Vous vous arrachez les cheveux lorsque vous voulez poster une review ? Vous ne savez pas comment rechercher une histoire que vous aimez ? Vous détestez l'anglais et ce n'est pas qui vous fera changer d'avis ? Bref, vous ave besoin d'aide pour vous retrouver sur le site ? Il existe un mode d'emploi ! Vous en rêviez, Alixe et Lisandra l'ont fait !
Rendez-vous sur le profil de Fanfiction-mode d'emploi (adresse /fanfictionmodedemploi ou /u/577456) et vous saurez tout tout tout sur comment poster, comment trouver, comment naviguer sur sans attraper une migraine carabinée !
§§§
Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.
Je n'ai pas eu le temps de répondre à vos reviewes. J'ai à peine le temps de poster ce soir. Je ferais une synthèse un peu plus tard. Merci de votre patience.
Pour Ideal J : c'est difficile de répondre à une question posée par un reviewer anonyme ! J'espère que je ne t'ai pas loupé(e). Fais-moi savoir si tu as lu cette réponse.
En fait, Palatine se réveille pour plusieurs raisons : elle souffre de la situation dans l'école plus que les autres fondateurs, parce que les Vouivres, selon Dame Agnes (voir les chapitres précéents) sont très sensibles à la trahison, à la rupture des serments et de la parole donnée. D'autre part, elle a pris la place de Serpentard pour éviter que Poudlard ne soit détruite. Elle s'est sacrifiée en quelque sorte et donc sa résolution a été prise en désespoir de cause, au contraire des Fondateurs qui eux avaient mûri leur décision depuis des années. Elle est en somme plus fragile que les autres. Et c'est pour cela qu'elle s'éveille la première.
Chapitre 141
Disputes et Discussions
…
Harry se présenta à la porte de McGonagall le cœur un peu palpitant et la main crispée sur le jeu de lentilles dans sa poche.Le Heurtoir l'annonça de son ton cérémonieux et il entra dans le bureau.
- Pardonnez-moi, Professeur, commença-t-il avant que McGonagall ne lui eût fait part de son étonnement. Je dois vous sembler bien impatient…
McGonagall émergea de derrière les battants de son armoire.
- Impatient ? Depuis quand est-on impatient quand on répond à une convocation ?
Harry se garda d'avoir l'air stupéfait.
- Vous êtes bien ici parce que je vous ai fait appeler, n'est-ce pas Potter ?
- Bien sûr, Madame ! se récria-t-il.
- Bien ! Je vais vous conduire chez le Directeur… annonça le professeur de Métamorphoses. Dès que j'aurais retrouvé ce que je cherche…
Harry se troubla quelque peu. Il voulut le cacher en toussotant. McGonagall le remarqua.
- Cela vous fait rire, jeune homme ? Nous verrons si vous rirez autant quand vous aurez mon âge…
Elle replongea dans ses dossiers, soulevant chacun d'eux avec méthode. Harry l'entendit murmurer plusieurs fois qu'elle n'était tout de même pas folle ! McGonagall retourna derrière les portes de son armoire en soupirant. Harry sortit vivement les lentilles de sa poche et se baissa pour déposer l'objet sous le bureau. McGonagall reparut à ce moment, son nom à la bouche.
- Je crois que vous allez vous rendre seul chez…
Elle s'interrompit.
- Que faites-vous ?
Harry rougit, pâlit, bafouilla. Il se releva les verres à la main. McGonagall poussa un cri de triomphe.
- Par Merlin ! Où étaient-ils ?
- Je… Ils étaient là… sous le bureau, Madame ! assura-t-il avec un peu plus d'aplomb.
McGonagall se précipita, lui prit le jeu de lentilles des mains et vérifia avidement qu'il n'était pas brisé.
- Qu'est-ce que c'est, Professeur ? demanda-t-il candidement.
McGonagall fronça les sourcils. Elle cacha l'objet dans sa poche.
- Rien qui vous concerne, Potter… Passez devant !
Elle saisit son chapeau jeté sur une pile de dossiers, soupira à nouveau devant le désordre de son bureau, puis montra la porte à Harry d'un geste autoritaire.
McGonagall marchait auprès de lui. Elle paraissait préoccupée et Harry la voyait, de temps à autre, secouer sa vieille tête farouche. A l'observer ainsi, à la dérobée, il sembla au jeune homme qu'elle avait pris depuis la veille quelques rides de plus autour des yeux et de la bouche. Celle-ci avait un pli amer qu'il ne lui connaissait pas. Devant la gargouille qui défendait la porte de Dumbledore, ils trouvèrent Madame Pomfresh, Algie Londubat et le professeur Vector qui discutaient vivement.
- Je n'ai jamais dit cela, Madame Pomfresh… ! s'indignait Vector avec véhémence. Et je n'ai jamais refusé mon aide à Albus Dumbledore. Je suis fort honoré, croyez-moi ! Mais je ne peux accepter…
- Vous ne voulez pas accepter ! corrigea Madame Pomfresh. Et vous mettez en jeu la cohésion de l'école !
