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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.


Merci à tous pour vos encouragements et vos commentaires. C'est aussi un plaisir pour moi que de répondre à vos questions… autant que de lire vos reviewes… J'espère pouvoir revenir bientôt à un rythme plus satisfaisant pour tout le monde…


Chapitre 144

Sur une Poudrière…

Le dimanche matin, Harry se leva très vite, passa dans la salle de bains comme un éclair, et descendit dans la salle des Quatre Maisons bien avant l'heure du déjeuner. Il se mit en faction devant la porte et commença à trouver le temps long au bout d'un quart d'heure d'attente.

Enfin, elle apparut au fond du couloir qui venait des cachots. Elle n'était pas seule. Elle avait autour d'elle la moitié des Serpentard. Et Peeves flottait au-dessus de la petite troupe. Elle sourit à Harry qui l'attendait devant la salle des Quatre Maisons et fit entrer les jeunes gens dans le réfectoire. Sans s'occuper de Peeves qui la suivait comme son ombre, elle vint vers Harry. Il prit sa main pour l'entraîner vers l'infirmerie. Ellen le retint dans le couloir.

- Je suis déjà allée voir Madame Pomfresh…

- Mais tu avais dit que tu m'attendrais…

Il ne savait s'il était déçu ou irrité.

- Non, Harry, moi je n'ai rien dit…

Les marques sur son visage s'estompaient. Elle avait l'air fatigué cependant malgré son sourire.

- Je suis déjà allée chez Madame Pomfresh, mais tu peux m'accompagner chez les Préfets, si tu veux…

Harry jeta un œil sur Peeves qui, les bras croisés, attendait visiblement que la Préfète de Serpentard bougeât.

- Pour quoi faire ? Tu as déjà ton escorte désignée…

Ellie se mit à rire. Elle décoiffa les cheveux d'Harry d'un geste moqueur.

- Ne sois pas fâché… Ce n'est pas amusant d'aller chez Madame Pomfresh… et puis j'avais plusieurs dispositions à prendre…

- Lesquelles ? La coupa Harry, avec humeur.

Ellie reprit d'un air sérieux.

- Ecoute, Harry… Je n'ai pas très bien dormi hier soir non plus et j'ai du me lever tôt à cause de ça !

Elle leva sa main bandée dans un geste agacé.

- Je ne suis pas de très bonne humeur mais j'essaie de faire contre mauvaise fortune bon cœur. Je ne tiens pas plus que cela à ce que ça ! -et elle leva à nouveau la main sous le nez du jeune homme – devienne ma préoccupation première, ni la tienne. Alors si tu es toi-même d'humeur chagrine autant en rester là. Tu n'auras qu'à me faire signe quand tu seras dans de meilleures dispositions…

Elle tourna les talons et se dirigea d'un pas vif vers le fond du couloir. Peeves fit une grimace à Harry et observa d'un œil intéressé la jeune fille qui s'éloignait.

- Je me demande sous quel angle elle est plus agréable à regarder, fit-il. De face, ce n'est pas mal, mais je crois que je préfère son côté pile…

Il dessina dans l'air la silhouette de la préfète. Harry grinça des dents.

- Et qu'est-ce que tu fais de Malefoy ? essaya-t-il.

Mais Peeves se mit à rire.

- Les ordres du Baron sont les ordres du Baron, Petit Potter… Et pour une fois qu'ils sont plaisants à suivre… De toutes façons, Malefoy, y a pas moyen de le prendre en faute… Y a toujours quelqu'un pour l'empêcher de faire LA bêtise qui me permettrait de le coincer… Et puis, il a déjà des tas de casseroles aux fesses…

Il fit un signe d'au revoir à Harry et disparut pour réapparaître aux pieds des escaliers qu'Ellie s'apprêtait à prendre.

Harry se décida brusquement. Il courut jusqu'au Grand Hall et monta quatre à quatre les marches qui le séparaient d'Ellen.

La jeune fille ne fit aucun commentaire. Elle se contenta de sourire, de son sourire moqueur. Peeves les suivait en sifflotant. Harry lui montra sa joue bleuie.

- Pas de sortilèges de Coquettes, ce matin ?

- Si, pourtant ! fit Ellen.

Elle soupira.

- Bien… je n'ai plus qu'à coincer Granger pour qu'elle me donne quelque chose de plus efficace que des sorts d'illusion… Et arrête ça ! Peeves ! C'est agaçant à la fin…

Peeves cessa de siffler pour se mettre à caqueter.

- Va voir ailleurs si j'y suis ! cria Ellen. Fiche-nous la paix…

- Le Baron… commença Peeves.

- Au diable le Baron ! s'exclama Ellen. Et au diable mon aïeul ! Qu'avait-il besoin de trucider un homme de sa trempe ?

- Si cela n'avait été lui, ç'eût été un autre…

Peeves, Harry et Ellen se tournèrent sur le palier du cinquième étage. Le Baron Sanglant se trouvait devant la porte de la salle des Préfets, les bras derrière le dos, en compagnie du Moine Gras de Poufsouffle.

- Et je préfère que ce fût lui. Vous savez pourquoi…

Il glissa un œil entendu vers Ellen.

- A propos, ajouta-t-il sur un ton plus léger, il semblerait que vous ayez hérité du goût pour le complot de votre ancêtre, jeune fille…

Elle pâlit un peu. Le Moine Gras fronça les sourcils. Peeves se mit à caqueter d'un air intéressé. Harry n'osa se faire remarquer. Il n'en pensait pas moins, cependant.

Le Baron montra le trou dans son habit au niveau du cœur.

- Nous conspirions ensemble, dit-il encore. Et celui-là je ne l'ai pas vu venir. Prenez garde, vous risquez de tomber un jour sur plus conspirateur que vous… Peeves, retourne à tes occupations… Miss McGregor a déjà un chevalier servant, à ce qu'il apparaît.

Peeves ricana tout en adressant une grimace à Harry qui rougissait.

