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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.


Je n'ai pas le temps de répondre point par point à vos commentaires, mais voici en vrac des réponses aux questions les plus caractéristiques dirons-nous…

Pourquoi Dumbledore ne dit-il pas comment vaincre Voldemort ? Parce qu'il n'en sait rien. Il sait ce qu'il ferait, lui, mais il ne sait pas comment Harry pourra ou voudra s'y prendre…

Gervase : C'est un prénom anglais qui correspond à Gervais en français… On le trouve souvent dans les récits d'Agatha Christie.

En quoi Hermione a-t-elle raison : référence à l'un des chapitres premiers de la première partie (oui, je sais c'est loin…) où Hermione prétend que pour vaincre Voldemort il faut que Harry le possède et le brûle de l'intérieur de tout l'amour dont il est capable… en bref et pour résumer la pensée de notre Préfète en Chef préférée…

J'essaierai de faire une revue plus complète… je n'ose pas dire quand… mais je le ferai dès que je pourrais le faire sereinement… Au fait, quelqu'un aurait-il un retourneur de temps sous la main ?


A partir ce chapitre, c'est pratiquement une autre partie qui commence. L'après Halloween. Ne vous attendez pas à un démarrage sur les chapeaux de roues… encore que… mais plutôt à une remise en route… Un cheminement qui va amener les personnages à la fin de la fic…

Des milliers de chemins s'ouvrent à chacun de nos pas… et des milliers d'autres à chacun de nos faux-pas…


Chapitre 142

Malaise

C'était un triste week-end d'Halloween. Le plus triste week-end d'Halloween qu'Harry n'eût jamais connu. Et ce n'était déjà pas une date qui le remplissait d'allégresse d'ordinaire.

C'était un sentiment étrange que celui qu'il ressentait. Un détachement qu'il ne s'expliquait pas l'éloignait des évènements de la veille.C'était très loin soudain. Sans doute, la sourde irritation qui montait chez ses camarades, encore choqués par la présence de leurs agresseurs dans l'école, accaparait toute son attention. Le mécontentement couvait aussi chez les Serpentard toutes tendances confondues et les regards qu'ils lançaient sur le Directeur et le Professeur Londubat disaient toute leur aigreur. Harry n'avait besoin ni de tendre l'oreille, ni de laisser son esprit vagabonder pour saisir les pensées des jeunes gens en vert et gris. Amers, très amers étaient les Serpentard… qu'on mît à leur tête un chasseur de mages noirs. Verts de rage étaient les Salamandres qu'on eût choisi un Gryffondor pour les diriger. Qu'en pensait Ellen ? Harry n'avait fait que la croiser depuis l'épisode dans la salle de divination. Il l'avait trouvée un peu soucieuse lorsqu'elle était passée près de la table des Gryffondor… et l'ambiance très lourde autour de la table vert et argent avait fini par le mettre mal à l'aise. Le croirait-elle s'il lui disait que Vector avait refusé le poste ?

Il l'attendait près de la porte de la salle des Quatre Maisons, seul, malgré l'insistance de Neville qui voulait à tous prix le faire venir auprès de lui et Luna. Mais Harry suivait ses pensées, recherchant dans les gestes et les regards d'Ellen lorsqu'elle avait quitté sa table pour se rendre à la convocation de McGonagall en compagnie de Ginny et Grayson, des indices de son état d'esprit.

Il leva les yeux vers l'horloge de la salle. Une heure, cela faisait bien une heure que les Préfets étaient enfermés avec la Directrice Adjointe. Qu'avait-elle donc à leur dire ?Le nom des nouveaux professeurs de Potions ? Il ne fallait pas tant de temps pour prononcer Londubat et Pomfresh… Il tourna la tête vers l'horloge une fois de plus. Deux minutes de plus que… deux minutes auparavant… deux minutes seulement ? Cette horloge était détraquée… cela faisait des heures qu'il attendait le retour de ses amis… des heures qu'il attendait le retour d'Ellen. Il marcha résolument vers la table de Neville qui chuchotait quelque insignifiant secret à Luna.

- Je vais chez Hagrid, dit Harry sans préambule. Tu avertis Hermione quand elle sera redescendue.

Neville acquiesça d'un signe de tête. Luna leva vers le jeune Potter son regard éthéré.

- Tu n'attends pas Ellie ? demanda-t-elle le plus naturellement du monde.

Harry souleva une épaule.

- Pourquoi l'attendrai-je ? essaya-t-il de dire sans bafouiller.

Luna haussa les épaules à son tour.

- Pour rien… d'habitude, c'est avec elle que tu vas chez Hagrid, non ?

Harry évita le regard insistant de Neville qui lui souriait d'un air narquois, lui sembla-t-il. Il tourna le dos, très digne, à ses deux camarades et sortit de la salle des Quatre Maisons sans un mot.

Les couloirs étaient déserts, ou presque. Le silence régnait partout et les quelques visages maussades qu'il croisait poussaient Harry à quitter le château au plus vite. Dans le Hall, il rencontra Rusard. Le concierge paraissait être le seul être de l'école à afficher une quelconque satisfaction. Il se dirigeait vers les couloirs des quartiers de Serpentard et se frottait les mains. Il ne jeta même pas un seul regard sur le jeune Potter qui se dépêcha tout de même de quitter le Grand Hall.

Harry marcha vivement jusqu'à la cabane d'Hagrid. Il faisait froid et le ciel se couvrait. Le vent faisait courir les nuages. Le prochain entraînement de Quidditch serait pénible, songea-t-il. Il avançait vers la maisonnette du garde-chasse, pressant le pas malgré lui, comme pour laisser derrière lui tout ce qu'il voulait fuir.

Il frappa à la porte. Personne ne lui répondit, sauf un jappement joyeux. Titan apparemment se montrait heureux d'une visite. Harry tourna la poignée. La porte n'était pas fermée.

- Hagrid ? fit-il en passant la tête dans l'entrebâillement.

Titan grattait au bas de la porte. Il lui faisait fête. Harry entra et caressa le petit chien. Il n'arrivait pas à éprouver la même appréhension qu'Hermione envers Titan… Il ne voyait en lui qu'un adorable petit chien et il ressentait bien plus de révulsion et de crainte envers ce molosse de Molaire.

Hagrid était manifestement absent. Un peu déçu Harry allait repartir lorsqu'il vit sur le lit démesuré, un sac qu'il reconnut pour être celui de Remus. Son cœur se serra brusquement dans une douleur fulgurante. Un dixième de seconde, il crut que tout n'avait été qu'un rêve, et que Remus allait soulever le rideau qui séparait l'alcôve de la pièce. Le nom du loup-garou mourut sur les lèvres d'Harry. Malgré lui, il s'avança vers le lit et le linge propre et plié avec soin. Il toucha les robes défraîchies et les chemises au col usé. A côté, il y avait deux livres à la couverture noire vieillie. Lentement, Harry tendit la main et prit le premier livre. C'était un recueil de poèmes. Il s'ouvrit de lui-même à une page souvent lue. Harry le referma sans lire et le reposa sur le lit. Son esprit refusait de penser à Remus. Il prit l'autre livre et tourna la première page, machinalement. Ce livre appartient à… Severus Rogue, lut-il. Harry leva les yeux sur le titre. Mon Voyage dans la Lune, Histoire d'un Aller et d'un Retour par Tryphon Saugrenu. C'était curieux, il n'imaginait pas Rogue lisant ce genre d'ouvrage. Mais que savait-il de Rogue ? Il n'avait jamais eu envie de savoir et il n'en saurait plus rien désormais. Il n'aurait su dire s'il le regrettait ou s'il était soulagé.

