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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc... je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.


Les RAR sont en fin de chapitres comme d'habitude, je fais juste une petite entorse à la coutume pour Etincelle de Vie (lectrice anonyme) qui n'a pas encore rattrapé tout le monde : quand elle lira ce chapitre elle aura déjà pas mal de réponse à ses questions... sauf peut-être à celle-ci : Pourquoi Dumbledore n'a-t-il pas dit la vérité à tout le monde concernant Rogue ? Parce qu'il aurait fallu parler du secret de Poudlard et que cela doit rester un secret pour la plupart des gens... Ce n'est pas autre chose que cela.

Merci à tous de rester fidèles aux Secrets, malgré les vacances et la sortie du T6... Place au chapitre...


Chapitre 164

Retour Square Grimmaurd

Harry commençait à croire qu'il avait trop présumé de ses forces. Assis à la table de la cuisine du Square Grimmaurd, il se sentait terriblement seul. Et les ombres qui s'allongeaient sur le mur en face de lui avaient les profils anguleux de Sirius et Rogue le jour où ils s'étaient copieusement insultés. Même Winky, qui terminait de rendre praticable le grand fourneau noir, avait des airs de Kréattur et ses grognements peu aimables emplissaient la pièce d'un chuchotis incessant.

Harry frissonna. Il attendrait ailleurs l'arrivée de Dumbledore et de ses hôtes. Il sortit dans le hall. Il tourna la tête vers la porte condamnée par la multitude de verrous magiques. En face, le rideau que Sirius avait installé devant le portrait de sa mère masquait toujours le tableau. Harry résista à l'envie idiote de soulever un coin de la tenture. Il monta vivement à l'étage des chambres. Il passa sans s'arrêter devant celle qui avait été celle de son parrain. Il avait demandé à Dobby de ne pas l'ouvrir. L'Elfe avait donc installé Pétunia dans la chambre qu'avaient occupé Arthur et Molly Weasley. Harry y jeta un œil, par acquis de conscience, depuis le pas de la porte. Elle était propre, claire. Il y avait la courtepointe en patchwork qu'aimait sa tante sur le couvre-lit à fleurs qu'elle préférait. Dobby avait ramené de Privet Drive les objets usuels de Pétunia, qu'elle avait abandonné lors de sa première fuite. L'armoire était remplie de ses vêtements, et dans les tiroirs de la commode l'elfe avait plié précautionneusement la lingerie et les mouchoirs brodés. Dobby avait montré à Harry, avec un soin presque maniaque, toute l'installation des Dursley. Ils auraient presque pu se croire chez eux…

Dobby s'était montré attentif à satisfaire la moindre volonté du jeune Potter. Il lui avait répété une bonne centaine de fois depuis qu'Harry était arrivé dans la maison combien il lui était reconnaissant d'avoir pensé à lui pour s'occuper de sa famille, ainsi que de lui avoir permis d'emmener avec lui la pauvre Winky, qui n'aurait plus à se rendre chez les Serpentard… Harry n'avait rien voulu dire, mais il connaissait la vérité. La pauvre Winky, si elle ne supportait plus le goût de la bièraubeurre, gardait quelques séquelles de sa dépendance à la boisson. Et l'habitude de se parler à elle-même n'en était que l'expression la plus visible. D'autres troubles plus fâcheux, comme des absences sporadiques, des trous de mémoire, ou des accès d'acrimonie hargneuse, persistaient toujours. Dobby lui trouvait des excuses, couvrait ses erreurs comme il l'avait toujours fait, et n'avait pas trouvé mieux que la soustraire à l'exaspération de leurs congénères en suppliant Dumbledore et Harry de la prendre à leur service. Ni l'un ni l'autre n'avait eu le cœur de lui refuser cette faveur ; Dumbledore parce qu'il savait que sans Dobby, Winky était perdue ; Harry parce qu'il n'avait pu résister au regard implorant de l'elfe au grand cœur.

Harry pénétra dans la chambre qu'il avait occupée avec Ron. C'était celle de Dudley, à présent. Elle paraîtrait sans doute sommaire à son cousin. Contrairement à celle de sa mère, celle-ci ne ressemblait en rien à sa chambre de Little Whinings. Il y manquait tous ses jeux, les télévisions, et autres appareils qui ne fonctionneraient pas Square Grimmaurd. Harry n'avait pu s'empêcher de ressentir une petite satisfaction lorsqu'il avait demandé à Dobby de laisser tout ce fatras inutile à Privet Drive, mais d'apporter plutôt les affaires de classe de son cousin. Il ne doutait pas que Tante Pétunia se fît un plaisir d'occuper utilement son rejeton durant leur exil forcé… Et il regrettait de n'avoir pas pensé plus tôt à suggérer de telles dispositions…

Il passa la main sur le bureau où il s'était lui-même assis bien des mois plus tôt. L'un des deux lits avait disparu. La chambre en paraissait plus grande. Il se dirigea vers la fenêtre. Les vitres étaient propres et laissaient entrer la lumière du jour. C'était un dimanche matin de fin d'automne à Londres, le ciel était bas et la rue désertée.

- Je sais que vous êtes là, Nigellus, montrez-vous…

Harry se retourna vers le cadre vide. Phineas Nigellus apparut, un sourire ironique aux lèvres. Il croisait les bras tout en toisant le jeune homme.

- C'est Dumbledore qui vous a demandé de me surveiller ? demanda Harry.

Le sourire de Nigellus se fit plus sarcastique encore.

- Dumbledore a bien autre chose à faire que de s'occuper de vos états d'âmes, jeune impertinent… Vous imaginez-vous que le monde ne tourne que lorsque vous ouvrez les yeux ? Il est temps de grandir un peu, Potter. On vous a donné trop d'importance… Même ceux qui prétendaient vouloir le contraire… Combien de fois ai-je répété à Severus Rogue que chercher à vous faire ravaler votre morgue c'était encore vous donner trop d'importance.

Harry haussa les épaules.

- Que faites-vous ici, alors… ?

Il se tourna à nouveau vers la fenêtre. Dans son dos, Nigellus était toujours là. Que lui voulait-il ? Si ce n'était pas Dumbledore qui l'avait envoyé, pourquoi était-il venu le trouver ? Là, dans la maison des Black… qui était la sienne à présent.

- Je pourrais faire décrocher votre tableau, vous savez…

- Tss Tss ! Ne jouez pas les insolents avec moi, Potter… Vous n'avez besoin de rien prouver avec moi. Je sais déjà de quoi vous êtes capable… et vous avez besoin de ma présence auprès de votre… famille…

Nigellus avait prononcé ces derniers mots sur un ton presque dégoûté.

Harry revint vers le tableau, un sourire satisfait sur son visage sérieux.

- C'est juste… je suis sûr que Sirius apprécierait l'ironie de la situation… Oh ! Je vois ! Vous êtes venu vous rendre compte par vous-même de l'étendue des dégâts : des moldus dans la demeure familiale des Black ! Cela vous dérange donc tant que cela ?

L'éclair noir dans les yeux gris n'échappa guère à Harry.

- Oh ! Je ne suis qu'une vieille croûte, souvenez-vous, Potter… Rien ne me dérange, ni ne me satisfait… Je ne suis qu'une ombre du passé…

Harry frissonna. Il baissa les yeux.

- Que voulez-vous ? demanda-t-il d'une voix sourde.

- M'assurer que vous êtes toujours dans les mêmes dispositions d'esprit qu'il y a deux ans… Vous clamiez à l'époque que vous n'aviez pas l'intention de vous laisser assassiner…

- Et je n'en ai toujours pas l'intention ! répliqua Harry avec une pointe de défi.

Puis il lança un regard soupçonneux au portrait :

- Et d'ailleurs qu'est-ce que cela peut vous faire ? Que vous importe mon sort ?

- Rien, en effet, répondit le plus naturellement du monde Nigellus.

Il disparut quelques secondes, le temps d'aller chercher dans un portrait voisin une chaise sur laquelle il s'assit. Il souleva les basques de sa redingote dans un geste plein de distinction et prit place face à Harry, les jambes croisées, le coude appuyé sur le dossier, lissant sa fine moustache avec application.

Harry fronça les sourcils. La curiosité le piquait, bien qu'il ne voulût pas le montrer. Il fut tenté de s'asseoir lui aussi. Cependant, il préféra rester debout, et il croisa les bras avec dignité, pour montrer à Nigellus qu'il n'était nullement impressionné et que s'il restait debout, c'était uniquement pour n'avoir pas à se lever lorsqu'il jugerait venu le moment de rompre la conversation.

Nigellus reprit la parole.

