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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris... Bonne lecture.


Chapitre 118

Le Gardien du Secret

Harry passa l'après-midi dans la salle des Quatre Maisons, à attendre qu'on vînt le chercher. Il essayait de se concentrer sur son travail, sous l'œil attentif d'Hermione et l'air compatissant de Ron. Harry avait fini par le mettre dans la confidence, au sujet du Fidélitas, devant son inquiétude à son égard.

Le jeune Weasley avait été impressionné. Il avait simplement hoché la tête, sans prononcer un seul mot. Puis il lui avait tapé sur l'épaule, s'était raclé la gorge et avait fait semblant de se plonger dans son livre de cours. Harry cependant savait qu'il le regardait souvent à la dérobée, comme pour s'assurer que tout allait bien. Cela le faisait sourire, d'ailleurs. Comment Ron pouvait-il suivre sa lecture, tenir la main d'Hermione à côté de lui et surveiller les états d'âme de son meilleur ami ? Lui était bien incapable de se concentrer sur quoi que ce fût. D'un côté, il n'entendait que les gloussements des filles de Septième Année qui admirait pour la centième fois au moins la bague de Susan, que Justin lui avait donnée le matin même. Une magnifique bague de fiançailles, qui était dans la famille Finch-Fletchey depuis des générations.

De l'autre, il essayait tant bien que mal de ne pas lever à tout moment les yeux vers la table au fond de la salle, où Ginny et Luna donnaient à McGregor les cours qu'elles avaient pris à sa place durant son absence. Il savait qu'Hermione avait prêté sa plume à papote pour que les deux jeunes filles pussent recopier les leçons qu'Ellie avait manquées. Toute l'après-midi, McGregor resta là, à se mettre à jour dans ses devoirs. Et quand elle quitta la pièce, il n'osa pas l'appeler, ni la suivre dans le couloir. Ses amies Serpentard l'entouraient. Elle n'était pas seule. Elle n'avait pas besoin de lui.

La Salle Commune se vidait peu à peu. La fin de l'après-midi approchait à grands pas et le Professeur Dumbledore ne l'avait toujours pas fait appeler. Un secret espoir commença à naître, que le Professeur avait changé d'avis ; que sa tante avait catégoriquement refusé de l'avoir pour Gardien du Secret ; qu'ils avaient brutalement disparus, elle et Duddley, de la surface de la terre…Il prit sa tête entre ses mains. Il eut une furieuse envie de voir Remus. Mais il ne pouvait quitter le château, alors qu'à tout moment on pouvait venir le chercher. Il lui fallait pourtant sortir de cette salle étouffante et terriblement vide à présent qu'Ellen n'y était plus. Il savait que Ron et Hermione le regardaient avec une inquiétude renouvelée. Il se força à se calmer. Il ferma ses livres lentement et les confia à Hermione sur un sourire.

-Je serais dans les jardins, dit-il. Au cas où on me ferait chercher.

Ron essaya un pauvre sourire.

-Dame Agnès ? tenta-t-il de se moquer.

Pourquoi pas ? songea Harry. Il y avait longtemps qu'il n'avait fait la conversation avec la Dame Grise. Il rendit son sourire à Ron tandis qu'Hermione lui conseillait de prendre son manteau pour sortir dans la fraîcheur de la fin d'après-midi.

La Dame Grise n'était pas là. Ni Sir Nicholas. Aucun fantôme ne croisa dans les parages des jardins durant toute l'heure qu'il passa seul à observer tomber la nuit. Hermione vint le chercher alors que les premières étoiles s'allumaient. Il la suivit en silence et lui serra simplement la main quand elle le quitta au pied du Grand Escalier.

Harry monta lentement les marches jusqu'au bureau de Dumbledore. McGonagall l'attendait, un peu tendue. Fumseck s'agita sur son perchoir. Il s'envola jusqu'au poignet du jeune homme qui interrogea le professeur de Métamorphoses du regard.

-Je vous attendrais, Harry, chuchota-t-elle d'une voix anxieuse.

Harry n'eut que le temps de se sentir aspiré dans un battement d'ailes du phénix.

Mondingus Fletcher observait le filet de café qui coulait du bec de la cafetière dans la tasse en porcelaine.

