- L'AUTRE -


Précisions : Comme vous ne l'ignorez sans doute pas, Harry Potter est né de la fabuleuse imagination de J.K.Rowling.

L'idée de base de cette histoire m'est venue de la lecture des Neuf mondes, magnifique projet d'écriture de Shinia Marina et shakes kinder pinguy qui ont créé une communauté (lesneufmondes) sur LiveJournal pour mettre en ligne leur épopée. Vous les trouverez dans mes auteurs favoris, et le lien vers la communauté sur dans mon profil. Je vous engage vivement à aller les lire, personnellement, j'adore ce qu'elles font.

Mon histoire ne serait pas non plus ce qu'elle est sans les précieux conseils et relectures de Fenice, Calimera et Monsieur Alixe.

Vous vous doutez bien que dans ces conditions, on ne me laisse pas gagner d'argent avec mes petites histoires.


VII : Le chat noir

Affolé, j'ai couru comme j'ai pu vers l'autre porte, les yeux à moitié fermés pour les protéger de la vive clarté qui avait envahi le lieu. J'avais le cœur qui battait la chamade, quand j'atteignis la sortie. Je m'arrêtai, une fois passé le seuil et me retournai. Déjà, la clarté magique commençait à s'estomper.

Je réalisais soudain, que j'avais ici l'occasion de rentrer chez moi. J'hésitais un instant. En avais-je vraiment envie ? Avais-je le droit d'abandonner Harry, sachant ce qui l'attendait ? Je fis un pas en arrière. Mais la porte claqua et malgré mes efforts, je ne pus la rouvrir. Je ne pouvais plus retourner dans la salle, maintenant. J'avais raté l'occasion qui m'avait été donnée.

Encore sous le choc, je continuais mon chemin vers les cachots. Alors que je débouchais dans le hall d'entrée, Neville me sauta dessus.

"Dépêches-toi, on va être en retard !"

Qu'est-ce qu'il racontait ? Il ne suivait pas les cours de potions, lui.

"Alors, Harry, tu te bouges ? Les diligences sont sur le point de partir."

Diligence. Neville qui m'empoignait familièrement pour me traîner dehors. Harry. Je regardai autour de moi pour confirmation. C'était l'été à Poudlard. Il me fallu encore quelques secondes pour réaliser. J'étais de retour, finalement. Je n'arrivai pas à déterminer si j'en étais heureux ou pas.

Heureusement, Neville prit les choses en main et me traîna vers les calèches qui nous attendaient patiemment devant le château. Sans me laisser le temps de réagir, mon ami m'obligea à monter dans l'une d'elle. Je retirai machinalement ma robe d'uniforme et le pull que je portais en dessous avant de me laisser tomber sur la banquette molletonnée.

"T'as découché toute la nuit ou quoi ? me demanda mon ami, une fois que nous fûmes installés. Je ne t'ai pas vu ce matin. T'étais avec une fille ?" avança-t-il.

Pour simplifier, je hochai ma tête.

"Bon ça a dû être quelque chose, alors, commenta-t-il avec envie. T'as vraiment l'air d'avoir vécu l'expérience la plus ébouriffante de ta vie.

- C'est le cas, répondis-je, distraitement.

- C'était Susan ?" demanda-t-il encore.

Susan ? Susan Bones ? Je ne lui avais parlé que trois fois ces deux derniers mois…là-bas. Mais ici, je sortais avec elle, et j'avais eu une intéressante expérience en sa compagnie dans un placard à balai, il y avait… longtemps pour moi.

"Non, pas Susan, répondis-je, résolu à la tenir en dehors de tout ça.

- Toi alors !" commenta Neville.

Heureusement, deux retardataires nous rejoignirent dans le véhicule et Neville se tut discrètement. Une fois à Pré-au-Lard, nous avons débarqué pour nous rendre à la gare. Je longeai la calèche et me trouvai nez à nez avec la créature la plus laide, que j'aies jamais vue de ma vie. C'était une espèce de cheval famélique, ailé de surcroît. Je restai un moment figé, avant que Neville ne me tire par le bras en soupirant et ne m'entraîne vers le train qui s'ébranlait déjà quand nous y montâmes.

Un Sombral! Cela ne pouvait être que cela. Mais depuis quand je voyais les Sombrals, moi ? Je n'avais pas vu de cadavres, non… puis je me rappelai la silhouette encagoulée et la baguette pointée vers moi. J'avais cru mourir à ce moment-là, ce qui expliquait sans doute que je puisse désormais voir ces funestes créatures.

oO§O§Oo

Je passai le reste du voyage à somnoler. Je sais que Susan tenta de me voir, mais Neville lui raconta que j'étais malade et que j'avais besoin de me reposer. J'étais encore assommé par la brusque transition, et j'appréciais d'avoir retrouvé mon meilleur copain et son habitude de me couvrir.

