Disclaimer : Je disclaime, tu disclaimes, il-elle-on disclaime, blablabla c'est pas à mwaaaa (pourquoi on se fait toujours du mal en rappelant ça, hein:( )

Résumé : Un homme un peu détruit, un peu perdu, un peu mort aussi. Un Survivant qui n'a plus trop envie de survivre. Des mots qui ne suffisent plus vraiment. Oh, Crépuscule…Mais qui nous sauvera ?

Rating : J'ai mis T, comme troll :D Nan en fait je sais jamais vraiment quoi mettre comme rating, mais monsieur ffnet il dit que T c'est pour treize ans et plus alors on va dire T :D

Genre : J'ai mis Drama, comme dramatique, même si j'aurais bien aimé mettre tragique, aussi, parce que c'est plus tragique que dramatique:D Pi j'ai mis Poetry parce que j'voulais mettre un autre truc, mais je suis pas vraiment sûre de la définition de poetry :D voilààààà

Nda : RAS. Demain fin des vacances. J'hurle intérieurement un 'pourquoi' déchirant, en plus j'ai encore plein de boulot:(. Long chapitre cette fois, comme promis (enfin long pour moi hein:D), j'espère que vous enjoyerez! Oh, et il paraît que Daniel (Radcliffe) sortirait avec une de ses maquilleuses qui auraient sept ans de plus que lui. Mwahahahahahahahahahah:D

Rar:

Melhuiwen: Roh c'est peut-être une courte review mais ça fait bien plaisir quand même! #blush# Merci à toi de me lire, bisoux!

Marion-moune: Han, ben, euh, je suis pas Leonard nan plus, mais merci hein:D Suis très touchééééée! Bisoux!

Farfalina: Mais Dracouchou est toujoursattendrissant! Enfin, je suis heureuse de te l'avoir fait voir sous ce jour-là! Merci pour ta review, bisoux!

Vif d'or: Ben quand j'ai lu ta review, j'ai un peu rigolé toute seule, parce que tu plaçais beaucoup d'espoirs en moi, vu que tu pensais que j'avais prévu un truc de bien et qu'en fait à ce moment-là je savais toujours pas comment tout ça allait finir:D Mais là, ben j'ai écrit la fin, donc je sais. Mais…chut:p J'espère que ce chapitre-là te plaira en tout cas, merci encore pour ta review, bisoux!


Chapitre 5 : Une journée particulière, première partie.

-Harry ? Harry ?

Hermione s'approcha doucement de son ami, assis sur le rebord d'une des fenêtres de la salle commune des rouge et or, le regard perdu au loin dans un vol de flocons de neiges bleutés ; ou peut-être cherchait-il juste la route des Limbes, le chemin vers l'Eden, ou, a défaut, la Géhenne…

-Harry ?

Le brun arracha un regard lourd de questions au ciel blanc de l'hiver pour le poser sur la jeune femme en suspend face à lui.

-Harry, on…on t'a apporté des tartines, parce que t'es pas descendu déjeuner, et, bon, faut pas que t'ailles en cours le ventre vide, c'est pas bon pour…

-Merci, Herm, j'ai pas faim.

Ron le regarda avec perplexité, les mains pleines d'une pile de tartines abondamment beurrées et confiturées, ne comprenant décidément pas comment on pouvait refuser un tel présent du ciel et du dieu des abricotiers.

-Harry, il faut que tu manges ! insista la jeune fille. Regarde-toi, tu es de plus en plus maigre, tu ne dois pas te laisser aller comme ça, tu…

-Je n'ai pas faim, Hermione. Et je ne suis plus un enfant. Maintenant, si vous voulez bien m'excuser…Je vous retrouverai en classe.

Sans plus un regard pour les deux jeunes ados complètement abasourdis par les mots tranchants et le ton sec de leur ami, il traversa la salle commune et se dirigea vers l'escalier qui menait à son paisible dortoir inoccupé à cette heure-ci.

