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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.


Chapitre 120

Le Phénix et les Dragons

….

Harry avait beau se concentrer sur son livre, il ne comprenait rien à ce qu'il lisait. Les lignes noires dansaient devant ses yeux et les mots n'avaient aucun sens. Il avait évité toute la journée de penser à McGregor. A sa colère qui lui faisait encore mal. Davantage que les coups de pieds qu'elle lui avait envoyé dans les tibias. Il n'aurait pas du lui parler si durement. Il aurait du… Il prit sa tête entre ses mains. Elle le détestait sûrement à présent. Non qu'il espérât encore davantage que son amitié… Mais il aurait pu être auprès d'elle, pour lui éviter d'aller trop loin avec Malefoy… Il avait tout gâché parce qu'il n'avait pas réfléchi. Il ne réfléchissait jamais d'ailleurs. Et surtout pas quand elle le regardait avec ses grands yeux débordant de chagrin.

Ron était fâché avec Ginny à cause de l'Expelliarmus qu'il lui avait lancé dans le couloir la veille au soir. La scène avait été violente dans la salle Commune des Gryffondor. Il l'avait traité d'inconsciente. Elle lui avait reproché de vouloir jouer au grand frère.Ron lui avait renvoyé à la tête ses manières indiscrètes. Il avait encore sur le cœur la Poudre aux Yeux des jumeaux qu'elle avait ajouté au parfum de Neville.

-Tu n'aimes pas qu'on mette son nez dans ta vie privée, n'est-ce pas… lui avait-il crié, fulminant de colère. Alors toi non plus, ne vas pas te mêler de ce qui ne te regarde pas ! Si jamais tu recommences à t'occuper des affaires des autres –et en particulier de leurs affaires sentimentales- tu auras affaire à moi ! Je peux faire pire que l'an dernier tu sais ! J'ai pris de longues leçons d'ingérence avec Maman !

Il n'avait évité le Chauve-Furie de Ginny que parce qu'il s'y attendait. C'était Seamus qui l'avait reçu alors qu'il était en train de parier sur la déroute de Ron face à sa sœur. Hermione avait renvoyé Ginny et Ron dans leur dortoir, et accompagné Seamus à l'infirmerie.

Le lendemain matin, les tensions étaient apaisées, mais Ginny et Ron n'avaient toujours pas enterré la hache de guerre. Entre le frère et la sœur le contentieux s'alourdissait. Harry avait conseillé à Ron de crever l'abcès. Ginny n'était pas idiote, elle avait simplement des idées très arrêtées sur la manière dont les gens devaient vivre leurs histoires de coeur. Une mise au point s'imposait. Ils étaient frère et sœur : ils s'invectiveraient, s'enverraient leurs quatre vérités au visage, se feraient la tête un moment, puis se réconcilieraient… Après tout, ils n'étaient pas si différents l'un de l'autre, quand on y songeait… Et pour une fois, Ron avait suivi son conseil.

Chez les Préfets, ils avaient eu un tête-à-tête, encore assez houleux. L'affaire du Chauve Furie avait fait le tour de l'école, les autres Préfets avaient préféré leur laisser une intimité bienvenue.

Pendant ce temps, Harry avait passé un moment à la bibliothèque à ne pouvoir rien faire d'autre que penser à McGregor et aux affiches qu'elle n'allait sans doute pas manquer de placarder à nouveau un peu partout dans l'école. Il en voulait à Hermione. Furieusement. Et quand il en eut assez des ricanements des amis de Malefoy qui le regardaient en chuchotant, il descendit dans la salle des Quatre Maisons où il savait trouver la Préfète en Chef. Il prit place en face d'elle, à la table où elle étudiait seule.

-Ron n'est pas là ? demanda-t-il brusquement.

Hermione leva un sourcil et croisa les mains sur son livre.

-Tu penses que je l'ai caché dans ma poche ou bien veux-tu savoir où il est ? demanda-t-elle très sérieusement.

-Je veux savoir s'il risque de surgir brutalement dans la salle ou si on a un moment devant nous ! grogna Harry.

-La dernière fois que je l'ai vu, il faisait une partie d'échec avec Sir Nicholas dans notre salle commune… Pourquoi ?

-Parce que j'ai à te parler de plusieurs choses et que je ne veux pas qu'il l'entende… Tout d'abord, il faut que tu saches que Ginny a mis de la Poudre aux Yeux dans le parfum de Neville…

-Je le sais, l'interrompit Hermione.

Harry en resta bouche bée.

-Qui te l'a dit ? réussit-il à articuler malgré la surprise.

Hermione croisa et décroisa ses doigts sur son livre pendant quelques minutes.

-Quand un garçon qui n'a jamais pu aligner deux mots d'amour à la suite se met à débiter des compliments longs comme le bras… ça sème le doute, crois-moi… se décida-t-elle à répondre. Surtout quand celle qui les écoute les trouve les plus merveilleusement tournés alors qu'elle est plutôt du genre rationnel et réservé, d'ordinaire.

Elle secoua la tête, l'air de penser à autre chose, puis revint à Harry.

-J'ai analysé le parfum. Et comme je ne crois pas Neville capable d'une chose pareille, je suppose donc que Ginny est l'auteur de la farce… surtout avec ses antécédents…

Elle appuya un long regard entendu sur Harry

-Je ne crois pas qu'elle voulait vous nuire… se hâta de la défendre le jeune homme. Elle n'a simplement pas pensé aux conséquences que cela pourrait avoir…

-Je sais très bien ce qu'elle a voulu faire, soupira Hermione. Je crois que cette histoire de fiançailles entre Justin et Susan est montée à la tête de beaucoup trop de monde. Ernie et Hannah veulent faire pareil à présent. Depuis les deuils qui ont frappé l'école, devant cet avenir qui s'enténèbre tous les jours davantage, chacun cherche à se rassurer et se raccrocher à des certitudes… Ginny me fait penser à Molly, en somme, qui fait des projets de mariage comme si c'était la seule manière de se persuader qu'il y aura un "dans six mois" ou "dans un an"…

La voix d'Hermione trembla un peu. Harry sentit sa colère contre son amie fondre en quelques secondes. Il lui sourit et chercha son regard qui fuyait le sien.

-Je crois qu'elle veut simplement que ses fils soient heureux, dit-il doucement. Et qu'ils lui fassent des petits-enfants, pour pouvoir materner à nouveau… et pour qu'il y ait un avenir, quoi qu'il arrive. En cela tu as raison.

Elle lui rendit un sourire timide.

-Sauf que je vois mal Molly user de tels procédés pour arriver à ses fins…

Harry dut en convenir.

-Tu n'en veux pas trop à Ginny au moins… s'inquiéta-t-il quand même.

-Non…

Elle se mit à rire.

-C'était une drôle de soirée, mais une excellente soirée quand même.