Il reposa le second livre sur le premier et s'éloigna du lit. Ce n'était finalement pas une si bonne idée que d'être venu chez Hagrid.

Harry entendit du bruit à la porte. Un pas pressé. Trois coups brefs et décidés.

- C'est ouvert ! cria-t-il.

La porte s'ouvrit. Ellen McGregor restait sur le seuil. D'un regard, elle constata l'absence du Professeur de Soins aux Créatures Magiques.

- Qu'est-ce que tu fais tout seul ici ? demanda-t-elle brusquement.

- J'attends Hagrid, répondit Harry maladroitement.

Ils se turent. Elle sur le pas de l'entrée. Lui devant la table massive. Ellen se décida soudain. Elle fit un pas vers l'intérieur et referma la porte derrière elle.

- Qu'est-ce qu'il y a ? questionna-t-elle. Tu as eu des problèmes avec McGonagall ?... à cause des lentilles de Sinistra ? Si ce n'est que cela, j'irai lui dire que c'est moi qui les ai volés…

Et comme il ne répondait pas, elle continua.

- Tu as vu Dumbledore ? Tu lui as parlé de tes évanouissements ? Qu'a-t-il dit ?

Elle s'approcha vivement. Harry lisait dans ses yeux une interrogation inquiète.

- Qu'a-t-il dit ? insista-t-elle.

Harry ne savait que lui répondre. Il n'avait pas pensé qu'elle l'interrogerait là-dessus. Et il ne pouvait lui dire que c'était sa présence qui doublait sa douleur.

- Mais vas-tu me répondre ? cria-t-elle presque tandis qu'elle saisissait le col de son manteau dans ses poings.

- Il a dit… commença Harry. Il a dit que ma douleur était celle de Voldemort. Et que la douleur de Voldemort était causée par ta présence…

Ellen pâlit. Elle lâcha lentement le manteau d'Harry. Ses yeux se posèrent sur le front du jeune homme.

-… ta présence dans mon cœur, se hâta de préciser ce dernier.

Il se sentit tellement ridicule. Elle s'éloigna de lui.

- Il t'a dit qu'il fallait que tu cesses de me voir ?

- Non ! se récria Harry. Non ! bien au contraire. Et même s'il me l'avait demandé, tu crois que j'aurais pu me résoudre à lui obéir ?

Il s'approcha à son tour et la força du bout des doigts à tourner son visage vers lui. Elle ne put déguiser une grimace.

- Et toi ? demanda-t-il. Qu'est-ce qui ne va pas ? C'est à cause du Professeur Londubat ?

Elle fronça vivement les sourcils.

- Les nouvelles vont vite ! Surtout quand elles tournent au désavantage des Serpentard…

- Tu te trompes, Ellen, reprit Harry doucement. Je sais que Algie Londubat est le directeur intérimaire de Serpentard, parce que j'ai entendu le professeur Vector refuser le poste.

- Ce n'est pas vrai !

Ellen repoussa la main d'Harry sur son visage. Elle grimaça une fois de plus.

- Je te l'assure, insista Harry. Il ne se sent pas la force de remplacer Rogue.

Ellen ferma les yeux.

- Si vous n'étiez pas descendu dans ces fichus souterrains, il ne serait jamais parti à votre suite !

Elle frappa du poing sur la table.

- Mais pourquoi est-il resté là-bas alors que nous avons tant besoin de lui ici !

Harry avança prudemment sa main vers sa joue.

- Parce qu'entre la chute de Poudlard et celle de la Maison Serpentard, il lui fallait choisir…

Il caressa doucement la joue d'Ellen.

- Mais si la Maison Serpentard se déchire à cause de sa disparition ! et si l'école tout entière se déchire à cause de la Maison Serpentard ! à quoi cela aura-t-il servi qu'il reste là-bas !...

Harry secoua la tête. Il voulut prendre sa main mais elle la retira vivement.

- Je ne sais pas, dit-il tristement. Tout ceci nous dépasse tous les deux et de très loin… Je te le redis : tu n'as pas à être la gardienne de la Maison Serpentard. Personne ne te le demande…

- C'est ce que tu crois, murmura-t-elle, la tête basse.

Harry s'approcha et entoura ses épaules de ses bras. Il lui sourit.

- Qu'est-ce que tu veux prouver, McGregor ? Que les Serpentard peuvent être aussi entêtés, vaniteux et suffisants que des Gryffondor ? On le sait déjà ! Laisse ceux qui ont pris les décisions se justifier aux yeux de ceux qui leur demanderont des comptes.

Il la garda un moment contre lui. Elle soupira. Harry reprit.

- Je crois que Dumbledore a pensé à long terme… La Maison de Serpentard ne sortira pas indemne de cette guerre… et quand tout sera fini… quand nous aurons vaincu Voldemort… il faudra reconstruire. Il faudra quelqu'un qui ait la confiance de tous. Quelqu'un que l'échec n'aura pas marqué… Tu imagines, Malefoy aurait beau jeu de traiter Vector de traître…

- Il s'agit bien de Malefoy ! l'interrompit vivement Ellen. Que crois-tu qu'ont pensé les nôtres quand on leur a envoyé un chasseur de Mages Noirs pour les diriger ? Ils se sont sentis trahis ! Et je ne peux leur en vouloir même si je sais…

Elle se tut brusquement et se mordit les lèvres dans une troisième grimace.

- Qu'est-ce que tu sais ? demanda Harry.

Ellen se dégagea de l'étreinte des bras d'Harry. Elle fit le tour de la table et se plaça face à lui. Il l'observa un moment.

- Tu as peur de moi, Ellen ? demanda-t-il subitement.

- Non.

- Alors pourquoi me fuis-tu depuis la fin de la matinée ?

- Je ne te fuis pas.

Harry désigna la distance qui les séparait, toute la largeur de la table d'Hagrid, avec un sourire ironique.

- Tu appelles cela comment ?

Ellen ne répondit pas à sa question. Elle commença abruptement :

- Hier soir quand je t'ai quitté… Je ne suis pas rentrée immédiatement. J'ai fait d'abord un tour par la Grande Salle… du moins dans la petite pièce attenante, là où les Première Année attendent de passer à la casserole… Et j'ai assisté au Procès des Mutinés de Serpentard…

- De qui ? s'empêcha de rire Harry.

- De ces imbéciles de Salamandres !

- Un procès ?

- Oui, c'est Londubat qui en a eu l'idée… et il était aussi l'avocat de la défense…

Harry hocha la tête.

- Et les a-t-il bien défendus ?

- Faut croire, puisqu'ils sont toujours là ! Des jeunes gens qui s'étaient fourvoyés et qui avaient plus besoin qu'on leur montre l'étendue de leur erreur que d'être lâchés dans un monde sans pitié, voilà ce qu'il a dit… Et il a dit aussi, dans son discours de présentation, qu'il comprenait que sa nomination puisse gêner certains. Qu'elle n'était que provisoire… jusqu'à ce que les circonstances permettent une administration sereine. Et que nous ne devions voir en lui que le professeur de Défense contre les Forces du Mal et non le Commandeur… ou l'ancien élève de Gryffondor. Il a dit que nous devions à la mémoire du Professeur Rogue de continuer à conserver la Maison de Serpentard au sein de Poudlard. Que nous devions nous montrer dignes et fiers d'appartenir à sa Maison.