- Voyez-vous, jeune homme, l'avantage d'être une veille croûte, c'est qu'on n'a plus rien à faire de rien… Je me contente d'aller et venir entre mes cadres et ceux de mes voisins, sans états d'âme… Pas de parti à prendre… pas de choix à faire… C'est très reposant. Je n'ai plus rien à perdre. Si ce n'est ma place sur le mur du bureau du Directeur de Poudlard, quel qu'il soit… Or cette place, j'y tiens… sans doute parce que c'est la seule chose qui me reste… Et je ne suis pas certain que ce parvenu de Jedusor sache faire la différence entre le bon grain et l'ivraie. Je ne table aucunement non plus sur le discernement de ses lieutenants, tout juste bons à suivre les ordres. Et je crains que la victoire du Maître des Ténèbres – Par Merlin ! Quelle prétention, c'en est ridicule ! On sent bien son origine moldue ! – je crains disais-je que la victoire de Jedusor ne soit la ruine de Poudlard tout entière… Aussi je voulais m'assurer que vous êtes bien conscient qu'il ne suffira pas des quelques pirouettes et artifices dont vous êtes coutumier pour venir à bout de cette peste qu'est ce soi-disant Lord…

- J'en suis conscient… répondit Harry avec circonspection.

Il ne voyait pas où Nigellus voulait en venir.

- Mais êtes-vous conscient également que votre désir de ne pas vous laisser assassiner ne pèsera pas lourd dans la balance lorsque vous serez en face de Jedusor ? Et qu'il vous faudra vous tenir prêt à toute éventualité ?

- Je n'ai pas peur de mourir, si c'est ce que vous voulez savoir…

Harry ne savait toujours pas où l'autre le menait.

- C'est fort courageux à vous… mais…

- Je ferai ce qu'il faudra que je fasse ! cria presque Harry.

Il sentait monter une colère en lui qu'il n'était pas certain de pouvoir retenir.

Nigellus soupira et secoua la tête, comme si cette réaction était exactement celle à laquelle il s'était attendu.

- Je ne doute pas de votre sincérité, Potter… reprit-il. Mais je crains que vous teniez trop à la vie pour vous résoudre à faire ce qui s'avèrera nécessaire…

- Ce n'est pas l'avis du Professeur Dumbledore, répliqua Harry, furieux.

- Dumbledore est un incorrigible optimiste, sourit Nigellus. Il est bien trop confiant. Cela le rend si naïf parfois, malgré son grand âge…

L'idée qu'on pût qualifier Dumbledore de naïf fit sourire Harry. Sa colère retomba aussitôt.

- Dumbledore n'a rien d'un naïf, Monsieur, répondit-il sérieusement. C'est bien parce que je tiens à la vie que je me battrai, jusqu'au bout, sans baisser les bras. Et s'il faut que je meure, alors je mourrai. Mais je ferai en sorte que ma mort ne soit pas vaine, vous pouvez me croire.

Il se tut et Nigellus ne reprit pas la parole. Harry décroisa les bras. Ce n'était pas une attitude digne. C'était puéril. Et Nigellus l'avait bien dit : il n'avait rien à lui prouver. Si le portrait comptait le provoquer, il ne devait pas avoir gain de cause. Ne te trompe pas d'adversaire… il ne savait plus qui avait prononcé ces mots, ni à l'intention de qui. Mais c'était exactement ce qu'il devait faire. Conserver son énergie pour le véritable ennemi. Il sentit son cœur battre un peu moins vite et son esprit se libérer d'un étau.

- Vous êtes réellement prêt à renoncer à la vie et à tout ce qui va avec… ? insista enfin Nigellus.

Harry prit la chaise contre le mur et la posa face au cadre. Il s'installa à califourchon dessus.

- Vous ne me croyez pas capable de renoncer à vivre uniquement pour empêcher Voldemort de régner sur notre monde ? interrogea à son tour Harry avec un sourire.

Il fit mine de réfléchir, et haussa une épaule avec une moue conciliante.

- Soit ! Mettons que je n'aie pas la force de caractère nécessaire à ce sacrifice. Mais si je peux ne pas le faire pour de nobles raisons, je suis peut-être capable de me rendre à des raisons moins généreuses. Et si c'était par orgueil que je me sacrifiais ?

Une lueur malicieuse s'alluma dans l'œil de Nigellus. Il approuva d'un léger signe de tête.

- Cela m'étonnerait moins, je dois le reconnaître.

- Dans le fond, cela n'a pas d'importance, n'est-ce pas… continua Harry sur un ton enjoué. Si ma mort doit être le prix de notre victoire, l'histoire n'en retiendra que les conséquences, pas les raisons profondes…

- Vous serez un héros… se moqua Nigellus. Vous aurez votre nom dans les livres d'histoire de la magie…

- Pfff ! fit Harry sur le même ton. Il y est déjà… Et franchement, si vous voulez mon avis, cela ne me fait ni chaud ni froid… Je déteste l'histoire de la magie et je suis sûr que des générations entières de futurs élèves n'auront que faire du nom de celui qui a vaincu le plus grand mage noir autoproclamé de tous les temps… Ils maudiront ce nom qui leur vaudra des heures de cours toutes plus laborieuses les unes que les autres avec le monotone professeur Binns…

Il posa son menton sur ses bras croisés sur le dossier de la chaise.

- Non, continua-t-il. Moi ce que je voudrais, c'est qu'on donne mon nom à un stade de Quidditch… ou à un tournoi… Oui, ça, ça aurait de la classe…

- Vous n'aurez qu'à le noter dans votre testament… On n'osera sûrement pas aller contre les dernières volontés d'un si grand personnage que celui qui a vaincu le Maître des Ténèbres…

Harry leva les yeux vers le portrait. Nigellus lissait toujours sa moustache. Il avait l'air de s'amuser de lui. Toutefois, il n'y avait plus autant de sarcasme dans le ton de l'ancien directeur de Poudlard.

- Qu'y a-t-il ? fit ce dernier un brin moqueur. Vous n'avez pas songé à dicter vos dernières volontés…

- C'est que je n'avais pas encore songé à ce qui arriverait après moi… Ou du moins, je n'avais jusqu'à présent pas osé regarder les choses sous cet angle… Finalement, ce n'est pas si terrible…

Il se redressa sur la chaise et fixa Nigellus d'un air de défi. Celui-ci eut un sourire étrange.

- Rien n'est jamais terrible quand on a accepté… On y pense bien moins ensuite. Ce n'est pas une vie que de penser tout le temps à la mort… Vous verrez, vous aurez à présent l'esprit bien plus serein… et vous pourrez profiter de la vie.

Harry se mit à rire doucement, à la grande surprise de Nigellus.

- C'est exactement ce qu'à dit le représentant des pompes funèbres à Vernon le jour où il a signé son contrat de prévoyance obsèques…

- Ne soyez pas cynique, jeune homme ! se récria le portrait.

- Moi ? se mit à rire Harry. Mais, c'est vous qui venez me parler de ma mort !

- En effet ! trancha Nigellus. Il faut bien que quelqu'un garde la tête froide dans cette histoire. Dumbledore s'est mis en tête un fol espoir… Et il vous a mis en tête que vous pourrez vaincre Voldemort et vous en sortir indemne. Je viens juste vous rappeler que la mort vous attend peut-être lors de votre prochaine rencontre avec Jedusor. Vous devez vous préparer à cela. Et pas seulement en paroles bravaches !

- Finalement, c'est comme au Quidditch ! estima Harry. Un entraînement physique acharné. Une bonne préparation psychologique. Et une bonne feinte au moment de souffler le Vif au nez de l'adversaire…

Nigellus approuva du chef. Il porta la main à son gousset et en sortit sa montre.

- En effet, il ne vous manquera bientôt qu'à trouver la feinte qui vous permettra de remporter le match… Une ultime feinte de Potter ?

Harry lui adressa une grimace.

- Vous n'avez que peu de temps pour y travailler, jeune homme…

Nigellus remit sa montre à sa place et releva la tête vers Harry.

- Oserai-je vous demander si vous avez déjà songé à la manière de pratiquer ?

- Bien sûr que j'y ai songé ! fit Harry faussement vexé. Je n'arrête pas d'y penser…

Le sourire narquois de Nigellus revint sur ses lèvres.

- De toutes façons, reprit Harry sur un ton détaché avant que le portrait n'eût ouvert la bouche, mes meilleures feintes, je les ai toujours improvisées…

Il avait retrouvé pour l'occasion le geste du menton et l'intonation arrogants qui contrariait fortement Nigellus. Celui-ci eut son ricanement habituel et se leva de son siège. Il s'avança vers le premier plan du cadre.

- Je suppose que vous voudrez me présenter à vos hôtes, Potter, pour le cas où je devrais intervenir…

Harry se leva aussi.

- Ce serait plus prudent en effet, admit-il.

Un grand fracas de cris se fit entendre alors, laissant la phrase du jeune homme en suspens. La voix de Madame Black stridulait depuis le hall, à peine étouffée par son rideau. Nigellus eut un rictus.

- Vos invités sont arrivés, Potter. Je vous laisse les accueillir comme il se doit.

Il allait quitter le cadre, pour rendre la chaise à son propriétaire, lorsque Harry le rappela d'un mot hésitant.

- Monsieur…

Nigellus leva un sourcil.

- Je voulais vous dire, pour l'autre fois, dans le bureau du professeur Dumbledore…

Le visage impassible de Phinéas Nigellus ne tressaillit pas.