-A propos… fit Harry redevenu sérieux. Il faut que je sache une chose. C'est Dawson qui est venue nous dénoncer au sujet de ta surprise… ?

-Qui te l'a dit ? s'étonna Hermione.

-Je ne suis pas si stupide, fit mine de se vexer Harry. Et puis cette gamine a la délation dans le sang… et je sais qu'elle est très jalouse de toi… Mais je n'aurais jamais pensé qu'elle pouvait vouloir te priver de ta fête d'anniversaire…

-Non, Harry, le coupa Hermione. Ce n'est pas elle qui m'a privée de cette fête. S'il n'y avait eu ces circonstances tragiques, j'aurais joué la surprise. Je t'aurais laissé me retenir dans le labo et je me serais bien amusée à te voir te démener pour inventer une excuse potable afin de me convaincre de rester avec toi… jusqu'à ce que Ron t'appelle sur ton miroir.

Harry fit une grimace comique.

-Vraiment, Harry… reprocha doucement la jeune fille. Comment peux-tu croire que j'aurais pu gâcher la soirée de Ron simplement parce qu'une petite fille envieuse m'aurait gâché la mienne ? Ça a été une telle déception pour lui… Mais je ne pouvais pas vous laisser faire. Tu comprends cela, Harry. Ç'aurait été de mauvais goût…

Harry admit qu'elle n'avait pas tout à fait tort. Il reconnut pour lui-même qu'il aurait été mal à l'aise, sachant Ellen à sa tristesse, de se trouver à une fête telle que Ron l'avait initialement prévue pour Hermione.

-Est-ce tout ? demanda Hermione qui rouvrait déjà ses livres.

-Non, répondit très vite Harry de peur de n'avoir pas le courage de poser la question suivante.

Il ne la regarda pas quand il l'interrogea :

-C'est toi qui a dit à Ron pour McGregor ? Je veux dire…

-Je sais ce que tu veux dire, et non, ce n'est pas moi qui ai parlé de quoi que ce soit à Ron.

Elle reprit au bout d'un moment.

-Pourquoi ? Il t'a questionné sur elle ?

Harry haussa une épaule.

-Je n'en sais rien… avoua-t-il. Il m'a parlé d'elle, mais pour me dire qu'il s'inquiétait de la savoir chez les Serpentard à portée de baguette de Malefoy… Tout de suite après, il m'a dit que je pouvais lui parler de mes peines de cœur… Alors je me demandais comment il avait pu faire le rapprochement… Tu crois que Ginny … ? ou Neville… ?

-Ron n'est pas plus stupide que toi, Harry, répondit Hermione. Je t'ai déjà dit qu'il était capable de comprendre plus de choses que tu ne le croyais… et pour ceux qu'il aime, il est vraiment prêt à faire tous les efforts qu'il peut. On pourrait le croire envieux ou ombrageux… Il n'a horreur que d'une chose : qu'on le maintienne à l'écart, qu'on lui cache des choses, qu'on lui mente, qu'on ne le croie pas capable de comprendre ou de faire certaines choses… Il est souvent maladroit, mais ce n'est pas par sécheresse de cœur, contrairement à ce qu'il laisse paraître parfois. Il se doute pour Ellie McGregor. Et même s'il ne sait mettre un nom sur celle qui occupe ton cœur et ton esprit depuis un moment, il devine que tu vis quelque chose d'un peu compliqué. Ce qui le chagrine, c'est que tu ne lui fasses pas assez confiance pour lui en parler…

Harry baissa la tête.

-J'ai du mal à en parler avec moi-même… avoua-t-il.

-C'est ce que je lui ai dit, acquiesça Hermione.

Il leva un œil vers elle, par-dessus ses lunettes.

-Je ne sais toujours pas quoi faire… confessa-t-il.

Hermione hocha la tête.

-Surtout qu'elle doit être terriblement en colère contre toi pour avoir osé la priver de l'affrontement avec Malefoy qu'elle avait soigneusement préparé…

-Comment le sais-tu ?

-Je suis Préfète en Chef, je sais toujours tout !

Harry grogna.

-Tu es pire que McGonagall et Rogue réunis !

Hermione se mit à rire légèrement. Elle se leva et ramena ses affaires vers elle.

-Tu sais, Harry, j'aurai plutôt tendance à prendre cela pour un compliment.

-Où vas-tu ? s'angoissa brusquement le jeune homme.

Il ne voulait pas rester seul. Parler de McGregor avec Hermione ne le dérangeait pas. Il ne voulait pas penser à elle… C'était une nuance dont il s'étonna lui-même.

-Retrouver Ron, répondit Hermione.

-Mais il n'a pas besoin de toi ! Il joue aux échecs avec Sir Nicholas…

-Il a tout le temps besoin de moi, répliqua la jeune fille. Quand il gagne pour partager sa victoire avec moi et quand il perd pour que je lui dise qu'il fera mieux la prochaine fois. Tu devrais y songer Harry. C'est fort charitable de consoler ceux qui sont dans la peine, mais se faire consoler ce n'est pas mal non plus quand on en a besoin.

Il repensait aux paroles d'Hermione. Il n'avait besoin d'aucune consolation. Et il ne l'attendait sûrement pas de McGregor. Qu'avait-elle voulu dire, encore ? La tête toujours dans ses mains, il tirait sur ses cheveux. Il préférait mille fois souffrir de sa cicatrice qu'être sans nouvelle d'Ellen. Même si elle devait lui signifier qu'elle le haïssait à tout jamais.

Quelqu'un s'assit à sa table en face de lui. Il leva les yeux. C'était elle. Elle croisa ses doigts sur la table et le regarda dans les yeux.

- Je n'avais pas à te parler comme je l'ai fait, dit-elle abruptement.

Puis elle baissa le regard et se plongea dans la contemplation de ses ongles rongés presque jusqu'au sang. Harry se sentit mal à l'aise.

- Ecoute, McGregor, bredouilla-t-il. Je ne voulais pas…

Elle l'arrêta d'un geste de la main, sans pouvoir parler immédiatement, cependant.

- Non, tu as raison… Rien ne ramènera Quentin, dit-elle enfin sans lever la tête.

- Je ne voulais pas te faire de mal, termina Harry dans un murmure.

Elle secoua la tête

- Ce n'est pas toi qui m'as fait du mal, répondit-elle.

Harry eut envie de poser ses mains sur les siennes, comme il l'avait fait dans le cachot le jour où elle avait appris la mort de son frère. Mais il y avait trop de monde dans la salle des Quatre Maisons. On les regardait déjà avec curiosité. L'esclandre avorté de la veille avait quand même fait beaucoup de bruit dans l'école.

- Malefoy sait toujours où frapper… dit-il pour éviter le silence. Je parle d'expérience. Et je sais aussi que répondre à ses provocations n'est pas une solution.

- Sans doute, admit McGregor. En tous cas, je n'avais pas à vouloir te blesser toi.