- Vous auriez préféré que j'accepte ? se mit en colère le Professeur Vector. Et vous n'auriez pas manqué de me reprocher mon échec le cas échéant ! Je préfère renoncer aujourd'hui, tout en assurant mon éminent collègue de mon aide active s'il en a besoin, que de devoir passer la main une fois que la situation aura empiré…
- Mes amis, intervint Algie Londubat. Ne disputons plus à ce sujet… Valérie, s'il vous plait, ne reprochez pas au Professeur Vector d'avouer qu'il ne se sent pas l'âme d'un Severus Rogue pour maintenir l'ordre dans la Maison de Serpentard en ces temps troublés…
- Oui… fit celle-ci de mauvaise grâce… Mais vous verrez qu'il voudra bien accepter la direction de cette Maison une fois que d'autres auront fait disparaître les troubles… Et vous aviez bien besoin de ce supplément de travail alors que vous reprendrez une partie des cours de Severus… Nous faisons tous plus que notre part ! Est-ce trop demander au Professeur Vector de faire la sienne… A moins que la cohésion de l'école ne le concerne pas plus que cela !
- Madame Pomfresh ! s'exclama le Professeur Vector, offensé. Je ne vous permets pas de mettre en doute…
- Hé bien ! Hé bien ! les interrompit le Professeur McGonagall sur un ton contrarié. Madame Pomfresh ! Professeur Vector ! Est-ce le lieu pour discuter ainsi ? Nous devons tous montrer la même détermination à nos élèves…
Madame Pomfresh renifla avec dédain.
- C'est bien ce que le professeur Vector refuse de faire… Sans doute aura-t-il lu dans ses combinaisons de chiffres que l'époque n'était pas propice à accepter une promotion…
- Valérie ! soupira Algie Londubat.
Le professeur McGonagall parut choquée. Elle se tourna vers le professeur Vector.
- Vous avez refusé ! s'exclama-t-elle. Vous mettez Albus dans une situation difficile, Gervase, vous le savez. Vous êtes le seul professeur issu de Serpentard, à présent… Vous devez représenter cette Maison.
- Sans doute le professeur Vector trouve-t-il que représenter la Maison de Serpentard sous la direction d'Albus Dumbledore ne correspond pas à son éthique personnelle…
- Oh ! sursauta le Professeur Vector. Je vous prie de retirer immédiatement ces paroles insultantes, Madame Pomfresh !
Madame Pomfresh croisa les bras sur sa poitrine et se tut.
- Valérie, je vous en prie… Nous sommes tous bouleversés… reprit Algie Londubat. Gervase a expliqué les raisons qui l'ont poussé à refuser la tête de la Maison de Serpentard. Ce n'est qu'une situation provisoire… La disparition de Severus nous met tous dans une situation délicate vis-à-vis de sa Maison. Nous devons –entendez-vous Valérie- nous devons faire front, tous unis, tous solidaires.
Le vieil homme leva les yeux vers Minerva et par-dessus l'épaule de la Directrice Adjointe, il aperçut le jeune Potter, qui l'air gêné, attendait à quelques pas. La guérisseuse et le professeur d'Arithmancie suivirent son regard. Ils parurent éprouver chacun un sentiment d'embarras, qui pour avoir des origines différentes, se manifesta de la même manière.
Madame Pomfresh se ressaisit. Le professeur Vector reprit un air plus digne.
- Je vous prie de m'excuser, Professeur, maugréa la médicomage.
- Je regrette que vous ne compreniez pas mes raisons, Madame, dit en même temps le Professeur Vector.
Ils se saluèrent, un peu raides, et partirent chacun de leur côté. Le professeur Vector évita de regarder Harry lorsqu'il passa près de lui. Algie Londubat souleva les épaules dans un soupir désolé.
- Attendez-moi, Algie… demanda McGonagall.
Elle fit un signe à Harry et donna le mot de passe à la gargouille. Harry n'osa croiser son regard, ni poser de questions tandis que l'escalier en colimaçon les faisait monter jusqu'au bureau de Dumbledore. Il réfléchissait à la manière dont il devait aborder le Directeur. Devrait-il attaquer le premier pour lui montrer sa détermination ? Lui parler d'abord de Pettigrew ? Ou lui parler des circonstances de ce nouveau contact ? Il était bien conscient que Dumbledore était confronté à des problèmes bien plus importants que les états d'âme d'un adolescent. Le vif échange dont il venait d'être témoin, laissait un goût amer dans la bouche du jeune homme. Ce qu'il avait à dire à Dumbledore méritait-il que le chef de l'Ordre du Phénix détournât quelques-uns de ses moments si précieux ? Que Voldemort punît Pettigrew, c'était une évidence. Qu'il voulût le tuer, c'était dans l'ordre des choses. Que les émotions de la journée eussent rendu Harry vulnérable, ce n'était que logique. Rien à voir avec Ellen. D'ailleurs, ils s'étaient embrassé deux fois quelques instants auparavant. Et il n'avait rien ressenti. Du moins, rien de désagréable. Sauf quand Peeves les regardait de son air bête… mais ça aussi c'était normal…
Mais il était trop tard. La porte s'ouvrait déjà. Dumbledore était à la fenêtre. Il sembla à Harry qu'il fixait le saule cogneur. Le Directeur se tourna vers les arrivants. Il avait le regard las et triste. Il sourit pourtant à Harry et celui-ci se sentit vraiment mal à l'aise de venir le déranger pour… presque rien.
Dumbledore leur fit signe de s'approcher de son bureau. Il n'y avait aucun portrait dans les cadres. Harry se demanda à quelles missions ils étaient assignés. Le choixpeau était sur son étagère. Il sembla à Harry qu'il soulevait ses paupières de chiffon quand il passa devant lui. McGonagall sortit le jeu de lentilles et le tendit à Dumbledore.