- Peeves… insista le Baron. Si tu tiens à jouer les sentinelles, va donc le faire dans les quartiers des Serpentard…

Peeves finit par disparaître dans un caquètement crispant.

- Vous perdez de votre autorité, Baron, soupira le Moine Gras. Vous n'auriez pas du lui demander de vous aider à maintenir l'ordre chez les Serpentard…

- Vous avez sans doute raison, Frère Théobald… Mais que pouvais-je faire d'autre ?

Le Baron s'inclina devant Ellen, le Moine Gras lui adressa un sourire et ils partirent tous deux par le plancher du couloir.

- Quelle conspiration ? voulut savoir Harry dès qu'ils se trouvèrent seuls devant la porte de la salle des Préfets.

- Mais ne t'inquiète donc pas comme ça ! se mit à rire Ellen. Tu as bien remarqué que le Baron a l'air d'apprécier les petits arrangements que j'ai pris…

- Tu as mis au point une vengeance contre Wilford ? C'est ça ? Dis-le-moi !

Elle sourit froidement.

- Tu crois que j'allais le laisser s'en sortir comme ça ?

- Qu'est-ce que tu lui as fait ?

Le sourire d'Ellen s'élargit.

- Mais si je te le dis… ce ne sera plus une surprise. Au fait, tu ne m'as pas dit bonjour, aujourd'hui.

Elle lui donna un baiser sur ses lèvres juste au moment où la porte du bureau des Préfets s'ouvrait.

Ron leur adressa un bonjour taquin. Ellen entra chez les Préfets. Harry resta dans le couloir, son meilleur ami en face de lui qui n'allait pas tarder à lui taper sur les nerfs.

- Ça va Ron ! ronchonna Harry.

- J'ai rien dit ! se défendit Ron en riant.

- Mais tu le penses si fort que je n'ai pas besoin de légilimancie pour savoir ce que tu as dans le crâne !

Ron secoua la tête.

- Faites attention tous les deux, conseilla-t-il néanmoins. Il ne faudrait pas qu'Hermione vous surprenne. Elle est d'une humeur atroce ce matin encore.

Harry se calma.

- Oui, murmura-t-il. Il semblerait que tout le monde soit à cran en ce moment.

Ron s'appuya sur la rampe de l'escalier, plus sérieux lui aussi.

- Tu as passé une autre mauvaise nuit ? demanda-t-il. Moi, j'ai très mal dormi. Je n'ai fait que des cauchemars.

- Toujours le même ? questionna Harry.

Ron hocha la tête. Il montra du menton la porte qu'Ellie avait refermée sur elle.

- Hermione m'a dit qu'il fallait lui trouver une place sur l'échiquier… Tu veux que je la mette où ?

Harry soupira. Son cœur battait un peu plus vite.

- On en reparlera, veux-tu…

Ron haussa les épaules.

- Je ne veux pas me mêler de ce qui ne me regarde pas… commença-t-il, mais puisque tu me demandes mon avis…

Harry glissa vers lui un regard goguenard.

- Si tu ne lui fais pas une place, poursuivit le jeune Weasley, elle est capable de se la faire toute seule…

Harry tordit son nez et sa bouche.

- Et qu'est-ce que tu me conseilles ? hasarda-t-il.

- Elle est douée aux échecs, rappela Ron. Et de bon conseil en ce qui concerne la stratégie… même si je ne suis pas toujours d'accord avec ses méthodes et ses conclusions. Ce doit être une question de point de vue, sans doute… Et il peut être intéressant d'avoir plusieurs angles d'approche. Bien sûr, ce que j'en dis ne tient absolument pas compte du facteur émotionnel. Mais tout de même, il n'y a pas que le cœur dans la vie…

Harry ouvrit sur son ami des yeux éberlués.

- Tu essaies de te convaincre toi-même ? demanda-t-il.

Ron haussa à nouveau les épaules. Il se tut quelques minutes. Puis il reprit.

- Tu sais, Harry, je crois que nous avons laissé plus que ce que nous croyons au fond de ces fichus souterrains…

- Sans doute… murmura Harry.

Il remonta ses lunettes sur son nez, un peu mal à l'aise. Ron fixait le mur droit devant lui, sans paraître le voir.

- Et moi, je crois que j'y ai perdu Hermione…

Harry n'eut pas le temps de se récrier. Un appel se fit entendre depuis le fond du couloir. Les deux Gryffondor levèrent la tête vers Malone qui les saluait de loin. Il s'avançait vers eux, à pas lents, un bras contre ses côtes, mais le visage content.

- Pas fâché d'être sorti de cette infirmerie de malheur ! s'exclama-t-il comme les deux amis s'avançaient pour lui serrer la main.

Et comme Ron s'inquiétait de lui, il avoua que ce n'était pas encore la grande forme mais qu'il n'en pouvait plus de rester enfermé chez Madame Pomfresh. Il grimaça quand Harry lui demanda s'il serait prêt pour le match de la semaine suivante.

- Pas de Quidditch avant un moment, c'est sûr… grogna-t-il. Ha ! si je tenais celui qui m'a lancé ce damné sortilège… Mais t'inquiète pas Harry… Je serais peut-être pas sur le terrain, mais mes Dragons ne feront qu'une bouchée des Salamandres… surtout s'ils sont amputés de la moitié de leur équipe.

A ce moment, Ron donna un coup de coude à Harry et toussota dans son poing. Harry et Malone tournèrent la tête vers les escaliers. Malefoy arrivait, accompagné de deux ou trois camarades. Harry ne vit que Wilford, ses cheveux blonds bouclés et son nom brodé sur sa robe quand il passa près de lui. Une colère sans nom monta de son cœur à sa gorge. Les Salamandres s'arrêtèrent sur le pas de la porte de la salle des préfets, attendant nonchalamment leur chef qui venait d'y entrer. Harry sentit un second coup de coude dans côtes. Il tourna les yeux vers Malone.

