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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.
Chapitre 139
Le Procès
…
Ils étaient tous debout devant la table des professeurs, et ceux-ci étaient tous présents… Firenze le Centaure était là également… Non, ils n'étaient pas tous là… Il manquait le Professeur Trelawney. Et le Professeur Rogue.
Sur la table devant le Professeur Dumbledore, il y avait toutes les baguettes, en un monceau de morceaux de bois.
Le silence était impressionnant. Si impressionnant qu'Ellie McGregor crut qu'on n'entendait qu'elle lorsqu'elle entrouvrit la porte de la petite salle attenante au réfectoire, à l'endroit même où elle avait attendu la répartition lors de son arrivée à Poudlard. Elle voyait, par l'entrebâillement de la porte, les visages fermés de professeurs, et celui à la fois mécontent et las de Dumbledore. Il laissait voir sa colère et sa désolation.
Les élèves avaient tous la tête baissée. Aucun n'osait défier le regard du Directeur. Ils reconnaissaient leur défaite, à défaut de leurs erreurs.
Enfin, Dumbledore rompit le silence pesant.
- Je voudrais savoir ce que vous cherchiez à faire, dit-il d'une voix forte mais calme. Le Professeur McGonagall m'a assuré vous avoir interrogés durant une partie de la soirée sans obtenir de vous la moindre raison à cette mascarade morbide.
Il fit un signe de l'index à Vincent Crabbe pour le faire avancer de quelques pas.
- Vous, Monsieur Crabbe, pouvez-vous me dire ce que vous comptiez faire ? Une farce stupide comme lorsque vous vous êtes déguisé en Détraqueur ?
Crabbe rentra la tête dans les épaules et se mordit les lèvres. Il savait qu'il ne devait pas prononcer le nom de Malefoy. Il n'avait pas compris grand-chose à ce qui s'était passé en cette soirée d'Halloween, mais cela il en était certain : Drago serait furieux s'il venait à apprendre que l'un d'entre eux l'avait mis en cause. Il connaissait bien le regard impérieux qu'il leur avait jeté avant de quitter la table le soir même après le repas… le pire repas d'Halloween qu'il eût vécu.
- Ou bien croyiez-vous vraiment que Voldemort pouvait s'emparer de Poudlard ? S'il y a bien une chose que Voldemort n'obtiendra jamais – et que ce soit bien clair pour tout le monde – c'est de réussir là où son ancêtre a échoué ! Poudlard a survécu à cette dernière attaque et elle en est sortie plus forte que jamais. Je veux que vous vous mettiez bien cela dans la tête, jeunes gens. Poudlard est toujours debout et elle le demeurera jusqu'à la fin des temps… Elle se dressera toujours contre les projets qui visent à enfermer le monde dans les ténèbres. La nuit de Samain n'est pas encore terminée mais …
Ellie McGregor suivit le regard de Crabbe qui suivait lui-même celui de Dumbledore vers la voûte où se tenaient les quatre fantômes des quatre Maisons, l'air plus terrible et sévère que jamais.
- Mais sachez dès à présent que les projets de celui qui vous a entraînés dans cette triste aventure ont échoué.
Un nouveau silence dura le temps nécessaire à la compréhension des élèves. Puis Dumbledore se redressa dans son fauteuil et posa les mains à plat sur la table. Il ne quittait pas son air sévère.
- Savez-vous ce qu'il en coûte de porter la cagoule noire des Mangemorts ?
Les jeunes gens se tassèrent davantage. Oui, apparemment, ils connaissaient les sanctions encourues.
- Certains d'entre vous sont majeurs, reprenait Dumbledore. A l'extérieur, ils risqueraient la peine maximale : la détention à Azkaban à perpétuité. Les autres risquent le renvoi. Je doute que leurs parents soient fort heureux de les voir revenir au foyer familial alors qu'ils les ont envoyés dans cette école pour y apprendre la magie et non pour se battre avec leurs camarades. Je sais que certaines familles partagent les idées avancées par celui qui se donne le nom de Lord Voldemort, mais il n'en reste pas moins qu'ils vous ont confiés à moi. C'est donc à moi que revient la tâche de sanctionner vos actes.
Le Professeur Londubat se leva et demanda la parole.
- Professeur Dumbledore, commença-t-il… si j'ai bien compris, vous voulez montrer à ces jeunes gens ce qu'ils encourraient s'ils n'étaient pas sous la protection de Poudlard, et s'ils avaient été pris, non pas par leur camarades et leurs professeurs, mais par des aurors professionnels…
Dumbledore hocha la tête avec un sourire complice à Algie Londubat.
- Hé bien permettez-moi de vous proposer quelque chose… puisque le Professeur McGonagall a déjà joué le rôle du Ministère et mené des interrogatoires en règle, offrons à ces jeunes gens un procès tout aussi réglementaire… Après tout nous avons l'un des membres les plus influents du Magenmagot devant nous…Je suis certain que nos élèves seront flattés de vous voir présider cette séance exceptionnelle…
Le sourire de Dumbledore ne rassura certes pas les apprentis mangemorts.
- Je suppose que vous vous offrez de cette manière à être leur défenseur, Professeur Londubat… répliqua le Directeur avec sa bonhomie coutumière.
Algie Londubat inclina la tête, pour accepter à son tour la proposition.
- Très bien, fit Dumbledore. Je suppose que nul d'entre eux ne niera sa participation à cette stupide mascarade.
- Je voudrais bien voir cela ! grogna le Professeur Hagrid dans sa barbe.
Il était manifestement mal à l'aise et gigotait sur son siège, faisant de ce fait bouger la table elle-même.
- Il pourrait leur venir à l'esprit d'évoquer un quelconque sortilège de Persuasion… grinça McGonagall les lèvres pincées.
- Allons, Minerva, intervint Dumbledore ces jeunes gens me paraissent en pleine possession de leurs moyens intellectuels…
Il sourit à Crabbe toujours sur la sellette. La table des professeurs toussota comme un seul homme. Algie Londubat esquissa lui aussi un sourire.
- Minerva, puisque vous avez la parole, continua Dumbledore, voulez-vous rappeler aux accusés quelle peine ils encourraient si nous prenions la décision de les renvoyer de Poudlard, pour avoir attenté à la sécurité de l'école, avoir levé la baguette sur leurs camarades,
- Et pour avoir fait preuve d'une impardonnable bêtise ! ne put s'empêcher de blâmer le Professeur Vector, fort contrarié.
- Il est vrai qu'ils ne font pas honneur à la réputation d'habileté de la Maison de Serpentard… soupira le Professeur Sinistra. Il est heureux que Severus Rogue ne soit pas là pour voir cela…
Dumbledore, un instant, eut un regard triste.
- Il sait tout cela, Isidra… Et s'il est heureux pour quelqu'un qu'il ne soit pas là, soyez certains, tous, que c'est pour chacun de ces jeunes gens. Car il n'aurait eu pour eux aucune indulgence… et encore moins pour ceux qui ne comparaissent pas devant nous.