- Je ne voulais pas… je n'avais vraiment pas prémédité ce qui est arrivé.

Nigellus hocha la tête.

- Je le sais, dit-il. Vous vouliez me faire taire. Ce que j'avais à dire était donc tellement dérangeant ? Vous l'avez pourtant bien écouté aujourd'hui…

- Sans doute… commença Harry en levant le ton pour se faire entendre par-dessus les cris qui montaient encore du rez-de-chaussée. Sans doute parce que aujourd'hui j'étais prêt à l'entendre…

Un instant, Phinéas Nigellus fixa Harry de son regard perçant.

- Vous manquez à vos devoirs, Potter. Un maître de maison se doit d'accueillir ses hôtes avec ponctualité.

Il salua de la tête et quitta le cadre sans se retourner, laissant Harry prendre une grande inspiration avant d'ouvrir la porte de la chambre.

Du haut de l'escalier, le spectacle était plutôt surprenant. Dudley, accroché au bras de sa mère, lançait tout autour de lui des regards effrayés. Pétunia n'en menait pas large, elle non plus et Madame Figg essayait tant bien que mal de la rassurer. La vieille Madame Black s'étranglait de rage. Malgré le rideau qui lui cachait la vue, elle avait reconnu la voix éraillée de Mondingus et l'abreuvait d'injures choisies.

- Vaurien ! Escroc ! Voleur ! hurlait-elle. Que tout ce que vous avez dérobé dans cette maison apporte la malédiction sur vous et les vôtres !

- Oh ! La ferme ! vieille bique ! cracha Mondingus Fletcher.

- Mondingus ! se récria Madame Figg. Il y a des enfants ici ! Surveille ton langage, vieux malappris !

Harry descendit quelques marches. Il rajusta sa robe noire, et sourit en songeant aux derniers mots de Nigellus.

- Madame Figg, tante Pétunia, Dudley, dit-il avec un accent solennel. Veuillez m'excuser de ne vous avoir pas accueillis plus tôt. Professeur Dumbledore, tout s'est-il bien passé ?

Il arrivait au rez-de-chaussée, et serra la main de Mondingus Fletcher. Il désigna la porte du salon :

- Si vous voulez me suivre, nous serons mieux pour parler loin des hurlements de Madame Black.

Duddley chercha des yeux où se trouvait la dite Madame Black. Il jeta un regard terrorisé au rideau, se demandant visiblement si cette folle furieuse habitait elle aussi la maison où on les avait transportés, lui et sa mère.

….

Harry entra le premier dans le salon. Il n'avait plus rien à voir avec l'antre de magie noire qu'il avait découvert plusieurs mois plus tôt. Dobby avait même ramené les plantes vertes de Privet Drive. Elles avaient quelque peu perdu de leur superbe mais elles faisaient encore illusion et les soins qu'elles ne manqueraient pas de recevoir leur rendraient toute leur beauté sous peu. Il vit avec satisfaction que la tapisserie familiale des Black était cachée par une vitrine, ainsi qu'il l'avait demandé à Dobby quelques heures plus tôt. Il montra le sofa à Madame Figg et Pétunia, proposa un fauteuil à Dumbledore tandis que Mondingus prenait congé. Puis, lorsque ce dernier eut repris le portoloin qui les avait amené, Harry, d'un geste nonchalant, lança sur la porte un sortilège qui atténua les cris de Madame Black.

- Je suis désolé pour cet accueil, dit-il. Je vous recommande la plus grande discrétion lorsque vous traverserez le hall afin de ne pas réveiller le portrait de l'ancienne propriétaire… A propos… Tonks ne vous a pas accompagnés ?

- Nymphadora est restée à Tintagel, annonça Dumbledore avec un soupir. Elle donnera le change quelque temps…

- Avec mes chats, précisa Arabella Figg qui enlevait son manteau à l'odeur de chou.

Harry hocha la tête.

- Vous voulez faire croire à Voldemort qu'il est sur la bonne piste…

- Tant qu'il cherche par là, il ne cherche pas ailleurs… acquiesça Dumbledore. Et si nous pouvons prendre au piège quelques uns de ses adeptes, ce ne sera pas une mauvaise affaire non plus…

Il avait l'air fatigué et vieux, assis dans le fauteuil face à Harry.

- J'ai expliqué la situation à Arabella et Pétunia, Harry, reprit le directeur de Poudlard. J'ai besoin d'un peu de temps pour terminer de mettre en place le rituel du Fidélitas que j'ai initié hier…

- Bien, fit Harry, alors il ne me reste qu'à faire visiter les lieux et présenter les uns aux autres les habitants de la maison.

Il surprit le frémissement de Dudley et s'amusa par avance de sa réaction face aux deux elfes qui s'occupaient du service. D'ailleurs, il faudrait mettre les choses au point à ce sujet… Harry se leva. Il tendit la main à Arabella Figg.

- Venez, Madame Figg, je vais vous montrer vos appartements… Tante Pétunia, si tu veux bien me suivre…

Ils commencèrent la visite par la cuisine où officiaient Winky et Dobby. Qui de Pétunia et Dudley ou des deux Elfes de Maison fut le plus effrayé et étonné, Harry eût été bien en peine de le dire.

- Qu'est… Qu'est-ce que c'est ? bégaya Dudley.

- Voici, Winky et Dobby qui s'occuperont de préparer les repas et vous aiderons à tenir la maison. Ils peuvent aller et venir sans contrainte entre ici et l'extérieur. Vous vous adresserez à eux pour tout ce dont vous aurez besoin. Mais attention, ajouta le jeune homme à voix basse… Ce sont des génies dotés de grands pouvoirs. Il faut leur parler avec déférence et grand respect, si vous ne voulez pas finir au fond d'une bouteille… ou pire.

Dudley frissonna. Pétunia pinça les lèvres. Et Madame Figg cacha un sourire malicieux.

Ils quittèrent la cuisine pour les étages et Harry laissa chacun sur le pas de sa chambre.

- Installez-vous comme chez vous. N'hésitez pas à appeler Dobby. Et si vous désirez me voir, je serai dans le bureau du premier.

Il tourna les talons.

Pétunia n'avait prononcé aucune parole. Dudley tremblait comme une feuille et son regard brûlait d'une flamme étrange quand il se posait sur son cousin. Seule Madame Figg n'avait pas tari d'éloge sur la chambre qui lui était réservée, sur la gentillesse d'Harry qui les accueillait chez lui. Elle avait même écrasé une larme en évoquant le sortilège de Fidélitas dont il serait le gardien.

Assis devant le secrétaire du petit bureau –celui-là même qui avait abrité l'épouvantard deux ans plus tôt – Harry n'était pas tout à fait à l'aise. La présence de sa tante, sa froideur apparente qui tranchait avec la tension évidente de son fils, le troublait plus qu'il ne l'eût cru. Il n'avait pas grand-chose à lui dire, c'était un fait, mais cette indifférence le gênait. Il eût préféré les sarcasmes ou les insultes. Il espérait que Dumbledore aurait bientôt terminé de mettre en place le rituel magique et qu'il pourrait retourner à Poudlard. Il se prit à regretter la présence de ses amis et il porta la main à sa poche, dans un geste machinal, avant de se souvenir qu'il avait laissé la carte du Maraudeur à l'école. Il aurait tant aimé jeter un œil dessus, pour suivre ses amis dans les couloirs… Que faisaient-ils en ce moment ? Et que faisait Ellen ? Etait-elle seule dans ses quartiers serpentards ? Ou bien tenait-elle compagnie à Ginny ? A moins qu'elle ne fût en train de comploter… Non, elle devait être avec Ron, Hermione, Neville, Luna et Ginny, à faire son rapport sur le compte rendu de Nott.

L'idée de ses amis réunis autour de son absence lui plaisait. C'était parfaitement vaniteux de sa part et il en avait conscience, mais cela le satisfaisait grandement. Et à son retour, ils seraient tous autour de lui à demander des nouvelles et à s'inquiéter de sa journée… Quand il partirait affronter Voldemort, ce serait la même chose. Et à son retour, Ellen serait là. Elle mettrait ses bras autour de son cou et il oublierait l'horreur de la bataille. Elle chasserait d'un baiser les heures sombres et réchaufferait son cœur glacé de la promiscuité de Voldemort. Bien sûr, il se pourrait aussi qu'elle l'attendît en vain. C'était une éventualité qu'il évoquait à présent sans trembler – ou si peu. Toute la conversation avec Phinéas Nigellus lui revenait par bribes. Et parfois, s'y mêlaient les souvenirs d'échanges anodins avec Neville et Ron.

Alors, il prit un parchemin dans le secrétaire, ainsi qu'une plume. Il la trempa dans l'encrier rempli par les soins de Dobby et commença à écrire : Dimanche 8 novembre 1997, je soussigné Harry Potter, sain de corps et d'esprit, déclare que ceci est mon testament. C'était une formule qu'il avait lue un jour dans un roman. Il s'était dit à l'époque que s'il devait un jour léguer quoi que ce fût à quiconque, il userait d'une telle amorce. Cela avait le mérite d'ôter toute ambiguïté sur la nature du texte qui suivrait.

