Vous vous arrachez les cheveux lorsque vous voulez poster une review ? Vous ne savez pas comment rechercher une histoire que vous aimez ? Vous détestez l'anglais et ce n'est pas qui vous fera changer d'avis ? Bref, vous ave besoin d'aide pour vous retrouver sur le site ? Il existe un mode d'emploi ! Vous en rêviez, Alixe et Lisandra l'ont fait !
Rendez-vous sur le profil de Fanfiction-mode d'emploi (adresse /fanfictionmodedemploi ou /u/577456) et vous saurez tout tout tout sur comment poster, comment trouver, comment naviguer sur sans attraper une migraine carabinée !
§§§
Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.
Je suis désolée, mais il n'y aura pas de RAR ce soir, je viens de rentrer et quand j'ai vu le nombre des reviewes, j'avoue que le courage m'a manqué pour y répondre à tous comme il se doit ! Ou alors j'aurais posté à 4H du mat ! Mais promis, ce sera fait demain… Merci à tous en tous cas, aux « anciens » lecteurs, comme aux nouveaux…
Chapitre 125
Chez Hagrid
…
Toute la nuit, Harry transporta les corps sans vie de Maugrey et Malefoy dans la Forêt Interdite. Toute la nuit, il se retrouva dans la Cabane Hurlante, comme un Sisyphe morbide,à recommencer des gestes macabres. Et chaque fois, entre les arbres morts du sous-bois, dans la clairière sombre où il déposait les cadavres, courait Ellie McGregor, dans une envolée de mousseline noire et blanche. Elle se retournait une dernière fois avant de s'enfoncer dans les ténébreuses profondeurs de la Forêt et son sourire éclairait les ténèbres.
…
Au matin, il était épuisé et il avait terriblement mal à la tête. Il avait froid. Il avait la nausée. Il se pelotonna sous ses couvertures. S'il ne bougeait pas, peut-être le malaise passerait-il.Il ferma les yeux et il réalisa que sa cicatrice lui faisait mal.
Il ferma son esprit. Il resta un long moment ainsi plus pour chasser le dégoût qu'il ressentait que par peur de Voldemort. Tout ce qu'il pourrait désormais lui montrer ou lui faire ressentir n'atteindrait jamais les limites de la répulsion qu'il avait éprouvée la veille. Et qu'il éprouvait encore. Il avait levé les mains et la magie qu'il avait suscitée avait tué deux hommes.
Dumbledore avait beau dire, et lui-même avait beau se chercher toutes les excuses du monde, il avait sans doute sauvé Remus et Rogue de la malveillance de Maugrey à leur égard, il n'en avait pas moins causé le trépas de deux hommes.
Avait-il franchi l'infime limite qui le séparait de ceux qu'il combattait ? La magie n'est ni bonne ni mauvaise, tout est dans la main qui s'en sert… la voix de Rogue lui vrillait les tempes. Je ne voulais que me protéger ! lui cria-t-il dans sa tête. Je ne voulais pas les tuer ! Je ne voulais pas ! Et la voix de Remus qui s'imposait à lui : Ce n'est pas ce que tu ne veux pas qui importe, mais ce que tu veux…
…
Harry revint à la réalité, au creux de son lit, dans les bruits de ses camarades qui s'éveillaient aussi. Il sentait sur ses joues des larmes libératrices. Il essuya ses yeux. Il fallait cacher cela à Ron. Il s'inquièterait. Est-ce qu'un sortilège de Coquettes marcherait sur lui ?Il allait encore avoir une tête de déterré. Il fit une grimace. Fermer son esprit ne servait à rien. Dès qu'il le rouvrait au monde qui l'entourait, les images revenaient, toujours aussi sordides. Pourquoi avait-il rêvé du visage radieux d'Ellen au milieu de ce cauchemar morbide.
Parce qu'il avait aimé la savoir dans la Forêt avec lui. Malgré les dangers de toutes sortes, il avait apprécié sa présence, et sa main dans la sienne, lors de leur face à face avec Ronan, lui avait redonné courage. La nuit s'était faite moins noire, et la peur s'était faite légère.
Il repensait encore à son absence d'hésitation quand elle l'avait emmené dans la salle de classe et donné les moyens de se rendre auprès de Remus. Il frissonna. Si c'était à refaire… il le referait. De la même manière. Parce qu'il savait que cette nuit la mort aurait réclamé son dû, quel qu'il fût. Et que tous comptes faits, il préférait que ce fût Maugrey et Malefoy qu'elle eût appelé plutôt que Remus et… Rogue.
Il resta un instant stupide. Puis il dut convenir avec lui-même qu'il aurait fort regretté la mort de Severus Rogue. Somme toute, c'était une nouvelle assez réjouissante et bien meilleure pour le moral que ses rêves de la nuit. Il décida de se lever sur ces bonnes pensées afin de commencer la journée sur les meilleures bases possibles.
…
Dans la salle d'eau, il constata que les marques de griffures, témoins de sa lutte de la veille contre Lucius Malefoy, avaient disparu de son visage. La pommade qu'Hermione lui avait ramenée était d'une efficacité redoutable.Il était encore un peu pâle, mais c'était du, à n'en pas douter, au malaise de son estomac. Un solide petit déjeuner et il n'y paraîtrait plus. Ensuite, il irait encourager les joueurs de l'équipe de remplaçants qui jouaient l'après-midi contre les Sphinx. Il n'était pas satisfait de son choix en ce qui concernait le capitaine de l'équipe seconde. Mais justement, il n'avait pas eu le choix. Il fallait un Gryffondor à ce poste, c'était ainsi. Un capitaine par Maison, et la même Maison pour les deux équipes du même nom. C'était ridicule. Il comprenait ce qui avait motivé le choix de ce système pour la création des équipes officielles. Hermione et Goldstein le leur avait expliqué et réexpliqué maintes fois. Mais pour les équipes secondes… les Directeurs de Maisons aurait tout aussi bien pu laisser le choix aux Capitaines… Turpin était nul en capitaine. Harry n'avait pas besoin de trente six essais pour le savoir. Il aurait mieux vu Barrett à ce poste, ou même Cauldwel. Il en allait de l'intérêt de l'équipe. Il en parlerait à McGonagall. A présent que les noms, les couleurs, les responsables adultes et les tribunes étaient attribués, qu'importaient la Maison des capitaines ? Pour cette année c'était peut-être trop tard, mais pour l'année suivante, et les prochaines, cette ridicule clause de Maison pourrait être abrogée.
…
Il s'arrêta dans son geste, face à la glace, les lunettes à la main, et pas encore posées sur son nez. Il s'examina dans le miroir. Etait-ce bien lui qui faisait ses remarques ? Lui qui n'avait adhéré qu'à son corps défendant à cette nouvelle manière de jouer ? Lui dont l'absence d'enthousiasme avait tant agacé Hermione ? Etait-ce bien lui qui parlait des années à venir ?
Il posa ses lunettes sur son nez et décida qu'en effet, c'était bien son propre reflet qu'il voyait dans le miroir. Il rangea ses affaires de toilette et s'adressa un sourire satisfait après un rapide, et inutile, recoiffage de la main.Il se trouva meilleure mine et songea que décidemment, il n'y avait pas mieux que le Quidditch pour remettre les idées en place.