Harry haussa les épaules.

- Tu n'étais pas toi-même…

- Ce n'est pas une excuse, répondit-elle en évitant son regard.

Harry songea qu'il ne pouvait lui en vouloir de son humeur violente. Lui-même n'avait-il pas rendu tout le monde responsable de ses malheurs deux ans plus tôt. La souffrance n'était pas une excuse, non, mais un début d'explication. Il y eut un nouveau silence. Ellie fit une grimace.

- Tu sais Potter, si tu étais moins compréhensif, ça m'arrangerait… je ne suis pas douée pour faire des excuses et je crois que je m'en sortirais mieux si tu te montrais un peu plus rancunier…

Harry ne put s'empêcher de sourire.

- Et pourquoi ferais-je cela pour toi ? demanda-t-il. Crois-tu que j'ai envie de te faciliter les choses ? Tu m'as profondément blessé, et ma magnanimité sera aussi grande que l'affront que tu m'as fait. J'accepte d'autant plus volontiers tes excuses, McGregor, que j'ai l'impression que je vais pouvoir me vanter d'être la seule personne à en avoir reçu de ta part.

Elle se pencha vivement par-dessus la table.

- Si tu fais ça, Potter, tu peux dire adieu à ta tranquillité ! le menaça-t-elle à voix basse mais féroce…

Harry se mit à rire. Elle tordit sa bouche.

- Tu veux bien tirer un trait sur ce qui s'est passé ?

- Tu parles de quoi, McGregor ?

Le visage de la jeune fille se détendit. Harry lui sourit.

- Ce serait tellement stupide que tu te prives de tes amis à cause de Malefoy, estima-t-il.

- Oui, soupira-t-elle en se levant. Il me prive déjà de leur compagnie à cause de ces stupides retenues…

- Rogue t'a encore punie à cause d'hier ? s'alarma Harry.

Elle secoua la tête.

- Granger a négocié avec Londubat pour qu'il ne parle de rien… Finalement, c'est pas mal d'être dans les petits papiers de la Super Préfète, hein Potter ?

-Je crois que le nez en compote de Neville y est pour quelque chose, expliqua Harry. Je ne suis pas certain que Goyle a frappé le premier cette fois… Neville a été très évasif là-dessus…

Elle sourit à demi, se leva pour quitter la table, comme à regrets semblait-il. Elle revint près d'Harry qui leva la tête vers elle.

- Et… hésita-t-elle un peu avant de reprendre. Je voulais te dire merci, Potter.

Il ne sut pourquoi, Harry se sentit embarrassé soudain.

- Heu… pourquoi ?

Elle sourit, comme pour elle-même.

- Pour n'avoir pas essayé de profiter de la situation…

Elle fit comme si elle ne voyait pas les joues du jeune homme qui s'empourpraient. Elle tourna les talons et traversa la salle sans se retourner. Harry replongea dans son livre, mais il ne parvint pas plus que quelques instants plus tôt à fixer son attention sur sa leçon.

La lune était pleine. Elle était cachée par de lourds nuages sombres, mais elle était pleine. Du parc, Harry ne voyait que le reflet du lac chaque fois qu'un rayon de lune venait en effleurer la surface agitée par le vent d'octobre. La prochaine aurait lieu le trente et un octobre, dans la nuit d'Halloween. Il se souvenait que Remus en avait parlé. En fait, ces mots n'avaient jamais vraiment quitté son esprit. La nuit d'Halloween serait une nuit de pleine lune, comme celle où son père et sa mère avaient trouvé la mort. Seize ans déjà s'étaient écoulés depuis. Seize ans qu'il avait été brutalement privé de chaleur et d'amour. Si seulement il pouvait se souvenir de la douceur de cette courte année… Dans ses rêves, il lui arrivait parfois d'entendre encore la voix de sa mère qui chantait. Quelques réminiscences de tendresse trop vite évaporées dans un réveil douloureux.

Harry appuya son front contre la vitre froide. Sa cicatrice lui faisait mal. Ce n'étaient pas les maux de tête causés par la fatigue des séances avec Rogue, ni la fulgurante blessure des tourments imposés par Voldemort. C'était une démangeaison plus ou moins vive, mais constante depuis l'après-midi. Depuis ce moment, où elle était venue le trouver et où elle avait enfin posé sur lui un regard sans tristesse ni moquerie.

Le bruit dans son dos s'amplifia un peu. Les Préfets rentraient. L'heure du couvre-feu était déjà passée. Il sentit qu'on s'approchait de lui. C'était Ginny. Elle allait poser sa main sur son épaule et lui demander s'il allait bien. Ensuite, elle allait lui parler de Dawson.

-Harry ?

Il se tourna vers la jeune fille.

-Je ne veux vraiment pas t'ennuyer avec ça… Mais faut vraiment faire quelque chose pour cette peste de Dawson ! Elle nous a rendu la vie impossible, à Ellie et moi, lors du dernier club de Duels…

-Ça y est ! répondit Harry en souriant.

-Ça y est quoi ? Ne me dis pas qu'elle est venue se plaindre à toi encore une fois !

Harry reporta son attention vers la nuit noire.

-Je ne lui ai pas laissé le temps de se plaindre, soupira Harry. Je lui ai dit que j'étais d'accord pour qu'elle change de jour.

-Et tu l'as envoyée où ? demanda Ginny, mi soulagée mi contrariée.

-Avec les Troisième Année…

Il y eut un silence, puis Ginny éclata de rire.

-Chez Neville ? Le pauvre ! N'as-tu pas pitié de lui !

Harry haussa les épaules.

-Elle voulait être avec les classes supérieures, au lieu d'être avec les Première Année : elle l'est… C'est un Septième Année qui lui fera cours, et non deux gamines de Sixième… Que les Troisième Année en soient au même point que les Deuxième, voire les Première pour certains, n'est absolument pas mon problème. Et je suis sûr que Neville s'en sortira très bien avec elle.

Ginny resta quelques secondes silencieuse, puis elle murmura : "Merci, Harry."

Le jeune homme tourna enfin le dos à l'obscurité. Ginny était toujours à côté de lui. Des mèches rouges s'échappaient de sa queue de cheval. Il les remit derrière son oreille.

-Toujours fâchée avec Ron ? chuchota-t-il.

Il jeta un coup d'œil sur ce dernier. Il était debout près de la cheminée, l'air buté, à écouter Hermione parler.

-Oh… non, ça va mieux… fit-elle. On s'est expliqué. C'est après Hermione qu'il en a…

-Encore une scène de jalousie parce qu'elle était enfermée dans son bureau avec Anthony ? sourit Harry.

-Presque… se moqua Ginny. Seulement c'est un peu plus grave cette fois…

Elle se mordit les lèvres, jeta un œil vers son frère elle aussi puis se tourna vers la fenêtre et parla à voix basse.