Il trempa à nouveau la plume dans l'encrier et reprit sans trembler la rédaction de ses volontés post-mortem.

Je lègue ma maison du Square Grimmaurd à Ron Weasley, Hermione Granger et Neville Londubat afin qu'ils puissent poursuivre leurs études à Londres. Ainsi qu'à Ginny Weasley quand viendra son tour de quitter Poudlard. Et je souhaite qu'ils ouvrent cette maison à ceux qui auront besoin d'un refuge. A charge pour eux de trouver un moyen de décrocher Madame Black de son cadre.

Ma cape d'invisibilité, je la laisse à Ron. Il en aura besoin s'il devient Auror. Ainsi que mon Eclair de Feu et mes livres sur le Quidditch.

A Ginny, je laisse mon nécessaire à balai et mes gants. Ils lui iront toujours trop grands, mais je sais qu'elle s'imagine que ce sont des gants porte-bonheur.

A Hermione, je laisse mon jeu d'échecs, pour qu'elle s'entraîne à battre Ron. Ainsi que ce qui restera dans mon coffre chez Gringotts au moment de ma disparition pour qu'elle continue les recherches du professeur Rogue, sur la potion tue-loup notamment. Je sais qu'elle usera de cet argent avec conscience.

Si quelqu'un lit cette lettre, c'est que je serais mort. Donc, soit nous avons gagné la guerre et tout est pour le mieux dans le meilleur des mondes. Soit j'ai échoué et tout le monde se moquera d'ouvrir le testament de Harry Potter… Donc, soyons optimiste, mettons que nous avons gagné la guerre.

Dans ce cas, je ne veux pas –et ils souligna deux fois ces mots- que l'on me donne une quelconque médaille posthume. Je ne veux pas que les futurs élèves de Poudlard me maudissent parce qu'ils doivent astiquer des tonnes de plaques à mon nom lors de leurs retenues. Si on doit absolument rendre hommage à mon nom, qu'on le donne à un stade de Quidditch…

Et je demande d'ores et déjà humblement pardon à tous les futurs élèves qui devront apprendre par cœur l'histoire officielle de celui qu'on appelait le Survivant.

Je souhaite également que mon parrain, Sirius Black, soit définitivement lavé de toute accusation de trahison. Qu'il soit réhabilité et que sa véritable histoire figure dans les manuels scolaires.

Je charge Ron Weasley et Hermione Granger de raconter cette histoire en toute sincérité.

Il signa et songea qu'il lui faudrait peut-être deux témoins, comme il l'avait lu également dans le même roman auquel il avait emprunté la formule de début. Mais comme il ignorait les formalités testamentaires du monde sorcier, il ferma la lettre et la cacheta avec le bâton de cire qu'il trouva dans le secrétaire. Il faudrait remercier Dobby avant son départ pour Poudlard, pour tout le soin qu'il avait mis à aménager la maison en si peu de temps.

On toqua à la porte du bureau.

- Harry ? Je peux te voir ? demanda la voix un peu sèche de Pétunia.

Dans un réflexe, Harry fit un mouvement pour cacher la lettre qu'il tenait à la main.

- Entre, tante Pétunia, répondit-il, un picotement au fond de la gorge.

Et Pétunia entra. Elle referma la porte derrière elle doucement, comme si elle craignait de réveiller quelque esprit familier. Elle s'avança à pas de loup vers un fauteuil près du secrétaire et s'assit sur le bord du siège. Harry fut tenté de lui demander si elle redoutait que le fauteuil ne lui mordît la fesse, mais il ravala le sarcasme devant l'air désorienté de sa tante.

Elle avait les paupières gonflées et le teint pâle. Il n'aurait su dire si la grosse demi heure qu'il venait de passer à rédiger sa lettre avait laissé à sa tante le temps de s'affadir ainsi, ou si elle était arrivée avec ce visage triste. Il dut reconnaître qu'il avait évité de la regarder, et qu'il ne s'était pas plus adressé à elle qu'elle à lui.

- Harry ? commença-t-elle sans lever les yeux vers lui.

Elle tordait ses mains, nerveuse et agitée.

- Oui, tante Pétunia…

- Dumbledore nous a dit que cette maison était la tienne…

- En effet…

- C'était celle de tes parents ?

- Non. Celle de mon parrain… Sirius Black… Vous savez, ce dangereux repris de justice que vous espériez voir surgir au coin de Privet Drive, il y a quatre ans…

Pétunia leva vivement la tête vers lui, l'air furieux.

- Je t'en prie, Harry !

Le jeune homme se mordit les lèvres. Mais déjà Pétunia reprennait :

- C'est une drôle de maison… A vrai dire… Je n'imaginais pas Lily vivre dans une telle demeure. Je veux dire…

Mais elle se tut.

- Oui ? insista doucement Harry.

C'était la première fois que Pétunia évoquait sa mère devant lui autrement qu'en des termes insultants. Sa tante se raidit un peu.

- Je veux dire que, bien que je ne m'étonne guère du climat étrange qui règne ici, je n'imaginais pas que Lily ait pu vivre dans une telle ambiance… sinistre… Elle n'aimait pas ce qui était sinistre. Elle aimait les fleurs… Nous sommes tous très attirés par les fleurs chez les Evans… Alors, une telle maison, cela m'étonnait beaucoup…

Harry haussa les épaules.

- Ce n'était pas sa maison… Pour le reste, je ne peux rien en dire. Je ne l'ai pas connue et on ne m'a guère parlé d'elle.

Ce fut au tour de Pétunia de se mordre les lèvres.

- Mais je suppose que tu n'es pas venue me trouver uniquement pour me parler de ma mère, continua Harry. Je suis désolé de t'imposer cette maison, mais c'était le seul endroit disponible… J'ai fait mon possible pour la rendre… acceptable, mais j'avoue que j'ai une vision des choses acceptables qui diffère sensiblement de la tienne. Ce doit être une question de génération… ajouta-t-il sur un sourire alors que Pétunia pâlissait une fois de plus. Si tu désires que nous changions quelque chose, demande-le-moi…

Pétunia secoua la tête.

- Non ! non ! s'empressa-t-elle de répondre. Je… voulais simplement te remercier… On se croirait presque à la maison…

Elle renifla brusquement et se reprit tout aussitôt.

- Oui, c'est vraiment gentil de ta part d'avoir pensé à faire venir les affaires de cours de Dudley. Il est temps qu'il se remette un peu au travail. Et toutes ces petites choses que tu as ramenées de chez nous…

Elle sortit un mouchoir de sa poche et se détourna légèrement pour souffler dedans. Elle tapota son nez quelques secondes avant de revenir vers Harry.

- C'est Dobby qu'il faut remercier, admit Harry. Je le ferai de ta part si tu le permets.

Pétunia hocha vivement la tête. L'idée de parler à quelque chose d'aussi… bizarre que l'elfe qui lui avait été présenté un moment plus tôt la révulsait quelque peu. Elle tamponna une dernière fois ses yeux bouffis et s'éclaircit la gorge.

Harry se redressa légèrement sur sa chaise. Elle était effectivement venue pour quelque chose de particulier et le moment était venu d'aborder le sujet.

- Harry ? répéta Pétunia une troisième fois. Ce qu'il y avait écrit dans ce journal… dans cette Gazette… est-ce que c'est la vérité ?

Pétunia fixait son neveu avec intensité à présent.

- A quel propos ? demanda celui-ci en tâchant de ne pas laisser sa voix trahir son émotion.

- A propos de cette prophétie…

- Oui, c'est la vérité.

Pétunia était figée.

- Alors Dumbledore n'avait pas menti…

Harry sourit.

- Dumbledore ne ment jamais. Il omet parfois de préciser certaines petites choses, mais il ne ment jamais. Que t'avait-il dit ?

- Que de ton sort dépendait le sort de beaucoup… murmura Pétunia, livide. Et que te protéger c'était me protéger aussi, ainsi que le monde dans lequel je vivais… Ce Lord… Lord Machin… Il n'a pas tué tes parents par hasard… Il ne les a pas tué parce qu'ils voulaient jouer les héros…

- Il les a tués parce qu'ils voulaient me protéger de lui. Il a tué mon père parce qu'il était sur son chemin et ma mère parce qu'elle s'est jetée entre lui et moi. C'était moi qu'il voulait assassiner. Ma mère m'a sauvé de la mort en donnant sa vie. Entre Voldemort et moi, il y avait désormais son sang. C'est pourquoi Dumbledore m'a confié à toi. Il savait que Voldemort n'avait pas été anéanti comme beaucoup l'ont cru. Il savait qu'il reviendrait. A cause de cette prophétie. Et de cette cicatrice…

Il esquissa le geste de porter la main à son front. Il n'alla pas jusqu'au bout.

Pour la première fois de sa vie, il voyait sa tante pleurer. Deux grosses larmes roulaient sur ses joues et elle reniflait sans se soucier de bienséance.