…
Sa relative bonne humeur cependant faillit sombrer corps et biens quand il passa la tête dans la salle des Quatre Maisons. Betsie Singleton était en larmes, entourée de Ginny, d'Hermione et d'une Ellie McGregor fulminante. Harry s'approcha, une appréhension au coeur. La jeune Grenouille, quand elle le vit, se cacha derrière Ginny et se mit à sangloter de plus belle.
-Qu'est-ce qu'il y a encore ? demanda-t-il à regrets.
Ellen McGregor se tourna vers lui dans un mouvement irrité.
-Tu ne le vois donc pas, ce qu'il y a, Potter ? s'exclama-t-elle. Ces espèces de lâches s'en sont pris à Grenouille ! Regarde ce qu'ils lui ont fait !
Elle sortit la jeune fille de derrière le rempart protecteur de Ginny. Harry ouvrit les yeux et la bouche.
-Qui a fait cela ? s'exclama-t-il.
Le front de Bethsabée Singleton était couvert de pustules et de cloques verdâtres et suintantes.
-Et ce n'est pas tout ! ajouta McGregor écumante de rage.
Elle saisit le bras de la jeune fille et releva de force la manche de sa robe. La main droite de Betsie n'avait plus que quatre longs doigts de batracien.
-Il faut l'emmener chez Madame Pomfresh ! répétait Hermione inlassablement. Elle connaît sûrement le contre sort à ce sortilège.
-Mais c'est… c'est de la magie noire ! sanglotait Betsie avec terreur.
-Un sortilège de métamorphose partielle, tout au plus… essaya de la tranquilliser Hermione.
-Si ce n'est qu'un sortilège de rien du tout, tempêta McGregor, pourquoi ne l'annules-tu pas toi-même, Granger ? Au lieu de la forcer à traverser le château ainsi…
-Parce que celui qui a lancé le sortilège est un nul ! ricana Ginny. C'est un charme raté qui a atteint ta protégée, Ellie… Et que les charmes ratés sont plus difficiles à effacer…
-C'est juste, hocha tristement la tête Hermione. Je ne voudrais pas que notre amie conserve des séquelles de cette mésaventure…
-Qui a fait cela ? répéta Harry, d'une voix blanche.
-Bulstrode ! répondit McGregor.
-Je sais pas… pleurnicha Betsie. J'étais aux toilettes quand c'est arrivé. J'ai vu personne.
-C'est Bulstrode je te dis ! affirma Ellie avec hargne. Elle sortait des toilettes quand j'y entrai. Et elle ricanait. Ça m'étonnerait qu'elle y ait pensé toute seule, cependant. Mais elle est assez stupide pour rater un simple sortilège de métamorphose partielle. Et assez nulle pour s'en vanter. Je vais lui faire passer l'envie de se moquer de toi, Grenouille…
-Si tu ne l'appelais pas ainsi, cela ne serait jamais venu à l'esprit de quiconque de lancer sur elle ce sortilège, tu sais… fit Ginny, avec une moue dubitative.
-Ce n'est pas cela, dit Harry. Je veux dire que ce n'est pas à cause du « Grenouille », c'est à cause du « crapaud »…
McGregor se frappa le front du plat de la main.
-Bien sûr ! fit-elle aigrement. Malefoy ! Quand je l'ai croisé dans le couloir, alors que je traînais Gren… Betsie ici… il riait sans même l'avoir vue.
-Qu'a-t-il dit ? s'inquiéta Hermione.
Harry échangea un regard avec elle. Il savait qu'elle avait voulu dire : « Que lui as-tu dit ? »
- Qu'il n'avait pas peur d'un vulgaire batracien purulent et stupide… et que chez lui les crapauds finissaient dans les chaudrons…
Elle fit une grimace à Harry.
-Et il a ajouté, continua-t-elle à l'intention du jeune homme, qu'il allait se débrouiller pour que son chaudron soit très difficile à nettoyer…
Harry ne put s'empêcher de sourire.
-Tu lui as répondu que tu t'en moquais parce que ce serait Potter qui gratterait les fonds de chaudrons ?
-Tu lis dans les pensées, Potter ? se moqua McGregor.
Ginny cacha un fou rire dans un toussotement.
-Seulement quand elles sont aussi évidentes que les tiennes, McGregor…
Ellie pencha la tête sur le côté, un œil ironique sur le jeune homme.
-Hum ! fit-elle faussement embarrassée. Il faudra que j'apprenne à brider mon imagination dans ce cas…
Le toussotement de Ginny s'accentua. Hermione leva les yeux au ciel tandis qu'Harry essayait de rester stoïque.
Un sanglot de Bestie ramena l'attention sur elle.
-Je l'emmène chez Madame Pomfresh, décida Hermione sur un ton sans réplique. Vous, allez déjeuner. Dites à Ron que j'arrive dans un moment et attendez-moi pour aller chez Hagrid. Ellie, tu me rendras toutes les affiches sur les Elfes que tu as prises dans le labo.
McGregor se récria. Elle n'avait nullement l'intention de se défaire de ces affiches. D'ailleurs, elle les avait déjà toutes placardée sur les murs des quartiers de Serpentard. Elle avait même persuadé Grayson d'en mettre dans les toilettes des garçons.
-Et tu as fait cela comment ? s'enquit Ginny impressionnée.
McGregor ne répondit que par un sourire énigmatique.
-Et tu t'étonnes que Malefoy se venge sur tes protégés, McGregor ! s'exclama Harry aussi froidement qu'il le put.
Il ne voulait surtout pas montrer qu'il était touché par le petit air entendu qu'avait la Préfète de Serpentard au sujet de Grayson. Le sourire de McGregor s'élargit légèrement.
-Ne t'inquiète pas, Potter, assura-t-elle. Malefoy va bientôt avoir d'autres sujets de préoccupation que nos humbles personnes… Tu le sais comme moi.
Elle se rapprocha d'Harry et il surprit dans son regard un éclat farouche et altier. Harry avança la main vers elle, comme pour toucher son visage. Ses doigts s'arrêtèrent à quelques centimètres des lèvres de la jeune fille.
-McGregor… réussit-il à prononcer en maîtrisant les tremblements de sa voix. Fais un peu attention à ce que tu dis.
Il se tourna vers Hermione et lui montra Betsie qui attendait toujours qu'on la délivrât de son sortilège.
-Dépêche-toi, si tu veux venir avec nous chez Hagrid.
Hermione attrapa Betsie par la manche et l'entraîna hors de la salle des Quatre Maisons. Puis il reporta sa mauvaise humeur naissante sur Ginny.
-N'oublie pas que tu es poursuiveuse remplaçante cet après midi. Je veux tout le monde dans les vestiaires une heure avant le match.
-Hé ? fit Ginny. Ce n'est pas un match officiel !
-Non, mais c'est le premier match de la plupart des joueurs remplaçants… Et trouve moi Andrews ! Elle a fait n'importe quoi jeudi à l'entraînement. Il faut absolument que je lui parle après le petit déjeuner.
-Oui, Capitaine ! se moqua McGregor. Quelle autorité, Capitaine. Elle va en prendre pour son grade, la petite Andrews, Capitaine ?
Ginny s'éclipsa tandis que McGregor se rapprochait d'Harry.