Harry fit un pas sur le côté pour se rapprocher d'Ellen.

- C'est un discours plutôt rassurant, non ? dit-il avec prudence.

- Oui, mais combien d'entre nous voudront l'entendre ?

Harry s'avança encore.

- Hé bien… peut-être est-ce là la stratégie de Dumbledore… cristalliser les mécontentements des Serpentard sur la personne de Londubat pour laisser le champ libre à Vector un peu plus tard… ? ou est-ce simplement un moyen de mettre tout le monde d'accord en offrant le vieil Algie comme victime expiatoire. La tranquillité du prof de défense contre l'union de la Maison Serpentard…

Ellen se laissa approcher.

- Tu veux rire ? se moqua-t-elle. Serpentard est plus que jamais divisée. D'un côté il y a les Salamandres qui murmurent comme jamais. De l'autre il y a les nôtres qui trouvent qu'on pourrait enfin nous faire confiance. Et au milieu, il y a ces imbéciles qui se sont fait prendre comme des rats et qui n'osent ni ouvrir la bouche ni faire un pas de côté de peur de se faire virer ! Et parmi eux, il y a ceux qui trépignent de rage et d'impatience, ceux qui voudraient se faire oublier, ceux qui ratatineraient bien Malefoy et ses idées de grandeur d'un seul coup de baguette et en même temps voudraient voir tous les Gryffondor au brasier, Dumbledore au milieu…

Harry se mit à rire discrètement.

- En somme, cela ne change guère de d'habitude…

Ellen sourit, presque malgré elle.

- Avec une différence de taille… soupira-t-elle. Le professeur Rogue n'est plus là pour faire taire tout le monde d'un seul de ses regards glacés…

Elle fit le pas qui la séparait d'Harry et posa sa tête sur l'épaule du jeune homme. Harry referma ses bras sur elle. Au bout d'un moment, il murmura :

- Un instant j'ai cru que tu m'en voulais…

- Oui, avoua-t-elle. Tout le monde avait l'air si satisfait du choix de Londubat… Personne n'avait l'air de comprendre ce que nous pouvions ressentir. J'en voulais au monde entier.

- C'est un moment difficile pour tout le monde, si nous nous serrons tous les coudes, nous nous en sortirons…

Ellen leva les yeux vers lui.

- Pourquoi n'es-tu pas chez les Serpentard, Harry ? Nous nous serrerions les coudes d'autant plus…

- C'est parce que je ne savais pas que tu y viendrais…

Il se pencha vers son visage pour l'embrasser puis il prit sa main pour la faire asseoir.

- Raconte-moi ce procès, demanda-t-il sur un ton enjoué. J'ai croisé Rusard dans le Grand Hall et il avait l'air aussi réjoui que si on lui avait annoncé le retour de la Grande Inquisitrice… Est-ce que c'est sur lui que compte Londubat pour aider à ces imbéciles de Salamandres à mettre le nez dans leurs erreurs ?

Ellen s'assit à côté d'Harry. Elle retira sa main de la sienne et serra son manteau contre elle. Son épaule contre l'épaule du jeune homme, elle commença à raconter le procès auquel elle avait assisté. Elle grimaça en évoquant le Quidditch et la réflexion qu'avait faite Malefoy à son retour dans la salle commune. Elle parlait et Harry ne se lassait pas de contempler son visage. Son front haut, ses pommettes un peu creusées, son menton volontaire, ses cils bruns qui paraissaient encore plus longs de profil, et ses lèvres qui lui souriaient. Il remit derrière son oreille une mèche qui tombait sur les yeux d'Ellen. Il recoiffa ses cheveux, les replaça en arrière.

Elle parlait de McGonagall à présent. Du ton sévère sur lequel elle leur avait annoncé que Madame Pomfresh et le Professeur Londubat se partagerait les cours de Potions, jusqu'à ce que le Directeur eût engagé un nouveau professeur de cette matière. Et de celui, plus farouche encore, qu'elle avait eu lorsqu'elle les avait avertis qu'elle ne tolèrerait aucun manquement au règlement en ce qui concernait le lancer de sortilèges dans les couloirs, les insultes proférées à l'encontre de qui que ce fût, et les malveillances de toutes sortes, en tous lieux et en tous temps… A la moindre bagarre, au moindre chahut, que ce fût dans les cours, la Grande Salle, ou sur le terrain de Quidditch… le couvre-feu serait avancé d'une heure, les matchs annulés, la salle des Quatre Maisons fermée…

- Ça, elle n'aurait jamais du l'ajouter, parce que je suis sûre que Malefoy serait fort heureux de voir fermer notre salle commune… Harry ? Tu m'écoutes ?

Mais Harry se penchait vers son cou dans un mouvement dépourvu de tendresse.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda-t-il sur un ton brusque.

Il levait le menton d'Ellen et dégageait son cou du col de son manteau.

- Qu'est-ce que c'est ? répéta-t-il.

Elle leva la main pour lui faire lâcher prise. Il la saisit au vol. Elle étouffa un cri. Il remonta la manche du manteau sur le poignet de la jeune fille, découvrant une large tache brune sur le dos de sa main.

Comme elle ne répondait pas, il revint à son visage. Il mit sa main sur sa joue. Il prononça : Finite Incantatem et elle ferma les yeux. Quand elle les rouvrit, elle n'osa croiser son regard. Le silence d'Harry était pire que tout ce qu'il aurait pu dire. Il finit pourtant par parler.

- Tu t'es vue ?

Sa voix était dure. Elle frissonna. Il la força à se lever et l'entraîna vers l'évier de pierre au-dessus duquel était accroché un miroir fendu. Il tendit le bras pour récupérer la glace et la mit sous le nez d'Ellen.

- Oh ! fit-elle.

Elle prit le miroir des mains d'Harry et s'examina avec soin.

- C'est assez impressionnant, il faut l'avouer.

Elle toucha du bout des doigts l'éraflure bleutée qui remontait de son cou vers sa mâchoire. Le coin de sa lèvre était enflé et sa joue marbrée d'ecchymoses.

- Ça l'était moins il y a deux heures…

Elle ouvrit son col pour vérifier jusqu'où descendaient les marques de lutte. Elle leva les yeux vers Harry.

- Comment t'en es-tu aperçu ? Le sortilège s'estompait déjà ?

- Non, répondit le jeune homme sur un ton qu'il essayait aussi léger que le sien. Tu as oublié de masquer la griffure dans ton cou…

Ellen hocha la tête. Elle fit une grimace.

- La hâte montre toujours le plus court des chemins, mais rarement le plus sûr… Voilà qui m'apprendra à confondre vitesse et précipitation. La prochaine fois…

- La prochaine fois ? cria Harry. La prochaine fois ? La prochaine fois que quoi, Ellen ?

Elle cala le miroir sur l'évier et tourna le dos à Harry. Elle sortit sa baguette et s'apprêta à lancer sur son visage un Sortilège de Coquettes. Harry retint son poignet.

- Il faut faire soigner ça, Ellen. Au moins cette brûlure.

Il prit sa main. Elle la lui enleva des siennes et frotta la blessure.

- C'est ce que je voulais faire, mais Granger s'est faite coincer dans le bureau de McGonagall…

- Et Madame Pomfresh ?

- Tu n'es pas sérieux ! Si j'arrive ainsi chez Pom-pom, elle va ameuter tout le corps directorial et ce sera ma faute si on vous prive de Quidditch…

- Ellen !

Il la saisit aux épaules, tâchant de rester calme.

- C'est Malefoy ? C'est ça ?

