Disclaimer : Bon, comme d'hab, ni à moi le Potty, ni personne d'autre. A si, quand même : Pooly, l'est rien qu'à moi :D

Résumé : Un homme un peu détruit, un peu perdu, un peu mort aussi. Un Survivant qui n'a plus trop envie de survivre. Des mots qui ne suffisent plus vraiment. Oh, Crépuscule…Mais qui nous sauvera ?

Rating : J'ai mis T, comme troll :D Nan en fait je sais jamais vraiment quoi mettre comme rating, mais monsieur ffnet il dit que T c'est pour treize ans et plus alors on va dire T :D

Genre : J'ai mis Drama, comme dramatique, même si j'aurais bien aimé mettre tragique, aussi, parce que c'est plus tragique que dramatique:D Pi j'ai mis Poetry parce que j'voulais mettre un autre truc, mais je suis pas vraiment sûre de la définition de poetry :D voilààààà

Nda : Alors vous l'avez luuuuuuu ? Moi j'vais faire ma snob, mais j'ai arrêté ma relecture au chapitre quatre, je supportais pas de lire cette p de traduction :D Parce qu'autant la vo m'a tenue en haleine pendant 600 pages, autant là tout paraît pathétique et pitoyable…Et j'ai toujours pas compris la phrase 'son apparence détonnait sa qualité de sorcier' :D Donc bon, bonne lecture quand même, j'espère que vous enjoyerrez votre tome 6 ! Pour la fic, voilà un nouveau chapitre 'normal', avec Joyeux Noël et gai réveil…Enfin tout est relatif :D

ANNONCE : Bon, ça va paraître stupide, mais c'est ma soirée flip rapport à hp :D Alors j'ai une question : Que feriez-vous si vous sachiez que vous deviez mourir avant la sortie du tome 7 ? Pi j'ai pensé à un autre truc mais j'vais me faire fâcher si je le dis…Enfin c'est du genre si c'était pas vous qui deviez disparaître, mais quelqu'un de plus important encore dans l'univers hp…Si vous voyez qui j'veux dire (mais j'porte pas la poisse !)

Rar :

Ornaluca : Vous êtes combien en toi en fin de compte :D Vi j'aime pas trop Ginny non plus, surtout depuis qu'elle s'est tapée Potty, mais bon, t'inquiète, elle intervient pas trop dans la suite Merci pour la review !

Tiffany Shin : Voilà la suite ! J'espère qu'elle te plaira ! Merci pour ta review en tout cas !

Melhuiwen : Sevy n'est pas un traître ! C'est comme ça, et pas autrement ! Na :p Nan, plus sérieusement, il a killé Bubus seulement parce que c'était lui ou Bubus, et Bubus lui avait fait prommettre de le tuer, petit un : pour sauver Draco, petit deux : pour se sauver lui-même (parce que sinon, si il aidait pas Dray, il était mort à cause du vœu fait avec Cissa), et petit trois : pour renforcer sa couverture aux yeux des mangemorts. Donc Sevy est dans le good side, et en plus, c'est Sevy la question ne se pose même pas :D La seule question qui se pose est : va-t-il entraîner Dray dans le good side ? (et dans le lit de Ryry par la même occasion :D) Pour mon chap su Ginny, je t'accorde qu'elle est assez distante, ça doit venir du faite que j'aime pas Ginny (surtout depuis qu'elle a fourré sa langue dans la bouche à Potty beuuuuuuurk). Merci pour ta reviewwww !

Ocaora : Que dire d'autre que merci ? Merciiiiiiiiiiiiii !

Akashana : Je vais faire un chap normal, un pov, un chap normal, un pov…Quant à mon passage préféré, c'est un certain blond, un certain brun, une certaine Moarning Myrtle, certains toilettes, un certain événement…Je pense que tu vois de quoi je veux parler :D Mais, je refais ma snob un chti coup, ce passage rend vachement moins bien en français qu'en anglais !

