Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.


Chapitre 97

Derniers jours de vacances

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Les quinze derniers jours avant la rentrée passèrent très vite pour chacun des jeunes gens, rythmés par les visites à Remus, les cours avec Rogue, les séances de Quidditch et les promenades avec Dame Agnes.

Il avait fallu quelques jours à Harry pour assimiler enfin les évènements survenus les semaines précédentes. Du retour de Charlie à la lente agonie de Remus, en passant par son effrayante victoire sur la volonté de Maugrey et les craintes de Ron, toutes ces émotions finirent par faire leur chemin dans l'esprit et le cœur du jeune homme, en partie grâce à Dame Agnes qui lui prêta une oreille attentive.

Hermione était sans cesse sollicitée par Ron, qui, sembla-il à Harry, n'appréciait que moyennement la complicité qui s'était installée entre lui et la jeune fille les semaines précédentes. Le jeune Potter préférait s'en tenir avec elle aux relations qu'ils avaient toujours entretenues, avec cependant une nouvelle compréhension de part et d'autre qui lui laissait chaque fois au cœur un bien être apaisant.

Avec Ginny, il ne se sentait pas très à l'aise. Lorsqu'il lui avait donné la lettre que McGregor leur avait envoyée, elle avait eu un petit sourire malicieux qui valait un "Je t'avais bien dit qu'elle apprécierait ta réponse." S'il s'avisait de lui parler de ses craintes pour cette nouvelle année, elle ne pourrait que lui parler de la jeune fille de Serpentard et il ne voulait surtout pas penser à elle.

Il remettait toujours le moment où il devait recopier l'histoire de Mélusine. Il savait pourtant qu'il n'était plus nécessaire de garder ni l'histoire ni la lettre à présent qu'ils avaient résolu cette partie du secret de Poudlard. Il ne pouvait pourtant se résoudre à la détruire. Le pire était qu'il ne voulait surtout pas reconnaître pourquoi.

Ron quant à lui était bien trop occupé d'Hermione. Il avait fini par reconnaître que ses réticences vis-à-vis des cours d'Harry avec Rogue avaient principalement trait à la crainte de voir son meilleur ami entraîné sur une pente dangereuse dont il n'était pas certain de savoir, ou de pouvoir, le tirer. Il avait admis que sa tolérance en matière de magie noire avait déjà atteint ses limites. Il était cependant prêt à accepter que ceux qu'il aimait pussent avoir un avis différent. Il se réservait toutefois le droit de donner son opinion et d'appuyer sur le signal d'alarme dès qu'il le jugerait nécessaire…

- Les amis sont faits pour cela, lui répondit Harry avec un regard complice à Hermione. Mais ne t'inquiète pas pour moi. Je sais jusqu'où je ne veux pas aller…

C'était ce qu'il avait assuré à Ron, mais ainsi qu'il en fit la confidence à Dame Agnes, s'il savait qu'il ne voulait surtout pas en arriver à ressembler tout à fait à Voldemort, il ne savait comment faire pour y parvenir. La Dame Grise réfléchit un moment, puis elle lui répondit :

- Nul ne peut dire ce que vous serez amené à faire dans les jours et les mois qui viennent… Mais je suis sûre que vous saurez prendre les bonnes décisions. Vous possédez les pouvoirs de l'Héritier de Serpentard, c'est vrai, mais vous n'êtes pas lui. Si vos histoires sont parallèles elles ne sont pas identiques.

- Elles sont liées pourtant… soupira Harry si fort que la Dame s'en émut.

- Je croyais que vous aviez accepté cette part de lui en vous, dit-elle sévèrement. Et que vous étiez prêt à vous servir de cela contre lui-même.

- Je ne suis pas sûr d'en avoir la force, murmura Harry.

- Le preux chevalier partirait-il battu ? se moqua la Dame Grise.

- Je ne suis pas un chevalier ! répliqua Harry.

Dame Agnes leva un sourcil.

- Je me suis pourtant laissée dire que vous aviez prêté serment d'allégeance et que vous aviez reçu l'épée…

- Oh ! oui ! je sais ! l'épée de Godric Gryffondor ! railla Harry. Celle avec laquelle il terrassa Palatine… afin de permettre que Poudlard soit construite. Oui, bien sûr… La même avec laquelle j'ai terrassé le basilic, afin de permettre que Poudlard soit sauvée… Et vous croyez que cela fait de moi un preux ?

- A la cour de Richard, cet exploit vous eût valu au moins une chanson, Sire Harry, et le droit de porter vos couleurs…

Harry sourit à l'image qu'elle évoquait.

- Vous avez été jugé digne de porter celles de Poudlard, continua Dame Agnes. Tous ceux qui vous suivent comptent sur vous.