- Comme je regrette, Harry… Comme je regrette… murmurait-elle.

Harry se pencha légèrement en avant.

- Qu'est-ce que tu regrettes ? demanda-t-il à voix basse. M'aurais-tu traité différemment si tu avais su ?

Pétunia hocha la tête plusieurs fois. Elle se moucha bruyamment et reprit :

- Oui ! Si j'avais su tout cela, j'aurais insisté davantage pour que tu restes éloigné de ce monde de fous ! Tu n'aurais pas à risquer ta vie pour ces gens qui ne respectent en rien la vie d'autrui… Et ce Dumbledore de malheur ! Quel monstre d'égoïsme et d'indifférence. Quand je pense que tes parents lui vouaient une admiration et une confiance sans borne ! Si j'avais su tout cela, Vernon et moi aurions trouvé le moyen de te soustraire à lui !

Harry se redressa lentement sur son siège. Il avait cru un instant au repentir de sa tante. Il comprenait à présent qu'elle n'en éprouverait jamais à son égard, car elle était persuadée qu'elle avait agi pour son bien… Remus, un jour, dans la Cabane Hurlante –Harry avait un souvenir très précis de ce jour-- lui avait dit que les Dursley faisaient partie de sa vie, quoi qu'il fît pour affirmer le contraire, et que ce qu'il était aujourd'hui, c'était aussi à eux qu'il le devait.

Il cessa d'attendre un mot ou un geste de remords de la part de Pétunia. Et il cessa de lui en vouloir pour ces années perdues.

- Toi et Vernon m'auriez-vous fait enfermer dans un asile d'aliénés que mon histoire m'aurait rattrapé… M'auriez-vous empêché de rejoindre Poudlard, que la magie serait venue à moi, brutalement, sans aucune sommation. Et je n'aurais eu aucune chance d'échapper à la mort.

- Crois-tu en avoir encore ! se remit à sangloter Pétunia dans son mouchoir trempé. Quand on sait de quoi ce forcené est capable. Il a tué tes parents qui étaient des sorciers de grande puissance… Que crois-tu pouvoir faire alors que tu es plus jeune qu'ils ne l'étaient eux-mêmes !

- Je suis un sorcier de très grande puissance, Tante Pétunia, affirma Harry sur un ton qui ne prêtait guère à la raillerie. Je te prie de me croire. J'ai affronté Voldemort plus souvent que mes parents et j'en suis sorti chaque fois plus fort. Lorsque nous nous rencontrerons à nouveau, ou tu seras libre, ou plus rien n'aura d'importance. Je n'ai peut-être qu'une seule chance d'échapper à la mort, c'est vrai. Mais je vais la saisir, tu peux en être certaine, de toutes mes forces. Et si j'échoue quand même – ce ne sera pas à cause de toi… ni à cause de moi… Et si j'échoue… tant pis. J'aurais au moins essayé. Tu m'as protégé autant que cela t'a été possible. Je me suis caché, autant que j'ai pu. Mais il faut bien sortir et affronter le danger un jour… Vernon et toi, et Dudley, m'avez bien préparé à braver les difficultés de la vie. C'est quelque chose que personne ne peut nier. Si je m'en sors, ce sera en partie grâce à cela. Tu n'as aucun reproche à te faire. Ni aucun regrets à avoir. Moi, en tous cas, je n'en ai pas.

Il se tourna vers le secrétaire et glissa dans sa poche la lettre qu'il venait de cacheter. Il se retourna vers sa tante et lui parla doucement.

- Si tu as besoin de quoi que ce soit, n'hésite pas à le demander à Dobby. Tu dois le trouver étrange et un peu effrayant, mais tu n'as rien à craindre de lui. Si tu as besoin de me joindre fais-moi passer un message par lui. Il sait toujours où me trouver et il m'est tout dévoué.

Il sourit à sa tante qui se levait lentement.

- Tu devrais te reposer un peu avant le déjeuner, lui conseilla-t-il.

Pétunia se dirigea d'un pas lourd vers la porte qu'elle ouvrit d'un geste d'automate. Elle s'arrêta sur le seuil et sans se retourner murmura : Merci, Harry… Elle quitta la pièce sans refermer la porte et Harry entendit son pas s'éloigner dans le couloir.

….

Un peu plus tard, Dobby vint annoncer que le repas était prêt à être servi dans la cuisine. Harry se retrouva en bas, à côté de Madame Figg, face à Dudley qui reniflait chaque bouchée avant de les porter à sa bouche. Chaque fois que sa mère se raclait la gorge, il s'attendait à ce qu'elle lui intimât de lâcher sa fourchette illico. Elle-même ne mangeait que du bout des lèvres. Le repas était pourtant excellent. Harry félicita Winky et Dobby. Lui en fut tout émotionné. Winky, elle, se contenta de hausser les épaules en grommelant.

Madame Figg déclara qu'elle allait faire une petite sieste pour se remettre de ses émotions des dernières vingt-quatre heures et Pétunia avança quelques rangements à faire dans sa chambre pour quitter la pièce à la suite de la vieille dame.

Harry resta seul avec les elfes et Dudley. Son cousin ne paraissait guère avoir envie de se retrouver dans sa chambre et il était évident pour Harry que Dudley n'était pas plus enchanté de rester dans la cuisine. Le jeune moldu jetait des coups d'œil inquiets sur les deux êtres qui, avec force claquements de doigts, faisaient la vaisselle et rangeait la pièce. Dobby s'approcha d'Harry, une grimace sur son visage disgracié. Dudley recula vivement, dans un mouvement instinctif.

- Harry Potter désire-t-il autre chose ? demanda l'elfe avec obséquiosité.

- Pas pour l'instant, Dobby, merci… A moins…

Harry glissa un œil sur Winky qui faisait semblant de ne pas écouter. Il se pencha à l'oreille de Dobby et lui murmura :

- Aurais-tu quelques bouteilles de bièraubeurre en réserve, s'il te plait ? Je crois que mon cousin a besoin d'un peu de réconfort et je laisserai volontiers moi-même les petites bulles monter à ma tête…

- Je peux m'en procurer, Monsieur… promit Dobby à voix basse.

Harry le remercia d'un sourire.

- Nous serons dans le salon du haut, annonça-t-il en se levant.

Comme il s'y attendait, Dudley fut debout en même temps que lui. Harry retint un sourire ironique.

- Que dirais-tu d'une visite un peu plus approfondie de la maison, Dudley ? proposa Harry.

Dudley haussa une épaule d'un air qu'il voulait indifférent.

- Pourquoi pas ? répondit-il avec du défi dans le ton.

Harry sortit de la cuisine, rappelant à son cousin le silence le plus complet pour traverser le hall. Un ronflement s'échappait de dessous la tenture qui recouvrait le cadre de Madame Black.

- Qu'est-ce qu'il y a là-dessous ? chuchota Dudley, à la fois intrigué et apeuré.

- Le portrait de l'ancienne propriétaire…

- Tu te fiches de moi !

Le ton était redevenu celui du Dudley de Privet Drive. Un peu supérieur et sarcastique. Harry fit demi-tour. Il s'arrêta devant la toile et avança la main pour soulever le voile. Dubley pâlit. Il regrettait ses paroles imprudentes. D'un signe de tête, Harry lui ordonna d'approcher et il ne put qu'obéir. Il glissa la tête sous le rideau et la retira aussitôt.

- Mais… Mais… Elle parlait pourtant… bégaya-t-il.

Harry laissa retomber la toile et reprit le chemin des escaliers, tout naturellement.

- Bien sûr… mais je te conseille de la laisser tranquille. C'est une vieille femme acariâtre. Et elle déteste les moldus…

- Les quoi ? s'étrangla Dudley.

- Les… gens comme toi, répondit Harry, imitant la moue dédaigneuse qu'avait Pétunia lorsqu'elle lui adressait ces mêmes mots quelques mois plus tôt.

- C'est… C'est une drôle de maison… bredouilla Dudley.

Il collait aux semelles d'Harry, marchant au milieu du couloir, comme si les murs eussent pu le saisir tout à coup.

- Et encore tu n'as rien vu… murmura Harry presque pour lui-même.

Il reprit un peu plus haut :

- C'était une maison de mages noirs… de mauvais sorciers, si tu veux… Il y avait un laboratoire dans l'une des pièces où on pratiquait des expériences interdites… Si tu savais tout ce qu'on a trouvé quand on a fait le ménage ici… Des doxies par dizaines. Des Epouvantards dans les placards. Des têtes réduites…

- Des… des têtes réduites… répéta Dubley qui n'avait aucune idée de ce qu'étaient doxies et épouvantards – mais qui se doutait tout de même qu'il n'aimerait pas se retrouver face à de telles créatures.

- Et des tas d'autres choses encore… Mais rassure-toi, tout a été nettoyé. Il n'y a plus aucun risque à présent… Evidemment, si j'étais toi, je ne m'aventurerais pas seul dans le grenier ou à la cave, et encore moins dans le placard à balai sous l'escalier… mais partout ailleurs, je pense que Dobby a fait le nécessaire…

Dudley se rapprocha de son cousin. Il avait la désagréable impression d'être surveillé par des centaines d'yeux invisibles.