Je fus très ému de retrouver Maman et Rose sur le quai de King's Cross. Je les serrai dans mes bras, comme je l'avais sans doute fait rarement. Maman me regarda d'un air scrutateur :

"Tu as grandi, mon chéri, j'ai l'impression, dit-elle.

- Ah, tu crois ?" éludai-je.

Mais ce qui me fit le plus drôle, c'est de revoir mon père. Il était à la fois ressemblant et différent de Harry, ce qui me déroutait passablement. Mais en même temps, j'étais heureux de le retrouver. Mes parents me demandèrent comment s'étaient passés mes examens et j'eus du mal à faire le tri dans mes souvenirs pour me rappeler mes épreuves de BUSE, supposées avoir été passées quelques jours plus tôt à peine.

Le plus perspicace fut Titus, mon chien. Quand il me vit, après les premiers émois de ravissement, il renifla longuement mes vêtements, notamment le pull tricoté par Molly. Je m'étais trompé le matin en m'habillant, et c'était celui de l'autre Harry que je portais quand j'avais été renvoyé dans mon monde. L'odeur devait être la mienne, tout en étant subtilement différente, et pour sa caboche de cabot, c'était un grand mystère. Pour la mienne aussi, d'ailleurs.

"Il est nouveau ce pull ? demanda ma mère.

- Oh euh, c'est un cadeau, balbutia-je en rougissant.

- Je vois, fit mon père d'un air entendu.

- Har-ry a une amoureu-seuh", chantonna ma sœur.

Je haussai les épaules. Onze ans de fraternité m'avaient appris à faire comme si je n'avais rien entendu. Et puis cela m'arrangeait que ma famille se méprenne.

oO§O§Oo

Peu à peu, je repris mes marques. Je passai plus de temps que d'habitude avec mes parents et fus particulièrement indulgent avec Rose. Cette petite peste en profita d'ailleurs honteusement.

Mais j'avais du mal à faire comme si de rien n'était. Je m'inquiétais beaucoup pour Harry, Hermione, Ginny et Neville. Que se passait-il dans leur monde ? Mon double allait-il réussir à éliminer le Seigneur des Ténèbres ? A quel prix ? L'idée de n'avoir aucun moyen de communiquer avec lui et, a fortiori, de l'aider, me désolait.

Mais ce n'était pas mon genre de passer mon temps à me lamenter sur ce qui ne pouvais être changé. Je ne l'avais pas fait dans l'autre monde, et j'allais pas y succomber en rentrant chez moi. Comme là-bas, je décidai d'aller de l'avant et de tâcher de profiter de ce que mes expériences m'avaient révélées.

C'est ainsi que, deux semaines après mon retour, je frappai à la porte du cabinet de travail de mon père.

" Je peux te parler, Papa ?

- Bien sûr, Harry. Une petite pause me fera du bien, m'accueillit-il avec un grand sourire.

- Je viens te parler affaires."

Il haussa les sourcils, peu habitué à m'entendre si sérieux. Il me désigna un siège de la main et m'accorda toute son attention.

"Je voudrais t'emprunter mille gallions."

La déception qu'il ressentit fut nettement perceptible dans ses yeux marron. Sans doute pensait-il que lui demander de l'argent était là ma conception des "affaires". C'était un peu vexant mais mon insouciance passée justifiait sans doute une telle méprise.

"Puis-je te demander ce que tu veux en faire, ou préfères-tu garder cela pour toi, s'enquit-il, un peu froidement.

- Je voudrais investir, annonçais-je le cœur un peu battant, ayant l'impression de passer un examen particulièrement important.

- Dans quoi ? demanda-t-il, plus chaleureux.

- Je t'ai déjà parlé des jumeaux Weasley ?

- Oui, souvent. Ils font des blagues avec toi à Poudlard, et ce sont eux qui ont retrouvé la carte.

- Exactement. Ils viennent de passer leurs ASPIC et envisagent de vendre leurs idées à des magasins existants. Mais, je suis certain qu'ils préféreraient avoir leur propre boutique.

- Je ne sais pas si c'est une bonne idée, m'opposa très sérieusement mon père. Il ne suffit pas d'une dizaine de produits amusants pour rentabiliser ce genre de commerce. Ils feraient mieux de commencer à se faire connaître en se faisant vendre chez Zonko.