Galouz : Nonooooooo ! J'arrête pas de frissonner depuis qu'on a parlé de tu sais quoi aaaaaaaaaaah j'vais en faire des cauchemars maman au secours :'( :'( :'( Ui, lemon dans cette fic :D Et crêpe party aussi. Mais pas de paravent, je commence juste à accepter la mort de Siri. Pi si ça se trouve, on lira jamais le tome sept. Aaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaaahhhh

Arch : Si le bogoss aux néons est gay, tu pourras jamais te le taper. Prie pour qu'il soit resté bloqué au stade bi de son début d'adolescence. Oui, parce qu'au début de l'adolescence, on est tous bi. Bref :D Merci pour la review ! Ca m'fait bien plaisir. Si seulement un jour dans ta vie tu laissais un truc compréhensible… :D Et nan, pas de ju ni de bri dans cette fic. Sont trop occupés. C'est quoi la scène de je sais quoi ? Parce que je sais pas mwa :D Oh, et reviens vite quand même. J'miss ton humour :'(

Milii : Qui est durkheim ? Ca m'arrangerait quand même que tu te suicides pas de suite s'il te plait :D Pi t'aurais pas lu le tome sept ! Je sais pas si on peut considérer ce chapitre comme plus gai…A toi de me le dire ! Merci pour ta review !

Vert émeraude : Merci beaucoup pour ta review toute choupi ! Voilà la suite, enjoy !

Vif d'or : Pour tout te dire, je sais toujours pas comment va finir cette fic :D Donc peut-être que tu vas l'emporter sur Ginny, ou peut-être pas ! En tout cas, merci pour ta review :)


Chapitre 3 : L'Aube.

Noël approchait à grands pas, et le château avait revêtu son manteau de fête. Blanc neigeux de l'extérieur, rouge, vert et doré en son sein, des grelots chantonnaient des cantiques à chaque coin de couloir et les armures distribuaient sans retenue papillotes et petits poudings.

Dans l'infirmerie, le lit d'Harry avait été orné d'une guirlande rouge et or et de petits sapins verts en patte d'amande à chacun de ses coins. Ce soir-là, Draco était encore et toujours assis auprès de sa princesse, le regard fatigué et le cœur rongé par le fait qu'il ne verrait pas Harry pendant deux longues journées. Les vacances commençaient le lendemain, et il avait décidé d'aller au manoir se recueillir sur la tombe de sa mère, avant de revenir à Poudlard pour y passer seul ses vacances de Noël.

Il avait peur de partir. Il craignait que durant son absence, Harry ne se réveille, ici, ou là-bas…

Il avait tant pris l'habitude de cette image figée qu'il savait pertinemment que le jour où ses traits seraient modifiés, ce serait sa propre vie qui changerait du tout au tout. Il n'arrivait pas à se résoudre à le quitter. Pour deux jours, c'était ridicule, il le savait bien, un caprice digne d'un enfant gâté qu'il n'était plus. Mais il pouvait se passer tant de choses en quarante-huit heures…

Quand la vieille horloge en bois d'ébène sonna onze heures, l'heure à laquelle il s'était promus de quitter l'infirmerie pour rejoindre sa chambre et préparer ses bagages, Draco se leva lentement et osa enfin ce geste auquel il rêvait depuis des mois, celui qui soulagerait un peu le poids de ses regrets, au cas où…

Il se pencha sur le visage paisible du gryffondor, et peu après ses mèches argents, ce furent ses lèvres qui effleurèrent celles irrémédiablement scellées du jeune homme. Il en savoura le goût, sucré comme il l'avait imaginé, durant quelques secondes, puis se redressa et fut malgré tout déçu que le charme du prince charmant n'ait pas agi sur la princesse endormie. L'amère vint remplacer le doux dans sa bouche, et il se détourna lentement pour quitter la pièce.