Il fit un geste las et McGonagall se tourna vers les Serpentard, dont la peur était visible. Elle fit un pas devant la table et les regarda par-dessus ses lunettes carrées, intransigeante et brusque :
- Si nous décidions de vous livrer à la justice magique, vous seriez privés de vos droits magiques. Votre baguette serait brisée. Vous seriez enfermés à Azkaban jusqu'à la fin de votre vie – un frisson parcourut l'assemblée – et pour finir, le baiser des Détraqueurs vous serait promis en cas de récidive. Bien sûr, j'en vois certains qui sourient… Les Détraqueurs ont quitté Azkaban… Certes mais ils pourraient y revenir, comme ils l'ont fait une fois déjà ! Et si vous songez à échapper à la prison de par votre âge, ou à cause des circonstances, que croyez-vous qu'il vous arriverait ? Quelle école voudrait d'un élève ouvertement adepte de l'Art Noir ? A part Durmstrang ? Combien d'entre vous sont prêts à se rendre dans cette école ? – Beaucoup rentrèrent la tête dans les épaules. Le nom de Durmstrang les glaçait autant que l'aura de froidure qu'il véhiculait – Ou peut-être voudrait-on vous enrôler chez les vrais Mangemorts… Il vous faudrait commettre d'autres crimes que ceux qui vous sont reprochés. Terroriser de jeunes enfants est facile. C'est amusant, trouvez-vous sans doute… Mais que ferez-vous lorsqu'il vous faudra lancer des sortilèges impardonnables sur des personnes qui seront capables de vous les renvoyer ?
- Minerva ? l'interrompit doucement Dumbledore. Je crois qu'ils ont compris…
Minerva McGoganall renifla d'un air incrédule, et se rassit à sa place. Algie Londubat s'avança à son tour.
- Professeurs, commença-t-il… Minerva McGonagall nous a exposé les risques qu'encourraient ces jeunes gens si nous les rendions à leurs parents dans les circonstances actuelles. Et savoir qu'ils seraient prêts à être embarqués pour Azkaban n'est pas ma crainte la plus profonde. Je pense à certains qui n'attendent que la fin de leurs études pour s'en aller grossir les rangs des fidèles du Maître des Ténèbres.
Il promena son regard sur les Septième Année présents. Crabbe et Goyle reculèrent d'un pas dans le groupe. Les autres se balançaient d'un pied sur l'autre.
- Je suis sûr… reprit cependant Algie Londubat, oui je suis sûr que d'autres – les plus nombreux, se sont laissés entraînés dans cette triste aventure… Je ne leur cherche pas d'excuses – et il jeta un œil entendu vers McGonagall – je peux comprendre qu'on puisse se laisser envoûter par le désir de puissance et de pouvoir, par la parole facile et la promesse d'être parmi ceux qui dirigent… Ce sont tous de très jeunes gens, ne l'oublions pas… Ils n'ont pas besoin d'être punis. Ils ont besoin qu'on leur fasse comprendre leurs erreurs… Et je ne suis pas certain que le monde dans lequel nous vivons soit indulgent envers ceux qui se trompent… Professeur Dumbledore, vous seul pouvez donner une seconde chance à ces jeunes gens, car le monde extérieur n'est pas prêt à pardonner.
Hagrid se racla la gorge longuement. McGonagall se mordait les lèvres. Le professeur Vector s'agita un peu sur son siège. Le Professeur Flitwick qui n'avait pas encore dit un seul mot, affligé qu'il était par les évènements de la soirée, se leva sur sa pile de coussins.
- Hé bien, fit-il… Ce serait aussi dangereux pour eux que pour nous que de laisser ces jeunes gens sortir de Poudlard aujourd'hui. Je suis d'avis de leur infliger une punition exemplaire cependant… et si nous pouvions leur faire comprendre qu'ils s'apprêtaient à faire une énorme bêtise en acceptant de s'affilier à cette bande de… Mangemorts, ce ne serait perdu pour personne…
Dumbledore eut l'air d'estimer que ce serait effectivement une bonne idée.
- Ces jeunes gens ont-il quelque chose à ajouter ? demanda-t-il à la cantonade.
Seul le silence lui répondit. Dumbledore se leva lentement.
Le cœur d'Ellie se serra. Enfin, elle allait savoir ce que le Directeur réservait à ses condisciples. Elle espérait qu'il les mettrait hors d'état de nuire, mais les paroles du Professeur Londubat avaient mis le doute dans son esprit. Qui avait dit qu'il valait mieux garder son ennemi près de soi, afin de le garder à l'œil ?
Dans un geste large des bras, Dumbledore croisa les mains sur sa barbe blanche.
- Bien, alors nous allons appliquer les mesures qui s'imposent, avec quelques petits aménagements pour vous permettre de continuer à suivre les cours dispensés par l'école. Minerva, veuillez me rappeler les sanctions prévues par la loi magique, je vous prie ?
- La privation des droits magiques, Professseur…
Dumbledore hocha la tête.
- Votre baguette vous est confisquée, annonça-t-il fermement. Elle ne vous sera rendue que pour la durée des cours où vous en aurez besoin.
- Et leurs devoirs, Professeur, s'inquiéta McGonagall.
- J'y viendrai tout à l'heure… Ha… Y a-t-il des Préfets parmi vous ?
- Non, Professeur, répondit McGonagall avec une certaine humeur.
- C'est bien… J'aurais été fort fâché de devoir leur enlever leur insigne, fit Dumbledore. La suite des sanctions ?
- L'enfermement.
- Vous êtes consignés dans vos quartiers pour la durée de votre séjour dans l'école. Vous avez le droit de les quitter pour vous rendre à vos cours et au réfectoire. Après vos heures de cours, vous vous rendrez dans une salle qui vous sera désignée afin de faire votre travail scolaire. Vous aurez l'autorisation de vous rendre à la bibliothèque. Nous établirons un programme avec Madame Pince. Vos baguettes vous seront permises pour pratiquer les exercices nécessaires à la réalisation de vos devoirs de classe. Le professeur chargé de la surveillance de l'étude vous les remettra à la demande.Bien entendu, vous êtes fermement priés de ne rechercher le contact d'aucun de vos camarades. Seuls ceux concernant les divers exposés et mémoires obligatoires seront tolérés. Les Préfets seront chargés de vous rappeler cette règle de silence.Si vous ne vous croyez pas capables de la tenir, vous pourrez venir me trouver dans mon bureau afin que je vous administre un sortilège qui vous aidera à faire preuve de retenue et de discrétion. Je suis conscient cependant que des jeunes gens de votre âge et aussi pleins d'enthousiasme ont besoin d'exutoire… aussi, je recommanderai à Monsieur Rusard de vous trouver quelques activités afin de canaliser l'énergie dont vous débordez… Nos vieux elfes de maisons vous seront reconnaissants, j'en suis sûr, de les décharger des tâches les plus ingrates…Vous ferez ainsi l'expérience de l'obéissance aveugle que vous aurait demandée Voldemort à son égard, ainsi que des basses besognes ; à la différence –et remerciez en Merlin – que la saleté que vous pourriez remuer sous nos ordres se nettoie d'un simple passage sous l'eau chaude.
