait pu leur être profitable. Mais au cours du dîner, je n'eus pas l'impression qu'ils étaient plus proches l'un de l'autre qu'avant Noël.
Je regardai du côté de Ginny. Elle s'était installée avec les élèves de son année, et ne semblait pas prêter attention à nous. Elle excellait dans l'art d'ignorer celui qui l'attirait. Je comprenais qu'il soit aussi peu sûr de lui plaire. Devais-je jouer les cupidons entre eux ? Je décidai que non. Il ne la méritait pas s'il avait besoin qu'on lui mâche le travail.
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Le trimestre reprit le lendemain matin. Harry et moi avions pas mal de cours communs et c'était agréable de pouvoir nous entraider, plutôt que nous ignorer. En potions, Rogue était encore plus odieux qu'avant les vacances, mais il avait moins de prise sur nous, maintenant que nous étions plus soudés. De plus, Harry était beaucoup plus à l'aise dans cette matière depuis qu'il faisait ses devoirs avec moi.
Hermione ne lui avait jamais refusé son aide, mais elle n'avait pas la même manière de raisonner que nous, et mon double saisissait beaucoup plus vite quand c'était moi qui lui expliquais. De la même façon, je progressais très vite en Défense car, une fois un peu entraîné, je me découvrais les mêmes réflexes et les mêmes facilités que Harry.
Il n'y eut aucun événement marquant pendant les deux premières semaines. Malgré le temps que je passais avec Harry, je tâchai de ne pas négliger Neville. Ce dernier prenait peu à peu l'assurance qui le rapprochait du Neville que j'avais toujours connu, et cela me faisait plaisir de le voir s'affirmer, enhardi par le soutien inconditionnel que je lui réservais.
Par contre, ma relation avec Lavande laissait à désirer. Elle m'avait longuement reproché de lui avoir si peu écrit durant les vacances. Je l'avais amadouée avec mon petit cadeau et lui avais assurée que je n'avais pas eu accès à la volière. Mais je sentais bien que nous trouvions de moins en moins de satisfactions lors des rares moments que nous passions ensemble.
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Le match tant attendu entre les Serpentard et les Gryffondors devait avoir lieu le second samedi après la rentrée. Les jours précédant la rencontre, la tension s'était nettement tendue entre les deux maisons rivales. Malefoy et ses copains étaient plus agressifs que jamais, et Harry faillit à plusieurs reprises perdre son sang-froid. Moi-même, pourtant moins impliqué, commençais à être sérieusement agacés par les réflexions injurieuses.
Nos adversaires devaient être particulièrement décidés à gagner cette fois-ci, car ils allèrent jusqu'à tenter d'empêcher Harry de jouer. En effet, durant le petit-déjeuner qui précéda le match, mon double se transforma partiellement en canard. Ses plumes irisées étaient d'un assez bel effet, mais assez inappropriées pour un match de Quidditch.
Sous les gloussements des Serpentards, dont nous ne pouvions prouver la forfaiture, Harry se dépêcha d'aller à l'infirmerie. Je l'accompagnai, ainsi qu'Hermione et Ron. Madame Pomfresh s'exclama en nous voyant arriver :
"Monsieur Potter ! Qu'avez-vous encore fait ?
- Vous croyez que j'ai fait exprès ! cancana-t-il. J'ai un match de Quidditch dans une demi-heure. Vous pourriez me redonner mon apparence normale ?"
Elle l'examina un instant avec sa baguette, et secoua la tête.
"Je crains devoir vous garder un petit moment, dit-elle. Tout rentrera dans l'ordre de manière spontanée, mais pas avant une heure ou deux.
- Vous plaisantez ! s'écria Harry horrifié. Il est hors de question que je rate cette rencontre. Tant pis, j'irai jouer comme ça.
- Mais vous n'y pensez pas, s'indigna l'infirmière en contemplant son bec plat et ses bras partiellement transformés en ailes. Vos rémiges sont bien trop fragiles pour pratiquer ce genre de sport. Vous allez les casser et je ne réponds pas de l'état de votre main ensuite. De toute façon, ce n'est pas réglementaire. Madame Bibine ne vous laissera pas jouer.
-Mais enfin…
- Tout va bien Harry, intervins-je en lui mettant la main sur l'aileron. On va le gagner ce match !
