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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.
Chapitre 130
Négociations
…
Trois jours. Trois jours seulement s'étaient écoulés depuis qu'ils avaient surpris Goyle entrant dans la Forêt. Il lui semblait que ce fût des siècles. Qu'avait dit McGonagall ? Le temps s'accélérait alors qu'on voulait le ralentir ? Oui, c'était la sensation d'impuissante frustration qui le taraudait depuis le matin.
Trop vite, tout allait trop vite. S'il avait seulement le pouvoir de tout arrêter d'un seul geste.
Trop de choses, il lui fallait assimiler trop de choses en trop peu de temps. En trois jours il avait l'impression d'avoir vieilli de trois siècles.Il était si las. De tout. De l'attente. De l'incertitude. De la crainte. De porter les espoirs des autres et leurs angoisses. De sa propre peur aussi. Des questions qui sans cesse revenaient, identiques et chaque fois renouvelées. Les réponses n'apportaient aucune trêve. D'autres questions naissaient aussitôt.
Trop de choses en tête. Il lui eût fallu une Pensine où déverser ses idées sombres. Les trier une à une. Effacer les inutiles, les futiles et les dérangeantes. Que n'était-il dans un jeu vidéo de Duddley où on pouvait arrêter la partie en cours quand on perdait… Tiens Duddley… que devenait-il sans ses ordinateurs, sa télé et ses télécommandes ? Tiens ! Duddley ! L'exemple même de l'idée à effacer !Il prit sa tête entre ses mains. Seul, au milieu des jardins prêts pour un hiver qui pourrait durer éternellement, il avait envie de crier sa rage. Il poussa un long soupir.
…
- Je savais que je te trouverai là, Potter !
La voix de McGregor le fit sursauter. S'il y avait une personne qu'il ne désirait pas voir à ce moment c'était bien elle. Qu'allait-elle lui dire cette fois ? Encore une moquerie sur un éventuel terrain d'entente ? Ou sur son tour de tête, peut-être ? Elle ne parut pas s'apercevoir de l'air sombre du jeune homme et s'assit sur le banc, une jambe repliée sous elle, pour lui faire face.
- Il ne faut pas rester seul quand on a des idées noires, rappela-t-elle. Ca ne m'étonne pas de toi, Potter. Toujours prêt à donner des conseils, mais peu enclin à les suivre toi-même.
- Fiche-moi la paix, McGregor, grogna Harry, les bras croisés et la mine renfrognée.
Elle ne répondit pas, se contentant de sourire et de se rapprocher d'Harry. Elle mit son coude sur le dossier du banc et sa tête dans sa main, pour le regarder de côté.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda-t-elle d'une voix légèrement moqueuse. Malefoy est parti sans te dire au revoir ? Ses doux sarcasmes te manquent déjà ?
Il lui jeta un regard noir et se renfrogna un peu plus. Elle se tut, continuant à le dévisager en silence. Harry en vint à souhaiter l'apparition de Nick ou de Dame Agnes. Même Peeves eût été le bienvenu.
- Tu n'as rien d'autre à faire ? se décida-t-il à bougonner.
- Rien n'est important quand un ami est dans la peine, répondit doucement McGregor. Tu étais à mes côtés quand j'ai eu besoin qu'on me soutienne. Je suis là pour toi.
- Je n'ai pas besoin qu'on me soutienne, se défendit Harry, se demandant où était le piège. Ce n'est qu'un moment à passer…
- Je le sais, continua la jeune fille. Mais ces moments paraissent plus courts quand on les partage. C'est toi qui me l'as appris.
Il tourna la tête vers elle, dépité. Il frotta sa cicatrice, d'un geste machinal. Il cessa lorsqu'il s'aperçut qu'elle fixait la balafre. Elle avança la main, et dans une hésitation maladroite, toucha son front.
- Hé ! fit Harry, surpris et agacé à la fois.
- Tu as mal ? demanda-t-elle.
- Non ! mentit Harry.
Ellie leva les sourcils. L'expression de son visage exprimait le doute le plus profond. Il rougit.
- Pas plus que d'ordinaire, corrigea-t-il.
- Je voudrais partager cette peine là aussi, murmura McGregor.
Harry se mit à rire.
- Tu es bien la seule ! Personne ne voudrait être à ma place !
- Je n'ai pas dit que je voudrais être à ta place, reprit la jeune fille. Je suis très bien à la mienne. J'y serais mieux encore si cette place était plus près de toi. J'ai vraiment apprécié ta présence à mes côtés, il y a quelques semaines. Je croyais que tu appréciais la mienne.
Un instant effaré, Harry retrouva ses esprits pour dire :
- McGregor, écoute…
Puis ils l'abandonnèrent à nouveau tandis qu'elle avançait à nouveau ses doigts vers son front, pour une caresse volontaire cette fois. Le dos de sa main s'attarda sur la cicatrice douloureuse. Il retint une grimace.
- Arrête, pria-t-il. Tu n'as donc pas compris que…
- Que quoi ?
Harry se détourna. Les gestes de McGregor avaient cette odeur de fleurs sauvages qui emplissait son âme chaque fois qu'il pensait à elle. Il baissa les yeux et la voix.
- Que je ne suis pas un investissement affectif très sûr…
McGregor se mit à rire.
- C'est une chose dont on ne peut juger qu'à l'usage, tu ne crois pas ? Et les investissements risqués sont souvent ceux qui rapportent le plus.
Harry leva les yeux au ciel.
- Le risque est bien plus grand que tu ne le penses, répliqua-t-il.
- A cause de cette prophétie ? demanda-t-elle légèrement.
Il ne la regarda pas.
- J'ai bien compris que tu ne t'intéressais guère à cela… fit-il un peu amer.
- Qui t'a dit cela ?
- Tu n'as posé aucune question, tu n'as rien dit du tout… ne put-il s'empêcher de reprocher.
- Que voulais-tu que je dise ? Les autres ont posé assez de questions et j'ai bien vu que cela te mettait mal à l'aise. Et puis, les questions que j'aurais voulu te poser, tu aurais été embarrassé pour y répondre…
- Oh ! fit Harry ne sachant comment il devait prendre cette remarque. Qu'est-ce qui te fait croire cela ?
Elle ne répondit pas immédiatement. Elle l'observa un moment, son regard direct dans le sien. Il baissa les yeux.
-La suite de la prophétie, reprit elle enfin, tu la connais…
Ce n'était pas une question. Harry hocha la tête sans lever les yeux vers elle.
-Elle dit lequel de toi ou de Voldemort allait sortir vainqueur du duel quelle annonce ?
Il secoua la tête.
- Alors comment peux-tu savoir ce qui va arriver ?
- Mais je sais ce qui va arriver ! Je vais me retrouver face à un type bien plus puissant que moi et bien décidé à me donner la mort !
- Et tu as hâte de mourir ? demanda McGregor.
- Bien sûr que non ! riposta Harry.
- Alors pourquoi te comportes-tu comme si tu étais déjà mort ?
Harry releva la tête et ouvrit la bouche. Il ne sut que dire. Il la referma sans un mot.
McGregor se rapprocha de lui :
- Mon grand-père, un fin stratège, mais qui avait de la diplomatie une piètre opinion, disait que lorsqu'on n'avait pu obtenir une chose par la force, alors il était temps de songer à la négociation.
Harry essaya de sourire.
- Et que veux-tu négocier, McGregor ?
Elle se rapprocha encore, ses yeux de bronze dans le regard d'Harry.
- Un petit bout d'essai ? proposa-t-elle dans un souffle de voix.
Elle était si proche qu'il sentait sa respiration rapide sur son visage, à quelques centimètres du sien. Et ce parfum qui était elle… Elle attendait qu'il fît un geste. Et il fallait qu'il fît ce geste, quel qu'il fût. De toutes façons la suite des évènements choisirait pour eux. Il pencha la tête et effleura ses lèvres. Une seconde, il se souvint du baiser de Cho dans la volière. Il se sentait aussi stupide que ce jour-là. Il hésita encore. McGregor se rapprocha davantage. Il sentait son cœur battre violemment dans sa poitrine, tout contre lui. Il battait plus vite que le sien. Il appuya ses lèvres sur les siennes et il oublia toutes les promesses qu'il s'était faites à lui-même.
Il sentit les doigts d'Ellen sur sa nuque et dans ses cheveux. Elle appuya son front contre le sien, son visage tout près du sien. Ils restèrent un moment ainsi, immobiles, comme pour ne pas rompre cet instant fragile. Il sentait son sourire sur sa joue et sa chaleur tout contre lui.
- Je crois que j'aime bien ta manière de négocier, McGregor, dit-il à son oreille.
- Alors ? Es-tu convaincu ?
Il fit une grimace.