Sa voix fit trembler soudain la voûte de la Grande Salle. Il avait perdu son air débonnaire et il paraissait deux fois plus grand qu'il ne l'était réellement. Ellie McGregor se prit elle-même à remercier Merlin de n'avoir pas à subir la colère de Dumbledore. Il parut se radoucir, et reprit sur un ton plus doux :
- J'écrirai moi-même pour prévenir vos parents que vous êtes consignés à Poudlard pour les prochaines vacances. Bien entendu, je vous demanderai de renoncer également à vos activités extra scolaires, telles que les différents clubs et associations auxquels vous pourriez appartenir – oui, Monsieur Goyle, le Quidditch fait partie des activités para scolaires !– et ceci afin de méditer plus sereinement aux conséquences de vos actes.
Il y eut un long silence à nouveau, profond et interminable. Ellie commençait à avoir des fourmis dans les pieds et il ne faisait pas chaud dans la petite pièce à cette heure déjà avancée de la soirée… de la nuit même.
- Il serait temps de ramener ces jeunes personnes à leurs appartements, déclara Algie Londubat.
- Oui, la nuit porte conseil… dit doucement Dumbledore. Professeur Vector, voulez-vous raccompagner ces élèves dans leurs quartiers je vous prie. Ensuite, je voudrais que vous veniez me rejoindre dans mon bureau. Isidra, pouvez-vous passer chez Sybille Trelawney ? J'ai eu un mal fou à la calmer. Madame Pomfresh m'a promis d'aller la voir, mais elle a déjà beaucoup à faire…
Il leva la tête vers les fantômes avec un soupir triste.
- Merci à vous aussi, dit-il. Le Conseil des Fantômes nous a été d'une aide précieuse.
Les fantômes hochèrent la tête en silence et se retirèrent par le plafond.
Il était peut-être temps pour Ellen aussi de rejoindre les cachots de Serpentard. Elle sortit dans le Grand Hall, et se faufila dans le couloir du Rez-de-Chaussée. La Salle des Quatre Maisons était vide. Elle passa devant les portes fermées de la Grande Salle et se glissa dans les passages secrets qui menaient devant le mur de Serpentard. Elle entra dans la salle commune, heureuse de n'avoir rencontré personne. Il était tard et elle n'était pas certaine que son badge de Préfète l'eût protégée des foudres de Rusard particulièrement remonté contre les Serpentard depuis l'après midi.
La salle était presque vide. Il ne restait, dans leur coin habituel, que Malefoy et ses partisans rescapés de la débâcle de la soirée. Ils se turent quand McGregor entra. Avec un pincement au cœur qu'elle ne s'expliqua pas vraiment, Ellen constata que Nott était présent. Un peu en retrait, dans l'ombre même, mais il se trouvait à la table de Malefoy. Le sourire froid que Drago lui adressa ne la troubla cependant pas autant que le signe de tête discret que lui fit Théodore Nott. Non, elle ne sortirait pas. Elle marcha fermement vers la cheminée où le feu mourrait doucement et s'assit près de l'âtre. Elle ne voulait pas manquer l'entrée des vaincus.
Elle n'attendit pas longtemps. La porte s'ouvrit. La tête basse les condamnés entrèrent. Sur le seuil de la salle commune, le Professeur Vector leur conseilla de se rendre sans délai dans leurs dortoirs, avant de quitter la pièce sur un bonsoir qui résonna dans le silence froid.
Crabbe et Goyle s'arrêtèrent à la table de leurs amis. Ils n'échangèrent pas un mot, mais le regard que Malefoy leur jeta les dissuada de reprendre leur place au sein du groupe.
- Nous n'avons rien dit, Drago ! plaida Bulstrode en pleurnichant. Personne n'a rien dit.
- La ferme, idiote ! cracha Malefoy, un coup d'œil sur McGregor.
- Drago, implora Gregory Goyle, qu'est-ce qui s'est passé ? Tu nous avais promis…
- Vous avez tout gâché ! l'interrompit Drago à voix basse mais hargneuse. Vous n'avez pas été fichu de venir à bout de ces stupides Gryffondor !
Il avait parlé haut sur la fin de sa phrase. Ellie ne put s'empêcher de sourire. Elle quitta sa place et se dirigea vers l'escalier de son dortoir.
- Heu… Drago… reprit Crabbe d'une voix ridicule. On est privé de Quidditch…
Ellen vit Malefoy pâlir un peu. La moitié de l'équipe des Salamandres faisait partie du lot des punis.
- Hé bien, nous trouverons des remplaçants ... Si le phénix renaît de ses cendres, la salamandre, elle, se régénère chaque fois que l'un de ses membres lui est arraché. Nous allons le rappeler à ce vieux sénile de Dumbledore.
Il fixait Ellie McGregor qui montait lentement les marches, son sourire moqueur accroché à ses lèvres. Malefoy se retourna vers Goyle.
- Alors ? Le vieux fou vous a renvoyé ?
- Non. Il nous a juste pris nos baguettes…
Drago ricana, suivi de ses complices qui s'étaient débrouillés pour ne pas se faire prendre. Ils regardaient les autres de haut, tandis qu'ils racontaient, penauds, et jetant des regards furtifs autour d'eux, les conditions de leur peine. Ils répétèrent presque mot pour mot les paroles de Dumbledore. Les ricanements cessèrent quand ils parlèrent de l'échec de celui qui les avait entraînés dans cette sordide aventure…
Ellie McGregor tourna les yeux vers ses condisciples attablés et elle sut pourquoi Dumbledore leur avait donné l'occasion de communiquer ensemble une dernière fois sans gêne. Le message était passé et avait fait mouche, apparemment. Lorsqu'elle pénétra dans le couloir qui menait à sa chambre, Drago Malefoy avait perdu son sourire hautain et son teint était presque aussi glauque que celui de la lumière sur les murs tendus de vert de la salle commune des Serpentard.