Elle se tut. Il serra un peu plus ses mains sur les épaules de la jeune fille et plongea son regard dans celui qu'elle levait vers lui.

Le visage de Malefoyfut près du sien. Il sentait ses doigts qui s'enfonçaient dans sa joue et ses ongles qui entamaient sa peau ; il sentait la douleur dans son cou et la brûlure intense dans sa main. Drago appuyait son pouce sur ses lèvres.

- Une si jolie bouche, McGregor… Quel dommage qu'elle soit pleine de mots orduriers…

Harry sentit son cœur s'affoler. Par-delà la peur, la colère. La colère contre celui qui ricanait dans le dos de Malefoy. La colère d'Ellen contre elle-même. La colère contre cet imbécile de Potter qui n'était jamais là quand on avait besoin de lui.

- Qu'est-ce que tu dirais si je te faisais taire à mon tour, McGregor ? Et crois-moi… ce ne sera pas avec un ridicule silencio…

La pointe de la baguette de Malefoy s'enfonça sur sa trachée. Il sentit monter la nausée et… Ellen le repoussa.

- Arrête ! haleta-t-elle.

Elle se détourna, le cœur au bord des lèvres.

- Je suis désolé… murmura Harry.

Il n'osait plus la toucher de crainte de la voir le repousser encore. Elle lui jeta un regard furieux.

- Ainsi c'est donc vrai ? Tu es légilimancien.

- Je suis désolé… répéta Harry honteux.

Il s'éloigna en silence. Elle lui tourna le dos sans un mot. Elle se concentra sur son miroir. Il l'entendit murmurer des formules et quand elle revint vers lui son visage avait retrouvé son aspect régulier. Seul le coin droit de sa bouche restait un peu raide. Cela ajoutait à son sourire une touche narquoise qui ne dérogeait guère à son air habituel. Harry n'était pas certain d'ailleurs que son ton n'était pas exempt d'une certaine ironie lorsqu'elle reprit :

- Bien, tu es légilimancien. Et tu pratiques l'ancienne magie également. Y a-t-il autre chose que je doive savoir ?

Harry haussa les épaules.

- Je n'ai plus aucun secret pour toi.

Elle sourit davantage, à peine convaincue, et Harry rougit. Elle eut un petit rire.

- Alors n'en dis pas plus, cela me fera une excuse pour garder mes propres secrets…

Elle redevint sérieuse pour ajouter :

- Je demanderai à Granger sa pommade contre les brûlures. Et… -elle toucha sa joue dans un geste incertain- je lui montrerai mon visage aussi. Elle doit bien avoir en réserve quelque onguent contre les bleus avec les maladroits qui lui servent d'amis…

Harry se mordit les lèvres. Il mourrait d'envie d'en savoir plus sur ce qui était arrivé. Il voyait de plus en plus clair à travers son apparente désinvolture. Il retourna s'asseoir et elle le suivit.

- Je suppose que tu en sais trop à présent, ou pas assez… murmura-t-elle.

Elle soupira.

- Ce n'est pas du tout ce que tu crois, dit-elle en préambule. Je ne l'ai pas provoqué. Enfin, pas au début…

Elle lui jeta un regard en coin et continua son récit.

Après qu'elle se fût trouvée face à Malefoy dans l'un des passages secrets qui menaient à la salle de Serpentard ; après qu'un sortilège de cet idiot de Wilford lui eût fait lâcher sa baguette ; après que Malefoy l'eût insultée et menacée ; après qu'il eût blessé son visage tant il serrait ses doigts sur elle, dans des gestes violents qui la tenaient à sa merci… quelqu'un l'avait empêché de prononcer la formule qu'il avait sur les lèvres.

- Qui ? demanda Harry.

- Nott, répondit Ellen.

- Pourquoi ? reprit Harry.

- Parce qu'il me trouve à son goût et qu'il ne voulait pas que Malefoy m'abîme de trop ? répondit Ellen sur un ton de défi. Cela fait deux fois qu'il me sauve la mise, tu sais…

- Ce n'est pas drôle, Ellen.

- Oh si, c'était très drôle de voir la figure de Malefoy déformée de rage. Il voulait me faire taire à jamais et me livrer à ses camarades pour qu'ils s'entraînent sur moi à lancer des sortilèges interdits… Et Nott lui a demandé comment il comptait faire pour cacher à tous la disparition d'une préfète aussi populaire que moi… Il fallait entendre ce groin de Wilford qui piaillait derrière et qui suppliait Drago de le laisser m'envoyer un sortilège dont je ne me relèverais pas…

Elle se mit à rire, un peu nerveuse.

- Vous n'êtes que des bons à rien ! lui a-t-il répondu. Vous n'avez pas été fichus de tirer quoi que ce soit de Goldstein et vous n'avez pas non plus été capables de le faire taire pour de bon… Quant à votre prestation d'hier au soir !... A partir d'aujourd'hui, je me charge moi-même du travail… « Tiens-tu tant que cela à te faire renvoyer ? » a demandé Nott. « Tu n'es pas dégoûté de passer après Potter ? » a riposté Malefoy. « Si tu te fais sortir de Poudlard pour un sortilège interdit, c'est direct à Azkaban qu'on t'enverra… » a continué Nott. « Azkaban ! Ce nom n'est plus aussi terrible à présent que les Détraqueurs se sont égayés dans la nature. » « Mais c'est vrai que tu ne dois pas être pressé de te retrouver face au Maître, Drago… Il pourrait lui venir l'idée saugrenue de te demander des comptes… » Et Wilford qui assurait qu'il s'était entraîné et qu'il ne me raterait pas… Oui, c'était assez drôle somme toute…

Elle tourna vers Harry un sourire aussi large que ses lèvres tuméfiées le lui permettaient. Harry ne put répondre immédiatement. Les sentiments contradictoires se bousculaient dans sa tête.

- Il faudra continuer à se montrer vigilants, dit-il enfin. Ne pas se déplacer seuls et ne pas se laisser endormir par ce semblant de victoire… Nous restons en état d'alerte. Je ne veux plus que tu te retrouves seules dans les couloirs de Serpentard. Et si jamais cela doit arriver, ne prends pas les raccourcis ou les passages secrets. Prends toujours les corridors les plus animés. Et n'adresse plus la parole à Malefoy pour quelque raison que ce soit… Au fait, c'était quoi ces mots orduriers qu'il te reproche ?

- Oh ! une vieille insulte scott… Tu crois qu'il comprend le gaélique ?

Harry secoua la tête. Il se pencha pour l'embrasser.

- Doucement, murmura-t-elle en lui tendant la joue.

Il la serra contre lui.

- Combien de temps croyais-tu me cacher ça ? demanda-t-il.

- Je ne sais pas, avoua Ellen. Je pensais pouvoir soutirer à Hermione quelque pommade juste après le repas, mais nous avons été convoqués. J'espère qu'elle ne va pas passer l'après-midi chez McGonagall, parce que… ma main commence à me faire vraiment mal maintenant.

- Alors il faut aller la trouver immédiatement, décida Harry.

Il se leva et tendit la main à Ellen.

- Qu'est-ce que tu penses de Nott ? se décida-t-elle à demander.

Harry haussa les épaules.

- Je ne sais pas… Il a empêché Malefoy de te faire du mal. Il l'a empêché de lancer la Marque des Ténèbres sur l'école… et pourtant je ne sais pas quoi penser.

- Moi non plus, soupira Ellen.