- Mais… il s'interrompit quand il comprit ce que j'avais en tête. Je… je suppose qu'il n'y a pas d'autre solution. Merci Simon.
- De rien. On te racontera. A tout à l'heure !"
Je sortis, entraînant Ron et Hermione à ma suite.
"Tu vas prendre sa place ? demanda Hermione.
- Oui, je joue aussi bien que lui. Malefoy va mordre la poussière, ne t'en fait pas.
- Moi, je te fais confiance. Le problème, c'est les autres joueurs. Ils risquent d'être troublés par l'absence de leur capitaine, dit pensivement Hermione.
- Eh bien, ils n'ont pas besoin de savoir qu'il est toujours à l'infirmerie, proposai-je. Je suppose que me dessiner un éclair sur le front est dans tes capacités.
- Tu veux te faire passer pour Harry ? insista Ron, qui ne semblait pas trouver que c'était une idée formidable.
- Je te conseille de ne pas rater la tête de Malefoy quand j'entrerai sur le terrain", lui conseillai-je.
Il parut soudain beaucoup plus approbateur.
"Ouais, c'est lui qui va être déstabilisé, du coup, apprécia-t-il. Mais, ajouta-t-il méfiant, t'es vraiment aussi bon ?
- T'inquiète, on joue pareil. Et je me suis entraîné pendant les vacances de Noël. Mais c'est pas une raison pour laisser passer les buts, hein. Je veux qu'on les écrase, ces tricheurs.
- Ron est un excellent gardien", m'assura Hermione.
Sous le compliment, Ron sembla grandir de plusieurs pouces. Hermione posa sa baguette sur mon front, puis rabattit quelques mèches de cheveux dessus. Elle m'examina ensuite d'un air critique.
"Vous seriez côté à côté, je ne pourrais pas déterminer qui est qui, m'assura-t-elle.
- Merci beaucoup, rétorquai-je. Dis toute de suite que j'ai un bec de canard et une queue en éventail !"
Même Ron ne put s'empêcher de rire. Nous nous sommes ensuite dépêchés d'atteindre le Hall d'entrée.
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En traversant le parc, je conseillai à Ron :
"Si tu veux qu'on me prenne pour Harry, tâche de prendre un air un peu plus amical, quand tu me regardes."
Il rougit et ne répondit pas. Il me sembla qu'Hermione murmurait un truc sans intérêt sur la puérilité des garçons, avant de nous abandonner à la porte des vestiaires.
Quand j'entrai, suivi de Ron, nous fûmes accueillis par les exclamations de toute l'équipe. Aucun d'entre eux ne sembla remettre en cause mon identité, pas même Ginny. Je passai dans la partie réservée aux garçons pour passer la robe rouge de Harry. Ils me regardaient tous quand je sortis et je me rappelai que j'étais leur capitaine.
"Je ne vais pas vous mettre la pression avec un long discours, leur dis-je. Soyez aussi bons qu'à l'entraînement, et faites-leur regretter d'avoir mis une potion de transformation dans mon petit déjeuner !
- Ouaiis !" approuvèrent-ils et nous sommes sortis sur le stade.
La tête de Malefoy et les regards déçus de ses joueurs furent des plus réjouissants. Nous nous sommes mutuellement broyés la main avec le blond, quand Madame Bibine exigea que nous nous la serrions, puis le match commença. Comme nous l'avions prévu, les Serpentards étaient très déçus par l'échec de leur machination et se montrèrent mauvais joueurs, ce qui nous permis de marquer un certain nombre de points avec des tirs de pénalité. De plus, leur air déconfit galvanisa toute l'équipe et nos poursuiveurs se déchaînèrent.
Finalement, le Vif daigna se montrer et je le pris en chasse, ainsi que Malefoy. Tout comme chez moi, il n'était pas mauvais. Juste moins bon que moi. Comme à l'accoutumée, je le lui soufflai sous le nez.
"Rêve pas Malefoy ! lui dis-je en volant un instant à ses côtés. T'auras jamais le Vif, tant que je serai en face. Et aucune de tes petites manigances ne m'empêchera de te ridiculiser à chaque match !"
Son visage se crispa sous l'effet d'une haine féroce.
"Tes jours sont comptés, Potter. Et ceux du vieux fou qui te protège aussi !