oOoOo

Is there anything you want from me
My arms, my life, my energy
I don't know how far I can go
Everything says no
But you know how it goes when
You're used to your side of the bed
I know you don't belong in this room
But you're here now
So what can I do
All that I am is
All I was taught to be
All that you are is
A wall between myself and me
(Y a-t-il quoi que ce soit que tu veuilles de moi
Mes bras, ma vie, mon énergie
Je ne sais pas jusqu'où je peux aller
Chaque chose dit non
Mais tu sais comment ça se passe
Quand tu es habitué à ton côté du lit
Je sais que tu n'appartiens pas à cette pièce
Mais tu es là maintenant
Alors qu'est-ce que je peux faire
Tout ce que je suis c'est
Tout ce qu'on m'a appris à être
Tout ce que tu es c'est
Un mur entre moi et moi-même)
(K's Choice)

oOoOo

Dans ses draps de satin vert, seul dans sa grande chambre du manoir Malfoy, Draco passait ce que l'on peut appeler une mauvaise nuit. Il était arrivé chez lui en fin de matinée, avait longuement erré de pièce en pièce, se remémorant des souvenirs tous plus pénibles les uns que les autres. Il avait revu sa mère, assise dans le grand fauteuil de cuir noir, près de la cheminée crépitante, plongée dans un des nombreux ouvrages qu'elle aimait tant dévorer, il l'avait revue s'affairer dans la cuisine, riant, de légères traînées de farines saupoudrées sur son visage et les mains collées dans une pâte à gâteau, il l'avait revue accoudée à la table de la salle à manger, sirotant délicatement une tasse de thé fumante, il avait revue partout l'ombre de Narcissa, l'ombre de sa mère qui lui manquait tant…

Le chagrin au ventre, il n'avait pas eu le courage de se rendre sur sa tombe. Ça attendrait le lendemain. Il avait simplement pris un repas frugal, concocté par son nouvel elfe de maison, Pooly, et était allé s'envelopper dans ses vieux draps réconfortants.

Mais même sa chambre d'enfant ne put éviter les cauchemars à l'adulte qu'il était à présent. Derrière ses yeux clos se succédaient les images de deux pupilles vermeilles rougeoyant dans l'obscurité, du corps d'Harry gisant, éventré, d'une tombe gravée du nom du jeune héros, d'un lit vide et défait dans l'infirmerie, du rire de sa mère qui se décomposait peu à peu pour se transformer en un requiem macabre, de la main de son père enserrée sur le cou de sa princesse…

Il se réveilla en sursaut, une sueur froide ruisselant sur son front tendu d'angoisse. Le réveil sur la table de nuit indiquait 6h37. Il se redressa péniblement, sortit de son lit et enfila sa longue robe de chambre en velours noire.

Arrivé dans la cuisine, déserte à cette heure matinale, il se prépara une tasse de café noir et attendit qu'elle fasse son effet et remette en place ses idées pour le moins chaotiques. Les yeux encore embués de sommeil, mais le cerveau un peu moins embrumé, le blond serpentard se releva et rejoignit sa chambre pour s'y habiller chaudement en vue de sa promenade dans le parc du château.

Quelques minutes plus tard, il fermait derrière lui la porte de la cuisine, resserrait son écharpe de laine blanche autour de son cou et posait un regard sombre sur le jardin recouvert de son hivernal tapis opalin. Il avança à pas lents, laissant derrière lui dans la neige poudreuse la marque de ses bottes en peau de dragon, ces bottes que sa mère lui avait offertes pour son dix-septième anniversaire, le dernier cadeau qu'elle lui avait fait…

Une larme coula le long de la joue du jeune homme au souvenir de ces longues promenades qu'il faisait habituellement avec elle dans le parc enneigé, avant, avant que…

Son regard se posa sur le pommier, non loin de lui à sa droite, cet arbre magnifique et majestueux que Narcissa avait fait planter le jour de la naissance de son fils unique, ce même arbre sous lequel Draco avait découvert le corps sans vie de sa mère, une petite fiole de verre bleuté vide dans sa main de nacre, par un beau soir d'été. Sa gorge se serra à nouveau, un frisson parcourut son corps alors qu'une nouvelle lame roula doucement le long de sa joue creuse, mais il se dirigea malgré tout vers l'arbre, parce que c'était entre ses racines que sa mère reposait désormais. Il s'approcha du tronc brun du pommier, et caressa du bout de ses doigts gantés le nom de sa mère gravé dans l'écorce de cet arbre qui, depuis qu'il avait prit la fonction de pierre tombale, était destiné à ne plus jamais quitter ce jardin.