- Qu'est-ce qu'il t'a fait ? demanda ce dernier avec un sourire curieux.

- A moi ? Rien, répondit sourdement Harry.

Et soudain, il se sentit soulagé. Si Wilford était là, à leur lancer des regards pleins de morgue, c'était qu'Ellen n'avait encore rien tenté contre lui. Avec un peu de chance, il pourrait empêcher que cela n'arrivât. Il collerait aux semelles d'Ellen et il l'empêcherait de se faire renvoyer à cause de ce…. Sale môme aux airs d'enfant gâté… qui s'imaginait être plus fort que tous… Oui, c'était bien cela. Il était fier d'être auprès de Malefoy, à présent que la place des deux Trolls était libérée. Il était fier de ne pas être parmi ceux qui s'étaient fait prendre. Il était très fier de lui-même. Il tenait sa baguette à la main, comme pour montrer qu'il pouvait encore s'en servir et qu'il s'en servait bien… La colère à nouveau envahit Harry et le désir violent de se jeter sur lui pour briser cette baguette et cette arrogance insupportable.

La porte du bureau des Préfets s'ouvrit. Hermione et Ellie se présentèrent sur le seuil. Les Salamandres ne bougèrent pas, bloquant le passage, ignorant les jeunes filles.

- Hé ! fit Ron sur un ton peu amène.

Il s'avança vers les garçons, le regard sombre.

- Vous êtes Préfets ? demanda-t-il sans amabilité. Alors vous n'avez rien à faire ici. Circulez !

Mais les Salamandres ne bougeaient pas. Ellie McGregor se mit à rire et tous se tournèrent vers elle.

- Laisse donc, Weasley… Ils ont décidé qu'ils n'obéiraient pas aux ordres d'un Gryffondor…

Elle sortit sa baguette.

- Mais moi, je suis une Serpentard, et Préfète…

Elle s'avança, sa main bandée levée. Wilford ne quittait pas le pansement des yeux, un sourire narquois sur les lèvres. Harry avait envie de lui arracher les yeux. Ellen cependant n'accordait à l'attrapeur remplaçant des Salamandres aucun regard.

Les garçons s'écartèrent. Hermione et Ellen passèrent sans un mot. Malone fit un clin d'œil à Ellie.

- Pourquoi la Préfète de Serpentard n'a-t-elle pas menacé ses condisciples d'une retenue ? demanda-t-il en riant.

- Une retenue ? fit-elle assez haut. Faut vraiment être un Poufsouffle pour craindre ce genre de choses.

Elle baissa la voix et se pencha vers Malone.

- Et qui te dit que je ne les ai pas menacé ?

Elle lui rendit son clin d'œil.

- Alors, reprit-elle. Qu'est-ce que tu faisais, avant-hier soir, étendu sur les marches du grand escalier alors que tout le monde se battait ? Tu tirais au flanc, hein, Malone ?

Le jeune homme fit une grimace. Il serra son bras contre ses côtes.

- Je te le dirai à la table du déjeuner, proposa-t-il. Il faut vraiment que je trouve à m'asseoir…

Hermione demanda au Poufsouffle s'il avait pris ses remèdes ce matin. Il répondit que Madame Pomfresh n'avait quitté le chevet de son lit que lorsqu'elle avait été certaine qu'il avait avalé toutes ses potions. Il fit une horrible grimace.

- Tu as de la chance, Larry, précisa Hermione. Moi, il m'a fallu dix longues journées, il y a deux ans, pour me remettre d'un sortilège de ce type. Et des tas de potions toutes plus écoeurantes les unes que les autres… Ne te fatigue pas trop quand même… Et si tu espères reprendre bientôt le Quidditch… Je ne voudrais pas te faire de peine, mais je doute que tu remontes sur un balai avant la fin de l'année…

Malone pâlit brusquement.

- Tu veux parler de l'année civile…

- Oui, bien sûr… répondit Hermione le plus naturellement du monde.

Malone poussa un long soupir soulagé.

- Ha ! fit-il en se tenant les reins. J'ai cru que tu parlais de l'année scolaire… Je pourrais jamais tenir sans Quidditch jusqu'en juin moi !

Il y eut un silence tandis qu'ils descendaient les escaliers au rythme de Malone.

- Me demande quand même… grommela Ron sans terminer sa phrase.

- Tu te demandes quoi ? insista McGregor, ironique.

Ron lui jeta un coup d'œil sceptique.

- Me demande comment vont s'en sortir les Salamandres… Je veux dire que Malefoy va avoir du mal à trouver ses joueurs maintenant… La moitié de son équipe est consignée. Il ne reste que lui, et les quatre babouins qui bloquaient la porte… et encore ! Wilford est attrapeur aussi…

Harry ne put s'empêcher de regarder Ellie en coin. Le sourire qui naissait sur les lèvres de la jeune fille ne lui disait rien de bon.

- Il y a Sherwood aussi, ajouta-t-elle. Le gardien remplaçant. Il n'a pas joué encore. Il était malade le jour du match entre les équipes secondes.

- Cela fait six, compta Malone. Il n'a plus qu'à recruter un nouveau joueur… Ça l'obligera à jouer chaque match, mais il peut s'en sortir comme ça…

Le sourire d'Ellie s'accentua.

- On verra, murmura-t-elle.

- Le problème, continua Malone sans paraître entendre la jeune fille, c'est qu'on a beau vouloir voir disparaître les Salamandres des terrains, sans eux plus de championnat…

Ron soupira comme pour donner son assentiment.

- Chaque chose n'existe que par son contraire, dit Hermione.

- Que veux-tu dire ? demanda Malone. Que tout n'est qu'une question d'opposition ?

- Non, répondit Hermione. C'est une question d'équilibre… Un équilibre fragile entre chaque chose et son contraire.

A nouveau un silence s'installa entre les jeunes gens. Malone haussa les épaules.

- Tu ne peux jamais parler clairement ? se décida-t-il enfin à dire.