- Pas encore tout à fait…
Elle resserra ses bras autour de son cou pour lui offrir son sourire. Il renferma les siens sur elle. Il l'embrassa comme si sa vie dépendait de ce baiser.Celui de Cho s'effaça de sa mémoire et ceux d'Isadora lui parurent fades soudain. Il oublia la douleur dans sa cicatrice. Ses pensées étaient pleines de la présence forte et enivrante d'Ellen McGregor. Tous les sentiments pour elle qu'il avait refoulés depuis des mois lui revenaient à la tête, et s'imposaient à lui sans qu'il cherchât à les effacer, dans une bouffée de fleurs sauvages.
…
Harry était assis à côté d'Ellen McGregor sur le banc de pierres dans le jardin intérieur. Il commençait à faire froid mais aucun des deux jeunes gens ne semblaient en avoir conscience. Ellie n'avait rien dit depuis qu'ils avaient échangé leur premier baiser. Il aurait cru qu'elle aurait la victoire moins modeste.Il n'avait pas envie de rentrer, d'affronter les regards de leurs camarades, leur incompréhension aussi peut-être. Elle fixait le ciel par-dessus les toits de la galerie du jardin et ses doigts touchaient le dos de la main d'Harry sur la pierre froide du banc. Elle rompit le silence la première.
- Par où crois-tu qu'ils viendront ? Par les souterrains, comme le pense Weasley ? Par les airs, comme je le crois ? Ou le danger viendra-t-il de l'intérieur ?
Harry haussa les épaules.
- Sûrement des trois, murmura-t-il. Quand Voldemort décidera d'attaquer l'école, il mettra tous les moyens en sa possession à l'ouvrage. Il veut la destruction de Poudlard autant qu'il veut ma mort.
Elle eut un sourire étrange. Il baissa les yeux. Il n'avait pas envie de parler de cela avec elle. Pas maintenant.
- Tu as fait des projets d'avenir ? demanda-t-elle.
- Bien sûr, fit Harry vexé. Je ferai des études pour devenir Auror… ou bien me laisserai-je tenter par la carrière d'attrapeur professionnel. Des sélectionneurs sont venus me voir l'année dernière.
Il la défia du regard. Elle sourit encore, de son petit sourire en coin cette fois.
- Et toi ? Tu as prévu quoi comme orientation… demanda-t-il comme elle se taisait.
Il se souvint, trop tard, qu'elle lui avait confié qu'elle et son frère Quentin avaient pour projet de reprendre la direction des haras familiaux. La mort de Quentin McGregor remettait en question tous les plans d'avenir de la jeune fille.
- Je crois que je vais opter pour la carrière judiciaire. Il me faudra de sérieuses bases de Droit, en plus des Soins aux Créatures Magiques, si je veux m'occuper des Haras McGregor. Heureusement, papa est un excellent gestionnaire et je peux apprendre beaucoup avec lui. J'espère qu'il me fera assez confiance lorsque j'aurai terminé mes années à Poudlard pour me permettre de remplacer Quentin à ses côtés.
Elle tourna la tête vers Harry et s'efforça de sourire encore.
- Tu as deux ans pour réfléchir, dit Harry, gêné de sa maladresse.
- C'est vrai, approuva McGregor. J'aurai encore une année à tirer ici alors que toi tu prendras du bon temps sur les terrains de Quidditch, avec toutes ces admiratrices qui te tourneront autour.
- Tu ne manques pas de prétendants non plus ! rétorqua-t-il en riant.
Elle se tourna vers lui et fronça les sourcils.
- Au fait, elle te voulait quoi au juste Isadora Machinchose ?
Harry se mit à rire. Elle se rapprocha, l'air menaçant.
- Tu sais Potter, je saurai qui tu vois et qui tu fréquentes… Et si jamais j'apprends qu'il y a une autre fille dans ta vie…
Harry éclata carrément de rire. Il avait déjà du mal à se faire à l'idée qu'il n'allait pas tarder à y en avoir une seule, comment pourrait-il s'en sortir avec deux ! Et il évita de songer que son avenir risquait de se terminer dans l'impasse des souterrains de Poudlard, une quinzaine plus tard.
- Et qu'est-ce que tu ferais ? s'exclama-t-il pour la taquiner. Tu foncerais sur moi sur le dos de l'un de tes chevaux ailés, pour me poursuivre alors que je fuirais ta colère à bord de mon Eclair de Feu ?
- Et pourquoi pas ? fit McGregor. As-tu déjà chevauché un étalon sauvage, Potter ?
Harry secoua la tête.
- Seulement un Centaure, répondit-il sur un ton faussement indifférent.
Les yeux d'Ellie s'agrandirent sous la surprise. Ses lèvres formèrent un Oh ! admiratif avant de dessiner un nouveau sourire moqueur.
- Je suppose qu'il ne t'a pas fait goûter à la course effrénée d'un galop sur la lande, accroché à sa crinière. Je suis sûre que tu aimerais ce moment où il ouvre lentement ses ailes et où ses sabots frappent une dernière fois le sol pour s'élever dans les airs. Il n'y a plus rien qui te retient, tu files aussi vite que le vent, tu traverses les nuages, et tu survoles le monde sans avoir envie de redescendre sur terre.
- Je sais, fit Harry avec désinvolture. J'ai chevauché un hippogriffe aussi.
McGregor se mit à rire à son tour.
- Et un Sombral également. Tu sais ces bêtes invisibles pour tous ceux qui n'ont pas vu la mort en face, qui tirent nos diligences… Mais, je préfère quand même mon Eclair de Feu.
Ellie se rapprocha de lui, encore plus près, une fois de plus, un éclair de défi dans le regard.
- Et tu crois que ton Eclair de Feu pourrait rivaliser à la course avec mon Finbar?
L'air d'Harry semblait bien dire que oui.
- Tu veux parier ?
La moue d'Harry se changea en grimace.
- Je me garderai bien de parier quoi que ce soit avec toi, McGregor.
- Tu as peur de perdre, Potter ? le défia-t-elle encore une fois.
- Non, répondit Harry. Te connaissant, que je perde ou que je gagne, je crains que ce ne soit pas à mon avantage, dans aucun des deux cas.
Le petit rire qu'elle eut, tout en approchant son visage de sa joue, lui confirma son impression.
- Mais, ça aussi ça peut se négocier, murmura-t-elle à son oreille.
…
Il fallut rentrer. Harry et Ellie McGregor se dirigèrent lentement vers les portes du château. Sous les galeries silencieuses, Ellie l'arrêta d'une pression de sa main sur son bras.
- Qu'est-ce que tu vas dire à tes amis ? demanda-t-elle un peu embarrassée.
- Qu'est-ce que tu vas dire aux tiens ? riposta Harry.
Elle haussa une épaule.
- Rien. De toutes façons ça ne les regarde pas.
Ils entrèrent dans les couloirs où les élèves qui les croisèrent ne firent pas attention à eux. Ils se séparèrent sur un signe de la main dans le Grand Hall. Harry monta les escaliers qui menaient à la Tour de Gryffondor tandis qu'Ellie se dirigeait vers les cachots. Il la regarda s'éloigner et disparaître dans le couloir du rez-de-chaussée, appuyé à la rampe. Durant deux heures –cela lui avait paru quelques instants et en même temps une éternité- il avait oublié les raisons de sa tristesse, et s'ils en avaient parlé ensemble avec McGregor, il n'avait guère eu l'occasion de s'appesantir sur son sort.
Il monta quatre à quatre les marches qui menaient à la salle commune. Hermione et Ron allaient sûrement lui poser des tas de questions sur les raisons de son absence et lui faire des remontrances sur son goût pour la solitude. Il s'assit à la table où Ron et Hermione travaillaient, prêt à soutenir la salve de reproches qui n'allaient pas manquer de pleuvoir.
- Ça va mieux ? demanda simplement Hermione en jetant à peine un œil sur lui.
- Ça a l'air, répondit Ron, soupçonneux. Sir Nicholas nous a dit qu'il t'avait vu dans les jardins. Tu devrais faire attention, Harry, Dame Agnes est très jolie, et sa conversation sûrement très intéressante à écouter, mais c'est un fantôme.
Harry posa son menton dans ses bras repliés sur la table. Il poussa un long soupir. Ron prit cela comme une confirmation de ses craintes.
- Tu devrais plutôt te rapprocher de la compagnie des vivants, au lieu de te complaire dans celle des morts.
- Ce n'était pas avec la Dame Grise que je conversais, répondit Harry.
Ron leva un sourcil dubitatif. Hermione glissa un œil vers lui sans cesser d'écrire.
- C'était avec McGregor. Lequel de vous deux lui a dit que j'étais dans le jardin ?
Ron assura que ce n'était pas lui. Hermione ne pipa mot.
- Et alors ? fit Ron, à la fois inquiet et curieux.
- Alors rien… on… discutait, c'est tout.
- Oh ! je vois ! fit Ron, ironique. Elle a pris goût à se faire consoler par toi, on dirait.
Harry haussa les épaules.
- Peut-être n'était-ce pas elle qui se faisait consoler par Harry, suggéra Hermione l'air de rien. Mais plutôt Harry qui se faisait consoler par elle.
- N'importe quoi ! s'exclama Ron. Pourquoi aurait-il besoin de se faire consoler ? Et par elle ! Il nous a nous pour ça, non ?