-Ça ira comme cela ? demanda Arabella Figg.

-J'aimerais mieux un café irlandais… bougonna le vieux Ding dans sa barbe.

-Je n'ai pas d'alcool chez moi. Et tu sais bien que tu ne supportes pas l'alcool, Mondingus ! Rappela Mrs Figg sur un ton sévère.

Mondingus grogna quelques paroles incompréhensibles. En face de lui, Tonks prit sa tête à deux mains.

-Encore un peu de café, Nymphadora ? Tant qu'il est encore chaud ? Proposa Mrs Figg avec amabilité.

-Volontiers, bailla Tonks en poussant sa tasse vers la vieille dame.

Mrs Figg sourit à la jeune femme.

-Mauvaise journée ? demanda-t-elle avec sollicitude.

-Horrible ! répondit Mondingus Fletcher à la place de Tonks. Par Merlin ! La vieille est totalement foldingue, c'est un fait. Mais le gamin ! le gamin ! je ne sais pas ce qui m'a retenu de lui envoyer un Silencio en pleine poire !

-Moi, Ding ! fit Tonks… C'est moi qui t'ai empêché d'envoyer quoi que ce soit à la figure de ce sale môme moldu…

-Vous n'exagérez pas un tout petit peu, tous le deux ? se mit à rire Arabella Figg Je les supporte bien depuis seize ans, moi…

-Pas de si près, Bella ! la contredit Fletcher. Pas de si près…!

Tonks secoua la tête. Elle avala son café avec une grimace. Arabella Figg la contempla avec affection.

-Ils te font travailler dur, mon petit…

-C'est pas ça, Arabella… C'est juste que les obsèques de Quentin avant-hier et escorter ces deux-là aujourd'hui c'est vraiment trop pour moi. J'ai présumé de mes forces…

-Surtout après la nuit de lundi à mardi, grogna Mondingus Fletcher. Tu te sens mieux ? C'était quoi ce qu'il t'a balancé, cette ordure de Malefoy ?

Tonks releva la tête, elle ouvrit la bouche pour répondre à Mondingus, mais s'écria :

-Harry ! Te voilà !

-Déjà ? s'écria Mondingus Fletcher en se tournant vers la porte de la cuisine.

Harry se tenait en effet devant la porte de la cuisine, Fumseck sur le poing. Il fit un signe de la main et un sourire incertain. Il avança d'un pas, hésita, chancela. Le phénix s'évapora. Mrs Figg posa vivement la cafetière sur la table tandis que Mondingus Fletcher se levait prestement pour retenir le jeune homme.

Harry le remercia. Il détestait vraiment les voyages instantanés. Ils avaient sur lui un effet désastreux. Le vieil homme se mit à rire. Il donna deux vigoureuses tapes sur l'épaule d'Harry.

-Ces jeunes ! Aucune résistance ! s'exclama-t-il.

Il avait l'œil moins terne que d'ordinaire, sembla-t-il à Harry. Et s'il empestait encore le mauvais tabac, il n'émanait plus de lui cette vague odeur d'alcool frelaté.

-Bonsoir Mrs Figg, dit Harry.

Elle, par contre, sentait toujours le chou. A moins que ce ne fût la pièce qui était imprégnée de cette odeur.

-Vous pouvez me dire où nous sommes ? demanda enfin Harry.

-Chez moi, répondit fièrement Mrs Figg.

Harry jeta un regard circulaire sur la pièce. Ce n'était pas la cuisine de Mrs Figg. Il la connaissait parfaitement pourtant. Il y avait passé de nombreuses journées, lorsque son oncle et sa tante sortaient et qu'ils ne souhaitaient pas sa présence. Ce qui arrivait en fait chaque fois qu'ils sortaient.

-Chez moi, répéta Mrs Figg en riant. Mon vrai chez moi. Pas celui que m'a procuré Albus, il y a vingt ans, quand il m'a demandé d'exercer cette mission de surveillance à Privet Drive… Je n'y avais pas remis les pieds depuis seize ans, mais j'ai réussi à lui redonner un petit coup de neuf. Molly m'a bien aidé, je dois le dire… Dans quelques jours, on aura l'impression qu'on a toujours vécu ici… Assieds-toi donc, Harry. Albus ne va pas tarder à t'appeler. Il est avec eux dans la chambre d'amis. Tu veux du thé ? Du café ? Manger ?