- Moi je pense qu'ils ont suffisamment de produits à mettre en vente dès maintenant, lui assurai-je, heureux qu'il se donne la peine de me réponde sérieusement. Et je ne compte pas tous ceux qui sont actuellement phase de test et dont je ne t'ai pas encore parlé. Cette année, m'échauffai-je, ils ont inventé les pilules de gerbe et les nougats Néansang. Ils nous ont fait un spectacle de feux d'artifice magiques extraordinaire lors du banquet de fin d'année. Il y avait des dragons enflammés et des cierges magiques qui écrivaient "Vive Gryffondor" et "A bas Serpentard" au-dessus de nous. Quand on tentait de les faire disparaître, ils se multipliaient par dix.

- Des pilules de quoi ? demanda-t-il, manifestement intéressé.

Je lui décrivis minutieusement leurs nouveautés.

"Je veux les rencontrer, me dit-il finalement.

- Papa, c'est moi qui veux investir en eux, lui rappelai-je.

- Si tu y tiens, concéda-t-il, visiblement fier de moi, maintenant. Je te prêterai même davantage que mille gallions.

- Mille gallions suffiront, insistai-je fermement, ne pouvant moi-même m'expliquer cet acharnement à reproduire avec précision ce qu'avait fait mon double.

- Bon, d'accord. C'est ton affaire. Mais acceptes-tu que ton vieux père te donne quelques conseils ? J'ai toute confiance en toi, mais mon expérience pourrait te servir."

Il ne fait aucun doute que quelques mois auparavant, j'aurais été avide de faire mes preuves et que j'aurai rechigné à être surveillé. Mais je pensai à un garçon de mon âge qui n'avait jamais eu de père pour répondre à ses questions et apaiser ses inquiétudes.

"C'est entendu. Je te remercie, Papa."

Son sourire me rappela celui de Harry, le jour de la poudre à cochon.

oO§O§Oo

Le lendemain, nous nous sommes rendus au Terrier, après avoir envoyé un hibou annonçant notre venue. Je ne connaissais pas tellement Molly Weasley, que je n'avais croisée qu'à King's Cross. Mais quand elle vint nous accueillir avec bonhomie, j'eus envie de la remercier d'avoir pris le temps de tricoter un pull pour un garçon perdu.

Les jumeaux furent ravis de parler à mon père, car ils le vénéraient depuis que je leur avais avoué qu'il était un des fameux Maraudeurs de la carte. Quand j'expliquai aux jumeaux le but de notre visite, ils restèrent une bonne demi-minute sans pouvoir répondre. C'était bien la première fois que je les voyais sans voix. Cela valait bien mes mille gallions.

"Harry, finit par dire George. Nous ne pourrons jamais te remercier suffisamment pour ce que tu nous proposes.

- Faites rire les gens. C'est tout ce que je vous demande", leur répondis-je du fond du cœur.

Ils reprirent contenance, puis Fred sauta sur ses pieds et bondit dans la cuisine :

"Maman ! On a un boulot ! On va devenir riches !"

Quand elle sut de quoi il retournait, Mrs Weasley dit à mon père :

"Sans vouloir vous offenser, Monsieur Potter, êtes-vous sûr que c'est une bonne idée de leur donner de l'argent pour leurs bêtises ?

- J'en suis persuadé. Vous savez, j'ai été moi-même un spécialiste en bêtises, et je peux vous dire que ce que font vos fils est de la bêtise de première qualité. D'ailleurs, je serais enchanté d'avoir l'honneur d'en voir quelques échantillons."

Alors que Fred et George nous entraînaient vers leurs chambres, nous entendîmes Molly crier :

"Les garçons ! Si jamais vous faites prendre de vos produits à Monsieur Potter…

- Ne vous en faites pas répondit joyeusement mon père. J'ai l'habitude…"

Deux jours plus tard, mon père me donna solennellement une bourse contenant mille gallions, en échange d'une signature sur un parchemin. Je m'empressai de me rendre au Terrier pour la remettre aux jumeaux. Je ne restai pas longtemps, rendu confus par leurs remerciements.

oO§O§Oo

Le 31 juillet, on fêta en grande pompe mes seize ans. Je retrouvais à cette occasion mes meilleurs amis : les jumeaux, Ginny, Neville. Mes parents avaient également invité mon parrain, Remus et Peter.