- Voici ce que vous envoie le professeur Sinistra, Albus… Elle a scruté la nuit jusqu'à l'aube.
- Je crois savoir ce qu'elle a me montrer, Minerva, soupira le Directeur. Mais vous la remercierez… je crains d'avoir encore à faire jusqu'à ce soir. Et je devrais sûrement m'absenter un moment. Vous me remplacerez, ainsi que vous le faites chaque fois, Minerva. Avec compétence et sagesse.
McGonagall sourit.
- Vous n'êtes qu'un flatteur, Albus… dit-elle. Vous savez que vous n'avez pas besoin de cela pour vous assurer mon concours le plus absolu… A ce propos…
Elle parut hésiter, regretter ses dernières paroles.
- A ce propos ? releva Dumbledore avec un demi sourire.
- Je crois qu'il n'en va pas de même pour le professeur Vector, répondit McGonagall avec moins d'assurance.
- Oh… Vous avez croisé Madame Pomfresh ?
- Elle était fort contrariée en effet… admit Minerva McGonagall. Elle a laissé échapper quelques paroles malheureuses je le crains… Mais il est vrai que je m'attendais à plus de coopération de la part de Gervase Vector… Mais il est vrai aussi que l'ombre de Severus Rogue planera toujours sur les cachots… et que nous aurons du mal à trouver un candidat à la mesure de sa succession…
Dumbledore soupira.
- C'est vrai, Minerva, que dans les circonstances actuelles Severus va nous manquer… Sa disparition s'ajoute hélas à une longue série… Et vous avez raison de parler de succession et non de remplacement. Le professeur Vector ne se sent pas le cœur, ou la force, pour tenir à lui seul la Maison de Serpentard entre ses mains. Il n'a pas tort cependant, lorsqu'il préfère se tenir à l'écart des divisions qui règnent en ce moment… Nous aurons besoin de lui, quand il s'agira de reconstruire cette Maison et assurer à Poudlard des fondations solides. Un échec de sa part aujourd'hui affaiblirait ses desseins futurs…
- Son ambition, voulez-vous dire… corrigea aigrement McGonagall. Qui prendra la place de Severus le temps que les circonstances soient plus favorables aux visées de Gervase Vector ?
- Algie Londubat a accepté d'assurer l'intérim…
Harry releva vivement la tête :
- Mais c'est un Gryffondor ! laissa-t-il échapper.
McGonagall lui lança un regard rapide et acéré avant de prendre la parole :
- Ne craignez-vous pas que cette nomination soit prise pour une provocation ? demanda-t-elle à son tour.
- Sans doute, mais nous sommes en guerre Minerva. Et le professeur Vector ne restera pas autant à l'écart que vous le croyez… Il secondera Algie plus efficacement, s'il remporte la sympathie de ceux qui croiront à une nouvelle vexation à l'égard des Serpentard…
Harry fit une grimace qui n'échappa ni à Dumbledore ni à McGonagall. Le Directeur sourit. McGonagall l'imita.
- Je suppose que vous n'avez pas décidé cela à la légère… murmura-t-elle cependant.
- C'est la guerre, Minerva ! répéta Dumbledore. Les décisions doivent être prises avec plus de célérité que d'ordinaire. La précipitation n'est jamais bonne conseillère, mais entre deux maux il faut toujours choisir le moindre… quoi qu'il nous en coûte…
Minerva McGonagall hocha la tête plusieurs fois, puis se tourna vers Harry.
- Inutile de vous demander de garder le silence sur ce que vous venez d'entendre, Potter…
- Inutile, oui, Minerva… répondit Dumbledore à la place du jeune homme. Je suis certain que Harry saura faire bon usage de ce dont il a été le témoin…
McGonagall tordit sa bouche dans une grimace sceptique.
- Je vais voir Sybille Trelawney, annonça-t-elle enfin. Ensuite je serai dans mon bureau pour dicter les nouvelles directives aux Préfets en Chef, Professeur… Je veux dire, à la Préfète en Chef. Si vous avez besoin de moi…
Elle salua et sortit sur un dernier regard à Harry. Ce dernier se sentit mal à l'aise, sans trop savoir pourquoi. Etait-ce le regard las de McGonagall qui le rendait si peu sûr de lui à présent ? Ou bien le fait qu'il était seul avec le Directeur et qu'il lui faudrait en venir au fait dans l'instant.
Dumbledore le regardait sans rien dire, les mains croisées sur son bureau. Toutes les phrases qu'Harry avait préparées s'effaçaient de son esprit.
- Comment vont tes amis, Harry ? Comment va Hermione ?
Harry haussa les épaules.
- Elle est encore bouleversée, répondit-il.
- C'est normal… Et Ronald ?
- Oh Ron… Quand Hermione ne va pas bien, Ron ne va pas bien non plus… C'est normal aussi…
Dumbledore sourit.
- J'espère qu'ils sauront s'aider mutuellement à surmonter cet obstacle, murmura-t-il. Alors, Harry, dis-moi ce qui t'amène ?
Harry eut soudain la gorge sèche. Il croisait et décroisait ses mains moites.
- Tu es venu me parler de Tom ? interrogea Dumbledore.
Harry hocha la tête sans pouvoir prononcer un son.
- Il était en colère, n'est-ce pas...
Harry fit une grimace.