Draco tira sa baguette de sa longue cape noir, et murmura un sort qui fit fondre la neige à ses pieds et laissa un petit espace d'herbe sèche et chaude où il put se laisser glisser, appuyant son dos contre la fermeté rassurante de son arbre jumeau.

-Salut, M'man.

Il n'ajouta rien pendant quelques secondes, comme espérant qu'une voix sortie de nulle part lui répondrait…

-J'aimerais savoir…Toi qui avait toujours une réponse à mes questions…Peut-être que tu sais…Qui peut sauver un héros ?

Draco laissa son regard errer au gré des flocons de neige. Il rassemblait ses idées, ne savait pas trop par où commencer.

-Les gens passent leur temps à peindre des images glorieuses sur des êtres que l'on dit prédestinés, chaque génération connaît son lot d'élus sans qu'ils se soient portés candidats à quelque poste de sauveur de l'humanité que ce soit, mais comment peut-on savoir à l'avance que l'homme que deviendra ce petit être de quelques centimètres saura supporter le poids de la vie qu'on lui impose ? Comment savoir si nos héros en sont vraiment, ou s'ils ne sont qu'une façade rassurante pour le reste de la population ? Pourquoi les êtres humains ont continuellement besoin de s'identifier à une personne que leur lâcheté ne leur permettra jamais de devenir, pourquoi ils idolâtrent ces héros qu'ils créent de toute pièce, semblant chaque jour s'étonner un peu plus de ces traits hors du commun qu'ils ont pourtant eux-même tracés ? Est-ce qu'un peintre découvre son tableau, est-ce qu'un sculpteur se rend compte après coup de chaque coup de marteau dont il a brisé sa pierre ? Et pourquoi ne placent-ils pas le critère 'être humain' dans la boue, avant d'achever leur golem ? Ils ont voulu faire de lui un héros mais il n'est qu'un gosse, un gosse complètement paumé auquel on a tant répété qu'il devait sauver le monde qu'il a oublié qu'il en faisait partie. Il a oublié de se sauver lui-même. Et maintenant, qui peut le faire ? Qui peut le faire pour lui ? Il ne peut pas se tendre la main et la saisir lui-même, mais dans l'état où il est maintenant, personne ne peut le faire pour lui. Bien sûr que ma paume est ouverte à la sienne, elle le sera toujours, mais est-ce bien utile ? Je ne pèse rien sur la balance de sa vie. Sa vie elle-même n'y pèse rien. Il refuse de se réveiller parce qu'il refuse d'affronter sa réalité actuelle en face : il va devoir se trouver un nouveau but. Mais comment donner un sens au chemin de sa vie quand on arrive dans un carrefour qui ne vous propose que des impasses ? Laquelle forcer ? S'il se réveille, il devra se donner de nouveaux principes, se fixer des objectifs, se construire ce que nous tous nous appelons si communément une vie, mais il ne sait pas ce que c'est et c'est l'inconnu qui fait peur, alors il a peur, alors il ferme les yeux et essaie d'oublier. Et il a réussi, visiblement, à oublier, peut-être pas tout, mais il a quand même réussi. Il a oublié que, malgré qu'il n'y connaisse absolument rien, c'est lui qui m'a réappris, à moi, c'est lui qui m'a réappris à avancer, à escalader les murs et contourner les obstacles pour aller au-delà de mes impasses. Et je m'étais fixé un nouveau but, sur mon itinéraire il y avait un nouveau point derrière l'un de ces murs, et c'était lui. Alors quoi ? Je brise le mur, écrase son reste de poussière et continue d'avancer ? Mais les murs suivants seraient bien trop épais.

Draco ôta le gant de sa main gauche, caressa la terre sous ses doigts, détacha du sol un brin d'herbe et le fit rouler entre son pouce et son index, doucement, comme pour ne pas trop l'abîmer.