Harry sourit davantage, un peu ironique cependant.

- Merci, Dame Agnes, de me rappeler que de moi dépend le sort de beaucoup. C'est une pression quotidienne dont je sortirai vainqueur également, grâce à vos paroles qui allègent mon cœur et mon esprit…

La Dame Grise le regarda d'un air narquois.

- Est-ce une impression, jeune homme, où vous sens-je légèrement acrimonieux ?

- Eh bien, fit Harry sur le même ton, entre vous qui me traitez comme si j'étais le capitaine idéal d'une armée de valeureux guerriers et le Professeur Rogue qui se demande pourquoi il perd son temps avec moi… je suis en droit de me poser des questions, non ?

- Non ! répliqua fermement Dame Agnes. Vous ne devez pas vous poser de questions. Vous êtes un capitaine, que vous le vouliez ou non. Et Severus Rogue sait bien qu'il ne perd pas son temps à travailler avec vous. Vous le savez aussi, sinon vous ne perdriez pas le vôtre avec lui.

Elle se leva soudain du banc sur lequel elle était assise auprès d'Harry.

- On m'appelle, dit-elle en s'évaporant déjà. Il n'est plus temps de douter Harry Potter, il est temps d'agir.

Elle disparut dans une volute de brume et Harry se retrouva seul. Il resta un moment dans le jardin à réfléchir. Personne ne vint le déranger ce jour-là, ni les suivants, quand il désira prendre le temps de songer un peu à ce qu'il devait faire.

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Ses visites quasi quotidiennes à Remus avaient fini par faire accepter à Harryla vue de son corps tourmenté et sa souffrance devenue ordinaire. Lupin lui affirmait que Rogue ne lui parlait que des progrès de son élève. Le professeur le trouvait encore un peu réservé, voire réticent sur certaines matières, mais Harry avançait à grands pas. "L'autre" le sentait, d'ailleurs. Le garçon avait confié à son enseignant que le Maître des Ténèbres ne le tourmentait plus autant, contrairement aux débuts de la montée en puissance de ses pouvoirs. Sans doute croyait-il à ce moment-là qu'il suffirait de lui faire peur, de lui faire mal, pour le dissuader de laisser s'épanouir les prédispositions qu'il possédait. A présent, Voldemort savait que tout ce qu'il entreprendrait ne ferait pas dévier le jeune Potter de son but. Il n'essayait plus de jouer avec lui. Il avait compris que la moindre tentative de renouer le contact pourrait se retourner contre lui.

Le cœur d'Harry s'était mis à battre très fort cet après midi-là dans la Cabane Hurlante, alors qu'il était venu voir Remus pour lui parler seul à seul. Le silence de Voldemort ne voulait dire qu'une chose. Il évitait d'envahir ses rêves et son esprit parce qu'il craignait de le laisser pénétrer dans le sien. Il avait peur de ses pouvoirs. Il avait peur de lui. Il était peut-être temps de prendre l'offensive. Un frisson d'appréhension et d'excitation le parcourut. Remus posa sur lui ses yeux à demi fermés, comme pour mieux concentrer la force de son intuition.

- Fais attention Harry… dit-il. Cela peut-être dangereux.

Harry désigna du menton la chemise de Remus qui laissait voir un bout de pansement.

- Sûrement pas plus que de se promener chaque nuit dans la Forêt Interdite pour essayer de trouver un ancien ami passé à l'ennemi…

Remus resserra les cordons de sa chemine dans un geste machinal.

- Bien plus Harry… murmura-t-il. Moi je ne risque que ma vie…

Une fois de plus on lui faisait comprendre qu'il ne s'appartenait pas, que ses décisions mettaient en cause l'avenir du monde des sorciers… Il grimaça d'un sourire amer. Il sentit brusquement la main de Remus sur son poignet, pressante et déjà fiévreuse. La lune amorçait son dernier quartier. Harry détourna les yeux du regard fébrile de Remus, autant pour ne pas voir les marques de sa souffrance que pour lui cacher son sentiment d'incertitude.

- Harry, pria-t-il avec âpreté, ne crois pas qu'on ne t'a pas laissé le choix… Le choix tu l'as fait il y a longtemps, le jour où tu as refusé de donner la pierre philosophale à Voldemort. Il t'a tenté, Harry. Et tu as refusé de tomber dans son piège, ce jour-là…

- Ce jour-là, répéta douloureusement Harry qui pensait à Sirius.