- Je préfère crever que d'avoir comme seule ambition de vivre à genoux comme toi. Bon, je te laisse, j'ai des félicitations à recevoir."
Je virai et allai à la rencontre de mes co-équipiers fous de joie. Après nous êtres copieusement entre-félicités, nous nous sommes dirigés vers les vestiaires. Le professeur McGonagall nous intercepta en chemin.
"Monsieur Potter, toutes mes félicitations. J'ai eu peur que vous ne puissiez pas jouer, ce matin après votre mésaventure…"
Elle laissa ses mots en suspens, comme si elle réalisait quelque chose. Elle jeta un œil aux alentours, cherchant sans doute le double de celui qu'elle avait sous les yeux. Puis son regard revint sur moi.
"Comme je le disais, très beau match, Monsieur Potter, très beau match !"
Elle s'éloigna en hochant la tête.
"J'espère que vous n'aurez pas d'ennuis, chuchota Hermione à mon oreille. Je ne sais pas si on a le droit d'échanger les joueurs, juste avant le match.
- On peut le faire jusqu'au coup d'envoi, lui répondit Ron. Comment ! demanda-t-il d'une voix haut perchée comme s'il l'imitait, tu n'as toujours pas lu le Quidditch à travers les âges ?".
Hermione rougit et répliqua d'un ton pincé :
"Nous n'avons sans doute pas les mêmes priorités, Ron."
Et elle repartit en direction du château.
"Je sais que cela me regarde pas, commentai-je, mais tu ne t'y prends pas de la bonne façon avec elle, Ron.
- Toi, je ne t'ai rien demandé, grogna-t-il, les oreilles écarlates.
- Tu devrais peut-être, lui conseillai-je. Allez, repris-je rapidement pour mettre fin à ce début de polémique, si on allait porter la bonne nouvelle à Harry ?"
Il grommela encore entre ses dents, mais vint se changer avec moi et m'accompagna à l'infirmerie.
Hermione y était déjà et Harry, qui avait repris sa forme humaine, paraissait enchanté.
"Bravo mon vieux !" s'écria-t-il en me voyant.
Il s'avança vivement vers moi et me donna l'accolade. Ce contact me fit assez bizarre. C'était comme si je me prenais moi-même dans les bras. Il eut un petit sursaut, lui aussi, me fit un sourire d'excuse et puis s'empressa d'aller féliciter Ron pour ses nombreux buts bloqués.
On fit la fête toute la journée dans la salle commune des Gryffondors.
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Deux semaines plus tard, je l'ai trouvé dans notre dortoir, en train de lire un livre sur son lit.
"Salut Harry, j'ai dit en me laissant tomber sur ses pieds.
- Tu peux pas t'installer ailleurs ?"a-t-il grogné
Mais il a replié les jambes pour que je puisse m'installer confortablement.
"Faut qu'on parle sérieusement tous les deux, ai-je annoncé.
- De quoi ? a-t-il demandé, méfiant.
- Qu'est ce que tu comptes faire pour les Serpentards ?
- Comment ça ?
- Tu ne vas pas les laisser s'en tirer à si bon compte, quand même ! Ils t'ont empêché de jouer ton dernier match ! Et, on doit une petite politesse à Rogue !
- Simon, a-t-il soupiré, on vient... Toi et l'équipe venez juste de faire regagner cinquante points à Gryffondor. C'est pas le moment d'en reperdre.
- Perdre des points est optionnel, lui opposai-je. Si on s'y prend bien, ils ne pourront rien prouver.
- Et si on se fait prendre ?
- Il reste un match et une coupe à gagner. Même si c'est toi qui joues, c'est dans les possibilités de Gryffondor", plaisantai-je.
Il ne répondit pas, feignant de se replonger dans son livre.
"T'es pas curieux de savoir à quoi j'ai pensé, fis-je, tentateur.
- Ok, se rendit-il. Qu'est ce que tu as derrière la tête ?
- Tu sais où est la salle commune des Serpentards ? commençai-je.
- Oui, j'y suis même entré.
- Ah oui, comment t'as fait ?
- Polynectar.
- Tu t'es compliqué la vie, estimai-je. Avec la cape, c'était pas bien compliqué.
- Oui, mais j'avais un renseignement à soutirer à Malefoy, m'expliqua-t-il.