-Ils t'en parleront sans doute eux-mêmes… Malefoy a menacé Hermione ce soir, chez les Préfets…

-Elle en a l'habitude non ? s'enquit Harry vaguement inquiet tout de même.

-Il est arrivé, furieux, et il est allé cogner du poing contre la porte du bureau d'Hermione. J'ai eu un mal fou à retenir Ron qui trouvait déjà qu'Anthony avait décidément beaucoup de choses à lui dire… Malefoy est entré sans attendre la réponse d'Hermione. Il lui a jeté l'affiche de la SALE au visage et il lui a dit que s'il voyait encore traîner des torchons comme celui-ci dans l'école il en réfèrerait au Directeur pour abus de prérogatives…

-Hermione a l'autorisation de Dumbledore, dit Harry, en ce qui concerne la SALE… Je l'ai entendue le dire à Anthony ce matin. Lui aussi s'inquiétait de la prolifération des affiches de ce genre dans l'école. Il craignait qu'elle ne profite de son statut de Préfète en Chef pour se passer de permission…

-C'est qu'il la connaît mal, ricana Ginny. Mais il n'est apparemment pas le seul à le penser. C'est en substance ce que Malefoy lui a crié dans son bureau. Bien entendu, elle s'est fait un plaisir de lui apprendre que le Directeur l'approuvait et qu'il lui avait laissé carte blanche pour attirer l'attention de ses condisciples sur la situation des Elfes de Maison… Parce que ce n'est pas parce qu'à Poudlard, ils sont bien traités dans l'ensemble… qu'il faut oublier que se sont des esclaves… Malefoy a alors menacé Hermione de lui faire manger ses affiches une par une avant longtemps… Qu'elle ne perdait rien pour attendre, etc… la litanie habituelle, quoi… Et quand Anthony lui a demandé de la boucler, il a levé sa baguette sur lui. Goldstein l'a désarmé d'un Expelliarmus presque à bout portant. Malefoy est tombé à la renverse, presque tout le monde s'est mis à rire. Anthony l'a averti qu'il ferait un rapport et qu'il le consignait pour le week-end. Drago lui a alors fait un geste d'une grossièreté dont tu n'as pas idée… et il lui a dit que sa consigne il pouvait se la mettre…où tu penses. Il est parti dix fois plus furieux qu'il n'était arrivé. Au passage, il a traité Ron de raté dégénéré parce qu'il se trouvait sur son chemin. J'ai cru que mon frère allait le frapper. Hermione aussi d'ailleurs. Elle a crié "Ron s'il te plait ! Non !" Ron a renoncé à lever la main sur Malefoy et celui-ci en a profité pour dire qu'elle devait avoir de sacrés bons côtés cachés pour le tenir en laisse de cette manière.

Harry remonta ses lunettes sur son nez dans une grimace.

-Et il ne l'a pas assommé pour la peine ? demanda-t-il.

Ginny haussa les épaules.

-L'autre couard s'est dépêché de se sauver… parce que là non seulement je n'aurais pas essayé de retenir Ron, mais c'est moi qui lui aurais sauté à la gorge… à cette sale… fouine !

Elle frissonna de dégoût.

-Ensuite tout le monde s'est mis à interroger Hermione sur la SALE, les Elfes, ses intentions et ça a été une vraie cacophonie… Jusqu'à ce qu'Anthony dise que ce n'était ni le lieu ni le moment pour un débat à ce sujet.

Harry se mit à rire.

-Je suppose que ce n'était pas le mot à dire ! s'exclama-t-il.

Ginny leva les yeux au ciel.

-Et voilà notre Hermione partie sur un nouveau cheval de bataille ! Acquiesça-t-elle. Sa nouvelle lubie : organiser une conférence sur les Elfes de Maison d'ici à Halloween… avec débat contradictoire et l'intervention du Professeur Binns en prime

-Elle est folle, elle veut saborder sa conférence ! fit Harry interdit. Avec Binns c'est l'assurance d'endormir son auditoire de manière quasi instantanée !

-Parce que tu crois qu'elle aura un auditoire ? se moqua Ginny.

Harry la regarda sérieusement.

-Oui ! assura-t-il. Toi, moi, Ron, et peut-être Neville et Luna. Cinq personnes, ça fait déjà un public, tu ne crois pas ?

Ginny secoua la tête.

-C'est hors de question ! Je comprends bien que la libération des Elfes de Maisons passionne Hermione, et c'est une cause juste et tout ce que tu voudras… mais c'est peine perdue, crois-moi ! Qu'est-ce que nous pouvons faire ? Faire passer des lois ? Non, alors… ?

-Alors je n'ai jamais dit que la libération des Elfes se ferait dans la facilité et dans l'immédiat !

La voix d'Hermione était sèche et tranchante. Les deux jeunes gens se tournèrent vers elle, un peu interdits et gênés. Ron avait l'air tout autant embarrassé qu'eux à deux pas derrière son amie.

-Il faudra du temps pour faire changer les mentalités à ce sujet. Raison de plus pour nous y prendre tôt ! Les jeunes gens qui sortiront d'ici avec une idée exacte de ce que vivent les Elfes seront plus à même de prendre les décisions qui s'imposeront plus tard… ou de les comprendre !

Elle se tourna vers Harry, péremptoire :

-Tu m'avais dit que tu m'aiderais, Harry ! lui rappela-t-elle.

Il s'en souvenait parfaitement. Encore un de ces moments où il n'avait pu s'empêcher de raconter n'importe quoi !

-Je peux t'aider à convaincre Dobby de témoigner le jour de ta conférence… proposa-t-il vivement.

-C'est ça ! fit Ron sarcastique, un long regard de reproche envers son ami. Pour que Malefoy le prenne pour un affront personnel !

Harry se mordit les lèvres. Ginny haussa les épaules.

-Dis-toi bien que tout ce que nous faisons –nous, ses ennemis, j'entends- est pris pour un affront personnel. Alors un peu plus un peu moins…

Hermione fit un sourire engageant à la jeune fille.

-Cela veut dire que tu soutiendras mon projet de conférence sur les Elfes…

Ginny fit : "Heu…" avant de se souvenir qu'elle avait quelque chose de très urgent à faire dans son dortoir. Ron se mit à rire tandis qu'Hermione se renfrognait. Il l'attira contre lui et embrassa sa tignasse échevelée.

-Je viendrai, moi, à la place de Dobby… dit-il tendrement. Et je témoignerai…

-De quoi ? demanda Harry.

-Du fait que faire le ménage à longueur de journée sans être payé autrement qu'en critiques, c'est pas une vie !

Hermione fit mine de vouloir se dégager des bras de Ron. Il resserra son étreinte en riant.