Hermione leva les yeux au ciel.
- Je t'ai dit qu'on discutait ! trancha Harry mal à l'aise.
- Et vous discutiez de quoi, si c'est pas indiscret ? voulut savoir Ron, sarcastique.
- Diplomatie, marmonna Harry sans regarder aucun de ses amis.
Ron éclata de rire. Hermione leva vers lui un regard interrogateur.
- McGregor diplomate ! s'écria Ron entre deux hoquets de rire.
- Ben… oui, répondit Hermione en souriant elle aussi. Elle est à Serpentard. Les méandres des négociations, ça les connaît non ?
Harry se mit à rire lui aussi, tout en espérant ne pas rougir de trop. Hermione se tourna vers lui.
- Tu es rentré parce que tu as décidé de te mettre au travail, ou simplement parce que la nuit tombait ?
Ron continuait à secouer la tête en riant, tout en retournant à son devoir d'Histoire de la Magie. Harry releva la tête dans un soupir.
- Allez mon grand, ramène donc le reste de tes pensées dans cette pièce, le pria-t-elle. Et ton livre d'Histoire de la Magie, avec s'il te plait ! Je t'avertis, tu ne descendras pas dans la salle des Quatre Maisons tant que tu n'auras pas terminé ton devoir.
Elle lui sourit d'un air entendu et Harry lui fit une grimace.
Il grimpa les marches quatre à quatre. Il avait l'impression de voler. Quand il entra dans le dortoir, il vérifia qu'il était seul. Rien n'avait bougé de place. Il devenait méfiant. Puis il rangea les lettres et la carte du Maraudeur dans l'armoire. Il prit ses affaires de cours. Il referma les portes et prononça sur son bureau et sur l'armoire la formule qui piégeait les meubles. Ellen la lui avait apprise quand il lui avait raconté ce qui était arrivé la veille. Il entendait encore sa voix au creux de son oreille. Son parfum emplit la pièce soudain. Il reprit ses esprits. Surtout penser à dire à Ron et aux autres de ne pas toucher à son armoire ni à son bureau hors de sa présence.
Il redescendit avec ses livres et ses parchemins. Il les posa sur la table, s'assit et tout en ouvrant son livre d'Histoire de la Magie, il dit à voix basse :
- J'ai piégé mon armoire et mon bureau.
- Et le contresort ? interrogea Hermione.
- Tu l'ouvres avec Alohomora. Et tu utilises un sortilège d'attraction pour faire venir à toi ce que tu désires, si tu n'es pas certain que j'aie annulé le charme.
- C'est dangereux ? se méfia Ron.
- Mais non ! fit Hermione. Le Professeur Rogue n'utiliserait jamais un sortilège qui mette quiconque en danger, voyons ! Et surtout pas un élève. Je suppose que ce charme doit simplement assommer les curieux durant quelque temps…
-Simplement ! renifla Ron.
Puis il se reprit :
- Oui tu as sans doute raison… Rogue ne risquerait pas la vie de ses élèves… à part celle de certains, mais c'est une autre histoire.
- Tu n'es pas très juste, Ron… murmura Hermione. Mais c'est aussi une autre histoire…
Harry sentit qu'ils s'engageaient sur un terrain miné.
- J'ai raté un épisode ?demanda-t-il.
Ron tordit son nez. Hermione soupira.
-Non, non… Nous en sommes toujours au passage où Ron se méfie du Professeur Rogue.
- Pourquoi ? risqua Harry.
Il se demanda pourquoi il avait posé la question.
- A cause de la magie noire ? questionna-t-il à voix basse.
- Non, pas vraiment… répondit de même Hermione. Parce qu'il m'a prêté d'autres de ses recueils.
- … et qu'elle s'est mise en tête de pratiquer la magie ancienne… la coupa Ron.
Harry leva vivement la tête vers Hermione.
- Tu veux dire comme moi ?
-Non ! s'exclama la jeune fille. Il n'est pas question de pratiquer la narcomancie ou ce genre de choses. Je veux juste pouvoir me passer de baguette. Il m'a dit que j'avais du potentiel. Pas autant que toi, Harry. Mais depuis que je suis… enfin que nous sommes descendus dans les cachots l'année dernière je sens une puissance qui ne demande qu'à s'exercer.
Harry se souvint de ce jour dans le laboratoire où elle avait mis sa main contre la sienne. Il avait lui aussi sentit la magie qui émanait d'elle. Et tandis qu'elle soupirait et avouait qu'elle n'aurait jamais du parler de cela à Ron, il perçut que ce n'était pas seulement un projet.
- C'est cela, grogna Ron. Ce ne serait encore qu'un de tes petits secrets…
- C'est toi qui m'obliges à avoir des secrets pour toi Ron… Je croyais que tu avais compris que le Professeur Rogue était une chance pour moi ! Tout ce que j'apprends auprès de lui me sera précieux quand nous quitterons l'école. Il me fait gagner des années d'études. J'apprends à travailler avec une rigueur qui sera un atout plus tard. Si j'arrive à me hisser à sa hauteur… Terry Higgs m'a raconté combien il l'avait conseillé, sans en avoir l'air, bien sûr. Combien il lui devait le poste qu'il occupe à présent à Ste Mangouste.
-Mais Higgs est un Serpentard ! s'écria Ron légèrement déstabilisé. C'est normal qu'il l'aide. Mais toi…
- Quoi moi ? Pourquoi ne m'aiderait-il pas ?
- Parce qu'il t'a toujours détestée !
Hermione pâlit un peu.
- Je crois que tu fais une grave confusion, Ron, dit-elle d'une voix trop calme. Tu imagines que le professeur Rogue agit ou réagit d'une manière affective. Il n'est pas question de sentiments avec lui. Il ne reconnaît qu'une chose : la valeur des gens. Non pas la valeur morale, mais leur valeur en terme de potentiel. Ce qu'ils sont capables de faire, et leur volonté à réaliser ce potentiel. Je sais qu'il ne m'aime pas. Comme il n'aime pas Harry. Et pourtant il nous enseigne à tous deux tout ce qu'il sait. Parce qu'il sait que nous en valons la peine.
- Je crois que c'est surtout parce que nous le lui avons demandé… murmura Harry.
- Aussi, admit Hermione. Mais justement, si nous lui avons demandé son aide, si nous avons surmonté notre appréhension, notre animosité, notre haine…
Elle fixa son regard dans celui d'Harry et ce dernier sut ce qu'elle allait dire ensuite.
- Si nous pouvions faire cela, pourquoi ne serait-il pas capable de le faire lui aussi…
- C'est valable pour moi, répondit Harry ses yeux toujours dans ceux d'Hermione. Mais toi, qu'est-ce qui le pousse à faire cela pour toi ? Si ce n'est pas par bonté d'âme, ce dont je suis fort conscient, pourquoi a-t-il accepté de te prendre sous son aile ? Je n'ai jamais compris pourquoi non plus il t'avait soignée l'année dernière alors que personne ne lui demandait rien.
- Parce qu'il était le seul à pouvoir me rendre ce que Bellatrix Lestrange m'avait pris !
Hermione s'était penchée au dessus de la table, dans un mouvement de trouble qui n'échappa à personne dans la salle des Gryffondor. Ron en fut plus bouleversé encore. Il s'avança vers elle.
- Hony ? fit-il. Je suis désolé… Je ne voulais pas qu'on en arrive là…
Mais Hermione ne le regardait pas. Elle fixait toujours Harry. Le jeune homme sentit un frisson parcourir tout son être. Il avala sa salive plusieurs fois de suite pour pouvoir parler.
- Tu veux dire…
- Quoi ? fit Ron désemparé.
-Le neuro mortis c'est Rogue qui l'a inventé ? dit Harry.
- Quoi ? fit Ron toujours plus décontenancé.
Il se tourna vers Hermione, comme pour qu'elle lui confirmât qu'Harry se trompait.
- Comment l'as-tu appris ? demanda ce dernier.
- Le livre qu'il t'a demandé de me rapporter le jour de ton anniversaire… Tout était consigné dedans. Le sortilège y était démonté point par point. Il expliquait dans le détail comment il fonctionnait. Et bien sûr, il y avait l'antidote. Ou du moins les antidotes. Ce qui m'a sauvée ce jour-là, c'est la rapidité de réaction de Remus. Une heure de plus et…
- Mais comment ne s'est-il pas précipité à Ste Mangouste… ? balbutia Ron qui commençait à comprendre.
- Il l'a fait, répondit Hermione. Mais il ne pouvait intervenir directement. Alors, il a dicté à Terry Higgs ce qu'il devait faire en lui faisant promettre le silence. Quand j'ai eu le livre en mains, j'ai compris. J'ai écrit à Terry pour lui demander de confirmer mes soupçons, ce qu'il a fait de bonne grâce. Bien sûr, il ignore que c'est Rogue l'inventeur d'un tel sortilège. Il pense que c'est par discrétion que son ancien professeur a préféré rester dans l'ombre. Je ne l'ai pas détrompé. Il éprouve pour lui une admiration sincère et méritée…
- Tu trouves ! souffla Ron, livide. Tu as failli mourir à cause de ce type et tu lui trouves des excuses !