- Effectivement, c'était une bonne idée, alors. Moi je me suis contenté de revoir leur décoration intérieure.
- C'est ça que tu proposes ? demanda-t-il, circonspect.
- Non, ce serait trop gentil. J'ai pensé mettre de la poudre spéciale Weasley un peu partout.
- Quel genre de poudre, a-t-il demandé, son intérêt complètement éveillé, désormais.
- Une poudre à effet différé, expliquai-je. On garde l'idée du canard ou tu préfères le cochon ?
- Malefoy avec un groin, ça me botte, rigola-t-il. Mais j'ai cru comprendre que le produit qu'ils ont utilisé pour ma transformation ne se trouvait pas chez les Weasley, ni ailleurs dans le commerce.
- Exact, c'était un produit maison. Je pourrais sans doute en retrouver la formule, mais cela prendrait trop de temps. Alors j'ai demandé à des spécialistes.
- C'est là que les jumeaux interviennent, comprit-il.
- Exactement. Fred et George m'ont assuré qu'ils pourraient me faire ça en une semaine.
- Tu connais les jumeaux ? Je veux dire, les miens ?
- Non, mais j'ai signé mon courrier de mon vrai nom, lui avouai-je. Tu as remarqué qu'on a la même écriture ?
- T'aurais pu me demander mon avis, quand même ! s'offusqua-t-il.
- T'as peur qu'ils me révèlent des secrets inavouables à ton sujet ? Tiens, voilà ce qu'ils m'ont répondu, dis-je en sortant le parchemin de ma poche. Comme tu le vois, ils m'ont juste demandé de préciser l'animal qu'on veut.
- Humpf, d'accord. Et pour Rogue ?
- C'est plus délicat. J'ai pensé enchanter ses chaudrons pour mettre un peu d'ambiance dans ses cours.
- Bof, il se vengera sur les élèves qui l'auront ce jour là. Il n'a jamais de cours uniquement avec les Serpentard, c'est dommage.
- On trouvera bien une idée le moment venu, l'assurai-je. Bon, je voulais te demander aussi : tu comptes faire quoi pour Ginny ?"
Il parut désarçonné par mon brusque changement de sujet, mais me répondit adroitement :
"Je n'ai pas l'intention de faire de blague à Ginny.
- T'aurais l'air malin si elle se mettait à sortir avec quelqu'un d'autre, insistai-je.
- Elle fait ce qu'elle veut, m'assura-t-il en évitant mon regard.
- T'es bête ou quoi ? Tu veux pas qu'elle se jette elle-même dans tes bras, quand même. C'est à toi de faire le premier pas, lui assurai-je.
- Je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. Je n'ai pas le temps d'avoir une petite amie.
- On a toujours le temps d'avoir une petite amie !
- Mais tu ne comprends pas ! s'énerva-t-il. Si ça se trouve, je serai mort d'ici la fin de l'année.
- Raison de plus pour profiter de la vie. Tu sais quel est le problème chez toi ? Même quand t'as pas d'ennuis, tu ne sais pas rigoler. Tu ne fais qu'attendre la nouvelle catastrophe qui va s'abattre sur toi.
- La dernière fois que j'ai cherché à rigoler, on s'est trouvé coincés dans une attaque de Mangemorts, me rappela-t-il.
- Et alors ? Tu regrettes d'y être allé ? Pas moi. C'était sympa de sortir. Et si ça se trouve, si on était resté bien gentiment à Poudlard, tu serais tombé dans l'escalier et tu te serais rompu le cou. Eh oui ! Cela dit, si tu veux vraiment te morfondre dans ton coin, ça m'arrange. Je la trouve drôlement mignonne, moi, Ginny.
- Je croyais que c'était ta meilleure amie, comme moi avec Hermione, contra-t-il.
- Je parlais de l'autre Ginny. Celle-là, c'est différent mentis-je avec aplomb.
- Tu ne sors pas avec Lavande ? demanda-t-il en désespoir de cause.
- Plus pour longtemps, répondis-je sincèrement cette fois. Elle me cherche déjà un remplaçant.
- T'es sûr ? s'étonna-t-il.
- Oui, ça c'est déjà passé comme ça, la première fois avec elle. Mais ça m'est égal. Elle commençait à m'ennuyer, de toute façon."