Il monta les marches délicatement, avec la légèreté d'un ange vidé de sa vie, flottant sur la pierre comme une feuille sur un courant d'air. Il poussa doucement la porte déjà entrouverte et fut frappé par l'aspect morne de cette vision si familière. Des lits, tous alignés, tous séparés par le même espace au micromètre près, des malles usées d'avoir tant servi et qui vomissaient des vêtements par chaque infime ouverture, des chaussettes et des écharpes en laine éparpillées aux quatre coins de la pièce, des livres aussi, ouverts, fermés, usagés, aux pages cornées, des relents de vie avec un arrière goût de pourriture qui envahit les narines d'Harry et lui donna la nausée.

Il porta sa main à sa bouche et se précipita dans la salle de bain. Appuyé sur les bords nacrés du lavabo de marbre, il laissa tout ce dégoût d'un quotidien trop bien ancré et trop appris par cœur, cent, mille fois répété, disparaître au loin dans les canalisations. Puis il se redressa quelque peu, toujours secoué par une toux sordide, et fixa dans le miroir ce visage glauque et illusoire qui lui faisait face et qu'il savait être le sien même s'il ne le reconnaissait pas. Ces semaines de coma loin de toute lumière naturelle avaient rendu son teint plus pâle encore que celui de Draco, pourtant déjà expert en la matière, et ces derniers jours durant lesquels il avait décidé d'arrêter de faire semblant n'avaient fait qu'accentuer sa maigreur et l'aspect maladif de sa peau d'albâtre.

Il recula, effrayé par ce semblant de fantôme qui le représentait, et tomba comme un bout de chiffon usagé sur le carrelage froid de la salle de bain. Il porta sa main à son cou, caressa sa peau en appuyant avec force comme pour pénétrer son propre corps, laissa glisser ses doigts le long de son torse sous sa chemise et puis la retira prestement, prit d'un élan de folie nudiste. Il arracha presque son pantalon de ses jambes, envoya valser son caleçon sur les dalles scintillantes et se laissa glisser sous le jet bouillant d'eau qu'il fit couler de la douche.

Il porta ses mains à son visage, comme pour en imprimer dans ses doigts tremblants chaque infime détail, la courbe de son front, le relief de cette cicatrice maudite, la pointe de ses arcades, l'arrête de son nez, l'arrondi de ses lèvres, le carré de sa mâchoire saillante, le contour de son menton, le moindre millimètre de sa physionomie, de sa peau, de son masque…Puis il descendit ses longs doigts anémiques le long de son cou, de son torse à nouveau, il écrasa son ventre de toute la faible force de ses deux mains, comme pour entrer en lui, comme pour violer son corps, pour en extirper toute cette douleur qui le prenait aux tripes et lui vidait l'âme de toute humanité…

Il frappa brutalement ses cuisses du plat de ses mains dures et violentes sur son corps, dix fois, vingt fois, cent fois il frappa, il frappa, il frappa, il frappa…

oOoOo

La douche…

Qui n'a pas pleuré sous une douche, mêlant ses larmes salées à l'eau chaude ruisselant le long de notre corps ? Qui n'a pas cherché dans la chaleur du jet un peu de cette chaleur humaine si indispensable à la vie et pourtant si absente ? Qui n'a pas passé des heures dans cette petite intimité impénétrable, ne pouvant plus se passer de ce délassement qui s'empare de nous au contact de l'eau chaude coulant du pommeau sur notre corps tremblant ? Qui ne s'est pas senti disparaître en volutes de fumée au cœur de toute cette buée qui envahit la salle de bain ?

Qui ?

oOoOo

La porte s'ouvrit et Harry entra dans la salle de classe, attirant sur lui les regards interrogatifs de ses camarades. Sans un mot, il s'avança jusqu'à une table isolée du fond de la salle et se laissa mollement tomber sur la chaise en bois. Plus aucune marque de ses agissements antérieurs n'était visible sur son visage étrangement statufié. Ses traits figés dans une absolution irréelle ne montraient plus aucun signe représentatif d'une quelconque vie intérieure.