- Harry… soupira Remus tout aussi péniblement. Cesse de te torturer avec ça. Ce n'est pas toi qui as causé la mort de Sirius… S'il n'avait pas tenu à venir, rien ne serait arrivé. Mais cela ne veut pas dire qu'il serait toujours de ce monde…

- Mais il est venu à cause de moi, cria Harry au bord des larmes. Vous avez raison, Remus, je ne risque pas que ma vie. Je fais risquer la leur à ceux que j'aime. Il se sert d'eux contre moi.

- Harry… répéta Remus plus doucement. Le jour où les hommes commanderont à leur cœur de ne plus aimer, ce jour-là sera un jour bien triste pour l'humanité. L'amour n'est pas quelque chose qu'on explique ou qu'on contraint. C'est lui qui nous gouverne et non le contraire. Je ne connais personne qui puisse fermer son cœur ainsi que tu voudrais le faire.

- Rogue y arrive bien, lui… laissa tomber Harry avec aigreur.

- Oh ! fit Remus avec un sourire triste. Tu crois cela, Harry. Si c'était le cas, serait-il aussi malheureux ?

Harry leva vers lui des yeux pleins de colère.

- Et Voldemort ?

Remus fit un effort pour saisir fermement Harry aux épaules.

- Voldemort ? Comptes-tu encore Voldemort parmi les hommes ? Voldemort n'est plus un être humain depuis longtemps. Il a renoncé à son humanité. Son premier meurtre ce n'est pas cette pauvre idiote de Mimi Geignarde. La première personne qu'il a tué, c'est lui-même !

Il se tut, essoufflé. Ses mains serraient toujours ses épaules, son regard plongé dans celui du jeune homme.

- J'ai vu mourir tous mes amis, Harry, reprit-il. C'est vrai, je n'en avais pas beaucoup… Mais je tenais à eux plus qu'à ma propre vie. Et ils étaient les seuls pour qui je comptais. C'était une époque terrible. Voldemort montait en puissance chaque jour. Chaque jour on apprenait la mort et la désolation. Mais nous étions heureux quand même, Harry. N'as-tu pas entendu ce qu'a dit Hermione la veille de Noël ? Ou bien t'es-tu empressé de l'oublier pour pouvoir te lamenter sur toi-même ? C'est exactement ce que Voldemort voudrait faire. Tuer l'espoir et l'amour dans le cœur de chacun d'entre nous.

Il prit une inspiration profonde. Il se retint à Harry.

- Tous ceux qui s'élèvent contre Voldemort le font pour des raisons différentes, mais tous viennent à Dumbledore de leur plein gré. Et tous ceux qui te font confiance, Harry, savent qu'ils prennent des risques. Ne leur fait pas l'affront de croire qu'ils ne savent pas ce qu'ils font. Et laisse-leur ce que tu demandes pour toi-même, la liberté de choisir.

Il lâcha le jeune homme et vacilla tandis qu'il tentait de rejoindre son lit. Harry voulut l'aider. Il tendit les bras. Remus leva la main.

- Je peux marcher seul encore, dit-il presque rageusement.

Il se laissa tomber sur les draps froissés et se tourna imperceptiblement vers le mur.

Harry comprit qu'il devait partir. La tête basse, encore agité de sentiments contradictoires, il traîna les pieds vers la porte.

Remus le rappela. Harry se retourna. La voix de cet homme brisé était douce, son visage pâle mais apaisé.

- Harry, Severus et moi ne sommes pas des exemples à suivre… souffla-t-il. Nous avons fait le vide autour de nous et vois où nous en sommes…

Harry avala sa salive avant de répondre :

- Vous n'avez plus rien à perdre, dit-il.

Remus lui sourit doucement.

- C'est juste… mais plus rien à gagner non plus…

Harry referma la porte derrière lui. Il marcha dans le couloir et le souterrain sans même se rendre compte de ses pas. Lorsqu'il sortit du passage secret, il vit Ginny et Ron qui volaient au-dessus du terrain de Quidditch. Il eut une forte envie de les rejoindre, de voler avec eux, et d'oublier un moment pourquoi ils se trouvaient là au lieu d'être parmi leur famille. Il se rendit d'abord chez Rogue pour lui dire que Remus avait besoin de soins. Il frappa à la porte de son bureau et Mrs Pomfresh lui ouvrit. Il fixait le tablier blanc sans comprendre, une angoisse sourde au fond de la gorge.

- Eh bien ! que voulez-vous Potter ? demanda la guérisseuse avec sa fausse brusquerie habituelle.

- Le Professeur Rogue ? fit Harry. Il lui est arrivé quelque chose ?

- Non ! répondit-elle. Je lui ferai part de votre inquiétude à son sujet. A présent, déguerpissez, jeune homme.

Elle refermait déjà la porte sur lui lorsque Harry avança la main pour la retenir.