Harry déclina toutes les offres. Il s'assit cependant en face de Tonks. Il n'avait pas envie de voir les Dursley… du moins pas encore.

-Ça va ? demanda-t-il à Tonks. Tu as des nouvelles de Charlie ?

Tonks passa la main dans ses cheveux rouges. Un sourire éclaira son visage fatigué.

-Il sera bientôt de retour, assura-t-elle avec confiance.

-Mouais ! douta Mondingus. Pas pressé de revenir, tout de même…

-Mondingus… menaça doucement Mrs Figg.

-Il veut revenir avec la moto d'Hagrid, commença la jeune femme… Heu… de Sirius… enfin…

-Avec ma moto, précisa Harry dans un sourire grimaçant. Et alors ?

-Il n'est pas assez remis pour faire le voyage dans ces conditions, fit Tonks en haussant les épaules.

-C'est ce que je disais… continua Ding, le nez dans sa tasse de café presque froid à présent. Si j'avais une petite comme toi qui m'attende au pays, me dépêcherais de rentrer…

Arabella et Tonks le regardèrent du même air vipérin. Il reposa sa tasse sur la table sans paraître s'en rendre compte.

-Tu es sûre qu'il n'y avait personne qui lui tournait autour, là-bas, en France… Il faut se méfier des sorcières françaises… Moi, il m'est arrivé une aventure, quand j'étais jeune… Je me souviens… Aïe ! tu te sens bien Bella ?

-Beaucoup mieux maintenant ! répliqua Arabella Figg en reposant une cuillère en bois sur l'évier.

Dans un bruissement de tissu, Albus Dumbledore apparut dans l'encadrement de la porte de la cuisine. Il fit un signe à Harry qui le rejoignit aussitôt. Le vieux mage plongea son regard dans celui du jeune homme.

-Tu es prêt ? demanda-t-il. Tu peux encore renoncer, Harry…

Harry secoua la tête.

-C'est à moi de le faire, dit-il.

Dumbledore lui montra le chemin. Il le suivit dans le couloir, passa devant le salon, où les chats de Mrs Figg prenaient possession de leur nouveau territoire. Ils montèrent à l'étage et Dumbledore désigna la porte de la chambre. Harry l'ouvrit avec appréhension.

Pétunia et Duddley se tenaient assis sur le lit, serrés l'un contre l'autre. Lorsqu'elle vit son neveu, le visage de Pétunia se durcit. L'égarement fit place à la colère. Elle eut une moue dégoûtée. Duddley se mit à gémir et se cacha entre les bras de sa mère. Il portait encore le bras en écharpe et une attelle à la jambe. Harry sourit. Pétunia n'avait sans doute pas voulu qu'un guérisseur touchât à son Duddy chéri. Il lui vint à l'esprit, à les voir aussi terrorisés et à la fois pleins de rancœur et d'hostilité, que c'était le spectacle navrant qu'ils avaient offerts à Ellen McGregor.

Ses pensées, une seconde, s'envolèrent vers Ellen. La colère qu'il était prêt à ressentir retomba aussitôt. Il désigna la jambe et le bras de Duddley.

-Les guérisseurs n'ont rien pu faire pour lui ? demanda-t-il.

-Je ne veux pas que ces charlatans touchent à mon Duddy ! cracha Pétunia avec hargne.

Harry haussa les épaules. Tant pis pour son Duddy. De toutes façons, il aurait du repos forcé durant quelque temps.

Dumbledore s'avança dans son dos. Le magicien posa ses deux mains sur les épaules du jeune homme et le maintint face à sa tante et son cousin.

-J'ai ensorcelé la maison cet après-midi, expliqua-t-il. Le sortilège du Fidelitas est en place. Il ne manque qu'une seule chose pour l'activer.

Le cœur d'Harry battait dans sa poitrine à grands coups réguliers. Pétunia serra un peu plus son fils contre elle.

-Harry Potter, reprit Dumbledore, acceptes-tu de ton plein gré de prendre le secret du lieu de résidence de Pétunia et Duddley Dursley ?

-Je l'accepte, dit Harry d'une voix qui ne tremblait pas, à sa propre surprise.

