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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.
Chapitre 178
Castigat Ridendo
…
Ron se qualifia pour les demi-finales le samedi matin, dans une salle des Quatre Maisons presque comble. Viktor Krum, qui arbitrait la partie entre le Gryffondor et Sanders de Serdaigle, le félicita chaudement.
- J'aimerais beaucoup faire une partie contre toi, assura le Bulgare. Charlie a dit que tu jouais vraiment très bien et je crois qu'il se trompait : tu joues encore mieux que cela.
Ron se contenta de serrer la main du jeune homme sans dire un mot. Il se sentait très mal à l'aise devant lui. Il se hâta de rejoindre Harry parmi les spectateurs, qui attentaient la fin de la partie entre Ellen et Bobbins.
Ron s'assit et murmura avec assurance :
- Elle va faire une bouchée de Bobbins ! Avec un peu de chance le tirage au sort des demi-finales l'enverra rencontrer l'un des deux autres vainqueurs et on pourra se faire la revanche de l'an dernier. Ce serait chouette, hein ?
Harry lui jeta un regard en coin.
- Ce n'est pas toi qui râlais l'an dernier parce que tu devais disputer ton titre de meilleur joueur d'échecs à McGregor.
Ron prit un air contrit :
- L'an dernier c'était l'an dernier… Et beaucoup de choses ont changé… Toi tu ne savais même pas qu'elle existait, McGregor.
Harry lui rendit une grimace imitée de Peeves. Il tut la réponse ironique qu'il allait lui faire concernant sa propre situation sentimentale quelques douze mois plus tôt quand il surprit un regard de Ron qui suivait les allées et venues de Krum autour des échiquiers.
Le jeune Weasley se pencha vers son ami pour lui chuchoter en confidence :
- Elle m'a dit qu'elle était allée le trouver pour essayer de lui expliquer qu'il n'y aurait rien de plus entre eux que ce qu'il y avait déjà eu…
- Et ? fit Harry incertain. Elle a réussi… ?
Ron haussa les épaules, les yeux fixés sur le professeur de Défense contre les Forces du mal.
- Je sais pas, mais ce qui compte c'est ce qu'elle a fait, non ? Je veux dire que ce qui est important c'est ce qu'elle pense…
Harry hocha la tête, mais il ne put s'empêcher de penser que Ron n'était pas aussi convaincu qu'il voulait en donner l'air.
Ron ramena son attention vers Harry. Il se mordit les lèvres et se racla la gorge. Il se pencha à nouveau vers lui.
- J'ai décidé que pendant les vacances…
Ses taches de rousseur incendièrent son visage. Il baissa les yeux et la voix :
- … je lui demanderai si elle veut bien se fiancer avec moi…
Harry resta quelques secondes comme stupéfixé.
- Ce n'est pas toi qui ricanais il y a quelques semaines quand Justin et Susan se sont fiancés ? dit-il enfin.
Ron baissa la tête.
- Je sais… mais ce n'est plus pareil… Je lui demanderai juste après la cérémonie du mariage de Percy et Pénélope. C'est un bon moment, tu ne crois pas…
Harry remonta ses lunettes sur son nez. Il cherchait ses mots. Avec Ron, il fallait toujours prendre garde à ce qu'on disait, et à la manière dont on le disait.
- Est-ce que ça a un rapport avec la visite de Viktor au club de Duels ?...
Ron évita de regarder son ami dans les yeux.
- Pourquoi cela en aurait-il un ?
- Si cela t'embête tant que cela, reprit Harry, pourquoi ne vas-tu pas le trouver toi-même ? Après tout, c'est ce que Viktor a fait quand il est venu me demander si c'était vrai que Hermione et moi étions aussi intimes qu'il le paraissait…
Ron rougit brusquement.
- Tu n'y penses pas ! Je… ne pourrais jamais faire une chose pareille… Et puis ce n'est pas à moi de le faire… Et Hermione serait furieuse contre moi ! Elle croirait que… que je suis jaloux de Krum !
- Et ce n'est pas le cas ? se moqua légèrement Harry.
- Non ! Enfin… je ne dis pas que ça ne m'a pas agacé quand il est arrivé au début du club de Duels. C'est vrai, pourquoi a-t-il choisi le jour où Hermione et moi le dirigeons… ? Pourquoi n'est-il pas allé à celui que toi tu conduis… Et toutes les filles qui lui tournaient autour. Quand je pense à tout ce qu'elles ont pu dire quand la Gazette d'avril dernier est sortie… C'en était écoeurant… Et professeur Krum par ci… Et professeur Krum par là… Même les garçons s'y sont mis. C'était à celui qui se mesurerait à lui ! Et à celui qui sortirait le sort le plus extraordinaire !
- Il nous a quand même donné quelques détails sur la manière d'intervenir des Mangemorts… essaya de glisser Harry avec un sourire taquin.
- Il les a donnés à Hermione ! corrigea Ron en grognant. A l'entendre, il n'y a pas plus intelligente, ni plus avisée, ni plus… Berk ! Comment peut-elle supporter pareils discours aussi mielleux…
- Parce que c'est agréable à entendre… suggéra Harry.
- Et alors ? Moi aussi je lui dis qu'elle est intelligente…
Harry se mordit les lèvres.
- La seule chose de ce genre que je t'ai entendu lui dire, Ron, c'est : je trouve ton cerveau admirable…
- Et alors ? refit Ron. Ça revient au même, non ?
Harry fit une grimace qui signifiait indubitablement non…
- Et je lui dis souvent qu'elle est belle ! renchérit Ron. Tiens ! Pas plus tard que ce matin… !
- Tu lui as demandé ce qu'elle avait fait à ses cheveux, Ron… Et elle t'a répondu : Je les ai coiffés. Et tu as ajouté : Ha ! Je me disais aussi que tu avais quelque chose de différent ce matin…
- Et alors ?
- Alors ce n'est pas vraiment ce que j'appelle une déclaration, Ron…
Ron haussa les épaules.
- Je demanderai à McGregor quel genre de déclaration tu lui fais ! marmonna-t-il perfidement.
- Hé ! l'avertit Harry en brandissant son index devant son ami. Et puis, c'est pas de moi dont on parle ! C'est de toi et d'Hermione. Et de Viktor !
- Viktor… renifla Ron en reprenant d'instinct l'intonation dédaigneuse qu'il avait quelques mois plus tôt quand il prononçait le surnom de Vickyqu'il donnait à Krum.
Harry lui tapota l'épaule affectueusement.
- Tu penses vraiment que mettre une bague au doigt d'Hermione réglera ton problème de jalousie, Ron… ?
Cette fois, le jeune homme préféra se taire. Il reprit au bout d'un moment :
- Ce n'est pas une bonne idée, hein ?
- Hermione n'aime pas les ultimatums, tu le sais comme moi.
Ron fronça les sourcils.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Je veux dire, soupira Harry, que si c'est pour informer Viktor Krum qu'Hermione t'appartient…. Ce n'est peut-être pas une bonne raison pour te fiancer… Maintenant, si tu veux proclamer au monde que tu l'aimes au point de songer à passer le reste de ta vie avec elle…
Il grimaça en secouant la tête.
- Enfin, ce que j'en dis moi… La spécialiste c'est Hermione… et je doute qu'il soit très pertinent d'aller lui poser la question de cette manière. Après tout, tu as peut-être raison. Et puis tu verras bien la réponse qu'elle te fera…
Ron baissa la tête. Il croisa et décroisa ses doigts plusieurs minutes durant avant de rependre, très sérieux.