-C'est pas joli joli, Capitaine Potter, de passer ses nerfs sur une enfant de douze ans… Qu'est-ce qui te tracasse ? Ne me dis pas que tu te fais du souci pour cette enflure de Malefoy ?
Son regard s'était durci soudain. Elle parut se calmer tout aussi brusquement. Elle se redressa et sourit, d'un sourire un peu plus froid.
-Moi, je serais plutôt curieuse de savoir s'il va continuer à servir à ses sbires sa sempiternelle rengaine sur la mort glorieuse au service du maître à présent, chuchota-t-elle.
Son visage prit un air satisfait qui fit mal au cœur à Harry. Il se sentit terriblement mal à l'aise.
-Moi je serais plutôt curieux de savoir ce que Crabbe et Nott pourraient lui répondre s'il le faisait… murmura-t-il à son tour.
Un éclair d'intérêt brilla dans l'œil de McGregor.
-Crabbe, ça m'étonnerait qu'il réponde quoi que se soit, ironisa-t-elle. Par contre, Nott, tu as raison… Tu sais quoi, Potter… Je vais lui coller aux basques à celui-là. Rien que pour voir sa tête quand il apprendra que le père Malefoy…
Elle s'interrompit alors qu'Harry lui faisait les gros yeux. Elle se mit à rire.
-Je t'ai déjà dit que tu étais encore plus mignon quand tu étais en colère, Potter ?
…
Elle passa devant lui avec un sourire qui fit rougir Harry autant que ses paroles. Elle sortit de la pièce en riant et le jeune homme la suivit de peu pour se rendre dans la Grande Salle. Elle allait le rendre fou.Et Andrews allait entendre parler du pays…! Et pas plus tard qu'à l'instant même. En effet, la jeune fille de Seconde année s'avançait vers son Capitaine, le teint pâle et la lèvre tremblante. Et la colère d'Harry fondit en une seconde. Il se revit le jour de son premier match, sous le regard dubitatif de ses camarades et la pression constante d'Olivier Dubois. Il se hâta de dissiper son air sévère qui paralysait son attrapeuse. Il lui sourit.
-T'en fais pas, Jo, quand tu seras là-haut, ça ira mieux…
-je… je sais pas si je pourrais monter sur mon balai… balbutia la jeune fille.
-C'est pas grave, temporisa Harry. Je dirai à Ginny de te remplacer. Elle sera ravie.
-Pourquoi pas toi-même ? demanda Jo Andrews, un peu vexée qu'on lui trouvât si vite une remplaçante.
-Parce qu'on pourrait dire que je t'ai évincée juste pour faire mon intéressant une fois de plus… grimaça Harry.
-Mais Weasley est Poursuiveuse, insista Andrews.
Harry se retint de sourire.
-Oui, admit-il. Mais elle est aussi une excellente Attrapeuse. Elle a de l'expérience à ce poste. Oui, finalement, je crois que je vais la nommer Attrapeuse remplaçante sur tous les matchs à venir… Elle prendra ma place dans le jeu s'il m'arrivait d'être indisponible…
-Hé ! mais l'Attrapeuse remplaçante c'est moi !
-Pas aujourd'hui, Jo…
Jo blêmit davantage encore.
-Aujourd'hui, tu es l'Attrapeuse tout court… à moins que tu ne déclares forfait…
-Non !
-Personne ne t'oblige à jouer. Après tout ce n'est qu'un jeu…
-Non !
-Si tu ne t'en sens pas la force…
-Non ! Je veux jouer !
-Tu en es sûre ?
-Oui ! Bien sûr que oui… Capitaine !
Harry plongea la main dans la poche de sa robe. Il sortit le badge qu'il gardait toujours sur lui et l'accrocha à sa poitrine.
-Pas capitaine, aujourd'hui, Jo : aujourd'hui je suis ton premier supporter… N'oublie pas, Andrews… tu es un Phénix ! Quand tu ouvriras tes ailes pour planer, tout le reste n'aura plus d'importance.
-Oui, Capitai… Oui, Harry… dit-elle dans un sourire un peu plus assuré.
Harry l'envoya déjeuner –si elle arrivait à avaler quoi que ce fût !- et se décida à rejoindre lui aussi la table des Gryffondor. Il sortit dans le couloir et se présenta à la porte de la grande salle en même temps que Malefoy et sa cour habituelle. Il eut une terrible envie de faire ravaler son sourire narquois au Serpentard. Il serra les dents et les poings et se mordit la langue.
Drago, lui, n'avait pas pris de semblables résolutions. Il se planta sur le seuil l'empêchant de passer sans le bousculer.
-Alors, Potter ? dit-il de son accent traînant qu'il exagérait afin d'attirer l'attention. Il parait que tu es en retenue toute la semaine prochaine… Est-ce toi qui ne peux plus te passer de ce cher Professeur Rogue ? Ou bien lui qui ne peut se passer de toi ?Des cours particuliers de rattrapage… des retenues… Tu passes plus de temps avec lui qu'avec tes bouffons… pardon, je veux dire tes amis Gryffondor et autres…. A ce propos…
Malefoy se pencha légèrement vers Harry qui faisait appel à tout son empire sur lui-même pour rester imperturbable, et baissa la voix.
-Tu sais que tu as du goût, Potter… je ne m'attendais pas à cela de ta part… mais j'avoue qu'elle est plutôt jolie… et du caractère avec ça… C'est dommage, n'est-ce pas, qu'elle finisse comme cette pauvre folle de Mimi Geignarde… oui ce serait vraiment dommage… Je pourrais peut-être faire quelque chose pour elle quand le Maître des Ténèbres décidera de punir ceux qui se seront levés contre lui –du moins, ceux qui auront survécus…
Harry frémit. Il serra sa main sur sa baguette. Son cœur battait très vite. Le sourire malsain de Malefoy ferma ses lèvres en un mince rictus de haine.
-Je te promets que j'en prendrais bien soin, Potter… Si elle t'est précieuse, elle m'est précieuse.
Drago éclata de rire. Harry avait conscience d'avoir pâli.
-Si je savais de quoi tu parles, Malefoy, j'aurais peut-être peur…dit-il cependant. Encore que la seule chose que j'aie de précieux au monde personne ne peut me la prendre, à moins que je ne la donne.
Malefoy fronça les sourcils, un instant décontenancé.
-Je n'ai rien que tu puisses me prendre, Malefoy… lui chuchota Harry à son tour. Et surtout pas ce à quoi tu fais allusion… Mais n'oublie jamais que toucher à un seul d'entre nous c'est toucher à chacun d'entre nous. Tu ne t'es pas encore mis cela en tête, Malefoy ? Prends garde qu'on ne vienne te le rappeler avant peu.
Harry releva la tête et désigna la Grande Salle du menton.
-On nous regarde, dit-il froidement. Si tu me retiens plus longtemps, on pourrait se mettre à jaser… tu sais combien les rumeurs vont vite.
Il fit un pas en avant, résolument et Drago lui céda le pas. Le Gryffondor traversa la salle à grands pas, encore bouillonnant d'une colère rentrée. Il ne tourna pas la tête vers la table des Serpentard, bien qu'il eût conscience du regard d'Ellen fixé sur lui. Il s'assit près de Ron, à l'air inquiet.
-Je voyais le moment où j'allais intervenir, murmura le Préfet de Septième Année.