-Pétunia et Duddley Dursley, acceptez-vous de votre plein gré de confier le secret du lieu de votre résidence à Harry Potter ?

Quelques secondes passèrent, interminables. Puis Pétunia dit d'une voix éteinte :

-Je l'accepte.

Duddley hocha la tête plusieurs fois, très vite.

-Moi aussi… murmura-t-il, apeuré.

Dumbledore reprit :

-Nous sommes ici, à St. Nectan's Glen, à Tintagel, lieu où résident Pétunia et Duddley Dursley. Désormais personne ne pourra les trouver que par la volonté de leur gardien.

Il y eut soudain un moment de flou -quelques secondes à peine- qui cessa tout aussi brusquement. Harry avait frissonné comme lors d'un sortilège de Désillusion. Il leva les yeux vers le professeur.

-C'est tout ? demanda-t-il, presque étonné.

Dumbledore sourit.

-En ce qui te concerne, oui, c'est tout… Le sortilège de Fidelitas est actif dès cet instant. Ta tante est sous ta protection, comme tu as été sous la sienne pendant seize ans…

Harry fit une moue et malgré lui ses yeux se posèrent sur le visage déformé de ressentiment de sa tante.

-Reste à espérer que cela ne durera pas seize années de plus… murmura le jeune homme avec un sourire amer.

L'air paniqué de Duddley ne lui procura aucune satisfaction.

-Puis-je retourner à Poudlard, maintenant ? demanda-t-il encore.

Dumbledore hocha la tête.

-Va m'attendre avec Arabella, proposa-t-il. J'ai encore quelques recommandations et rappels à faire à ta tante, et à ton cousin, avant de rentrer…

Il sembla à Harry qu'une lueur un peu plus dure incendia le regard du directeur. Le jeune homme se tourna une dernière fois vers Pétunia et Duddley.

-Adieu, dit-il.

Il quitta la pièce sans un regard de plus.

Il referma la porte sur son dos et s'y appuya une minute ou deux, le temps de reprendre une respiration moins rapide. Pétunia goûtait-elle toute l'ironie de la situation, au moment même où ils croyaient être débarrassés l'un de l'autre pour toujours ? Il redescendit lentement au rez-de-chaussée. Dans le couloir, Pompon se retourna, les babines retroussées dans un feulement d'avertissement. Il reconnut Harry et le laissa passer avec un miaulement.

-Et oui, mon vieux, fit Harry qui s'arrêta pour le caresser. Je sais, c'est pas drôle… Si tu veux un conseil, montre à Duddley que tu es le maître chez toi dès le départ…

Pompon émit un grognement dubitatif et lui montra le chemin jusqu'à la cuisine. Mrs Figg était seule. Mondingus et Tonks étaient partis. Harry s'approcha de la vieille dame.

-Tu ne veux vraiment pas une tasse de thé ? demanda-t-elle.

Il se pencha vers la joue ridée d'Arabella Figg et déposa un baiser dessus.

-Merci, murmura-t-il.

Elle sourit, émue et passa sa vieille main dans les cheveux rebelles du jeune homme.

-Tu étais un si petit garçon, dit-elle à voix basse elle aussi… Et tu courrais si vite… Pompon n'arrivait pas à te suivre…

Elle l'examina de la tête aux pieds, soupira :

-Ca ne nous rajeunit pas tout ça, hein… ?

Puis elle se détourna en toussotant, appela ses chats et cogna leurs gamelles les unes contre les autres. Harry la vit essuyer ses yeux d'un geste furtif.

-Bon ! Avec tout ça, je sais toujours pas ce que je vais leur faire à souper à ces deux cocos…

Le Professeur Dumbledore rejoignit Harry dans la cuisine quelques minutes plus tard. Il salua Mrs Figg qui se déclara heureuse de lui rendre service. Le Professeur appela Fumseck à voix basse et le phénix apparut aussitôt.

-Dans mon bureau, Fumseck… A propos, et avant de partir, veux-tu nous dire, Harry, où se trouvent ta tante et ton cousin ?

Harry le regarda d'un drôle d'air, puis il comprit.

-Oh ! bien sûr Professeur !

