Vous vous arrachez les cheveux lorsque vous voulez poster une review ? Vous ne savez pas comment rechercher une histoire que vous aimez ? Vous détestez l'anglais et ce n'est pas qui vous fera changer d'avis ? Bref, vous ave besoin d'aide pour vous retrouver sur le site ? Il existe un mode d'emploi ! Vous en rêviez, Alixe et Lisandra l'ont fait !
Rendez-vous sur le profil de Fanfiction-mode d'emploi (adresse /fanfictionmodedemploi ou /u/577456) et vous saurez tout tout tout sur comment poster, comment trouver, comment naviguer sur sans attraper une migraine carabinée !
§§§
Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.
Chapitre 163
Détours et Impasses
…
Harry suivit McGonagall le long des couloirs de l'école. Il n'osait présumer des raisons de cette convocation impromptue. Il doutait toutefois que ce fût sa conduite dans le Grand Hall qui motivât cette invitation à la suivre. D'autant qu'ils ne prirent pas la direction du bureau de la sous-directrice, mais bel et bien celle du Bureau rond de Dumbledore…
- Professeur ? risqua Harry en allongeant le pas pour se retrouver à la hauteur de la directrice adjointe.
- Vous aurez toutes les explications nécessaires dans un instant, Potter… répondit McGonagall sans lui adresser un regard.
Harry garda ses questions pour lui et suivit le rythme rapide du Professeur McGonagall.
…
La première des choses que Harry remarqua, outre le fait que le professeur Dumbledore n'était pas seul, fut le portrait réparé de Nigellus. L'ancien directeur sortit du cadre à l'arrivée du jeune homme, d'un air digne et offensé, tandis que Nymphadora Tonks se levait à l'entrée de McGonagall et que Mondingus Fletcher s'inclinait devant la directrice adjointe avec un semblant de distinction. Puis il fit un clin d'œil à Harry et Tonks un signe de la main.
- Bonjour Harry, dit Dumbledore. Je suis désolé de te convoquer ainsi, mais j'ai préféré t'envoyer Minerva… Je pense qu'il vaut mieux rester discrets sur nos entrevues…
McGonagall eut un sourire goguenard.
- Rassurez-vous, Albus, répondit-elle. Potter m'a fourni un prétexte parfait pour que cette convocation paraisse naturelle.
Harry s'absorba dans la contemplation du tableau de Dylis qui le regardait d'un air sévère, l'oreille tendue vers l'étagère du Choixpeau qui faisait entendre son habituel ricanement sarcastique.
…
Dumbledore se déclara ravi de ces circonstances favorables et McGonagall quitta la pièce. Le directeur fit apparaître un siège pour Harry et pria ses trois hôtes de s'asseoir. Il prit lui-même place dans son fauteuil et croisa les doigts sur sa barbe.
- Harry, commença-t-il…
Et le jeune homme se tint sur ses gardes. Tout son être venait de ressentir une étrange sensation.
- Harry, reprit Dumbledore, je t'ai fait appeler car je voudrais que tu confies à Nymphadora Tonks ainsi qu'à Mondingus Fletcher le secret de la résidence de Pétunia et Dudley Dursley…
Harry frissonna. Son malaise se précisait.
- Pourquoi ? dit-il avec plus de brusquerie qu'il ne le voulait. Je croyais que ma tante et mon cousin étaient en sécurité…
- Ils le sont… voulut le rassurer Dumbledore.
- Mais ? insista Harry.
Dumbledore ne répondit pas immédiatement. Il semblait réfléchir et les visages tendus de Tonks et Ding inquiétèrent Harry.
- Si ce n'est ni ma tante ni Dudley… C'est Mrs Figg ? termina le jeune homme.
Tonks trouva soudain passionnante la contemplation de ses ongles peints en noir, et Mondingus eut une grimace qui l'enlaidit davantage. Dumbledore soupira.
- Que s'est-il passé ? pâlit Harry. Ils ont retrouvé leurs traces ? Ils ont tenté quelque chose contre Mrs Figg ?
- Non… intervint vivement Dumbledore. Du moins pas encore…
- Mais ? refit Harry, à demi soulagé.
- Mais Tom a remonté la piste de Marjorie Dursley, répondit le directeur sans hésiter cette fois.
- C'est elle qui leur a parlé de Mrs Figg ?
- Non, elle était absente… Elle était à Londres pour s'occuper de l'entreprise de son frère défunt… Il semblerait que les Mangemorts soient tombés sur la personne qui garde son chenil durant ses absences…
Harry ferma les yeux, une nausée au bord des lèvres.
- Le colonel Courtepatt… Murmura-t-il.
Le silence de Dumbledore lui fit renoncer à poser la question qui venait à son esprit.
- Mais il n'a pu leur parler de Mrs Figg… se décida enfin à dire Harry avec une ferveur fiévreuse. Il ne sait même pas qu'elle existe…
Dumbledore hocha la tête.
-Non… mais il savait que Pétunia avait été emmenée par une vieille voisine un peu folle, la dame aux chats du quartier… Du moins c'est ce que Marjorie Dursley lui avait dit.
- Elle doit être folle furieuse… murmura encore Harry pour chasser un silence qui le dérangeait terriblement.
- Elle était très inquiète pour ses chiens, en effet… sourit à peine Dumbledore.
Le vieux Ding s'agita sur sa chaise. Il grommela des paroles inaudibles.
…
Dumbledore reprit :
- Tom ne tardera pas à remonter jusqu'à Tintagel, où les Figg ont toujours vécus… Nous avons placé des agents à nous qui surveillent les environs dès que nous avons appris que la Marque Noire avait été lancée au dessus du chenil de Marjorie Dursley… mais si jamais les mangemorts retrouvaient la maison d'Arabella, il faut que ceux qui seront chargés de la défendre puisse s'occuper de ta tante et de Dudley également… C'est pourquoi je te demande de révéler à Nymphadora et Mondingus l'endroit exact du lieu où Pétunia et ton cousin se cachent…
- Non !
…
Dumbledore haussa les sourcils. Mondingus Fletcher sursauta et Tonks passa la main dans ses cheveux rouges.
Harry se leva et se mit à faire les cent pas dans le petit bureau, très nerveux. Il ne cessait de remonter ses lunettes sur son nez, bien qu'elles fussent toujours en place.
- Non ? répéta Dumbledore doucement. C'est pourtant nécessaire, Harry…
- Pas si on les déménage dans les heures qui viennent… le coupa Harry.
- Et où veux-tu qu'ils aillent ? Ta tante est en sécurité….
Harry fit volte face :
- Ma tante ne sera en sécurité que lorsque Voldemort et moi nous serons affrontés… Ne comprenez-vous pas que c'est là ce qu'il a voulu dire quand il a prétendu que des innocents mourraient encore à cause de moi ? Il veut tout faire pour éviter d'avoir à venir à Poudlard pour me défier. Il veut se servir de ma tante comme il s'est servi de Sirius. Mais cette fois, il sait que je ne me laisserais pas prendre au piège… Il lui faut un véritable otage.
- Mais pourquoi ta tante ? demanda Tonks. Tu ne tiens pas à elle exagérément à ce que je sais…
- Et crois-tu que je la laisserais entre les mains de ce psychopathe, malgré tout mon ressentiment, ou toute mon indifférence à son égard ? cria Harry. Il sait bien que ferait tout pour l'arracher à ses tortures. Et même si elle est protégée par le Fidélitas, je crains qu'elle ou Dudley ne paniquent si les Mangemorts attaquent la maison de Tintagel. A l'extérieur, ils seront à nouveau vulnérables… Et puis… il y a Mrs Figg. Je ne veux pas qu'elle souffre de quelque manière que ce soit à cause de moi. Elle a déjà fait beaucoup. Il faut la mettre à l'abri elle aussi.
…
Il se tourna résolument vers Dumbledore.
- Il faut les faire partir tous les trois, immédiatement.
- Ils pourraient venir chez moi, proposa Mondingus, heureux que le jeune homme pensât à la sécurité d'Arabella.
- Chez toi ? Tu en as donc un ? se moqua Tonks.
Mondingus se renfrogna. Dumbledore leur sourit :
- Je doute qu'Arabella goûte vraiment le confort de vos quartiers, Mondingus… dit-il. Et il vaudrait mieux les tenir éloignés de tout ce qui touche à l'Ordre.
Harry hocha la tête.
- Oui, loin de tout et de tous. Je connais un endroit parfait pour ça…
Dumbledore le fixa longuement et Harry lui rendit son regard.
- C'est vrai qu'on ne peut se servir du 12 square Grimmaurd comme QG, car les allers et venues des membres de l'Ordre attirerait à nouveau l'attention vers ces lieux… reprit Harry, mais pour cacher trois personnes, ce serait l'idéal…
- La maison de la famille Black est connue de Celui-Dont-On-ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom ainsi que de ses hommes de main… dit Tonks.