La nuit avait été mauvaise.Harry avait fait plusieurs cauchemars. Il ne se souvenait pas exactement de ce dont il avait rêvé. Mais il savait que c'étaient des images qui lui serraient le cœur à lui faire mal. Il s'était réveillé plusieurs fois au bord des larmes, haletant et un malaise désespéré au plus profond de son être. Les visages de Rogue, Remus et Pettigrew se mêlaient dans une ronde qui lui donnait la nausée. Mais c'était lui chaque fois, il le savait, qui s'endormait dans la crypte, mourrait sur le sol glacé des souterrains, ou se tordait de douleur devant un Voldemort ricanant. Puis les rires devenaient cris, les cris hurlements, et la souffrance se faisait insupportable. Alors, il appelait Ellen à l'aide. Et il se réveillait dans un sursaut douloureux. Plusieurs fois il s'endormit d'épuisement. Plusieurs fois il s'éveilla brusquement. De la même manière qu'il était revenu à la réalité, brutalement, sans maîtrise, comme si le sommeil ne voulait plus de lui. Il lui fallait voir Dumbledore. Lui parler de ce qu'il avait vu et entendu. Lui dire qu'il n'avait pas su se tenir éloigné de l'esprit de Voldemort. Lui apprendre qu'il avait failli succomber à l'envie de meurtre que le Seigneur des Ténèbres avait mise en lui. Il revoyait le poing d'argent de Pettigrew tendu vers lui, comme une supplique… lui qui l'avait si souvent brandi comme une menace… Il n'arrivait pas à croire cependant que Remus eût ourdi cette vengeance… cela ne lui ressemblait guère. L'idée même que Remus eût voulu tuer Peter, Harry ne pouvait y croire. Qu'il eût derrière la tête de se saisir de lui, de le ramener dans la lumière pour lui faire avouer ses crimes, pour réhabiliter officiellement et indubitablement Sirius – une dernière action de gloire à la mémoire des ses amis disparus – cela, oui, ressemblait à Remus… ou bien l'approche certaine de la mort changeait-elle ainsi les gens ? Ellen, un jour, lui avait dit qu'il vivait tout comme s'il était déjà mort…
- Harry ?
La voix de Ron l'éveilla tout à fait. Il réalisa qu'il était encore habillé et qu'il serrait contre lui sa cape d'invisibilité. La couverture s'était emmêlée dans ses jambes et il eut du mal à sortir de l'étau qu'elle formait.
- Harry ? Tu vas bien ? Tu es là ?
Harry grogna une réponse. Il se sentait groggy, comme s'il n'avait pas dormi de la nuit. Il ouvrit le rideau et cligna des yeux dans la lumière du jour qui se levait.
- Il est tôt… grommela-t-il.
- Je sais. Et je sais aussi qu'on est samedi… mais j'ai plus sommeil et je ne fais que des cauchemars… alors je me suis dit que si tu ne dormais pas on pourrait descendre tous les deux dans la salle commune…
Ron n'était qu'une forme floue près du baldaquin. Harry hésita entre lui taper dessus ou lui jeter un sort de silencio. Il finit par mettre ses lunettes sur son nez. Après tout, lui non plus n'avait pas très envie de se rendormir…
- J'arrive… ronchonna-t-il.
Il s'énerva contre la couverture qui s'obstinait à garder ses pieds prisonniers puis réussit à quitter son lit. Il rangea la cape dans son armoire et rejoignit son ami devant les lavabos.
- Tu as une drôle de tête, dit-il à Ron.
Le jeune homme lui répondit d'une grimace.
- Si tu voyais la tienne…
Harry ouvrit le robinet d'eau froide et baigna son visage et sa nuque. Il frissonna. L'eau était glacée.
- J'ai joué aux échecs toute la nuit… dit Ron sans le regarder.
Il s'observait dans la glace, l'air de se demander s'il se raserait ce matin.
- Mais toutes les pièces étaient des cavaliers ou des fous et elles avaient toutes la tête de Rogue, une fois… une fois qu'il…
Sa voix se fit plus basse :
- Une fois qu'il a été changé en pierre.
Un nouveau frisson parcourut Harry.
- Bien sûr c'était une partie d'échecs version sorcier… et il y avait des tas de Rogue qui éclataient de partout. Et moi, j'étais au milieu de tout cela et j'essayais d'éviter de prendre un coup… Tu crois que cela veut dire quelque chose ?
Il regardait Harry, interrogateur et inquiet. Harry haussa les épaules. Lui aussi décida qu'il n'avait pas envie de sortir son rasoir. Il se dirigea vers l'une des cabines de douches. Il se tourna vers Ron avant d'y entrer.
- Je crois que cela ne peut vouloir dire qu'une chose : comme nous tous, tu te retrouves au milieu de cette fichue partie d'échec et tu essayes d'éviter de prendre un mauvais coup…
- Et c'est tout ? Je veux dire un rêve de cette sorte qui m'empêche de dormir et qui ne veut dire que ce qu'il veut dire… ?
- Si tu n'es pas content de mon interprétation, demande à Lavande et Parvati… peut-être trouveront-elles un sens caché à tes cauchemars…
Harry s'en voulut de ce ton acerbe qui lui était venu.
- Enfin… parles-en à Hermione si tu veux être totalement rassuré…
- Je ne peux pas ! répondit très vite Ron en rougissant légèrement.
- Pourquoi ?
- Parce que j'ai rêvé d'elle aussi… du moins, j'ai rêvé du jour où nous sommes descendus ensemble dans les souterrains… en fait, j'ai aussi refait le cauchemar que je faisais quand elle était endormie et que personne ne pouvait la réveiller.
- Mais c'était quoi ce cauchemar ? voulut savoir Harry. Tu ne nous l'as jamais dit…
Ron s'empourpra davantage. Il cligna des paupières plusieurs fois.
- C'est un rêve stupide…
Il se tut. Harry ne voulut pas insister. Il fit le geste d'ouvrir la porte de la douche. Ron se mit à parler très vite, comme pour ne pas s'entendre prononcer les paroles qui sortaient de sa bouche.
- On marchait ensemble dans les souterrains. Il y avait cet éclair de magie qui nous touchait tous les deux. Je criais Protego ! Protego ! puis je transportais Hermione dans les souterrains et elle devenait lourde. De plus en plus lourde ! Et je m'apercevais qu'elle se transformait en une statue de pierre. Ensuite je tombais. Nous tombions tous les deux dans une chute sans fin et elle se brisait sur le sol en des milliers de morceaux…
Harry resta la main serrée sur la poignée.
- Tu me prends pour un idiot, n'est-ce pas… murmura Ron.
- Non ! dit vivement Harry. Non, reprit-il plus doucement. Je suppose que le fait d'être retourné là-bas a ramené tes souvenirs à la surface. Et puis ce ne sont jamais que des rêves ! On ne va jouer les Trelawney de bon matin…
Ron lui sourit.
- Et toi ? Tu as rêvé de quoi ? demanda-t-il.
- Oh moi ! tant que je ne rêve pas de serpents, je suis content…
Ron fit une grimace d'excuse. Il prit sa trousse de toilette et ouvrit la porte de la douche voisine de celle d'Harry.
- Tu ne vas pas dans la salle de bains des préfets ? s'enquit Harry.
- Elle est trop mal fréquentée… renifla Ron.
- Tu veux parler de Malefoy ou de Mimi Geignarde ? sourit Harry.
- Les deux ! trancha Ron. Et puis rien de mieux qu'une bonne douche pour remettre les idées en place et réveiller son homme… A tout à l'heure, Harry.