Elle hésita. Harry songea à la conversation qu'il avait surprise dans la salle de Serpentard lors de la mort de Lucius Malefoy. S'il en parlait, elle croirait qu'il avait sondé son esprit à nouveau. Elle baissa la voix, comme si on eût pu les entendre.

- Je lui ai proposé de venir avec nous, chuchota-t-elle. Mais il a refusé.

Comme elle avait refusé de se joindre à lui pour faire échec aux deux partis en opposition… Harry retint la jeune fille par le bras comme elle se dirigeait vers la porte.

- Il joue un jeu dangereux, Ellen, dit-il. Je comprends que tu lui sois reconnaissante de t'avoir aidée à plusieurs reprises mais…

- Je ne dois plus lui adresser la parole à lui non plus ? demanda-t-elle avec un sourire espiègle.

Elle se rapprocha d'Harry et lui murmura :

- Tu es jaloux ?

Il la serra contre lui.

- Terriblement, lui répondit-il en tâchant de paraître aussi détendu qu'il le souhaitait.

Titan jappa. Le pas lourd d'Hagrid résonna sur le seuil. Il ouvrit la porte. Crockdur traversa la pièce et alla se vautrer devant la cheminée sans prendre garde aux deux intrus. Un peu hagard, Hagrid regarda les deux jeunes gens qui se tenaient par la main au milieu de sa cabane.

- Bonjour, Professeur, dit la petite McGregor.

Harry lui fit un signe de la main.

- Heu… hem… oui… bonjour les enfants… Vous m'attendiez ?

- Nous voulions avoir des nouvelles, lui sourit Harry.

Il dévisageait le géant, ses yeux rougis et sa barbe encore plus en bataille que d'ordinaire.

- Tout va bien, Professeur ? demanda McGregor.

Hagrid finit par entrer chez lui. Il referma la porte derrière lui.

- Oui… tout va bien… Ahem… tout va bien oui…

Il se raclait la gorge et tournait le dos aux jeunes gens. Harry et Ellen échangèrent un regard interrogateur.

- Je vais faire du thé… rien ne vaut un bon thé pour se réchauffer après une ballade en forêt… Vous en voulez une tasse ?

Hagrid remuait sa vaisselle. Il cherchait sa bouilloire pourtant bien visible pendue à sa crédence au dessus de l'évier.

- Vous avez vu Aragog ? demanda Harry pour rompre ce silence étrange. Il va rappeler ses fils ?

- Hein ? heu… Oui. Oui. Il va le faire, dès qu'il n'y aura plus de gerbilloises dans les souterrains…

- Et Graup ? continua Harry vaguement inquiet.

- Graup va bien… Je lui ai dit que je lui amènerai Titan la prochaine fois… il s'ennuie un peu, ça se comprend n'est-ce pas. Tout le monde a besoin de compagnie. Pas vrai, les enfants…

Il trouva enfin la bouilloire et la remplit d'eau. Puis il entreprit d'allumer le feu dans la cheminée. Ce fut une opération tout aussi aventureuse que de récupérer la bouilloire. Enfin le feu voulut prendre.

- Je vais chercher les tasses, dit Hagrid bien que personne ne lui demandât rien.

Harry allait refuser l'invitation quand une pression des doigts d'Ellen sur sa main attira son attention.

- Il veut qu'on reste, chuchota-t-elle très vite.

Puis elle ôta son manteau et s'approcha du professeur de Soins aux Créatures Magiques.

- Je vais vous aider, Monsieur, proposa-t-elle.

Elle prit les bols des grandes mains tremblantes et maladroites et les posa sur la table. Ensuite elle attrapa la théière, l'ébouillanta, déposa dans le fond quatre cuillerées de thé et la remplit d'eau frémissante. Hagrid la regardait faire, un peu perdu.

- Je vais chercher les gâteaux…

Il se tourna vers le placard près du lit, qui lui servait de réserve. Il resta en arrêt devant les vêtements pliés sur la couverture.

- Ah oui… Le Professeur Dumbledore doit venir les chercher… Il faut les mettre dans le sac…

Hagrid saisit le sac d'un geste mal assuré puis il avança la main vers les robes usées sans pouvoir les toucher. Harry s'approcha de lui et lui prit le sac de voyage des mains. Il y glissa les vêtements de Remus en silence. Il mit le livre de poèmes au-dessus des chemises et referma le sac. Le second livre, il le laissa sur le lit.

- Il appartenait au Professeur Rogue, dit-il comme une excuse.

Hagrid hocha la tête.

- Dumbledore le ramènera… Il doit venir chercher tout ça… pour les ramener à la famille de Remus… Hem ! Qu'est-ce que je faisais ?... Ha oui les gâteaux…

Mais il ne bougeait pas, comme stupéfixé.

Harry l'appela.

- Ce n'est pas grave, Hagrid, nous nous passerons de gâteaux.

- Non ! non ! souffla Hagrid avec effort. Il m'en reste plein… Remus n'est pas… n'était…

Ellie McGregor vint le chercher pour l'amener à la table. Elle le fit asseoir tandis qu'Harry rapprochait un bol vers eux.

- Encore un peu de patience, Professeur. Le thé sera bientôt prêt…

Hagrid hocha la tête. Il renifla et essuya ses yeux d'un revers de manche.

- Tu es une brave petite, grommela-t-il.

Il tapota la joue de la jeune fille dans un geste qu'il pensait plein de douceur. Harry retint un geste et une grimace. Stoïque, Ellie prétexta devoir servir le thé pour s'éloigner.

- Vous n'avez pas rencontré de Centaures ? demanda Harry pour reprendre une conversation qui languissait pour le moins.

- J'ai parlé à Ronan… renifla encore Hagrid. Il a vu passer Pettigrew cette nuit. Lui et deux autres Centaures attendaient à la sortie des souterrains. Ils étaient prêts à l'empêcher de quitter la Forêt quand ils ont vu sa blessure. Il se traînait devant eux, en les suppliant de l'aider. Il souffrait tellement qu'il cherchait à se mutiler. Ils ont renoncé à lui faire subir le châtiment des Centaures.

- Je sais, murmura Harry en frissonnant.

Hagrid se demanda pourquoi Ellie McGregor venait poser son bras sur les épaules du jeune homme, comme pour le consoler. Il continua, les yeux à nouveau pleins de larmes.

- Ronan m'a demandé pourquoi le Loup-Garou n'était pas ressorti des souterrains...

Hagrid posa lourdement ses coudes sur la table et prit sa tête entre ses mains. Ses épaules secouées de tremblements, il se mit à pleurer sans aucune retenue.

Ni Harry ni Ellie n'osèrent interrompre son chagrin. Ellie fit couler le thé dans les bols et poussa celui du géant devant lui sans un mot. Hagrid grommela un merci inaudible.

- Désolé les enfants, reprit-il après un autre reniflement. Mais ce n'est pas supportable… Vous comprenez ils étaient si jeunes et ils sont morts. Et moi je suis toujours là, comme un vieil inutile…

- Mais non ! Vous n'êtes pas inutile, Hagrid.

Hagrid haussa une épaule.

- Tu dis cela pour ne pas me faire de peine Harry…

- Je le pense, Hagrid

Il leva les yeux vers Ellen pour l'inciter à renchérir. Elle lui fit une grimace.

- Vos élèves ont besoin de vous, continua Harry.

Ellen leva les yeux au ciel.

- Et toutes les bestioles que vous pouvez dégoter aussi… finit-elle par dire, s'attirant par-là un regard réprobateur d'Harry.