Hermione leva les yeux au ciel.

- Ça veut dire qu'il faut de tout pour faire un monde ! répondit McGregor en riant.

Elle tourna les yeux vers Harry et lui sourit.

- Et c'est heureux…

Ils arrivèrent enfin au réfectoire où Malone fut accueilli comme un héros par ses camarades. Les Dragons s'approchèrent vivement pour lui témoigner leur contentement de voir enfin leur capitaine sur pieds. La vedette cependant lui fut volée presque aussitôt par l'arrivée de Justin Finch-Fletchey.

Il y eut d'abord un silence. Tous les regards étaient posés sur la joue abîmée du jeune homme. Justin essayait de jouer les indifférents. Son sourire était néanmoins forcé et le ton enjoué avec lequel il salua ses amis ne paraissait pas naturel. Susan semblait au bord des larmes chaque fois qu'elle levait les yeux sur le visage de son fiancé. Harry sentit son cœur se serrer tandis que Ron évitait de regarder Justin. La joue du jeune homme de Poufsouffle portait une trace brunâtre, jusqu'à la tempe, comme une brûlure mal cicatrisée. Les bords en étaient noirs et la peau s'écaillait encore au centre de la blessure. Harry baissa les yeux sur Ellen et celle-ci détourna le regard. Elle montra sa main bandée à Justin et lui sourit.

- Toi, moi… et qui encore ? Il parait que nous sommes quatre à avoir subi ce sortilège… Qui sont les autres ?

- Seamus, répondit Hermione très sérieusement. Il a été touché au front, assez légèrement je dois dire… Il doit en avoir la marque mais ce n'est pas aussi… spectaculaire que chez Justin…

Elle fit un sourire d'excuse au jeune homme.

- Finnigan… murmura Ellie avec une moue ironique. Cela va lui faire un sujet de conversation… Et qui est le quatrième ?

- Green, répondit Hermione après une seconde d'hésitation.

Il y eut d'abord un silence étonné. Puis :

- Green ?

- David Green ?

- Celui qu'Harry a jeté dans le lac l'année dernière ?

- Mais… Non ! Il s'y est jeté tout seul !

- Mais il n'a pas participé à la bataille… termina Ellie McGregor les sourcils froncés. On l'a cherché partout quand on s'est aperçu qu'il manquait à l'appel. Reggie l'a trouvé planqué sous son lit… Il a du le menacer d'aller chercher le professeur Dumbledore pour le faire sortir. Il était mort de trouille…

- Sa blessure ne date pas d'avant-hier, admit Hermione. Et en effet c'est Reggie Grayson qui l'a amené à Madame Pomfresh hier matin. Green portait des impacts sur les mains et à la tête. Rien de très important mais assez nombreux, et surtout, ils dataient de quelques jours… C'est pourquoi il est toujours à l'infirmerie… Le professeur Londubat a eu du mal à déjouer le sortilège. Ou plutôt les sortilèges… En magie noire, le délai est d'importance. Et plus on attend pour lancer le contre sort, plus la guérison est lente…

- Mais je n'ai pas vu Green à l'infirmerie quand je suis allée me faire soigner… dit Ellie pour interrompre la conférence de la Préfète en Chef.

Hermione soupira et leva les yeux au ciel.

- Il s'enferme derrière son rideau, murmura Susan Bones. Il ne veut voir personne et il avait l'air de craindre les Salamandres hospitalisées comme la peste.

- Ça se comprend, répondit Harry très sérieux. D'après vous, qui lui a balancé de tels sortilèges ?

- Justement, reprit Hermione soucieuse, il n'a rien voulu dire…

- Il a peur ! répéta Ron.

Les regards de la table des Poufsouffle se tournèrent vers McGregor. La jeune fille semblait plongée dans ses pensées. Elle hocha la tête cependant et son visage se fit plus farouche. Elle parut s'apercevoir de l'attention qu'elle suscitait et haussa un sourcil sarcastique.

- Le premier qui dit « bonjour l'ambiance chez les Serpentard… » je le réduis au silence pour un bout de temps… Et je me fiche des conséquences…

Personne n'eut le temps de répondre. Le pas lourd d'Hagrid retentit à la porte de la Grande Salle. Il fit un signe de la main à Harry et ses amis et s'avança vers eux. Il sourit à Ellie.

- Hem… fit-il. Vous allez bien ? Desquamation ?

Il montrait la joue de Justin qui baissa la tête. Puis il se retourna sur Ellie McGregor.

- Et toi ? tu vas mieux ? demanda-t-il. Ah si je connaissais les noms de ceux qui ont fait ça, ils passeraient de sacrés quart d'heure, croyez-moi…

Il avait l'air sérieusement remonté. Harry eut un pressentiment.

- Et le chat de Bulstrode ? questionna-t-il avec inquiétude.

Hagrid soupira.

- Ai fait ce que j'ai pu… Mais c'était vraiment tard… Trop tard… Fallait me l'amener plus tôt… peut-être que j'aurais pu le sauver… Enfin… C'est quand même barbare de s'en prendre à des animaux sans défense comme ça… Si je mettais la main sur les saligauds qui ont fait ça…

- Elle le sait ? le coupa Harry brusquement. Bulstrode ? Elle sait que son chat est mort ?

- Hein ? Oh ! Oui… Enfin, je crois… Je l'ai dit au Professeur Londubat et il devait lui annoncer la nouvelle…

Le demi-géant haussa les épaules.

- Va avoir beaucoup de peine, la pauvre petite…

Il refit un signe de la main à la table des Poufsouffle et repartit d'un pas traînant vers la table des Professeurs où attendait déjà le professeur Flitwick…

- La pauvre petite… la pauvre petite… marmonna Malone. Franchement Bulstrode, c'est bête pour son chat, mais j'arrive pas à la plaindre…

Ron renchérit et Susan fit une grimace pour approuver les garçons. Hermione ne chercha pas à les reprendre. Elle regardait Harry attentivement, qui lui-même fixait Ellen avec inquiétude.