-Pourquoi faire ? demanda Harry un peu aigrement. Je m'en suis tiré sans aide, non ? Je n'ai besoin de personne pour remettre ce sale type à sa place…
Il tendit la main vers la carafe de jus de fruit. Sa main tremblait encore. Il ne put se servir sans renverser son verre. Il jura et d'un coup de baguette rageur nettoya la table.
-Tu t'entraînes pour lundi ? demanda Ron, vexé.
-Ça va, Ron ! grommela Harry.
-Je sais pas ce qu'il t'a dit, continua le jeune Weasley, mais ça à l'air de t'avoir troublé plus que tu ne veux le dire…
-Ron, j'ai dit : ça va !
-Je ne dis pas le contraire, mais tu m'as l'air bien remonté. Alors je me demandais ce que Malefoy pouvait bien t'avoir sorti comme insulte pour que tu réagisses comme ç…
-Ron !
Cette fois ce fut la voix de Ginny qui fit sursauter les garçons.
-Tu as les oreilles bouchées ou quoi ? reprit la jeune fille à l'attention de son frère.
Puis elle demanda à Harry s'il avait vu Andrews. Harry lui fut reconnaissant de changer de sujet. Ils parlèrent Quidditch un moment, jusqu'à l'arrivée d'Hermione qui revenait de l'infirmerie.
La pauvre Grenouille était entre les mains du Professeur Londubat. Madame Pomfresh lui avait rendu ses cinq doigts mais son visage n'avait rien voulu savoir. Son front ressemblait toujours à celui d'un crapaud cornu. Magie Noire avait diagnostiqué la guérisseuse. Hermione avait suggéré qu'on fît monter le Professeur Rogue. A ce nom, le reste du visage de Betsie Singleton était devenu du plus beau des vert batracien.La Préfète en Chef s'était alors hâtée de proposer que le Professeur Londubat, Conjureur de sorts émérite, vînt se charger de cet affreux sortilège de magie noire.
Ginny siffla d'admiration, s'attirant un regard courroucé de son frère.
-Par Morgane ! s'écria-t-elle. Je peux pas croire que Bulstrode soit assez douée pour lancer des sortilèges de cet acabit !
-J'imagine que l'association de soutien scolaire de Malefoy ne corrige pas que les lacunes scolaires… soupira Hermione. Et Ellie nous a raconté à Ginny et moi, l'autre jour, qu'elle avait trouvé dans les affaires de Bulstrode un manuel de magie noire.
-Et qu'a-t-elle fait ? demanda Dean, effaré.
-Elle est allée voir Rogue ? fit Seamus.
-Non, répondit Hermione dans un soupir. Il lui a déjà dit au début de l'année qu'il n'était pas interdit de posséder des livres de magie noire. Seule la pratique de la magie noire était prohibée au sein de l'école et qu'il faudrait apporter la preuve de telles pratiques pour accuser quiconque.
-Et là, c'en est une de preuve, non ? fit Ron.
Hermione haussa les épaules.
-Personne n'a vu Bulstrode lancer le sort… soupira-t-elle Betsie était enfermée dans les toilettes et Ellie n'a fait que la voir en sortir.
-Et avec un Priori Incantatum ? insista Harry.
-Si Bulstrode est assez idiote pour ne pas jeter plusieurs sorts anodins après celui qui a rendu Betsie méconnaissable… commença Hermione.
Elle ne termina pas et secoua la tête.
-Ce n'est pas un Impardonnable, non plus… Et on n'a jamais puni personne pour avoir changé l'apparence de l'un de ses camarades.
-C'est vrai ça… quand Bletchey a lancé un sort aux sourcils d'Alicia, il n'a rien eu, malgré les témoignages contre lui… Ni quand Malefoy a jeté un Dentesaugmento sur Hermione…
Cette dernière lui glissa un regard assassin, qu'il crut destiné, de manière rétrospective, au dit Malefoy.
-Oui, mais c'était parce que le Professeur Rogue voulait que notre équipe perde le championnat, dit Neville. Quant à Hermione, il faut dire qu'à l'époque, il ne l'aimait pas beaucoup non plus.
Ce fut à son tour de s'attirer une œillade meurtrière de la part d'Hermione.
-Peut-être que cette fois, continua Neville la tête dans les épaules, il consentirait à nous écouter… surtout que Betsie est de sa Maison…
-Pff ! fit Harry d'un air désabusé. Si elle a décidé qu'elle se chargeait de cette vengeance-là aussi, elle ne laissera personne la lui enlever. Pas plus Rogue qu'aucun d'entre nous…
Il planta sa cuillère dans son porridge et repoussa son bol De toutes façons, il avait horreur du porridge. Il s'interdit de tourner la tête vers la table vert et argent.
-Vous venez chez Hagrid, demanda-t-il en se levant de table.
-Mais… fit Ron. On n'a pas fini de manger…
-Alors vous me rejoindrez !
Il quitta la table et la pièce peu après. Il se dirigeait vers le Grand Hall quand il entendit dans son dos un « Hé ! Potter ! » tout aussi pressé que lui.
Il se retourna sans cesser de marcher. McGregor se hâtait pour le rejoindre.
-Attends moi ! pria-t-elle. Tu vas chez le professeur Hagrid ? Je peux venir avec toi ?
-J'ignorais que tu t'intéressais à Hagrid.
-Je n'ai pas dit que je m'intéressais à Hagrid, répondit-elle.
Et sans attendre la réponse d'Harry elle lui emboîta le pas.
-C'est Remus qui t'intéresse ? demanda le jeune homme quand ils prirent le chemin des jardins.
-J'aimerais bien revoir le professeur Lupin, en effet… Je n'ai jamais trouvé les cours de Défense contre les forces du Mal aussi captivants que durant l'année où il a enseigné…
-Sans compter que c'était un loup-garou, continua Harry sarcastique.
McGregor sourit :
-Quand je l'ai appris, ça m'a fait un choc, je ne le nie pas… mais pas autant qu'à mes cousins de France quand je leur ai raconté que nous avions eu toute une année un professeur lycanthrope…
Elle se mit à rire à ce souvenir.
-Franchement, je serais heureuse de le rencontrer à nouveau. Après tout, ce n'est pas la pleine lune… et tu es là pour me protéger, n'est-ce pas Potter… ?A ce propos, tu avais l'intention de faire quoi au juste, dans la Forêt, quand tu m'as dit : Quand je crierai, cours droit devant toi. Sans te retourner.
Harry remonta ses lunettes sur son nez pour cacher sa gêne.
-Je sais pas… avoua-t-il. Enfin… rien de précis. Jeter un sort, sans doute, et prendre mes jambes à mon cou…
Ellie se mit à rire à nouveau.
-Par Merlin ! Quel stratège ! Tu sais que les Centaures ont deux jambes de plus que nous et qu'ils courent donc deux fois plus vite ?
Harry préféra ne pas répondre à la moquerie. Il avança un peu plus vite. Elle allongea le pas pour se maintenir à sa hauteur.
-Qu'est-ce qu'il te voulait, Malefoy ? demanda-t-elle sans le regarder.
-Rien qui te concerne, répondit Harry de même.