Je saluai froidement ce dernier et m'arrangeai ensuite pour ne pas avoir à lui parler. Même si rien ne prouvait qu'il ait trahi mes parents ici, je ne pouvais m'empêcher de me défier de lui. Tous ceux que j'avais rencontrés dans l'autre monde étaient semblables à ceux que je connaissais chez moi. Ce qu'ils avaient vécu les rendaient parfois différents en apparence, mais leur personnalité profonde était la même. Même si Peter n'avait peut-être rien fait dans ce monde-ci, il n'en était pas moins capable de faire ce qu'il avait fait dans l'autre. Trahir ses meilleurs amis et assassiner un adolescent, par exemple. Je crois que je n'étais pas loin de le haïr.

Malgré sa présence inopportune, la soirée se passa bien et ce fut un bon moment. Retrouver Neville au meilleur de sa forme était un bonheur. Les jumeaux nous firent mourir de rire en nous décrivant leurs idées pour leurs prochains produits, la perspective d'avoir bientôt leur propre magasin ayant décuplés leur inventivité et leur audace.

Ginny était resplendissante, et je compris l'attirance de mon double pour elle. Je me demandai un instant si ce n'était pas lui qui m'avait montré la voie, finalement. Puis je constatai que Neville semblait très sensible à la grâce de notre amie, sans que je ne ressente la moindre jalousie.

Mais non, je n'étais pas l'autre Harry et aucune des deux Ginny n'était pour moi.

oO§O§Oo

Une fois les invités partis, tandis que les elfes remettaient la maison en ordre, je montais me coucher. Maman toqua à ma porte, alors que j'allais me mettre au lit.

"Je voulais te dire bonsoir, me dit-elle.

- Entre donc, l'invitai-je.

- Tu avais l'air heureux de revoir tes amis, commença-t-elle.

- Oui, c'était formidable. Merci beaucoup à toi et à Papa d'avoir organisé tout cela."

Je vis que Maman hésitait, comme s'il elle voulait me dire quelque chose. Je me glissai sous les draps et tapotai les couvertures pour l'inviter à s'asseoir près de moi. Moi aussi, j'avais des choses à lui demander.

Une fois assise, elle se décida :

" Harry, y a-t-il quelque chose qui te tracasse ? Tu sembles préoccupé depuis ton retour ici."

J'aurai pu tout raconter à ce moment-là. Mais les choses étaient encore trop confuses dans ma tête pour que je puisse les livrer, même à mes parents.

"C'est un peu compliqué, répondis-je. Je préfère ne pas en parler tout de suite.

- Comme tu veux mon chéri, dit-elle avec regret, mais tu sais que ton père et moi serons toujours là pour toi, continua-t-elle.

- Oui, maman, je sais. J'ai juste besoin d'un peu de temps. Et je… je peux te poser une question ?

- Bien sûr."

Je me lançai :

"Maman, aurais-tu entendu parler d'une prophétie, faite par le professeur Trelawney quelque temps avant ma naissance, et susceptible de me concerner ?"

Elle se raidit brusquement.

"C'est ça qui te trouble ? demanda-t-elle.

- En partie, répondis-je.

- Et qui t'a raconté ça ? demanda-t-elle sèchement.

- Personne, prétendis-je.

- Harry ! s'écria-t-elle. C'est important.

- Je sais. J'ai… entendu une conversation que je n'aurais pas dû entendre. Alors, c'est vrai ?

- C'est… Tu sais ce que je pense de la divination, lâcha-t-elle avec répugnance.

- Oui, Maman, répondis-je, me rappelant de son opposition quand j'avais voulu choisir cette matière pensant que cela me donnerai moins de travail que l'arithmancie.

- C'est une prédiction particulièrement obscure, dit-elle tentant de prendre un ton dégagé. En plus, rien ne prouve que tu puisses être concerné."

Elle ne sembla pas vouloir en dire davantage et commença à se lever. Mais je la retins par le bras :

"S'il te plait, Maman. J'ai besoin de savoir."

Elle se rassit et commença de mauvaise grâce :

"La prédiction en elle-même ne veut rien dire, m'assura-t-elle. Ce sont les circonstances dans lesquelles elle a été énoncée qui lui ont donné de l'importance."

Elle soupira puis admit :

"Nous avons eu si peur ! Nous étions en pleine guerre, tu étais encore dans mon ventre... savoir que tu étais peut-être évoqué par une prophétie concernant le Seigneur des Ténèbres nous a terrifiés… Nous avons été obligés de nous cacher dans plein d'endroits. Au lieu d'accoucher à Ste Mangouste, j'ai dû le faire dans un appartement moldu, dans une ville inconnue, avec l'aide de ton père et d'une infirmière sans expérience, mais en laquelle nous avions une entière confiance. Tu la connais, d'ailleurs, c'est Madame Pomfresh… Par un de nos espions, nous avons su que Tu-Sais-Qui avait entendu parler de cette prédiction et qu'il était à ta recherche…Nous avons dû prendre un Gardien du secret. Tu sais ce que c'est ?