Il referma la porte de la cabine sur lui et Harry entendit le bruit de l'eau qui coulait. Ensuite, alors qu'il entrait à son tour dans sa cabine, il perçut la voix de Ron qui chantait sous la douche. Il envia la faculté de son ami de faire le vide dans sa tête et d'oublier, même pour quelques instants, ce qui lui causait du tourment.
Il fit couler l'eau sur sa tête, sur son visage et sa nuque. Qu'allait-il advenir à présent ? Il continuerait sans doute les cours de Défense avec le Professeur Londubat. Et il pourrait toujours s'entraîner à l'ancienne magie avec Hermione si elle le voulait bien. Mais il n'apprendrait rien de plus. Il n'était pas comme Hermione. Il ne pouvait étudier dans les livres. Il lui fallait un maître, la pratique et l'exercice…Hé bien, il ferait avec ce qu'il avait déjà. De toutes façons, il ne pouvait espérer égaler Voldemort en quelques semaines de plus… D'ailleurs il ignorait toujours comment il pourrait le vaincre. Rogue lui avait enseigné l'ancienne magie puisqu'il ne pouvait se servir de sa baguette contre lui. Dumbledore l'avait envoyé sur la piste du pouvoir qu'il était sensé posséder. Et Remus lui avait dit de ne pas regarder ce que Voldemort avait de plus que lui, mais de chercher ce qu'il n'avait pas pour le toucher mortellement. L'ennui était qu'il ne voyait toujours pas comment blesser un homme avec quelque chose qui lui était inconnu, dont il ne reconnaissait pas le pouvoir, dont il se moquait éperdument.
Il coupa l'eau. Il se dépêcha de se savonner. Il entendait toujours Ron qui sifflait sous la douche. Surtout garder la tête froide. Ne pas se laisser submerger par le chagrin et le découragement. Après tout, ils avaient gagné cette bataille. Ils étaient les vainqueurs de ce bras de fer qui durait depuis des mois. Une victoire en demi-teinte, un peu moins amère qu'il ne l'avait cru la veille. Il avait perdu un maître, il avait perdu un ami. Mais Poudlard était toujours là, protectrice des faibles. Dumbledore était toujours là, gardien des mystères qu'il restait encore à découvrir. Ses amis étaient toujours là, heureux d'avoir fait leurs preuves. Et Ellen était toujours là, plus encore que jamais. Il rouvrit le robinet d'eau chaude et regarda le savon s'écouler par le siphon dans un lent tourbillon d'écume. S'il pouvait se débarrasser de ses doutes aussi facilement que de la crasse… Cependant la chaleur revenait en lui. Il était parfaitement réveillé à présent. Il frictionna son corps pour le sécher jusqu'à ce qu'il devînt rouge. Ron chantait toujours. Il était déjà devant le lavabo et terminait de raser sa barbe naissante.
- Tu as changé d'avis ? demanda Harry en souriant.
- Oui… je me suis souvenu qu'Hermione me préférait avec les joues lisses…
- Oh… elle t'a dit ça !
- Non, elle a juste dit deux ou trois fois « Tu piques, Ron ! », tu sais, sur le même ton qu'elle a quand elle dit « Ton devoir est nul, Ron. »
Harry ne put s'empêcher de rire. Il prit son peigne et fit semblant de se coiffer. Il allait arranger les mèches noiressur son front pour cacher sa cicatrice quand il arrêta son geste. De toutes façons, la première chose que ferait Ellen quand ils se verraient, quelque part entre l'escalier du grand hall et la table des Gryffondor dans la grande salle, serait de découvrir son front.
La salle commune était encore sombre. Le jour se levait sur le parc. Le saule cogneur agitait ses branches dans le vide, au vent de la nuit. Le front contre la vitre, Ron regardait le ciel qui s'embrasait des couleurs de l'aurore au travers des nuages.
- Dis Harry… Tu as eu peur hier ? demanda-t-il soudain.
- J'étais mort de trouille… Du moins dans les moments où j'étais capable de réfléchir convenablement… Pourquoi ?
Ron haussa les épaules.
- Tu crois qu'Hermione avait peur aussi ?
- Oui. On avait tous peur. Même Dumbledore avait peur. Rogue avait peur. Jusqu'à ce qu'il prenne cette décision… il suait la peur comme chacun d'entre nous. Et Remus aussi avait peur. Il avait peur de se retrouver dans les souterrains. Il avait peur de se retrouver face à Pettigrew.
- Pourquoi y est-il allé alors ?
- Pour la même raison que nous y sommes allés aussi, je suppose… parce que s'il n'y était pas allé, personne n'y serait allé à sa place.
Le silence à nouveau s'installa.
- Tu vas aller voir Dumbledore ? demanda encore Ron.
- Après le déjeuner, répondit Harry.
Aucun des deux n'avait envie de parler des vraies questions qui les préoccupaient.
- Tu as pensé à la partie d'échecs ? questionna pourtant Harry.
Ron hocha la tête.
- Mais j'attends de savoir comment les choses vont tourner… tu sais pour les Serpentard, et puis pour Pettigrew… C'est pour ça que je te demandais quand tu irais voir Dumbledore. Ce serait bien si tu pouvais apprendre quelques détails…
Harry se mit à rire.
- Tu plaisantes là ?
Ron rougit un peu.
- Je veux dire… Peut-être que vous pourriez avoir une conversation sérieuse tous les deux…
- Ho pour ça, ce sera une conversation très sérieuse, tu peux me croire, Ron… soupira Harry.
Le jeune Weasley lui jeta un regard en coin mais n'osa le questionner davantage.
Leurs camarades commençaient à descendre des dortoirs. Ils n'avaient pas, dans l'ensemble, des mines particulièrement réjouies pour un samedi matin. Et cela consola un peu les deux amis. Enfin, Ginny s'avança jusqu'à eux.
- On va déjeuner ? demanda-t-elle sans préambule.
- Heu… Bonjour à toi aussi, Ginny… fit son frère. On n'attend pas Hermione ?
- Elle n'était pas dans son dortoir, ni dans les douches. Et comme elle n'est pas ici non plus, j'en déduis qu'elle s'est déjà mise au travail. Venez, on la retrouvera dans la Grande Salle. Je sais pas vous, mais moi je n'ai rien mangé hier soir, et là franchement, j'ai l'estomac dans les talons…
Elle marcha vers la porte et leur fit un signe autoritaire. Ron et Harry échangèrent une grimace et la suivirent à distance respectueuse. Devant la porte du réfectoire, ils rejoignirent Ellie McGregor. Ginny fut près d'elle la première.
- Alors ? Tu as appris quelque chose ? la pressa-t-elle aussitôt.