- C'est Bellatrix Lestrange qui a lancé le sort, Ron. Et si je n'avais pas décidé de me rendre chez les Pettigrew pour chercher Percy, rien ne serait arrivé.
Ron pâlit davantage encore. Elle lui sourit et lui tendit la main.
- Mais si j'en ai finalement réchappé, si j'ai résisté plus longtemps que la normale à ce charme mortel, c'est parce que nous sommes descendus tous les deux dans les souterrains du château il y a deux étés. L'ancienne magie qui m'a frappée ce jour-là m'a sauvée deux fois.
Elle lui présenta sa main ouverte.
- Je suis vraiment désolé, Hony… murmura Ron. Mais je ne peux vraiment pas m'empêcher de ne pas aimer ce type… et surtout pas maintenant que je sais de quoi il est réellement capable…
- Personne ne te demande de le faire, mon cœur.
Il prit enfin sa main et la porta à ses lèvres.
- Je sais bien que le Professeur Rogue préfère qu'on le déteste… reprit Hermione. La haine que l'on suscite est beaucoup plus facile à maîtriser et tellement plus facile à provoquer.
Ron garda la main d'Hermione dans la sienne. Harry commençait à se sentir de trop.Il pensa à Severus Rogue et à ces liens qui le rattachaient au passé. Il songea un peu amèrement que ce n'était peut-être pas le professeur de Potions qui avait du mal à se défaire d'eux, mais bien ce passé qui lui collait fatalement à la peau.
…
- Harry ? Tu vas bien ?
Harry hocha la tête.
- A quoi ou à qui pensais-tu ? demanda Ron.
Harry quitta la fenêtre du dortoir.
-Je me disais juste que je pourrais vous prêter Hedwige à toi et Ginny pour écrire à Charlie à Paris… Avoir des nouvelles de vous lui ferait plaisir j'en suis certain.
Le visage de Ron s'illumina.
- Oh… oui… Je suis sûr que Ginny va te sauter au cou dès qu'elle le saura.
Harry se mit à rire. C'était couru d'avance. Il n'avait pas encore revu la jeune fille depuis le repas de midi. Il se demanda si elle verrait Ellen avant lui. C'était fort probable. Il n'avait pas encore envie de crier sur les toits que lui et Ellen… mais il savait que Ron le prendrait très mal s'il l'apprenait par quelqu'un d'autre. Après tout, il était son ami et il était le premier à qui le jeune homme était venu dire que lui et Hermione…
- Tu sais, Ron, se décida-t-il, cet après midi, McGregor et moi on n'a pas fait que parler…
Ron leva un sourcil. Harry continua sans lui laisser le temps de s'interroger.
- En fait… On s'est embrassé.
Il y eut un silence. Puis Ron demanda :
- Et vous avez l'intention de recommencer ?
- Je pense que oui, répondit Harry.
Il craignit une seconde que son ami ne lui demandât comment c'était ou ne lui parlât de bièraubeurre… Il croisa son regard et ils se mirent à rire tous les deux, un peu gênés.
- Tu ne dis rien d'autre ? insista Harry. Je ne sais pas moi quelque chose du genre Serpentard, ou franchement insupportable… Tu le savais déjà ?
Ron secoua la tête.
- Je m'en doutais, dit-il très vite.
Il chassa Pattenrond de son lit et posa ses livres sur la courtepointe.
- Quand tu étais à l'infirmerie, à la rentrée… reprit-il sans le regarder. Rogue m'a demandé de lui chercher ta cape d'invisibilité parce que Remus voulait à tous prix te rendre une visite. J'ai ouvert ton armoire et j'ai sorti la cape, et j'ai fait tomber des papiers. C'était la carte du Maraudeur, mais aussi les lettres de McGregor. Je me suis dit que si tu gardais précieusement des lettres qui étaient adressées à Ginny, soit elles étaient importantes pour toi, soit c'était leur auteur qui l'était…
Harry rougit et en même temps se sentait vraiment soulagé. Tout d'abord parce qu'il s'ôtait soudainement de l'esprit l'image de Rogue fouillant dans ses affaires : ensuite parce que Ron ne le prenait pas si mal que cela.
- Mais je t'avertis, Harry : ce n'est pas parce qu'elle est ta petite amie que je vais arrêter de lui dire franchement ce que je pense…
- Bien sûr… répondit Harry. De toutes façons, je ne crois pas que cela l'empêche non plus nous dire à nous ce qu'elle a envie de nous dire.
Il fit une grimace à Ron et celui-ci haussa les épaules.
- N'empêche qu'avec toutes les filles qui te tournaient autour aujourd'hui, il a fallu que tu choisisses…
Il s'interrompit dans une mimique dubitative.
- Une Serpentard ? proposa Harry avec un sourire moqueur.
- La pire des Serpentard ! lâcha Ron.
Harry leva les bras et les laissa retomber en signe d'impuissance.
- Ce sont des choses qui ne se commandent pas, Ron ! soupira-t-il.
Ron soupira en écho.
- En tous cas, j'en connais une qui va drôlement être déçue…
Harry eut un doute. Il n'allait tout de même pas encore lui parler de Ginny !
- Isadora Marchinson va vraiment regretter de t'avoir laissé tomber l'année dernière !
Harry se saisit de son oreiller et le balança sur Ron.
- Elle ne m'a PAS laissé tomber ! cria Harry en riant.
Ron évita le coussin.
- Tu sais ce que je regrette moi ? demanda-t-il sur un ton espiègle. C'est que cette bêcheuse de Chang ne soit pas là pour voir ça ! Qu'est-ce que j'aurais aimé la voir se faire envoyer sur les roses par McGregor !
L'image était plaisante en effet. Et ils se mirent tous les deux à rire comme des fous tout en se lançant à la tête leurs oreillers.
Ce fut ce moment précis que choisirent McGonagall et le Professeur Dumbledore pour entrer dans la chambre.
Les jeunes gens cessèrent aussitôt de chahuter. Ron cacha son oreiller derrière son dos dans un geste inutile. Dumbledore riait.
- Minerva ! Minerva ! s'écria-t-il sur un ton enjoué. Le jeune Potter est très affecté par les récents évènements, prétendiez-vous ? Vous avez toujours eu tendance à dramatiser un peu, je vous l'ai souvent dit.
La sous-directrice lança un regard sévère à Harry qui préféra détourner les yeux.
- Donc, reprit Dumbledore un peu plus sérieusement, Peter était ici et c'est ce brave Pattenrond qui l'a mis en déroute une fois de plus…
Il caressa le chat qui venait se frotter à sa robe.
-Tu es certain qu'il ne t'a rien pris, Harry ?
- Toutes mes affaires sont là, acquiesça le jeune homme.
- Montre-moi par où il t'a faussé compagnie…
Pattenrond se mit à l'arrêt devant les lames du parquet soulevées. Dumbledore s'agenouilla et colla son œil sur le trou.
- Nous avons de la chance, s'exclama-t-il.
Il fit un geste de la main et apparut entre ses doigts une pince en argent. Il saisit délicatement quelque chose sur la lame de parquet, qu'il montra à McGonagall dans un mouvement de triomphe.
- Il semble que dans sa précipitation Peter ait oublié un peu de son individu…
McGonagall hocha la tête.
- Espérons que cela soit suffisant pour que Severus puisse en faire quelque chose d'efficace, maugréa-t-elle.
Dumbledore fit apparaître dans le creux de sa main une petite boite en verre dans laquelle il enferma les quelques poils recueillis au sol.
- Un peu d'optimisme, Minerva, ne fait de mal à personne, reprit-il. Il est vrai qu'il y a peu de matière et que nous ne sommes même pas certains que ces poils appartiennent à Peter sous sa forme de rat… Mais je suis sûr que Severus fera tout son possible pour en tirer un répulsif efficace. Et je vais moi-même prier Menor et sa brigade de charpentiers de venir réparer ce parquet. Il va nous boucher tous les trous de souris de cette chambre le temps de claquer des doigts…
Dumbledore se mit à rire, comme d'une bonne blague. Il mit la boîte dans sa poche. Il fit un signe de la main à Harry pour qu'il approchât. McGonagall appela Ron, qu'elle fit sortir et referma la porte de la chambre sur eux.
Harry préféra parler le premier.
- Professeur, dit-il, savez-vous ce qu'il voulait ?
Dumbledore secoua la tête.
- J'ai d'abord pensé qu'en bon adepte de la magie noire, Peter cherchait quelque chose de toi qui permît soit d'attacher ta volonté, soit de prendre ton apparence, ou autre chose de ce genre… Mais quand Minerva m'a parlé du hibou à la fenêtre…
Il hocha la tête et regarda Harry par-dessus ses lunettes en demi-lune.