- Vivre le reste de ma vie auprès d'elle, c'est tout ce que je souhaite. Et il se pourrait que le reste de ma vie se résume à peu de choses…
Il tourna la tête vers Harry avant d'ajouter :
- Et celles-là, je n'ai pas envie de passer à côté.
Harry haussa les épaules.
- Je n'ai pas à te dire ce que tu as à faire ou ne pas faire, répondit-il. Mais puisque tu me demandes mon avis, je te suggère de bien réfléchir à la manière dont tu lui présenteras les choses. Je ne voudrais pas que mes deux meilleurs amis soient malheureux alors qu'ils peuvent l'éviter…
- Le meilleur moyen d'éviter que nous soyons malheureux, aurait été d'éviter de ramener Krum à Poudlard ! grommela Ron.
- Tu es sûr de cela ? demanda Harry.
- Autant que de battre McGregor en finale cette année aussi ! affirma Ron.
…
Ils se tournèrent vers le mur de la salle où, sur une toile blanche, à l'aide de sa baguette Hannah Abbot reproduisait les déplacements des pièces de la partie en cours entre Ellen McGregor et Fergus Bobbins, dont les noms apparaissaient au dessus de l'échiquier représenté, le premier en blanc, le second en noir.
Ron ricanait à chaque manœuvre de Bobbins, et annonçait à Harry les déplacements qu'allait effectuer Ellie pour le contrer et préparer sa propre stratégie. Il riait sous cape parfois, comme d'une bonne blague, et murmurait « Qu'est-ce qu'elle est maline… J'ai hâte de me retrouver face à elle samedi prochain… Ce serait vraiment dommage qu'on se rencontre en demi-finale. »
Harry ne l'écoutait que d'une oreille distraite, les yeux fixés sur le profil concentré d'Ellen. Ses cheveux retenus en arrière dégageaient son front, ses tempes et ses oreilles finement ourlées, aux lobes nus. Une paire de boucles d'oreilles, songea-t-il. Puisque ni lui ni Ginny n'avaient pu trouver où se procurer un flacon de son parfum –elle le faisait venir de France, par ses cousines ; et c'était de l'eau de toilette ! pas du parfum, avait-elle dit à Ginny- il lui fallait penser à un autre cadeau. Il avait vu une paire de boucles qui lui plaisait dans l'un des catalogues qui circulaient parmi ses camarades. Mais il hésitait encore. Il manquait ce petit quelque chose, ce pincement au cœur, qui fait dire : C'est pour elle ! et pour personne d'autre !
…
Il ne restait qu'Ellie et Bobbins au milieu de la salle silencieuse. Les deux autres qualifiés avaient rejoint le public. C'étaient une fille de Serdaigle et un garçon de Poufsouffle – ce qui fit dire à Ron qu'on pourrait appeler les prochaines rencontres de l'après midi le Tournoi des Quatre Sorciers.
Cela fit à peine sourire Harry.
- Il y en a encore pour longtemps ? chuchota-t-il à Ron.
- Bobbins revient. Il semble avoir compris la tactique de McGregor, estima Ron. Elle va devoir revoir sa stratégie. Il est possible qu'on en ait encore pour une heure… au moins.
- Alors on se retrouve à table… conclut Harry.
…
Il quitta la salle commune pour se rendre dans le laboratoire. Il était sûr que personne ne viendrait le déranger. Il avait besoin d'un vrai silence. Il percevait les présences de ses camarades comme un brouhaha persistant et il avait beau fermer son esprit, la lancinante mélopée de ses rêves, comme une incantation hypnotique, emplissait ses pensées.
Elle lui laissait au cœur une amertume douloureuse que le désœuvrement de cette matinée avait ravivée.
Il avait cru que le balancement régulier était celui de la chanson d'Ellen à son oreille. Mais depuis plusieurs nuits, la lente cadence se faisait plus précise et la voix qui chantait lui faisait monter au cœur une douceur mêlée de regrets. Il s'était éveillé en larmes le matin même, et le front en feu.
Il se sentait la gorge sèche. La dernière fois qu'il avait eu cette impression, Nagini avait attaqué le Zoo de Londres.
…
Il sursauta. Ginny poussa un cri en même temps qu'elle refermait la porte dans son dos.
- Qu'est-ce que tu fais là ? demanda-t-elle interdite. Tu devrais être en bas, avec tout le monde…
- J'y suis pas ! lui répondit Harry avec une évidence contrariée. D'ailleurs, pourquoi n'y es-tu pas toi-même ? Et qu'est-ce que c'est que ces airs de conspiratrice.
Ginny prit un visage contrit.
- Je venais prendre la Carte. J'en ai besoin…
Elle se rapprocha de la table et sourit à Harry.
- Tu ne le diras pas à Ron, n'est-ce pas…
- Pourquoi le dirais-je à Ron ? Et qu'est-ce que je ne dois pas dire à Ron ? Tu sais, Ginny, par moment, j'ai vraiment l'impression que vous, les Weasley, parlez une autre langue que celle de tout un chacun… Il faut un dictionnaire pour vous comprendre…
Ginny s'assit auprès d'Harry.
- Je dois aller à Pré-Au-Lard, dit-elle de but en blanc.
L'air ahuri d'Harry l'incita à poursuivre.
- Je vais prendre l'un des passages secrets pour me rendre à Pré-Au-Lard cet après midi… insista-t-elle.
- Tu es complètement folle ! s'écria enfin Harry. C'est beaucoup trop risqué !
- Pas plus que quand tu y es allé toi-même ! Moi je n'ai pas à mes trousses un dangereux évadé d'Azkaban qui veut me tuer !
- Sirius ne voulait pas me tuer !
- Mais tu l'ignorais !
…
Ginny quitta la table et se dirigea vers le placard. Harry la suivit.
- Et tu t'imagines que ton absence ne passera pas inaperçue ! Tu risques de te faire renvoyer !
- Ho ! Harry ! s'exclama la jeune fille la tête dans le placard. On ne sait même pas si on reviendra après les vacances ! Qu'est-ce que je m'en fiche de me faire renvoyer ! Tu sais où est la cape ? Ellie m'a dit qu'elle l'avait rangée ici !
…
Harry ferma les yeux quelques secondes. Pas étonnant qu'il eût si mal à la tête avec des amis pareils.
- Mais qu'est-ce que tu veux faire à Pré-Au-Lard ?
Ginny poussa un cri de triomphe et exhiba la cape d'invisibilité.
- Je veux voir Gerald.
- Il est à Pré-Au-Lard !
- A la Tête de Sanglier, soupira Ginny.
- Pourquoi… ? Ce sont les jumeaux qui l'ont envoyé ? Ils ont eu des nouvelles ?
- Non… Enfin, je ne crois pas ! J'ai eu le malheur de lui raconter que mon balai avait été saboté… En plus, il a été blessé légèrement lors de la dernière mission de l'AD et ses parents ont su qu'il faisait partie de la fameuse Brigade Masquée… Ils lui ont interdit de recommencer. Il leur a répondu qu'il faisait ce qu'il voulait. Il s'est disputé avec eux et il est parti de chez eux. Les jumeaux l'ont hébergé jusqu'à ce qu'il décide de prendre une chambre à la Tête de Sanglier…
Elle parlait presque à voix basse, sur un ton précipité. Elle reprit son souffle dans une inspiration sifflante.