- Il ne reste que Narcissa Malefoy pour faire le lien entre la maison des Black et moi… Et qui croirait que l'ordre voudrait y remettre les pieds après ce qui c'est passé… répliqua amèrement Harry.
Il se rassit devant le bureau de Dumbledore et réfléchit :
- La maison est à moi. Sirius me l'a léguée, je peux donc en disposer…
Il interrogea Dumbledore du regard et celui-ci hocha la tête.
- Kréattur n'est plus là pour créer de problèmes… continua Harry. Il suffit de bloquer le réseau de cheminée et nous avons Percy pour cela… Pour avoir des nouvelles et communiquer avec Mrs Figg ou un membre de l'ordre qui serait affecté à la sécurité, vous n'aurez qu'à envoyer…
Il leva le menton vers le portrait de Phinéas Nigellus qu'il savait à l'affût derrière son cadre.
-… Monsieur Nigellus qui se fera un plaisir de retourner dans ses anciens tableaux…
Un reniflement hautain ponctua la phrase du jeune homme.
- Ha ! La vieille croûte est encore finalement bien utile ! fit la voix invisible du directeur le plus détesté de Poudlard. Mais il a raison, ajouta-t-il avec une pointe d'exaspération. La maison des Black est la plus sûre des cachettes à présent qu'il ne reste plus aucun représentant de cette misérable vermine prêt à trahir ses maîtres pour un oui ou pour un non. J'ai toujours dit que les Elfes de Maison causeraient la perte des Sorciers… Et nous ne sommes pas au bout de nos peines à ce sujet, avec vos idées larges, Dumbledore…
- Merci Nigellus… fit Dumbledore en levant les yeux au ciel. Et vous pouvez revenir dans votre cadre. Harry promet qu'il conservera son sang-froid aujourd'hui…
Il y eut un silence, et dans la pièce et dans le cadre. Harry grogna un assentiment et Nigellus se montra enfin, un sourcil levé.
- Cependant, continua-t-il sur ce ton supérieur qu'il affectionnait, Rodolphus Lestrange connaît également la maison.
- Nous pouvons lui interdire l'entrée, et condamner la porte… réfléchit Dumbledore. Ainsi qu'à Narcissa Malefoy. La maison bénéficie déjà de sortilèges anti-transplanage de l'extérieur vers l'intérieur…
- Mais vous oubliez que la Maison des Black est une maison sorcière, intervint Tonks. Et Arabella, tout adorable soit elle, est bien incapable de s'y retrouver… pas plus que les deux moldus…
- Raison de plus pour qu'on ne pense pas que nous les cachons là-bas ! insista Harry.
- Ça ne va pas être pratique pour eux… assura Tonks.
Harry se tourna résolument vers Dumbledore :
- Prêtez-moi Dobby, Professeur… Je paierai son salaire. Bill Weasley n'aura qu'à descendre à mon coffre pour prendre les sommes nécessaires à son traitement ainsi qu'à l'entretien de ma famille et de Mrs Figg. Dobby ne refusera pas de me rendre ce service. Il s'occupera de tout ce qui est magique square Grimmaurd. Personne ne fait attention aux elfes de maison. On ne remarquera pas son absence à Poudlard.
- Mais il faudra faire un peu de ménage, alors, grimaça Tonks… M'étonnerait que Dobby soit très heureux de servir dans une maison où les têtes de ses congénères sont exposées dans les escaliers…
- Et tu oublies la vielle croûte, mon garçon ! s'exclama Mondingus Fletcher. Elle n'a pas fini de hurler sa désapprobation quand elle saura que cracmols et moldus vivent dans sa maison…
- Cela fera de la compagnie à ma tante, grommela Harry. Elles s'apprendront de nouvelles insultes et pourront ainsi déblatérer de concert sur mes parents et moi… Vous verrez qu'elles finiront par se trouver des points communs…
Un ricanement de Nigellus le fit sourire. Dumbledore se mit à rire.
- Très bien Harry, tu as gagné. Ta tante et Arabella seront hébergées chez toi. Je vais envoyer Dobby faire un peu de nettoyage au Square grimmaurd et préparer leur venue. J'irai moi-même les prévenir de leur déménagement imminent. Il nous faut cependant assurer leur sécurité le temps que nécessiteront les préparatifs : veux-tu dire à Tonks et Mondingus où ils peuvent trouver Pétunia et Dudley Dursley ?
…
Harry s'exécuta, puis la jeune Auror et le vieil escroc reprirent le portoloin qui les avait amené à Poudlard. Harry s'apprêta à prendre congé. Dumbledore le retint un instant.
- Harry… dit-il d'une voix douce. Il te faudra retourner là-bas, tu le sais… Il est nécessaire de recommencer le rituel du Fidélitas… C'est une sécurité supplémentaire que nous ne pouvons négliger…
- Je le sais…
La voix du jeune homme était ferme.
- Ton week-end va être une fois de plus bouleversé…
Harry haussa une épaule.
- Ce n'est qu'une question d'habitude…
- J'aurais voulu t'éviter cela… murmura Dumbledore.
Harry esquissa un sourire triste.
- Plus personne ne mourra par ma faute, Professeur… répondit-il. Du moins, pas si je peux l'éviter…
Un soupir de Dylis fit écho à un reniflement de Nigellus.
- Toujours aussi présomptueux… laissa tomber le portait.
Harry ne daigna pas lui répondre. Il préféra demander à Dumbledore qui se levait de son fauteuil directorial :
- Pensez-vous pouvoir déménager trois personnes et une ribambelle de chats avant ce soir, Monsieur ?
Dumbledore sourit.
- Les déménager sera facile… je veux dire : les transporter d'un endroit à un autre… pour ce qui est de leur faire comprendre et admettre qu'ils devront encore une fois changer de résidence, cela pendra un peu plus de temps, je le crains… Mais je ne sais si Dobby aura assez de temps pour rendre la maison des Black habitable en si peu de temps… Voici presque un an et demi que nous avons quitté notre ancien QG… Déjà…
- Il suffira de préparer les chambres et de rendre la cuisine opérationnelle, dit Harry d'une voix un peu tendue. Molly Weasley avait déjà fait du bon travail, il me semble. Le reste, ma tante pourra s'en charger : cela l'occupera. Elle est si maniaque qu'à la fin de mes études je pourrai m'installer directement chez moi. On ne reconnaîtra plus l'ancienne maison des Black…
Il essaya de sourire. Dumbledore s'approcha de lui.
- Je dois contacter Percy, envoyer Dobby sur place, et me rendre à Tintagel… et m'assurer de la sécurité du Square Grimmaurd. Je crois que ce soir nous pourrons installer Arabella et ta famille dans leurs murs…
Harry fit une grimace :
- Je préfèrerais installer ma tante et mon cousin avant la nuit… Cette maison est assez impressionnante sans en rajouter, ne croyez-vous pas ?
Dumbledore haussa un sourcil. Il fit un rapide calcul.
- Alors nous verrons demain, dit-il.
Puis il reprit :
- Tu voudrais les installer toi-même ?
- C'est chez moi, c'est à moi à leur faire les honneurs de la maison, répondit Harry.
Et il voulait que sa tante sût qu'elle était chez lui.
- Cela laissera plus de temps à Dobby, acquiesça le directeur.
- Pourrais-je m'y rendre avant leur arrivée ? demanda encore Harry.
Un instant Dumbledore resta silencieux. Enfin, il hocha la tête.
- Je t'enverrai Fumseck dès que Percy aura condamné les cheminées et que Filius Flitwick aura enchanté les entrées…
- Oui, il vaut mieux être prudent…
Harry marcha vers la porte. Il avait du mal à quitter le bureau.
- Professeur…
Dumbledore le regarda par-dessus ses lunettes en demi lune…
- Oui, Harry… ?
- Je ne voulais pas vous apprendre ce que vous avez à faire… Je veux juste empêcher Voldemort d'avoir prise sur moi…
- Je le sais, Harry…
Le sourire de Dumbledore l'invitait à parler. Il revint vers le bureau.
- Lorsque Malefoy recevra des nouvelles de son maître, je me rendrai auprès de lui et je saurai ce qu'il trame… dit-il très vite sans regarder le vieil homme dans les yeux.
Il écoutait le silence et il sentait le regard du directeur sur lui.
- Si je te demandais de ne pas le faire, Harry…
La voix de Dumbledore était sérieuse et chargée d'émotions.
- Je ne risque rien, insista Harry prêt à se mettre en colère. Personne ne saura que je suis là. J'en apprendrais bien plus en quelques minutes de transe que par des jours d'espionnage… et des risques pris par d'autres…
Et comme Dumbledore ne disait rien, il continua :
- Vous m'avez laissé descendre je ne sais combien de fois dans les souterrains de l'école, pour affronter Voldemort ou ses hommes de mains… Vous m'avez laissé courir bien plus de dangers que je n'en courrai dans une transe… Pourquoi m'interdiriez-vous aujourd'hui…
- Je ne t'interdis rien Harry, l'interrompit à son tour le vieil homme. Je sais trop bien que ce serait le moyen de te lancer dans cette entreprise périlleuse… sans aucune réflexion ni préparation… Je te demande d'être prudent. Nous ne pouvons nous permettre la moindre erreur cette fois…
Harry se raidit un instant.