Slughorn, quelque peu décontenancé, tenta de faire bonne figure en entamant un discours de bienvenue à l'encontre du nouvel arrivé, évitant soigneusement son regard, comme presque chaque personne présente dans la pièce.

-Eh bien, mon cher Harry, je crois que je peux dire en notre nom à tous que nous sommes ravis de te revoir enfin parmi nous ! C'est avec un immense plaisir que je constate que ta rémission complète et ton parfait état de santé te permettent dès à présent de retourner en classe et j'espère, nous espérons tous, que les cicatrices laissées par cette guerre désormais révolue seront rapides à se ref…

Un grincement se fit entendre au dernier rang. Toutes les têtes se tournèrent vers le gryffondor qui se releva, raide comme le tronc d'un chêne centenaire, le regard fixé droit devant lui dans un vide qui semblait se refléter immense dans ses yeux.

-C'est une blessure qui se referme. Une cicatrice, ça reste. J'en sais quelque chose.

Il avait lâché ces quelques mots d'une voix grave et d'un ton neutre, monocorde, n'y laissant rien transparaître, ce qui mit l'assemblée plus mal à l'aise encore. Puis il attrapa son sac qu'il avait jeté au sol en arrivant, le jeta sur son épaule droite et sortit de la salle.

Un ange passa.

Hermione fit un geste en direction de la porte, Ron se leva à demi, comme pour sortir, mais Draco posa une main sur le torse du rouquin pour le forcer à se rasseoir et il quitta la salle à la suite du gryffondor, laissant le pathétique professeur Slughorn seul face à une masse muette d'élèves déconcertés.

oOoOo

Le blond ferma derrière lui la porte du cachot et se retrouva dans un couloir désert. Il tourna la tête à gauche, à droite, à gauche, à droite…Quel chemin Harry avait-il bien pu prendre ? Draco finit par opter pour la droite, après tout, c'est par là que les gryffondors arrivaient dans les cachots en règle général. Et Harry était un gryffondor. Un gryffondor suivait ses règles et ses petites habitudes, non ?

Draco fit demi-tour et prit le couloir de gauche.

Il parcourut plusieurs corridors sans trouver le moindre signe du brun lorsque, soudain, il aperçut le pan d'une robe rouge dépasser derrière le pied d'une armure immobile, à une centaine de mètres environ devant lui. Il s'avança, inquiet, et trouva Harry recroquevillé à même le sol, appuyé contre la-dite armure. Le gryffondor avait plongé son visage dans ses genoux, et enserré ces derniers de ses bras chétifs ; une position fœtale qui ne semblait pas vraiment lui apporter le réel réconfort d'un retour aux sources.

-Harry ?

Le brun releva brusquement la tête, surpris de voir Draco en face de lui. Plongé dans ses pensées amorphes, il n'avait visiblement pas entendu arriver le serpentard.

Ce dernier s'agenouilla à ses côtés et posa une main réconfortante sur son épaule. Harry n'eut pas le courage de protester ni d'esquisser un geste pour couper court à ce contact qui faisait bouillir sa peau comme du métal en fusion. Il se contenta d'accepter platoniquement cette douleur supplémentaire, bien infime comparée à celles qui rongeaient son corps depuis si longtemps.

-Dray…

Le brun détourna la tête, il ne pouvait supporter de plonger son regard dans l'océan tumultueux des yeux de Draco, il savait parfaitement qu'il s'y perdrait bien trop profondément pour en revenir un jour et il ne voulait pas s'égarer plus encore qu'il ne l'était déjà.

Mais le destin et un blond serpentard en avaient décidé autrement.

Draco saisit de son autre main le menton d'Harry et força leurs regards à se croiser. Il ne put empêcher une vague de soulagement mêlée d'un frisson d'anxiété de se répandre dans tout son corps lorsque ses deux prunelles couleur tempête purent enfin se laisser aller dans ces yeux de jade qu'il n'avait pas pu contempler depuis des semaines.