- Est-ce qu'il y a des fantômes… ?

- Pas que je sache… Veux-tu continuer la visite ? Je dois te présenter un personnage qui t'intéressera sûrement…

- Non ! se précipita Dudley.

- Tu as raison, répondit Harry en réprimant un rire. Il serait plus poli d'attendre que Tante Pétunia et Madame Figg soient là.

….

Harry poussa la porte du bureau et s'effaça pour laisser entrer Dudley.

- Nous serons mieux ici pour attendre l'appel de Dumbledore, dit-il.

Il prit place dans le fauteuil et Dudley s'affala dans le canapé. Ils restèrent un moment silencieux. Cela n'amusait plus Harry de jouer les maîtres de maison, ni d'effrayer son cousin. Il sentait confusément que Dudley mourrait d'envie de lui poser une ribambelle de questions et qu'il ne savait comment le faire.

Enfin Dobby apparut avec deux bouteilles qu'il ouvrit pour les jeunes gens. Dudley prit la sienne avec circonspection.

- Tu n'as rien à craindre, Dudley ! s'agaça Harry légèrement irrité des grimaces dubitatives de son cousin.

….

Dudley goûta du bout des lèvres et trouva le breuvage à son goût. Il jugea que si Harry en buvait avec autant de délectation, il n'avait lui-même rien à craindre.

Il s'étonna cependant de voir son cousin lever sa bouteille vers le plafond, comme s'il trinquait avec une ombre.

- Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il croyant à un rituel sorcier.

- Je bois pour Remus Lupin, murmura Harry.

- Lupin ? répéta Dudley en tremblant. Le vampire ?

- Loup-garou… corrigea Harry.

Le frissonnement de Dudley lui arracha un sourire triste.

- Il va venir ?

- Il est mort.

Harry but une gorgée. Dudley l'imita.

- Alors ? Qu'est-ce que tu penses des bièraubeurres ?

- C'est… pas mauvais… admit Dudley.

Il se détendit. Il s'appuya au dossier du canapé et prit ses aises.

- Le vieux fou, en bas… qu'est-ce qu'il fait ? se décida à demander le jeune homme.

- Il met en place le rituel du sortilège de fidélitas qui doit vous protéger, toi, ta mère et Madame Figg.

- Comme là-bas, dans la vieille maison à la campagne ?

Harry hocha la tête.

- Pourquoi n'y est-on pas resté ?

- Je croyais que Dumbledore avait tout expliqué…

- Oui, mais je n'ai pas tout compris…

….

Harry fit rouler sa bouteille entre ses mains. Dudley attendait sa réponse. Il buvait par petites gorgées, essayant de se donner cet air supérieur qu'il croyait avoir naturellement. Ce n'était d'ailleurs pas une mince affaire. Il était dans une maison qui l'effrayait, face à un inconnu qui était son cousin. Il avait du mal à reconnaître en ce jeune homme sûr de lui le garçon malingre qu'il terrorisait naguère. Harry était devenu ce qu'il était convenu d'appeler un beau garçon, même parmi les grosses brutes que Dudley fréquentait. Encore un peu maigre et efflanqué, mais cela ne l'en faisait paraître qu'un peu plus grand qu'il n'était réellement. Bien sûr, il avait grandi, pourtant ce n'était pas sa taille qui avait frappé Dudley dès l'abord. C'était son allure. Et bien qu'il le dépassât encore d'une bonne tête au moins, et qu'il fût deux fois plus large que son cousin, Dudley s'était senti tout petit à coté de lui.

Il avait toujours été jaloux de lui. Une jalousie qu'il ne s'expliquait guère d'ailleurs. Qu'avait-il à envier à Harry, cet orphelin rachitique, cet avorton bizarre dont tout le monde s'efforçait de nier l'existence ? Toutefois, il avait toujours su qu'il y avait un mystère autour d'Harry. Et que sa mère en avait connaissance. C'était sans doute pour cela qu'il lui en voulait autant. Harry partageait avec Pétunia un secret auquel il n'avait pas accès malgré tous ses efforts pour le percer.

A présent qu'il avait été bien malgré lui jeté dans la confidence, Dudley sentait toujours la morsure de la jalousie, plus forte que jamais. Et, en filigrane, il avait peur. Confusément. Viscéralement. Il avait peur.

Harry porta la bouteille à ses lèvres. Il avala une gorgée de bièraubeurre, comme pour se donner du courage.

- Tu sais qui est Voldemort, Dud ? Il n'a pas renoncé à mettre la main sur toi ou ta mère pour m'obliger à venir vous secourir et me forcer à quitter Poudlard pour l'affronter sur un terrain où il pense avoir le dessus…

Il y eut un silence. Les joues flasques de Dudley frémirent. Il cligna plusieurs fois ses petits yeux inexpressifs.

- Et tu le ferais ? demanda l'héritier des Dursley sans prendre le temps de respirer.

- Quoi ?

- Venir nous secourir si nous… si Vol… si…

Harry but une autre gorgée, lentement.

- Je ne supporte pas de voir les gens souffrir, répondit Harry simplement.

Dudley ne put réprimer le frisson qui le secoua. Il prit plusieurs petites gorgées rapides.

- Est-ce que ça va durer longtemps ? demanda-t-il encore.

- Je ne sais pas, répondit sincèrement Harry.

- Et…tu vas mourir ?

- Je ne sais pas, répéta Harry.

- Tu ne sais pas grand-chose ! fit aigrement Dudley.

Il serra nerveusement sa bouteille entre ses doigts boudinés. Le sourire d'Harry l'agaça. Il n'aimait pas du tout cette situation.

- Tu t'attends sans doute à ce que je te sois reconnaissant de ce que tu fais pour nous, reprit Dudley avec hauteur. Mais je ne le ferais pas, parce que si nous en sommes là aujourd'hui, c'est ta faute. Alors je ne te dirais jamais merci pour quoi que ce soit…

Il se redressa, prêt à répondre à la surprise ou la colère de son cousin. Mais ce fut lui qui fut surpris. Harry lui sourit encore une fois. Il termina tranquillement sa bièraubeurre avant de parler.

- Je n'attends rien de toi, Dud. Ce que je fais aujourd'hui, je ne le fais pas pour vous humilier, ou pour vous forcer à me remercier. Je le fais, c'est tout. Et je n'ai pas l'intention d'en parler davantage.

Dudley ravala sa hargne. Le ton tranquille d'Harry l'exaspérait. Il ne pouvait pas le laisser s'en sortir comme ça.

Il bomba le torse et s'appuya au dossier du canapé, les coudes largement écartés. Il dégustait les dernières gorgées de bièraubeurre de sa bouteille, avec un sourire goguenard.

- La fille qui est venue nous voir quand nous étions à l'hôpital… Celle qui voulait savoir ce qui s'était passé le soir… le soir où papa…

Dudley eut l'air beaucoup moins sûr de lui soudain. Harry lui vint en aide.

- Ellen McGregor ?

Il se leva pour poser sa bouteille vide sur la table basse et laisser Duddley se remettre de son émotion.

- C'est ta copine ?

Harry hocha ta tête. La grimace de son cousin le fit sourire.

- Tu lui as lancé un sortilège pour l'obliger à sortir avec toi ? essaya Dudley sur un ton un peu trop hésitant pour paraître sarcastique.

- Même pas ! se mit à rire Harry. Et il y en a même qui disent, ajouta-t-il comme en confidence, que c'est elle qui a utilité un philtre d'amour pour m'attirer à elle…

- Et pourquoi aurait-elle fait cela ? A moins que les sorciers ne soient encore moins intéressants que toi…

Harry fit une moue ironique.

- Ça c'est à elle qu'il faudrait le demander… Mais peut-être qu'être le capitaine de l'équipe des Phénix est une qualité à laquelle elle n'a pu résister…

- Toi ? Capitaine ? se moqua Dudley. Et de quoi, s'il te plait ?

- De Quidditch…

Et Harry se retrouva en train d'expliquer à Dudley ébahi ce qu'était le Quidditch et quel était le rôle de l'attrapeur dans l'équipe. C'était assez amusant que de le voir ouvrir ses yeux tout rond et de l'entendre demander des précisions sur les règles du jeu.

Enfin, Dudley fit une grimace envieuse.

- Tu as l'air de t'amuser beaucoup dans ton école de fous… dit-il avec acrimonie. Pendant que je m'ennuie à mourir entre ma mère et cette vieille excentrique de Figg…

Harry eut un soupir compassé. Il tapota l'épaule de son cousin.