Il répéta l'adresse qu'avait donnée le Professeur Dumbledore. Mrs Figg le remercia d'un signe de tête et retourna à ses casseroles.

Fumseck se posa sur la main d'Harry et celui-ci refit le voyage à l'envers. Il se tint sur ses gardes cette fois et n'eut pas besoin du bras de McGonagall qui se tendait vers lui.

-Tout va bien ? demanda le Professeur McGonagall avec inquiétude.

Harry hocha la tête. Le bureau de Dumbledore tournait un peu, mais il savait que ce n'était pas là le sens de la question de Minerva. Elle lui fit un sourire soulagé.

-Tout s'est bien passé ? insista-t-elle. Je commençais à m'inquiéter. Je… j'ai cru que … cette femme avait encore fait quelque scandale…

Dumbledore apparut à ce moment dans son bureau. Il se mit à rire.

-Elle n'a pas osé, dit-il. Je lui ai rappelé quelques petites choses qu'elle me paraissait avoir oubliées…

-Comme ? interrogea McGonagall un sourcil levé.

Dumbledore haussa une épaule :

- Hé bien… Quand elle a accepté Harry chez elle, elle a assuré sa survie, c'est un fait. Mais elle savait ce que cela signifiait. Elle savait qu'un jour elle serait à nouveau confrontée au monde des sorciers. Quoi qu'elle fasse pour l'en empêcher !

-C'est pourtant la politique que vous avez vous-même employé avec moi, Professeur, répondit Harry. Vous aussi m'avez tenu dans l'ignorance… Et je suis sûr que vous ne m'avez pas encore tout dit, en ce qui me concerne.

McGonagall s'agita un peu. Dumbledore lui fit signe de ne pas intervenir. Harry continua.

-Remus prétend que certaines questions méritent qu'on trouve les réponses tout seul… Vous croyez aussi que je dois trouver seul la réponse que je dois faire à Voldemort ?

Dumbledore fit le tour de son bureau et s'approcha de la fenêtre. Fumseck retourna à son perchoir.

-Tom et moi avons commis la même erreur, Harry, murmura le directeur. Nous t'avons sous-estimé… Lui par orgueil et dédain, moi par crainte de te mettre en danger un peu trop tôt…

McGonagall fronça les sourcils. Harry fixa son regard sur le dos du vieil homme. Il fut ramené quelques dix-huit mois plus tôt, dans ce même bureau, au moment où il hurlait sa colère et sa douleur.

-Voldemort a commis des erreurs par ignorance, Professeur… reprit Harry d'une voix étrangement froide. Mais vous, est-ce parce que vous en savez trop ?

Et comme Dumbledore ne répondait pas il continua :

-Vous ne me faites toujours pas confiance, Professeur ? Vous croyez que je vais prendre peur ? Que je vais renoncer à me battre contre Voldemort ?

Le directeur se retourna lentement. Il rencontra le regard inquiet de Minerva McGonagall. Il se taisait toujours.

-Voldemort et moi sommes liés, à la vie à la mort… continua Harry. Il y a longtemps que je le sais. Je ne dirais pas que cela ne me fait pas peur, ce ne serait pas vrai. Mais je l'ai accepté. De toutes façons, nous ne devrions plus appartenir à ce monde depuis seize ans… Ni lui, ni moi…

Minerva McGonagall frissonna. Elle observait Dumbledore.

-Albus, dit-elle à voix basse. Je crois que Potter attend une réponse.

Dumbledore quitta la fenêtre. Il se rapprocha d'Harry.

-Il y a seize ans, l'amour de ta mère t'a ramené à la vie, dit le vieil homme. Il y a seize ans, Voldemort a échappé à la mort. Aujourd'hui, tu es plus fort que tu ne l'aurais été si rien n'était arrivé. Aujourd'hui, Tom en est au même point qu'il y a seize ans. J'ignore si tu pourras le combattre et en sortir indemne. Je t'ai donné tous les moyens que j'avais en ma possession pour t'aider à le faire. J'espère n'avoir pas commis trop d'erreurs irréparables. J'espère que tu portes en toi assez de lumière pour éclairer les ténèbres de Voldemort. Tout ce que je sais c'est que je le ferais à ta place, si je le pouvais. Mais ni moi ni personne ne le peut… Aucun pouvoir de mort ne peut vaincre Tom.