Un autre ange passa. Décidément, ils étaient pléthore au château ces temps-ci. Au passage, celui-ci lécha délicatement la larme qui perlait au coin de l'œil de Draco, lui évitant ainsi la faiblesse de pleurer devant cet homme qui était bien plus enclins que lui au chagrin.

-Harry…Parle-moi s'il te plait….

Le gryffondor soutint son regard durant quelques longues secondes. Des kyrielles de pensées dansaient une ronde endiablée dans son esprit. Parler ou ne pas parler, là était la question…

Deux possibilités s'offraient à lui, là, en cet instant précis, deux possibilités que peut-être il ne rencontrerait plus jamais. Il pouvait desserrer doucement ses lèvres et laisser sortir de lui ce flot de paroles, de tristesse, de néant qui l'habitait, il pouvait saisir la main tendue du serpentard et peut-être entrevoir un avenir. Ou il pouvait se taire et plonger un peu plus.

Il détourna la tête, et sa bouche resta obstinément close.

Draco abaissa son regard au sol, hésita un instant, accroupi là, face à cet homme qui était en train de sombrer et qui refusait la bouée de sauvetage qui s'offrait à lui. Puis il se releva, tourna le dos au gryffondor et s'éloigna doucement de lui.

-Draco…

La plainte qui venait d'émaner d'Harry figea le blond sur place et transforma son sang en un amas glacé circulant difficilement dans ses veines. Tant de souffrance, dans sa voix. Tant de déchirures. Et tant d'appels au secours…

-Draco, je…Tu ne peux pas comprendre. Personne ne le peut. Je suis juste Harry, Harry James Potter, celui qui était né pour vaincre le mage noir. Il est mort, à présent. J'ai accompli la prophétie, j'ai joué mon rôle, je suis entré dans l'histoire et tout et tout. Maintenant…Maintenant je ne sers plus à rien.

Draco resta un long moment immobile, cloué sur place par le tranchant des mots du gryffondor. Tout sonnait tellement juste dans l'intonation du brun, et tellement faux dans l'oreille du blond…

Au bout d'un lapse de temps qui lui sembla égaler une éternité, si ce n'est deux peut-être, ses lèvres sèches se décollèrent enfin pour en laisser couler des mots destructeurs.

-Tu ne sers pas à rien. Moi…

Draco se retourna, mais il était déjà trop tard.

-J'ai besoin de toi.

Harry était parti.

oOoOo

I don't want to be the one
The battles always choose
Cause inside I realize
That I'm the one confused
(Je ne veux pas être l'élu
Ce sont toujours les batailles qui choisissent
Parce qu'à l'intérieur je réalise
Que c'est moi qui suis confus)
(Linkin Park)

oOoOo

Le jeune gryffondor erra longuement dans le château, de couloirs aux murs humides et suintant de moisissures à des corridors plus élevés, plus secs aussi, avec vues sur le lac ou la forêt interdite. Les mains dans les poches, les larmes dans les yeux, et les yeux dans le vide, il laissait ses jambes le guider où bon leur semblaient. Il se moquait éperdument de ce qu'il faisait. Il se moquait éperdument d'où il pouvait bien être. Il se disait juste qu'il aimerait bien que ses jambes choisissent de se diriger vers cette grande fenêtre, là, vers la droite, et puis, tiens, elles pourraient vouloir marcher sur le rebord de pierre, et puis ses mains décideraient de tourner la poignée et de pousser les vitres, et puis, oh, il tomberait…

Mais ses jambes n'aimaient pas vraiment la fenêtre. Elles la trouvaient trop grande, trop imposante, trop caricaturale pour ce petit Harry. Non, ses jambes, elles avaient jeté leur dévolu sur cette vieille porte en bois sombre, un peu plus loin à gauche, oui, celle-là, avec le gros nœud plus foncé vers le haut, dans le coin là, vous voyez ? Cette porte avec une belle rainure aussi, une longue, une qui la parcourait presque de haut en bas, et puis la petite poignée en bois plus clair, un peu moins arrondie qu'à l'origine tant il y avait de mains qui l'avaient enserrée.