-Ne te fâche pas, Trésor… Tu ne vas pas faire la tête pour ça juste avant le week-end quand même… Et la veille de notre premier match… Je veux mon baiser d'encouragement moi demain…

Harry se frappa le front. Le match ! Il avait complètement oublié le match contre les Dragons de Malone. Ce n'était pourtant pas faute de l'avoir rappelé toute la semaine à ses coéquipiers ! En tous cas, Ron paraissait bien plus détendu au sujet de ce prochain match qu'il ne l'avait jamais été. Le fait de changer de poste sans doute… Ne plus être celui qui devait empêcher les autres de marquer des points devait le soulager. A moins que ce ne fût la certitude que, quoi qu'il arrivât, Hermione serait à ses côtés, soit pour le féliciter soit pour lui dire qu'il ferait mieux la prochaine fois… Il les regarda tous les deux un moment en souriant. Ron voulait un encouragement immédiat, qu'Hermione s'escrimait à lui refuser, parce que "Pas devant tout le monde, Ron !"

-Mais tout le monde s'en fiche ! la pria Ron. S'il te plait, Hony ! Embrasse-moi ! sinon je vais passer la nuit à me demander pourquoi tu n'as voulu me donner un tout petit bisou de rien du tout ! Je ne vais pas en dormir… et demain je vais jouer comme une patate et Harry ne va pas être content et…

Harry lui donna un coup du dos de la main sur l'épaule.

-Et tu me laisses en dehors de tes histoires de cœur, Ronald ! S'il te plait ! ironisa-t-il.

Hermione en profita pour se dégager des bras de Ron. Elle rajusta sa robe et fit semblant de recoiffer ses cheveux tout en se haussant sur la pointe des pieds pour embrasser la joue du jeune homme, comme par surprise. Ron fit un clin d'œil à Harry.

-En tous cas, ça marche !

Cette fois, ce fut Hermione qui frappa sur son autre épaule. Harry se mit à rire. Dehors la nuit était froide, le vent soufflait. On aurait cru un hurlement de bête. Mais il savait que l'heure était passée où les gerbilloises lançaient leur attaque contre la Forêt et que Remus avait depuis longtemps achevé sa mutation. Il devait se trouver dans le bois, sur les traces de Peter Pettigrew. Il veillait sur eux. Il les protégeait de son mieux, comme il l'avait fait cette trop courte année où il avait été leur professeur.

Lorsque Harry avait quitté Rogue après sa séance de magie ancienne, il l'avait vu qui s'apprêtait à préparer un flacon de Potion Tue-Loup. Il n'avait osé lui demander de l'autoriser à la porter à Remus. Rogue avait détourné le regard et il lui avait laissé deviner son sentiment d'impuissance.

Ensuite, Ellen était venue le trouver dans la salle commune, juste après son cours avec Algie Londubat. Et il avait oublié tout le reste.

Au petit déjeuner, le lendemain matin, Malone arborait un sourire crispé. Il essaya bien de demander à Potter s'il était prêt à en prendre plein la vue, mais le ton n'y était pas. Harry, lui, était très calme. Il avait vu s'entraîner les Dragons. C'était une bonne équipe. Mais pas meilleure que la sienne. Ce serait un match intéressant, cependant, histoire de tester la cohésion des Phénix et d'éprouver les bonnes résolutions de Ron et Montague. De toutes façons toutes les équipes en étaient au même point. Sauf celle de Malefoy, bien entendu. Il n'était pas certain cependant que ce fût un avantage pour les Salamandres. Tout le monde connaissait leur manière de jouer… et puis, on n'en était pas encore là. Les Phénix ne les affronteraient pas avant février. Remus avait vu juste. La partie manquait d'enjeu, non à cause de la nouvelle composition des équipes, mais parce qu'Harry avait la quasi-certitude que le championnat n'irait jamais à son terme.

-On se retrouve dans les vestiaires une heure avant le match, capitaine ? demanda Montague, alors qu'il passait devant la table des Gryffondor avec ses équipiers Serpentard.

-Une demi-heure suffira, je pense… répondit Harry.

Ginny sursauta :

-Tu te sens bien ? demanda-t-elle, devançant Ron d'un dixième de seconde.

-Le mieux du monde ! se mit à rire Harry.

-Tu es bien sûr de toi, Potter !

La voix de McGregor fit se retourner les Gryffondor et les Serpentard. Harry remarqua qu'elle portait déjà le badge à l'effigie des Phénix que Dean avait dessiné et que Luna et elle avaient élaboré.

-Autant que toi ! répliqua-t-il en désignant l'insigne. Il faut une sacrée assurance pour afficher cet emblème à la table des Serpentard.

-Je n'ai jamais eu peur de proclamer mes opinions à la face du monde ! rappela McGregor.

Le rire de Malone sonna un peu faux par-delà le groupe des Serpentard.

-Tu comptes tes supporters, Potter ? s'écria-t-il.

Il montra le badge sur la poitrine de McGregor.

-Le fan club officiel ? tenta-t-il de se moquer.

-Tu en veux un ? demanda Ellie. Cinq noises pièce ! C'est pour une bonne cause, Malone… celle de notre armée de rebelles ! lui chuchota-t-elle d'un air entendu.

Malone loucha avec envie sur le badge.

-Tu pourrais m'en procurer avec des Dragons dessus ? demanda-t-il dans une grimace.

-Tu plaisantes ? Qui voudrait d'une grosse baudruche pleine de gaz sur la poitrine, railla-t-elle.

-Hé ! fit Malone sans trouver à répondre autre chose.

Il se tourna vers Harry qui riait.

-On se retrouve sur le terrain, Potter… dit-il d'une voix pas très assurée.

Il s'éloigna vers la porte. McGregor le suivit des yeux, avec un regard amusé;

-Mouais ! fit-elle. C'est bien ce que je disais : une baudruche pleine de vent !

Hermione fronça les sourcils.

-Ellie ! sermonna-t-elle.

-Quoi ? lui dit la jeune Serpentard. Ça fait des semaines qu'il n'arrête pas de vanter ses Dragons ! Tu les as vus à l'entraînement ? Non ! Alors tu ne sais pas de quoi tu parles ! Ce n'est pas parce que les dragons ont des ailes qu'ils doivent se prendre pour des oiseaux… Il faut bien que quelqu'un se charge de le leur rappeler de temps en temps…

-Oui, nous ! s'exclama Seamus en bombant le torse pour montrer la demi-douzaine de badges qu'il venait d'accrocher sur sa robe.

Ron et Harry tournèrent la tête vers lui.

-Et tu comptes jouer à quel poste ? se moqua Ginny en passant derrière lui pour rejoindre Ellie.

-Mouche du coche ! ironisa cette dernière.

-Ah non ! s'exclama Ron. Pour ça on est pourvu ! Et on en a deux pour le prix d'un !

Il se pencha sur la table pour jeter un œil vers les frères Crivey qui leur firent des signes de la main.

-Oh ! fit simplement McGregor en levant les yeux au ciel.

Harry se remit à rire.