- Il s'imagine que tu seras plus en sécurité s'il passe une partie de la journée à Pré-Au-Lard ? demanda Harry.
Ginny secoua la tête.
- Je lui ai dit qu'il était ridicule ! Cela ne sert à rien !
- Et c'est pour le lui prouver que tu veux prendre tant de risques ?
Elle haussa les épaules.
- Peut-être que si je le lui dis de vive voix… Il comprendra…
- Il comprendra surtout que tu as bravé tous les dangers pour le retrouver !
Ginny fit une moue frondeuse.
- Tant pis ! Après tout… On ne sait pas si on passera Noël, alors…
Elle fit un geste de la main qui signifiait manifestement qu'elle se moquait de tout le reste.
Harry remonta ses lunettes sur son nez.
- Ron va te tuer… dit-il. Ron va vous tuer tous les deux !
Elle eut un petit rire moqueur.
- Gerry n'est qu'en troisième position sur la liste noire de Ron, fit-elle. Et maintenant que Pettigrew est mort, ses envies de meurtres s'exercent principalement envers ce pauvre Viktor…
- Justement, répondit Harry. Viktor est professeur à Poudlard… Gerald Dennis, lui, est beaucoup plus accessible !
- Tu n'auras qu'à te taire ! trancha Ginny.
Elle mit la carte dans sa poche et roula la cape autour de son bras, puis tira la langue à Harry avant de sortir.
Ce dernier se rassit à la table. Son mal de tête était revenu au galop.
…
A nouveau, il sursauta. Il se tourna vers la porte pour demander à Ginny de bien vouloir le laisser à l'écart de ses turpitudes. Un éclat de rire lui répondit.
Ellen s'avança vers lui, les mains tendues.
- Ça ne va pas, Harry ? lui demanda-t-elle en examinant son visage un peu pâle. Un peu d'air te ferait le plus grand bien. Quelle idée as-tu eu de venir t'enfermer ici…
Harry résista à ses tentatives pour le faire se lever.
- Allez ! Insista-t-elle. Profitons du temps clément ! Dès demain, c'est la tempête de neige assurée !
- C'est une prédiction de Trelawney ? railla Harry.
- Non, de Firenze et pas plus tard qu'hier !
Harry finit par se laisser convaincre. Elle n'avait pas tort, un peu de fraîcheur ne lui ferait pas de mal.
…
Elle avait déjà son manteau sur le bras, il l'emmena vers les quartiers de Gryffondor pour y chercher le sien. Il la fit passer dans le couloir qui menait jusque devant le portrait de la Grosse Dame.
- Allez… insista Harry comme elle hésitait à le suivre. Je te montre le chemin… pour le jour où tu devras conduire tes camarades vers l'abri d'une Maison plus sûre.
- Et qui te dit que je choisirai Gryffondor pour mettre mes camarades à l'abri, voulut fanfaronner Ellie.
Elle s'attira un regard courroucé d'Imogen qui toisa la jeune fille avec ostentation. La Grosse Dame ne se décidait pas à ouvrir le passage bien que Harry lui eût donné par trois fois le mot de passe. Il toussota dans son poing.
- Imogen ? fit-il de son ton le plus aimable. Vous connaissez Ellen McGregor, je suppose…
Imogen daigna lui accorder son attention.
- J'ai beaucoup entendu parler de cette demoiselle en effet… Mon amie Violet traîne parfois dans des endroits peu fréquentables.
Ellie lui rendit un petit salut ironique.
- N'êtes-vous pas assignée à l'ouverture des portes de Gryffondor ? demanda la préfète de Serpentard.
Imogen leva un sourcil.
- En effet !
- Alors vous manquez à vos devoirs : Harry vous a donné le mot de passe –trois fois, même- et la porte n'est toujours pas ouverte…
Harry lui fit les gros yeux tandis que la Grosse Dame manquait s'étouffer de stupeur.
- Votre amie est d'une insolence rare, jeune homme ! s'exclama-t-elle. Etes-vous certain de vouloir la faire entrer chez nous ?
- Imogen, je vous en prie…
La Grosse Dame soupira et haussa les épaules :
- En tous cas, moi, je décline toute responsabilité…
Et comme ils passaient derrière le tableau, ils l'entendirent marmonner : « On aura tout vu ! ».
…
Harry fit un sourire d'excuse à Ellen qui n'était pas très rassurée malgré ses airs bravaches. Heureusement la salle commune de Gryffondor était vide, et elle n'eut pas à donner d'explication sur sa présence en territoire étranger.
- Tu es sûre de vouloir rester seule ici quelques instants ? s'assura Harry.
- Crois-tu que je risque davantage ici que dans ton dortoir ? se moqua-t-elle.
Harry s'efforça de ne pas rougir.
- Et puis que dirait-on si on te voyait sortir de ta chambre en compagnie d'une Serpentard ?
- Tu n'es pas une Serpentard, tu es… ma petite amie…
Il ne put empêcher ses joues de se colorer légèrement. Il crut qu'elle allait se mettre à rire et se moquer de cet argument qui l'enfonçait davantage. Elle se contenta de sourire.
- Crois-tu que c'est ce qu'on dirait ? On a surpris Potter sortir de son dortoir avec sa petite amie ?
Elle regarda autour d'elle la salle ronde en rouge et or.
- Ici, je reste une Serpentard…
Elle lui fit signe de se dépêcher et Harry la laissa seule pour aller chercher son manteau.
Ils ressortirent sous le regard soupçonneux d'Imogen. Harry sentit Ellen se détendre et il lui sourit en serrant sa main dans la sienne.
…
Dans le Hall, ils croisèrent plusieurs de leurs camarades qui quittaient la Salle des Quatre Maisons surchauffée. Les qualifications pour les demi-finales de l'après-midi étaient terminées et tous cherchaient à se changer les idées. Harry se mordit les lèvres. Il n'avait pas demandé à Ellen comment s'était terminée la partie.
- Alors ? fit-il sur un ton dégagé. Qui a gagné ?
Elle eut un haussement de sourcil ironique et faussement vexé :
- Tu le demandes ?
- Cela veut dire que tu vas encore passer l'après midi dans la salle des Quatre Maisons ?
Ellie eut l'air un peu moins assuré tout à coup.
- Et que fais-tu de l'honneur des Serpentard ? demanda-t-elle enfin.
Harry poussa la petite porte latérale du Hall et ils sortirent sur le perron.
- Ha oui… l'honneur des Serpentard… renifla-t-il.
…
Le ciel était dégagé. Un pâle soleil brillait, très loin, derrière la traîne d'un nuage. Le froid mordit leurs joues dès qu'ils furent dehors. Ils rajustèrent leur écharpe autour de leur cou.
- On fait un petit tour ? proposa Ellie.
Elle désigna du menton Rusard qui accompagnait un petit groupe de quatre ou cinq Salamandres, Blaise Zabini en tête, chacun une pelle à la main.
- Regarde, ils ont dégagé les chemins, ce serait dommage qu'ils aient travaillé pour rien…
Ils descendirent les escaliers alors que Seamus les interpellait.
- Jolie manœuvre de diversion, McGregor ! s'écria-t-il. Bobbins n'y a vu que du feu…
- Merci Finnigan ! répondit Ellie. J'apprécie le commentaire d'un connaisseur…
Lavande Brown se mit à rire.
- Seamus est nul aux échecs !