La main d'Harry s'ajouta à cette liste et il poussa la porte, pénétrant dans une salle de classe vide et poussiéreuse, plongée dans une semi-obscurité par des rideaux à moitié rongés par les mites.

Ses jambes le firent encore avancer un peu dans la pièce et le guidèrent jusqu'au vieux bureau sur lequel reposaient un sous-main et un pot à crayons contenant deux plumes et un coupe-papier. Là, elles décidèrent qu'elles en avaient fait assez et cessèrent de le porter, ce qui s'ensuivit par une lamentable chute du gryffondor sur une vieille chaise qui cria sa douleur sous le poids pourtant faible du jeune homme.

Il resta assis là, un moment, à compter les grains de poussières sur le bureau. Et puis au bout d'un certain temps, sa main droite eut envie de bouger, comme ça, pour rien. Elle se dirigea vers le pot à crayons, caressa doucement les plumes pour le plaisir de sentir leur douceur frémir à son contact, et puis elle prit entre ses doigts le petit coupe-papier.

Harry joua avec, faisant voltiger sur les murs de la salle le reflet qui se formait lorsqu'il glissait la fine lame de métal dans le rai de soleil qui s'attardait sur le bureau. La petite tache de lumière dansait sur la pierre sombre, tournoyait, une petite pirouette par-ci, une arabesque par-là, un entrechat volatil, un ballet de lumière orchestré par un simple petit bout d'homme. Un ballet qui ne dura pas bien longtemps.

Fatiguée, la main d'Harry retrouva le contact reposant du bois du bureau. Et puis le gryffondor amena au niveau de la première sa seconde main, remonta un peu sa manche gauche et fit se balader la petite tache lumineuse le long de son poignet blafard. La tache rétrécit au fur et à mesure qu'il approcha le coupe-papier de sa peau, et pour finir elle disparut totalement.

Pour être remplacée par une autre, plus large, plus sombre, plus épaisse.

Plus rouge aussi.

oOoOo

I burned all the good things in The Eden Eye
We were too dumb to run too dead to die
I burned all the good things in The Eden Eye
We were too dumb to run too dead to die
This was never my world
You took the angel away
I'd kill myself to make everybody pay
This was never my world
You took the angel away
I'd kill myself to make everybody pay
(J'ai brûlé toutes les bonnes choses dans l'œil de l'Eden
Nous étions trop stupides pour courir, trop morts pour mourir
J'ai brûlé toutes les bonnes choses dans l'œil de l'Eden
Nous étions trop stupides pour courir, trop morts pour mourir
Ça n'a jamais été mon monde
Vous avez emporté l'ange au loin
Je devrais me tuer pour vous faire tous payer
Ça n'a jamais été mon monde
Vous avez emporté l'ange au loin
Je devrais me tuer pour vous faire tous payer)
(Marylin Manson)

oOoOo

Draco ferma les paupières un instant, mais il les rouvrit presque instantanément. Les images qui défilaient devant ses yeux clos étaient pires que celles qui se tatouaient tout autour de lui sur les tentures de son lit à baldaquins à mesure que la nuit avançait. Il ne savait plus quoi faire. Il ne savait plus que penser.
Il lui manquait la présence d'un corps à ses côtés.

Harry souleva les paupières un instant, mais il les referma presque instantanément. Le clair de lune qui envahissait la pièce était encore trop éblouissant pour lui. Il voulait du noir, de l'obscurité dans laquelle se noyer jusqu'à ne plus distinguer même le bout de ses doigts. C'était sa première nuit hors de l'infirmerie. Sa première nuit dans son dortoir, entouré de ses camarades aux ronflements sonores.
Il lui manquait l'absence de vie autour de lui.