- Elle va être folle de rage, finit par dire le jeune Potter d'une voix blanche.

- Oui… murmura Ellen sur le même ton.

- Tu seras prudente ? insista Harry. Tu devrais peut-être renoncer à t'asseoir chez les Serpentard… Elle est capable d'oublier qu'elle est consignée et qu'elle risque l'exclusion…

- Hein ? fit Ellen. Oh non… je ne peux pas… Il faut que tienne ma place à la table de ma Maison… Plus que jamais… et puis ne t'inquiète pas pour Bulstrode. Elle ne me fera pas de mal…

Elle sourit, mais son sourire n'était pas aussi assuré que d'ordinaire.

- Mais tu as raison, reprit-elle. Il faudra avoir l'œil sur Bulstrode…

Elle adressa un sourire rapide à ses camarades et partit vers la table des Serpentard. Hermione se rapprocha d'Harry.

- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle.

Harry remonta ses lunettes sur son nez, le regard fixé sur le dos d'Ellen. Il secoua la tête.

- Des problèmes en perspective… assura-t-il.

Et comme pour confirmer ses dires, Malefoy se présenta sur le seuil de la porte avec ses nouveaux amis. Harry toutefois nota l'absence de Nott à ses côtés. Le jeune homme en effet arriva un peu plus tard. Il prit place à la table en vert et argent sans s'inquiéter des pleurs de Bulstrode qui troublaient le silence des Serpentard.

La jeune fille était arrivée en compagnie du professeur Londubat, peu après ses camarades. Au grand soulagement d'Harry elle n'avait accordé aucune attention à Ellen. Elle semblait abattue et sa fureur hystérique de la veille avait disparu.

Ellen affichait un visage fermé. Elle évitait la table des Gryffondor.Juste après Nott, Reggie Grayson fit son apparition en compagnie de Green qu'il accompagnait. Il poussait presque son camarade qui manifestait une appréhension presque tangible. David Green portait des bandages aux mains et à la tête. La peur émanait de lui. Une peur qu'il ne pouvait cacher. Harry la ressentait violemment. Aussi sûrement qu'il ressentait la colère d'Ellen, même à cette distance. Elle fronçait les sourcils de plus en plus souvent au fur et à mesure que le temps passait.

Harry se tourna vers Hermione, jetant au passage un regard sur Seamus qui arborait à la racine des cheveux une cicatrice sombre. Finnigan racontait encore comment il avait reçu ce sortilège, alors qu'il se relevait pour rejoindre ses camarades partis porter secours à ceux qui se battaient devant leur salle commune. Il parlait assez fort afin que Lavande et Parvati, à quelques places de là, n'en perdissent pas un mot.

- Faudra qu'on revoie nos techniques de combat, termina-t-il en s'adressant à Harry. Les duels c'est bien… C'est ce à quoi on a eu droit dans le couloir de la Tour de Gryffondor… mais dans le Grand Hall c'était autre chose et on n'était pas préparé à cela…

- Je sais, Seamus, l'interrompit Harry. On mettra ça au point. On pourra faire des simulations à présent qu'on sait comment cela peut se passer… Tes suggestions seront les bienvenues… Tu pourras déjà en faire part à Justin. Lui aussi a des idées bien arrêtées sur le sujet…

Il vit Neville sourire en coin et Hermione lui répondre de même. Puis elle se pencha vers Harry et lui demanda ce qui se passait chez les Serpentard. D'un signe de tête elle montra le professeur Londubat qui quittait sa place et s'avançait vers la table de la Maison dont il avait désormais la charge.

- Même les professeurs se sont aperçus que quelque chose ne va pas chez eux…

- Rien ne va jamais chez les Serpentard… grommela Seamus, les yeux dans son assiette. Seulement jusqu'à présent, Rogue leur interdisait de se donner en spectacle. Et… excuse-moi Neville… et je ne crois pas que Londubat soit de taille à les tenir de la même manière… Et qui peut me dire pourquoi on n'a pas viré ces fichues salamandres avec pertes et fracas ? Faudra pas s'étonner s'il y a de la bagarre dans l'air.

Il leva la tête vers Hermione et la regarda avec défi.

- Croyez-moi, à la moindre occasion, ils verront de quel bois on se chauffe…

- On ? fit Hermione avec sévérité. On a intérêt à faire très attention à lui…

- Et pourquoi ? provoqua Seamus. Qu'est-ce qu'on risque ? Si les Salamandres sont toujours là alors qu'ils ont ouvertement frappé leurs camarades, on n'a rien à craindre… Je voudrais bien voir qu'on se fasse renvoyer alors que ces sales rats des cachots se pavaneront dans l'école… Faudrait pas oublier de quel côté on est, tout de même !

Le regard d'Hermione se fit plus dur. Ron avait cessé de manger et regardait son amie avec inquiétude.

- On ne devrait pas l'oublier non plus… répondit Hermione. Je sais bien que vous rêvez tous de prendre votre revanche. Mais songez plutôt à ce que nous a dit Harry. Nous battre entre nous serait faire le jeu de ceux qui veulent que meure Poudlard…

- Mais puisque le professeur Rogue a sauvé Poudlard !

Seamus ne voulait en démordre. Il fixait Hermione presque avec colère.

- Seamus… soupira enfin la jeune fille. Les Salamandres sont plus punies que tu ne le crois. Tu les vois à table et dans les cours… mais crois-moi, leur sort n'est pas enviable… Rusard les attend à la fin du petit déjeuner. Dieu sait quel programme il leur a concocté. Et ils ne peuvent faire un pas dans l'école sans autorisation. Ils n'ont pas le droit de communiquer entre eux. Ils n'ont plus de baguette. Ils n'ont plus le droit de sortir quand ils le souhaitent…Cette année va leur paraître très longue…

Seamus se pencha un peu en avant sur la table, malgré la main de Dean qui cherchait à l'empêcher de parler davantage.

