Disclaimer : Les personnages ne sont nullement ma propriété.
Les soldats mercenaires étaient depuis trois jours sur la piste de voleurs extrêmement dangereux et polyvalents. Ils braquaient des banques, des bijouteries et s'en prenaient également à des bases militaires pour dérober du matériel. Ils ne craignaient aucune résistance armée.
Smith poursuivit le chef, un dénommé Angelo qu'il rattrapa dans une impasse. Coincé, le bandit se retourna mais n'eut pas le temps de se saisir de son arme, se prenant un coup en pleine figure. Il allait répliquer mais en reçut un puis plusieurs autres de plus en plus forts, qui ne lui laissèrent aucune possibilité de résistance. Hannibal ne lui laissait aucun répit. Réalisant qu'il finirait par perdre contre le soldat même s'il commençait à se battre à main nues, Angelo chercha à le repousser le temps de reprendre un souffle suffisant. Il réussit enfin à l'éloigner suite à un effort lui paraissant surhumain, puis sortit un revolver qu'il pointa sur le plus vieux, plissant soudain les yeux car il se retrouvait avec l'aveuglante lumière du soleil lui brûlant la cornée. Nullement impressionné par cette arme, Hannibal fit un pas en avant, encore sous le coup de l'adrénaline. Ils entendaient les détonations et chocs des combats plus loin et Hannibal espéra que son équipe s'en sorte indemne. Il ne supportait pas de rester éloigné d'eux trop longtemps, ils étaient une famille et il s'inquiétait vite pour eux.
- T'as l'air de l'adorer ta bande de copains, hein ?
Le voleur ayant détourné son attention, Hannibal ne porta son regard que sur lui et pas sur l'arme afin de ne pas lui faire croire qu'il en avait peur.
- Eh oui, le respect ne s'achète pas même si tu réussissais à vendre ces bijoux volés. Toi et tes petits camarades faites vraiment peine à voir. Deux sont morts sous tes yeux et tu as abandonné les autres.
Le bandit l'écouta d'une oreille mais sembla réfléchir.
- Je disais, t'adores tes potes. Surtout le gars aux allures de dragueur, tu le regardes différemment.
- Différemment ? Qu'est-ce que tu veux dire par là ? demanda Smith, assez surpris.
- J'espère pour toi qu'il est de ta famille ?!
Hannibal fronça les sourcils, l'autre homme s'aventurait sur une pente très glissante.
- Ils sont tous de ma famille.
Le bandit ricana alors que ce n'était pas la réponse qu'il avait attendu.
- Tu as évité ma question.
- Ferme-la et pose ton arme ou tu vas le regretter.
- Alors ce blondinet n'est pas de ta famille ?
Angelo éclata de rire, un rire plus moqueur par rapport à la situation qu'au fait lui-même.
- Les gens comme toi ne sont pas si rares finalement. Tu sais, je vais sûrement regretter de t'avoir descendu mais on ne peut pas en rester là.
Changeant de sujet alors qu'il se sentit démasqué, Hannibal lui envoya une grimace de dégoût.
- C'est ça, finissons-en parce que j'en ai marre de ton sourire. Avec tout l'argent que tu as gagné en braquant des banques, tu n'aurais pas pu te payer un dentiste ? C'est dégradant d'avoir une dentition pareille.
Sur le visage d'Angelo se scotcha un air mauvais qui en dit long sur ses futures intentions.
- On en reparlera en enfer. Mais si ça peut te faire plaisir, j'en informerai ton pote quand j'en aurai terminé avec toi et après, il connaîtra le même sort.
Il ne vit pas à quel point le regard de Hannibal avait changé sur le moment, aveuglé par un nouvel éclat solaire. Le colonel avança d'un pas décidé vers l'agresseur qui pressa la détente de son arme... vide. Surprise ! Paniqué, Angelo appuya encore trois ou quatre fois sur la détente par désespoir, s'imaginant qu'un coup partirait sans la moindre balle dans le barillet. Tranquille, Hannibal souffla devant son comportement et attendit qu'il ne se rende enfin compte qu'il n'avait aucune chance. Rugissant de colère, le voleur jeta son arme au loin et voulut se ruer sur le colonel mais celui-ci inversa les rôles, le frappant et le repoussant avant de sortir sa propre arme. Énervé, Angelo lui fit un doigt d'honneur avant de vouloir se mettre à le retourner.
- Ne bouge pas, tu es très bien où tu es ! l'avertit Hannibal.
Il le fit reprendre sa position initiale et l'autre se moqua en levant de peu les mains.
- Tu n'oseras pas tirer, monsieur grand cœur.
Smith le défia d'un regard qui le fit douter de ses dires.
- Redis-moi ça pour voir.
Ne supportant plus de ne pas avoir le dessus, le voleur baissa les mains et approcha son vis-à-vis sans crainte.
- Tu sais quoi ? T'as raison. Finalement, je vais me laisser arrêter et tout ça rien que pour voir la tête que tu vas faire quand je mettrai ton ami au courant de tes pensées bizarroïdes.
Hannibal ouvrit légèrement la bouche en fronçant les sourcils, se sachant coincé pour de bon. Angelo mit les mains derrière sa tête et afficha un air aussi satisfait qu'impatient.
- Alors, on y va ? brusqua t-il.