Il me regarda un moment puis me dit :
"Je ne te crois pas. Tu ne vas pas essayer de sortir avec Ginny.
- Et pourquoi pas ?
- Parce que je ne le ferais pas à ta place. Je ne sortirais jamais avec une fille qui t'intéresse vraiment !"
Bien vu ! Je cherchai une réponse susceptible de le décider à sauter le pas avec sa chérie, quand Ron est entré dans le dortoir.
"Ah vous êtes là ! nous a-t-il salués. Tu t'intéresses à qui Harry ? a-t-il demandé, ayant manifestement saisi au vol la fin de notre dialogue.
- T'occupe ! avons-nous répondu de concert.
"Rhaaa ! Faites pas ça ! a fait Ron, plaintivement.
- Faire quoi ? a demandé Harry, mal à l'aise, craignant que Ron n'ait compris qu'on parlait de sa soeur.
- Répondre en même temps et sur le même ton. Vous vous ressemblez de plus en plus, grogna-t-il. Même moi j'hésite, parfois. Heureusement que Simon n'a pas la même coiffure et que vos lunettes sont un peu différentes.
- Tiens, c'est une idée, j'ai dit. Si un jour tu te décides, Harry, je t'emprunte tes lunettes, je rabats ma frange et je l'emballe pour toi, ta nana."
Il me lança un regard à la fois agacé et gêné.
"Je n'ai pas besoin de tes services, déclina-t-il avec dignité.
- Quelle nana ? a insisté Ron.
- Tant pis pour toi, répondis-je à Harry. Eh, Ron ! continuai-je pour lui faire oublier sa question. Ça ne t'embête pas si je tente ma chance auprès d'Hermione ?
- Pourquoi ça m'embêterait ? demanda-t-il, les oreilles en feu.
- Tu ne crois tout de même pas que je laisserais ma petite amie corriger tes devoirs ? le taquinai-je.
- Simon, arrête ton cirque !" intervint Harry, qui ne put s'empêcher de trahir son amusement par une petite moue.
- Tiens ! Qu'est ce que je disais, contre-attaqua Ron. Avant tu ne faisais jamais cette tête ridicule !", affirma-t-il à son ami.
Et il imita la mimique que Harry venait de faire.
"Hé, protestai-je. Je n'y suis pour rien, moi. Je ne fais jamais ça !
- Si, m'assura Harry. Tu le fais tout le temps.
- C'est vrai, confirma Ron, et cela vous donne l'air aussi à idiot l'un qu'à l'autre.
- Tu t'es regardé ?" répondis-je, en même temps que Harry.
Il nous dévisagea comme découragé, et mit théâtralement sa tête dans ses mains.
"Deux Harry ! Je vais pas y survivre !"
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La semaine suivante, nous avons reçu la poudre à cochon de la part des jumeaux. Nous avons tiré à la courte paille avec Harry pour savoir qui de nous deux irait la déposer avec la cape dans l'antre des Serpentards. Ce fut lui qui gagna et qui s'y rendit un soir. Il devait profiter du passage des derniers élèves, juste avant le couvre-feu, pour y pénétrer, déposer la poudre et ressortir dès que les derniers élèves seraient descendus se coucher dans leur dortoirs. Ils seraient touchés le lendemain matin, en traversant leur salle commune, mais l'effet ne se dévoilerait qu'une demi-heure plus tard, ce qui nous donnait un chance d'assister au spectacle.
Harry revint triomphant vers une heure du matin, retardé par un élève qui n'en finissait plus de faire ses devoirs. Alors qu'il passait son pyjama, son nez s'élargit d'une façon peu seyante, car il avait respiré accidentellement du produit en le répandant. Il en rit avec nos camarades, imaginant à l'avance ce que cela donnerait le lendemain matin.
Nous ne fûmes pas déçus. La plupart des Serpentards étaient déjà en train de prendre leur petit déjeuner quand l'effet de la poudre commença à devenir perceptible. Ils se retrouvèrent tous, en quelques minutes, affublés de groins, de pieds fourchus, et d'oreilles roses et tombantes.