- Et les autres ? Qu'est-ce que tu fais de Malefoy et de ses amis ? Ils sont moins nombreux mais plus arrogants que jamais… Ils n'ont pas l'air d'avoir subi un échec… C'est nous qui avons vaincu… C'est nous qui devrions nous montrer les plus forts… Et c'est eux qui relèvent la tête ! C'est eux qui paradent dans l'école… C'est nous qui nous sommes retrouvés à l'infirmerie… Et c'est nous qui rongeons notre frein… C'est nous qui soignons nos blessures et pleurons nos morts… Regarde donc comme ils portent le deuil de leur tentative avortée. Regarde donc comme ils portent le deuil de leur directeur de Maison… Je suis sûr et certain que tu as plus de peine de la mort de Rogue qu'eux-mêmes.

Hermione pâlit. Ron pâlit. Neville verdit.

- Seamus, la ferme ! fit Ginny une bouffée de rougeur au visage.

- Il y a quelque chose que je ne comprends pas, continua Seamus obstinément. Nous avons gagné ! Bon sang de bonsoir ! Nous avons gagné ! Pourquoi devrions-nous nous comporter comme des vaincus ?

Il avait légèrement élevé la voix et la table de Poufsouffle se tournait vers les Gryffondor.

- Seamus… souffla Neville, un peu interdit.

- Parce que nous ne sommes pas encore vainqueurs, répondit froidement Harry. Nous n'avons pas gagné cette bataille… Tu l'as dis toi-même : elle a avorté.

- Qu'est-ce que tu en sais ! s'écria Seamus avec désespoir. Tu n'étais même pas là ! Alors ne viens pas nous gâcher notre victoire !

- Hé ! fit Ron en avançant la main comme pour se mettre entre Seamus et ses amis. Ça suffit, Finnigan ! ou je te consigne jusqu'à la fin de l'année…

Toutes les tables se turent. Même les Serpentard détournèrent leur attention de leur guérilla privée pour s'intéresser à la dispute Gryffondor. McGonagall se leva de sa place et se dirigea de son pas vif vers la table rouge et or.

Seamus ferma les yeux, désespéré ;

- Je suis fichu… murmura-t-il.

- On est fichus, lui sourit Harry.

Effectivement, la directrice adjointe s'avançait vers eux, sévère et mécontente. Elle posa ses doigts sur la table et son regard sur Seamus.

- Finnigan… commença-t-elle. Quelque chose vous chagrine ?

Seamus avala sa salive sans pouvoir répondre.

- Seamus se sent quelque peu spolié, Madame… intervint Harry. Il pense que la victoire lui est refusée et il ne comprend pas pourquoi on accorde plus d'attention aux agresseurs qu'aux agressés… Et je n'ai pas trouvé d'arguments qui le convainquent du contraire…

- Bien, fit simplement McGonagall. Vous viendrez donc tous deux dans mon bureau en fin de matinée pour mettre un terme à ce différend…

- Oui, Madame, répondit Harry avec respect.

McGonagall glissa son regard par-dessus ses lunettes carrées et attendit de Seamus qu'il acquiesçât également.

- Oui, Madame, finit par dire le jeune homme avec angoisse.

McGonagall hocha la tête et s'apprêta à retourner à sa table au moment où les hiboux s'engouffraient sous la voûte. Ce fut une diversion bienvenue. Chacun se jeta sur son courrier. La Gazette d'Hermione tomba au milieu de la table, brisant le silence entre les jeunes gens. Seamus était dégrisé. Il ne songea même pas à jeter un regard vers Lavande ou Parvati qui pourtant lui trouvaient bien du courage de s'opposer au chef de file de la lutte contre Celui-Dont-On-ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom.

- Je suis désolé, Harry… Je ne voulais pas…

- Je sais, l'interrompit Harry tandis que Ron ouvrait une lettre de sa mère. Tu n'es pas le seul à qui la présence des Salamandres coupe l'appétit chaque matin…

Il tourna la tête vers la table des Serpentard. Ellen regardait vers eux, les sourcils froncés. Il s'efforça à lui sourire et elle reporta les yeux sur le journal qu'elle tenait à la main.

De son côté, Ron s'exclamait.

- Mais comment l'a-t-elle su ?

- Quoi donc ? demanda Harry.

Seamus ouvrait lui aussi une lettre de ses parents.

- Mince alors ! s'écria-t-il. Quel est l'imbécile qui a écrit à ma mère que j'avais été blessé… ?

- Le professeur McGonagall, bien sûr ! fit Hermione dans un soupir exaspéré. Qui veux-tu que ce soit.

Dean à son tour recevait un parchemin sur la tête qu'il s'empressa de dérouler.

- C'est ma mère aussi… McGo a écrit pour dire que l'école avait subi un mouvement de rébellion de la part de jeunes gens exaltés, mais que le directeur avait redressé la situation avec fermeté.

- Elle est folle ! s'exclama Neville avec angoisse. Elle veut semer la panique ?

- Apparemment, tous les parents ont été avertis… constata Ginny après un rapide coup d'œil sur les tables voisines.

- Bien sûr ! répéta Hermione. Vous imaginez bien que c'était la seule attitude raisonnable à adopter.

- Tu trouves ? Grimaça Ron en passant la lettre de Molly à sa sœur.

Hermione se tourna légèrement vers lui.

- Evidemment ! Un évènement de ce genre ne peut se cacher longtemps, imagine donc ce qu'aurait été la réaction des parents s'ils avaient appris que leurs enfants ont du faire face à une attaque de mangemorts…

- Mais… fit Dean décontenancé… Ce n'est pas tout à fait le cas…

- Tu crois que la Gazette aurait fait le distinguo ? Et je n'ose penser à la réaction des parents de ceux qui ont été blessés s'ils l'avaient appris par d'autres personnes que Dumbledore ou le directeur de Maison de leur enfant !