- Il a recommencé ? demanda-t-il.

Mrs Pomfresh soupira doucement.

- Laissez-moi retourner auprès de lui, Potter. Donnez-moi le message que vous vouliez lui porter. Il l'aura dès son… réveil ?…

Harry hésita. Comment parler de Remus à un autre que Rogue ? Il secoua la tête. Sans doute la première des choses que ferait Rogue à son réveil serait d'aller trouver Remus pour savoir comment il supportait la lente montée de la lune. Il ne comprenait toujours pas pourquoi Rogue faisait cela pour Remus. Ni pourquoi Remus était allé chercher refuge chez son vieil ennemi. Se pouvait-il qu'Hermione eût vu juste une fois de plus et que l'inimitié des deux hommes ne fût due qu'aux circonstances ? Essayaient-ils de renouer désespérément les fils du passé avant qu'il ne fût trop tard ? Lequel des deux avait eu le rôle le plus difficile ? Celui qui avait tendu la main pour demander de l'aide ? Ou celui qui l'avait acceptée ?

Il arrivait dans le hall et Hermione l'interpella, joyeuse.

- Tu viens avec moi, Harry ? demandait-elle. J'ai promis d'aller voir Ron voler.

Elle prit son bras d'office et l'entraîna vers le terrain de Quidditch. Ron et Ginny leur firent de grands signes dès qu'ils les virent et Ron cria à Harry d'aller chercher son balai pour les rejoindre.

Harry s'éleva du sol. Dans quelques jours à peine sonnerait l'heure de la rentrée. Sa dernière rentrée à Poudlard, quoi qu'il arrivât. Peut-être était-ce cela qui le rendait si mélancolique. Il lui faudrait dire adieu à ce qu'il avait toujours connu. Il s'était éveillé au monde dans l'enceinte de ce château. Il y était entré encore enfant et comme un nouveau né il y avait fait ses premiers pas dans le monde de la magie. Il y avait tout appris, à aimer, à haïr, à choisir… et bientôt il faudrait quitter cet endroit protecteur comme un enfant quitte un jour les bras de sa mère. Il avait beaucoup de mal à s'imaginer ailleurs qu'entre ces murs. Il avait du mal tout simplement à s'imaginer après Poudlard. Une angoisse lui monta soudain à la tête. Et si le face à face que lui promettait Voldemort dans chacun de ses rêves n'avait pas lieu encore avant la fin de l'année ? Où irait-il ? Où Dumbledore le cacherait-il cette fois ? Lui offrirait-il un poste de professeur comme à Trelawney et Rogue ? Le Poste de Professeur de Défense contre les Forces du Mal, par exemple. Et il s'attirerait à jamais la rancœur de Rogue, qui serait obligé de l'appeler Professeur Potter devant les élèves et leurs collègues… Il se mit à rire tout seul… jusqu'au moment où Ron lui lança le souaffle. Il faillit le prendre dans la tête et le lui renvoya aussi sec. Ron le rattrapa d'un geste vif et fonça vers les buts, évitant Ginny d'une feinte qu'Harry ne put qu'admirer. En bas dans les gradins, Hermione applaudit. Ginny hurlait après son frère. Et s'il devait les perdre… Il les perdrait sans doute s'il les éloignait de lui. Il les perdrait peut-être s'il les laissait le suivre…. ou peut-être pas… Il n'était pas plus maître de leur sort, qu'il ne l'était du sien. Après tout, ils savaient tous de quoi Voldemort et ses adeptes étaient capables.

Il fonça sur le souaffle que Ginny lui lança. Ron l'intercepta. Il était déchaîné. S'ils avaient été en train de jouer un match, il aurait pulvérisé les records de buts de l'école. Et lorsqu'ils mirent pied à terre, il arborait un sourire d'une oreille à l'autre. Ginny enfonçait le souaffle dans la boite à grands coups de poings rageurs sous l'œil amusé d'Harry. Elle pestait à grand renfort d'insultes choisies. Elle se tut lorsque Hermione vint les rejoindre pour féliciter Ron. Celui-ci mit son bras autour de ses épaules et déclara à Harry qu'il avait préparé les échiquiers afin d'avoir une vue d'ensemble de la situation avant cette rentrée.

Ils semblaient tous si excités, si pressés de retrouver l'effervescence de Poudlard. Harry frissonna. Ce n'était pas la rentrée scolaire qui les rendait si enthousiastes. C'était de reprendre le combat… Il pensa à la dernière lettre de McGregor. Elle aussi avait hâte de retrouver Poudlard pour en découdre. La guerre était au cœur de toutes les préoccupations, au sein même de l'école. Et comment pouvait-il en être autrement alors que Poudlard était au cœur de cette guerre ?