- Oui, Maman.

- C'est ton parrain qui a été notre Gardien. Il a risqué sa vie pour toi, à cette époque. Tu ne peux pas imaginer le soulagement que nous avons ressenti en apprenant que Celui-dont-on-ne-doit-pas-prononcer-le-nom avait été arrêté, jugé, envoyé à Azkaban… Et qu'il a ensuite reçu le baiser du Détraqueur."

Elle semblait bouleversée par cette évocation. Je la serrai dans ses bras et lui demandai :

"Elle disait quoi, cette prédiction ?

- Des bêtises. Je n'ai jamais compris ce qu'elle pouvait signifier.

- Elle disait quoi ? insistai-je.

- Elle disait…"

Il fallut quelques secondes à Maman pour qu'elle retrouve les termes exacts.

"Elle disait : Celui qui enseignera à vaincre le Seigneur des Ténèbres approche. Il naîtra de ceux qui l'ont par trois fois défié. Il sera né lorsque mourra le septième mois. Celui que le Seigneur des Ténèbres marquera comme son égal aura un pouvoir qu'il ignore. L'un devra l'enseigner à l'Autre et ce dernier ne peut vivre si l'Autre ne vient pas… Celui qui détient le pouvoir d'enseigner sera né lorsque mourra le septième mois. Un vrai galimatias, n'est ce pas ?"

J'avis la gorge trop serrée pour répondre. Elle reprit au bout d'un moment :

"Il se trouve que trois fois, nous avons empêché Tu-Sais-Qui d'obtenir un objet qu'il convoitait. Nous étions prêts à sacrifier notre vie, mais pas la tienne. Savoir que l'on a mis son propre enfant en danger est atroce… Tu étais si mignon quand tu étais petit, si innocent, si vulnérable… Tu sais, ton père et moi étions prêts à tout pour te protéger. J'avais même prévu le pire…"

Elle s'interrompit, au bord des larmes. Mais je savais ce qu'elle aurait été capable de faire...

"Je sais, Maman, lui dis-je doucement. Je sais…

- Je ne veux pas que tu t'inquiètes à propos de ça ! Le Seigneur des Ténèbres est inoffensif maintenant et tu ne risque plus rien", m'assura-t-elle avec force.

Je la serrai très fort contre moi, puis je m'allongeai complètement, lui tournant le dos, feignant d'avoir sommeil.

Je ne voulais pas qu'elle me voie pleurer.

oO§O§Oo

Elle m'embrassa, éteignit la lumière et ferma la porte, trop bouleversée elle-même pour se rendre compte de mon trouble. Je restai un long moment, sans pouvoir empêcher mes larmes de couler le long de mes joues.

Ainsi, ici aussi, il y avait eu une prédiction, et elle me concernait. Elle avait obligé mes parents à se cacher et les avait mis en danger de mort. Mais Voldemort avait été arrêté et ils avaient vécu.

Quel était mon rôle dans tout cela ? Le peu que j'avais compris de cette obscure prédiction, était que je devais apporter à mon double une connaissance indispensable pour qu'il sorte vainqueur son affrontement avec Voldemort.

Avais-je fait ce que je devais faire ? Que lui avais-je appris ? Je regrettai de toutes mes forces les semaines perdues à nous ignorer l'un l'autre. Je regrettais les discussions futiles où je n'avais fait que le taquiner. Je repassais fébrilement toutes nos conversations dans ma tête, pour tenter de trouver un élément susceptible de m'indiquer que j'avais réussi ma mission. Vers quatre heures du matin, je parvins à la conclusion que j'avais sans doute échoué.

Il s'en fallut d'un cheveu pour que je ne me précipite dans le lit de mes parents, comme je le faisais jadis quand j'avais fait un cauchemar, pour tout leur confier et partager mon fardeau. Mais le souvenir du visage crispé de ma mère quelques heures plus tôt m'en dissuada.

Si elle avait été bouleversée en me parlant d'une prophétie qui ne s'était pas réalisée, que ressentirait-elle si je lui racontais qu'il existait un Harry orphelin, destiné à affronter le Seigneur de Ténèbres ? Je savais qu'elle et mon père se rongeraient les sangs. Et que cela ne servirait à rien. Ils ne pourraient rien faire de plus que moi pour le Survivant.