Il ressentit un pincement au cœur. Etait-ce le mensonge qui le gênait à ce point ? Ou bien les paroles de Malefoy ? Si elle t'est précieuse…
…
Ils arrivaient sur le chemin où ils avaient surpris Goyle la veille. Il semblait que c'était des jours auparavant –des siècles même !- qu'il avait attendu la fin du cours derrière la haie. Il se revit lui tendre les brins de bruyère. Qu'est-ce qui lui avait pris ? Il fut pris soudain d'une terrible envie de savoir ce qu'elle en avait fait.
-Comment as-tu persuadé Grayson de distribuer des affiches concernant, d'une part les Elfes de Maison, d'autre part les Mangemorts ? demanda-t-il à la place. Tout ce dont il essaie de se tenir éloigné….
McGregor se mit à rire, d'un petit rire malicieux. Harry se demanda si elle riait parce qu'il posait la question ou parce qu'elle trouvait la réponse très drôle. Il n'était pas certain, lui, d'apprécier l'argument.
-Je lui ai dit que s'il ne collait pas ses fichues affiches avec un sortilège de glue perpétuelle sur les portes des toilettes des garçons, de chaque côté, sa sœur ne faisait plus partie de l'équipe des Phénix…
-Je croyais que c'était ce qu'il voulait… s'étonna Harry.
Ellie leva la main pour terminer son explication.
-Et que je dirais à Debbie qu'elle devait son éviction à son frère. Tu sais ce que c'est quand un frère et une sœur se déclarent la guerre, Potter…
-Non pas vraiment, se moqua un peu amèrement Harry… Mais j'en ai eu un aperçu avec Ginny et Ron dernièrement… ajouta-t-il pour atténuer l'aigreur de ses propos.
Ellie se mordit les lèvres.
-Grayson est un imbécile, continua Harry pour chasser la gêne qui avait failli s'établir entre eux. Comment pourrait-il croire que toi, tu pourrais faire virer sa sœur de l'équipe des Phénix. Jusqu'à preuve du contraire, c'est moi qui suis le capitaine…
Ils arrivaient devant la porte de la cabane d'Hagrid. Harry s'apprêtait à frapper à l'huis. Il resta le poing levé, un peu interdit devant le sourcil levé de McGregor et son sourire frondeur. Elle plongea son regard dans le sien et il eut soudain de grandes difficultés à avaler sa salive.
-Tu vas nous laisser longtemps devant cette porte ? railla-t-elle.
Harry lui tourna le dos. Il ne savait s'il devait se sentir flatté, exaspéré ou vexé. Il était tout cela à la fois. Et il frappa à la porte de la cabane avec plus de force que nécessaire.
Un jappement joyeux retentit et la grosse voix bourrue d'Hagrid demanda qui était là.
-C'est moi, Hagrid. C'est Harry.
La porte s'ouvrit sur la barbe grise du demi-géant. Titan faisait la fête aux nouveaux venus. Crockdur fit un grognement de bienvenue et retourna à sa sieste près de la cheminée. Hagrid s'effaçait quand il aperçut McGregor derrière Harry qui entrait.
-Ahem ! fit-il. Tu ne m'avais pas dit que tu amenais de la visite, Harry !
Il forçait sa voix et son ton.
-Laissez tomber, Hagrid, dit Harry. McGregor est venue rendre visite à Remus, elle aussi.
Le rideau qui fermait l'alcôve bougea et Remus apparut.
-Bonjour, Harry ! dit-il sur un ton enjoué. Bonjour, Miss McGregor.
Il sourit à Ellie qui lui tendit la main. Remus la prit et s'inclina.
-Je suis heureuse de vous revoir, Professeur Lupin, dit-elle.
-Moi aussi, Miss McGregor… Moi aussi.
Ellie jeta un regard circulaire sur la pièce unique de la cabane d'Hagrid et soupira. Harry lui fit de gros yeux pour l'empêcher d'émettre la moindre critique sur la demeure de son ami. Elle leva les épaules et se rapprocha de la cheminée pour se réchauffer un peu au feu qui crépitait. Crockdur souffla sa réprobation devant une telle intrusion. Remus s'amusait manifestement beaucoup, alors que Hagrid était visiblement très gêné. Harry prit place autour de la table en face de Remus.
-Comment vous sentez-vous ? demanda-t-il. Votre plaie s'est-elle refermée correctement ?
-Tout va bien, Harry… Et toi ?
-Mais moi je n'ai pas été blessé hier soir !
-Tu crois cela ?
McGregor se tourna vers les trois hommes autour de la table.
-Bien sûr que non ! s'exclama Harry agacé.
-Un peu de thé ? proposa Hagrid.
-Non, merci Hagrid, refusa Harry.
Remus fit de même d'un signe de la main.
-Volontiers, Professeur ! décida McGregor en s'approchant de la table d'un pas ferme.
Elle s'assit à côté d'Harry, contrarié. Remus se pencha vers elle tandis qu'Hagrid mettait la bouilloire sur le feu.
-Quoi qu'il arrive, refusez les gâteaux, lui conseilla-t-il à voix basse.
Puis il se redressa dans une grimace.
-Bien, nous attendons que Ronald et Hermione arrivent pour parler des choses sérieuses, ou nous commençons immédiatement ? demanda-t-il malicieusement.
-Qu'est-ce que Pettigrew trafique dans la Forêt ? questionna abruptement Harry.
-Tu veux dire, à part transmettre les meilleurs souvenirs de Voldemort à Drago Malefoy, je suppose…
Harry hocha la tête.
-Depuis quand cette correspondance existe-t-elle ? voulut-il savoir.
-Nous l'avons découvert il n'y a pas si longtemps en fait… soupira Remus. Ce sont les fantômes qui nous ont avertis. Ils ont suivi Drago, un soir… je crois bien que c'était le soir où tu es venu me voir, le soir de l'anniversaire d'Hermione. Ils l'ont vu se diriger vers la Forêt, mais il n'y est pas entré, car il était suivi par un de ses camarades…
-Nott, rappela Harry. Je comprends pourquoi Malefoy était contrarié. Il voulait sans doute savoir ce qu'il en était réellement des actes de son père… Peut-être espérait-il même rencontrer Pettigrew. Voilà pourquoi il n'a envoyé aucun de ses complices. Il ne pouvait risquer qu'ils apprennent que Lucius agissait sans ordre ou autre chose de ce genre… Première erreur, depuis la rentrée en tous cas. Il avait réussi à être discret les premiers temps.
-Oui, admit Remus… Sans ce hasard, nous n'aurions pas surveillé la Forêt avec autant d'application. Et si Pettigrew n'avait pas lancé ses gerbilloises contre les jeunes Centaures, Ronan n'aurait jamais décidé de le surveiller lui…
Harry prit sa tête dans ses mains.
-Bon, nous avons résolu le mystère de la Salamandre… dit-il en se grattant la tête qui commençait à lui faire mal à nouveau. Voilà pour quoi il est si sûr de lui. Le Maître lui-même a choisi le nom de son équipe…
-Quel honneur ! se moqua McGregor. Ça t'impressionne, Potter ? Un nom ce n'est qu'un nom… quel qu'il soit.
-C'est pourquoi tu as eu tant de mal à prononcer celui de Voldemort… lui renvoya le jeune homme perfidement.
Il ignora la moue mi interrogative mi amusée de Remus et poursuivit.