Harry hocha la tête. La situation était claire, le vent était en train de tourner en faveur de Voldemort. Mais puisque Ron tenait à une partie d'échecs, pourquoi l'en priver ?

Sur une première table les pièces du jeu de Ron étaient disposées face à face. Il montra l'implantation à Harry d'un geste large et grandiloquent.

- La partie que Voldemort croit jouer avec Dumbledore ! fit-il d'un air important.

Harry montra le cavalier d'un air interrogateur.

- Lestrange Frères, marmonna Ron. Lucius est hors course, il a bien fallu le remplacer… Mais les Lestrange ont moins d'envergure que lui, heureusement. Par contre, -il prit le Fou noir et le serra dans son poing-, par contre, il faudra désormais compter avec son Fou…

Il reposa la pièce près de la Tour blanche qui protesta. Elle fut bientôt entourée des pions et du Cavalier Noir.

- Et la Reine ? demanda Ginny. Qui est la Reine ?

- Malefoy… murmura Ron.

- Mais tu viens de dire que Malefoy était hors course…

- Pas le père, le fils… fit Ron à voix basse.

Il regardait Harry avec inquiétude comme s'il venait de dire quelque absurdité. Harry prit la Dame Noire et la déposa au milieu des pièces blanches, juste derrière la Tour.

- Oh mon Dieu ! fit Hermione. Nous sommes cernés….

Ginny examina la situation les paupières à demi fermées.

- Oui, estima-t-elle avec prudence. C'est ce qu'il semblerait. La protection de Poudlard s'affaiblit sans espoir de rétablissement… le Fou prêt à l'attaque et les pions parés à débarquer dès qu'ils recevront le signal donné par… la Reine ? Ensuite le Roi Noir lâche sa Tour, son Cavalier et son Fou dans l'école pour semer la déroute parmi nous, et lui se charge de toi, Harry…

Elle leva la tête vers son frère.

- Tu n'as pas un autre scénario à nous proposer, Ronnie ? Quelque chose d'un peu plus optimiste pour changer ?

Ron leur fit signe vers la table voisine où le jeu d'échec d'Harry était disposé d'une manière différente.

Il toussota pour attirer l'attention de ses amis qui n'attendaient que ses explications… Pour l'instant, rappela-t-il, Poudlard était toujours debout et la protection, pour faible qu'elle se faisait n'en était pas encore totalement disparue. Certes Pettigrew et Malefoy la minaient de l'intérieur, mais le premier était surveillé par Remus qui se ferait un plaisir de signaler tout pas de travers avant même qu'il ne fût fait, et le second avait une marge de manœuvre réduite, ne fût-ce que parce Peeves ne manquerait pas une occasion de lui mettre des bâtons dans les roues. Sans compter que Rogue l'aurait à l'œil, et que ses propres camarades de Maison ne se priveraient pas de l'empêcher d'agir contre leurs intérêts…

Bien sûr, ils ne pouvaient empêcher Jedusor d'agir à l'extérieur. Mais ce n'était pas de leur ressort et ils ne pourraient pas grand-chose là-dessus… Harry hésita. Non, il ne leur dirait pas qu'il pourrait fouiller l'esprit de Voldemort à la recherche de ses sombres projets. Ils le supplieraient de n'en rien faire. Et lui même n'était pas certain de le vouloir non plus.

- Je suppose, dit-il enfin, que tu suggères encore de laisser venir à moi Voldemort… Notre dernier face à face aura lieu à Poudlard, crois-tu ?

Ron haussa les épaules.

- Il vaudrait mieux pour toi… parce que nous serons tous autour de toi pour t'aider.

- S'il vient, il ne viendra pas seul… estima Ginny.

- Il nous enverra ses assassins de toutes façons, trancha Ron. Et puisque l'affrontement est inévitable autant qu'il ait lieu sur notre terrain.

Ron s'éloigna de table où les pièces du jeu d'échecs témoignaient de leur ennui.

- Ce qui serait l'idéal, murmura-t-il comme pour lui-même, ce serait de lui faire croire que la protection de l'école est tombée…

- Tu es dingue ! s'écria Ginny.

- Chut ! fit Hermione. Continue, Ron !

- Il viendrait sans méfiance, certain d'avoir le dernier mot cette fois… Mais ces pouvoirs seraient contrés par le pouvoir de la … protection… Et là, Harry, tu aurais de plus grandes chances de le vaincre…

Harry sourit.