Tout était fini, j'étais ici, sans possibilité de repartir. Mais je ne pouvais pas tout oublier pour autant. Et certaines questions me taraudaient. Comment Voldemort avait-il été arrêté ? Pourquoi n'était-il pas venu tuer mes parents ce 31 octobre 1981 ?

Je décidai d'en parler à mon parrain.

oO§O§Oo

Près de trois semaines passèrent avant que je n'aie l'occasion d'être en tête à tête avec Sirius. Mais je finis par passer une soirée en sa compagnie, alors que sa femme Antje avait accompagné leur fille Alys quelques jours à la mer, en cette fin d'été.

Mon parrain m'a invité à dîner dans une taverne sympa. Nous avons parlé de choses et d'autres, comme nous avions l'habitude de le faire quand nous étions ensemble. Ce n'est qu'aux alentours du dessert que je réussis à parler du sujet qui m'intéressait.

"Sirius, ma mère m'a expliqué que tu avait été le Gardien du secret pour nous, quand j'étais bébé.

- Oh, c'est une vieille histoire, me répondit-il.

- Tu as risqué ta vie pour nous, insistai-je.

- C'était normal. Ton père a toujours été un frère pour moi.

- Mais justement, tout le monde savait combien vous étiez proches, non ? demandai-je. Tu devais être particulièrement recherché par les Mangemorts.

- Oui, c'est vrai, dit-il en haussant les épaules, comme si cela n'avait pas eu tellement d'importance.

- Et tu n'as pas hésité ?

- J'étais prêt à mourir pour tes parents. Cela doit te sembler grandiloquent, non ? Cela me semble bien ronflant comme phrase, maintenant, jugea-t-il se moquant de lui-même. Mais à l'époque, c'était une réalité pour nous.

- Tu n'as jamais pensé, confier cette mission à un autre moins exposé ?"

Il me contempla, pensif, avant de répondre lentement.

"Je l'avais oublié, mais effectivement… j'y ai pensé à un moment. Ce n'est pas que j'avais peur, non, j'étais trop jeune et trop con pour cela, je crois. Mais c'était une grosse responsabilité et on entendait parler de choses affreuses. Je me rappelle m'être demandé des nuits entières combien de temps je pourrais résister à un Doloris. Il parait que cela peut rendre fou, à la longue. Et puis il y avait l'Imperium, aussi. L'idée de trahir James malgré moi me révulsait. Je me suis dit que ce serait peut-être une bonne idée de confier la charge de Gardien à quelqu'un d'autre et de servir d'appât pour le protéger.

- Et tu ne l'as pas fait ? questionnai-je avidement.

- Finalement non. J'avais prévu d'aller voir Peter et de lui proposer de devenir le Gardien de tes parents à ma place mais, alors que je m'apprêtais à aller le voir, j'ai reçu la visite de Fol-œil, enfin je veux dire Alastor Maugrey. C'était un Auror, un des meilleurs. On l'appelait comme ça car il avait un œil magique qui tournait en permanence. C'était vraiment un drôle de bonhomme. Il était tout retourné quand il a débarqué chez moi car il avait croisé un chat noir en chemin. Il m'a adjuré de ne rien entreprendre d'important dans les jours à venir. C'et qu'il était aussi superstitieux que paranoïaque, ce cher Maugrey !"

Sirius me regarda par en dessous en se grattant la tête, comme embarrassé :

"Tu vas trouver cela idiot, continua-t-il, mais il avait réussi à me foutre les jetons avec son histoire de chat. J'ai du mal à croire aujourd'hui que j'aie pu me laisser impressionner pour une raison aussi stupide, mais j'ai décidé d'attendre un peu avant d'aller voir Peter. Moins de dix jours plus tard, la question ne se posait plus. Voldemort a été arrêté et ma mission a pris fin. Tu vois, il n'y a rien là de bien glorieux."

On est restés quelques instants silencieux, lui, plongé dans ses pensées, et moi stupéfait d'apprendre que mon existence avait été transformée par l'existence d'un chat noir. Il me restait une dernière chose à savoir :

" Et comment s'est passé l'arrestation de Tu-Sais-Qui ? demandai-je.

- C'est la brigade des Aurors qui a réussi à le capturer, m'apprit-il. Alastor Maugrey n'en est pas revenu d'ailleurs. Le vieux renard a terminé sa carrière ce jour-là, après avoir tué des Mangemorts particulièrement coriaces, le couple Lestrange. Tu connais un peu Severus Rogue, non ?

- Oui, répondis-je. Un peu.