Harry baissa les yeux sur ses mains. Dumbledore se rapprocha davantage.

-Harry, reprit-il. Ne crois pas que je n'ai pas confiance en toi… Chaque jour qui passe, tu me prouves que j'ai eu raison de croire en toi.

Minerva McGonagall s'avança à côté de Dumbledore. Elle sourit à Harry.

-Je suis sûre que vous serez le plus grand chasseur de mages noirs de tous les temps, Potter… dit-elle d'une voix émue.

Harry lui rendit son sourire.

-Vous m'avez promis de m'aider à le devenir, lui rappela-t-il sur un ton un peu éteint.

Il releva la tête vers Dumbledore.

-Je suppose que vous ignorez aussi de quelle manière je pourrais finalement vaincre Voldemort…

Le vieil homme secoua la tête.

-A moins que vous ne vouliez que je trouve la réponse moi-même… reprit Harry.

Il n'attendit pas la réponse de Dumbledore. Il marcha vers la porte et salua les deux professeurs. Il descendit l'escalier en vis jusqu'au couloir. Ron et Hermione devaient l'attendre impatiemment. En effet, ils étaient là, à faire les cent pas devant la gargouille. Ils l'encadrèrent aussitôt.

-Tout va bien ? demanda Hermione avec inquiétude.

-Comme quelqu'un qui vient de s'entendre confirmer qu'il n'en a plus pour très longtemps à vivre… murmura Harry.

Ron pâlit.

-Le labo pour une conversation privée ? questionna Hermione.

-Le labo, acquiesça Harry.

Non qu'il eût réellement envie de parler de son entretien avec Dumbledore, mais il n'avait pas vraiment envie de se retrouver dans la Grande Salle avec tout ce monde autour de lui.

Hermione referma la porte sur elle.

-Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle. Ca c'est mal passé ?

-Avec ma tante ? Non… enfin… Ca c'est passé ni mal ni bien… Ca c'est passé, c'est tout.

Harry passa ses mains dans ses cheveux.

-J'ai voulu forcer Dumbledore à me dire ce qu'il savait et qu'il ne m'avait pas encore dit… reprit-il avant de se taire et de se concentrer sur ses ongles.

Ron toussota.

-A propos de ta prochaine rencontre avec Jedusor ? s'étrangla-t-il.

Harry hocha la tête.

-Et alors ? fit Ron, presque aphone.

-Je ne sais pas grand-chose de plus, avoua Harry. Vous vous souvenez de notre conversation, le jour où nous sommes revenus du Chemin de Traverse avec Neville ?

Ron frotta ses cheveux courts, d'un geste nerveux. Hermione tordit sa bouche et mordit ses lèvres. Ils se souvenaient parfaitement des paroles échangées alors qu'Harry leur apprenait l'existence de la prophétie et qu'ils présumaient de ses interprétations possibles. Harry leur avait dit sans s'émouvoir qu'il était prêt à se sacrifier pour vaincre Voldemort.

Hermione pencha sa tête vers celle de leur ami.

-Il t'a dit clairement que tu ne pouvais vaincre Voldemort sans y laisser la vie ? chuchota-t-elle.

-Il n'a rien dit du tout, soupira Harry. Il a juste dit que ça pouvait arriver… et quand Dumbledore dit que cela peut arriver

Ron était livide, Hermione silencieuse. Elle se leva soudain et se mit à marcher dans la pièce de long en large.

-De toutes façons, on en est tous au même point, n'est-ce pas… Nous savons tous que nous ne passerons pas au travers de la tempête. Ni toi, ni moi, ni personne… Nous espérons tous que nous souffrirons le moins possible. Mais il est possible que les morts ne soient pas les plus à plaindre…. Je comprends que l'échéance qui se rapproche t'inquiète, Harry. Je comprends que tu aies peur. J'ai très peur aussi. Et Ron a peur aussi…

Le jeune Weasley leva les yeux vers elle. Elle lui tendit les bras. Il quitta sa place pour se rendre auprès d'elle et la prendre dans les siens. Il la serra contre lui.

-Elle a raison, tu sais, murmura-t-il. Mais on n'y peut pas grand-chose, pas vrai… à part nous préparer tant que nous avons du répit.