- Oui, Ron , ce serait idéal… Mais comment faire ? Aller nous-mêmes réveiller ce qui dort dans les souterrains…

- Ce serait irresponsable, souffla Ginny. Sans compter qu'avant de trouver la… protection, il nous faudrait passer les sortilèges de sommeil qui barrent le passage…

- Ces sortilèges ne sont rien, réfléchit Hermione. Ils ne sont pas du fait de la protection.

Ses trois amis la regardèrent étrangement. Elle haussa les épaules.

- Nous vous avons raconté l'histoire de Remus et du professeur Rogue… Si les sortilèges d'endormissement étaient du fait de… la protection, comment le professeur aurait-il pu trouver la… le… l'endroit où… vous savez de quoi je parle !

- Tu veux dire qu'ils ont été placés là par… Dumbledore ? demanda Harry. A la suite de cette histoire ?

- Sûrement ! Et la proximité de… vous savez quoi les rend beaucoup plus puissants, c'est tout ! Bien que je craigne qu'ils ne s'affaiblissent également en même temps que la … protection.

- Mais vous ne songez tout de même pas à… écouter les conseils de Ron ! s'affola Ginny.

- Bien sûr que non ! la rassura Hermione. C'est juste que Ron n'a pas une si mauvaise idée… Mais pour faire tomber Voldemort dans un piège, il faudra se lever de très bonne heure…

Elle soupira, comme de regrets.

- On ne sait jamais, fit Harry… Qui sait ? C'est peut-être ça l'idée dont McGregor parle dans sa lettre…

- Pff ! fit Ron.

Hermione et Harry échangèrent un regard.

- Au fait, dit Ron à Hermione. C'est quoi un hutin ?

- Un personnage entêté et querelleur… répondit Ginny à la place de leur amie.

- Pff ! refit Ron. De la part d'une Serpentard, je trouve ça un peu… un peu…

- Un peu quoi, Ron ? s'amusa sa sœur.

- Pff ! dit-il à nouveau, la bouche tordue en une moue dépitée. On verra bien ce qu'elle vaut quand il faudra se battre ! C'est bien beau d'avoir la langue bien pendue, mais on ne l'a pas encore vue à l'œuvre, hein Harry ? Qu'est-ce que tu en penses ?

Harry préféra ne pas répondre. Ginny et Hermione jouaient les Lavande et Parvati en pouffant derrière leurs doigts. Il se mit à ranger ses pièces d'échecs dans leur boite.

- Je voudrais que nous nous réunissions le plus tôt possible après la rentrée, reprit-il un moment plus tard. Tu pourras voir ça avec les préfets, Hermione ?

- Ne t'inquiète pas, lui sourit Ginny. Je suis sûre que dès le premier jour les membres de l'AD viendront te trouver pour te demander si le club reprend cette année…

- Bien sûr qu'il reprend ! répondit Ron.

- Ron et moi, l'interrompit Hermione avant que Ginny n'entame une discussion avec son frère, avons commencé à aménager la salle des Quatre Maisons.

- C'est-à-dire qu'on y a fait le ménage, précisa le jeune Weasley… Comme s'il n'y avait pas assez d'Elfes dans le Château, grommela-t-il à voix basse.

- Nous avions convenu que les Elfes n'auraient pas de surcharge de travail à cause de cette salle ! rappela sévèrement Hermione. Qu'est-ce que je disais ? Ah ! oui, je voulais dire que j'aimerais que dès le deuxième week-end de septembre nous puissions organiser dans la salle des Quatre Maisons une présentation des différentes associations de Poudlard, afin de permettre aux nouveaux arrivés de se renseigner sur ce qui les intéresse… Je suggère que le Club de Duels y soit représenté…

Les regards se tournèrent automatiquement vers Harry. Il leva les yeux au ciel.

- Vous croyez que se sera sage ? demanda-t-il. Vous vous souvenez de ce que nous avions dit l'année dernière : Potter au second plan en ce qui concerne l'école…

- Oui, mais le temps n'est plus à la prudence, répondit Ginny. Je suggère, moi, qu'un membre de chaque maison tienne le stand avec les autres. Nous sommes assez nombreux pour faire un roulement sur la journée…

- Très bonne idée, Ginny, appuya Hermione.

Elle sortit son calepin de sa poche ainsi que sa pointe noire.

- Contacter Hannah et Ernie, Anthony et Padma… Ah… Anthony peut-être pas s'il est Préfet en Chef il aura peut-être d'autres occupations… Luna, oui, Luna sera ravie de représenter les Serdaigle. Ellie pour les Serpentard… Harry, Ron, Ginny… Neville pour les Gryffondor… Je crois que ça ira…

- Et toi ? s'inquiéta Ron.

Hermione rangea son calepin et sa mine.