- Vous ne pouvez vous permettre de me perdre, c'est ce que vous voulez dire…
Il s'en voulut aussitôt pour son ton mordant et ses paroles amères. Mais Dumbledore répondait déjà :
- Te perdre, Harry, c'est le cauchemar qui hante mon sommeil depuis des années…
La boule qui était coincée dans la gorge du jeune homme depuis qu'il était entré dans le bureau rond lui faisait un mal atroce. D'une voix éraillée, il essaya d'ironiser :
- Il faut savoir sacrifier des pièces pour gagner une partie…
Dumbledore hocha la tête :
- Oui… Mais certains sacrifices coûtent plus que d'autres…
Puis il releva les paupières et posa les yeux sur Harry. Il sourit.
- Heureusement que parfois les pièces se chargent de jouer la partie de leur propre chef…
Harry eut lui aussi un sourire un peu amer. Il s'arrêta dans son geste pour rejoindre la sortie.
- Professeur ? si vous deviez rejouer la partie…
Il n'osa pas aller plus loin. Dans les tableaux, Dilys et Nigellus attendaient la réponse du directeur. Enfin Dumbledore reprit, lentement :
- Je ne crois pas que j'aurai pu faire d'autres choix que ceux que j'ai fait, au moment où je les ai fait…
Harry s'avança jusqu'à la porte. Il n'était pas surpris d'une telle réponse. Cependant Dumbledore continua :
- Mais s'il y a une seule chose que je pouvais changer, alors ç'aurait été d'empêcher Tom de devenir Voldemort… Mais bien sûr, c'est parce que je sais aujourd'hui ce qu'il est advenu de lui… et de ceux qui se sont trouvés sur sa route. Du moins pour la plupart…
Harry tourna la poignée de la porte. Il lui tardait soudain de quitter la pièce.
- Et toi Harry ? Si tu avais la possibilité de rejouer cette partie ? Que ferais-tu ?
…
Mais Harry ne répondit pas. Il ouvrit la porte et mit le pied sur la première marche de l'escalier à vis. Il chercha dans sa poche la Carte du Maraudeur tandis que l'escalier tournait jusqu'au palier. Il trouva ses amis dans la salle des Quatre Maisons et s'y dirigea directement dès qu'il fut dans le couloir. Il faudrait annoncer à Ellen qu'il ne passerait pas le dimanche avec elle comme il le lui avait presque promis. Et Ron et Hermione – Hermione surtout – voudraient savoir les raisons de la convocation de McGonagall. Elle ne croirait jamais que sa conduite, surprise par hasard, justifiait une telle hâte de le convoquer dans son bureau.
…
…
Harry se laissa tomber sur la chaise à côté d'Ellen.
- Qu'est-ce qu'elle te voulait ? demanda Ron.
Hermione lui donna un coup de coude pour le faire taire.
- Elle t'a collé ? s'inquiéta Neville.
Ginny lui fit les gros yeux.
- De toutes façons c'est la faute d'Hermione ! affirma Ron.
Luna le fixa de ses yeux étranges.
- Si elle était aussi sévère avec ces deux-là qu'avec tous les autres, Harry ne se serait pas fait surprendre… Voilà ce que c'est que de faire preuve de laxisme…
Hermione secoua la tête. Elle eut un petit claquement de langue agacé.
- Ron, s'il te plait ! chuchota-t-elle. Il s'agit bien de ça !
Elle releva vivement la tête vers Harry.
- Tu veux qu'on en parle ailleurs ?
…
Harry promena son regard sur la salle. On l'observait du coin de l'œil.
- Ce serait plus prudent, estima-t-il.
Neville se leva le premier avec Luna.
- On se retrouve là-haut ? demanda-t-il à voix basse.
Hermione acquiesça d'un signe de tête :
- Ginny tu les suis dans quelques minutes. Ron et moi irons d'abord chez les Préfets.
Elle interrogea du regard Harry et Ellen.
- Nous vous rejoignons dès qu'Harry m'aura expliqué ce qui lui a pris, assura la jeune Serpentard.
Elle posa son coude sur la table et sa joue dans sa main. Elle attendait, un sourire aux lèvres. Et comme Harry se taisait encore, bien que ses amis se fussent éloignés, elle demanda :
- C'est parce que j'ai dit que c'était moi qui t'avais invité au bal de Noël ?
Il secoua la tête.
- Je n'aime pas entendre dire du mal de toi…
Il avait murmuré, conscient qu'Ellen ne pouvait pas comprendre de quoi il parlait. Elle fut un moment avant de reprendre :
- Crois-tu qu'un baiser changera grand-chose ? Crois-tu qu'on règle ainsi tout ce qui nous dérange ?
Harry sourit pour lui-même, sans la regarder. Il dessinait, du bout de sa baguette, des cercles concentriques sur la table.
- Ce serait bien, non ? soupira-t-il.
Elle se rapprocha, sans se soucier des regards de leurs camarades autour d'eux.
- Harry…
Elle sourit, comme si elle se moquait de lui, avec pourtant au fond des yeux quelque chose que le jeune homme ne savait nommer.
- Harry, répéta-t-elle doucement. Tu es si… naïf.
- Je sais, soupira-t-il encore. J'essaie pourtant de ne pas l'être…
Ellen se mit à rire franchement. Il rougit. Un regard si naïf… C'était ce qu'elle disait déjà de lui bien des mois plus tôt.
Elle s'approcha encore et embrassa sa joue qui chauffait.
- Tu sais que je me moque de ce qu'on pense. Tu n'empêcheras jamais les gens de parler, ni les rumeurs de circuler… Ce qui importe, c'est que toi et moi sachions la vérité.
- Et quelle est la vérité ? demanda Harry abruptement.
Elle plongea ses yeux dans les siens.
- Que tu es un prétentieux à la tête plus grosse qu'une bedaine de dragon, si candide qu'il est facile de te faire croire et faire tout ce qu'on veut comme à un benêt de Gryffondor que tu es… Et moi une Serpentard vaniteuse et hautaine, dont il faut se garder comme de la peste… Mais qu'est-ce que cela peut faire ?
Elle arrangea les mèches de cheveux noirs sur le front d'Harry qui la chassa mollement.
- Tu m'aimerais davantage si j'étais différente… ?
Harry se concentra sur les cercles qu'il dessinait toujours sur la table. Il fit un effort pour répondre :
- Si tu étais différente, tu ne serais qu'une insupportable Serpentard de plus…
Elle posa son front sur l'épaule d'Harry et il l'entendit rire.
- Pourquoi ne réponds-tu jamais directement aux questions qu'on te pose ? demanda-t-elle.
- Parce que je ne sais pas répondre aux questions qu'on me pose aujourd'hui…
Il se leva et tendit la main à Ellen.
- On nous attend, rappela-t-il.
…
…
Il savait que les questions qu'on lui poserait dans quelques minutes, il n'aurait peut-être pas envie d'y répondre non plus. Et il doutait aussi que ses amis ne se contenteraient d'un « Je ne sais pas » de sa part. C'était pourtant ce qui l'avait frappé lorsque Dumbledore lui avait demandé s'il rejouerait leur partie d'échec de la même manière. Il avait failli s'écrier qu'il changerait bien des choses avant de s'apercevoir qu'il n'avait aucune maîtrise sur ce qu'il voulait changer. Et brusquement, il n'avait plus été aussi sûr de sa réponse. Et il savait aussi qu'il n'avait aucune maîtrise non plus sur ce qu'il ressentait pour Ellen. En quoi la voudrait-il différente ? Un peu moins fière ? Un peu moins indépendante ? Un peu moins perspicace ? Changerait-il son regard effronté contre un regard d'admiration aveugle ? Changerait-il ses mots moqueurs contre de lénifiantes déclarations ? Non, il ne l'aimerait pas ainsi.
…
Et s'il y avait une chose qu'il ne changerait non plus pour rien au monde, c'était ses amis assis face à lui, inquiets et curieux de savoir ce qui pouvait le tracasser.
- Mais qu'est-ce qu'elle voulait, McGonagall ? demandait Ginny.
- C'est grave ? s'alarmait Ron.
- Il faut qu'on soit redescendus pour le repas de midi, leur rappelait Hermione.
- Mais pourquoi elle voulait te voir, McGonagall ? insistait Neville.
- Si vous le laissiez parler, il réussirait peut-être à nous le dire…
La voix de Luna fit taire tout le monde. Harry lui sourit, bien qu'elle ne s'en aperçût pas. Elle jouait à faire sauter des bouchons de bièraubeurre les uns pardessus les autres.