- Hé oui… que veux-tu, un jour on pleure, l'autre on rit… C'est la vie… Mais je sais ce que c'est que d'être enfermé sans savoir de quoi demain sera fait… C'est vrai, j'ai des tas d'amis, je m'éclate au Quidditch deux fois par semaine, et quand j'ai un peu de vague à l'âme, Ellen est là pour me réconforter. Elle est vraiment douée pour me faire oublier ma prison dorée et qu'un vieux psychopathe m'attend à la sortie. Mais finalement, toi et moi, on en est au même point…

Harry remonta ses lunettes sur son nez, une main toujours posée sur l'épaule de Dudley. Et il lisait dans le regard de son cousin combien celui-ci le détestait. Et pourtant, il se serait presque mis à le plaindre. Avant qu'une telle catastrophe se produisît, la tête de Madame Figg apparut à la porte.

- Les enfants… on nous attend en bas…

….

Harry descendit devant, sa baguette à la main, et très détendu. Dudley le suivait, un peu moins à l'aise. Madame Figg trottait derrière eux. Le cérémonial du Fidélitas fut un peu moins solennel que la première fois à Tintagel. Madame Figg ne put s'empêcher de serrer Harry dans ses bras à l'issue du rituel. Ce dernier proposa à sa tante une tasse de thé pour se remettre de ses émotions. Dumbledore accepta l'invitation. Il réclama des sandwiches à Dobby, que l'elfe apporta presque sur le champ. Dudley se jeta dessus, et renonça à faire le dégoûté comme lors du repas de midi.

….

Le Professeur Dumbledore semblait moins soucieux que le matin même. Il mangeait de bon appétit tout en faisant la conversation avec Arabella Figg. La vieille dame réclama des nouvelles fraîches et Harry promit de lui faire parvenir par Dobby le Chicaneur et la Gazette Réunis… au gré aléatoire de sa parution, bien entendu. Dumbledore se déclara satisfait de l'initiative de Monsieur Lovegood. Il semblait que, lentement, les choses reprenaient leurs cours… peut-être pas à l'identique d'avant le week-end d'Halloween, mais cela montrait la capacité des hommes à relever la tête. Il n'avait jamais douté, en son for intérieur, de cette faculté qu'avait la vie à reprendre le dessus. Il était heureux malgré tout de voir qu'il avait fallu peu de temps au monde sorcier pour réagir : à nouveau la presse se faisait l'écho des événements, à nouveau les portes s'ouvraient sur le monde. Voldemort n'avait pas réussi à faire taire l'espoir dans le cœur de ceux qui luttaient contre lui.

- Vous allez pouvoir faire venir Charlie Weasley ? demanda Harry.

- Nous y travaillons déjà. Mais il nous faut rester prudents. Charlie n'est pas encore au mieux de sa forme. Et surtout… Je crains qu'il ne refuse de rentrer en Angleterre si son retour doit s'effectuer en solitaire…

Harry hocha la tête.

- En somme, ce n'est pas tant le retour de Charlie qui pose problème, mais celui de Viktor…

Dumbledore opina lentement.

- Les frontières de France se sont rouvertes mais nous ignorons encore presque tout de l'avancement des idées de Jedusor dans le pays. Et surtout nous avons perdu contact avec les sympathisants de l'Ordre durant cet intermède. Il nous faut agir avec circonspection et méthode. Cela demandera encore un peu de temps, j'en ai peur…

- Et pour le professeur de Potions ? questionna Harry dans un sourire.

Dumbledore but une gorgée de thé et termina son sandwich à la purée de topinambour.

- Ha ! C'est une question qui préoccupe bien du monde, en effet, soupira-t-il. Et en particulier notre chère madame Pomfresh… Mais ici aussi la prudence est de rigueur. Ce serait dommage, alors que nous avons réussi à mettre le maximum de monde à l'abri des manœuvres de Tom, de faire entrer le Licheur dans la porcherie… Et les contacts que j'ai eus dernièrement ne m'ont pas incités à me défaire de ma défiance…

- A propos de défiance… se souvint Harry brusquement. Il faut que je vous présente à Phinéas Nigellus. C'est lui qui vous contactera si le professeur Dumbledore ou moi-même avons à prendre contact.

Harry se leva vivement.

- Vous m'attendrez pour rentrer à Poudlard, Monsieur ? demanda-t-il. Je n'en ai pas pour longtemps. Je doute que Monsieur Nigellus tienne à prolonger l'entrevue…

En effet, la rencontre fut brève. Nigellus s'inclina devant les dames, poliment. Il toisa Dudley et un sourire ironique se dessina sur ses lèvres. Il échangea un regard avec Harry et prit congé.

- Il est parti ? s'esbaudit Dudley.

- Ne t'inquiète pas Dud, fit Harry. Phinéas Nigellus a bien autre chose à faire que squatter ta chambre.

Et à l'air ébahi de son cousin, Harry eut confirmation que ce n'était pas là le sens de sa remarque.

Sur le pas de la porte de la chambre, Harry fit ses adieux à ses trois hôtes. Il fit ses dernières recommandations à sa tante, échappa aux embrassades de Madame Figg et renonça à saluer son cousin de quelques mots provocateurs. Cependant, au regard à la fois désespéré et envieux de Dudley, Harry savait que le jeune homme songeait que son cousin allait retrouver la mystérieuse et magnifique Ellen…

Et Harry, tandis qu'il volait littéralement vers le rez-de-chaussée où il devait rejoindre Dumbledore, avait en tête la même pensée.

La porte du laboratoire s'ouvrit et se referma tout aussi vivement. Ellen fut dans ses bras avant même qu'il réalisât qu'elle était entrée.

- Tu vas bien ? demanda-t-elle, de l'inquiétude dans la voix et les yeux.

Harry l'embrassa en riant. Il se sentait le cœur léger.

- Qu'y a-t-il de dangereux à recevoir sa tante et son cousin dans sa maison… ? se moqua-t-il.

- Ils n'ont pas été méchants avec toi ? s'émut Ellie.

- Ils n'ont pas osé… Au fait, mon cousin te transmet son meilleur souvenir.

- Vraiment ? s'étonna Ellen.

Harry se mit à rire.

- Non… Mais je crois qu'il me déteste davantage encore depuis que je lui ai confirmé que toi et moi…

- Tant mieux ! s'exclama la jeune fille avec humeur. Enfin, je veux dire… Tant mieux s'il en crève de jalousie. Tu aurais du m'emmener avec toi. Il en aurait été plus malade encore de nous voir ensemble.

Elle prit sa main, embrassa ses doigts, le serra contre elle.

- Je les hais ces maudits moldus qui m'ont privé de toi toute une journée…

- Les deux tiers, seulement, corrigea Harry amusé et néanmoins flatté.

Il entraîna Ellen vers les chaises et la fit asseoir en face de lui.

- Assez parlé de Dudley… reprit-il. Raconte-moi plutôt ce qui c'est passé en mon absence…

- Tu veux les grands lignes ou un rapport détaillé… ?

- Les grandes lignes seulement… J'ai une surprise pour toi et je veux avoir le temps de te la donner avant l'arrivée de Ron et Hermione.

Les yeux d'Ellen brillèrent. Son sourire se fit charmeur.

- Ne peux-tu me la donner tout de suite ? Sinon je risque de n'avoir pas le temps de te remercier comme il le faudrait…

- Raconte d'abord ! réclama Harry sur un ton ferme.

Ellie eut un soupir déçu.

- Comme tu voudras… Alors voilà : Tout le monde a remarqué ton absence aujourd'hui. Weasley a prétendu que tu étais en retenue avec McGonagall et comme la vieille chouette n'a pas paru aujourd'hui non plus… c'est bien tombé. Bien entendu, et par conséquent, tout le monde m'en veut… Du moins tout ceux qui se disent de tes amis, et qui s'imaginent que c'est à cause du baiser dans le hall… C'est en tout cas la version officielle, te voilà averti. En ce qui concerne Malefoy, il n'a toujours pas reçu de nouvelles et il commence à s'inquiéter. Il a de plus en plus de mal à calmer l'impatience de ses suivants. La révolte gronde chez les Salamandres qui se sont fait prendre le soir d'Halloween. Il aimerait bien les récupérer, mais il ne veut pas attirer l'attention des professeurs sur lui en leur parlant ouvertement.

- Il va leur envoyer Nott ? demanda Harry, très intéressé.

Ellen haussa une épaule.

- Il est possible qu'il le charge de renouer avec les prisonniers de Serpentard… Il ne le lui a pas demandé encore explicitement, mais j'ai comme l'impression qu'il voudrait que Nott en prenne l'initiative… Du moins c'est ce qu'il ressort de notre dernière « conversation » de cette après-midi…

- Cet après midi ? s'étonna Harry.

- Il fallait bien que je m'occupe puisque tu m'avais abandonnée à mon triste sort… Elle est où, ma surprise ? Tu l'as sur toi ?

Harry se tortilla pour échapper aux chatouilles dont Ellen le menaçait pour le faire parler. Il fit le tour de la table et souleva avec solennité un petit carton qu'Ellen croyait appartenir à Hermione. Elle s'approcha pour découvrir sa surprise. Et en vérité, la surprise était bien ce qu'elle éprouvait devant cet objet étrange, pas très gros, pas tout à fait rond, et apparemment rempli d'eau. A l'intérieur, un charmant cottage miniature ouvrait ses fenêtres sur un paysage campagnard.