- Il était furieux comme jamais il ne l'avait été, Monsieur. Et il y avait Pettigrew aussi…
Ce fut au tour de Dumbledore de hocher la tête sans rien dire. Harry continua à parler sans le regarder.
- Il se roulait par terre, de douleur. Je n'ai réalisé qu'à ce moment ce que Remus voulait dire… quand il a déclaré l'avoir mordu. Je n'avais pas compris tout ce que cela impliquait…
Il leva des yeux implorants vers le Directeur.
- Vous croyez qu'il l'a fait exprès ? je veux dire…
Dumbledore secoua la tête.
- Non, Harry… Je crois simplement que ses forces l'ont trahi… Je ne peux pas dire que la vengeance n'a jamais mordu le cœur de Remus Lupin. La vengeance est un désir qui naît de la douleur et de la colère. Il connaissait l'une et l'autre bien plus que beaucoup d'entre nous. Pourtant, ce qui animait Remus ce n'était pas la vengeance, c'était la justice. Oui, il s'efforçait toujours d'être juste, même s'il lui en coûtait parfois. Alors, c'est pourquoi je te dis en mon âme et conscience que je ne crois pas que Remus ait voulu punir ainsi Peter.
Harry soupira. Il essuya la paume de ses mains sur ses genoux, soigneusement, sans lever la tête vers Dumbledore. Puis il se leva et arpenta la pièce.
- Il voulait que je le tue… dit-il très vite, le dos tourné. Il voulait que je prononce les mots. Il voulait faire de moi un assassin…
- Comme dans le vivarium ? demanda clairement Dumbledore après un instant de silence. Quand il voulait que tu frappes les enfants ?
- Non, répondit fermement Harry. Cette fois-là, il essayait de m'imposer sa volonté. Hier, il voulait que je tue Pettigrew de mon propre gré.
Il se tourna vers Dumbledore et le regarda droit dans les yeux. Le vieil homme était sérieux soudain.
- Et tu l'as fait ? demanda-t-il sans ciller.
Harry soutint son regard quelques minutes.
- Non… laissa-t-il tomber enfin.
Dumbledore parut se détendre un peu.
- Mais peut-être l'aurais-je fait, s'il m'en avait laissé le temps…
A nouveau, Dumbledore accrocha le regard d'Harry.
- S'il t'en avait laissé le temps ? répéta-t-il. Tu veux dire qu'il t'a chassé de son esprit ? Ce n'est pas toi qui as rompu le contact ?
Harry ne répondit pas. Il fixait toujours les yeux de Dumbledore.
- Que s'est-il passé Harry ? Tu t'es réveillé en sursaut ?
- Je ne dormais pas, Professeur. J'aimerais vous dire que j'étais en parfaite possession de mes moyens intellectuels, mais j'avoue que mes idées étaient plus que légèrement troublées par tout ce que nous venions de vivre et que nous avions appris.
- Je ne te demande pas de t'excuser, Harry… Je te demande d'être honnête avec moi. J'ai besoin de savoir pour comprendre. Si tu me caches quoi que ce soit, les conclusions que je pourrais tirer de ce que tu voudras me dire seront erronées…
- J'étais avec Ellen McGregor… dit rapidement Harry. Et nous dansions… enfin, elle m'apprenait à danser… Pour le bal de Noël…
Dumbledore ne dit plus rien et Harry se sentait ridicule. De plus en plus ridicule au fur et à mesure qu'il parlait. Il se rendit compte que quelques portraits avaient fait leur réapparition sur leur toile et qu'ils écoutaient avec une attention inquiète.
- Tu as beaucoup d'affection pour Ellen McGregor, n'est-ce pas Harry.
Harry rougit brusquement et Dumbledore se contenta de cette réponse. Il y eut un nouveau silence.
- Qu'est-ce qu'il t'a dit, Harry… reprit Dumbledore.
Harry secoua la tête.
- Je ne sais plus. J'étais si fatigué. Tout ce que je sais, c'est qu'il voulait que je prononce la formule de l'Avada Kedavra et que je refusais de toutes les forces qui me restaient… Tout ce que je sais, c'est que j'étais en train de perdre pied et que j'ai pensé à Ellen, si fort que je sentais son parfum autour de moi.
A présent Harry ne pouvait plus s'empêcher de parler.
- J'entendais sa voix et je n'avais plus froid. Non, je brûlais. C'était comme hier dans les souterrains quand l'ancienne magie est revenue. La chaleur revenait en moi. Et soudain cette chaleur m'a fait mal. Je ne pouvais la supporter. Je pensais de plus en plus fort à Ellen. J'avais de plus en plus mal. C'était pire que le Doloris. C'était pire que la douleur de la mort de ceux qu'on aime. C'était pire que la mort elle-même. Et je suis sorti de son esprit, sans le vouloir. Il ne m'a pas laissé partir. Il n'a pas rompu le contact lui-même. Il m'a chassé. Et Ellen m'a dit que j'étais évanoui.
Harry reprit son souffle. Il avait parlé presque d'une traite. Il n'osait tourner les yeux vers les portraits de plus en plus nombreux qui attendaient tous le verdict de Dumbledore. Le cœur d'Harry cognait dans sa poitrine. Il devait continuer. Il commençait à entrevoir que, loin d'être des considérations futiles, ce qui était arrivé pouvait avoir des conséquences sans précédent…
- Ce n'était pas la première fois… reprit-il d'une voix sourde. C'était déjà arrivé. Je n'y ai pas pris garde parce que c'était le jour où les corps de Maugrey et de Lucius Malefoy ont été retrouvés…
- Tu étais aussi très agité, ce jour-là… releva Dumbledore.