-Tout ira bien ! assura-t-il. Ils ne gêneront personne. Et on aura de superbes photos lundi matin sur le panneau du Quidditch !

Ginny renifla d'un air peu convaincu. Elle entraîna Ellie McGregor vers la sortie. McGregor appela Harry. Elle lui lança un badge :

-Hé Potter ! Donne l'exemple ! fit-elle.

Harry attrapa au vol l'insigne au phénix.

-Tu me fais crédit jusqu'à cet après midi ? demanda-t-il alors que Ginny attirait McGregor vers la porte.

-Cadeau ! cria-t-elle toujours tournée vers les tables, tandis que Ginny la faisait marcher à reculons.

Il murmura "Merci" pour ne pas attirer davantage l'attention sur eux. Il l'accrocha aussitôt à sa robe. Hermione leva un sourcil moqueur.

-C'est pour quand l'équipe des remplaçants jouera, la semaine prochaine, lui dit-il dans une grimace pour remonter ses lunettes.

Il n'eut pas le temps de se sentir embarrassé. Neville, les yeux toujours fixés sur la porte, une expression dubitative sur le visage, se pencha par-dessus la table.

-Qu'est-ce qui lui prend à Ginny ? s'inquiéta-t-il.

-Elle va sûrement encore se mêler de ce qui ne la regarde pas… soupira Ron. Qu'est-ce que j'aimerais que McGregor lui balance un Silencio à elle aussi…

Il secoua la tête. Puis il passa son bras autour des épaules d'Hermione.

-Remarque, tant qu'elle s'occupe des affaires de sa copine, nous sommes tranquilles, toi, moi et Harry, pas vrai Trésor ?

Il embrassa les cheveux d'Hermione qui eut un petit rire moqueur auquel Neville fit écho. Harry ne les entendit même pas. Il contemplait l'effet du phénix mordoré sur sa robe noire. C'était absolument splendide. Et quand ils auraient gagné le match, ce dont il ne doutait plus du tout d'ailleurs, cet insigne aurait plus de valeur qu'une médaille de Préfet en Chef.

Harry fut dans les vestiaires une demi-heure avant tout le monde. Il passa sa tenue de capitaine et alla chercher son balai. Un match sans d'autre enjeu que le Quiddicht lui-même n'était pas mal non plus, après tout. La victoire bien sûr serait la bienvenue. Il n'aimait pas plus perdre que n'importe qui. Certainement, s'il avait eu Malefoy et ses Salamandres pour adversaires, il aurait sans doute ressenti un pincement au cœur un peu plus important. Non à cause du match, toutefois… Mais parce qu'il aurait fort mal pris de s'incliner devant Drago et ses amis.

Harry sortit devant la porte des vestiaires. Le silence n'était troublé que par le souffle du vent. Les nuages filaient vite dans le ciel gris. Il pleuvrait sans doute avant la fin de la partie. Il ôta ses lunettes pour les protéger d'un Impervius anticipé. Lorsqu'il les remit sur son nez, il vit un auvent qui se déroulait lentement au-dessus des tribunes des professeurs. Ceux des gradins réservés aux élèves ne tarderaient pas à apparaître également. Il se demanda si les supporters seraient toujours répartis par Maison. Comme il pensait cela, les couleurs des quatre équipes apparurent aux tribunes. A celle des Serdaigle, une longue draperie bleue descendit jusqu'au sol, remplaçant le blason à l'aigle. Trois autres firent de même devant les gradins des autres Maisons. Le rouge à l'ancienne tribune des Gryffondor, le jaune pour celle des Poufsouffle et le vert pour les Serpentard. Les auvents des élèves apparurent à leur tour, aux couleurs respectives des tentures.

Harry songea que les Elfes avaient du travailler très dur pour tout préparer dans un temps record. Il fronça les sourcils. N'était-ce pas justement un Elfe qui venait d'apparaître au milieu du terrain. Il ressemblait furieusement à Dobby, pour autant qu'Harry pût en juger à cette distance. Il s'avança un peu et appela l'Elfe de Maison. Dobby claqua des doigts. Il fut auprès d'Harry en une seconde.

-Harry Potter veut me voir, Monsieur, s'inclina-t-il très bas.

-Joli travail, Dobby… lui sourit le jeune homme.

Il désigna le stade d'un geste large.

-Dobby n'était pas tout seul, Monsieur, minauda l'Elfe.

-Alors tu féliciteras de ma part tous ceux qui ont travaillé avec toi, répondit Harry toujours un peu mal à l'aise devant l'obséquiosité de Dobby.

Il préféra changer de sujet :

-Dis-moi, dit-il en baissant la voix, comme pour une confidence. Hier soir, tu es allé porter sa potion à Remus dans la Cabane Hurlante.

Dobby fit oui de la tête, lentement.

-Comment va-t-il ? demanda Harry, avec une pointe d'anxiété.

-C'était la pleine lune… dit simplement l'Elfe.

Il retint un frisson et détourna les yeux du regard insistant d'Harry.

-Je le sais, Dobby, c'est pour cela que je te pose la question. Comment va-t-il ?

-Le Loup-garou est blessé, dit l'Elfe. Dobby est resté avec lui toute la nuit.

Harry eut un sursaut d'espoir.

-Il a renoncé à courir la Forêt Interdite ?

Dobby secoua la tête.

-Dobby est allé dans la Forêt Interdite avec lui… corrigea-t-il. Dobby a reçu l'ordre du Professeur Rogue de le surveiller.

Harry avala difficilement sa salive.

-Et alors ?

-Dobby n'aime pas aller dans la Forêt… répondit le petit être tremblant.

-Oui, mais Remus ?… Qu'a-t-il fait ? Est-ce qu'il a retrouvé… Pettigrew ?

-Il a flairé une trace, chuchota l'Elfe. Et elle nous a ramené vers le Château…

-Ce n'était pas Peter, alors… murmura Harry comme pour lui-même.

Cela pouvait être n'importe qui. Hagrid pour commencer, qui s'enfonçait régulièrement dans la Forêt, il le savait pour aller retrouver Graup, sous la protection de la famille d'Aragog. Ou bien Firenze qu'il avait vu quelque fois se diriger vers l'orée du bois depuis la rentrée. Il ne savait s'il devait se sentir soulagé ou inquiet.

-Tu iras le voir, ce soir, encore ? demanda Harry.

L'Elfe hocha la tête.

-Et demain et après demain aussi. Et tous les soirs de la semaine pour lui porter ses remèdes, à moins que le Professeur Rogue n'y aille lui-même.

Harry hocha la tête. Il n'en saurait pas plus par Dobby. L'Elfe sautait d'un pied sur l'autre, embarrassé, comme s'il n'osait prononcer les paroles qu'il avait sur les lèvres.

- Qu'y a-t-il ? demanda Harry.

- Dobby croyait que Hermione Granger était une personne bienveillante envers les Elfes, Harry Potter.