-Tu sais Maman…J'aimerais avoir la force de le sauver. Même si personne n'a écrit ces mots-là dans ma destinée. Après tout, le propre d'un destin, c'est d'être réécrit…

oOoOo

Choisis ta vie, choisis tes drogues, choisis tes partenaires, choisis ta sécurité, choisis ta voiture, ta seconde voiture, ta maison, ta femme, ton régime de couverture sociale, choisis ton parfum, son parfum, choisis ton téléviseur, ton micro-ordinateur, choisis tes banques, choisis tes aliments, choisis ton parti, choisis ton fast-food, tes vêtements, tes crédits, choisis toutes les options, choisis tes gênes, choisis tes enfants, tes vacances, ta rébellion, ta culture, ta conscience : choisis ton camp !
(Raphael)

oOoOo

Le lendemain, Draco avait repris sa place sur ce vieux fauteuil de l'infirmerie fatigué de le porter inlassablement. Harry n'avait pas bougé d'un millimètre depuis que Draco l'avait quitté, les traits de son visage étaient toujours aussi neutres, toujours autant dénués de vie, comme de mort.

En arrivant au château ce matin-là, le serpentard avait eu envie de se précipiter à l'infirmerie, mais quelque chose en lui l'avait fait douter, une partie de lui ne supportait plus la souffrance générée par cette atroce vision d'impassibilité. Hésitant, il avait, à son plus grand soulagement, croisé la route de son parrain, ce qui l'avait forcé à s'arrêter en chemin. Après un court échange de banalités, Severus lui avait fait comprendre par un regard, ne trouvant pas les mots appropriés au cœur émietté de son filleul, que rien n'avait changé durant ses deux jours d'absence. Draco avait baissé la tête, repoussé la main compatissante de son parrain sur son épaule, et s'était une fois de plus engagé dans ce couloir dont il connaissait par cœur la moindre fêlure dans la moindre pierre, tant il y avait passé de temps à griller cigarette sur cigarette.

Il n'avait croisé personne de si bon matin, Madam Pomfresh n'était même pas réveillée, et puis, à part Ron, Hermione, Ginny, et parfois Neville et Luna, plus personne ne venait prendre de nouvelles de ce cas désormais considéré comme désespéré. Et tous, ils avaient rejoint leurs familles pour les vacances, alors, il ne restait plus que lui, Draco.

Assis au bord du lit comme au bord d'un gouffre, les épaules voûtées, les yeux voilés, il se décida soudain à briser cette monotonie insupportable. Après tout, l'infirmière n'avait cessé de lui répéter que, peut-être, s'il lui parlait, Harry entendrait ses paroles, de là où il était. Alors le serpentard souleva la couverture blanche, saisit la main de sa princesse, la caressa doucement, appréciant le doux contact de cette peau de bébé dans sa paume rêche, et puis il se pencha légèrement vers le corps immobile, comme pour lui confier un secret.

-Harry…

Draco guetta une réaction, mais il n'en vit aucune. Ce qui ne l'empêcha pas de continuer. Après tout, il avait un cœur à épancher.

-Harry, je…Je me sens stupide, là, tu ne voudrais pas ouvrir les yeux s'il te plait ?

-…

-Non ? Bon, très bien.

Le serpentard prit une grande inspiration, et puis décida que finalement, il n'avait rien à perdre, n'est-ce pas ?

-Tant pis. Après tout, je t'ai fichu la paix pendant un mois, je t'ai laissé te reposer tranquillement, mais ça commence à bien faire princesse, je ne vois pas pourquoi je continuerais à me priver plus longtemps du fabuleux plaisir de te pourrir la vie ! Alors je vais parler, parler, parler, jusqu'à ce que le son de ma voix t'insupporte, jusqu'à ce que tu en deviennes sourd, et quand tu ne pourras plus m'entendre, je graverai mes mots sur ta peau avec mes dents s'il le faut, tu m'entends, un mois que tu te prélasses, sans personne pour te déranger, mais c'est fini, ta petite tranquillité, fini, terminé, la fouine est de retour maintenant ! Je ne vais pas te laisser partir comme ça, ça non, c'est hors de question ! Tu m'entends ? Je t'interdis de me laisser ! JE T'INTERDIS DE ME LAISSER !