- C'est pour cela aussi que je n'ai pas prêté attention au fait que j'ai pris contact si violement… ni au fait qu'Ellen était aussi avec moi…
- Vous dansiez, ce jour-là également ? demanda le portrait de la Directrice Dillys, soucieuse.
- Non, répondit Harry. Je veux dire, non, Madame.
Il hésita. C'était assez dérangeant de déballer sa vie privée devant des étrangers. Ça l'était davantage encore que de la laisser entrevoir à des amis proches, ce qui n'était pas peu dire.
- En fait…
Il fit une grimace à Dumbledore qui l'encouragea d'un sourire.
- En fait, nous revenions d'un rendez-vous… C'était notre premier rendez-vous. Nous venions juste de décider que cela valait peut être la peine de tenter notre chance…
Le sourire de Dumbledore s'accentua.
- Tu as mis à profit mes conseils, Harry. Je constate qu'en ces heures sombres, les jeunes gens n'ont pas la tête qu'à la guerre… C'est bien.
Harry baissa la tête.
- Et que s'est-il passé cette fois-là ? reprit le Directeur.
- J'ai réussi à me défaire de l'esprit de Voldemort. Il n'a pas senti ma présence. Du moins, je ne le pense pas…
Il se mordit les lèvres. La voix de Rogue résonna dans son esprit : Vous ne pensez jamais, Potter… C'est bien ce qu'on vous reproche… Il continua dans une inspiration difficile.
- Mais c'était différent des autres fois. Ce n'était pas seulement désagréable, c'était douloureux. C'était comme lors de la nuit du Ministère… quand Voldemort a possédé mon corps et mon esprit. Dans une moindre mesure, c'est vrai, mais c'était la même sensation…
- Et c'était la même sensation hier soir ? insista Dumbledore.
Harry hocha la tête.
- En mille fois pire…
Un nouveau silence s'installa, à peine troublé par les chuchotements des portraits réunis dans le cadre de Dillys. Ils observaient Dumbledore avec anxiété.
- Ce que tu éprouves pour Ellie McGregor, reprit Dumbledore très sérieux, est-ce réciproque ?
- Je crois que oui… hésita Harry.
Il baissa la tête pour cacher qu'il rougissait encore. Dumbledore hocha plusieurs fois la tête. Il était sérieux ; pourtant un sourire éclairait son visage et son regard.
Harry sentit une sueur froide à son front. Un frisson le prit. Ses mains étaient froides soudain. Il ferma les yeux comme pour éloigner de son esprit les pensées qui se bousculaient à présent dans sa tête.
- Non ! Non ! s'écria-t-il brusquement.
Dumbledore leva lentement les yeux vers lui.
- Je vois que tu as compris, Harry, dit-il. Du moins, tu commences à accepter ce que je te répète depuis quelques temps déjà.
- Non ! Non ! Professeur, ce n'est pas possible ! Au contraire, elle me rend vulnérable…
- Non Harry ! trancha Dumbledore. C'est la douleur et le chagrin qui te rendent vulnérable.
- Non ! cria Harry, faisant sursauter les portraits attentifs. Je ne veux pas !
- Qu'est-ce que tu ne veux pas, Harry ? demanda encore Dumbledore d'une voix douce.
- Je ne veux pas qu'Hermione ait raison !
Il prit sa tête entre ses mains. Il sentait un étau sur sa gorge. Non ! Hermione ne pouvait pas avoir raison. Pas cette fois. Ç'avait été assez désagréable de posséder à demi ce vieux fou de Maugrey. C'était plus que malsain de partager les rêves de Voldemort. Il était hors de question de songer à le posséder. Tout d'abord, il en était incapable. Ensuite, cela faisait trop mal. Cette brûlure intense de tout son être, il ne la supporterait pas. Il en mourrait. Et s'il n'en mourait pas, il ne pourrait plus jamais ouvrir sur le monde les mêmes yeux. Il lui semblait que Voldemort souillait son âme chaque fois qu'il effleurait ses pensées ; qu'il rognait un morceau de son cœur.S'il brûlait tout son amour pour détruire Voldemort, que lui resterait-il ? Il sentirait sa douleur. Il userait toutes ses forces pour ne pas laisser son ennemi se dégager de son emprise. Il mourrait avec lui, si ce n'était avant.
Il mit les mains sur ses oreilles pour ne pas entendre ce cri qui montait du plus profond de son être. Ce même cri qu'il avait entendu la veille tandis que Voldemort se débattait pour rompre le contact avec lui.
- En quoi Hermione aurait-elle raison ?
La voix de Dumbledore résonnait dans sa tête.
- Elle prétend que si l'amour est le pouvoir que j'ai de vaincre Voldemort, alors il faut que je me prépare à posséder son corps et son esprit, comme il a possédé le mien le soir du Ministère, afin de le détruire de l'intérieur.
Harry parlait d'une voix neutre. Et ses yeux sur le Directeur ne le voyaient pas.
- Mais si sa douleur est la mienne, et ma douleur la sienne… si je lui inflige une souffrance telle qu'il ne peut la supporter, comment la supporterai-je moi-même ? Aucun des deux ne peut vivre tant que l'autre survit… Il m'a pris la moitié de ma vie, cela ne lui suffit-il donc pas ?