- Je sais ! répliqua Ellen en riant elle aussi.
Seamus fit mine de se vexer. Il ramassa une poignée de neige qu'il envoya vers Ellie, avant d'essayer d'en glisser une autre dans le col du manteau de Lavande.
Parvati et Padma se jetèrent au secours de leur amie et bombardèrent Seamus de boules de neige.
Harry et Ellen se sauvèrent du théâtre des hostilités, en tentant d'éviter les projectiles. Ils s'éloignèrent rapidement tout en riant et quand ils furent à l'abri des tirs de leurs camarades, auxquels Justin, Susan, Ernie et Hannah s'étaient joints, tous contre Seamus Finnigan, Ellen ramassa elle aussi une poignée qu'elle lança dans la mêlée. Harry l'entraîna avant que le groupe se retournât contre eux.
…
Il y eut un cri, de Neville, debout sur la première marche du parvis. Harry suivit la direction de son index. Une boule de neige arrivait droit vers eux. Vite. Très vite. Trop vite. Le temps s'était figé. Les jeunes gens continuaient à jouer au loin, et les sons lui parvenaient étouffés.
Harry leva la main. La boule ne dévia pas. Il pointa le doigt vers la sphère blanche ainsi que McGonagall l'avait fait avec sa baguette quelques jours plus tôt. La neige fondit aussitôt.
…
Alors Harry comprit. Il tourna la tête vers Ellen, à quelques pas de lui, qui riait, menaçant Seamus de sa baguette. Elle lui criait que les boules de neige ensorcelées étaient interdites.
- Pousse-toi ! hurla Harry.
Mais il était trop tard. Il se précipita au devant d'elle tandis qu'un autre cri retentissait, sorti de plusieurs poitrines effarées. Harry poussa Ellie. Elle tomba sur le dos, dans la neige des bordures. Il s'effondra sur elle, son visage dans son épaule.
…
Il y eut un silence et en quelques secondes des cris à nouveau. Ellie repoussait Harry sans pouvoir le soulever.
- Harry ? dit-elle mi riant, mi sérieuse. Tu sais que j'adorerais te voir profiter de la situation, mais ce n'est pas très confortable… et cela devient gênant…
Harry ne bougeait toujours pas. Et les voix se rapprochaient. Elle tourna difficilement la tête sur le côté.
- Harry, s'il te plait… Ce n'est plus drôle…
Elle dégagea ses bras de sous le corps du jeune homme. La neige froide pénétra dans ses manches. Elle frissonnait à présent. Elle mit ses mains autour de la tête d'Harry pour le forcer à la lever vers elle. Ses cheveux étaient chauds et poisseux.
…
Il y eut le visage de Lavande Brown au-dessus d'eux. La Gryffondor mit ses mains sur sa bouche pour étouffer un nouveau cri. Et la panique s'empara d'Ellen. Elle repoussa Harry des épaules et des genoux. Elle sentit qu'on le soulevait. La voix de Neville demandait d'aller chercher McGonagall. Elle eut froid quand le corps d'Harry fut étendu dans la neige à côté d'elle. Elle regardait ses mains rougies, et tour à tour chacun de ses camarades. Seamus Finnigan fixait avec stupeur une pierre ensanglantée qu'il tenait à la main. Elle baissa les yeux vers Harry et la neige sous sa tête était rosée.
Elle hurla sans pouvoir s'arrêter.
…
Il rêvait. Il savait qu'il rêvait. C'était un rêve qu'il faisait souvent. Il n'avait pas peur. Tout allait bien. Il volait.
Il avait chaud. Il était bien. Il y avait cette odeur familière. Celle des feux de cheminée, des bûches qui brûlent dans l'âtre, au-dessus d'une autre plus âcre, animale. Il n'avait presque plus mal et il ne pleurait plus. Il avait chaud. Il était bien. On l'emmenait loin des cris et de ce rire de dément. Loin de cet éclair vert qui avait aveuglé la pièce.
Il volait. C'était une sensation agréable. Il s'éloignait de tout ce qui lui faisait peur. De tout ce qui lui faisait mal. Les cris revenaient parfois. Lily ! Emmène Harry ! Sauve-toi ! Et il avait peur. Non ! Pas Harry ! Laissez-le ! Pitié ! Et il pleurait. Pousse-toi idiote ! Et il avait mal. Il avait froid. Il ne voyait plus rien. Il n'y avait plus rien. Que le silence et l'obscurité.
Il volait. Il était bien. Il fermait les yeux pour s'endormir, tout contre un cœur qui battait doucement, dans l'odeur du bois fumé. Loin du bruit et de l'effroi. Il oubliait déjà. Il n'y avait rien avant, que l'obscurité et la confusion.
A part cette voix qui chantait doucement. Mais il avait beau l'appeler de toutes ses forces, il ne l'entendait plus. Il essayait pourtant de retenir quelques images. En vain. Les visages s'effaçaient et il n'arrivait qu'à coller sur ses souvenirs les portraits des photos. Et la voix de sa mère était celle de ce jour-là dans le cimetière quand son ombre était sortie de la baguette de Voldemort. C'était une voix d'outre-tombe ; Ou bien ce cri de désespoir qui revenait chaque fois qu'il rencontrait les Détraqueurs. Même l'air de la berceuse le fuyait.
Il volait loin du champ de ruines qu'était son passé. Et il ne pouvait revenir en arrière.
…
Les senteurs embaumées de l'infirmerie remplacèrent l'odeur brute du manteau d'Hagrid. Et la douleur n'était plus dans son front, mais à l'arrière de son crâne. Il avait mal à la tête. Son cœur battait jusque dans ses tempes enserrées par un étau. Ses oreilles sifflaient et sa vue était trouble. Il voulut se lever, mais une main puissante le maintint plaqué contre le lit.
- Ne bougez pas, Potter…
La voix brusque de Madame Pomfresh, avec un léger accent d'inquiétude. Harry repoussa vivement la main qui se tendait encore vers lui.
- Ellen ! dit-il. C'est elle qui était visée ! Elle est en danger…
- Mais c'est vous qui êtes blessé… !
Madame Pomfresh ne se laissait jamais impressionner.
Elle appuya sur la poitrine d'Harry et le força à s'allonger sur les coussins.
- Ellen… essaya encore Harry.
Madame Pomfresh poussa un soupir exaspéré. Elle retourna au rideau et l'ouvrit. Elle fit un geste de la main.
- McGregor uniquement…
Et comme un murmure s'élevait, elle reprit :
- Je vous en prie ! Un peu de silence ! Respectez le repos de vos camarades. Granger, allez prévenir le Professeur McGonagall, je vous prie.
La voix de Ron s'éleva, tremblante d'angoisse :
- Mais comment va Harry ?
Madame Pomfresh tourna la tête vers le jeune homme étendu sur le lit blanc. Elle revint vers ceux qui attendaient dehors.
- Il survivra… une fois de plus…
…
Madame Pomfresh écarta le rideau pour laisser passer Ellen. Harry se redressa sur le coude quand il la vit.
Ellen McGregor était si blanche que ses cheveux bruns paraissaient noirs autour de son visage chiffonné. Ses yeux rougis brillaient encore de larmes retenues. Ses mains tremblaient lorsqu'elle lui tendit ses lunettes.
- Je les ai réparées, dit-elle d'une petite voix.
Harry voulut chausser ses verres et il s'aperçut qu'il portait un bandage autour de la tête. Il renonça à mettre ses lunettes.