-Et maintenant, qu'est-ce qu'il fait Pettigrew ? continua-t-il. Puisqu'il est revenu dans la Forêt…
-Ho ça oui ! fit Hagrid d'une voix tonitruante. Il est revenu ce…
Il sembla se souvenir qu'il y avait une jeune fille sous son toit et baragouina quelques borborygmes qui firent sourire McGregor.
-Remettez-vous, Professeur, lui dit-elle. J'ai sûrement déjà entendu plus de jurons dans ma vie que vous n'en avez prononcés vous-même.
-Hum ! reprit Hagrid. Il est revenu ! Et les licornes sont parties de l'autre côté de la Forêt. Je n'en ai plus vu une seule, et Aragog m'a dit qu'il les avait vues partir vers le nord. Il les a laissées passer, parce qu'il ne touche pas aux licornes, lui ! Et il a tendu ses pièges plus avant dans la Forêt. Les Centaures n'ont pas été contents au début, parce que leurs jeunes se prenaient dans les toiles… Et Aragog non plus n'était pas content, parce que les poulains les trouaient toutes. Mais ça a fini par s'arranger quand les Centaures ont vu que les gerbilloises se prenaient dans les filets. Quand je dis les Centaures, je veux dire Ronan, bien sûr… parce que les autres, à part regarder les étoiles… et râler après les Acromantules…
Titan se mit à gratter à la porte. Il jappa une ou deux fois. Un coup frappé à la porte interrompit Hagrid.
-Hagrid ? C'est Ronald Weasley et Hermione Granger… On peut entrer ?
Hagrid alla tirer le verrou. Les deux jeunes gens pénétrèrent dans la pièce qui sembla soudain beaucoup plus petite. Hermione se précipita vers Remus tandis que Titan réclamait des caresses à Ron.
-Oh mon Dieu ! Remus ! s'écria-t-elle. Comment vous sentez-vous ? Quand Harry nous a dit que vous aviez été blessé hier soir…
Remus prit le visage d'Hermione entre ses mains pour la faire taire.
-Tout va bien, Hermione… assura-t-il avec un sourire apaisant. Je n'ai pas été blessé. Ce n'est qu'une vieille plaie qui s'est rouverte. Mais j'ai été bien soigné et à présent tout va pour le mieux… Voilà ! Es-tu satisfaite ? Bien… alors écoutons l'histoire que nous raconte Hagrid, je suis certain qu'elle est édifiante…
Ron prit place sur la seule chaise qui restait libre et fit asseoir Hermione sur ses genoux.
-Que disiez-vous, Hagrid ? pria Remus. A propos des Acromantules ?
-Hé bien, Aragog a mis Graup à l'abri, reprit Hagrid.Ils ont tissé des toiles autour de l'endroit où je l'ai emmené. Les Gerbilloises s'y prennent régulièrement. Ça fait de la nourriture inespérée pour ses fils et ses filles et Graup est en sécurité. Tout le monde est content. Sauf Graup… ajouta le demi géant d'un air rêveur. Il demande toujours des nouvelles d'Hermy…
Ron grogna dans sa barbe. Hermione se fit toute petite et légère sur ses genoux. Harry cacha un sourire derrière ses poings.
-Qui est Graup ? demanda McGregor.
-Mon frère, répondit Hagrid avec évidence.
-Bien sûr ! fit la jeune fille, les yeux au ciel.
-Le géant de la Forêt Interdite, souffla Harry.
-Oh ! fit à nouveau Ellie. Ce géant-là… Comment n'y ai-je pas pensé moi-même…
Elle secoua la tête et fit une grimace à Harry.
-Et qui est… Aragog ?
-Le patriarche de la colonie d'Acromantules qui vit dans la Forêt… dit Hermione, l'esprit visiblement ailleurs.
Ron frissonna. Le souvenir de l'antre d'Aragog lui donnait la chair de poule. Il en profita pour enlacer Hermione et cacher son visage dans l'épaule de la jeune fille. Elle se leva d'un bond, brusquement, manquant entraîner Ron dans une chute contre la table.
Le visage de la jeune fille rayonnait et elle se mit à marcher de long en large dans l'espace étriqué de la cabane. Tous la regardaient avec étonnement, ou admiration. Ellie pencha discrètement sa tête vers celle d'Harry.
-Granger va nous pondre une superbe idée sensationnelle ! murmura-t-elle. Son cerveau bouillonne… attention…
Hermione cessa d'arpenter la pièce et s'arrêta devant Hagrid. Elle leva l'index droit et l'agita sous le nez du demi-géant qui se demandait quel reproche on allait encore lui faire…
-Oui ! bien sûr ! mais comment n'y ai-je pas pensé avant ?
-Hermione ?
La jeune fille se tourna vers Remus qui venait d'interrompre son monologue intérieur.
-Si tu nous disais à quoi tu viens de penser, on gagnerait du temps, ma belle…
-Les Araignées, Remus… ! C'est ça ! la solution ! Les Araignées ! Hagrid, croyez-vous pouvoir convaincre Aragog et sa famille de tisser des toiles dans les souterrains du château ?
-Hein ?
Il n'y eut qu'un bond autour de la table.
-Tu es folle ! s'exclama Ron.
-Complètement ! approuva McGregor.
-Tu ne veux tout de même pas lâcher des Acromantules dans l'école ! s'écria Harry.
- Mais pourquoi ? s'affola Hagrid.
Seul Remus restait calme. Il montrait du doigt la jeune fille.
-Des pièges à Gerbilloises… murmura-t-il. Oui, bien sûr… Pas trop près des entrées souterraines pour que Peter ne se doute de rien jusqu'au dernier moment. Et assez loin de ce qu'il veut atteindre… pour ne pas réveiller les sortilèges… Les premières se prendront aux filets. Mais il en a des centaines et des centaines… il les lancera toutes à l'assaut ce soir-là. Sans compter que d'autres créatures risquent de se faire prendre… Les toiles ne les arrêteront pas toutes, cependant…
-Non, mais elles les ralentiront… le temps que… le professeur Dumbledore fasse le nécessaire ! réfléchit Ellie à son tour.
-Exactement ! s'écria Hermione. Est-ce que Impedimenta marche sur les Gerbilloises ? demanda-t-elle à Remus.
-Impedimenta et Stupéfix aussi, acquiesça-t-il.
-Mais c'est un sort individuel, rappela Ron. Comment faire pour arrêter une horde de Gerbilloises ?
-Il faut viser le chef, répondit Hagrid. C'est ce que je fais avec mon arbalète.
-Et ça fonctionne aussi avec les sortilèges, confirma Remus. Si le chef est stupéfixé, elles s'arrêtent toutes.
-Il faut stupéfixer Peter, alors, dit Harry.
-Peter c'est moi qui m'en occupe, affirma Remus. Non, quand il les lance à l'attaque, il reste en retrait. C'est la volonté du chef de la horde qui prend le relais. Bien sûr, ce soir-là, il les suivra de près…
Remus regarda soudain Harry, Ron et Hermione et enfin Ellie.
-Hé là ! les enfants… vous êtes en train de parler de quoi ?
-De rien, fit Ron d'un air si coupable que même Hagrid fronça les sourcils.
Remus secoua la tête.
-Je ne peux pas vous laisser ne serait-ce que songer à ce genre de choses… !