- Et Graup, Hagrid, reprit le jeune homme. N'oubliez pas Graup. Il a besoin de vous. Vous n'êtes pas inutile.

- Et qui se chargerait du sapin de Noël si vous n'étiez pas là ? insista Ellie McGregor.

- Oh ! fit Hagrid. Avec un sortilège de lévitation, même le Professeur Flitwick réussirait à le transporter sur plusieurs lieues.

- C'est vrai, admit la jeune fille. Mais les Première Année ne seraient pas aussi impressionnées par ce grand sapin qui marche tout seul, ni par votre force herculéenne… Pour un vieil inutile, ce n'est tout de même pas mal.

Hagrid grommela encore quelques « brave petite » dans sa barbe tandis qu'Ellie se gardait d'approcher à portée de tapotement du demi géant. Il se moucha dans un mouchoir de taille respectable. Puis il le rangea dans l'une de ses nombreuses poches, l'enfonçant consciencieusement. Il trempa les lèvres dans son bol, tout en évitant les regards de Harry et d'Ellie. Il reposa son bol sur la table.

- Allez… sauvez-vous, vous avez sûrement mieux à faire qu'à écouter les déraisonnements d'un vieux fou…

Il toussota quelques Ahem de plus. Ses yeux allaient d'Harry à Ellie et d'Ellie à Harry.

Ellie fit un geste désinvolte.

- Ho ! vous savez, pour retrouver l'ambiance du château… on est aussi bien ici…

Hagrid hocha la tête. Il renifla de plus belle.

- Alors ? demanda-t-il à la jeune fille sur un ton enroué. Le Professeur Vector a pris ses fonctions ce matin ?

Harry jeta un regard inquiet sur Ellen qui lui resservait un fond de bol de thé presque noir.

- Non, Professeur, répondit-elle cependant avec amabilité. C'est le Professeur Londubat qui a pris ses nouvelles fonctions de directeur de Serpentard…

- Hein ? fit Hagrid.

- Directeur Provisoire, précisa Harry. Le Professeur Vector a refusé de prendre la suite du Professeur Rogue.

Hagrid renifla à nouveau, mais avec un peu de dédain cette fois.

- M'étonne pas ! Jamais été capable de prendre une décision ! Toujours à tergiverser ! A réfléchir ! Trop réfléchir c'est jamais bon, de toutes façons ! Et puis, dira ce qu'il voudra, il arrivera jamais à la cheville du professeur Rogue…

Une lueur amusée passa dans les yeux de bronze d'Ellie McGregor.

- Vous savez, Professeur Hagrid, je ne crois pas que le Professeur Rogue vous aimait beaucoup…

Harry manqua s'étrangler avec son thé.

- Je sais, répondit calmement Hagrid. Et moi c'était pareil. Mais ça n'empêche pas.

Il se leva lourdement et saisit la bouilloire. Harry en profita pour faire les gros yeux à Ellen. Elle lui rendit une grimace.

- Tu sais, Harry… reprit Hagrid. Je crois que je commence à comprendre ce que Dumbledore veut dire quand il prétend qu'il y a pire que la mort…

Le professeur s'affairait devant la cheminée, prenant soin de tourner le dos aux jeunes gens.

- Il sait bien de quoi il retourne… continuait Hagrid. Voir partir ceux qui nous entourent, et rester encore et encore jusqu'à ce qu'il ne reste plus personne… ce n'est pas une vie…

Harry hésita à répondre.

- Mais c'est de Voldemort dont il parle ainsi, objecta-t-il.

Hagrid frissonna et lui jeta un coup d'œil réprobateur.

- Et Voldemort, insista Harry, il s'en fiche parce qu'il y a longtemps qu'il a fait le vide autour de lui…

Ellen frotta sa main blessée d'un geste machinal.

- Lui sans doute, dit-elle, mais Jedusor… Je veux dire : s'il reste un tant soit peu de Jedusor en lui, il se peut qu'il finisse par trouver l'éternité un peu longue ?

- Je parierai pas là-dessus ! grogna Hagrid.

Harry se garda de faire un commentaire. Il souhaitait vivement ne pas s'engager sur ce terrain et il ne savait comment faire pour changer de sujet. Avec Hagrid, la moindre conversation anodine prenait vite des allures de terrains minés.

On frappa énergiquement à la porte et le jeune Potter soupira de soulagement. Hagrid cria d'entrer et la porte s'ouvrit sur Algie Londubat qui poussait devant lui une Millicent Bulstrode à la limite de l'hystérie. Harry et Ellie se levèrent en même temps pour amorcer un départ qui n'aurait rien de désobligeant envers le vieil homme seul. Bulstrode poussa alors un hurlement de rage et bondit vers Ellen McGregor. Algie Londubat n'eut que le temps de la retenir par sa natte tandis qu'Harry s'interposait, la main en avant, entre son amie et la fureur de Millicent.

- C'est elle ! cria Bulstrode. C'est elle qui a fait cela ! Elle me déteste et elle déteste mon Asphodèle.

- Qui est Asphodèle ? demanda Hagrid.

Algie Londubat lâcha la tresse de Bulstrode et la repoussa doucement derrière lui.

- Allons ! Allons ! Miss Bulstrode, calmez-vous, voyons… Je suis sûr que notre cher Hagrid va soigner votre chat…

- Mais c'est elle je vous dit ! rageait la fille en désignant d'un doigt accusateur sa condisciple interloquée.

Algie Londubat déposa sur la table un paquet enveloppé dans un linge qu'il tenait sous son manteau jusque là. Il se tourna vers Bulstrode d'un air sévère.

- Miss Bulstrode ! dit-il d'une voix douce mais ferme. Si vous ne cessez immédiatement, je vais me voir dans l'obligation de vous faire raccompagner à votre dortoir sur-le-champ…

Millicent pinça les lèvres, outrée qu'on ne la prît pas plus au sérieux et qu'on favorisât cette traîtresse de McGregor… Toutefois, elle préféra obéir à son nouveau directeur de Maison et se le tint pour dit. Elle croisa les bras d'un air renfrogné, qui la rendit encore plus laide, si c'était possible.

Hagrid s'approcha de la table. Londubat découvrit lentement le linge et le chat de Bulstrode apparut. Ellie étouffa un petit cri horrifié dans son poing.

- Ah ça par exemple ! souffla Hagrid.

Harry ouvrit des yeux éberlués sur une chose nue et haletante ; une plaie sanguinolente, palpitante et gémissante.

- Qu'est-ce qui est arrivé ? demanda Hagrid qui commençait à examiner le chat.

Harry regardait avec fascination les grandes mains brusques du géant qui manipulaient à présent l'animal blessé presque avec tendresse.

- Demandez-le-lui à elle ! ne put s'empêcher de crier Bulstrode.

Ellen haussa les épaules sans répondre.

- Que s'est-il passé ? répéta Hagrid avec impatience. Depuis quand est-il comme ça ? Pourquoi ne me l'a-t-on pas amené avant ?

Bulstrode se mit à pleurer le visage dans ses mains.

- Ça fait trois jours ! Il a perdu ses poils il y a trois jours ! J'ai cru qu'on lui avait encore lancé de stupide sortilège comme l'année dernière.

Elle jeta un regard torve à McGregor qui s'avança.

- Répète encore que je peux me venger sur une sale bête innocente, Bulstrode ! Et je te jure que je t'arrange le portrait… Oh et puis non ! ça te rendrait service !

Harry la ramena derrière lui tandis que le Professeur Londubat fronçait les sourcils.

- Miss McGregor… je vous en prie.