- Tu lui as pris bien davantage encore, Harry… A ses yeux du moins… C'est pourquoi il n'a de cesse de vouloir le reprendre…
- Mais qui me rendra ce qu'il m'a pris à moi ? demanda Harry, la voix tremblante d'un sanglot qui ne voulait pas sortir. S'il me tue, il retrouvera sa puissance et ses pouvoirs, il réalisera son rêve de gloire et de domination. Mais pouvez-vous me garantir, si c'est moi qui mets fin à sa vie, que je retrouverai tout ce que je n'ai pas eu ? Me rendra-t-il ces années perdues ? Me rendra-t-il ceux qui ne sont plus là ?
Dumbledore se tut. Et dans le silence figé du bureau tendu de rouge, Harry termina :
- Alors à quoi bon… A quoi bon essayer de lutter, puisque je suis perdant de toutes façons…
- Pas forcément, Harry…
Harry eut un petit rire sarcastique :
- Soit il me tue, soit je meurs avec lui, soit je survis mais je ne serais pas plus avancé qu'aujourd'hui… Le Survivant à jamais, mais jamais un vivant à part entière…
- Personne ne peut le dire, Harry…
Harry sourit, ironique.
- Vraiment, Professeur ? Pourquoi ne puis-je vous croire ?
Dumbledore baissa la tête en soupirant.
- Je voudrais tellement te dire que tout va bien se passer… Je voudrais te dire que tu vaincras Voldemort sans avoir besoin de puiser au plus profond de toi les forces nécessaires. Je voudrais te dire que ce sera facile et que tu ne risques rien face à lui…
- Je ne vous croirais pas non plus, Professeur… dit Harry en souriant. Je ne suis pas si naïf. Vous saviez depuis le début que ma mort est derrière la prophétie, quelle que soit l'issue du combat.
- Je le croyais, Harry… avoua Dumbledore sans oser lever les yeux vers lui. Je n'en suis plus si sûr maintenant…
Et avant que Harry n'eût le temps de poser une seule question, il poursuivit :
- J'ai toujours su que l'amour que tes parents éprouvaient l'un pour l'autre survivait en toi ; que l'amour qu'ils avaient pour toi, que leur joie de vivre et leur foi en l'avenir étaient ton héritage… Chaque épreuve que tu surmontais me montrait combien ils continuaient à vivre à travers toi. Tu as su t'entourer d'amis sincères. Tu as fait preuve d'une grande force de caractère. Tu as su trouver la lumière dans les ténèbres qu'on ne cessait de susciter autour de toi, et tu lui as permis d'éclairer ta vie. J'ai eu peur un moment que tu ne te complaises dans l'ombre. A ce moment, oui, j'ai douté. Non pas de ta capacité à vaincre Voldemort. Mais de ton désir de lui survivre une seconde fois. Aujourd'hui, j'ai à nouveau l'espoir que nous pourrons battre Voldemort sans te perdre.
Harry leva un œil par-dessus ses lunettes.
- Un grand espoir ou un mince espoir ?
Dumbledore retrouva le sourire.
- L'espoir, Harry, est ce qui fait battre le cœur des hommes.Qu'il soit infime ou immense importe vraiment peu.
- Si vous le dites, Professeur…
- Harry… il suffit d'une petite étincelle pour faire un feu de joie…
- Ou un incendie… soupira Harry.
Le sourire de Dumbledore brilla dans son œil.
- Professeur… Vous ne voulez vraiment pas me dire ce que je dois faire pour vaincre Voldemort ? Vous croyez vraiment que je doive suivre les conseils d'Hermione ?
Dumbledore se cala dans son fauteuil et croisa ses mains sur sa barbe blanche.
- Qu'est-ce que tu en penses, Harry ? J'ai comme l'impression que cela ne t'enchante guère… Et j'ai l'impression également que ce que je pourrais te dire ne te satisferait pas non plus… Je sais ce que je ferais, moi. Mais tu n'es pas moi. Et tu n'es pas Hermione. Ni Severus Rogue. Ni Remus Lupin…
Harry leva les yeux au ciel.
- Je vous entends Professeur, dit-il. Mais cela ne m'aide pas beaucoup.
Il soupira à nouveau. Il s'en vint près de la fenêtre. Dumbledore ne troubla pas ses réflexions. Enfin, il se retourna vers le Directeur.
- Je suppose que vous y avez déjà songé, Monsieur, mais vous devriez surveiller les mouvements des Mangemorts… Je crains que Voldemort ne reprenne ses actions d'éclat pour se consoler de son échec à Poudlard… Il était vraiment dans une colère terrible… Et je crois que la souffrance de Pettigrew ne lui causait aucun plaisir. Ce n'était pas lui qui la lui infligeait…
- Le Ministère et l'Ordre du Phénix ont déjà pris des dispositions en ce sens, en effet, acquiesça Dumbledore. Nous nous attendons à une réplique sans précédent…
Harry se dirigea vers la porte.
- A propos du Ministère, Professeur… se retourna-t-il soudain. Savez-vous qui a parlé de la prophétie à la presse ?
- Nous soupçonnons quelqu'un, en effet… Mais nous n'avons aucune preuve, même si les présomptions sont très fortes…
- Qui est-ce ?