Un répit. Un sursit. Quelques jours ou quelques semaines qui feraient la différence. Harry leur sourit.

-Je ne sais pas vous, mais moi, je n'ai pas l'intention de me laisser éliminer comme ça… dit-il sur un ton un peu trop enjoué pour être naturel.

-Nous non plus ! déclara Ron.

-Vigilance constante ! s'exclama Hermione dans un rire nerveux.

-Oui, renchérit Harry. Et à propos…

-Tu veux qu'on surveille Nott ? proposa Ron d'un air inspiré.

-Nott ? fit Harry étonné…

-Hé bien oui ! Nott ! s'exclama Ron. Tu as bien vu ce matin comme il a arraché l'avis de recherche de Malefoy…

Harry leva l'index. Bien sûr, Ron ne savait pas ce que Nott avait murmuré à McGregor. Il se rendit compte qu'il n'avait pas parlé de la scène qu'il avait surprise entre le jeune homme et Drago Malefoy. Il n'avait eu que McGregor en tête ces derniers jours. Il avait failli oublier le reste. Il fit signe à ses amis de le rejoindre autour de la table. Il leur raconta la discussion entre Nott et Drago, ainsi que les réactions des deux Serpentard. Il leur répéta également les paroles du jeune homme à McGregor le matin même. Ron comprit qu'il avait mal interprété la situation et fronça les sourcils.

-Qu'est-ce qu'il compte faire contre Lucius Malefoy en étant à Poudlard ? demanda-t-il avec évidence.

-Il espère peut-être le prendre en chasse à Noël, hésita Harry.

-Il pense peut-être que Drago est en relation avec son père, lui répondit Hermione. Il va sans doute le surveiller pour en savoir plus…

-Malefoy ne va pas pouvoir faire un pas hors de ses quartiers sans une kyrielle de casseroles aux fesses, murmura Harry avec un sourire moqueur.

Il se leva.

-On va manger ? demanda-t-il. Ensuite j'irai faire un tour dans les jardins… Je demanderai à Dame Agnes des nouvelles du Conseil des Fantômes… J'ai comme l'impression qu'eux aussi ont Drago Malefoy à l'œil.

Il frissonna au souvenir de cette sensation désagréable qu'il avait ressentie lorsque le Baron lui avait traversé le corps. Ron fit une grimace.

-Berk ! fit-il.

Il entraîna Hermione vers la porte. Harry les suivit. Ils restèrent silencieux jusqu'à leur arrivée dans la Grande Salle. Harry prit place en face de Neville. Celui-ci sourit devant l'air songeur de son ami.

-A qui penses-tu ? demanda le jeune Londubat sur un clin d'œil.

-A quoi ! corrigea Harry. Je me demande ce que ma tante et mon cousin auront mangé ce soir…

Ses pensées s'envolèrent un instant vers Mrs Figg et ses chats. Il avait vécu des années près de cette femme sans se rendre compte qu'elle était une amie. Il songea à ses mots dans cette cuisine qui sentait le chou. "Tu étais un si petit garçon, et tu courais si vite…" Il lui sembla bien loin ce temps où il était un petit garçon ignorant du monde des sorciers. Bien loin en effet ce temps où son seul souci était d'échapper à Duddley et sa bande de brutes.

Il tourna la tête vers la table des Serpentard. Presque malgré lui. Nott était à sa place en bout de table. Crabbe paraissait toujours aussi accablé. Il avait repris sa place à côté de Malefoy, qui présidait avec davantage de morgue encore que d'habitude. Du moins, c'est ce qu'il sembla à Harry. Il tourna un peu plus les yeux vers le groupe des adversaires de Malefoy. McGregor faisait régner l'ordre avec son impétuosité coutumière. Le geste un peu plus brusque, un peu plus sec, un peu plus las que d'ordinaire, peut-être.

-Elle a l'air d'aller mieux… lui souffla Hermione à l'oreille.

Harry sentit son visage chauffer un peu. Il haussa les épaules.

-J'imagine qu'elle ne veut pas qu'ils voient ses larmes et sa peine… répondit-il. Ce doit être difficile pour elle.

-Pourquoi ne vas-tu pas lui dire que tu es là pour elle ? suggéra Hermione. Elle sera là tout à l'heure dans la salle des Quatre Maisons. Je l'ai entendue le dire à Ginny.