- Bon, eh bien figure-toi qu'il a été Mangemort à un moment. Ne dis pas à ta mère que je t'ai raconté ça, hein ! Elle me ferait un sermon car elle estime qu'il s'est racheté et qu'il a le droit de mener sa vie sans être regardé de travers et bla bla bla. Quoiqu'il en soit, c'est lui qui a réussi à indiquer à notre organisation où était Voldemort, ce soir-là et il a aidé les Aurors à entrer. Remarque, il a gagné sa soirée ce vieux Servilo. Le témoignage des Aurors l'a blanchi de tout ce qu'il avait fait auparavant et il a pu prétendre à un poste de Langue-de-plomb au Ministère."

J'eus très envie de lui apprendre que non, ce n'était pas si simple et qu'il avait été bien près de déclancher une catastrophe. Mais, je ne le fis pas, pour les mêmes raisons qui m'avaient incité à ne rien révéler à mes parents. A lui non plus, je n'avais pas le droit d'imposer des regrets et des soucis. Il s'était montré un ami fidèle, il méritait de continuer à se féliciter de la façon dont tout cela s'était terminé.

Dans ce monde-ci, l'hésitation de Sirius avait sauvé Peter de la traîtrise et sauvé la vie de ses amis. Elle m'avait garanti une vie sans histoire et lui avait permis d'échapper à Azkaban. Accessoirement, cela avait permis à Rogue de rentrer au Ministère et ainsi sauvé des générations de Gryffondors de la férule d'un professeur de potions injuste.

Je décidai qu'il valait mieux pour lui ne jamais le savoir.

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23/02/2006 : Mise en ligne de la version modifiée.

25/10/2005 : Bonjour à tous.

Ce chapitre répond à plusieurs questions, notamment ce qui s'est passé dans le monde de Simon. Donc, tout le monde a compris que ce qui a fait la différence entre les deux mondes, c'est la décision de Sirius. Ce qui a motivé cette décision c'est la panique accrue de Maugrey. Et ce qui a paniqué Maugrey plus que d'habitude, c'est le passage du chat noir, alors qu'il se rendait chez Sirius.

Pourquoi un chat noir s'est-il trouvé sur le chemin d'Alastor dans le monde de Simon et pas dans l'autre ? Aucune idée. Je m'occupe des humains, pas des chats… ;-)

Vous l'avez compris, je n'explique pas vraiment pourquoi il y a des mondes parallèles. Pas plus, d'ailleurs que je ne commente ce qui a été à l'origine du voyage de Simon. Je ne le fais pas car je n'ai pas d'idée arrêtée sur l'existence d'un quelconque destin, d'un créateur ou tout autre explication de la vie et des hasards qui la conditionnent. Je vous laisse donc mettre au point votre propre explication


kairi sakura potter : (au cas où tu passes ici) : si tu veux que je te réponde, il faudrait peut-être me donner ton mail ou le mettre dans la case prévue à cet effet, dans la review !

Allima : Tu écris de justesse pour avoir une réponse ! Contente de te revoir.

Lily Petite Etoile : Oui, tu m'as donné 24 heures pour te répondre, mdr. Contente que le match t'ait plu.

Titania.M : Il semble que ffnet a mangé plusieurs messages cette semaine. Remus n'est pas si malheureux : il a des amis et un bon boulot. En règle générale j'ai la manie de caser tout le monde, alors je me suis retenue, pour une fois. Maintenant, tu en sais d'avantage sur la famille de Simon.

Loufoca : Merci d'avoir remarqué les commentaires de Rogue, tu es la seule à m'en avoir parlé et je me disais que c'était passé parfaitement inaperçu. Ton hypothèse tieng lz route, mais je me suis tournée dans une autre direction.

Bertie Crochue : Je crois que tu as un problème car la semaine prochaine c'est le dernier chapitre. Désolée !

Jinny : Amusant le parallèle entre Minerva et Petunia.

Pataci : C'est déjà très agréable pour moi que tu poste une review. Merci.

alana chantelune : J'avais pas pensé à l'équipe de Quidditch mais tu as sûrement raison.

lolann : Courage, il y aura encore une suite la semaine prochaine.

Orlina : Oui, deux Potter c'est beaucoup pour une seule école (Rogue l'avait bien dit, d'ailleurs). Bon, je ne t'empêche pas plus longtemps de travailler…

Kazy : Ouiiiinnnn ! J'aurai bien voulu avoir ta super longue reviews, vilain le bug ! Enfin, ton second essai est déjà très satisfaisant. Remus n'a pas une si mauvaise vie : il a des amis et un boulot intéressant. AUh, la vie d Harry, j'y peux rien, moi. Effectivement, Harry apprends la compassion à Simon. Simon est très égocentrique mais est un grand charmeur. Merci pour la qualité de tes reviews.