La voix de Draco se brisa en un douloureux sanglot, mais il releva courageusement la tête et se reprit, en bon petit Malfoy qu'il était.

-Je t'en supplie, Harry, je t'en supplie…Et Merlin sait que jamais auparavant je n'ai supplié qui que ce soit, jamais ! Mais je t'en supplie, si tu m'entends, réveille-toi, merde, j'ai besoin de tes répliques cinglantes, de tes regards prudes et réprobateurs, de tes sourires gênés ou de tes rires francs et vrais, j'ai besoin de tes yeux perdus dans le vide, de tes pantalons trop grands et de tes t-shirts dépareillés, j'ai besoin de ta souffrance autant que de ta joie, et…et s'il ne doit plus y avoir que de la détresse en toi, alors j'en ai besoin, alors, je l'accueillerai à bras ouverts, Harry, à bras ouverts, j'ai trop besoin de te sentir vivre à côté de moi, et même si tu ne dois jamais me donner rien de plus que ton amitié, j'ai besoin de cette amitié, j'ai besoin de voir ton corps bouger, je n'en peux plus de te voir là, étendu, immobile, silencieux, tellement pas toi, tellement pas Harry…Le Harry que je connais, même s'il me dirait le contraire après ce qui s'est passé, le Harry que je connais, mon Harry, mon Harry veut vivre, quand même, mon Harry y croit, peut-être pas assez pour lui-même, mais assez pour m'avoir réappris, et maintenant, je suis assez fort pour y croire pour deux, mais j'ai besoin de ta voix, pour ça, j'ai besoin de ton regard, de ton souffle, de tes cheveux en désordre, de tes dents blanches, de ton timbre grave de jeune homme, de toi, j'ai trop besoin de toi Harry, j'en crève de te voir si immobile, si…si rien, Harry, je t'en prie, je t'en supplie, reviens-moi…Reviens-moi…

oOoOo

-Joyeux Noël Hermione ! lancèrent en cœur les sept Weasley réunis dans la cuisine du terrier en ce matin du vingt-cinq décembre.

-Mmmhhhoui 'Yeunoèl, maugréa Hermione en se dirigeant au radar vers une chaise sur laquelle elle s'affala et s'empara de la tasse de café la plus proche pour la vider d'une seule traite.

-Je constate, Ron que l'heure du coucher a été encore plus tardive que je ne l'imaginais, hier soir…Ou devrais-je dire ce matin ?

-Mais, M'man, c'est pas ma faute, Fred et Georges m'ont attrapé alors que je sortais la salle de bain, et ils m'ont traîné jusqu'à la chambre des filles, pourquoi c'est toujours sur moi que ça retombe, j'y peux rien si ils sont…

-Si on est ?

-Joyeux Noël tout le monde ! lancèrent gaiement Charlie et Fleur en pénétrant main dans la main dans la cuisine, coupant ainsi court à une énième dispute. Alors, bien dormi ?

Quelques minutes plus tard, alors que tous s'affairaient autour des cadeaux, au pied du sapin, Ron réussit à entraîner Hermione à l'écart.

-Dis, 'Mione, tu crois pas qu'on devrait, tu sais, pour Malfoy, enfin…

-C'est déjà fait. J'ai laissé un petit paquet pour lui à côté du cadeau d'Harry.

-Oh, 'Mione, t'es…t'es…

-Fabuleuse ?

-Quelque chose comme ça, oui, répondit le rouquin avec un franc sourire avant de plaquer un baiser sonore sur la joue rougissante de la jeune fille.

oOoOo

-Alors Harry comment ça va ce matin ? lança gaiement Draco en tirant le rideau qui encerclait le lit du gryffondor. Eh bien je vois que tu n'as pas chômé durant la nuit…En voilà un joli petit tas de cadeau dis-moi !

Depuis son premier monologue, une semaine auparavant, Draco avait décidé de continuer à parler à Harry, parce que cela lui faisait du bien, et ne dérangeait personne, après tout.