Sous les quolibets des autres tables, ils partirent à fond de train à l'infirmerie, mais nous savions que l'infirmière ne pourrait que leur avouer son impuissance. Les esprits frappeurs étaient avec nous ce jour-là, car Malefoy fit partie des premiers touchés, et sa frayeur en découvrant la transformation de ses mains se traduisit par des hurlements de goret qu'on égorge, qui durent s'entendre dans toute l'école.
Hermione nous regarda sévèrement, Harry et moi.
"Ne me dites pas que c'est vous, chuchota-t-elle férocement.
- Loin de nous l'idée de te contrarier, lui répondis-je.
- Comme diraient mes frères, ne pose pas de question, nous ne te dirons pas de mensonges", renchérit Ron.
Je lançai un clin d'œil à Ginny qui se tenait les côtes de rire. Comprenant que je n'étais pas étranger au spectacle, elle s'inclina, comme pour me féliciter. Je lui montrais mon double du menton, pour lui indiquer qu'il était également à créditer de cette réussite. Quand elle quitta la table pour se rendre en cours, je la vis lui murmurer quelque chose à l'oreille au passage, avant de rejoindre ses camarades. Je ne sais ce qu'elle lui dit, mais Harry devint rouge pivoine.
Le meilleur n'était pas encore arrivé. Avant d'aller assurer son premier cours, le professeur Rogue passa réconforter les élèves de sa maison confinés dans leur salle commune. Une demi-heure plus tard, il dut quitter sa classe en hâte, alors qu'il commençait à son tour à se transformer. Nous étions donc vengés de lui sans avoir encouru de risques supplémentaires !
Les troisième année de Serdaigle et Poufsouffle qui avaient assisté à la scène la racontèrent obligeamment à tous ceux qui voulaient l'entendre durant la récréation suivante. Harry et moi nous sommes regardés, triomphants :
"Pense à ce moment, la prochaine fois que tu tenteras de faire un Patronus", me souffla-t-il, les yeux pétillants de malice.
- Pour le Riddikulus, c'est pas mal aussi", approuvai-je.
On s'est regardés, morts de rire. Je riais tellement que je dus me raccrocher à lui et je sentis qu'il en faisait autant de son côté. Hermione, près de nous, était réprobatrice, mais amusée malgré elle. Ron levait les yeux, comme à chaque fois qu'il trouvait que nous nous ressemblions trop.
"Vous êtes bien gais, aujourd'hui, Messieurs Potter et Potter", a fait la voix de McGonagall, qui surveillait ce jour-là la récréation.
Nous avons tant bien que mal repris contenance.
"Il fait beau, le ciel est bleu, professeur, répondis-je d'un ton léger.
- Un vrai temps pour jouer au Quidditch, compléta Harry, histoire de rappeler que ce n'était pas nous qui avions commencé.
- C'est exact, approuva la prof de métamorphose, alors que ses yeux se plissaient en souvenir de la tactique condamnable de nos adversaires pour nous voler notre attrapeur et la victoire. Très beau temps pour le Quidditch."
Et elle partit calmer des première année dont la bataille de boules de neige dégénérait.
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Bien que n'ayant aucune preuve, Rogue conclut arbitrairement à notre culpabilité et les retraits de points se mirent à voler bas pendant les cours de potions. C'est pourquoi, une semaine plus tard, je fus très ennuyé d'être retenu par le prof d'arithmancie alors que je devais me rendre dans les cachots pour la leçon suivante.
Désireux de limiter les dégâts, je m'élançais à corps perdu dans les couloirs dès que je pus m'éclipser. Pour rattraper mon retard, je pris plusieurs escaliers dérobés et couloirs poussiéreux, tentant d'emprunter le chemin le plus direct et le plus rapide.
Ce n'est qu'en arrivant devant la porte de la pièce magique qui m'avait propulsée ici que je réalisais que j'allais être obligée de la traverser si je voulais éviter de faire un long détour qui ne me laissait aucune chance d'arriver à temps. J'eus une légère appréhension en ouvrant la porte, puis je me rappelai les trois nuits à attendre en vain dans ce lieu. Je décidai que je ne risquais rien et pénétrai dans la salle, me dépêchant cependant d'atteindre l'issue opposée.
Alors que j'étais à mi-parcours, la pièce s'éclaira peu à peu.
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23/02/2006 : Mise en ligne de la version modifiée.
Ce chapitre s'intercale entre les autres, car j'ai modifié le chapitrage, pour étoffer un peu la fin.