…
Dans le silence gêné, Harry commença son récit. Il tint en quelques mots qui glacèrent tout le monde :
- Voldemort a retrouvé la piste de ma tante.
- Je croyais que le sortilège du Fidélitas protégeait ta tante et ton cousin de Jedusor et de ses mangemorts… commenta Luna.
Harry hocha la tête.
- Mais pas Mrs Figg. C'est elle qu'ils rechercheront.
Hermione fronça les sourcils, signe qu'elle s'interrogeait fortement. Ron la devança :
- Comment ont-ils su ? Pour Mrs Figg, comment ont-ils su ?
Harry soupira.
- Ils sont remontés jusqu'à Marge… et ils ont… enfin, ils ont « interrogé » le colonel Courtepatt qui gardait le chenil quand elle s'absente…
Neville déglutit avec quelque difficulté.
- gardait ? murmura-t-il.
Harry lui rendit la grimace qu'il lui adressait.
…
Hermione fronçait toujours les sourcils.
- Tu vas devoir inclure Mrs Figg dans le Fidélitas ? demanda-t-elle.
Harry acquiesça.
- Nous allons leur faire quitter leur résidence actuelle. Dès demain. En attendant, Tonks et Mondingus montent la garde.
- Mais pourquoi ne pas simplement mettre Mrs Figg à l'abri ? voulut savoir Ron. Au QG par exemple !
- Parce que ma tante ne peut se débrouiller seule, expliqua patiemment Harry. Le sortilège de Fidélitas empêche tout appareil ménager, ou électrique de fonctionner normalement. La magie générée par le charme est trop puissante. Mrs Figg peut se servir d'objets préalablement enchantés, mais ma tante ignore tout de leur fonctionnement. Et elle ne veut surtout pas s'en servir ! Vous la voyez vivre comme au début du siècle dernier ? Pas moi, je vous le dis… Et il leur fallait également quelqu'un qui puisse leur fournir tout ce dont ils avaient besoin, puisqu'ils ne peuvent se les procurer par magie…
- Et maintenant ? Comment vont-ils faire si Mrs Figg est condamnée à rester enfermée avec eux ? questionna Ginny.
- Dumbledore est d'accord pour me prêter Dobby le temps… le temps que cela durera.
- Mais je ne comprends pas pourquoi ils doivent déménager ! insistait Ron.
- Parce que, reprit Harry un peu moins patiemment cette fois, comme ils ont retrouvé la trace de Marge, ils retrouveront celle de Mrs Figg et que d'une, je ne veux pas qu'elle soit malmenée ; et de deux, je ne sais comment réagirait mon cousin, ou ma tante, s'ils voyaient des cagoules envahir la maison où ils vivent et torturer une vieille femme devant eux… Même si les mangemorts ne pourraient les voir, je crains que Dudley, en particulier, ne perde la tête et ne quitte la maison. Dehors, il deviendrait vulnérable. Ma tante serait capable de le suivre et que ce soit l'un ou l'autre il serait si facile alors de m'attirer hors de Poudlard… Je ne pourrais pas les laisser tomber entre les griffes de Voldemort… Et il le sait bien. Même s'il sait combien je ne les aime pas…
Ron baissa la tête.
- Il sait que tu ne te laisserais plus prendre au même piège, balbutia-t-il cependant.
- Oui, il le sait, assura Harry. Justement. Quand on aurait trouvé la veille Figgy ou mon cousin avada-kédavré au milieu de la grand-rue de Pré-au-Lard, crois-tu que j'aurai encore des doutes ?
…
Harry sentit Ellen frissonner à côté de lui. Elle chercha sa main et la serra dans la sienne.
- Cela veut-il dire que tu ne passeras pas ton dimanche avec moi ? demanda-t-elle sur un ton quelle voulait léger.
Harry eut un sourire d'excuse.
- Et si je venais avec toi ? proposa-t-elle.
Harry se mit à rire doucement.
- Tu oublies que la dernière fois que tu as rendu visite à ma tante, elle nous a fait une crise d'hystérie…
- Et si Malefoy reçoit un courrier de son mystérieux correspondant alors que tu es là-bas ? interrompit brutalement Ginny.
- J'ai mon badge, répondit Harry. Si Not… Notre « agent de liaison » nous contacte, je ferais ce qu'il faut.
- Tout seul ? insista Neville.
- Dobby sera là.
Ron renifla bruyamment pour exprimer toute la confiance qu'il accordait à l'elfe. Même Hermione parut douter que ce fût une excellente idée. Et Harry espérait fortement que Malefoy se tiendrait tranquille toute la journée du lendemain.
…
…
Le repas passa très vite. Seamus fit le pitre. Il s'étonnait de n'arracher à ses camarades que des sourires forcés. Ils semblaient tous plongés dans des pensées insondables. Et Hermione regardait souvent Harry, à la dérobée, avec des yeux inquiets. Dean et Seamus crurent que McGonagall avait réellement puni leur condisciple pour cette stupide histoire de baiser et trouvaient que leur directrice de Maison exagérait quelque peu. Ils lancèrent un regard accusateur sur McGregor lorsque celle-ci s'approcha de leur table à la fin du repas. La jeune fille tendit la main à Harry :
- On ferait bien de se rendre tout de suite dans les tribunes, proposa-t-elle. Toutes les meilleures places vont être prises sinon…
Seamus haussa les épaules.
- Pff ! Personne ne refuserait à Harry sa place aux premières loges !
Ellen laissa tomber un regard narquois sur le jeune homme.
- Mais qui parle des premières loges ?
- Mais d'où veux-tu voir le match ? se moqua Seamus à son tour.
- Mais qui parle de voir le match ?
Harry ne put s'empêcher de rire devant l'air sidéré de Finnigan.
- Facile ! persiffla ce dernier. Moi aussi j'aurais tout plein de petites amies si j'étais capitaine de l'équipe de Quidditch !
Neville jeta un regard inquiet à Harry et Ellen. Ron éclata de rire.
- Avec des si, Seam, on ferait l'été en plein hiver et on mettrait Voldemort en bouteille ! En attendant, McGregor n'a pas tort, pour une fois.
Il se leva et à son tour tendit la main à Hermione pour l'inviter à se lever.
- Viens, Hony, allons chercher une place bien à l'abri.
Et comme la jeune fille haussait un sourcil soupçonneux, il ajouta très vite :
- Du vent… bien à l'abri du vent, Trésor. Je ne veux pas que tu prennes mal.
Hermione secoua la tête, les yeux au ciel.
- Je suis sûre que je ne souffrirai pas du froid près de toi, mon cœur, répondit-elle cependant.
Et ils partirent sous les sifflets moqueurs de la table des Gryffondor, que Ron préféra prendre comme des témoignages d'admiration.
…
…
L'après midi passa plus vite encore, même si le match entre les Dragons et les Sphinx ne fut guère passionnant. Il fallut attendre la fin de l'après midi et la course entre les deux attrapeurs pour voir la plupart des supporters s'animer soudain. Ron et Harry délaissèrent leurs petites amies pour suivre la lutte entre les deux joueurs avec une attention passionnée. Ellie McGregor déclara à Hermione qu'elle détestait le Quidditch, assez fort pour qu'on l'entendît jusqu'à la rambarde des tribunes, où les deux jeunes gens se trouvaient. Hermione lui répondit qu'elle n'avait non plus jamais porté ce jeu dans son cœur, mais qu'après tout… Son soupir se perdit dans le cri de la foule qui saluait la victoire in extremis des Dragons.
L'attrapeur en jaune fit le tour du terrain le vif entre les doigts, ivre de joie et de vitesse. Malone exultait debout sur ses gradins. Il semblait avoir oublié ses côtes douloureuses et gesticulait pour féliciter ses joueurs.
Hermione jeta un regard vers les tribunes des Salamandres. Aucun n'avait daigné venir assister à ce match. Les gradins tendus de vert étaient vides. Un nouveau soupir s'échappa des lèvres de la Préfète en chef. Ellie suivit son regard. Elle lui sourit.
- C'est une chose qu'on n'aurait jamais vue si le professeur Rogue était encore là… je veux dire, à son poste.
Hermione ne répondit pas. Elle se leva et rejoignit Ron qui discutait avec Neville et Harry d'une manœuvre que le jeune Londubat jugeait douteuse.
- J'ai froid, on rentre, dit-elle à son ami qui s'empressa de clore la conversation d'un «De toutes façons, c'est l'arbitre qui a raison… » pour la suivre vers le château.
…
La bruine qui tombait depuis plusieurs heures se changea en averse glacée. Ils coururent jusqu'au Grand Hall. Blaise Zabini leur jeta un regard mauvais avant d'essuyer les traces boueuses de leurs pas. Du coté de l'escalier, Gregory Goyle nettoyait consciencieusement les joints entre les dalles avec une petite brosse. D'autres lustraient le sol, que leurs camarades essuyaient en silence, sous l'œil satisfait de Rusard. Le concierge n'écoutait que d'une oreille distraite les réticences de McGonagall qui trouvait que nettoyer le sol du Grand Hall un jour de pluie était certes une occupation fort saine mais qu'il existait également des activités autrement plus constructives…
….