Draco se retourna sur le côté gauche, s'enserra de ses bras et saisit sa nuque entre ses mains. Il sentit la douceur du drap de soie caresser sa joue et repensa à sa propre main caressant la joue d'Harry, quelques heures auparavant. Un frisson parcourut ses doigts alors qu'il pouvait de nouveau sentir le contact de la peau rugueuse et mal rasée sous sa paume.
Et puis une larme roula sur sa joue, et rejoignit le drap. Une larme douce.
Une larme amère.

Harry se retourna sur le côté gauche, laissant ses bras s'échouer le long de son corps comme de lamentables débris. Il ouvrit les yeux, fixa le mur qu'il apercevait dans la semi-ouverture des rideaux de son lit et repensa à la petite tache de lumière qu'il avait fait danser quelques heures plus tôt. Il referma les yeux. Son poignet l'élançait toujours, mais il s'en moquait.
Il voulait danser de nouveau, une valse ou un tango.
Ou un flamenco funèbre.

Draco roula de l'autre côté, enserrant toujours son corps de ses propres bras. A défaut d'autres…Il rêvait d'une chaleur qui était gelée depuis bien trop longtemps pour le réchauffer un jour. Il rêvait d'un rire qui ne souriait plus. Il rêvait d'un dessin, gommé déjà, d'une illustration inachevée.
Il rêvait d'un homme qui n'en était plus un.

Harry roula de l'autre côté, écrasant sa main droite sous sa cuisse. Il sentit une sensation liquide glisser le long de son ventre en adéquation avec le mouvement de son bras gauche. Il ne s'en soucia pas, il savait que le sang cesserait bientôt de couler. Malheureusement.
Il rêvait d'une fin qu'il n'arrivait pas à se donner.

Draco se remit à nouveau sur le dos, et plongea ses yeux dans le noir qui le surplombait. Il vit deux taches vertes y apparaître, mais elles semblaient s'échapper loin, loin dès qu'il voulait les fixer. Il leva la main comme pour les attraper mais son bras retomba lamentablement sur les couvertures.
Il ferma les yeux.
Les rouvrit.
Une seconde larme s'ajouta à la première.

Harry se remit à nouveau sur le dos, et fixa intensément le noir absolu de ses paupières closes. Il y vit scintiller des paillettes, des cercles hypnotisant, des reflets lumineux. Il y vit couler un ruisseau rouge. Il y vit danser des gouttes avec de la lumière.
Il ouvrit les yeux.
Les referma.
Une nouvelle goutte coula le long de ses doigts.

oOoOo

Le lendemain matin, Harry se réveilla à l'aube, le poignet gauche presque collé aux draps de son lit. Il tira sans ménagement son bras hors des draps constellés de taches rouges et s'assit droit dans son lit. Du bout des doigts, il caressa sa plaie encore saignante. Puis il se leva, effaça d'un coup de baguette magique toute trace de sa souffrance visible sur son lit, et partit prendre une douche dans la salle de bain. Une demi-heure plus tard, il marchait sans but dans les couloirs déserts à cette heure matinale.

Il passa devant la porte qu'il avait poussée la veille, mais ne s'arrêta pas. Sa manche longue caressa son poignet meurtri. Il frissonna et continua d'avancer. Il savait où il voulait aller.

Une grand porte blanche. Un petit panneau dessus.

Infirmerie.

Il tourna la poignée et entra.

La grande pièce rutilante et lumineuse était totalement vide. Une rangée de lits immaculés faisait face à une autre rangée de lits immaculés. Du blanc. Partout, tout autour de lui. L'opposé de ce qu'il recherchait. Tout ce qu'il fuyait. Trop de pureté, trop de propreté.

Tout ce dont il avait besoin.

Il se dirigea vers un des lits, celui-là même dans lequel il avait tant dormi. Il n'était plus à présent protégé par le rideau blanc. Il était juste là, au bord du mur, entre deux autres lits identiques. Comme s'il l'avait toujours attendu. Comme s'il n'avait jamais attendu que lui.