Harry se tint soudain sur la défensive. Qu'avait encore fait Hermione ? Avait-elle vraiment demandé à Dobby de venir témoigner en public ?

-Heu… Elle l'est, je te l'assure, même si ses méthodes étonnent parfois…

-Alors pourquoi a-t-elle donné une bouteille de bièraubeurre pour Winky ? demanda l'Elfe les larmes aux yeux. Elle m'a dit que c'était pour me remercier d'avoir ramené sa créature à demi morte l'année dernière. Dobby ne comprend pas ! Dobby ne comprend pas !

Et il ne comprit pas davantage pourquoi Harry Potter se mettait à rire.

-Qu'as-tu fait de la bouteille ? demanda-t-il.

-Je l'ai cachée ! grommela Dobby d'une petite voix plaintive.

-Retrouve-la et donne-la à Winky… Tu auras une surprise, et Winky aussi. Tu peux faire confiance à Hermione comme à moi-même.

Dobby pencha la tête sur le côté. Il ne voulait surtout pas mettre en doute la parole d'Harry Potter, mais, cette fois, il était vraiment sceptique.

Il promit pourtant d'obéir à Harry et disparut comme l'équipe des Phénix au complet entrait avec fracas dans les vestiaires.

Harry se hâta de rentrer rejoindre ses camarades. Ils étaient tous à l'heure, les titulaires comme les suppléants. Il les réunit quand ils furent prêts et leur fit un petit discours qu'il conclut par un"Amusez-vous bien et prenez garde aux rafales !"

Ils sortirent dans le hall pour se rendre sur le terrain en même temps que les Dragons. Les deux équipes s'observèrent avec curiosité. C'était tout de même étrange de retrouver dans le rang en face des camarades de Maison et d'anciens équipiers. Stevens et Cauldwel, tous les deux batteurs, l'un chez les titulaires l'autre chez les remplaçants, et tous deux également de Poufsouffle, se firent d'ailleurs interpeller par leur ancien capitaine. Malone avait ruminé toute la matinée les piques de McGregor et il s'était entraîné à quelques réparties cinglantes. Il essaya la première sur ses camarades.

-Hé vous deux ! leur cria-t-il. Vous savez qu'il ne suffit pas de porter le nom de Phénix pour faire des étincelles… !

Il y eut un éclat de rire général, sauf chez Stevens et Cauldwel. Montague donna un coup de coude à Stevens, l'incitant à répondre. Le geste n'échappa guère à Malone, qui, fort de son petit succès, se crut obligé de continuer sur sa lancée.

-Dis-donc, Montague ! reprit-il en souriant de toutes ses dents. Qu'est-ce que ça te fait de porter du rouge en tant que Serpentard…

-Y a pas de Serpentard ici, Malone ! renvoya la voix de Ginny perdue entre Montague et Ron. Il n'y a que des Phénix !

-Laisse tomber, Ginny… fit Montague un éclair malicieux dans le regard. Ce n'est pas grave… Tout le monde sait que le Dragons ont une grande gueule, mais que ce n'est pas ça qui les fait cracher le feu !

Un nouvel éclat de rire accueillit Madame Bibine alors qu'elle entrait dans les vestiaires.

-Excellente ambiance ! dit-elle. J'espère qu'il en sera de même là-haut… Tout le monde est prêt ?

-On arrive !

Tous se tournèrent vers les frères Crivey, excités comme jamais, leurs appareils autour du cou et leur balai à la main. Madame Bibine leva les yeux au ciel.

-Vous êtes vraiment certains que vous voulez absolument voler aujourd'hui… Il y a beaucoup de vent vous savez ! tenta-t-elle de dissuader.

-On s'est entraîné ! assura Dennis Crivey.

-Et on a trouvé un sortilège pour déclencher l'obturateur sans les mains ! fit Colin. Pas de danger qu'on tombe de balai !

On entendit un "Dommage" grommelé dans la foule des joueurs et Ron grogna un "Merci Hermione !" peu reconnaissant. Madame Bibine dut se résoudre à faire sortir tout le monde, y compris les deux photographes amateurs.

….

Une clameur gigantesque s'éleva lorsque les deux équipes s'envolèrent. Harry chercha aussitôt ses amis dans les tribunes rouges. Il repéra sans difficulté la bannière de Jezebel Dawson qui proclamait toujours son admiration pour Ronald. Neville, Luna, Grenouille, et la petite Andrews faisaient des signes au capitaine des Phénix. Il ne voyait pas McGregor et ses yeux se tournaient vers la tribune tendue de vert, un peu déçu, lorsqu'il l'aperçut à côté d'Hermione. Il n'eut pas le temps de s'en réjouir. Malone l'appelait pour lui désigner les gradins à demi vides qui avaient été ceux de Serpentard.

-Nous, on est à égalité, ajouta Malone avec satisfaction.

Les tribunes rouges et jaunes, en effet, semblaient porter le même nombre de supporters.

-Par contre, reprit le capitaine des Dragons dans une grimace, je ne pensais pas que les Sphinx avaient autant d'admirateurs.

-Ce ne sont pas tous des admirateurs des Sphinx, répondit Harry, les sourcils froncés sur les visages qu'il reconnaissait dans la tribune bleue.

Le frère de Grayson comptait parmi eux, la mine contrariée, les bras croisés, avec d'autres Serpentard.

-Ce sont des gens qui se seraient bien passé d'avoir à afficher leur camp…

Il se rapprocha légèrement des tribunes. Où pouvait bien être Nott ? Avait-il argué de son deuil pour échapper à… ? Et il le vit. Seul, tout en haut des tribunes en vert, presque caché à la vue d'Harry par l'avant-toit.


La première goutte de pluie tomba au moment où Madame Bibine donna le coup d'envoi. Harry se félicita d'avoir ensorcelé ses lunettes. Il suivit le match avec attention, à peine troublé par les flashes des appareils des Crivey. Ginny était déchaînée, comme d'habitude. Ron et Montague en firent les frais au début du match. Puis ils marquèrent leurs premiers points ensemble. Debbie Grayson laissa passer quelques buts. Elle était un peu nerveuse. Harry s'en voulut de ne pas l'avoir remarqué plus tôt. Il redescendit dans le jeu quelques secondes, pour encourager son gardien. Cependant ce qui fit le plus dans le sursaut d'orgueil de la jeune fille, ce fut les applaudissements de Malefoy et ses amis chaque fois qu'elle ratait le souaffle.

-Allez, Grayson ! l'encouragea Harry. C'est comme à l'entraînement ! Tu veux que je demande à Ron de venir te seconder ?

-NAN ! hurla la jeune fille.

Harry se mit à rire. Il reprit sa position, scrutant l'ensemble du stade à la recherche du Vif-d'Or. En bas la bannière de Dawson clignotait, en haut les éclairs de magnésium trouaient le rideau de pluie. Les cris des tribunes et ceux des joueurs lui parvenaient, assourdis. Il se déplaçait souvent, pour ne pas sentir le froid humide le pénétrer. Les poursuiveurs des Phénix prenaient le rythme du jeu. Encore quelques entraînements et ils feraient une équipe solide.