-Nous n'avons pas le choix ! défendit Hermione. Le Professeur Dumbledore aura besoin d'aide ! Si Poudlard tombe, Voldemort n'aura qu'à tendre la main pour se saisir d'Harry. Il n'a pas encore terminé sa formation. Le temps que nous gagnerons, Remus, est autant de temps gagné pour Harry… Je sais bien que viendra le moment où… la protection de Poudlard s'affaiblira tellement qu'il ne sera plus possible de recoller les morceaux. Mais tant qu'elle tiendra un tant soit peu… Remus, s'il vous plait, si nous ne le faisons pas, qui pourra le faire ?
-Vous oubliez Severus…
-Il aura assez à faire pour empêcher Malefoy de semer le trouble dans l'école, ce soir-là… insista Hermione.
-Et Minerva…
-Elle est directrice adjointe, elle s'occupera de mettre tout le monde à l'abri et d'appeler des renforts dans le cas où nous échouerions quand même… Laissez-nous essayer, Remus, je vous en prie.
-C'est trop dangereux…
-Nous serons sous la protection de Poudlard avant l'heure de la chasse. Si les Araignées posent leur piège, cela nous donnera encore un peu plus de temps pour nous placer de manière à arrêter tous ce qui pourrait nuire à Poudlard. Remus, je vous en prie. Elle nous a protégé durant toutes ces années, c'est à nous de faire quelque chose pour elle. Nous avons travaillé pour que l'unité et l'harmonie continuent à soutenir notre école. Nous avons fait tout ce que nous pouvions faire à la surface et au grand jour, malgré les obstacles et les bâtons dans les roues. Il faut à présent nous battre pour elle. Et nous battre vraiment. Remus, vous le savez mieux que quiconque. Puisque vous êtes ici…
-C'est trop dangereux… répéta Remus sans grande conviction.
Harry se mit à rire. Dans un éclat de rire sans joie.
-Plus dangereux que d'affronter Voldemort ? demanda-t-il avec acrimonie.
Remus ne répondit pas. Il leva la tête vers Hagrid.
- Vous pensez pouvoir convaincre Aragog ? demanda-t-il d'une voix rauque.
Hagrid secoua la tête.
-Il ne reviendra pas au Château. Mais il pourrait envoyer ses enfants. Si je lui dis qu'il pourra ainsi se débarrasser des gerbilloises et remplir ses gardes mangers… peut-être… je peux toujours lui demander, remarquez. Il faudra me répéter où vous voulez placer les toiles parce que… ahem… je ne rajeunis pas et… je ne me souviens plus trop des choses des fois… mais vous voulez faire quoi avec les toiles et quand ? parce que je ne suis pas sûr de tout avoir compris.
Il y eut un silence que Remus rompit dans un sourire rassurant.
-Cela vaut mieux ainsi, Hagrid… Ainsi quand on vous demandera si vous saviez ce que ces jeunes gens manigançaient vous pourrez dire que non sans mentir. Si les acromantules sont d'accord pour tisser leurs toiles dans les souterrains, il faudra qu'elles soient très discrètes.
-Elles sont silencieuses et invisibles quand elles se déplacent, affirma Hagrid. Elles travaillent très vite aussi.
-Quand les gerbilloises seront entrées dans les souterrains, dit Ron soudainement inspiré. Ce serait bien si les Araignées pouvaient refermer la porte derrière elles. Elles pourraient même se charger de quelques unes d'entre elles aussi.
Il avait à l'esprit des dizaines d'araignées gigantesques descendant de leur fils pour se précipiter sur deux proies potentielles : deux gamins de douze ans terrorisés…
-C'est une excellente idée, Ronald, approuva Remus. Mais n'oubliez pas de dire aux Acromantules que Pettigrew est à moi et qu'elles ne doivent pas y mettre une seule de leurs huit pattes dessus !
-Et profitez-en aussi, professeur, ajouta Ellie McGregor, pour leur dire de ne pas toucher non plus à aucun de ceux qui sont dans cette pièce…
-Ni sous leur forme humaine, ni sous leur forme animale… ajouta Hermione.
Hagrid leva les mains comme pour faire cesser le feu roulant de recommandations.
-Ils ne prennent d'ordre que d'Aragog ! rappela-t-il. Mais je verrai leur père. J'essaierai de lui expliquer ce que nous attendons de lui et de ses fils.
-Oh alors… commença Ellie sur un ton faussement désabusé.
Harry la foudroya du regard.
-Je ferai peut-être bien de venir avec vous Hagrid… intervint Remus. Je sais que les Acromantules n'ont que faire des histoires des sorciers, mais si nous leur assurons, d'une part des garde-manger pleins pour tout l'hiver et d'autre part, l'assurance que les autres créatures qui ont fui la Forêt reviendront quand les Gerbilloises n'y seront plus, peut-être nous écouteront-elles avec moins de malveillance.
Il soupira, la main sur ses côtes. Il dévisagea les jeunes gens tour à tour et secoua la tête.
-Vous me promettez que vous serez aussi prudents que possible et que vous ne ferez rien pour vous mettre inutilement en danger…
-Comme vous nous promettez de ne pas vous exposer à la main d'argent de Pettigrew, répondit Harry.
-Je ferai ce que je pourrais, répliqua Remus dans un sourire.
-Et nous aussi, assura Harry.
-Vous êtes d'accord pour nous laisser vous aider ? demanda Hermione d'une petite voix.
-Je ne vois pas comment je pourrais vous en empêcher…
-Il suffirait d'en parler au professeur Rogue, fit Ellie McGregor d'un air détaché.
Harry lui lança un regard courroucé. Remus se mit à rire.
-Je croyais que vous étiez du côté de nos amis ici présents, Miss McGregor…
-Du côté… ? répéta Ellie d'un air songeur. A côté seulement, Monsieur… et c'est une position qu'il n'est déjà pas toujours facile de tenir…
Ron la regarda d'un air incertain. Hermione leva les yeux au ciel. Harry évita de tourner la tête vers McGregor. Il grinça des dents et fit une grimace à Remus qui riait toujours.
Lupin rappela à Hagrid qu'il leur avait proposé un thé et qu'ils l'attendaient toujours.
-A présent, j'en prendrais bien une tasse, dit-il en s'installant un peu plus confortablement sur son siège.
Hagrid se précipita sur sa bouilloire qui crachotait depuis un moment. Il désigna à Hermione des bols dans l'évier. La jeune fille préféra faire apparaître six tasses à thé de taille plus conventionnelle. Leur hôte déposa sur la table une assiette de gâteaux de belle apparence.
-Servez-vous ! les pria Hagrid. Je les ai fait ce matin pour notre ami Remus, mais il n'avait pas très faim…
Ellie tendit la main malgré les signes de dénégations d'Harry. Elle observa longuement le biscuit et le cogna sur la table.
-Vous savez que ça ferait un projectile intéressant, ce truc ? chuchota-t-elle.
Ron se mit à rire.
-Arrête, McGregor ! On dirait Maugrey…
Il cessa de rire et de parler tout net. Il leva vers Harry et Remus un regard d'excuse. Le silence palpitait de la respiration saccadée des jeunes gens. Hagrid posa l'énorme théière au milieu de la table.
-A cette heure, dit-il d'une voix bourrue, je suppose qu'ils ont du les trouver… enfin… c'est probable… Vous en pensez quoi, Remus ?
Remus lui sourit, il hocha lentement la tête.