Il fit un signe à Bulstrode qui reprit son récit. Asphodèle avait donc perdu tous ses poils et se grattait sans cesse. Il se grattait tant et tant qu'il s'infligeait de multiples griffures. La veille, elle ne l'avait pas vu. Il s'était caché sans doute… Et elle-même avait été fort occupée, ne put s'empêcher d'ajouter Ellie, avant de se taire sous le regard réprobateur de Londubat. Lorsque Millicent avait retrouvé son chat, un moment plus tôt, dissimulé sous son lit, les plaies s'étaient infectées. Et c'était comme si on l'avait écorché vif. Bulstrode éclata en sanglots.

Le chat gémissait faiblement entre les pattes d'Hagrid. Le professeur de Soins le reposa sur la table d'un air perplexe. Il gratta sa barbe embroussaillée.

- Vous savez quoi, Professeur Londubat… Cette histoire ne sent pas bon du tout… Vous voulez que je vous dise ?

- Magie Noire, Hagrid ? répondit Algie Londubat en souriant. Oui, vous avez raison.

Hagrid se frotta la barbe de plus belle.

- Je dis que c'est un sortilège qui a fait ça… Et sacrément bien lancé, si vous voulez mon avis… parce qu'il faut en vouloir à cette pauvre bête pour avoir un tel résultat… !

Bulstrode releva la tête, McGregor sa baguette, Algie Londubat ses deux mains entre les deux jeunes filles.

- Un seul mot et je vous envoie au cachot toutes les deux ! Bien, Hagrid… Je pense que c'est un sortilège de Desquamation qui a fait cela. Je veux juste que vous me confirmiez le diagnostic, car je n'ai jamais vu les conséquences de ce sort sur un animal. Je lèverai le sortilège et vous pourrez soigner ce chat afin que Miss Bulstrode puisse retrouver sa sérénité coutumière.

- Desquamation ? fit Hagrid. Je dirais ça aussi… parce que ça ressemble à la gale des écailles… Regardez, il y a du pus… C'est le même effet quand les écailles sautent à cause des boursouflures… Quand j'étais enfant, dans mon village, il y avait une bande de jeunes gens –un peu tracassés, si vous voyez ce que je veux dire – qui s'amusaient à écorcher les chiens errants de cette manière et à les pendre aux lampadaires… C'était une infection dans tout le village. Le maire a même du prendre un arrêté pour interdire ce genre de pratique… Il faut dire qu'à l'époque, la magie noire n'était pas aussi contrôlée qu'aujourd'hui…

- Hagrid ! fit Harry. C'est écoeurant !

- Oui parfaitement écoeurant ! répéta Bulstrode livide.

- Tu as l'estomac bien sensible soudain, se moqua Ellie McGregor. Tu m'avais l'air moins délicate hier soir quand tu lançais tes sortilèges interdits sur tes propres condisciples…

Le teint de Bulstrode vira au glauque. Harry se pencha vers l'oreille d'Ellen pour lui conseiller de se taire. Algie Londubat esquissa un sourire qu'il réprima aussitôt. Hagrid ne faisait aucune attention à eux. Il fouillait dans son bazar pour trouver de quoi nettoyer les plaies à vif. Il interpella la fille de Serpentard.

- Trois jours, tu dis, Bulldog… Je sais pas si je pourrais faire grand-chose…

Millicent se mit à sangloter entre ses mains.

- Bulstrode… corrigea-t-elle, la voix étranglée.

- Hein ? fit Hagrid revenu auprès du chat. Bulstrode ? J'ai toujours cru… Enfin… Ensuite il faudra demander à Severus Rogue qu'il nous concocte un… oh… je veux dire…

- Je le ferai ! se hâta d'interrompre Algie Londubat alors que les mains de son collègue commençaient à trembler dangereusement. Vous pensez qu'un onguent de cicatrisation suffira ?

Hagrid se contenta de hocher la tête.

- Mais avec double dose de sang de dragon… et il faudra du temps. Je le garderai avec moi le temps des soins… Ça me fera une occupation… Faut me changer les idées un peu… pour plus penser à… tout ça…

- Non ! s'écria Bulstrode. Je ne veux pas que mon Asphodèle reste dans cette… cette…

Elle regardait autour d'elle effarée.

- Et que crois-tu qu'il risque ? demanda sèchement McGregor. La pire des choses qu'il puisse lui arriver c'est de guérir assez vite pour retrouver son idiote de maîtresse…

Harry saisit son manteau, celui d'Ellen et l'entraîna par la manche de sa robe vers la porte. Il poussa son amie dehors et referma la porte derrière lui.

Il tendit son manteau à Ellie et décida qu'il était temps de rentrer au château. Ils prirent le sentier qui les éloignait de la cabane d'Hagrid. Arrivés à la bifurcation, ils hésitèrent. Ellie s'engagea vers le chemin qui menait aux jardins. Harry la retint par main.

- On passe par le parc ? demanda-t-il. C'est un peu plus long.

Elle haussa les épaules.

- Je suppose que tout le monde a pris l'habitude de nous voir ensemble à présent, murmura-t-elle.

Elle rabattit son écharpe autour de son cou et leva la tête vers le ciel déjà assombri par la tombée du soir.

- Tu crois qu'il va neiger ? demanda-t-elle.

- Pourquoi ? s'amusa Harry.

- J'ai envie de faire un bonhomme de neige, et de lancer des boules de neige sur Weasley et Londubat… le neveu, pas le professeur… Quoi que… Et puis se serait amusant de glisser des glaçons dans le col de ton manteau. On ferait une bataille de boules de neiges et on aurait une excuse pour bombarder Malefoy et ses crétins de salamandres.

Elle montra du bras le lac qui miroitait au loin :

- Et j'aimerai aussi faire du patin à glace sur le lac gelé… et danser avec toi au bal de Noël. J'adore Noël quand il y a de la neige… On allume le feu dans la cheminée et tout plein de petites bougies pour chasser les ténèbres… Tu n'as jamais allumé les bougies de Noël ?

Harry haussa les épaules. Elle marchait devant lui, l'entraînant sur le chemin.

- Tu sais, Noël, Pâques ou la Saint Glinglin… pour moi ce n'étaient jamais que des jours comme les autres…

Elle s'arrêta juste devant lui, l'empêchant soudain d'avancer.

- Alors je vais dire à mon père que je veux rester ici pour les vacances et nous passerons Noël ensemble. De toutes façons, je n'ai pas très envie de fêter Noël au château cette année. Trop de mauvais souvenirs…

Elle baissa le ton presque malgré elle. Harry resserra un peu le cache col autour du cou d'Ellen. Il se racla la gorge.

- Oui, mais au moins toi tu as des souvenirs, murmura-t-il.

Il passa ses doigts sur la joue de la jeune fille.

- Hé ! McGregor ! fit-il sur un ton qu'il essayait enjoué. Ne serais-tu pas en train de tenter de noyer le poisson ? Tu voudrais me faire oublier que nous devons trouver Hermione pour soigner tes blessures de guerre…

Elle se mit à rire, d'un rire mouillé de larmes retenues.

- Quelles blessures ? Tu vois des blessures, toi ?

- Il y a une chose que tu ignores, au sujet des sortilèges d'illusions… quand on sait ce qu'ils cachent, ils ne sont plus aussi efficaces…

Ellen leva les yeux vers lui lentement et le regarda au travers du rideau brun de ses cils. Elle eut un sourire énigmatique.