- Moi, je suis l'organisatrice, répondit-elle. Et… je… J'aurai assez d'occupations comme ça… Comme l'a dit Ginny, nous sommes assez nombreux pour que ma présence ne soit pas indispensable… Vous pensez qu'une démonstration serait bienvenue ?

Ils continuèrent ainsi toute la soirée, organisant le nouveau club. Ils s'aperçurent ainsi qu'Hermione avait déjà tout prévu, des groupes de niveau, à la lettre de demande d'autorisation. Elle était déjà écrite. Il ne manquait que la signature du responsable du Club et Harry se fit prier pour la signer. Hermione lui répondit qu'il avait été nommé chef du groupe par ses pairs lors de la première année et que son titre ne lui avait pas été disputé l'année précédente. Harry rougit un peu en se souvenant que c'était Cho qui l'avait d'office lancé à la tête de l'AD. Il rougit d'avantage lorsqu'il songea qu'il avait été proclamé commandant en chef du bataillon de défense de Poudlard par McGregor. Ses amis crurent que sa modestie se trouvait embarrassée de se retrouver ainsi sur la sellette. Harry ne les détrompa pas.

Plus la rentrée approchait, plus il pensait au retour de McGregor… Plus il pensait à elle, plus il essayait de la chasser de son esprit… Et plus il essayait de l'oublier, plus il pensait à elle. Ginny ne l'aidait pas beaucoup d'ailleurs dans ses tentatives. Elle ne parlait que de ses projets avec la jeune Préfète de Serpentard au sujet d'activités dont il ne comprit pas le but, car il s'efforçait de fermer ses oreilles chaque fois qu'elle prononçait le nom d'Ellie. Il se réfugiait de plus en plus dans les jardins de la Dame Grise et Ron ricanait chaque fois qu'il en revenait. Quelques allusions à l'attirance qu'il exerçait sur les fantômes de Poudlard, montrèrent à Harry qu'une fois de plus son ami était complètement à côté de la plaque. Mais que pouvait-on demander à quelqu'un qui avait la capacité émotionnelle d'une cuillère à thé ? Surtout quand la contenance de la dite cuillère était déjà occupée par les émois que lui causaient une certaine Super Préfète déjà toute à ses nouvelles responsabilités.

Harry cessa ses visites à Remus la veille de la rentrée. Lupin ne lui demanda rien, ce fut lui qui comprit que les efforts que son ami fournissait en sa présence lui coûtaient autant que la douleur de sa blessure. Il lui serra les mains sans rien dire, longuement. Remus et lui savaient qu'ils ne se reverraient pas de sitôt. Ils ne pouvaient risquer une indiscrétion et quelques centaines de paires d'yeux seraient bientôt braqués sur Harry. Il le rappela pourtant, lorsque le jeune homme se retourna une dernière fois sur le pas de la porte.

- Tu sais où me trouver en cas d'urgence… essaya-t-il de plaisanter.

Mais ni lui ni Harry ne sourirent.

- Harry, chacun fait ce qu'il peut en ce bas monde. On ne peut reprocher à personne d'avoir fait de son mieux. Le plus difficile n'est pas d'en convaincre les autres, le plus difficile c'est de s'en convaincre soi- même.

Cette fois Harry sourit, un peu triste.

- On trouvera bien le moyen de se revoir, lui assura Remus comme le jeune homme ne se décidait pas à refermer la porte sur lui. Après la pleine lune…

Harry hocha la tête, la main sur la poignée de la porte qu'il ne pouvait se résoudre à pousser.

- Oui, fit Remus dans un effort pour lui sourire. J'aimerais assez que tu me parles de cette petite que tu as en tête… C'est elle qui te rend si mélancolique ?

La porte fut fermée sans que le jeune homme eût bougé le bras. Il était toujours derrière elle, mais à présent qu'elle le cachait aux regards de Lupin il n'avait plus qu'à rebrousser chemin. Ce qu'il fit hâtivement quand il entendit le rire de Remus à travers la porte close.