- Tu vas bien ? demanda-t-il à la jeune fille en lui faisant signe de s'asseoir auprès de lui.
Elle fondit en larmes et prit place sur la chaise auprès du lit.
Madame Pomfresh leva les yeux au ciel.
- Elle va très bien, répondit-elle à la place d'Ellie.
Elle se rapprocha d'Harry et entreprit d'enlever son bandage.
- Nous avons été obligés de couper vos cheveux, Potter… Ce n'est pas très esthétique, je vous averti… Mais comme vous n'avez pas d'œil derrière la tête, cela ne vous gênera guère n'est-ce pas.
- Ne vous inquiétez pas, Madame, dit-il. Mes cheveux repoussent très vite…
Il tendit la main à Ellen et lui sourit en tournant la tête sur le côté pour mieux la regarder. Madame Pomfresh maintenait sa tête penchée en avant. Il sentait une douleur diffuse à l'arrière de son crâne et des tiraillements dans ses cheveux.
Ellie prit vivement la main qui se tendait vers elle.
- Je suis désolée, Harry, sanglota-t-elle.
- Ce n'est pas ta faute… répondit Harry.
Ellen baissa les yeux.
Madame Pomfresh appliqua sur la plaie d'Harry une pommade fraîche et la douleur s'estompa.
- J'espère que vos cheveux auront la patience d'attendre quelques heures avant de repousser, Potter. Laissez la cicatrisation se faire…
…
Elle revint vers le rideau alors qu'Harry remettait ses lunettes sur son nez. Le monde lui parut soudain plus net.
- Je vais vous garder en observation encore un moment Potter, annonça la guérisseuse. Un coup à la tête n'est jamais anodin. Je vous demande seulement de bien vouloir recevoir vos camarades qui s'inquiètent pour vous. Vous les rassurerez vous-même et ils cesseront enfin d'encombrer mon infirmerie !
Harry sourit à Madame Pomfresh. Elle ouvrit le rideau et Ron se précipita le premier au chevet d'Harry.
- Tu vas bien ? s'enquit-il, scrutant le visage de son ami avec anxiété.
Sur le seuil du box, Ginny et Neville se tenaient côte à côte. Luna se glissa sur le côté et s'assit au pied du lit d'Harry.
- Tu l'as échappé belle, dit-elle. Si la pierre avait frappé quelques centimètres plus bas, tu ne serais plus de ce monde.
Ron envoya à la jeune fille un regard noir.
- Tu nous as fait très peur, admit-il cependant.
- Mais c'est à Ellen que la pierre était destinée, répondit Harry. Sait-on qui l'a lancée ?
Neville s'avança d'un pas vers le lit.
- Elle venait du côté des Salamandres, dit-il.
- Mais Rusard les surveillait de près, rappela Harry.
Neville hocha gravement la tête.
- Et ils n'ont pas de baguette ! Comment auraient-ils pu ensorceler la pierre pour qu'elle vise Ellen ? insista Harry.
- Ce n'est pas eux…
La voix d'Ellen était basse et un peu rauque. Elle voulut retirer sa main de celle d'Harry mais celui-ci la retint fermement. Elle leva les yeux vers lui.
- Archer et Bobbins… Ils étaient tout près de Rusard… Ils ont compris eux aussi que la boule de neige venait du même coin, mais qu'elle ne pouvait venir des Salamandres…
Elle prit une inspiration qui ressemblait à un sanglot retenu.
- C'était Wilford, dit-elle dans un souffle.
- Je n'ai pas vu Wilford… commença Harry. Un sortilège de Désillusion ?
Ellen secoua la tête.
- Celui du Caméléon ? s'étonna le jeune homme.
- Je crois, murmura Ellen. Mais Wilford n'est pas aussi doué que toi en illusions, essaya-t-elle de sourire.
- C'est surtout que Bobbins et Archer sont de bons observateurs… fit Neville. Des traces de pas dans la neige, ce n'est pas d'une discrétion extrême…
- Comment ça ? fit Ginny. Il n'a pas suivi le chemin dégagé, cet idiot ?
Neville fit une grimace.
- Hé bien… disons que le sortilège du Caméléon est surtout efficace quand le décor s'y prête : couleur uniforme ou pénombre ou encore immobilité… dès qu'il y a profusion de couleurs, ou que la lumière est trop vive ou quand celui qui est soumis au sortilège bouge trop ou trop vite, le charme perd de son effet camouflant… Donc, Wilford, pour passer inaperçu et s'éloigner un minimum de l'endroit incriminé devait marcher dans un endroit neutre et sans couleur particulière…
- Ha ! fit Ginny. La neige bien sûr…
- Bobbins et Archer ont remarqué les traces de pas dans la neige et les ont suivi de loin. Continua Neville. Ils croyaient pincer Malefoy et ils ont attrapé Wilford qui se désensorcelait derrière le perron du château. Ils lui ont confisqué sa baguette et ils l'ont amené à mon oncle au moment où Seamus frappait à la porte de son bureau, envoyé par McGonagall.
Neville s'interrompit. Ellen posa son regard de bronze dans celui d'Harry.
- Je te demande pardon…
Elle se mordit les lèvres pour les empêcher de trembler et ne put plus parler.
Neville reprit.
- Mon oncle a interrogé Wilford sur les raisons de son geste… Il a dit qu'Ellie l'avait menacé et qu'il avait voulu se venger. C'était elle qu'il voulait atteindre. Il voulait juste lui faire peur, a-il prétendu.
- Il ment ! fit Ginny.
- Bien sûr qu'il ment ! répondit Neville en haussant les épaules.
- Il veut protéger Malefoy, gronda Ellen à voix basse.
- Le protéger ? répéta Neville d'un air de doute. Peut-être… moi je crois qu'il a peur de lui surtout. Je me demande ce qu'il craint le plus d'ailleurs, entre tomber en disgrâce ou se faire renvoyer…
- Malefoy va être furieux contre lui… murmura Harry. Non seulement il n'a pas réussi à faire taire Ellen mais il a failli me mettre hors course… Quand il devra annoncer cela à son maître… lui aussi risque de tomber en disgrâce…
Il s'adressa à Neville.
- Sais-tu ce qu'il va advenir de Wilford ?
Neville secoua la tête.
- Ce serait bien qu'ils le fichent dehors, soupira Ron. On serait débarrassé d'un dangereux adversaire…
- Et Malefoy devrait s'en remettre davantage à… Larry. Chuchota Ginny avec espoir.
La porte de l'infirmerie s'ouvrit. Hermione, légèrement essoufflée, transmit à Madame Pomfresh le soulagement et les remerciements du Professeur McGonagall. Elle se hâta de rejoindre ses amis et se précipita au chevet d'Harry.
- Comment te sens-tu ? Tout va bien ? Tu n'as pas mal à la tête ? Pas de nausée ? De vertiges ?
Ron l'attrapa par les épaules et la fit reculer de quelques pas.
- Madame Pomfresh est déjà passée par là, Hony… Elle connaît son métier… Si elle a permis à Harry de nous parler, c'est qu'il ne risque plus rien…
Hermione fronça les sourcils et s'assit au bord du lit, sous la pression des mains de Ron sur ses épaules. Harry lui sourit, rassurant.
- Je vais bien, Hermione, assura-t-il. Je vais même très bien. Et si Wilford est mis hors course, j'irai encore mieux.
Hermione soupira.