- Je ne peux divulguer son nom, Harry, tant que nous ne savons pas de source sûre qu'il s'agit de cette personne. Tout ce que je peux te dire, c'est qu'il s'agit d'un fidèle de Cornelius Fudge qui espérait discréditer mon nom…
Harry le contempla un instant ébahi. Dumbledore sourit :
- Je savais, Harry, et je n'ai rien dit… C'est un reproche qu'on me fait souvent ces derniers temps…
- Mais vous saviez quoi ?
- Je savais que Voldemort n'avait pas disparu à jamais. Je savais qu'il reviendrait. Je savais que tu étais l'enfant de la prophétie. Et je sais sans doute aussi de quelle manière tu dois t'y prendre pour éliminer une bonne fois pour toutes le Seigneur des Ténèbres…
Harry se mordit les lèvres. Il baissa les yeux.
- Et quel rapport cela a-t-il avec Fudge ? Nous l'avons averti du retour de Voldemort durant toute une année… et il a refusé de nous croire…
- Oui, parce qu'il ignorait l'existence de cette prophétie… D'après cette personne, j'aurais agi ainsi pour nuire au Ministre et donner l'impression de toute puissance et d'omniscience… Afin de mieux servir mes propres desseins et ambitions.
- Oh ! fit Harry. Etre Ministre de la Magie à la place du Ministre de la Magie…
Dumbledore agita l'index comme pour signifier qu'Harry avait mis le doigt dessus.
- Et ce n'est pas le cas ? reprit le jeune homme. Je veux dire, ce n'était pas pour servir vos propres desseins que vous avez tu cette information capitale ?
Les tableaux s'indignèrent vivement.
- Voici où mène la fréquentation assidue des Serpentard ! asséna fermement le portrait de la Directrice Dillys.
- Pas la fréquentation des Serpentard, ma chère Dillys !
Harry se tourna vivement vers le cadre de Phineas Nigellus.
- La fréquentation des McGregor me semble une expression plus appropriée, reprit l'ancien directeur sur un ton doucereux. Ils ont toujours été une famille peu recommandable !
- Dans votre bouche, ce serait plutôt un compliment… ne put s'empêcher de répliquer Harry, un peu sec.
- L'insolence à présent ! grinça Nigellus. Dumbledore, permettez-moi de vous dire que ce garçon est fort mal élevé ! Voilà où conduit l'indulgence coupable et le laxisme des parents d'aujourd'hui…
Harry lança au portrait au sourire moqueur un regard assassin.
- Merci Nigellus, répondit Dumbledore. J'ai lu vos édifiantes théories sur l'éducation des jeunes enfants et des adolescents…
Il paraissait soucieux cependant lorsqu'il quitta son fauteuil pour se rapprocher d'Harry. Il plongea son regard dans celui du jeune homme.
- C'est ce que tu crois, Harry ? C'est ce que tu crois vraiment au fond de toi ? Que je te cache la vérité pour mieux me servir de toi ?
Harry haussa une épaule. Il reprit lentement :
- Vous m'avez dit, il y a de cela plus d'un an, Professeur, que vous avez de l'affection pour moi et que c'était ce qui vous avait conduit à vous taire et à faire certaines erreurs à mon égard. Mais je ne peux m'empêcher de me demander si vous vouliez me protéger parce que vous aviez de l'attachement pour moi, ou parce que vous ne vouliez pas perdre l'instrument de votre triomphe…
Dumbledore hocha la tête, plusieurs fois.
- Mon triomphe, Harry ? Non, pas le mien. Je suis vieux et las. Et j'aspire au repos. Mon nom à jamais connaîtra la gloire… du moins tant que ma carte ne sera pas retirée des paquets de chocogrenouilles… Si je souhaite l'échec de Tom Jedusor, ce n'est pas pour moi, Harry. C'est pour tous ceux qui continueront à vivre après moi… Et j'espère – tu peux en être certain – que tu feras partie de ceux-là. C'est vrai, lorsque Sybille Trelawney me fit cette prédiction, je ne pensai qu'au moyen de vaincre Voldemort. Mais lorsque tu es venu au monde… je savais déjà que cela me serait plus difficile que prévu de te considérer uniquement comme une arme contre lui. Je me suis éloigné de tes parents –ils devaient se cacher, et mes faits et gestes étaient surveillés, c'était un bon prétexte- afin de m'éloigner de toi. Je t'ai éloigné du monde magique –et c'était aussi pour te protéger de la pression qui n'allait pas manquer de s'abattre sur toi. Je t'ai fait surveiller, mais je n'ai pas voulu me charger moi-même de ta protection. Chaque fois que je songeais à toi, c'était pour me dire que c'était ainsi que cela devait être et je faisais taire cette petite voix qui me répétait sans cesse que je trahissais tes parents à mon tour, la confiance qu'ils avaient mise en moi, leur affection aussi… C'était comme si je les abandonnais une seconde fois.
La voix de Dumbledore se brisa soudain. Son visage se ferma brusquement. Il s'appuya au perchoir vide de Fumseck, comme pour se retenir.
- Vous non plus vous n'étiez pas là ce soir-là… murmura Harry. Et vous, vous auriez pu les sauver…
- Je l'aurais pu, oui… ou peut-être pas…
- Mais dans ce cas, reprit Harry dans un effort pour avaler la boule douloureuse dans sa gorge, dans ce cas, Voldemort ne m'aurait pas marqué. Ou du moins rien ne serait arrivé de la même manière. Et la prophétie ne se serait pas réalisée…
Dumbledore haussa les épaules dans un geste d'ignorance.