- Qu'est-ce que c'est ? demanda Ellen, circonspecte.

- C'est moldu, on appelle cela un souvenir…

Ellen leva un sourcil perplexe.

- Une sorte de rappeltout moldu ? Pourquoi ? J'ai oublié quelque chose d'important ?

Harry se mit à rire. Il poussa délicatement le globe vers la jeune fille.

- Tu ne crains rien… Cela ne te fera aucun mal…

Et comme Ellen restait hésitante, il prit l'objet et le posa dans la paume de son amie. Elle contempla la sphère, assez lourde d'ailleurs, quelques minutes. Elle essaya de déchiffrer les lettres dorées presque totalement effacées sur le bord de la boule.

- Ratford ? lut-elle avec difficultés. Et c'est sensé être quoi ? Une formule magique pour faire sortir de minuscules êtres de l'eau de leur maisonnette immergée ?

- Strattford-upon-Avon… traduisit Harry. Je crois que c'est Vernon qui l'a ramené à Dudley d'un séminaire pour chef d'entreprise… A moins que ce ne soit Marge qui le lui ait offert… Peu importe…

Ellen le regardait d'un air d'incompréhension totale.

- Tu m'offres un présent qui a déjà appartenu à quelqu'un ! s'offusqua-t-elle prête à lâcher le globe. Et à cet horrible moldu qui plus est ! Tu mériterais que je te le lance à la tête.

Harry retint sa main en riant.

- C'est ce qu'a fait Dudley… Et c'est comme ça que ce souvenir est devenu mien… Je l'ai attrapé au vol… Mon premier Vif en quelque sorte… mon premier trésor aussi. Je l'avais caché sous mon lit. Et je jouais avec chaque fois que j'étais triste… Je m'imaginais que la maisonnette était celle de mes parents et que nous y vivions heureux tous les trois…

Il renversa la main d'Ellen, comme pour lui prendre la sphère. Elle retint la boule, croyant qu'il voulait la lui reprendre devant ce qu'il ne pouvait que considérer comme un refus.

- Attends, fit-elle, désolée. Pardonne-moi… Je… C'est un très joli cadeau…

Harry retourna à nouveau sa main et retira la sienne.

- Chut… murmura-t-il. Regarde. Il neige…

Il neigeait en effet sur la chaumière, dans le creux de la paume d'Ellen. Elle laissa retomber le dernier flocon dans le silence. Puis elle secoua à nouveau le globe et son sourire éclaira ses yeux de bronze tout embués.

Elle sauta au cou de Harry.

- C'est le plus beau cadeau qu'on m'ait jamais fait !

Harry la serra contre lui.

- Tu n'es pas difficile, en fin de compte… Il en faut vraiment peu pour te rendre heureuse.

Elle se mit à rire dans son cou.

- De la neige en hiver, du soleil en été, mon cheval et la lande pour galoper dessus… Non, il ne me faut pas grand-chose pour me sentir le cœur léger… Surtout si tu es près de moi.

Elle ramena la boule devant leurs yeux et l'agita à nouveau. Elle se mit à rire. D'un rire d'enfant. Elle se dressa sur la pointe des pieds, l'embrassa sur la joue.

- Et toi, Harry, que faudrait-il pour que tu sois vraiment heureux ?

Il cueillit d'un geste vif la boule dans la main d'Ellie et fit neiger encore et encore.

- Mais je suis heureux, Ellen… Plus que je ne pouvais espérer l'être un jour…

Alixe : Review rapide pour te dire que j'ai aimé. Je retourne à mon chapitre à poster demain qui n'est pas fini Aïe ! plus de chapitres d'avance ? et à mon tome 6. Haaaa ! Chut ! je commence à avoir des fourmis dans les mains chaque fois que je vais sur un forum… Vais-je résister à la tentation…. ? Non ! je ne me rendrais pas sur les forums T6 ! je ne me rendrais pas sur les forums T6…


Valtor : Miss Teigne je compte sur toi maintenant pour donner une finalité au merveilleux univers d'Harry Potter qui en soit digne. Je viens de lire le tome 6 de JKR (Half-Blood Prince) et je ne sais pas a quoi elle pensait mais je suis tres decu. C'est souvent ce qui arrive quand on attend impatiemment quelque chose… Alors, maintenant pour moi les vrai tomes 6 et 7 ce sont les tiens. Hélas pour moi non ! Lol ! Je ne peux pas parler pour les autres mais a mon avis ta version est beaucoup plus satisfaisante (meme les scenes action). Je te prefere a JKR c'est officiel! Je crois que je viens de te faire un grand compliment:) Je t'assure que je mesure le compliment à sa juste valeur… mais je suis sûre que lorsque tu auras relu à tête reposée le T6 (le vrai, celui de JKR, tu l'apprécieras davantage... tu l'as lu trop vite et avec trop d'avidité. C'est comme quand on se jette sur le repas parce qu'on a trop faim, on n'en sent pas le goût… !) il faut prendre le temps de savourer… songe que le T7 c'est dans deux ou trois ans…

C'est souvent ce qui arrive quand on attend impatiemment quelque choseHélas pour moi non ! Lol ! Je t'assure que je mesure le compliment à sa juste valeur… mais je suis sûre que lorsque tu auras relu à tête reposée le T6 (le vrai, celui de JKR, tu l'apprécieras davantage... tu l'as lu trop vite et avec trop d'avidité. C'est comme quand on se jette sur le repas parce qu'on a trop faim, on n'en sent pas le goût… !) il faut prendre le temps de savourer… songe que le T7 c'est dans deux ou trois ans…

craow42 : Voila un beau chap !j'adore le tour de table dans la salle des quatre maisons sur l'avenir de chacun!La ptite Ginny semble déprimé chouilla!(donner lui un parchemin pour parlé avec Dennis enfin!)Sinon je suis curieux de savoir si Ron vas garder son titre de champion d'écheque et si McGregor vas belle et bein ouvrir son club de dance! Il faudra lire la suite pour savoir… au fait, Sirius il faisait quoi comme métier avant d'allé a Azkaban? Aucune idée ! Peut-être était-il rentier ? Son oncle Alphie lui avait laissé une fortune, je crois… Il a du prendre quelques années sabbatiques… pour se consacrer à l'Ordre du Phénix sans doute…

Vert Vache je viens de vérifier je ne t'ai même pas laisser un petit mot depuis le chapitre 67 ! Argh ça fait loin, honte à moi ! je commençais à croire que tu m'avais abandonnée !
J'aime bien cette étrange relation douce amer entre Harry et Ellen, c'est tendre mais pas plus, et c'est tellement rare ces derniers temps les fanfics qui ne finissent pas sous les couvertures que ça en est rafraichissant ... dsl si je suis née avec 50 ans de retard ;-) On est deux alors… lol ! Mais si ce n'est pas une fic d'action ce n'est pas non plus une fic qui ne parle que de relations amoureuses, même s'il est beaucoup question de sentiments…
je disais donc que ça sera comme d'autres fics avant le 5, la déception de ne pas retrouver ton txt à la place de celui de JKR, et si ce n'est en entier j'espère au moins des fragments et des idées... Celles de JKR valent bien leur pesant de cacahuètes ! Enfin, moi je devrai attendre jusqu'au 1er octobre ! et encore si j'ai fini d'écrire la fic ! Je l'espère d'ailleurs parce que ça ferait long !

chrys63 J'espere que la confrontation entre petunia et harry va bien se passer meme si je sais qu''elle ne peut que mal se passer. Pétunia reste pétunia...les gens changent si peu surtout des bornées comme elle. Alors ? Pétunia n'a pas changé, mais ça ne s'est pas si mal passé que cela… Apparament drago marche dans le plan d'harry mais avec lui il faut se méfier.. C'est sûr… on ne sait jamais nott pourrait les trahir s'il sent le vent tournait... Ou même pas… on n'en sait que très peu sur lui…bon j'espere que tu vas continuer d'écrire malgré le tome 6 : je ne lis pas la VO. J'ai commencé en français, je termine en français… on verra après…

Lyane Waouh, le prochain chapitre va donner. Je sens que la confrontation entre les trois (Harry, sa tante et son cousin) va sepasser difficilement, mais c'est pas dur à prévoir. Pas si difficilement que cela finalement… Je sais pas ce que ce chapite à de plus, mais je l'adore. Peut-être le fait que pour la première fois, Dumbledore écoute les demandes et conseils de Harry au lieu de décider de presque tout. Et le reste aussi. Enfin, j'arrive ps vraiment à savoir pourquoi, mais c'est un de mes chapitres préférés. C'est drôle…. Lorsque je l'ai publié sur l'autre site, j'ai eu un reviewer qui disait qu'il n'avait pas aimé le chapitre parce qu'il trouvait Harry arrogant, qu'il parlait mal à tout le monde et qu'il manquait de respect à Dumbledore. Qu'il se prenait pour « un petit chef »… Comme quoi, il en faut pour tous les goûts…