- Bonjour, Ginny… Tu as passé une bonne nuit ?…
Ellen tendait sa joue à Harry, comme en un geste familier, tout en faisait remarquer à Ginny qu'elle paraissait bien énervée ce matin. Harry resta quelques secondes interdit avant de poser un baiser rapide sur la pommette de la jeune fille. Il avait l'impression que tout ceux qui croisaient dans le couloir l'avaient vu. Ellie lui sourit. Elle écarta les cheveux sur le front du jeune homme qui les replaça aussitôt tels qu'ils étaient quelques secondes auparavant. Elle se mit à rire devant son air agacé. Elle l'embrassa à son tour sur la joue.
- La période de négociation est passée ? se moqua Ginny.
Harry rougit un peu. Ellie eut un petit rire et une lueur espiègle passa dans ses yeux quand elle échangea un regard avec lui. Elle prit sa main dans la sienne et s'apprêta à entrer dans la Grande Salle avec ses camarades.
- La vie est trop courte pour passer à côtés des bons moments, dit-elle sur un ton enjoué.
Ron toussota dans son poing derrière eux.
- Profitez-en tant qu'Hermione n'est pas là pour vous rappeler à l'ordre… dit-il sur un ton goguenard.
Ils arrivaient à la table des Gryffondor encore vide. Harry s'assit à sa place et se poussa un peu.
- Tu veux rester avec nous le temps que tout le monde arrive ? demanda-t-il timidement.
Ellie ne se le fit pas dire deux fois.
- Quand je te disais que faire table commune serait plus intéressant que ces stupides équipes de Quidditch… Oh ! et en parlant de Quidditch…
Ron et Ginny se rapprochèrent vivement. Les yeux d'Ellie pétillèrent de malice. A nouveau, elle arrangea un peu les mèches sur le front d'Harry qui les remit à leur place initiale.
- Arrête, Ellen… Cette fichue cicatrice est assez visible comme ça.
- Ho ! ce n'est pas pour la cicatrice…
- Bon alors ! les brusqua Ginny. Qu'est-ce qu'il y a avec le Quidditch ?
Ellie fit durer le suspens encore quelques minutes.
- Le prochain match… commença-t-elle.
- Celui qui doit avoir lieu cet après midi ? demanda Ron.
- Les Dragons contre les Salamandres ? précisa Ginny.
Le sourire d'Ellie s'élargit.
- Je crois que les Dragons vont gagner par forfait…
Harry frappa son front.
- Je suppose que la moitié de l'équipe, si ce n'est plus, fait partie de ceux qui se sont fait prendre avec des cagoules sur la tête hier soir… Mais ça m'étonnerait que le match soit maintenu. Après tout, la Maison des Serpentard est en deuil.
Il jeta un œil sévère sur Ellie.
- C'est tout ce que cela te fait d'avoir perdu ton directeur de Maison ?
- J'ai énormément de peine d'avoir perdu un directeur de Maison comme le Professeur Rogue… mais je me réjouis de le savoir désormais aux commandes de Poudlard… Car c'est bien de cela qu'il s'agit…
Ron fronça des sourcils interrogateurs vers Harry. Il n'eut pas l'occasion de poser des questions. McMillan s'avançait, l'air découragé.
Il s'arrêta devant la table des Gryffondor, sans même s'apercevoir de la présence de McGregor aux côtés d'Harry.
- Le match est annulé… dit-il sur un ton sinistre. Malone est toujours à l'infirmerie… C'est pas tant qu'on avait envie de voir un match… mais ça aurait changé les idées de tout le monde… Et Malone voulait tellement en mettre plein la tronche à ces fichus Salamandres. Au fait, Harry… Pas mal ces sortilèges de défenses là… les boucliers réfléchissants… Cet imbécile de Zabini n'a pas encore compris comment il s'est retrouvé au tapis avec son propre maléfice… Tiens ? Qu'est-ce que tu fais là McGregor ? T'en as marre de ce nid de vipères que sont les cachots ? Tu peux venir chez les Poufsouffle, tu sais… Je suis sûr que Malone serait ravi de t'accueillir en même temps que Grayson, surtout s'il emmène sa sœur avec lui…
- C'est gentil, McMillan, le remercia Ellie McGregor. Je transmettrai l'invitation… D'ailleurs, si tu permets j'en parlerai à notre Préfète en Chef…
- Pourquoi ? demanda Ernie. C'est pas elle que j'invite…
- En principe, je n'aime guère m'étendre sur les divergences qui divisent la Maison Serpentard, mais je dois admettre que hier mes camarades et moi-même nous sommes trouvés fort embarrassés quand il a fallu nous rendre dans notre salle commune… Nous avons bien eu l'idée de nous réfugier dans la salle des Quatre Maisons, mais militairement parlant c'est une position bien plus difficile à défendre que les salles communes des Maisons.
- Il fallait venir nous rejoindre ! s'exclama Ginny.
- C'est bien ce que nous essayions de faire… répliqua Ellie. Mais la place était déjà occupée. Ce qui nous a permis de prendre ces imbéciles à revers… Cependant cela nous a obligé à exposer les plus jeunes… Il faudra mettre au point une autre stratégie pour la prochaine fois…
Ernie leva les mains pour la faire taire.
- Hé là ! parle pas de malheur, McGregor.
Le réfectoire se remplissait. La table des Serpentard également. Ellie déclara qu'elle allait rejoindre sa place avant qu'on se posât trop de questions. McMillan regagna sa table afin d'avertir ses camarades de Maison qu'ils étaient privés de Quidditch.
- A tout à l'heure, chuchota McGregor. J'ai plein de choses à vous dire encore… On se retrouve dans la salle des Quatre Maisons après le petit déjeuner ?
- Oui ! fit Ginny.
- Non ! dit Harry. Je dois aller trouver Dumbledore, n'oubliez pas.
- Je te ferai un rapport détaillé et en privé, lui promit Ellie McGregor sur un sourire.
Ron pouffa tout seul. Ginny lui balança un coup de pied sous la table avant de se pousser jusqu'à sa place car Dean et Seamus arrivaient. Finnigan portait toujours un bandeau sur le front, même s'il était moins important que celui de la veille. Neville arriva à son tour avec Luna.
- Vous savez la nouvelle ! s'exclama-t-il. Le match de cet après midi est annulé…
- Oui, fit Luna un peu rêveuse. Ç'aurait été un peu indécent…
- Pourquoi ? demanda Seamus. Après tout qu'est-ce que ça peut faire que les Salamandres soient obligés de déclarer forfait ?
- C'est pas pour les Salamandres… souffla Dean un peu gêné.
Il regarda McGregor et lui fit un sourire d'excuses.
- C'est à cause du Professeur Rogue, voyons…
- Ah oui ! fit Seamus. La mort de Rogue et le massacre de l'équipe des Salamandres par les Dragons, ç'aurait fait beaucoup pour les Serpentard…
Ellie pencha la tête sur le côté, tandis que les Gryffondor fixaient leur camarade avec stupeur. Harry était sur le point d'intervenir lorsque Ron lui coupa l'herbe sous le pied.