Ron grommela qu'en effet, une promenade dans la Forêt Interdite, ou l'astiquage des Trophées de la salle du même nom étaient également des activités fort utiles à la communauté… Il fit mine d'ignorer le regard de biais que lui lança Zabini. Ainsi que le geste de menace qu'il retint, serrant ses poings sur le manche de son balai, dont il ignorait jusqu'à peu qu'on pouvait en user pour autre chose que voler…
…
Hermione pressa tout le monde jusqu'à la Grande Salle où une collation chaude était proposée aux joueurs et aux supporters des équipes de Quidditch. La table des Serpentard était aussi vide, à ce moment encore, que l'étaient les tribunes en vert. Ellie McGregor hésita. Puis elle se décida.
- Ho ! Et puis zut ! s'exclama-t-elle comme si elle voulait clore un débat avec elle-même. Après tout, si les Salamandres n'ont pas daigné venir assister au match- ce qui est une marque d'impolitesse flagrante- on ne peut reprocher à une Serpentard de préférer la compagnie des Gryffondor pour un goûter de rien du tout.
Elle poussa Hermione de la hanche et la pria de lui faire de la place. Hermione se poussa, s'asseyant presque sur les genoux de Ron qui fit semblant de ne pas comprendre les intentions de la Préfète de Serpentard. Il finit par se glisser légèrement sur son banc, afin de laisser une place à Harry en bout de banc. Ce dernier s'assit à son tour, juste au moment, où Grenouille faisait son apparition en compagnie des ses amies, dont Jezebel Dawson.
- On a le droit ? s'exclama celle-ci.
Ses yeux allaient de McGregor à Hermione.
- On prend le gauche ! lui répondit Ellie en trempant délicatement les lèvres dans un chocolat chaud.
- Ce n'est pas un repas officiel, estima la Préfète en Chef. Et les professeurs nous le ferons savoir, s'ils ne sont pas d'accord. En attendant…
- En attendant, l'interrompit grossièrement Jezebel, on fait ce qu'on veut…
Les paupières de Betsie Singleton battirent plusieurs fois derrière ses lunettes. Le sourire qu'elle adressait à Harry s'élargit.
- On peut venir à votre table ? gloussa-t-elle.
Mais Jezebel Dawson avait déjà jeté un œil autour de la table des Gryffondor.
- Ils ont déjà presque tout fini ici… constata-t-elle en désignant les plats qui n'avaient pas résisté à la gloutonnerie de Seamus.
- Va t'asseoir ailleurs, répondit le jeune homme au regard accusateur de la Deuxième Année.
Dawson tourna la tête vers les Serdaigle, puis vers les Poufsouffle. Elle donna un coup de coude à Betsie.
- Il n'y a personne chez les Serpentard, on n'a qu'à y aller. On aura le choix de la nourriture, au moins là-bas.
Seamus se contenta de hausser les épaules en enfournant sa cinquième madeleine. Les filles marchèrent vers la table tendue de vert, menée par une Dawson décidée. Betsie singleton la suivait, un peu déçue de n'avoir pas pu s'asseoir à la table des Gryffondor, et quelque peu désorientée. Ses amies, deux Serpentard, une Poufsouffle et deux Serdaigle qui s'étaient attachées aux pas de Jezebel, trottaient derrière elles. Elles avaient tout à fait conscience que nombre de regards étaient posées sur elles. Elles virent avec appréhension arriver vers la table un Reggie Grayson abasourdi et légèrement contrarié.
- Mais qu'est-ce qui vous prend ! s'écria-t-il.
Dawson ne se laissa pas démonter.
- Demande plutôt ça à McGregor… laissa-t-elle tomber. C'est elle qui donne l'exemple.
Grayson se tourna dans la direction qu'indiquait la jeune fille. A la table des Gryffondor, Ellie lui faisait un signe de la main.
Il sentit la chaleur monter à ses joues. Tout le monde était en train de perdre la tête dans cette école. Et alors qu'il s'apprêtait à courir vers sa camarade et collègue, Malone et l'équipe des Dragons victorieux pénétra dans la salle.
Les filles à la table des Serpentard, McGregor à celle des Gryffondor, la situation n'échappa guère au capitaine des Dragons Jaunes… Il offrit un sourire triomphal au Préfet de Serpentard.
- Hé Grayson ! Tu viens t'asseoir avec nous pour partager notre victoire ? C'est le moment, je crois…
Et d'un geste généreux du bras il invita les Serpentard de son équipe à prendre place à la table des Poufsouffle. Grayson poussa un soupir exaspéré, décocha un coup d'œil furieux à Ellie et préféra se passer de sa tasse de thé quotidienne. Il quitta la salle en pestant qu'on n'avait jamais vu ça et qu'on ne l'aurait jamais vu si le Professeur Rogue était encore de ce monde.
…
Ellie but une gorgée de son chocolat brûlant, ses mains autour de sa tasse pour les réchauffer.
- Il devrait arrêter la caféine, ce pauvre Réginald… soupira-t-elle. Il devrait se mettre au chocolat chaud, c'est meilleur pour l'humeur.
Elle leva un œil sur Harry qui semblait perdu dans des pensées profondes. Elle poussa son bras du coude.
- Tu devrais t'y mettre aussi, Harry… au chocolat… Cela te rendrait d'humeur moins morose…
- Je ne suis pas morose, répondit le jeune homme sans quitter des yeux la table des Serpentard où d'autres Deuxième Année venaient de s'installer. Je me demande juste…
Il y eut un silence.
- Tu te demandes ? insista Neville.
Harry ramena son attention vers ses amis et sa tasse de thé qui était tiède à présent.
- Hein ? fit-il comme il remarquait soudain les regards sur lui.
- Tu te demandais juste quoi ? répéta Ron par-dessus l'épaule d'Hermione.
-… Ce que peuvent avoir les Salamandres de si important à faire qu'ils ne prennent même pas la peine de paraître au moment du goûter…
- Ben… Ils n'ont peut-être pas faim… hasarda Neville. Ils doivent avoir des tonnes de chocolats et de petits gâteaux en réserve… J'ai remarqué que certains recevaient des colis alimentaires bien remplis…
Il parlait bas et sa voix trahissait une angoisse certaine.
- Neville… l'interrompit doucement Hermione.
Le jeune homme se tut. Il avala sa salive.
- Vous croyez qu'ils parlent de quoi ? demanda-t-il.
- On le saura quand… Larry aura fait son rapport à Ellie, souffla Hermione.
Ellen vérifia son badge et mit sa main sur la poche de sa robe.
- Je suis prête à toute éventualité ! assura-t-elle.
Harry ne dit rien. Il sentit son cœur se serrer. Il avait hâte de recevoir le signal qui l'entraînerait vers les cachots pour découvrir les desseins de Malefoy et de son maître. Il espérait qu'ils avaient tous deux mordu à l'hameçon. Il avait hâte d'en finir. Et en même temps… en même temps, il ne voulait surtout pas que ces moments finissent. Et il attendait avec impatience que vînt l'heure des détours dont lui avait parlé Dumbledore…
…
…
Ils se retrouvèrent tous dans la Salle des Quatre Maison. Tandis qu'Hermione s'installait avec son calepin à côté de Ron, ce dernier proposa une partie d'échecs à Ellie McGregor qui accepta. Neville et Harry, en silence, assistaient à la partie ponctuée par les ricanements de Ron chaque fois qu'il marquait des points et les remarques railleuses d'Ellen quand c'était elle qui prenait des pièces.
Ginny et Luna vinrent les rejoindre après le repas du soir, alors qu'ils reprenaient leurs places dans la salle commune, près de la cheminée qui flambait. Ginny se tourna vers la chaleur pour se réchauffer. Elle arrivait de la volière où il régnait un froid de Ronflak. Ron grommela qu'elle n'avait qu'à pas aller à la volière à cette heure tout en grognant parce qu'Ellie venait de lui souffler son Fou.
- C'est ta faute, Ginny. Tu me distrais et je vais perdre la partie à cause de toi…
- Oh ! la mauvaise foi ! s'exclama Neville en riant. Si tu cessais de chercher à savoir ce que gribouille Hermione sur son calepin, tu serais plus attentif à ce que fait Ellie !
- Chut, Londubat ! fit Ellen. Laisse-le donc faire ce qu'il désire, ce pauvre garçon…
Ron se pencha sur le cahier d'Hermione.
- Mais qu'est-ce que tu fais depuis tout à l'heure ? voulut-il savoir.