- Il était chez McGonagall avec le professeur Londubat quand je suis allé annoncer ton réveil. Sa baguette était sur le bureau et il était livide. Le professeur Dumbledore va s'occuper de son cas personnellement, d'après McGonagall… dès qu'il sera revenu du Ministère…
…
Il y eut un silence. Puis Luna demanda :
- Vous croyez que l'école va fermer à cause de ça ?
- Ils ne peuvent pas être informés de ce qui est arrivé il n'y a guère plus de deux heures… fit Neville, hésitant tout de même.
Tous crurent que Harry allait parler, mais il se tut devant leurs airs attentifs.
- Tu allais dire quelque chose ? insista Hermione.
- Non… enfin… deux heures ! Je suis resté inconscient deux heures ! J'avais l'impression que cela faisait bien moins… ou beaucoup plus… Mais ce doit être l'heure du repas, dans ce cas ! Allez tous manger un peu… Vous reviendrez plus tard…
- Je n'ai pas très faim, dit Ellie en serrant davantage la main d'Harry dans la sienne.
- Personne n'a très faim, admit Ron. Mais il faut que tu sois en forme pour le tournoi de cet après-midi.
- Quoi ? fit Ellen comme si le jeune homme s'était mis à parler fourchelangue soudain. Ha… oui, le tournoi…
…
Hermione se leva et se pencha vers le front d'Harry pour embrasser son front.
- Je reviendrais tout à l'heure, promit-elle.
Puis elle poussa Ron vers le rideau, entraînant les autres avec elle.
…
Ellen ne bougea pas. La tête basse, les yeux fixés sur le drap blanc brodé aux armes de Poudlard, elle restait silencieuse alors qu'ils entendaient les voix de leurs camarades qui sortaient de l'infirmerie. Harry avança sa main vers ses cheveux.
- Viens plus près, dit-il. Finalement, on se sera retrouvé à l'infirmerie une fois encore…
Il sourit tandis qu'elle s'asseyait au bord du lit. Il prit ses deux mains dans les siennes.
- Qu'est-ce qu'il y a ? s'inquiéta-t-il un peu. On veut que tu partes, après ce qui est arrivé à nouveau ?
Elle secoua la tête, sans lever les yeux vers lui.
- C'est ma faute, murmura-t-elle. Si je n'avais pas menacé Wilford… Et le pire c'est que tu m'avais prévenue… A cause de moi, tu as failli mourir…
- C'est à toi que cette pierre était destinée. C'est toi qui aurais pu mourir.
- Tu avais raison… à plus d'un titre… Je n'ai fait que nous mettre en danger, tous les deux… J'aurais du partir quand il était encore temps…
- Non ! s'exclama Harry dans un cri du cœur.
Ils tournèrent la tête en même temps vers le rideau, craignant de voir apparaître Madame Pomfresh.
- Non ! reprit Harry sur un ton plus calme.
Il plongea son regard dans les yeux noyés de larmes d'Ellen.
- Je veux que tu restes avec moi. Je veux te tenir la main le plus longtemps possible.
- Tu es sûr que c'est ce que tu veux ? demanda Ellie dans un reniflement.
- C'est bien la seule chose dont je sois absolument certain, répondit Harry en souriant.
Elle se pencha vers lui et, coulant son bras autour de son cou, embrassa ses lèvres.
- Tu m'emmènerais chez Madame Piedodu pour la St Valentin ? demanda-t-elle.
- Tu voudrais aller chez Madame Piedodu ? s'étonna Harry tout en la retenant contre lui.
- J'aimerais mieux aller ailleurs, mais je n'ai pas encore trouvé le moyen de nous faire entrer dans la boule en verre que tu m'as offerte…
Il se mit à rire en secouant la tête.
- Ellen…
Elle l'embrassa encore.
- Quoi ?
Il ne trouva rien d'autre à lui répondre que :
- Tu es préfète !
…
- Hum !
Madame Pomfresh se tenait devant le rideau ouvert, un plateau repas entre les mains. Ellen se leva lentement et recoiffa les mèches d'Harry sur son front.
- Vous avez raison, Madame, dit-elle. Il semble n'avoir aucune séquelle de son coup sur la tête.
Harry devint tout rouge. Ellen passa dignement devant la guérisseuse qui déposa le plateau sur les genoux d'Harry. Il crut qu'elle allait lui faire un sermon, ou une remarque cinglante. Au lieu de cela, elle se tourna simplement au pied du lit, avec un sourire un peu indécis.
- Votre mère, elle, disait qu'elle avait trouvé le moyen de faire retrouver la mémoire à votre père, chaque fois qu'il recevait un Cognard dans la tête.
Harry se mordit les lèvres.
- Hermione voudrait qu'on porte un casque pour jouer au Quidditch… dit-il en retenant un sourire.
Madame Pomfresh eut un regard horrifié :
- Un casque ? Et pourquoi pas une armure aussi ?
Harry se mit à rire doucement.
- C'est exactement ce que Ron lui a répondu… dit-il. Mais je me demande si ce n'est pas parce qu'il adore la voir trembler pour lui…
La guérisseuse leva l'index pour approuver les paroles du jeune homme. Elle allait se retirer quand Harry la rappela.
- Madame Pomfresh ? Ma mère, comment était-elle ?
La médicomage revint vers le lit.
- J'avais surtout affaire à votre père, vous savez. Lily Evans était plus discrète. Je ne dis pas qu'elle n'avait pas de caractère… il en fallait pour venir à bout de ces sales gosses qu'étaient votre père et ses amis. Mais elle ne le montrait que lorsque c'était nécessaire. Ce n'est pas pour rien que le Professeur Dumbledore l'a nommée Préfète en Chef. Elle était déterminée. Oui, je crois que c'est ainsi que je la qualifierais. Déterminée. Rien ne la faisait dévier de la route qu'elle avait choisie.
Elle s'assit au bord du lit et croisa les mains sur son tablier d'un blanc immaculé.
- Voyez-vous, Harry, on pourrait croire que je suis celle qui connaît le moins les élèves de cette école… Je ne les vois que rarement – du moins pour la plupart- et dans des conditions particulières… C'est vrai. Mais j'ai appris une chose tout au long de ma longue carrière de guérisseuse : c'est face à la maladie et aux épreuves qu'on connaît le mieux les gens. La manière dont ils acceptent la souffrance, les contraintes … La façon dont ils font face à ce qu'ils ne maîtrisent pas, à ce qu'ils craignent… La façon dont ils accueillent l'aide qu'on leur apporte… La façon dont ils se comportent face à ceux qui souffrent aussi…C'est dans ces conditions qu'on se rend compte de la grandeur ou de la petitesse de ceux qu'on côtoie chaque jour.
Croyez-moi, il suffit de quelques secondes pour savoir à qui on a affaire. J'ai soigné des centaines et des centaines d'élèves depuis que je suis arrivée à Poudlard et à de rares exceptions près, j'ai toujours su ce que chacun de ceux que j'ai eu entre les mains pouvait devenir…
La guérisseuse soupira, les yeux perdus dans la contemplation de ses mains ridées toujours croisées sur ses genoux.
- Elle avait du cœur, et elle savait s'entourer. Rien ne lui faisait peur. Rien ne la faisait reculer. Une vraie Gryffondor, direz-vous… Mais non… ce n'est pas ce que je veux dire. Elle n'était pas téméraire, ni irréfléchie. Mais quand elle avait une idée en tête, elle ne l'avait pas ailleurs… et elle obtenait toujours ce qu'elle voulait. D'ailleurs, il n'y a qu'à voir la maestria avec laquelle elle est arrivée à ses fins avec votre père.