-Et moi, je serai avec Dame Agnes, Hermione, rappela doucement Harry. Il faut penser à nos priorités. Et puis…

Il jeta un dernier regard à la table des Serpentard.

-Et puis, reprit-il en revenant à Hermione, elle n'a pas besoin de moi. Elle est très entourée. Ses amis ne la quittent pas. Elle n'a pas besoin de moi.

Hermione le regarda dans les yeux. Il essaya de ne pas rougir.

-Comme tu veux Harry… dit-elle. C'est toi qui vois si cela en vaut la peine.

Elle lui sourit. Ron se pencha vers leur ami, par-dessus l'épaule de la jeune fille. Il l'embrassa au passage, s'attirant quelques ricanements de la part de Seamus.

-Hé Harry ! fit Ron. Colin demande s'il peut venir s'entraîner à prendre des photos durant le prochain entraînement de demain ? Il dit qu'il a l'autorisation de McGo….

-Quoi ? J'en sais rien ! répondit Harry.

-Dis-lui qu'il a trois autres équipes à perturber avec ses photos ! conseilla Neville.

-Dis-lui de se présenter sur le terrain à l'heure de l'entraînement, proposa Hermione. Harry verra comment ça se passe et il donnera sa réponse ensuite…

-On a peut-être notre mot à dire, Trésor… l'interrompit Ron.

-Si tu me laissais finir, mon cœur ? Harry donnera sa réponse ensuite, quand il aura consulté les joueurs… Voilà, tu es content ?

-C'est peut-être à Harry de décider, grogna Seamus.

-Oui, acquiesça Hermione. Il décidera si cela entre dans ses priorités…

Harry lui fit une grimace. Il se plongea dans son assiette. Son estomac noué toute la journée commençait à trouver le temps long.

-Ma priorité, dit-il, c'est de manger, pour l'instant… Ensuite, nous verrons…

Ensuite, il penserait à un million de choses pour oublier sa tante et son cousin ; que Dumbledore craignait pour sa vie ; oublier surtout qu'il ne pouvait demander à Ellen de revivre pour lui ce qu'elle venait de vivre pour son frère.


RAR du chap 117 :

Ayako : Alors j'adôre la rivalité entre Nott et Ellie, je sens que les prochain chapitre vont être divertissants sur ce point imagine Nott et Ellie se battre tels des chifonniers, tandis que Draco, mi gêné mi flatté déclare "ne vous battez pas pour moi les gars..." phrase qu'il aurait mieux fait de taire, il le comprendra à ses dépens hahahahha ! L'image serait curieuse, en effet… Sinon il me semble que l'organisation des défenses est pour l'instant un vrai chaos... pauv Hermione... je sens la migraine poindre à l'horizon... C'est un défi pour notre Hermione ! Elle le relèvera ! comme toujours… et elle va se faire aider quand même…
Et Harry va-t-il enfin comprendre les vertu de ne pas tout garder pour soi? Ca fait tellement du bien de se confier/ se plaindre à autrui oui mais ça se commande pas…

craup : J'adore ta façon d'écrire un slash. Heu… pourquoi tu dis ça ? Par contre, les raisons des hésitations d'Harry sont de plus en plus obscures, mais, bon, s'il n'hésitait plus ton roman serait vite fini, n'est-ce pas? Et puis si Harry Potter était un garçon de décisions rapides, il n'y aurait pas 7 tomes non plus. Et puis il ne s'agit plus d'hésitations. Ce n'est pas parce qu'on sait les choses qu'on est prêt à les assumer…

Lyane : Nott m'a l'air bien remonté contre Lucius, j'ai hâte de voir comment ça va tourner. Oui, il va falloir compter avec l'inconnue Nott à présent… De même pour le gardiennage du secret (je sais pas trop si ça se dit...). Harry gardien du secret de sa tante… c'est ironique n'est-ce pas… Bien contente d'avoir revu Remus, il va pas trop mal apparement. Ça peut aller en effet… Et je trouve que Ellie et Harry sont trop choux tous les deux. Ils commencent à se rapprocher un peu (j'ai bien dit un peu!). il ne faut pas confondre vitesse et précipitation…