- Tu lis dans les esprits… Tu es insensible aux illusions… L'ancienne magie n'a plus de secrets pour toi… Tu sais que tu deviens dangereux, Potter… Très dangereux même, si je compte tout ce que je ne sais pas encore… En plus d'être un excellent joueur de Quidditch au charme… incontestable…

Harry se mit à rougir malgré lui.

- Ellen… commença-t-il déjà gêné.

- C'est pourtant vrai… tu ne me feras pas croire que tu n'as pas remarqué comme cette grosse truie de Bulstrode te lorgne chaque fois que tu es à portée de son regard lubrique…

Cette fois, Harry éclata de rire.

- Franchement, Ellen…

- Je suis très sérieuse ! Pourquoi crois-tu qu'elle me déteste autant ?

- Parce que tu es détestable ? Et pourquoi crois-tu qu'elle me déteste autant, moi ?

- Parce qu'elle sait qu'elle n'a aucune chance avec toi… et qu'elle est mauvaise comme une teigne, alors elle veut que personne ne t'ait si elle ne t'a pas… Et tu sais quoi ? je crois que c'est le seul point commun que je peux avoir avec elle…

- A part d'être à Serpentard, persifla Harry.

- Tut tut Potter… Moi je suis une Serpentard. Elle, c'est une saleté de salamandre, mets-toi bien ça dans le crâne, espèce de Gryffondor borné…

Elle reprit sa place à côté d'Harry et ils continuèrent à marcher vers le perron du château. Harry mit la main sur la porte et serra ses doigts sur ceux d'Ellie.

- Prête ? murmura-t-il.

- Depuis bien plus longtemps que toi… assura-t-elle.

Ils entrèrent dans le Grand Hall. Colin Crivey leur sauta dessus. Ellie vérifia qu'il n'avait pas son appareil photo avant de lui demander ce qu'il leur voulait.

- Vous connaissez la nouvelle ?

- Laquelle ? demanda calmement Harry. Celle qui concerne le nom du nouveau professeur de potions ? Ou celle qui regarde le chat de Bulstrode ?

- Non, celle qui concerne le couvre feu et les matches de Quidditch ! vous trouvez pas que c'est du chantage ! parce qu'en plus ces fichus salamandres se moquent complètement du couvre feu et des matches de Quidditch… et qu'ils sont bien capables de faire exprès de… Qu'est-ce qui est arrivé au chat de Bulstrode ?

Puis il baissa les yeux sur la main de McGregor dans celle d'Harry, et détala en hurlant : « Dennis ! T'avais raison ! »

- Bienvenue sur Radio-Couloirs ! Souris, Potter, nous allons nous retrouver sous les projecteurs…

- Comme d'habitude, McGregor.

- Et attends donc qu'on nous ait vu patiner ensemble sur le lac gelé…

Ils s'approchèrent du grand escalier et gravirent du même pas les premières marches.

- Tu ne trouves pas que je fais assez de choses dangereuses sans cela ? se moqua Harry qui tâchait d'ignorer les quelques regards ahuris qu'ils croisaient.

- Hep là ! vous deux !

Harry et Ellen levèrent la tête en même temps vers la voix de Ginny qui les interpellait ainsi. Sa tête rousse dépassait de la rampe du deuxième étage.

- Vous pourriez vous dépêcher un peu ! Vous savez depuis quand je vous attends ?

- Tu nous attends ? s'étonna Harry.

- Hermione m'a envoyée vous chercher…

Harry et Ellen gravirent les dernières marches qui les séparaient de Ginny.

- Si elle t'a envoyée nous chercher, pourquoi nous attends-tu ? continua à s'étonner Harry.

Ginny leva les yeux au ciel.

- Parce que les Weasley ont peut-être une réputation de gros lourdingues mais moi je suis l'exception qui confirme la règle… Bon, vous avez fini de roucouler ? Allez hop ! les choses sérieuses maintenant. Je vous préviens Hermione est d'une humeur de dragon…

- Qu'est-ce que ton frère lui a dit ? se moqua Ellie McGregor.

- Rien… Justement, c'est ce qui m'inquiète… Si même Ron est capable de comprendre qu'il vaut mieux y aller avec des pincettes, vous imaginez dans quelles dispositions d'esprit elle peut être…

Harry fit une grimace comme Ginny poussait la porte du laboratoire. Ils s'engouffrèrent dans la pièce où les attendaient déjà, Neville et Ron. Hermione se tourna vers eux, fort contrariée.

- Ce n'est pas trop tôt ! s'exclama-t-elle. Nous n'avons pas de temps à perdre. Nous avons des tas de choses à voir et discuter…

Harry s'avança avec un sourire.

- Tu as raison, Hermione, dit-il pour l'amadouer. D'ailleurs, en voici une de très urgente…

Il tira sur la main de McGregor pour la faire venir jusqu'au devant de la Préfète en Chef, et tendit le dos de la main de la jeune fille vers Hermione.

Celle-ci baissa un œil étonné sur la main d'Ellen. Elle se saisit vivement du poignet offert. Ellie poussa un cri de douleur et lança un regard furibond sur Harry.

Déjà Hermione examinait la blessure. Quand ? Où ? Comment ? Qui ? Et pourquoi ? en trente secondes elle avait déjà fait mille questions auxquelles McGregor se gardait bien de répondre.

- On s'en fiche ! répliqua avec humeur la Préfète de Serpentard. Qu'est-ce que ça peut faire ? Donne-moi quelque chose à mettre dessus vite fait et qu'on passe à autre chose.

Hermione rendit sa main à Ellen.

- Non.

Il y eut un silence. Tous les yeux étaient fixés sur elle.

- Non ? fit Harry interloqué.

Neville n'osait ouvrir la bouche. Ron était livide. Ginny fronçait les sourcils.

Ellen descendit la manche de son manteau sur son poignet.

- Bien, fit-elle, alors passons tout de suite à autre chose.

- Non. Refit Hermione. Tu vas aller tout de suite trouver Madame Pomfresh…

- Pas question ! scanda McGregor.

- …pendant que j'irai chercher le Professeur Londubat, continua Hermione comme si elle n'avait pas été interrompue.

Harry reprit la main d'Ellie comme si la tenir dans la sienne pouvait atténuer ce qu'allait dire Hermione.

- Magie Noire ? demanda-t-il avec angoisse.

- Sortilège de Desquamation, répondit Hermione. Madame Pomfresh en a trois cas dans son infirmerie. Tu es le quatrième, Ellie. A un stade peu avancé, tu as de la chance. Mais il ne faut pas attendre. Et surtout ne te grattes pas.

Ellie retint sa main gauche qui s'avançait vers sa main droite. Harry était livide. Il avait en tête l'image du chat de Bulstrode… Il croisa le regard d'Ellen, et sentit qu'elle luttait contre la panique.

- Londubat est chez Hagrid, dit-elle sans quitter les yeux d'Harry.

- Et tu ne lui as pas montré ta blessure ? s'inquiéta Hermione.

- Je ne suis pas une créature magique ! s'offusqua Ellie.

Elle se tourna vers Ron qui pouffait dans son coin.

- La ferme, Weasley ! s'exclama-t-elle la voix tremblante d'un sanglot.

Ron se leva, un peu pâle.

- Désolé, dit-il. Je vais chercher Algie Londubat.

- Je viens avec toi ! déclara Neville.

Ils sortirent précipitamment de la pièce. Ellen frissonna brutalement. Harry la ramena vers lui, de son bras sur son épaule.

- Je t'emmène chez Pomfresh, décida-t-il.

Et elle se laissa faire.