- Je mets au point le programme de révision de la semaine prochaine… Un pour les Aspic et l'autre pour les Buses. C'est délicat, car il faut que chacun puisse assister aux ateliers… et il faut que nous puissions revoir tous les points importants des cours… Je suis sûre que j'oublie quelque chose… Tant pis, nous ferons un point pendant les vacances de Noël…
- Ça ne va pas non ? s'écria Ginny. Pendant les vacances de Noël, j'espère qu'on nous permettra de sortir d'ici !
Personne ne lui répondit. Et la jeune fille laissa tomber son front dans ses bras sur la table.
- J'en ai marre ! Mais qu'est-ce que j'en ai marre ! J'ai l'impression que je vais étouffer ! On est coincés entre la guerre et les examens de fin d'étude ! Par le chaudron de Morgane ! Mais quand est-ce qu'on va pouvoir vivre normalement !
Dans le silence qui suivit on n'entendit que la voix d'Ellen qui annonçait :
- Echec !
Ron avança sa Reine et ricana.
- Tu prends tes désirs pour la réalité, McGregor…
- Tu es en mauvaise posture, mon cœur, dit Hermione qui venait de jeter un œil sur l'échiquier.
- Merci, Trésor… je ne m'en étais pas aperçu…
Ginny souffla avec exaspération.
- Vous vous en fichez, de ce que je raconte…
- Bien sûr que non, la rassura Hermione. Mais que veux-tu que nous fassions ? Je veux dire : que veux-tu que nous fassions de plus pour remédier à la situation ? Il faut prendre notre mal en patience, c'est tout. Un jour viendra où tout ceci nous paraîtra lointain, et nous en parlerons comme du temps béni de notre jeunesse…
- Pouah ! fit Ginny.
- Tu crois ? douta Neville avec une moue sceptique.
- Bien sûr ! affirma Hermione avec certitude. Tous ces moments nous paraîtrons alors les meilleurs que nous aurons jamais passés. Nous sommes ensemble, entre amis sincères, avec les personnes qui nous aiment, et qui nous le montrent à défaut de nous le dire. Nous sommes encore libres de nos choix et de nos pensées. Nous ignorons certes de quoi demain sera fait… Mais après tout, ce ne serait pas la guerre, nous ne serions pas plus avancés…
- Tu crois ? répéta Neville avec moins de conviction cette fois.
…
Hermione referma son calepin et posa son crayon sur la table. Ron et Ellie détournèrent leur attention de leur partie. Harry avait du mal à avaler sa salive et son cœur cognait dans sa poitrine.
- Qu'est-ce que tu as l'intention de faire après la remise des diplômes ? demanda Hermione à Neville qui se troubla.
- Heu… en fait… je ne sais pas…
- C'est parce que tu ignores si la guerre te permettra ou pas de faire ce que tu désires ? insista la jeune fille…
- Heu… non… Ça dépendra surtout de Grand-Mère… Elle n'a pas très bien pris mon intention de ne pas suivre la formation d'Auror au ministère… Et… En fait…. Je ne sais pas ce que je vais faire… J'aimerais bien suivre la formation d'apothicaire à Ste Mangouste… Mais ça dépendra aussi de mes notes à l'examen final… Et si j'ai mon permis de transplaner… Parce que Grand-Mère ne voudra jamais que je reste sur place à Londres tout seul… Mais c'est aussi valable pour la formation d'Auror…
Ginny regardait Neville la bouche ouverte :
- Mais Neville, tu es majeur ! Ta Grand-Mère n'a pas à t'obliger à faire quoi que soit…
Neville rougit un peu.
- Je sais… mais je ne voudrais pas lui faire de peine… Tu sais, elle a eu tellement de chagrin et de déceptions dans sa vie…
- Mais Neville ! insista Ginny. Ce n'est pas à toi de payer pour ça !
Ron interrompit sa sœur.
- Tu peux parler, toi ! s'exclama-t-il avec amertume. Tu crois que maman nous laissera le choix à nous ? On choisira peut-être les études que nous voulons faire, mais pour le reste…
Il grimaça :
- Papa et maman n'ont toujours pas les moyens de nous payer un pied à terre à Londres ! Alors ce sera soit le QG soit le Terrier, selon que la guerre sera terminée ou pas ! A moins qu'on trouve un travail comme Percy, ou Bill ou Charlie… Mais pour devenir Auror, il faut trois ans d'études… trois ans où il faudra bien vivre, manger et dormir quelque part…Toi, je ne sais pas ce que tu as prévu, mais moi, il faudra que j'en passe par là…
Il fit à nouveau une grimace et déplaça à nouveau sa Reine. Ellie fronça les sourcils.
- Echec et mat, Weasley… annonça-t-elle en prenant la Dame aussitôt.
Ron haussa les épaules. Il se rejeta contre le dossier de sa chaise, de fort méchante humeur. Mais Harry doutait que ce fût à cause de la partie perdue.
- A propos… reprit Hermione. J'ai prévu le Tournoi d'échecs durant le mois de décembre. Je n'ai pas le temps de penser à une autre animation. On aurait la finale l'après midi du bal de Noël… Qu'est-ce que vous en dites ?
- Tu n'as pas retenu mon idée de club de danse ? demanda malicieusement Ellie.
Hermione lui jeta un regard sévère.
- Tu es préfète. Si tu veux organiser une telle activité, libre à toi…
- Ho ! quelle bonne idée ! s'écria Luna. On pourrait demander au professeur Flitwick de nous prêter son appareil à musique…
Brusquement, Ginny la fit taire. Elle s'adressa à Hermione assez sèchement.
- Et toi ? Tu as fait quels plans pour la suite des évènements ?
Hermione se raidit quelque peu. Ron cessa de respirer et ses oreilles commencèrent à rosir. Harry fixait Ginny sans comprendre. La jeune fille savait pertinemment que les projets d'Hermione avaient été irrémédiablement bouleversés. Que cherchait-elle à faire ? La Préfète en chef, cependant, se reprenait :
- J'ai prévu d'effectuer un stage soit à Ste Mangouste soit à l'Hôpital de l'Ordre, tout dépendra de la situation cet été, à notre sortie de Poudlard… avant de m'inscrire comme apprentie guérisseuse. Je pense que Dumbledore ne refusera pas d'appuyer ma candidature, et je crois que si je demande à Terence Higgs de me recommander à son chef de service, il ne me refusera pas cette faveur.
Elle ignora le commentaire de Ron et continua :
- Je pourrais passer une partie des vacances à bien avancer dans le programme d'étude… Ensuite, l'organisation pratique dépendra également de la guerre, ou de la paix… Si nous pouvons enfin passer notre permis de transplaner, j'aimerai passer une partie de ces deux mois auprès de mes parents. Si, bien sûr, la situation leur permet de reprendre une vie normale… Sinon, je demanderai à Molly de m'accueillir au QG…
Ron eut un rire silencieux.
- En fait… dit-il avec un rictus sarcastique. Si je veux te voir cet été, je n'ai plus qu'à souhaiter que la guerre continue encore jusqu'à Noël de l'année prochaine…
Hermione prit ses mains qu'il croisait et décroisait nerveusement sur la table.
- Mais non, Trésor. On trouvera un moyen… On trouve toujours un moyen…
Elle souriait avec douceur ;
- Je n'ai pas l'intention de te laisser m'oublier ne serait-ce que quelques jours…
Ron essaya de lui rendre son sourire, mais le cœur n'y était pas. Il retira ses mains de celle d'Hermione. Il se tourna vers Harry.
- Et toi, tu le vois comment l'après Poudlard ? demanda-t-il pour ne plus se sentir l'objet de tous les regards.
…
L'esprit d'Harry se ferma tout seul. Il ne pensait plus. Il n'y avait qu'une sourde angoisse qui battait au même rythme lancinant que son cœur. Après Poudlard… il n'y avait pas grand-chose pour l'instant. Il avait toujours évité d'y penser. Il s'était conformé à prendre des décisions concernant son avenir telles qu'on attendait de lui. Il n'avait pas plus décidé d'être Auror que de ne pas l'être. C'était tellement évident pour tout le monde qu'il devait prendre cette voie. La Défense contre les Forces du Mal, c'était son domaine. Quoi de plus naturel que de suivre ce chemin tout tracé… Auror, comme sa mère, dirait-on… Sauf que sa mère n'avait pas eu le temps de devenir Auror.
Ou bien, il serait joueur de Quidditch. Ça le tentait bien, également. Comme son père, murmurerait-on. Sauf que son père n'avait pas eu le temps de devenir un véritable joueur de Quidditch…
Lily et James, tous deux promis à des carrières prodigieuses. Et s'il faisait comme eux, finalement. S'il se trouvait fauché à l'aube de sa vie, sans rien laisser derrière lui que des souvenirs vite oubliés.
Mais s'il survivait encore une fois ? Que ferait-il de sa vie ? De cette vie qui n'appartiendrait à personne d'autre que lui ?
….