- Mais… intervint encore Neville. Et s'ils voulaient retirer leurs enfants de l'école ?

- Pour aller où ? demanda Hermione. Et puis qui voudrait quitter Poudlard ? et je suis sûre que Dumbledore saurait se montrer convaincant… Mais bien sûr cela va empiéter sur son emploi du temps. Je vais faire passer le mot : tous les élèves doivent écrire à leurs parents pour les rassurer, afin qu'ils n'interfèrent pas trop sur le planning du Directeur…

Seamus eut un sourire sarcastique.

- C'est ça… fit-il. La parfaite petite secrétaire… Dis donc Hermione, t'es déjà Préfète en chef… qu'est-ce que tu vises ? le poste de Directrice Adjointe ?

- Seamus ! s'offusqua la jeune fille.

Elle n'eut pas le temps d'aller plus loin. Ron laissa échapper un juron de derrière la Gazette du Sorcier qu'il venait de déplier devant lui.

- Ça alors ! se reprit-il tandis qu'il parcourait à nouveau la Une.

Hermione lui prit le journal des mains.

- Ça t'ennuierait de nous faire partager ton enthousiasme ?

- C'est pas de l'enthousiasme ! s'écria Ron.

Il leva la tête vers Ginny.

- Qu'est-ce qui se passe ? fit celle-ci soudain inquiète.

- C'est en France… Le Ministre de la Magie s'est fait assassiner chez lui…

- Hein ?

Il n'y eut qu'un cri autour de la table. Ginny pâlit un peu.

- Mais qu'est-ce qui se passe en France ? et pourquoi Charlie ne revient pas ?

- Chut ! fit Hermione la main levée pour faire taire tout le monde.

Harry se pencha sur l'épaule de son amie tandis qu'elle commençait à lire à haute voix :

« Dernière Minute !

Une dépêche vient de tomber alors que nous mettions sous presse, qui nous oblige, chers lecteurs, à déroger à la traditionnelle pagination de votre quotidien. La gravité de la situation, nous n'en doutons pas, suffira à nous faire pardonner ce manquement à l'habitude.

En effet, nous venons d'apprendre que le Ministre français de la Magie vient d'être victime d'une agression à son domicile. D'après des témoins affolés, les agresseurs étaient cagoulés et ont laissé sur les murs de l'appartement parisien du Ministre des slogans réclamant la révocation de l'Edit de Brocéliande…

Cette loi fait l'objet d'attaques violentes depuis quelques mois. Elle donne aux Créatures Magiques résidant sur le territoire français des droits magiques que certains trouvent exagérés. Ces dernières années les partisans du RMS – Rendons la Magie aux Sorciers- se sont fait les chantres de cette idéologie qui trouve un écho plus que favorable dans les doctrines de Vous-Savez-Qui. Ce parti a d'ailleurs revendiqué les dernières chasses au Loup-Garou qui ont eu lieu durant tout le moins d'octobre en Auvergne, en Provence et en Languedoc.

Le décès du Ministre, suite à ses blessures, a causé un vif émoi dans le pays et le gouvernement magique a décidé d'instaurer le couvre-feu dans les principales villes du Pays afin d'éviter que les troubles relevés dans le Sud de la France ne gagnent tout le pays.

Aussitôt, des mesures de sécurité exceptionnelles ont été mises en place pour protéger les membres de notre gouvernement. On craint en effet que cette flambée de violences ne traverse la Manche pour trouver un écho favorable parmi les partisans de Celui-Dont-On-ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom. Le Ministre de la Magie prétend que ce ne sont que des mesures de précaution et qu'il ne se sent absolument pas en danger, nous ne pouvons que rappeler la situation difficile en Europe continentale.

Hier encore, nos envoyés spéciaux en Espagne faisaient état de troubles et d'affrontements entre Pro et Anti Moldus. Les Universités Magiques de Salamanque, Barcelone et Cordoue ont fermé leurs portes, vendredi, durant quelques heures, à cause de heurts entre étudiants, tandis que se réunissaient devant le tribunal exceptionnel de Valladolid les partisans des deux camps dans l'attente du verdict de la controverse née de la publication du livre du Diputado Arnau Verdugo, chef de file du Mouvement La Varita y la Espada, mouvement anti-moldu notoire. Ce livre pose explicitement la question : les moldus peuvent-ils être considérés comme les égaux des sorciers ? Le tribunal d'exception de Valladolid qui traite également des questions de haute trahison du secret magique, et des litiges entre moldus et sorciers, devait rendre sa réponse ; réponse d'une importance capitale car, si le tribunal devait déclarer officiellement les moldus inférieurs aux sorciers, Verdugo ne rencontrerait plus aucun obstacle pour faire passer son texte sur les Moldus, les classant comme Créatures non Magiques, et leur imposant la loi des Sorciers. Les mariages entre sorciers et moldus seraient alors déclarés hors la loi, et les enfants nés de tels mariages seraient considérés comme des Hybrides, les mettant au ban de la société sorcière.

A l'heure actuelle, le Tribunal n'a pu ou voulu rendre son verdict. La police magique est intervenue pour faire cesser l'émeute qui commençait à naître sur les marches du palais consulaire où se tient la session. Les partisans des deux camps s'affrontaient en effet aux cris de « ¡ El Poder a los magos ! » pour les uns, « ¡ No passarán ! » pour les autres…