- Nous ne pouvons en avoir aucune certitude… On ne peut revenir sur ses pas autrement qu'en regrets, ou en rêves… Et encore, le réveil est bien plus amer que la réalité même. Crois-moi, j'en ai fait bien souvent l'expérience.
Le vieil homme soupira. Il posa une main ridée sur l'épaule d'Harry.
- Je t'ai regardé vivre de loin et ce que tu es devenu, je suis fier d'en être en partie responsable. Tu sais déjà combien mes sentiments pour toi ont influé sur mes choix. Mais même mes erreurs et les conséquences qu'elles ont eues sur toi, je ne les renie pas. J'espère que tu me pardonneras un jour, de ne t'avoir pas assez fait confiance… de ne pas avoir eu assez confiance en moi-même…
Il se tut et Harry ne reprit pas la parole qu'il lui laissait implicitement. Il le regarda à travers ses lunettes embuées par les larmes qui ne voulaient pas couler. La main de Dumbledore lâcha son épaule et le Directeur la laissa retomber sur sa robe dans un mouvement las.
Harry releva lentement la tête. Il essuya ses cils où perlaient quelques gouttes d'un chagrin qu'il pensait pourtant maîtriser.
- Professeur ? appela-t-il doucement. Que vais-je faire à présent que le professeur Rogue n'est plus là ?
Dumbledore eut un sourire un peu triste.
- Achever toi-même la tâche qu'il a commencée… N'est-ce pas ce qu'il t'a demandé avant de… nous faire ses adieux ? Tu as autour de toi de nombreux alliés qui ne demanderont pas mieux que de t'aider. Il est trop tard pour de nouveaux apprentissages, mais tu peux continuer à t'entraîner dans les matières que tu maîtrises déjà. Et je crois que tu devrais aussi encourager Hermione à continuer la lutte. J'ai demandé à Algie Londubat de mettre de côté les livres de Severus. Tu diras à ton amie qu'elle peut aller les lui réclamer quand elle le voudra.
- C'est Ron qui va être content… grommela Harry pour lui-même.
- Ronald aura besoin de toi aussi, Harry. Nous ne pouvons encore mesurer toutes les conséquences de cette nuit…
- Vous dites cela à chaque fois… murmura le jeune homme.
Il évita le regard de Dumbledore et ses yeux se posèrent sur le bureau, sur le jeu de lentilles du professeur Sinistra.
- Parce que c'est vrai à chaque fois… répondit Dumbledore en souriant.
Il retourna à son fauteuil et Harry vers la porte. Il n'avait pas envie de quitter le bureau arrondi. Il s'y sentait en sécurité. Nul ne pouvait l'atteindre en ces lieux clos et inviolables, au sommet de cette tour imprenable. Une idée lui vint, soudaine et terrible.
- Professeur ? reprit-il la main sur la poignée de la porte. Si Poudlard est à nouveau interdite à Voldemort, comment nous retrouverons-nous face à face ?
- Il y a de multiples raisons pour que vous vous retrouviez face à face, Harry… soupira Dumbledore. Nous devrons faire en sorte que nous ayons l'avantage quand cela se produira.
Harry s'apprêta à lui tourner le dos. Il croisa le regard malicieux du Choixpeau qui s'empressa de fermer ses paupières de chiffon.
- Professeur ? demanda-t-il encore.
Il hésita. Il entendait dans les tableaux des soupirs d'impatience et le ricanement familier de Phineas Nigellus.
- Oui, Harry… l'encouragea Dumbledore avec bienveillance et un geste de la main pour faire taire l'agacement des portraits.
Harry revint vers le bureau. Il chuchota :
- Professeur, lorsque je me suis retrouvé face au basilic dans la Chambre des Secrets…
Il lança un coup d'œil furtif sur le Choixpeau sur son étagère.
- Quand je me suis retrouvé face au basilic, continua-t-il avec une voix tremblante d'émotion, c'est Godric Gryffondor qui a mis son épée dans ma main… ?
- Qui d'autre que lui aurait pu, en effet, songer à cette vieille rapière oubliée… Il a guidé ta main, Harry, cela ne fait aucun doute pour moi. Tu as montré ce jour-là ta loyauté, non seulement envers moi, mais envers l'école.
- Je comprends mieux à présent, les paroles de Dame Agnes et son obstination à m'appeler Sire Harry…
Il prit une inspiration difficile.
- Que va-t-il se passer à présent, Professeur ? demanda-t-il sans cacher le désarroi qui le saisissait brusquement.
Dumbledore pencha la tête sur le côté, légèrement et haussa un sourcil blanc.
- Je ne sais pas Harry… finit-il par avouer. J'avais laissé des instructions dans le cas de ma disparition. Je n'avais pas prévu le cas de figure qui se présente… Ce que je sais, c'est qu'il nous faudra avancer non plus dans les ténèbres, mais pas encore dans la lumière. Il nous faudra chercher où mettre nos pas, en espérant prendre les bons chemins, dire les bonnes paroles, et vivre sans les absents…
Harry fit une grimace, et haussa les épaules. Il croisa le regard de Dumbledore.
- Oh ! fit-il dans un sourire. La routine en somme…
Une lueur amusée passa furtivement dans le regard du vieux directeur.
- Oui, Harry, la routine…