- Que pourrais-tu posséder qu'il convoiterait soit pour te nuire soit pour nuire à d'autres ?
- La carte du Maraudeur et la cape d'invisibilité de mon père, répondit Harry sans se démonter. La cape, elle est chez Hagrid. La carte, elle est toujours là. S'il voulait la cape, ce n'était certainement pas pour lui. La carte non plus… Il connaît tous les passages. Je me demande s'il ne souhaitait pas l'une ou l'autre pour les confier à Drago Malefoy.
- C'est possible, murmura Dumbledore. Tu peux être sûr que nous considèrerons toutes les informations que nous possédons à la lumière de ce nouvel élément. Dès que nous aurons une idée précise, je te le ferai savoir afin que tu te tiennes sur tes gardes… un peu plus que d'ordinaire.
Il jeta un coup d'œil sur l'armoire et un sourire passa sur ses lèvres, furtivement. Puis il mit sa main sur l'épaule du jeune homme.
- Harry, reprit-il avec un soupçon de lassitude dans la voix. J'aurais préféré que la prophétie ne soit pas étalée au grand jour, mais ce qui est fait est fait. On ne revient pas en arrière. J'ai appris que tu avais su retourner cette situation à ton avantage…
Harry leva des yeux fort étonnés sur le vieil homme.
- Vraiment ? Dans ce cas ce n'est pas moi qui dois en retirer le mérite, c'est Hermione et Ginny qui ont su gérer l'urgence…
Dumbledore s'inclina.
- Sans doute, Harry, sans doute… mais sais-tu à quoi on reconnaît un grand général ? Au nombre de ses victoires ? Non, à la valeur des gens qui l'entourent… Et tu t'es très bien entouré.
Le Directeur serra l'épaule d'Harry et lui sourit à nouveau avec confiance. Harry le retint d'un regard insistant.
-A ce propos, Monsieur, dit-il. J'ai une question à vous poser de la part de Neville… La réponse lui tient à cœur et s'il n'ose vous la poser lui-même c'est qu'il ne croit pas lui-même en sa valeur…
- Il veut savoir si ses parents ont subi les doloris des Lestrange à cause de cette prophétie incomplète ? ne le laissa pas terminer Dumbledore. Je croyais qu'Algie et Hestia voulaient laisser Neville en dehors de cette histoire de prophétie…
- Il était au Ministère, Professeur, rappela Harry sèchement. Sa grand-mère a évité de lui en parler, en effet, mais elle a du reconnaître qu'elle la connaissait. Vous croyez, qu'alors qu'il se retrouvait seul à Poudlard, ses parents à Ste Mangouste et sa grand-mère à l'article de la mort, il n'allait pas m'interroger sur cette nuit au Ministère ? Et vous croyez que j'aurais pu rester insensible à ses questions ? Vous croyez que j'allais laisser mes amis à l'écart très longtemps d'une information d'une telle importance, pour moi, pour eux qui avaient risqué leur vie à cause de moi ?
- Je dois dire que je ne m'attendais pas à autre chose que ce que tu as fait, Harry, répondit Dumbledore. C'est pour cela que je ne t'ai pas fait jurer le secret avant que tu ne quittes mon bureau. Je savais bien que tu ne pourrais pas laisser les Weasley et Hermione à l'écart. Ils ne t'auraient pas laissé faire, n'est-ce pas…
Dumbledore parlait doucement.
- Bien sûr, j'ignorais que Neville se trouverait contraint de vous rejoindre à Poudlard. Ainsi malgré tous les efforts d'Hestia pour protéger son petit-fils, il se retrouve au cœur de l'histoire…
- Vous savez bien, Professeur, que tout finit par se savoir et qu'à trop protéger ceux qu'on aime on ne les rend que plus vulnérables…
Harry était beaucoup plus caustique qu'il ne le voulait réellement. Dumbledore sourit tristement.
- J'espérais que tu m'aurais pardonné, murmura-t-il. Mais il est trop tôt, sans doute…
- Que dois-je répondre à Neville, Professeur ? insista Harry pour ne pas prononcer les paroles de regrets qui se pressaient à ses lèvres.
- Qu'il a raison, soupira Dumbledore.
Il s'approcha de la fenêtre. Il laissa son regard errer dans le parc assombri par le crépuscule. Il soupira à nouveau puis il reprit.
- Au lendemain de la disparition de Voldemort, ses fidèles l'attendirent en vain. Aucun ne voulait croire à la rumeur de sa mort. Comme il ne revenait pas, ils durent se rendre à l'évidence… Cependant, certains d'entre eux ne pouvaient se résoudre à accepter. Le pouvoir de le vaincre ! Ce n'était pas le pouvoir de le tuer ! Leur maître ne pouvait mourir, et surtout pas de la main d'un enfant ! Les Lestrange et Croupton se mirent en quête de la suite de la prophétie. Ils pensaient pouvoir en apprendre par quel moyen tu avais vaincu leur maître et où nous le retenions prisonniers afin d'une part de le délivrer, et d'une autre de t'empêcher de le vaincre à nouveau. Les Londubat n'ont pas parlé. Je n'avais exigé d'eux aucun serment. Ils connaissaient la prophétie dans son intégralité. Ils savaient que tout n'était pas fini… Ils avaient été formés par Alastor Maugrey, dont la devise était Vigilance constante et tant que je n'ai pas vu de mes yeux le corps de mon ennemi la traque continue…
- Mais pourquoi eux ?
- Parce que Jedusor leur avait fait surveiller les deux femmes de l'Ordre qui devait mettre au monde un enfant dans les mois après la prophétie…
- Mais pourquoi n'ont-ils rien dit ? murmura Harry. Cela n'avait plus aucune importance… J'étais déjà marqué, la prophétie était en marche. Rien n'aurait pu l'arrêter. A cause de ce pouvoir que Voldemort ignore ? Personne n'a trouvé ce que c'est encore, comment eux auraient-ils pensé que ce pourrait être l'amour ? ou tout autre chose de ce genre ? Ils se moquent bien de l'amour et de la pitié et de ces sentiments qu'ils considèrent comme des faiblesses…
Dumbledore opina encore une fois.
- Celui qui sait a toujours un avantage sur celui qui ne sait pas. Ils étaient tous deux Aurors, Harry. Les meilleurs que j'ai jamais connus.
Un instant, Harry sentit la voix du vieux directeur se briser. Il lui parut aussi accablé que ce jour de juin dix-huit mois auparavant. Une fois de plus, le temps lui parut distendu. C'était une blessure si vive encore et c'était si loin… si loin.
- Cette guerre a pris sinon les meilleurs d'entre nous ; du moins beaucoup d'entre eux. Celle qui se prépare – non, celle dans laquelle nous sommes, de plain-pied même ! Celle-là nous coûte déjà cher et je sais que nous n'avons pas fini de payer le prix fort. La première fois, j'ai réussi à tenir Poudlard à l'abri des combats. Aujourd'hui, Poudlard est au cœur des enjeux.
Dumbledore se redressa, les rides autour de ses yeux et sur son front semblaient plus profondes, mais il avait un regard ferme et sa voix ne tremblait plus quand il reprit la parole.
- Je te l'avoue, Harry, si nous perdions Poudlard, ce serait pour moi un échec bien plus grand que de voir Voldemort retrouver sa puissance, et je perdrai alors tout espoir.
- Si nous perdions Poudlard, Professeur, répondit Harry, ce ne serait pas votre échec. Ce serait le nôtre. A nous tous.
Dumbledore posa sur Harry un regard de reconnaissance.
- Et je n'aurais pas d'autre choix, continua Harry, que d'aller au devant de Voldemort pour le défier afin de me faire pardonner… Mais je suppose que le Professeur Rogue trouverait encore que c'est une attitude irresponsable et puérile.
- Ha oui ! Severus ! dit Dumbledore en portant la main à la poche de sa robe. Ne tardons pas. Il faut du temps pour préparer l'essence qui servira de base au charme répulsif. Severus va encore travailler toute la nuit.
- Il adore ça ! fit Harry en haussant les épaules.
Dumbledore eut un petit rire.
- C'est juste…
Il se dirigea vers la porte. La main sur la poignée, il se retourna vers le jeune homme.
- Harry, tu diras à ton ami Neville Londubat que je l'attends dans mon bureau après le repas de ce soir. On peut commettre des erreurs à tout âge, les répéter est une faute. Je répondrai moi-même à sa question… Sais-tu s'il aime les cookies aux pépins de citrouille ?
Harry ouvrit de grands yeux ignorants.
- Cela ne fait rien, je demanderai à Algie… Ah ! Harry… Je serais heureux de pouvoir rassurer Remus. Il était aussi inquiet que Minerva à ton égard.
- Oh ! Ce n'était qu'un mauvais moment, Monsieur, murmura Harry. Trop de choses à la fois sans doute, mais, je vous assure qu'à présent tout va bien. Au fait, Monsieur. Avez-vous des nouvelles de Mrs Figg ?