D'autre part, plus à l'Est, la menace s'est fait plus précise… D'anciens slogans qu'on n'avait pas entendu depuis cinquante ans ont refait surface… En Autriche les autorités sorcières du pays ont détruit une presse d'imprimerie clandestine qui diffusait Les Maîtres du Pouvoir, le livre interdit du mage noir Grindenwald, de sinistre mémoire. Elles ont également saisi des caisses entières de cet ouvrage, destinées aux pays germanophones de l'Europe, ainsi que des tracts réclamant davantage de lois restrictives concernant les Créatures Magiques et le rétablissement de la loi dite de la Prérogative de la Baguette, qui accorde aux sorciers la préséance en toutes choses et en tous lieux, sur les Créatures et les Moldus, mais également sur les sorciers issus de Moldus, les sang-mêlés, et les hybrides. Des cagoules et des prospectus incitant à la haine contre ces derniers, portant la marque noire, ont également été retrouvés dans cette imprimerie illégale. Les textes, en cours de traduction dans toutes les langues européennes, viendraient principalement de Bulgarie, de Roumanie et d'autres pays d'Europe Centrale, déjà sous la coupe des Partisans de Vous-Savez-Qui…

C'est dans ce contexte international plus que troublé que le Gouverneur Général de la Confédération Magique des Provinces Unies et Indépendantes d'Amérique du Nord, nous déclare depuis Salem que rien ne permet de prétendre qu'un tel mouvement se développe outre-Atlantique, alors que les représentants des communautés natives ne cessent depuis maintenant presque deux ans d'attirer l'attention sur l'augmentation des propos insultants et les exactions commises à l'égard de ceux qui pratiquent une sorcellerie différente et qui la mettent au service des moldus. La communauté haïtienne serait également de plus en plus sollicitée.

Le Gouverneur Montrose, qui a en charge le sud de la Confédération, a avoué hier que des incidents tragiques avaient entaché les fêtes moldues d'Halloween en Virginie. Il reconnaît d'autre part que les envoûtements seraient de plus en plus nombreux et que les communautés haïtiennes de Louisiane se plaignent d'être harcelées par des sorciers en cagoules qui, d'une part les recherchent pour leurs pratiques si particulières de la magie, et d'autre part leur reprochent d'en faire bénéficier les moldus…

Le Gouverneur Général réfute ces arguments, considérant que ces deux communautés, native et haïtienne, ont toujours fait preuve de mauvaise volonté vis-à-vis de l'administration de la Confédération Magique et qu'elles ne sauraient représenter l'ensemble des sorciers. Le tribunal des Sorciers de Salem a d'ailleurs récemment condamné la communauté vaudoue pour la pratique de la magie noire, ainsi que l'Union des Shamans des Lacs du Nord basée dans le Michigan et la Confrérie du Renouveau Druidique, de Philadelphie, pour avoir refusé de signer la Charte de Bonne Conduite du Sorcier.

Cette Charte impose notamment aux Sorciers de déclarer tout acte de Magie Ancienne, accusée par le Tribunal d'interférer sur la magie dite « normale », de se faire inscrire sur un registre fédéral, de signaler tout changement d'adresse, et d'accepter les contrôles d'Agents Magiques pour mesurer le taux de Magie généré par un individu ou sa famille. Les relations avec les moldus, de quelque nature que ce soit, sont prohibées par la Charte. Les Académies de Salem, Seattle, Yorktown, Milwaukee, Bâton Rouge, Denver, Indianapolis, San Francisco, pour les plus importantes, ont déjà signé la Charte et n'acceptent plus depuis déjà une dizaine d'années les enfants nés de couples mixtes.

La mise à l'index d'une frange non négligeable de la population sorcière inquiète certains membres de la Confédération, mais l'interdiction des groupes de protestation qui se sont formés voilà quelques années déjà ne permet pas une évaluation très claire de la situation dans la Confédération. Nous doutons cependant de la sincérité des déclarations du Gouverneur Général qui nous assure obstinément que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes sorciers… »

Hermione s'interrompit, le front soucieusement plissé.

- C'est inquiétant, murmura-t-elle. Tous ces incidents au même moment un peu partout dans le monde…

- Tu crois que c'était organisé ? demanda Harry.

- Bien sûr ! s'exclama Ron à voix basse. Il était quasiment certain de remporter une victoire avant-hier ! Il avait préparé ses adeptes partout en Europe à prendre le pouvoir…

Dean, Seamus, Neville posèrent les yeux sur la cicatrice d'Harry sans un mot. Seamus rougit et baissa la tête.

- Vous croyez que Charlie est en danger ? demanda la voix tremblante de Ginny.

Hermione sourit à son amie.

- Non ! Charlie est en sécurité… C'est pour un autre que je m'inquiète…

Ron releva vivement la tête vers la jeune fille.

- Tu crois qu'ils pourraient s'en prendre à Krum ? demanda-t-il d'une voix blanche.

- Il leur faudra bien un exutoire… murmura Hermione. Voldemort leur a promis du sang et de la mort et il n'a pas tenu sa promesse…

Neville prit d'une main frémissante le journal qu'Hermione avait laissé sur la table. Il relut l'article en silence comme pour se convaincre de ce qu'il venait d'entendre.

- Des mesures exceptionnelles de sécurité… répéta-t-il. Vous croyez qu'on doit s'attendre à une recrudescence des attaques de mangemorts ?

Le regard que ses amis levèrent sur lui, lui fit regretter d'avoir posé la question. Ginny blêmit davantage encore. Dean à côté d'elle mit son bras autour de ses épaules.

- Ne t'inquiète pas, dit-il. Nous sommes à l'abri ici. Tu l'as bien vu… On ne laissera personne nous mettre en danger et puisque Dumbledore nous a assuré que nous sommes plus en sécurité que jamais…

- Ce n'est pas pour nous que je m'inquiète, murmura Ginny. Je sais que nous sommes sous la protection de Poudlard… C'est pour ceux qui sont dehors.

Elle frissonna. Les taches de rousseur de Ron foncèrent brutalement. Percy, les jumeaux, Bill, ses parents… tous étaient dehors… Il tendit la main à sa sœur et elle la prit avec force.

Harry tourna la tête vers la table des professeurs. La place de Rogue restait désespérément vide. Dumbledore était encore une fois absent. La voix de Seamus le ramena dans la Grande Salle.

- Tu as raison, Harry, disait Finnigan avec amertume. Nous n'avons pas encore gagné…