-Vous avez raison, Rubeus… A cette heure, ils ont du trouver les corps. Ils sont sans doute en train d'essayer de reconstituer la scène…
…
Harry frissonna. Il baissa les yeux sur sa tasse vide. Il eut mal au cuir chevelu. Puis son estomac se tordit dans une crampe douloureuse. Il se souvint qu'il n'avait presque rien mangé au petit déjeuner. Il songea à Malefoy et à ses paroles sur le pas de la porte de la Grande Salle. Bientôt, Rogue ferait appeler Drago dans son bureau pour lui annoncer la nouvelle de la mort de son père. Que lui dirait-il ? Comment s'y prendrait-il ? Comment réagirait Malefoy ? Harry avait en tête les scènes éprouvantes qu'il avait surprises depuis le laboratoire. Il ignorait comment Rogue avait annoncé la mort de Quentin à Ellen. Elle n'en avait rien dit, à personne. Mais il aurait donné quelques heures de sa vie pour savoir ce qui allait se passer dans le bureau du Directeur de la Maison Serpentard.
…
Harry touillait son thé depuis un moment. Il était presque froid. On poussa devant lui le sucrier. Le sourire goguenard de McGregor lui ôta l'envie de goûter à son breuvage.
-Harry… ?
Harry leva la tête vers Remus.
-Harry, nous disions que ce serait bien si j'allais ce soir avec Hagrid pour parler à Aragog. Il doit se rendre auprès de Graup cet après midi après le match de Quidditch et nous étions d'avis d'approcher le patriarche dès aujourd'hui.
Harry haussa les épaules. C'était une bonne idée, mais pourquoi lui demandait-on son avis ?
-Ce serait mieux si j'avais les moyens de passer inaperçu…
-Ce serait mieux en effet…
Il comprit soudain. Il hocha la tête.
-Je vous porterai la cape après le repas de midi. Vous n'aurez qu'à la garder tant que vous en aurez besoin.
Il se leva. Titan en fit autant au coin de la cheminée, près de Crockdur qui l'ignorait obstinément. Le chien courut à la porte, un regard implorant vers les jeunes gens. McGregor salua Remus, et se déclara ravie d'avoir pu le rencontrer à nouveau. Hermione serra leur ami dans ses bras.
-A bientôt, lui sourit Remus. Je te tiendrais informée des décisions d'Aragog.
Ron et Ellie étaient déjà dehors et jouaient avec Titan, fou de joie. Hermione les rejoignit.
-A tout à l'heure, Harry… rappela Remus alors que le jeune homme s'apprêtait à sortir.
Harry se tourna sur le seuil.
-Vous retournez quand dans la cabane hurlante ? demanda-t-il.
-Dans quelques jours, je pense. Albus a chargé Arthur et Tonks d'effacer les pistes qui menaient à la Cabane. Dès qu'ils seront sûrs qu'il n'y a plus de risques qu'on remonte jusque là, Arthur raccordera la cheminée à celle de Severus. Et je pourrai rentrer chez moi…
Harry eut un sourire amer.
-C'est Arthur Weasley qui a fait brancher la cheminée de la cabane au réseau ?
-Il l'a fait lui-même, en secret, et il a lancé quelques sortilèges pour cacher le raccord.
-Pourquoi a-t-il fait cela ? Je veux dire… il n'est pas technicien. Et c'était dangereux pour lui…
-Severus lui a demandé de rebrancher la cabane, quand je lui ai fait savoir que je comptais m'installer là-bas à mon retour de Roumanie. Arthur a estimé qu'il lui devait ce service, depuis ce printemps… Il a sauvé la vie de Percy.
-C'est vrai, se souvint Harry.
…
Remus se leva et s'approcha de la petite fenêtre. Il ouvrit précautionneusement le rideau sale et jeta un œil dehors sur Ron et Ellie qui lançaient un bâton à Titan. Il sourit à Harry.
-Encore plus jolie que je ne l'imaginais…
Harry sortit. Hagrid rappela Titan. Les quatre jeunes gens reprirent le chemin du château en silence. Puis Ron soupira : « Quinze jours, en gros, jusqu'à Halloween ! »
-Oui, nous avons du pain sur la planche… répondit Hermione en écho.
-Et pas de temps à perdre… ajouta Ellie.
Hermione lui jeta un regard, puis un sourire, complice. Elle prit la main de Ron et allongea le pas.
-Hé ! fit le jeune homme. Qu'est-ce qui t'arrive ?
Il la suivit pourtant, laissant Harry et Ellie sur le sentier.
…
Ron et Hermione avaient pris le chemin qui menait vers le perron du Château. Ellie s'avança vers celui qui se dirigeait vers les jardins. Elle interrogea Harry du regard. Il hésita.
-Qu'est-ce qu'il y a Potter ? demanda-t-elle. Je te fais peur ?
Harry s'avança vers elle.
-Oui, tu me fais peur… dit-il. Tu vas t'attirer des ennuis avec ta manie de fanfaronner partout et de provoquer tout le monde à tort et à travers… et cette manière de tout prendre à la légère ! Tu n'as pas compris… Tu n'as pas compris qu'on ne jouait pas à la guerre avec les figurines de ton père ! Tu n'as pas compris que c'était sérieux ! que nous risquions nos vies ? Et peut-être davantage encore ?
-Tu me prends pour qui, Potter ? Pour une idiote congénitale ou pour une inconsciente ? Bien sûr que je sais que la partie que nous jouons est très sérieuse !
-Alors pourquoi fais-tu comme si rien n'avait d'importance ? cria Harry.
Ellie McGregor se raidit. Son visage se crispa et son regard prit un éclat plus dur.
-Tu crois que c'est facile, Potter, de retourner chaque soir dans ce nid de vipères ? Grinça-t-elle entre ses dents. Tu crois que c'est facile d'avoir les yeux partout et l'esprit en éveil jusqu'au cœur de la nuit ? Tu crois que c'est facile de déjouer les pièges et d'en poser soi-même à chaque heure du jour ? Tu crois que c'est facile de faire semblant que tout va bien ? et d'être à l'affût de tout et de pousser les autres pour qu'ils ne te laissent pas seule sur le qui-vive ! Il y a des choses dont il vaut mieux rire, Potter… afin qu'elles ne te mangent pas l'âme et le cœur.
Elle se tourna vers la cabane d'Hagrid, sérieuse comme jamais Harry ne l'avait vue. Elle montra du bras la maisonnette.
-Il le sait bien, lui ! Je n'ai pas passé deux heures avec lui et je l'ai compris… Et toi qui te dis son ami, tu n'as pas su le voir ! Ou bien es-tu tellement tourné vers toi-même que tu n'accordes aucune importance à ceux qui t'entourent…
-Tu ne comprends pas, McGregor, gronda Harry hors de lui.
Il la saisit aux épaules.
-Tu ne comprends pas… répéta-t-il.
Elle se dégagea brutalement et recula sur le chemin.
-Tu crois que tu es le seul à souffrir ? Tu crois que tu es le seul à te battre ? Tu crois que tu es le seul…
Elle s'interrompit incapable d'aller plus loin. Sa voix se brisa sur un sanglot retenu.
-Non, Potter, c'est toi qui ne comprends rien à rien…
Elle se détourna. Dans un geste rageur, elle essuya ses yeux et partit en courant.