- Arabella va bien… Ses locataires s'ennuient quelque peu mais, elle, elle va bien. Je lui transmettrai ton bon souvenir la prochaine fois que je la verrai.
Il allait sortir quand il se souvint encore de quelque chose.
- Tu préviendras tes camarades de ne pas monter au dortoir jusqu'après le repas. Je pense que les Elfes charpentiers en ont pour un moment afin de tout boucher dans cette chambre. Ils n'aiment pas qu'on les surprenne à travailler. Cela les trouble.
Harry s'apprêta à quitter le dortoir lui aussi. Il avertit Dean et Seamus de ne pas se rendre dans la chambre. Ce dernier lui promit quand même qu'il enverrait un hibou à sa mère pour lui demander un lot de tapettes à souris. Puis Harry descendit dans la salle commune prévenir Neville qu'il avait rendez-vous avec Dumbledore après le repas. Le jeune Londubat en pâlit un peu, et balbutia quelques paroles incompréhensibles.
- J'espère que tu aimes les cookies aux pépins de citrouille, dit Harry en retenant un rire peu charitable devant le trouble de son ami.
Et il songea tout le long du repas que les petits gâteaux seraient sûrement les bienvenus car Neville ne put rien avaler.
Neville était le seul à avoir l'appétit coupé. L'absence de Malefoy à la table des Serpentard soulageait l'ambiance d'un poids manifeste. Ses propres partisans paraissaient plus détendus. Goyle, surtout, semblait plus serein. S'il y eut quelques échanges assez vifs entre les deux factions Serpentard, ce ne fut cependant rien de grave. McGregor avoua elle-même à ses amis Gryffondor que Drago absent, ce n'était plus aussi amusant… Harry se garda de faire quelque remarque, malgré l'air de défi qu'affichait la jeune fille. Il se contenta de lever les yeux au ciel sous le regard goguenard de Ron.
Ils restèrent tous ensemble dans la salle des Quatre Maisons, dans l'attente du retour de Neville. Luna leur fit part de ses réflexions sur les prophéties en général et celle qui concernait Harry en particulier. D'après elle, les prophéties ne prédisaient en aucun cas l'avenir. Elles ne faisaient que souligner les détails d'une histoire qui risquaient de passer inaperçus... Hermione fit remarquer qu'à force de mettre le doigt sur des détails on finissait par les monter en épingle.
Dean Thomas l'approuva totalement.
- Après tout, si la vieille Sibylle n'avait pas fait de prophétie, Harry l'aurait quand même ce pouvoir de vaincre Vo… Vous-savez-qui !
- Sans doute ! s'exclama Seamus. Mais personne ne le saurait !
Il tourna vers Ellie McGregor un sourire qu'il croyait charmeur.
- Et tu en penses quoi, toi, McGregor ? demanda-t-il.
Assise entre Luna et Ginny, en face d'Harry, McGregor leva les yeux vers ce dernier. Il y vit passer une lueur amusée. Elle glissa le regard vers Seamus.
- J'en dis que Potter n'aurait pas eu à cacher cette cicatrice qui le gêne tant, répondit-elle. Puisque l'autre affreux n'aurait pas eu l'occasion de chercher à le tuer… Mais j'en dis aussi que cela aurait été fort dommage…
- Tu parles de quoi ? insista Seamus. De la cicatrice ? Ou du fait qu'on n'aurait pas su qu'il est celui qui doit vaincre Voldemort…
- Seamus ! voulut corriger Harry.
Ellie ne le laissa pas continuer.
- De la cicatrice bien sûr ! s'écria-t-elle.
Et elle se tourna brusquement vers la table derrière elle :
- Hé Marchinson ! appela-t-elle. Pas vrai que la cicatrice de Potter lui donne un charme incontestable ?
Isadora Marchinson regarda McGregor avec de grands yeux ahuris. Elle rougit, balbutia « Mais… heu… », jeta un regard à Harry et se cacha derrière ses amies.
- A mon avis, ça veut dire oui… fit Luna tandis que McGregor se retournait vers ses camarades.
Dean et Seamus n'osait laisser leur rire éclater. Ron fixait un regard aussi ahuri que celui d'Isadora sur McGregor.
- Après ça, ç'a m'étonnerait qu'elle ose encore s'approcher de toi, Harry, comme elle l'a fait cet après midi, estima Ginny.
Le sourire qu'arborait Ellie, et le regard qu'elle lui jeta, persuada le jeune homme que c'était exactement le but recherché par la Préfète de Serpentard.
Il grinça des dents, conscient qu'il avait pris quelques couleurs au visage. Il secoua la tête. Le sourire d'Ellie s'adoucit. Elle détourna les yeux vers Hermione.
-De toutes façons, avec des « si » on apprendrait à lire à des Trolls… dit-elle. La prophétie existe, il faut faire avec. Et si Potter s'en accommode, nous n'avons rien à en dire.
Ron reprit ses esprits.
- Mais Hermione n'a rien dit contre Pot… heu contre Harry ! Et ne lui parle pas sur ce ton, s'il te plait ! Après tout, ça fait plus longtemps que toi qu'elle est son amie !
Hermione posa sa main sur le poing que Ron serrait sur la table. A sa droite, Harry donna un coup de coude dans les côtes du jeune Weasley.
- Et moi, j'aimerais que vous cessiez tous de parler de moi comme si je n'étais pas là ! s'écria-t-il. Et c'est valable pour tout le monde.
Il fit le tour de la table d'un regard féroce. Il ne s'attarda pas à croiser celui d'Ellen. Il n'aurait pu conserver son air furieux plus longtemps.
- Maintenant, on cesse de parler de cette fichue prophétie ! dit-il d'une voix ferme. Tout le monde l'a commentée ! Il n'y a plus rien à en dire ! Je ne veux plus qu'on en parle !
Luna battit des cils.
- C'est aussi valable pour tout le monde ? ou juste pour nous ? Parce que je ne crois pas qu'on te laisse oublier cette prophétie, Harry…
- Je le sais, Luna… ! s'exclama Harry en s'efforçant au calme. C'est pourquoi je vous demande, à vous qui êtes mes amis, de me lâcher un peu avec cette histoire !
- Ben… t'énerve pas comme ça, Harry… murmura Seamus. Tu devrais être content, au contraire. Après ce qui est arrivé hier soir, cette histoire, comme tu dis, tombe à pic, non ?
- Finnigan… menaça McGregor en fixant un regard vigilant sur Harry.
- On recommençait à te regarder bizarrement après l'affaire du dortoir… continua Seamus.
- Heu…Seamus…
Dean essaya de détourner l'attention de son ami.
- Quoi ? demanda celui-ci. C'est pas la vérité ?
- La ferme, Seamus ! commanda Ginny.
- Ou McGregor te balance un Silencio, tenta de se moquer Ron.
Ellie se leva lentement. Ron se tassa sur sa chaise. Le Silencio serait peut-être pour lui en fin de compte…
- Je crois que tu devrais aller prendre un peu l'air, Harry… dit Hermione sur un ton égal. La journée a été difficile, te changer les idées te ferait le plus grand bien.
- C'est justement ce que j'allais proposer, s'exclama McGregor. Je dois aller voir le Professeur Hagrid… J'ai une question à lui poser concernant les Soins aux Créatures Magiques… Voudrais-tu m'accompagner, Potter ? Il fait si noir sur le chemin de cette cabane que j'ai peur de me perdre… et de faire de mauvaises rencontres…
- Qu'est-ce que tu risques ? persifla Ron. Malefoy n'est pas là…
Il se protégea aussitôt du coup de baguette qu'Hermione esquissait. Ellie consentit à sourire.
-C'est juste, mais on ne sait jamais, un pas sur le mauvais sentier et on se retrouve dans la Forêt Interdite… Ça grouille tout plein de bestioles là-dedans. Il parait qu'il y a d'énormes araignées velues. Des centaines et des centaines d'araignées…
Ron pâlit légèrement. Il jeta un regard mauvais à Ginny qui se mordait les lèvres.
Harry se leva. Une nouvelle querelle de famille, c'était plus qu'il ne pourrait en supporter. Et puis, une promenade avec Ellen, cela ne se refusait pas.
…
Il quitta la salle des Quatre Maisons comme s'il fuyait. McGregor dut allonger le pas pour le rejoindre. Il lui fit traverser les jardins sans un mot. Elle l'arrêta alors qu'ils sortaient derrière les serres de botaniques au moment où il allumait une faible lumière au bout de sa baguette.
- Où cours-tu donc comme ça Potter ? s'essouffla-t-elle.
- Chez Hagrid ? fit Harry avec moins d'assurance soudain.
McGregor se mit à rire.
- Que veux-tu aller faire chez Hagrid ?
- Moi, rien… C'est toi qui voulais aller lui poser une question concernant les soins aux Créatures Magiques…
Il entendit monter encore son rire dans la nuit.
- Franchement, Potter, il n'y a que toi pour croire une chose pareille…
Elle s'approcha de lui et il sentit ses doigts enlacer les siens.
- On peut toujours aller voir Remus… chuchota Harry.