Harry fit les quelques pas qui le séparaient encore de son refuge et s'y recroquevilla comme un enfant perdu.

oOoOo

Show me where you found your faith and
Does it help you sleep at night
I am not that complicated
I just need some time
Because it doesn't feel right
And I'm mostly very tired
Life is easy when you fake it
Right until you realize
Your happiness is unrelated
To anything you have inside

(Montre-moi où tu trouves ta foi et
Est-ce que ça t'aide à dormir la nuit

Je ne suis pas si compliqué que ça
J'ai juste besoin de temps
Parce que ça ne me paraît pas bon
Et je suis surtout très fatigué
La vie est facile quand tu la fausses
Jusqu'à ce que tu réalises
Que ton bonheur n'est lié
A rien de ce que tu as à l'intérieur)
(K's Choice)

oOoOo

Draco ouvrit brusquement les yeux et resta quelques secondes figé dans son lit, avant qu'il ne réalise qui il était et où il se trouvait. Les images de son cauchemar lui revinrent alors en mémoire comme une vague de douleur déferlant sur les grains de sable qui s'éternisaient dans ses yeux fatigués. Harry, Harry qui souriait, qui riait, qui dansait avec lui dans un doux soleil et des brins d'herbe verte, et puis un autre Harry qui arrivait, pâle, transformé, anémique, et qui se glissait dans le corps du premier, un Harry qui se désagrégeait petit à petit devant les yeux impuissants de Draco…Des cendres, après, par terre, dans ses mains, des cendres tout autour de lui, des cendres pour ne pas oublier, des cendres pour oublier de ne pas oublier, des cendres pour s'y noyer…

Il tira brusquement ses couvertures, écarta les baldaquins verts et sorti de son lit. Le jour était à peine levé, et ses camarades dormaient encore. Sans faire de bruit, il enfila la robe de chambre posée sur une chaise à côté de sa table de nuit, et quitta le dortoir dont le silence ne fut plus troublé que par les ronflements des serpentards restants.

Sans trop savoir pourquoi, il se retrouva devant la porte de l'infirmerie. Il la regarda longuement, se disant qu'au fond, il regrettait un peu l'époque où il y passait ses nuits, parce qu'à cette époque-là, il lui restait l'espoir d'un Harry qui se réveillerait à la vie, et que maintenant qu'il ne dormait plus, le brun, son espoir à lui, le blond, partait un peu plus en fumée au fur et à mesure que le temps égrenait ses minutes.

Il posa sa main sur la porte, la laissa glisser doucement sur le bois et puis elle se balança misérablement au bout de son bras.

Impuissance.

Il poussa la porte, et ne fut pas vraiment étonné de ce qu'il trouva derrière. A pas lents, il s'avança vers le seul lit occupé, s'y allongea et enserra dans ses bras le corps qui s'y trouvait.

Un autre ange passa. Décidément…

Et puis la voix d'Harry s'éleva dans le silence quasi religieux de la pièce.

-Draco ?

L'intéressé ne répondit rien. Il attendait la suite. Il voulait tellement qu'il y ait une suite…

Il y en eut une.

-Pourquoi tu fais ça ?

-Pourquoi je fais quoi ?

Harry se retourna doucement, toujours emprisonné dans les bras de Draco.

-Pourquoi…

Leurs visages n'étaient qu'à quelques millimètres l'un de l'autre.

Leurs nez se frôlaient, se touchaient presque.

-…tu…

Leurs bouches entrouvertes étaient si proches qu'elles inspiraient directement le souffle émanant de leur alter-ego.

-…fais…

Leurs yeux se reflétaient entre eux. Et la flamme de ceux de Draco se reflétait dans ceux d'Harry. Et durant une fraction de seconde, une flamme se refléta dans les yeux de Draco aussi.