Harry leva un sourcil interrogateur.
- Je croyais que c'était mon père qui lui courait après…
Madame Pomfresh eut un sourire goguenard.
- Oui… bien sûr, fit-elle en se levant.
Elle rajusta son tablier en marmonnant : « Il y a une chose qui ne change guère avec les années… c'est la naïveté des jeunes gens… »
Harry plongea son regard dans son plateau repas pour s'empêcher de rougir et fit la grimace devant le bouillon et les deux biscottes qui constituaient son déjeuner.
- C'est tout ce que vous aurez ! dit Madame Pomfresh en quittant le box. Miss McGregor a beau dire, je suis seule juge en ce qui concerne les séquelles d'un traumatisme…
…
Vers deux heures. Neville vint rendre visite à Harry qui s'ennuyait un peu. Le jeune Londubat déballa sur le lit une serviette remplie de petits gâteaux. Harry sentit son estomac se révolter contre le régime que lui avait imposé Madame Pomfresh. Il lorgna sur les gâteaux et Neville poussa la serviette vers son camarade alité.
- C'est Grand-mère qui me les a envoyés, dit-il la bouche pleine. J'en ai un carton plein sous mon lit avec le chocolat de Dean.
- Je sais, répondit Harry qui tendait déjà la main vers la serviette tout en surveillant que Madame Pomfresh n'apparût pas sur le seuil de son box. Ron dit que tu as de quoi tenir un siège.
- Un siège peut-être pas, mais de quoi se remonter le moral, oui… et celui des copains également…
Il fit un clin d'œil à Harry qui en était déjà à son troisième petit gâteau. Puis il s'installa confortablement sur la chaise à côté du lit d'Harry et déclara :
- On passe aux choses sérieuses ? J'ai plusieurs messages pour toi…
Il sortit son calepin, l'ouvrit, toussota d'un air grave :
- Tout le monde est occupé par le tournoi. Hermione me prie de te dire qu'elle regrette de ne pouvoir monter à l'infirmerie avant la fin des parties de cet après midi. Ron me demande de te faire savoir qu'il a réfléchi à ce que tu lui as dit ce matin et qu'il voudrait que tu demandes à Hermione ce qu'elle pense de la chose.
- Hein ? s'étouffa Harry avec son petit four.
- Ne me demande pas ce que cela veut dire ! se défendit Neville. Je ne suis que le messager ! Ginny a dit qu'elle viendrait plus tard elle aussi. Et Seamus te fait dire qu'il ne fera plus jamais de bataille de boules de neige…
Il rangea son carnet.
- Ellen n'a rien dit ? demanda Harry, un peu déçu.
- Si ! mais je refuse de répéter… fit Neville.
Il prit le dernier petit four et replia la serviette soigneusement.
- Bon… tout le monde te souhaite un prompt rétablissement et mon oncle m'a dit qu'il viendra te voir dès qu'il aura réglé le cas de Wilford.
- Tu as des nouvelles de Dumbledore ? questionna Harry.
- J'y viens…
Neville se leva pour vérifier que les lits voisins étaient vides et que Madame Pomfresh s'occupait de ses patients à l'autre bout de la pièce. Il revint s'asseoir près d'Harry, appuya ses coudes sur le bord du lit et commença à voix basse le récit de cette fin de matinée quelque peu troublée.
- Quand on a fini par comprendre qu'il s'était passé quelque chose de pas normal, et que tu gisais inconscient dans la neige, j'ai fait appelé McGonagall. Ce n'était pas du luxe, tu peux me croire. Tu saignais abondamment de la tête, Ellie était hystérique, Ron au bord de la crise de nerfs et tout le monde rappliquait parce qu'un imbécile était allé répéter que tu étais mort. D'ailleurs, McGonagall a vite compris qu'elle n'y arriverait pas toute seule. Elle a envoyé Seamus chercher mon oncle et m'a demandé de faire le vide autour de toi. Elle voulait que les filles accompagnent Ellie chez Madame Pomfresh pour la calmer un peu, mais elle a frappé Lavande qui voulait l'emmener.
De son côté Oncle Algie était coincé entre Bobbins et Archer qui tenaient Wilford chacun par une épaule et Seamus qui le réclamait dehors. Il a écouté les Serpentard lui raconter ce qu'ils avaient vu et fait, et Seamus lui confirmer ton accident. Il a laissé Wilford dans son bureau sous la garde de Fergus et Andrew, après lui avoir confisqué sa baguette, bien entendu. Et il a volé au secours de McGonagall qui te donnait les premiers soins sur place. Son arrivée a un peu calmé Ellie, mais j'ignore si c'est parce qu'elle a une totale confiance en mon oncle ou si c'est parce qu'il est son directeur de Maison.
Bref, on s'est retrouvé à l'infirmerie à attendre le verdict de Madame Pomfresh. Et c'est là que Dumbledore est arrivé. Je crois que mon oncle l'avait averti. Il avait l'air vraiment très soucieux. Et quand Madame Pomfresh a déclaré que tu étais hors de danger, que tu étais simplement sonné, il n'a pas eu l'air rassuré pour autant. Il a demandé à être informé quand tu rependrais conscience et il a du repartir. Pendant ce temps, mon oncle était retourné dans son bureau pour interroger Wilford. Bobbins et Archer ont fait une conférence de presse dans la salle des Quatre Maisons, où ils ont raconté combien Wilford était mort de trouille et qu'ils avaient été félicités par Londubat pour leur sagacité et leur présence d'esprit. Je suis sûr qu'ils comptent sur une médaille et un trophée à exhiber dans la salle du même nom…
Enfin, je suis allé trouver mon oncle après le déjeuner et je lui ai demandé ce que Dumbledore comptait faire de Wilford. Il m'a répondu que ce serait bien de savoir d'abord ce que pensait Malefoy de toute cette histoire avant de prendre une décision.
Neville s'arrêta pour reprendre son souffle.
- Tu as demandé à Ellen de prendre contact avec Larry ? questionna Harry.
Neville secoua la tête.
- C'est lui qui l'a contactée. Je lui ai dit de se rendre directement chez mon oncle si elle avait quelque chose d'intéressant à raconter…
- Tu as bien fait, approuva Harry.
Il comprenait mieux pourquoi Ellen n'était pas passée le voir avant le début du tournoi. Et il préférait cela à passer après une partie d'échecs, même pour l'honneur des Serpentard.
…
- Que crois-tu qu'ils vont faire de lui ? reprit Harry après un moment où les deux jeunes gens restèrent songeurs.
- Il n'y a pas trente-six solutions, répondit Neville : soit ils le gardent ici, avec les Salamandres punies… soit ils le renvoient dans sa famille. Il faut voir ce qui ennuiera le plus Malefoy et qui rendra Wilford inoffensif… Mon oncle pense qu'il vaudrait mieux le renvoyer chez lui. Il serait coupé de l'influence de Malefoy. La famille Wilford n'a pas d'accointance avec la clique de Voldemort. Ni de près ni de loin ; du moins c'est ce qu'il est ressorti de l'enquête que les membres de l'Ordre ont menée sur eux juste après Halloween. Ils n'apprécieront guère de voir leur fils renvoyé pour tentative de meurtre sur l'une de ses camarades de Maison et le surveilleront avec d'autant plus de zèle lorsqu'ils sauront qu'il fréquentait assidûment la compagnie de Drago Malefoy. Il sera mieux gardé qu'à Azkaban…
- Ce serait une bonne chose, admit Harry. J'avoue que je serais soulagé s'il était loin de Poudlard. Même privé de baguette, je suis certain qu'il tenterait encore de plaire à Malefoy pour rentrer dans ses bonnes grâces, ainsi que dans celles du Maître. Ellen ne sera pas en sécurité tant qu'il restera à l'école.