Des murmures lui parvenaient à présent. Hermione grondait Ron qui baissait la tête. Harry tourna les yeux vers Ellen qui le fixait avec force. Il s'obligea à sourire. Ginny était un peu pâle et Luna, sa baguette dans ses cheveux courts, ne semblait pas être parmi eux. Neville haussa les épaules.
- Finalement… murmura le jeune homme avec gêne. Finalement, je crois que s'il n'y avait pas la guerre, j'aurais quand même aussi peur de devoir quitter Poudlard…
Harry rebondit sur ses dernières paroles :
- Moi aussi… C'est comme si on partait pour un pays étranger… Et même si nous avons affronté bien des dangers ici, je me demande comment nous allons nous débrouiller pour faire face à ce qui nous attend lorsque nous serons dehors… quelle que soit la situation, ajouta-t-il dans un soupir.
Puis il ajouta sur un ton qui était tout sauf aussi enjoué qu'il le souhaitait :
- En tous cas, je vous promets une chose, si je suis encore là quand la guerre sera finie, on fera tous une fête gigantesque dans ma maison du Square Grimmaurd… et on fera tellement de bruit que même la vieille Madame Black ne s'entendra plus hurler !
….
Ginny se mit à rire. D'un rire qui luttait pour ne pas se transformer en sanglots.
- D'accord pour la fête ! s'exclama-t-elle un peu plus fort qu'elle ne le voulait.
La tête de Seamus Finnigan se tourna vers la table d'Harry.
- Quelqu'un a parlé de fête ?
Ellie se pencha sur son dossier.
- Potter était en train de nous inviter à la fête qu'il donnera lorsqu'il aura réglé son compte à l'autre psychopathe…
Finnigan réprima un frisson.
- Et je suis invité ? demanda-t-il sans son enthousiasme habituel.
- Si tu amènes les bièraubeurres ! répondit Ellie.
Elle revint vers ses amis et fit face à leurs mines exaspérées.
- Quoi ? fit-elle. Avec un peu de chance, d'ici là, il aura oublié…
Elle poussa l'échiquier vers Ron.
- Une autre partie, Weasley ?
Ron déclina l'offre avec une grimace dégoûtée. Ellen se leva et déclara qu'elle se rendait chez les Préfets.
- Tu m'accompagnes, Harry ? ou bien dois-je faire appel à Peeves pour me servir d'escorte ?
- Si ce n'est que d'une escorte dont tu as besoin… grommela Harry.
Elle se mit à rire et se pencha vers lui pour prendre ses mains afin de le forcer à se lever.
- Ne fais pas ta mauvaise tête, Potter… à ce jeu-là je suis meilleure que toi…
- Ça ! renifla Harry. C'est la première chose sensée que je t'entends dire depuis que tu m'as adressé la parole.
Il se leva feignant une mauvaise grâce qui amusait Ellie et se laissa entraîner dans le couloir.
…
….
Devant la porte du bureau des Préfets, Ellen le prit dans ses bras.
- Tu m'attends ? le pria-t-elle.
Et comme il faisait mine de réfléchir un peu, elle le serra contre elle, sa joue contre sa robe.
- Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta Harry.
Elle secoua la tête contre sa poitrine.
- Rien.
Sa voix était étouffée dans la robe du jeune homme.
- Tu t'en vas quand, demain ? reprit-elle toujours cachée contre lui.
Il haussa les épaules.
- Je ne sais pas. J'espère avoir le temps de déjeuner, quand même…
- On se retrouve dans le laboratoire tout à l'heure ?
Et avant qu'il répondît, elle ajouta dans un soupir :
- Moi aussi je voudrais que nous puissions enfin vivre normalement et que vous puissiez sortir d'ici pour Noël… Mais pas pour vous cacher encore…
Elle quitta les bras d'Harry.
- Tu sais ce dont je rêve ?
- Qu'il neige enfin ? demanda Harry en essayant de plaisanter.
Il ramena les cheveux d'Ellen derrière son oreille et caressa sa joue du bout des doigts. Elle hocha la tête.
- Oui, approuva-t-elle. Je rêve d'un immense manteau blanc sur la lande, et de te voir arriver chez moi, au château. On attellerait Finbar à la voiture à patins et on irait se promener longtemps sur la neige.
Harry ne put s'empêcher de sourire à l'évocation de cette scène si peu conforme à l'image de la jeune fille qu'il avait devant lui.
- Pourquoi ris-tu ? demanda-t-elle doucement. Tu n'aimerais pas ?
- Oh si ! se hâta-t-il de répondre. C'est juste que c'est une idée si…
Il cherchait ses mots.
- Si… romantique ! trouva-t-il enfin.
- Et ? demanda encore Ellen. Qu'est-ce qui te choque ? Tu ne crois pas que je sois romantique ? Pourquoi ? Parce que je suis Ecossaise ?
Harry se mit à rire franchement. Mais elle continuait, plissant ses yeux en une grimace soupçonneuse.
- Ou parce que je suis une Serpentard ? Pourquoi les Serpentard n'auraient pas le droit d'être romantiques ?
Harry leva les deux mains en signe de paix.
- Très bien ! Tu es romantique. Tu es terriblement romantique. Si cela peut te faire plaisir…
Ellen s'avança vers la porte du bureau des Préfets.
- Attends-moi, hein… Sinon je te le ferai regretter…
Elle ouvrit la porte et se retourna sur le pas de la porte. Elle le regardait sourire, un peu ironique, puis elle leva les épaules :
- Ce que tu peux être bête, quand tu veux…
- Et toi si… romantique…
Elle ferma la porte sur une grimace et Harry l'attendit.
….
….
Harry se glissa dans le passage que la Grosse Dame lui pratiqua d'un air complice. Rusard traînait dans le coin et elle ne voulait attirer le concierge par des gestes trop bruyants. A présent, il fallait encore essayer de se montrer discret. Faire semblant d'ignorer Ron et Hermione du côté de la cheminée. Harry rangea la carte du Maraudeur dans sa poche. Et se dirigea dans la pénombre vers l'escalier qui menait au dortoir des garçons.
- Harry ?
C'était la voix d'Hermione et Harry saisit le mouvement des jeunes gens dans son dos. Il se tourna vers eux. Ils se tenaient déjà au milieu de la pièce, la main dans la main.
- Vous m'attendiez ? constata-t-il. Il est arrivé quelque chose ?
- Non ! s'empressa de répondre Hermione.
Elle fit de la lumière, juste pour éclairer leurs trois visages graves.
- Vous ne vouliez tout de même pas me faire la morale ?
- Bien sûr que non ! grommela Ron.
Harry eut la certitude que cette entrevue tardive était une idée de la jeune fille et que Ron se fût bien passé de la compagnie de leur ami.
…
Hermione l'invita à venir s'asseoir dans les fauteuils confortables près de la cheminée. Il la suivit. Inutile de tenter de se défiler. Hermione arrivait toujours à ses fins.
- Harry, reprit lentement la Préfère en Chef, Ron et moi nous avons bien réfléchi et nous avons deviné où tu seras demain… Nous voulions te dire que si tu ne veux pas retourner là-bas tout seul, nous t'accompagnerons si tu le désires.
Harry baissa la tête. Il ressentit à nouveau ces sentiments contradictoires qui le prenaient parfois quand ses amis s'obstinaient à se mêler de sa vie, pour son bien, il n'en doutait pas.
- Ça ira, Hermione. Je vous remercie tous les deux. Mais je suis fort capable de me retrouver Square Grimmaurd sans céder à la panique… Et puis…
Il hésita. Comment leur dire sans les fâcher qu'il voulait y aller seul. Qu'il devait y aller seul. Il secoua la tête :
- Et puis, je ne peux pas vous imposer cela à vous aussi… Ni de retourner dans cette maison, ni la mauvaise grâce de ma tante…
Il y eut un silence tout juste troublé par un raclement de gorge de Ron.
- Je t'avais dit qu'il préférait y retourner tout seul… chuchota celui-ci à l'oreille de Hermione.
- Je voulais seulement lui dire qu'il pouvait compter sur notre aide, se défendit Hermione.
- Vous pouvez me parler directement, vous savez, ironisa Harry. Au lieu de faire comme si je n'étais pas là…
- C'est à cause d'Hermione ! plaida Ron. Tu la connais, il faut toujours qu'elle se mêle de ce qui ne la regarde pas !
- Ho ça par exemple ! fit l'accusée, outrée. Qui est-ce qui a tenu à attendre Harry pour savoir s'il était bien rentré ?
- Peut-être… Mais je t'avais bien dit qu'il ne voudrait pas que nous l'accompagnions… C'est toi qui as insisté pour lui en faire la proposition… Comme si tu ne pouvais pas comprendre qu'il y a des choses…
Ron calma sa véhémence. Il perdit un peu de sa contenance sous le regard aigu de ses amis.
- Des choses… bredouilla-t-il. Des choses auxquelles il faut faire face tout seul.
L'irritation qu'Harry avait ressentie à leur égard s'estompa. Elle fut remplacée par un élan d'affection qui monta à sa gorge.