-Bon, je ne vais pas les ouvrir pour toi, hein mon vieux, tu n'as qu'à te bouger un peu, je ne suis pas ton elfe de maison, et puis ce sont tes cadeaux, ils attendront bien ton réveil, j'espère seulement que personne ne t'a envoyé de trucs périssables, parce que sinon, c'est foutu, quoi que si la belette passe par l…

Ce n'est qu'à ce moment-là que Dray détourna son regard du petit tas de papiers et rubans au pied du lit du gryffondor pour le poser sur le visage d'Harry, un visage qui avait quelque chose de foncièrement différent ce matin-là, un visage qui avait les yeux ouverts…

-Harry, tu, tu, tu…

Draco s'effondra dans son fauteuil, submergé par l'émotion, incapable d'émettre le moindre son supplémentaire ou de faire le moindre geste.

-Joyeux Noël, Dray.

oOoOo

Les miracles, vous y croyez ? Vous savez, ces coïncidences qui paraissent pas si coïncidenciaires que ça, ces événements imprévus qui arrivent tous en même temps, ou alors lors d'un jour bien particulier, comme s'ils avaient choisi, parmi les trois cent soixante-cinq différentes possibilités, ce jour déjà chargé de symbolique…

Ce matin-là, Draco remercia un ange gardien auquel il n'avait jamais cru et bénit intérieurement ce célèbre moldu né le vingt-cinq décembre…

oOoOo

Bien sûr, la nouvelle fit le tour de la planète en quelques heures, et jamais Poudlard ne fut plus peuplé pour des vacances. Les journalistes avaient envahi Pré-au-lard, se pressant chaque jour aux portes du château dans l'espoir de recueillir enfin cette interview vérité de la bouche de celui qui avait mis un terme au règne de Voldemort, ou seulement de l'apercevoir, d'obtenir quelques mots d'un proche, de prendre une photo, même si les photos d'Harry Potter où il ne passait pas son temps à se cacher derrière la bordure du cadre étaient rares.

Mais l'accès au château avait été strictement interdit à toute personne extérieure, exceptés bien entendu les élèves et les membres de l'ordre. Severus Snape avait envoyé à la presse un communiqué disant que l'état de santé d'Harry était excellent, que tous ses proches étaient ravis de son réveil et qu'il espérait grandement que chacun comprendrait le désir du jeune homme de rester en seule compagnie de ses amis durant quelque temps.

Comme l'avait annoncé le professeur de défense contre les forces du mal, Harry était en parfaite santé physique, seulement son moral était aussi gris que les yeux qui l'avaient veillé durant son sommeil. Bien sûr, il se forçait à sourire, sous le regard bienveillant de Mrs Weasley ou les sourires réconfortants de Rémus, il gardait plaqué sur son visage cette semi-grimace en présence de tous ces gens qui semblaient si heureux de lui parler de nouveau, mais bien souvent, quand Draco venait le rejoindre, le soir, après que chacun eut retrouvé Morphée au royaume des rêves, il le trouvait assis sur le rebord de la fenêtre de l'infirmerie, les genoux enserrés de ses bras, le regard éteint, perdu.

Devant Draco, Harry ne jouait pas. Il ne savait pas vraiment pourquoi, il sentait juste que ce n'était pas nécessaire. Il restait simplement là, assis, tout aussi silencieux et figé que précédemment, à écouter leur silence envahir la pièce et envelopper leurs âmes.

Draco ne parlait pas, non plus, il ne trouvait plus rien à dire à ces yeux désormais ouverts. Il avait juste envie de prendre sa princesse éveillée dans ses bras et de la serrer fort, fort contre son cœur, mais il se contentait de s'asseoir en face du gryffondor et d'attendre que le temps saupoudre ses secondes sur leurs deux corps immobiles. Au bout d'un moment, Harry sentait les yeux du blonds posés sur lui, il croisait ce regard glacier et puis il se levait et allait se coucher, marquant ainsi l'heure du départ pour Draco. Ce dernier partait, après un 'bonne nuit' qui restait toujours sans réponse, la démarche lente et le cœur un peu plus lourd chaque soir.

oOoOo

Any time tomorrow I will lie and say I'm fine
I'll say yes when I mean no
And any time tomorrow
The sun will cease to shine
There's a shadowman who told me so
(Demain, à tout moment, je mentirai et dirai que je vais bien
Je dirai oui quand je voudrai dire non
Et demain, à tout moment,
Le soleil cessera de briller
Il y a un homme d'ombre qui me l'a dit)
(K's Choice)

oOoOo

-Remy ?