L'homme aux cheveux grisonnants posa les yeux sur le canon de son arme et sur le sol avant de la baisser. Ses pensées défilèrent à toute vitesse et il prit la décision qui lui pèserait pas mal de temps sur la conscience. Il releva son arme rapidement tout en voyant Angelo paniquer et tendre les bras devant lui pour se défendre, mais trop tard. Deux coups étaient partis. Il venait de tuer un homme désarmé pour une raison personnelle. Il resta planté à le regarder une bonne minute durant avant de se décider à tourner les talons. Malheureusement, il tomba sur Looping qui avait perdu son éternelle facétie dans le regard. Peut-être était-ce seulement dû à l'action... Sans avoir envie de connaître la réponse de toute façon, il passa à côté du pilote et souffla sans le regarder.
- Y a rien à voir, on s'en va.
Hésitant, Murdock alla rapidement vérifier les blessures du bandit ainsi que l'arme à terre.
- Mince alors ! T'as fait quoi, chef ? demanda t-il pour lui-même.
ooOOoo
Le soir venu, il avait tenté d'en parler à ses amis lorsque leur chef était allé dans la cave pour chercher de quoi arroser leur fin de mission. Barracuda n'en crut rien car pour lui, les choses avaient du aller trop vite pour que Looping ne puisse analyser correctement ce qu'il avait vu. En retrait, Peck secoua la tête.
- Mais je te dis que je l'ai vu, Futé. Il a descendu de sang froid un homme désarmé.
Templeton avait souri après un court instant de réflexion, puis avait juste estimé que si Hannibal avait tiré sur un homme sans arme, c'était qu'il n'avait pas d'autre choix. Un couteau caché dans une manche, peut-être ? Murdock s'exaspéra.
- Je n'ai rien vu à part le revolver d'Angelo.
- Bon d'accord, je lui parlerai. Tu t'en sentiras mieux ? Parce que crois-moi, ce n'est sûrement rien de plus qu'un accident alors sois tranquille.
Futé étant un homme de parole ne craignant aucun tabou ni conflit avec personne, il profita une heure après de la petite ambiance d'ivresse entre Barracuda et Looping pour attirer Hannibal à l'extérieur de la maison. Lorsqu'il lui exposa les dires de l'aviateur, son supérieur resta de marbre mais cela ne l'affligea pas.
- Hannibal, tu ne peux pas le cacher. Je sais que ce que tu ressens depuis quelques temps.
- Comment ça ? Je ne crois pas avoir changé ! répondit l'aîné avant de siroter sa bière.
- Ah oui ?
Templeton sourit.
- Je suis le seul de l'équipe que tu ne regardes plus dans les yeux en lui parlant, et c'est ce qu'il m'arrive quand je craque sur une femme en général. Réellement, je veux dire. Tu es à part ce soir à cause de ce que tu as fait aujourd'hui.
S'arrêtant en entendant son ami se racler la gorge, il lui posa une main sur l'épaule sans rater son petit sursaut.
- Ce type t'a dit des choses graves ? Parce que même s'il t'a menacé d'une certaine manière, tu as tué un homme désarmé aujourd'hui et c'est une chose que tu n'aurais jamais faite si tu avais été concentré. Et tu as fait si peur à Looping sur ce coup qu'il nous en a parlé.
Hannibal, acculé, regarda le ciel qui s'assombrissait et déglutit difficilement.
- Je ne devrai pas être comme ça et je n'ai jamais pu dire ces mots dans la vie. Je suis désolé.
Ce fut la première fois de sa vie que Futé vit son ami et supérieur aussi désemparé.
- Ne le sois pas.
- Je ne croyais pas être comme ça, j'ai essayé de te mettre de côté.
Bien que Smith était calme en apparence, Peck savait qu'il menaçait d'exploser rien qu'à cause de ce qu'il avait fait. Guerrier émérite, Hannibal n'en avait pas moins conservé une conscience énorme malgré le temps.
- Les sentiments, ça ne se contrôle pas.
Peck s'approcha doucement et prenant les mains de Hannibal dans les siennes, il posa son front contre le sien afin de le calmer. Il se sentit soudainement enivré par son parfum, mêlé à une odeur de cigare et d'alcool.
- J'aurai voulu lui laisser la vie sauve, mais il m'a menacé de parler. Si tu estimes que je ne suis plus digne de vous trois, tu n'as qu'à me le dire. Je m'en veux suffisamment.
- Je ne vais te dire qu'une chose. Si ce Angelo était venu tout me dire, j'aurai juste fait ça.
Doucement, Peck posa les lèvres sur celles de son ami et l'embrassa avec tendresse. Hésitant d'abord alors qu'il n'en revenait pas d'être embrassé par un homme, Smith le lui rendit ensuite avec confiance et ils savourèrent cet instant une longue minute, le temps que leur baiser ne s'approfondisse.
Reculant la tête, Futé demanda :
- Et moi, est-ce que tu me trouves digne de toi ?
Comme seule réponse, son supérieur le regarda dans les yeux avant d'imiter son geste précédent. Après cette réponse positive qui les rasséréna tous les deux, ils décidèrent de rejoindre les autres afin de profiter de la fête. Lorsque Looping tourna la tête vers eux après un évident fou rire partagé avec Barracuda, il vit Peck lui sourire et lui adresser un clin d'œil. Alcool ou non, cela lui permit d'être rassuré sur la situation de la journée et pour montrer qu'il passait à autre chose, Looping leur tendit des verres en hurlant leurs grades et leurs noms.
Fin.