RAR du chap 96

Alixe : J'adore ce chapitre : il est drôle et grave et aborde des sujets que je trouve passionants : Magie noire et ethique. On dirait un sujet de thèse ! lol ! Bon, on reprenons :Tu commence par une discussion légère avec Ron très "adolescent" et voilà que Harry passe un nouveau cap : il a compris qu'il n'y a pas de guerre propre. Tu as su donner suffisament de gravité à la scène pour ne pas rendre notre héros irresponsable. Mais en même temps, il arrive à se replacer sur le registre de la plaisanterie, ce qui montre qu'il a dépassé le stade du doute. En certaines choses, oui…
Un léger bémol : tu passes un peu vite du PDV de Harry à celui de Ron, il m'a fallu deux ligne et une relecture pour m'y retrouver (il y a bien une phrase de transition, mais quand on lit un peu vite...) Faut que je revoie ça…
Interessant les perspectives d'avenir d'Hermione, mais elle se sous-estime, à mon avis. Et dire qu'on me reproche d'en faire une superwoman ! Espérons que Ron ne soit pas trop clairvoyant pour cette fois, toutefois. Rogue en chercheur célèbre et adulé… mouéééé ! C'est une éventualité… mais non ! il n'y a pas d'hippogriffe dans les parages… juste un ou deux sombrals, là derrière… Ha ! vous ne les voyez pas… c'est pas grave… tant mieux pour vous d'ailleurs… On parlait de quoi ? Remus ? C'est gentil de remettre une scène avec Remus pour ses fan. On m'a assez reproché de ne l'avoir fait apparaître que trop chichement dans la première partie. J'ai adoré la définition juridique (sans doute mes annéees de droit), ainsi que la discussion qui suit sur les limites de la loi, le rapport entre loi et morale, la difficulté de se faire juge de l'intention des gens. Superbes sujets de philosophie et sociologie du droit. Ca m'arrive de temps en temps… Et c'est en plein dans la trame de l'histoire en fait… Les romans de JKR posent des parallèles avec l'Histoire, et avec les sujets d'actualité, donc pourquoi pas… Je me suis souvenue de mes années de droit aussi pour la définition. (pas beaucoup : 2 et seulement du droit d'entreprise…) mais je me suis amusée à faire coller les termes. Sur le premier forum où je poste, ce chapitre avait suscité de vives réactions… Je ne voulais absolument pas provoquer, juste montrer que les jeunes gens prenaient de plus en plus conscience de la complexité de la lutte et de la vie… mais le débat s'est ouvert et ce fut très enrichissant…
Et pour conclure, Rogue qui s'essaie à l'humour... on aura tout vu ! Je ne te le fais pas dire ! Mais il renâcle le bougre… il est plutôt réfractaire…

calypso63 : Merci pour tes félicitations. et enfin merci de faire rêver de pauvres lecteurs oui, au sens propre du terme lol !… enfin, du moins, deux lecteurs…

Ayako : Je ne suis pas d'accord avec Rem, Sev devrait continuer de faire des plaisanteries, comme tous le prend au serieux cest d'autant plus marrant... Hahahaha ! oui mais ils en prendraient l'habitude et je ne suis pas sûre que Severus supporterait la pression… Et pis pour une fois qu'il tente de detendre l'athmosphère faut pas le briser ds son élan... Il a une drole de façon de détendre l'atmosphère, tu ne crois pas… ? Quel mank de tact ce Remus o Total ! mais on lui pardonne, le pauvre…
Et comment il fait Sev pr arriver sans qu'on le soupçonne il se désillusionne? L'habitude !
Sinon je plains Ron sera-t-il un jour tranquille àc sa honey chérie (je sens le troupeaux d'Hypogriffes car c comme les hirodelles, il reviennent aux pritemps) hahahahhahaha ! allez je vais pas briser le suspens quand même ! Vous verrez bien…
Kisu et joyeuses paques (enfin surtout pour tes enfants ) beuh ! moi aussi j'aime le chocolat !

Lyane : Bien pensé de mettre un débat sur la magie noire. Ca sera très utile pour la suite, je pense. Cela aidera peut-être Harry à y voir plus clair. Et Rogue qui fait une tentative d'humour, c'est vraiment bien. C'est exactement ça : une tentative

mate : j'ai pu lire en totalité ce que tu avais écrit, et j'ai adoré. continu comme ca! Merci. J'espère que cela te plaira toujours par la suite.

Cornedrue : hello... c'est moi... review j'sais-plus-combien-en-un... j'commence par m'excuser... Mais non ! le principal c'est que tu lises ! et que cela te plaise… mais bon... la vie ne nous laisse pas toujours faire les choses comme on voudrait... A qui le dis-tu ! je suis soufflé par ton imagination, et la façon magnifique de décrire les personnages, surtout les weasley... je suis super d'accord avec ta vision de ma rouquine préférée surtout... tu m'en vois ravie ! parce que là justement je me posais des questions. J'ai eu quelques retours un peu acides, non pas sur l'histoire en elle-même du moins je ne crois pas, ni sur ma manière de l'écrire, mais sur ma façon de voir les persos –dont les deux Weasley entre autres- et de les décrire... et j'étais sur le point de me relire pour vérifier si je n'avais pas écrit le contraire de ce que je voulais… C'est pas grave. On ne peut pas plaire à tout le monde…