- Il y a belle lurette que ton ami Remus est entré dans la Forêt Interdite !
Elle s'avança sur le sentier et l'entraîna par la main.
- Viens, dit-elle. Ne restons pas là, en plein courant d'air.
Elle l'entraîna par la main jusqu'à la haie qui coupait un peu le vent froid de la nuit.
- D'ici on verra parfaitement qui sort ou ne sort pas du Château… reprit-elle.
-Oh … fit Harry sans pouvoir empêcher une pointe de déception de percer dans son ton.C'est pour ça que tu m'as amené ici ? Autant rentrer tout de suite alors. Il ne viendra personne. Malefoy est hors de Poudlard pour quelques jours. Il pourra prendre contact avec qui bon lui semble sans être inquiété…
Il sentit les bras d'Ellen autour de son cou et il respira son odeur de fleurs sauvages. La joue de la jeune fille effleurait sa joue.
- Ce que tu peux être bête !... murmura-t-elle. C'est vraiment trop facile…
Elle l'embrassa et il oublia sa colère. Et il comprit qu'il n'en voulait pas à ses camarades parce qu'ils parlaient de la prophétie ou de sa cicatrice. Il comprit qu'il leur en voulait parce qu'ils l'empêchaient d'être avec elle. Il réalisa qu'il lui serait très difficile de faire semblant.
- Tu l'as dit à Weasley… chuchota-t-elle tout près de son oreille.
- Oui, répondit Harry, bien qu'il sût que ce que n'était pas une question. Et toi à Ginny.
- Oh elle a posé des tas de questions, c'est vrai ! Mais je n'ai rien dit ! Et tu n'as pas intérêt à ouvrir ta bouche devant elle ! Ça lui apprendra à être aussi casse-pieds ! Je lui ai pourtant assuré de millions et des millions de fois que je pouvais me débrouiller toute seule !
Harry sourit pour lui-même, son visage dans les cheveux d'Ellen.
- Je crois qu'elle se doute de quelque chose, tu sais…
- Qu'elle doute ! l'interrompit-elle.
- Et elle n'est sûrement pas la seule… continua Harry comme si elle n'avait rien dit. Tout le monde nous a vu partir ensemble… Et il y avait déjà cette rumeur, à cause de vendredi soir et de la retenue chez Rogue…
Elle s'éloigna un peu de lui et il eut froid brusquement. Elle se détourna contre la haie, resserrant sa cape contre elle, comme pour échapper à la lueur qui émanait de la baguette d'Harry.
- Les rumeurs restent des rumeurs… murmura-t-elle. Si tu savais toutes celles qui courent à ton sujet et au mien dans les cachots de Serpentard…
- Alors pourquoi ne veux-tu pas que cela se sache ? Je peux comprendre que tu aies peur…
- Peur ? le coupa-t-elle brusquement. Et peur de quoi, s'il te plait ? Si j'avais peur de quoi que ce soit, je me serais tenue éloignée de toi… Tu crois vraiment que j'ai peur ? ou peut-être que j'ai honte de m'afficher avec toi ? Tu crois que je t'offre un amour au rabais ?
- Non ! bien sûr que non ! répondit très vite Harry.
Il se sentait troublé. Il décida que c'était à cause de son ton fier et presque dur. Elle reprit :
- Je n'ai pas peur. Je n'ai simplement pas envie…
Elle serra davantage sa cape contre elle. A la clarté pâle de sa baguette, Harry vit son visage grave et un peu triste.
- …d'être la petite amie du Survivant… termina-t-elle. Je veux juste être avec toi.
Harry s'avança vers elle. Il la prit contre lui. Elle cacha son visage dans son cou. Il referma les bras sur elle. Il n'arrivait même pas à prononcer son nom. Il embrassa ses cheveux.
- On fera comme tu voudras, réussit-il à prononcer enfin.
Elle leva son visage vers le sien. Il embrassa son sourire.
- Mais ce ne sera pas une sinécure, tu en as bien conscience…
Il baissa la voix davantage encore :
- Ici, il y a des fantômes qui espionnent jusque dans les toilettes…
Il fut heureux de l'avoir fait rire. Elle frissonna et ils décidèrent de rentrer. Il prit sa main au moment où elle glissait ses doigts dans la sienne. Ils refirent le chemin à l'envers jusqu'aux jardins. Les torches rougeoyantes projetaient leurs ombres sur les murs. Ils s'arrêtèrent avant d'entrer dans le corridor qui les mènerait dans le Hall.
- Dis, Potter, demanda Ellen. Qu'est-ce qu'il lui voulait Dumbledore au juste à Londubat ?
- Lui parler de la prophétie et de ses parents, murmura Harry.
A l'abri du vent, dans la lumière rassurante des jardins familiers, il n'avait plus envie de rentrer. Une fois à l'intérieur, il leur faudrait se séparer et il ne verrait plus son visage, il ne sentirait plus sa présence près de lui, avant le lendemain en fin d'après midi. Il savait qu'elle ne lui parlait de Neville que parce qu'elle non plus ne voulait pas se séparer déjà.
- Qu'est-ce que la prophétie a à voir avec les Londubat ?
- Neville est né un jour avant moi. Ses parents faisaient parti de l'Ordre du Phénix. Et ils avaient échappé eux aussi à Voldemort trois fois déjà… Enfin, je veux dire…
Le silence d'Ellen était presque gênant. Ses yeux ne quittaient pas les siens. Peu à peu son regard monta vers le front d'Harry.
- Mais alors… balbutia-t-elle.
Ses doigts lâchèrent la main d'Harry. Ils frôlèrent son visage. Elle écarta doucement les mèches noires, découvrant la cicatrice.
- Alors, c'est bien cela qui a fait toute la différence…
Elle prit une grande inspiration.
- Ce n'est pas parce que tu es l'enfant de la prophétie que tu as survécu, cita-t-elle. C'est parce que tu as survécu que tu es l'enfant de la prophétie.
Elle suivit du bout des doigts le zigzag de la cicatrice. Harry tressaillit.
- C'est lui même qui t'a désigné, reprit-elle. Il a signé sa propre perte…
Harry retira la main de la jeune fille de son front. Le picotement caractéristique se réveillait. Il grimaça.
- Tu conclus un peu hâtivement, McGregor…
- Tu l'as déjà vaincu une fois…
- Ce n'est pas moi qui l'ai vaincu, c'est ma mère… Elle a donné sa vie pour épargner la mienne.
- Tu n'es pas seul aujourd'hui non plus. Nous sommes tous autour de toi. En tous cas moi je suis là…
- Tu ne comprends pas, McGregor…
Il se mordit les lèvres. C'étaient les mêmes mots que la veille. Il secoua la tête.
- C'est entre lui et moi…
- Ça c'est ce que tu crois, Potter…
Un élancement cuisant brûla le front d'Harry. Il repoussa Ellen et se tint la tête. Il ferma son esprit. Non ! Il ne laisserait pas les humeurs de Voldemort lui gâcher ces moments auprès d'elle. Il mit son front contre le mur glacé. Il fallait éloigner cet esprit démoniaque de ses pensées pleines de la prophétie. Ses mains étaient brûlantes de magie ancienne. S'il lançait un Protego non maîtrisé, il risquait de se retrouver plongé dans les méandres de l'esprit de Voldemort. Il risquait même de la blesser. La voix d'Ellie était lointaine. Les portes se refermaient une à une. Le calme revenait en lui. Il rouvrit les yeux. Il ne se souvenait même pas les avoir fermés. Il ne se souvenait pas non plus s'être adossé au mur, ni avoir glissé jusqu'au sol, accroupi à l'entrée de la galerie qui conduisait au château. Ellen était auprès de lui, assise sur ses talons. Elle caressait son front où perlait la sueur malgré le froid.
- C'était lui ? demanda-t-elle, connaissant la réponse.
Harry hocha la tête.
- Qu'est-ce qu'il te voulait ?
Harry secoua la tête cette fois.
- Je ne crois pas qu'il voulait quelque chose. Il était juste… heu…
- En colère ? proposa Ellie McGregor.
- Pas seulement. Il était excité. Très excité. De colère et de jubilation à la fois… Je crois qu'il était en train de punir quelqu'un…
- C'était ça son excitation ? Ça lui donne donc tant de plaisir que d'administrer le Doloris… ? fit McGregor avec dégoût.
Harry haussa les épaules.
- J'ai l'impression qu'il venait de recevoir de très bonnes nouvelles… Oui, il était très content. Vraiment très content. Ce n'est jamais bon signe.
Il se laissa aller sur le sol froid et frotta sa tête douloureuse. McGregor s'assit à ses côtés, la tête tournée vers lui. Elle sourit et remonta du doigt les lunettes d'Harry sur ses yeux.
-Tes lunettes sont encore tordues, Potter…
- C'est ta faute, McGregor.