Sissicho : Pas si longtemps que cela : moins de deux mois entre la publication des Chroniques et le début de L'Autre ! Merci pour ton mot.

liza Black : Oups, serais-ce mon résumé qui n'est pas bien ? En tout cas, contente que tu aies aimé finalement. Et merci pour tous les mots sur MSB ! Yep, dans ce monde, Hermione n'a d'yeux que pour Ron. Et puis, je l'aime bien, alors je ne vais pas la mettre dans les pattes d'un type qui n'est pas sérieux avec ses copines.

mademoiselle mime : Si tu aimes, c'est parfait. Puis-je te redire à quel point j'ai adoré le premier chapitre de ta dernière histoire ?

sofiaevans : Le plus souvent, Harry voit rouge quand Malefoy lui parle ! Simon est plus cool pour ça.

Namyothis : A plus. Merci pour ton mot.

city2 : Merci pour ton mot, cela m'a fait plaisir de constater que tu aimais à ce point ce que j'avais écrit. Ala prochaine.

Sukazu's Potter : Oui, pour te faire de la pub, il faut que ce soit déjà en ligne. Non, je ne vois pas ce que je pourrais faire en bonus sur cette histoire.

Guezanne : "le chien de fusil" : faut croire que nous avons des expressions spécifique à notre génération. Comme tu as dû le ramrquer, fini, plus d'Autre dans la vie de Simon. Jute un double. Effectivement, je le vois pas abandonner ses amis pour rencontrer ses parents… qui ne sont pas ses parents. De toute façon, il ne le peut pas. Je n'ai pas été sadique au point de lui en donner la possibilité.

lily-rose : Oui, c'est assez intéressant comme technique. C'est pour ça que j'ai récidivé après Mon soricer Bien-aimé qui est construit sur le même modèle. Si, Ron est un peu déstabilisé, le pauvre. Non, Simon est trop égocentrique pour désirer réellement aider Ron.

chrys63 : Ron en a pris son parti je crois. L'alliance contre Malefoy a du bon.

Eva : Comme ça au moins je te reconnais. Tu te sens pas trop seule ?

Boo Sullyvan : La présence de Simon est un peu perturbante pour Ron, mais il va essayer de faire contre mauvaise fortune bon cœur pour ne pas faire de peine à son copain.

Ryan : Non, 7 chapitres. La conclusion la semaine prochaine.

Anaerobie : Dans l'échange d'identité, on peut aller très loin, mais ce n'était pas le but de cette histoire. Je ne vois pas Simon prendre la place de Harry. Il échouerait sans doute. Et puis, ce n'est pas lui qui est désigné pas la première prophétie du monde de Harry. Oui, c'est un UA de la 6ème année (c'était trop compliqué de prendre en compte toutes les nouveautés du vrai tome 6). Il y a en tout 7 chapitre, donc ce sera le dernier la semaine prochaine.

ShiniaMarina : C'est un petit marrant, Simon. Je sais, avec mes deux Harry, j'ai choisi la facilité ;-)

Petiteplume : Oui, tout cela est très perturbant pour les deux, et ils seront sans doute marqués à vie. Domage qu'on ne semble pas prendre les même RER. Cela aurait été amusant de s'y rencontrer !

FeeFleau : Ni l'un ni l'autre ne sont vindicatif, alors ils ne pouvaient pas rester fâchés éternellement. Oui, j'ai lu le tome 6, mais les coïncidences ne sont pas voulues. La plupart sont la suite logique des 5 premiers tomes. Très bonne question, Fée. Les hipogriffes volent bas aujourd'hui, n'est ce pas ?

m4r13 : Euh… ça va mieux ?

fenice : si tu continue à gamberger comme ça, c'est toi qui va écrire un tome 6 !

Crookshank : contente de t'avoir fait rire.

mushu : Pense que c'est déjà un miracle que j'ai eu le temps d'en écrire 7 !

zaika : Merci

Rebecca-Black : Merci pour tes encouragements.

Tchaye : Oui, mes deux garçons sont de plus en plus proches.

ayuluna : Difficile de contourner le Ron Hermione, quand on veut rester dans le canon.

AngieBlack : Merci d'avoir remarqué les transitions, j'ai bossé dessus.

beruou bloub : C'est beau d'être étudiant et de faire la fête. Effectivement, Simon se fiche de Malefoy donc est moins sensible à ses piques.

Shima-chan : Non pas de spoiler. Draco passe son temps à menacer Harry et ses amis.