- Je crois qu'Hermione en est tout à fait consciente, murmura-t-il pour cacher son émotion. Mais je vous suis reconnaissant, à tous les deux, de penser à moi comme vous le faites.
- Avoue qu'on t'énerve parfois… grimaça Hermione.
- Oui, concéda Harry. Et prodigieusement, même ! Mais je me dis alors que c'est une chance pour moi d'avoir des amis tels que vous… parce que si un jour j'allais trop loin, vous seriez là pour me retenir en arrière… et pour limiter les dégâts à défaut de les empêcher…
…
Hermione était au bord des larmes et Ron se décomposait progressivement. Harry sentit qu'il était temps de couper court. Il avait tant à leur dire encore. Les serrer dans ses bras ouvrirait les vannes émotives d'Hermione. Et continuer à parler mettrait Ron aussi mal à l'aise qu'il l'était déjà lui-même. Et puis, s'il leur disait ce qu'il avait dans le cœur, ils s'inquièteraient. Et il ne voulait pas qu'ils s'inquiètent.
…
…
- Au fait… !
Il plongea la main dans la poche de sa robe de sorcier.
- Je ne prends pas tant de risque que cela… dit-il sur un ton léger. J'ai la Carte du Maraudeur…
Il la tendit à Ron qui la prit, indécis.
- Vous pourriez en avoir besoin demain, précisa Harry. Et je crains de l'emmener avec moi par inadvertance.
- Merci, Harry, dit Hermione tandis que Ron rangeait la carte dans sa poche. Nous la remettrons au labo demain. J'espère que nous n'aurons pas à nous en servir, mais en effet, c'est une précaution utile…
- De toutes façons, là-bas, elle ne me sera d'aucune utilité…
Il frotta la paume de ses mains sur ses genoux. Il devait monter se coucher. Il devait dormir vite pour être en forme le lendemain pour affronter sa tante. Une angoisse monta à sa gorge, qu'il avait refoulée toute la journée. Il n'avait pas envie de se retrouver seul derrière les rideaux de son lit à imaginer les remarques insultantes de Pétunia, ni à ressasser ce qu'il pourrait lui répondre.
…
Ni Ron ni Hermione ne se décidaient à bouger non plus. Ils attendaient sans doute son départ pour renouer la conversation là où son arrivée l'avait laissée. Et comme ils étaient ses amis, ils n'osaient lui demander de les laisser seuls…
- Nott a appelé Ellen… laissa-t-il échapper à voix basse.
Aussitôt les deux jeunes gens s'avancèrent dans le même mouvement intéressé.
- Alors ? fit Ron.
Harry vit la main d'Hermione se poser sur le bras de leur ami pour l'inciter à la patience.
….
Harry se remémora ce moment où le badge d'Ellen avait bourdonné. Elle était tout contre lui et il avait sentit la légère vibration sur sa propre robe. Il y avait eu un moment de panique de leur part à tous les deux. Ellie ne trouvait plus son parchemin, pourtant au fond de sa poche. Et son esprit à lui s'affolait déjà. Si Nott les avertissait que Malefoy avait reçu la réponse à son courrier ? S'il fallait fermer les yeux et s'en aller dans les cachots… Leurs mains tremblaient, à tous deux, quand Ellie prit sa baguette et murmura la formule d'activation du sortilège. Et ils ne réagirent pas immédiatement quand les mots apparurent : Larry à Alba. Bonsoir.
Ce ne fut qu'un bref message. Malefoy avait réuni ses troupes qu'il sentait en train de mollir pour leur affirmer qu'il aurait bientôt des nouvelles du Maître des Ténèbres et qu'il leur transmettrait ses ordres. La chute de Poudlard n'était qu'une question de temps et grande serait la récompense pour ceux qui la précipiteraient. Il n'avait rien dévoilé de ses projets, mais Nott ne pensait pas que Drago eût une idée bien précise de ce qu'il ferait. Il attendait avec autant d'impatience que ses fidèles la parole du Maître. Il était cependant très fier de son stratagème de la semaine précédente et restait persuadé que personne n'avait percé son secret. Il se riait de Londubat, et de Dumbledore. Et des fantômes de toutes les Maisons qu'il avait berné au même titre que les autres… Il se moquait du club de Duels et de l'insouciance de leurs camarades qui s'imaginaient déjà avoir gagné la guerre parce qu'ils croyaient n'avoir pas perdu la bataille d'Halloween.
Il n'y avait rien de bien nouveau dans le rapport de Nott, mais cela confortait les intentions d'Harry de continuer dans la voie qu'il avait initiée. Le piège lentement se refermait sur Malefoy. Et avec un peu de chance, ils prendraient dans leur nasse, le gros et le petit poisson…
Il sourit en pensant au soupir de soulagement qu'avait poussé Ellie en reposant la plume à côté du parchemin redevenu vierge. Elle avait attrapé une crampe dans la main, à serrer ses doigts sur la plume, tant elle était nerveuse. Elle avait avoué, dans un murmure, qu'elle avait craint qu'Harry ne dût pratiquer une transe narcomancienne. C'était terrifiant et excitant à la fois, avait-elle expliqué les yeux brillants d'une ferveur enthousiaste. Et Harry lui avait répondu qu'il préférait largement reprendre là où ils avaient été interrompus.
…
- Ho… en fait, il n'avait pas grand-chose à nous apprendre… répondit Harry à la hâte de Ron. Ellie vous en parlera demain. Je ne voudrais pas la priver de son moment d'importance. Et cela vous fera passer le temps, en mon absence…
…
Il se leva cette fois, sans attendre la remarque moqueuse de Ron qui vint avec le temps de retard adéquat.
- Cette fille déteint sur toi, Harry…
- Laisse tomber, Ron… soupira Hermione. Tu sais bien qu'il a raison… Demain, nous n'allons faire qu'attendre son retour avec anxiété.
…
Sur les premières marches de l'escalier Harry se retourna, un sourire amer sur les lèvres.
- Tu ne crois pas que tu exagères un tout petit peu, Hermione ? Par la barbe de Merlin ! Qu'est-ce que ce sera le jour où j'irai affronter Voldemort ?
Ron fit une horrible grimace à laquelle Hermione répondit par le même rictus.
- Ce jour-là, Harry, je crains que nous n'ayons autre chose à faire qu'attendre en nous rongeant les ongles…
Ron refit une grimace :
- Et si on en parlait une autre fois, Hony… ?
….
Harry se dépêcha de grimper à l'étage supérieur. Il n'avait pas voulu parler de Voldemort. C'était sorti tout seul. Parce qu'il n'avait cesser de penser à ce moment toute la journée également.
Toute petite RAR aujourd'hui parce que demain on fête les 4 ans de mon petit dernier et je n'aurai pas le temps de répondre et de poster. Ne m'en veuillez pas. Je me rattraperai sur les prochaines reviewes. Merci à tous :
chrys63 pauvre harry pris sur le fait pour faire taire les rumeurs sur l'élue de son coeur...encore un preux chevalier. On est Gryffondor ou on ne l'est pas… pour Mc gonnagal peut etre que dumbledore veut lui parler? ou il y a eu une nouvelle encore terrible.. Gagné ! j'esper que tu vas développer de nouvelles histoires centrées un peu plus sur les personnages secondaires car j'adore grenouille. Chacun aura sa part…
Semine Ha! Pov' Harry, se fair choper par McGo, mai ce n'est pa juste pour avoir embrrasser Ellen non? Et non !
craow42 : Voila un bon systeme de transmition, on n'en attendais pas moin d'une association Granger/Weasley !(sa me fait un peu penser a msn ces parchemins !) L'internet est une source d'inspiration inépuisable ! J'ai pas bien compris,Ginny a t'elle eu un parchemin pour parlé avec Dennis ? Non, elle n'en a pas eu… en tous cas pas encore. Si je me trompe pas, le lendemain de ton prochain chapitre, Le tome 6 sera en vente, je me demandais si tu allais te lancer dans une lecture en anglais ? Non. J'attendrais le 1er octobre…
Ordre et Chaos : Est ce qu' on aura droit à quelques petits passages avec le couple Dean / Parvati ou est ce que je peux toujours rever? Ils n'en sont pas encore là… le seront-ils un jour d'ailleurs ?
Maugreyfiliae : Padma essaie-t-elle de discréditer Ellen auprès d'Harry? ou veut-elle juste s'en prendre à Ellen? Ni l'un ni l'autre… Elle interprète simplement certains faits et gestes selon sa vision erronée de l'histoire.
Alixe :Je ne pense pas que Harry se fasse convoquer pour ce baiser. A mon avis, tu vas encore nous l'assommer avec une mauvaise nouvelle ! Ha ! deviendrais-je donc si prévisible ?... J'ai beaucoup aimé ce chapitre, plus enlevé que les précédents. Harry lanceur de rumeur, c'est assez drôle. C'est un juste retour des choses…