Les batteurs manquaient d'un peu de précision, surtout Ackerley, mais il n'avait que quelques entraînements à son actif. Stevens, lui, avait quelques dixièmes de seconde d'hésitation quand il lui fallait viser un de ses anciens coéquipiers.

Il faisait de plus en plus sombre. Il pleuvait de plus en plus fort. Le commentaire du match était de plus en plus confus. Dennis et Colin avaient du mettre pied à terre. Leurs appareils étaient protégés contre la pluie, mais on n'y voyait presque plus clair. Dawson avait déménagé sa banderole sous l'auvent pour la mettre à l'abri. Les premiers rangs des tribunes avaient reculé de deux bancs pour ne pas se faire tremper par les rafales. Madame Bibine avait failli prendre quelques cognards qu'elle n'avait pas vu venir…

Le score stagnait depuis un moment, en un léger avantage pour les Phénix. Harry commençait à trouver le temps long lorsqu'il eut une intuition. D'aussi haut, il ne voyait rien la pluie faisait un rideau serré aussi bien quand il regardait vers le bas qu'à hauteur d'yeux. Il plongea vers le sol, surprenant l'attrapeur adverse qui piqua lui aussi, croyant qu'il avait aperçu le vif. Harry fit le tour du stade presque au ras du sol, la tête levée, et commença à remonter lentement à la recherche de la lueur dorée qui mettrait fin à ce match peu passionnant. Il sentit le public perplexe, ainsi qu'un flottement parmi ses joueurs. Puis il entendit la voix de Ginny qui rappelait tout le monde à l'ordre.

Soudain, comme un rayon de soleil inespéré, un éclat d'or brilla dans le gris du ciel. Harry redressa son balai, et monta en flèche, aussitôt imité par son adversaire. Enfin ! Enfin ! songeait Harry. Enfin cette sensation d'excitation qui lui étreignait le cœur et la gorge. Enfin le vide dans sa tête, tendu dans un seul but : saisir cette fichue balle ailée. Il se rapprochait inexorablement du Vif-d'Or. Son adversaire était loin derrière, plus prudent sans doute. Car Harry sentait le manche du balai glisser entre ses mains rendues gourdes par le froid tandis qu'il s'allongeait imperceptiblement sur le balai, le tenant par les genoux, afin de gagner un peu en vitesse et en distance. Il tendit un bras. Ses doigts touchaient presque la balle. Ils allaient se refermer sur elle. Il sentit tourner le balai entre ses genoux. Il resserra la main sur le manche, dans un réflexe. Elle glissa également. Il se retrouva à l'envers. Le Vif en profita pour s'éloigner. Impossible de remonter, songea Harry. Il perdrait trop de temps et cela lui coûterait trop d'efforts. Il resserra ses jambes sur son balai, les yeux toujours fixés sur le Vif qui replongeait tout à coup vers le sol. Il prit le même chemin, la tête en bas. Le sol se rapprochait d'autant plus vite dans cette position.

C'était désormais entre lui et cette balle d'or qui le narguait. Il poussa des pieds sur la base de son balai. Il avança doucement la main sur le manche. Les articulations de ses doigts lui faisaient mal. Centimètre par centimètre, il gagnait sur le Vif. Il leva la main droite loin au-delà de sa tête. Vite ! Avant qu'il ne soit trop tard. Il sentit ses doigts toucher le métal. Encore un peu. A peine ! Vite ! Quelques mètres encore et il lui faudrait redresser la barre. Il allongea les doigts autant qu'il put. La pluie était glacée. Il tenait le Vif. Du bout des doigts, mais il le tenait. Il poussa son balai un peu plus. La balle se logea dans sa paume. Il redressa. Le bras toujours levé, il n'entendait rien. Le sang refluait à peine de sa tête. Ses oreilles bourdonnaient.

Il comprit que Madame Bibine avait sifflé la fin de la partie parce que ses camarades fonçaient sur lui.


RAR du chap 119 :

cemeil : La comparaison Elfes de maison/ Mangemort va faire couler de l'encre je le sens bien! Quoique... çà a déjà commencé! Ils sont super efficace nos Gryffondors dis donc! Ils sont entraînés… Quand à Harry... je pensais pas qu'il resterai calme. Bravo! lol.C'est une question de relativité. Quand quelqu'un d'autre pique une crise d'hystérie, ça calme…
Merci pour tes autres commentaires… Ce que Dumbledore a rappelé à Pétunia ? que son neveu était le seul capable de la protéger et qu'elle avait de la chance que ce soit un gentil garçon… enfin je suppose… Pour Duddley… heu Dudley… je suppose que c'est à force d'écrire Duddy… Sinon pour Pattenrond et Ron, c'est une habitude que le chat a prise quand Hermione était à l'hôpital… Et pour les autres questions : l'Insaisissable Monsieur Nott, si Harry et Ellie sortiront ensemble… etc… faudra attendre la suite…

George potter : Voila j'ai enfn fini de lire les 119 chapitres de ta fic et je peux te dire qu'elle est vraiment vraiment très longue lol! Non tu crois ? J'ai remarqué que la deuxième partie était plus centré sur Harry que la première partie : c'est beaucoup mieux à mon gôut. Oui, mais il en faut pour tous les goûts… Heu sinon il faudrait peut penser à mettre Harry et McGregor ensemble car là sa commence à faire long lol. Oui mais c'est moi qui décide ! lol !
Alixe : Beaucoup de scènes fortes. Par contre, est-ce vraiment efficace d'empêcher Ellie de s'occuer de Malfoy dans les couloirs. Harry n'a pas peur que cela se termine dans les dortoirs de Serpentard ? Oui, mais là, il n'y peut pas grand-chose… Au moins il a évité une bagarre générale. Et puis il n'allait pas les laisser faire sans intervenir, C'est un Gryffondor tout de même !

hadler : Je ne sais pas pourquoi mais je sens que la dernière réplique d'harry à McGregor à mis le feu aux poudres entre eux, peut être d'ailleurs parce qu'elle c'est rendue compte que c'était la véritée ou bien qu'elle n'avait pas malfoy sous la main. Peut-être les deux sans doute… Enfin, espérons que le franc parler d'harry n'éloignera pas (trop) Ellie de lui, quoique vu l'auteur sadique , je penserias le contraire pour un tit moment lol Moi je suis sadique, mais McGregor est intelligente… Je trouve la comparaison d'Hermionne entre les elfes et les mangemorts est très a propos, même si ce n'était pas le but premier. Non, en effet, mais là, elle s'est peut-être laissé emporter notre Hermione…
Alana : le retour de la tension, hein… Ben oui, il faut bien…