- Seamus ! dit le Préfet sur un ton plus que ferme. Petit un, les Salamandres n'ont rien à voir avec les Serpentard. Petit deux, tu as raison, la mort de Rogue c'est beaucoup pour les Serpentard… et plus que pour les Serpentard, pour Poudlard tout entière. Alors… Alors je ne veux plus t'entendre dire quoi que ce soit là-dessus…
Seamus le regarda avec les yeux exorbités.
- Pour ce que j'en disais moi… je veux bien qu'on rende hommage au Professeur Rogue, mais de là à porter le deuil… Parce qu'on peut pas dire qu'il était franchement apprécié tout de même. Même parmi les Serpentard…
McGregor pencha la tête de l'autre côté, la main sur une hanche.
- J'ai même entendu Malefoy, hier soir en quittant la grande salle, dire que ce n'était pas une si mauvaise journée finalement puisque Rogue avait disparu de la circulation…
Et comme personne ne faisait de commentaire, il ajouta :
- C'est vrai quoi… On va peut-être enfin avoir l'autorisation de respirer normalement pendant les cours de Potions…
- Continue comme ça, Seamus, et je peux t'assurer que tu ne pourras plus respirer normalement pendant un moment ! grinça Ron.
- Mais qu'est-ce qui te prend, Ronald ? s'étonna Finnigan. Tu n'es pas non plus un fan du Professeur Rogue, que je sache ?
- Ce qui me prend, Seamus, gronda Ron, c'est que je ne veux pas t'entendre dire un seul mot contre le Professeur Rogue…
- Mais j'ai rien dit contre Rogue… Rien de plus que d'ordinaire, en tous cas…
- Alors continue à ne rien dire…
Ron leva les yeux vers la porte de la salle. Il pâlit un peu et se pencha sur la table vers Finnigan. Il avança la main vers le jeune homme et saisit son poignet avec force.
- Et que je ne t'entende pas non plus ouvrir la bouche à ce sujet devant Hermione !
Il se redressa comme la Préfète en Chef arrivait à la table des Gryffondor.
- Te voilà, Hony ? dit-il avec un sourire forcé. Tu es splendide ce matin.
Hermione le regarda d'un air incrédule. Elle ouvrait la bouche quand une clameur s'éleva à la table des Serdaigle.
Tous se tournèrent vers eux.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Ellie McGregor.
Hermione poussa un soupir de soulagement et leur sourit.
- Anthony a repris conscience ce matin.
Ce fut au tour des Gryffondor de s'exclamer et de relayer la nouvelle.
- Alors ? demanda Harry. Il a dit qui l'avait attaqué.
Le visage d'Hermione se ferma à nouveau. Elle secoua la tête.
- Il a repris conscience. Il a ouvert les yeux. Mais il n'a pas encore prononcé une seule parole. Madame Pomfresh prétend qu'il faudra encore quelques jours avant que l'effet du sortilège se dissipe totalement. Mais c'est bon signe. Il est en voie de guérison, et c'est le principal. Je suis sûre que les potions du Professeur Rogue ont joué un rôle prépondérant dans l'amélioration de son état…
Ron lui fit signe de venir s'asseoir à sa place.
- J'en suis certain moi aussi, mon cœur, dit-il doucement comme elle prenait place à côté de lui.
- Qu'est-ce qui t'arrive ? demanda Hermione interloquée.
- Mais… rien, Hony… C'est juste que je suis tout à fait d'accord avec toi…
- C'est bien ce qui m'inquiète… fit Hermione un sourcil levé.
Elle se retourna vers Ellie :
- Tu n'as pas de nouvelles de McGonagall ? demanda-t-elle. Elle devrait vous convoquer, toi et les autres Préfets de Serpentard, dans la matinée, pour vous faire savoir le nom du nouveau Directeur de Serpentard.
- J'espère qu'elle donnera aussi le nom du nouveau professeur de Potions… murmura Seamus.
- Mais c'est une évidence, releva Hermione… Du moins, il est évident que celui qui remplacera le Professeur Rogue jusqu'à ce que Dumbledore trouve un nouveau professeur de Potions sera…
Personne n'écouta la fin de sa phrase. Tous se tournaient vers l'entrée de la salle. Mr Rusard, le torse bombé et un sourire comblé aux lèvres. Suivaient à quelques pas, la tête basse, par deux, comme des galériens qu'on menait au banc, les condamnés de la veille. Ils traversèrent la salle, et Rusard s'arrêta devant la table des Serpentard, important et plein de morgue.
- Allez mes gaillards, prenez place… Si cela n'avait tenu qu'à moi, vous auriez tous été au pain sec et à l'eau durant toute la durée de votre punition… Mais Dumbledore prétend que des jeunes gens en pleine croissance doivent manger convenablement… Alors mangez, mes drôles, mangez et prenez des forces… Vous en aurez besoin…
Il sourit d'un sourire si féroce que même Crabbe et Goyle en frémirent.
- Je reviens vous chercher à la fin du déjeuner… Vous commencez dès aujourd'hui… Je vous ai préparé un programme au pied levé… que je me ferai un devoir d'affiner au fur et à mesure du temps…
Le concierge susurrait ces paroles mais toute la salle les entendit dans le silence qui s'était fait. Ellie McGregor eut un sourire malicieux. Un éclair vif passa dans ses yeux lorsque Seamus demanda ce que voulait dire Rusard.
- Je vous le dirai tout à l'heure dans la salle des Quatre Maisons… murmura-t-elle.
- Comment le sais-tu ? demanda Hermione soupçonneuse. McGonagall n'a encore rien laissé filtrer…
Un éclat amusé brilla dans le regard doré de la Préfète de Serpentard.
- Finalement, ce n'était pas une si mauvaise journée, puisque quelques Salamandres ont été mises hors circulation…
Elle adressa un clin d'œil à Seamus qui rougit avant de baisser la tête.
- Qu'est-ce que tu mijotes, Ellie ? insista Hermione.
- Mais rien, Mademoiselle la Préfète en Chef… C'est juste que je trouve qu'on commence enfin à s'amuser dans ce vieux château humide…
Elle fit un signe de la main à la tablée et se retourna pour s'éloigner vers sa table.
- Qu'est-ce qu'elle a derrière la tête ? grinça Hermione entre ses dents.
Harry haussa les épaules. Il regardait passer devant leur table Malefoy entouré de sa cour quelque peu réduite. Nott suivait nonchalamment à quelques pas derrière. Ce qui l'intéressait davantage était ce que lui avait derrière la tête. Et quelque chose lui disait que c'était aussi ce que voulait savoir Ellen. Il tourna la tête vers la table en vert. La Préfète en effet fixait ouvertement Nott alors qu'il s'asseyait à côté de Malefoy, lui laissant sa place comme la veille. Il pencha la tête un peu plus pour jeter un regard sur la table des professeurs et se souvint en même temps que Rogue n'était plus là. Sa place était vide. Ainsi que celle de Dumbledore. Celle de McGonagall était vacante également. Il manquait les Professeurs Londubat et Vector.