Remus releva la tête de l'ouvrage dans lequel il était plongé et posa son regard sur Tonks, assise dans le fauteuil et face du sien. Elle avait l'air contrariée, un peu triste aussi, ses cheveux chewing-gum avaient perdu de leur éclat habituel.

-Qu'y a-t-il ?

-Je…

Elle hésita un instant, tortillant une mèche rose du bout des doigts comme une collégienne gênée.

-Eh bien, je me fais du souci pour Harry…

-Nous nous en faisons tous, mon cœur.

-Oui, je sais, mais…Je ne sais pas, il a beau sourire toute la journée, être avec nous, j'ai l'impression qu'il est ailleurs, absent, il a l'air si triste dans son regard…

-Tonks, il vient de se réveiller d'un coma d'un mois ! Forcément, il a un peu perdu ses repères, mais ne t'inquiète donc pas pour lui, tout va s'arranger.

-Ça fait déjà une semaine Remy…

-Poudlard ne s'est pas fait en un jour ! déclara le lycanthrope d'un ton qui mit fin à la conversation.

-Justement, si, répondit Tonks dans un murmure inaudible.

oOoOo

Peu à peu, les soupçons de la jeune auror semblèrent se confirmer. Après une semaine de faux sourires, de conversations désuètes et de petits plats préparés avec amour par Mrs Weasley, Harry décida qu'il était temps d'arrêter de jouer la comédie. Il rangea donc son masque de bonheur et laissa son visage s'épanouir au gré de sa détresse.

Il ne riait plus, ne parlait plus, ne mangeait presque plus.

Alors, comme à chaque fois que le malheur pointe le bout de son nez, les gens commencèrent à se trouver des choses urgentes à faire, de-ci de-là. Lles visites à l'infirmerie s'espacèrent, les chuchotements se firent de plus en plus présents et les théories les plus farfelues se mirent à circuler au sujet de cette soudaine dépression de l'homme qui était considéré comme le plus chanceux au monde. Et bien oui, il était célèbre, riche, admiré de tous, que demander de plus ? Pourquoi ne pas être heureux dans ces conditions ?

Certains disaient qu'une partie de Voldemort avait toujours vécu dans Harry, par le biais de sa cicatrice, et que maintenant le corps du Survivant devait faire son deuil. D'autres encore faisaient courir le bruit d'une romance cachée avec une des jeunes combattantes mortes durant la guerre. Quelques uns parlaient d'un Voldy-blues, comme on parle d'un baby-blues.

Personne n'avait posé la question au principal intéressé.

A ceux-là, il n'aurait peut-être pas répondu. Mais s'il l'avait fait, il ne se serait sûrement pas défini comme une jeune maman déprimée. Il aurait parlé…d'inutilité, d'absence de but, de futur, d'une simple définition du mot 'avenir' dans son cerveau lobotomisé. Il aurait expliqué le vide, le néant, aurait ajouté un zeste de désespoir et une bonne portion de…de sang, pour en finir avec tout ça ? Nan, c'est tellement glauque. Juste des larmes, pour s'y noyer un peu ; et puis du silence, pour écouter son cœur arrêter de battre.

Mais personne, personne ne lui avait posé la question.

oOoOo

Et vous, vous la lui auriez posée ? Vous auriez défié cette peur de l'inconnu, cette peur qui vous prend au tripes et vous fais reculer face à ces personnes que vous dites aimer ? Vous auriez affronté vos propres démons pour combattre les siens ?

It's not your fault that you're always wrong
The weak ones are there to justify the strong
(Ce n'est pas de votre faute si vous avez toujours tout faux
Les faibles sont là pour justifier les forts)
(Marylin Manson)