Et puis leurs bouches se frôlèrent. Mais elles ne s'écartèrent pas. Au contraire, elles s'entrouvrirent un peu plus. La langue de Draco caressa doucement les lèvres abîmées d'Harry, puis elle se glissa entre elles et rencontra sa compagne.

Oserais-je dire qu'encore un ange passa ?

Les deux amants se séparèrent au bout de quelques longues secondes qui leur parurent une éternité, mais une bien trop courte. Ils rouvrirent les yeux, tout doucement.

-…ça ?

oOoOo

C'est bien plus beau qu'une victoire
Une bataille perdue d'avance
Les armures sous le soleil
Les casques luisants
Les étendards
Au bout des lances

C'est bien plus beau qu'une victoire
Une bataille perdue d'avance
La fleur au fusil
L'autre dans les yeux
Pour faire demi-tour c'est trop tard
Même si on y pense

(Superflu)

oOoOo

Et puis, le temps, comme toujours, passa.

Des heures, dans ce lit.

Personne ne les vit de la journée. A part Madam Pomfresh, mais elle eut la décence de se retirer.

Personne ne sut jamais ce qu'ils avaient fait. Enfin, personne…Moi, je peux bien vous le dire. Ils sont juste restés là, étendus, dans les bras l'un de l'autre, à découvrir enfin cet être dont leur corps réclamait la présence depuis si longtemps. Ils n'ont pas parlé. Ils n'ont pas bougé.

A peine ont-ils respirés.

Et puis, le temps, comme toujours, passa.

Des journées.

Quelques semaines.

Bien sûr, ils quittèrent ce lit.

Ils passaient tout leur temps ensemble. Partout, on ne pouvait en voir un sans voir l'autre à ses côtés. Un Harry faible, chétif, accroché désespérément à la main d'un Draco toujours aussi froid et hautain, fidèle à lui-même. En cours, à table, durant leur temps libre et même pendant les nuits que Draco passait dans le dortoir des Gryffondors, partout ils étaient deux.

Ou un ?

Une passion destructrice, disaient certains. D'autres y voyaient une guérison bénéfique pour Harry. Enfin, personne ne disait rien. Draco faisait le sale boulot, on n'allait pas en plus trouver des choses à lui redire…

Bien évidemment, l'homosexualité du Boy-Who-Lived avait fait la une des journaux. Le Survivant et le Fils du Mangemort…Quel beau titre, et qu'il faisait vendre !

Les ragots aussi allaient bon train, dans le dos du nouveau couple. Plus ils s'isolaient, plus les rumeurs se faisaient cyniques. Certains pariaient même sur la date prochaine de leur suicide…

Bref, l'être humain dans toute sa splendeur. Harry n'avait jamais vraiment été un homme à leurs yeux, et Draco venait de le rejoindre au Panthéon des célébrités adulées et énigmatiques, sujets des légendes et des rumeurs de couloir.

Seuls les amis d'Harry les considéraient comme un couple 'ordinaire'. Avec Ron, Hermione, Ginny et quelques autres, ils paraissaient presque normaux. Presque innocents. Presque pas comme tout juste sortis d'une guerre traumatisante.

Presque.

En vérité, Draco, habitué au masque depuis sa plus tendre enfance, conservait l'illusion à merveille ; et il le faisait pour deux. Les soirées étaient en fait plutôt animées dans la tour rouge et or. Harry écoutait, effacé, mais son absence passait inaperçue. Comme toujours.

Oui, un couple bien étrange s'était créé dans le château.

Mais ils se satisfaisaient à eux-même, visiblement, et soulageaient tout un chacun du poids moral infligé par le 'cas Harry', alors personne n'allait s'en plaindre.

L'empathie n'est pas incluse dans l'inné d'un être humain. Et elle est rarement dans l'acquis.

Personne donc ne se soucia plus de leur état moral. Après tout, ils étaient deux.

Se détruire seul est une maladie. Se détruire à deux est un choix.

Et il faut respecter les choix d'autrui.