- … Vector !
La voix d'Hermione fit un écho dans son esprit.
- Quoi le professeur Vector ? sursauta Harry.
- Je disais que normalement, ce devrait être le Professeur Vector qui devrait prendre la place du Professeur Rogue à la tête de Serpentard…
- Pourquoi ?
- Parce qu'il a fait partie de cette Maison et qu'il est le seul représentant de Serpentard depuis que le Professeur Rogue… n'est plus parmi nous…
Harry tourna à nouveau la tête vers la table des professeurs. Il se demanda si Vector prendrait la place en bout de table qu'occupait Rogue. Il déménagerait sans doute ses bureaux près des cachots… Et le laboratoire deviendrait sans doute une bibliothèque pour ses ouvrages d'arithmancie. Un étrange pincement au cœur surpris Harry. Il sourit amèrement. Rogue n'aurait pas apprécié cette stupide sentimentalité. Ou bien il en aurait ri, de son rire sec et froid. Ou bien il aurait eu ce petit air supérieur qu'il prenait toujours quand il reprochait à Harry de porter son cœur en bandoulière. Le jeune homme releva la tête vers la table des Serpentard. Il y avait à présent trois scissions effectives. D'un côté, Malefoy et ses amis, de moins en moins nombreux, mais de plus en plus dangereux –cela Harry le sentait confusément. Au milieu, les anciens amis de Malefoy, silencieux et mal à l'aise. Et enfin, dans un désordre que McGregor tentait de contenir à coups de baguette sur quelques têtes impatientes et bavardes, l'équipe restée fidèle à l'école. C'était de pire en pire, la Maison de Serpentard au bord du gouffre et le reste de l'école fort remonté contre elle.
Harry s'efforça de déjeuner sans penser à autre chose qu'à son assiette. S'il pouvait seulement oublier Voldemort, Serpentard, Malefoy et le reste… S'il pouvait seulement se retrouver avec Ellen dans la solitude des jardins désertés. Mais d'abord il lui faudrait s'enfermer dans le bureau de Dumbledore pour avoir avec lui une conversation dont il se serait bien passé, ensuite rejoindre Hermione et les autres pour parler de la partie d'échec qu'il voulait oublier ne serait-ce qu'un instant, apprendre d'autres nouvelles sur lesquelles il leur faudrait réfléchir et réfléchir encore. Il en avait déjà mal à la tête. Il se leva de table en même temps que ses camarades et se dirigea vers la porte. Il sentit la main d'Ellen dans la sienne alors qu'il sortait dans le couloir. Rusard attendait devant la porte, un sourire au coin des lèvres. Il avait l'air aussi heureux que lorsque Ombrage était à la tête de Poudlard. Harry ne put s'empêcher de tourner la tête vers la table des Serpentard où Malefoy était encore assis. Il était loin le temps de la Brigade Inquisitoriale où le Préfet de Serpentard faisait la pluie et le beau temps dans les couloirs de l'école.
- A quoi tu penses ? souffla Ellen à l'oreille d'Harry.
- A l'époque de la Grande Inquisitrice… soupira le jeune homme.
Ellie fit une grimace et, dans un geste involontaire, frotta le dos de sa main droite avec sa main gauche.
Harry ouvrit des yeux incrédules.
- Ne me dis pas que tu as eu droit à une retenue d'Ombrage, toi aussi ? murmura-t-il.
- Ho ! pas une… avoua Ellie McGregor.
- Qu'est-ce que tu avais fait ?
Elle haussa les épaules et fit une moue.
- Je crois que j'ai eu le tort de répéter à portée de ses oreilles quelques paroles peu obligeantes de mon père sur le Ministre Fudge… Tu sais combien elle était susceptible à ce sujet… Et puis, je crois également que nous n'avions pas non plus les mêmes conceptions de la Défense contre les Forces du Mal…
- Tu n'as pu t'empêcher de le lui faire savoir… se moqua légèrement Harry. Nous aurions pu faire nos retenues ensemble, tu le sais ?
- Tu ne savais même pas que j'existais à cette époque… dit Ellen. Tu n'avais d'yeux que pour cette pimbêche de Chang… Tu n'arrêtais pas de la regarder, tout le temps.
- Tu as fait combien de retenue avec Ombrage ? demanda Harry pour changer de sujet.
- Quelques unes…
Harry serra ses doigts sur ceux d'Ellen. La douleur dans sa chair était lointaine, et pourtant si présente encore. Et plus encore, l'amertume de l'injustice de cette horrible femme mordait encore son cœur.
- A cette époque, il n'était pas question d'inviter des Serpentard aux réunions de l'AD, murmura-t-il.
- A cette époque, tu sais ce qu'auraient répondu les Serpentard à cette invitation ?
Harry sourit. Il embrassa furtivement le dos de la main d'Ellen. Il la laissa sur le seuil de la salle des Quatre Maisons.
- A tout à l'heure ? dit-il.
Elle lui rendit son sourire et lui fit signe de la main.
- A tout à l'heure, Harry, répondit-elle.
Elle le regarda s'éloigner vers le Grand Hall. Il y avait quelque chose de changé en lui. Quelque chose d'infime qu'elle n'arrivait pas à définir encore. Ce qu'elle savait cependant, c'était qu'elle n'avait pas l'intention de laisser ce changement les éloigner l'un de l'autre.
Elle jeta un dernier regard dans le couloir, fit un salut moqueur à Isadora Marchinson qui arrivait du réfectoire, et se souvint fort à propos qu'elle devait faire un tour chez les Préfets au moment même où ses amies Serpentard se précipitaient vers elle en gloussant.
Je n'ai pas le temps de répondre en détail à chaque reviewes. Mais je vous remercie pour vos commentaires… Certains sont très perspicaces… Je réponds aux questions que certains se posent parce que sinon j'ai peur d'oublier de le faire ensuite…
craup : 2 choses que je n'ai pas compris:
Croutar est mort? S'il l'est, ce n'est pas parce que Harry l'a tué…
Pourquoi McGregor n'a-t-elle pas parler de Nott? Parce qu'elle veut d'abord savoir de quoi il retourne… Et par coquetterie peut-être… Entre Serpentard… Après tout, les trois Gryffondor ont leurs petits secrets…
Maugreyfiliae Tu as reçu ma précédente review? Si oui, pourquoi ne m'as tu pas répondu? Sans doute parce que je l'ai reçue après avoir publié…. Qu'est ce que Hermione cache aux autres? (Est-ce qu'elle leur cache quelquechose ou c'est juste moi qui me fait des illusions?) Elle a encore quelques petits secrets, mais qui n'en a pas ?
aurag : Tu met un nouveau chapitre tout les combiens ? En général tous les soirs, mais là c'est un peu difficile pour moi de tenir ce rythme. Les perturbations dureront au moins jusqu'à la fin de la semaine…