Il ôta ses verres et d'un coup de baguette les répara. Elle interrompit son geste alors qu'il allait les chausser à nouveau. Il leva vers elle le regard un peu hagard des myopes quand ils enlèvent leurs lunettes. Il distingua son visage qui s'approchait du sien. Elle embrassa son front, sur la cicatrice. Puis, elle lui dit :
- Tu peux m'appeler Ellen… ou Ellie, ou comme tu le souhaites.
Harry termina de remettre ses lunettes sur son nez.
- Je sais, sourit-il. Tout sauf Nell…
Elle était agenouillée à côté de lui, son visage à hauteur du sien. Il se mordit les lèvres et se traita de stupide et de maladroit.
- Tu peux aussi, si tu veux.
Harry sentit fondre son cœur alors que les torches mettaient dans le regard d'Ellie des reflets dorés. Elle rapprocha une fois de plus son visage.
- Mais seulement quand nous serons entre nous, ou tu regretteras d'être venu au monde… Potter !
Elle fut debout en un bond et lui tendit la main. Il la prit et se laissa hisser. Il garda sa main dans les siennes et ils reprirent le chemin du château.
Le Grand Hall était vide. Ils se séparèrent devant les Escaliers. Il monta deux marches tandis qu'elle se dirigeait vers le couloir du rez-de-chaussée.
- Harry ?
Harry se retourna. Elle était à mi-chemin du Hall. Son badge de préfète se détachait en rouge sur sa robe noire et ses cheveux s'échappaient du ruban qui les retenait en arrière.
- Oui ?
- Rien… c'était juste pour voir l'effet que ça faisait.
Elle lui fit un signe de la main.
- A demain, Harry.
- Bonne nuit, Ellen…
Elle tourna les talons sur un sourire et il fit mine de continuer son chemin. Il la regarda s'éloigner dans le couloir vers la Salle des Quatre Maisons où elle battrait le rappel des siens pour les mener dans la salle commune des Serpentard, le pas et le cœur léger.
Quand il ne la vit plus, Harry monta une à une les marches vers la tour des Gryffondor. Il sentait brûler sur son front la marque arrondie des lèvres douces d'Ellen McGregor.
LES RAR !
diablotin : bon je sé ke je té déja posé la question sur l'animagi et ke tu ma repondu que non il ne le deviendrai pas dans ta fic , mais j'aurait voulu savoir si (pur hypothèse) si tu avait integré le fait ki devienne animagi comment ti te serait tu prit ? Franchement ne m'étant pas posé la question je n'y ai jamais réfléchis et je n'en ai aucune idée ! Mais sincèrement, vu que c'est très difficile, et que cela demande des années d'études, je doute que Harry puisse se concentrer assez sérieusement sur le problème…
Nobd : Loin de moi l'idée d'accuser Ellie de Mary-Suisme, je voulais juste dire que si jamais c'était le cas, ça ne m'avait absolument pas frappée, et que je l'aimais comme elle est. Je ne l'ai pas pris comme une accusation. Bien qu'elle ait une propension à se comporter comme un de ses personnages insupportables au fil du temps Comme je ne suis pas quelqu'un d'extremement originale, je ne peux également pas m'empêcher d'esperer une évolution positive dans la relation Harry/Ellie, mais en même temps, ts deux me semblent légèrement compliqués… Mais ce serait un CRIME (oui ! parfaitement !) qu'ils ne terminent pas ensemble ! Enfin bon, j'ai le droit de rêver haut en couleurs, nan :) Bien sûr, comme tout le monde…
cemeil : Décidemment, Harry n'est pas dans des jours de chance en ce moment... Ca fait un moment remarque… Le mauvais oeil le poursuit? lol. C'est peut-être le cas… En tout cas, je n'aimerais pas me retrouver dans la même pièce qu'une Weasley en colère... Hahahha ! non, hein ? Le point positif dans tout çà... Euh... Il n'aura plus à faire tant de cachotteries?
harry Potter et la discrétion... çà a toujours fait deux... Et dire que Severus Rogue ne voulait pas qu'il se fasse remarquer. Tout joue contre lui. On le plaindrait presque… Et Dean, qu'a-t-il vu? Lui aussi il voit des hippogriffes? Non lui il fait toujours ce même cauchemar de la chambre des secrets et il se demande comment Ginny peut vivre ça…
Meredith : J'ai la vague impression qu'ils se sont un peu arrété de prévoir le jour d'halloween ...ils ont du boulot avec leurs défense passive ! Il s'est passé beaucoup de choses en peu de temps et la défense passive est passée au second plan des soucis de Harry… Mais ça ne veut pas dire que Hermione ne s'en occupe pas…
Ils devraient prévenir officielement Dumbledore de leur plan non ? Depuis quand ils préviennent Dumbledore de quoi que ce soit ?
J'avoue que dans ce chapitre , Ginny n'a pas tout a fait tort de ramener Harry au chateau ..mais elle aurait quand même pu le faire moins violament ( la méchante !) Tu l'aimes décidemment pas cette pauvre Ginny !
craup : Un tournant important, cette conférence de presse, Harry semble accepter son sort quand il retourne dans la salle des 4 maisons. Il ne peut plus faire autrement. Il peut se mentir à lui-même. Mais nier devant des tas de gens qui ont la Gazette en main ne servirait pas à grand-chose. Quand à McGrégor, elle est toujours énigmatique. N'est-ce pas pour cacher son désarroi qu'elle ressort(ilège) 'la grosse tête de Potter'. Sans doute… Si Harry lui répondait qu'il n'a pas que la tête qui enfle, ça lui rabattrait le caquet. MDR ! Mais peut-être qu'elle n'attend que cela ! Quand à Neville, oui c'est bête qu'il n'y ait pas pensé plus tôt (je n'y avais pas pensé non plus. As-tu une hypothèse pour les morceaux de papier que sa mère lui remet à chaque visite et que Neville garde comme autant de reliques ? Aucune !Un TOC peut-être ?
Ayako : Mais pourquoi donc Ellie fait comme ci Harry n'existait pas? c'est parce qu'il ne lui a pas parlé de la prophetie? En fait, c'était Harry qui avait cette impression.
Alixe : Allez miss Teigne, mets nous la gentille Ellie pour remonter le moral du Survivant... hein , ce serait cool s'il la rencontrait dans le parc... tu veux pas faire cela pour moi ? Cela dit,si c'est pour qu'ils se disputent, c'est pas la peine... Contente ?
Lyane : Et Ginny a vraiment un sacré caractère. J'en plaindrais presque son futur mari. D'ailleurs, on entend plus trop parlé de son "soupirant" serpentard. Je sais qu'il a quitté l'école, mais il en est où? Il va bien? Et le club de duel des jumeaux, il avance! Je sais bien que tu ne peux pas parler de tout dans le même chapitre, mais je me demandait comment avançait les choses à l'extérieur de Poudlard. On aura des nouvelles un peu plus tard. Je me demande aussi cer que va trafiquer Drago pendant son abscence. Personne n'a envisagé de le mettre hors d'état de nuire? Pas besoin de le blesser, je suis certaine qu'il existe des sorts pour endormire longtemps quelqu'un. Harry et les autres devraient y songer pour le jour d'Halloween. Ils envoient Malfoy inconcient à l'infirmerie, je suis sure qu'il aura du mal à aider Peter comme ça. Oui mais sans Malefoy, l'histoire n'aurait pas la même saveur… PS: J'ai cru voir… fausse manœuvre ?
Kathylol : Quel jour sommes nous dans ta fic? Parcxe ke là je suis plus... Nous sommes dimanche. La veille il y avait un match de Quidditch, donc un samedi… Un dimanche, une quinzaine avant Halloween… Pour le journal: qui a pu écrire cet article? L'article a été écrit pas un journaliste de la Gazette. La question c'est comment les infos sont-elles parvenues à la gazette… Etait ce vraiment pour ça ke Malfoy était en colère contre Harry? Ou n'était pas plutot,car ils ramenaient l'espoir là où il n'y en avait presque plus? Bien sûr… Seamus plaisantait… même s'il n'est pas doué pour ça… Et kes ki se passeavec McGregor? Elle ne serait pas, par hazard, en colère parce ke Harry ne lui a pas tt dit? Non. Elle n'est pas en colère. Au fait, c'est pas bizarre, ke Potter appelle Ellen McG? Après tt, meme si c'est courant en Angleterre, il est qd meme sencé etre amoureux d'elle non? Oui, mais ça ya que lui (et Hermione et Ginny et à elles il parle « d'Ellen » ) qui est sensé le savoir… Et la petite Gin, elle est sacrément gonflée,elle me fait un peu penser à la conscience d'AHrry comme la luciole ds Pinocchio (je , comparaison nul, ms je trouve rien d'autre...dsl )... non non pas sa conscience, elle est juste là pour lui botter le derrière pour le faire avancer… Puisque tu as dit que l'histoire était déjà écrite, peux tu nous dire combien de chapitre elle comporte? Non pas encore. Elle n'est pas tout à fait finie… Ou si tu veux po, au moins nous dire à peu près à combien de la fic nous en sommes! A un peu plus de la moitié… je pense…