- C'est ce que je pense aussi, reconnut Neville. Et mon oncle également. Mais il est persuadé que si Wilford a avoué aussi vite, c'était pour ne pas avoir à subir un interrogatoire plus poussé où il n'aurait peut-être pu faire autrement que de parler de Malefoy. S'il reste ici, il devient un danger pour Malefoy. Il sait bien des choses sur lui.
- Oui, mais ce serait aussi un danger pour Nott, murmura Harry. Il pourrait négocier un retour en grâce auprès de la direction en dénonçant le responsable de l'incident de la volière. Et là… ton oncle ne pourrait plus faire semblant d'ignorer toute l'histoire…
- C'est juste, je n'avais pas pensé à cela ! fit Neville. C'est une situation plus compliquée qu'il n'y parait…
- Ellen n'a pas fini de se sentir mal à l'aise… fit Harry avec une satisfaction qu'il ne put cacher. J'espère que ton oncle ne se privera pas de lui faire part de ses conclusions…
…
Neville haussa un sourcil.
- Tu es un peu dur avec elle, tu ne trouves pas ? Elle n'est pas responsable de la bêtise de Wilford…
- Non, mais elle est responsable de la panique du dit Wilford… Si elle ne l'avait pas menacée comme elle l'a fait, il n'aurait pas pris peur et Malefoy non plus… Cela lui servira de leçon ! La prochaine fois, elle réfléchira à deux fois avant de jouer les sheriffs des cachots…
- C'est certain, railla Neville, elle devrait te laisser ce soin. Tu es tellement plus réfléchi qu'elle…
Harry croisa les bras sur sa poitrine.
- Oui mais moi, c'est pas pareil ! fit-il d'un air boudeur.
Neville se mit à rire.
- Tu es injuste, Harry. Elle était vraiment très mal, tu sais. Elle a parfaitement conscience que son intervention de l'autre jour est la cause quasi directe de ce qui est arrivé aujourd'hui. Et je ne suis pas certain qu'elle ait pensé qu'elle pourrait être à ta place ou même pire. Quand Dumbledore a fait son apparition, elle s'est cachée derrière Ron…
Harry remonta ses lunettes sur son nez pour cacher un sourire.
- Ce devait être drôle, fit-il.
Neville hocha la tête :
- Oui, sauf que personne n'avait le cœur à rire. Mais j'espère que tu ne vas pas lui en vouloir pour ce qui t'est arrivé, elle se fait assez de reproches, tu peux me croire.
Harry secoua la tête.
- Non… je ne dirais rien. Je crois que ce coup sur la tête m'a remis les idées en place, en quelque sorte.
Neville fronça un sourcil inquiet.
- Que veux-tu dire ? Cela a quelque chose à voir avec Ellie ?
Harry secoua la tête à nouveau. Neville déglutit avec difficulté.
- Avec… l'autre ? chuchota-t-il encore plus bas qu'il ne parlait déjà.
Harry ne répondit pas. Son visage se fit grave et il regarda Neville droit dans les yeux.
- Je suis heureux que tu sois venu me trouver, Neville, dit-il. Et que tu sois venu seul. Je dois te poser une question…
Neville battit des paupières. Son cœur battait à se rompre et ce fut tout juste s'il entendit Harry lui demander s'il se souvenait de ses parents, avant…
Le jeune homme prit le temps reprendre ses esprits et sa respiration :
- C'est important ?
Harry hocha la tête.
- Je sais que c'est douloureux pour toi, Neville, mais j'ai besoin de savoir.
Il y eut un silence de deux minutes, qui parurent une éternité à Harry. Neville croisa ses doigts sur le drap blanc.
- Si je te disais non, ce serait un mensonge, répondit-il enfin. Et si je te dis oui, ce n'est pas la vérité. On m'a toujours amené à eux, dans l'espoir de susciter un éclair de lucidité. Je les ai vu vieillir et changer, pourtant, lorsque je pense à eux, c'est vrai, je les vois avec leur visage d'avant. Je n'ai pas de souvenirs conscients. Mais ce sont parfois des échos que j'entends dans ma tête. D'autre fois, ils sont dans mes rêves, vivants… enfin je veux dire…
Neville haussa les épaules sans oser lever les yeux vers Harry.
- J'ignore si ce sont des souvenirs, poursuivit-il. Je crois que oui, car je ne pourrais pas avoir inventé ce pincement au cœur, tu sais, quand mon père me prenait dans ses bras pour me lancer dans les airs, ce sentiment mêlé d'angoisse et de plaisir… Ou bien leur rire… je ne les ai jamais entendu rire « en vrai »… Et leurs yeux… Ce sont leurs yeux surtout qui changent. Ils ne sont pas vides, ils n'ont pas l'air absents… Ce ne sont peut-être pas des souvenirs exacts, dans le détail des évènements, mais je suis sûr que ma mémoire a conservé leurs traits, leur vie, leur voix –telle que je l'entends quand je vais les voir à Ste Mangouste- mais qui prononce des paroles sensées. Tels qu'ils étaient avant…
…
Neville se décida enfin à lever la tête vers son ami.
- Je ne sais pas comment t'expliquer… Ce sont des choses si étranges, qui sont au fond de mon cœur et qui ressortent parfois sans même que je m'y attende. L'impression d'avoir déjà vécu des moments de complicité, mais avec d'autres personnes. Ou des moments de tendresse. Des choses qu'on sait, sans jamais en avoir pris connaissance. Des certitudes qui remontent sans qu'on sache d'où elles viennent…
- Oui, ça je peux comprendre… murmura Harry, les yeux dans le vague.
…
Neville ne reprit pas la parole immédiatement. Il rencontra le regard d'Harry et ils restèrent à nouveau silencieux un long moment, chacun plongé dans des pensées profondes.
- Toi aussi ? hésita Neville au bout d'un long moment. Toi aussi tu ressens ces choses-là…
Harry secoua la tête pour la troisième fois.
- Je t'envie, Neville… murmura-t-il.
Neville eut une grimace dubitative.
- Oui, je t'envie… car tu peux te souvenir de tes parents et moi je ne le peux pas… pas même en rêve. Tout s'arrête à ce jour-là, à Halloween.
- Mais… tu m'as dit un jour que tu avais entendu ta mère te chanter une berceuse, une nuit…
- Oui, mais ce n'était pas moi qui rêvais… Je le sais maintenant… Ce sont mes souvenirs, mais ils ne m'appartiennent pas… Il me les a pris, ce jour-là… cette nuit-là. Tu vois Neville, tout ce que ce je croyais à moi ne m'appartient pas. Ni mes pouvoirs ni mes souvenirs…
- C'est faux ! s'insurgea le jeune Londubat. Même si V… Voldemort t'a donné de ses pouvoirs, c'est toi qui en as fait ce qu'ils sont ! Quant à tes souvenirs, tu t'en es fait d'autres et ceux-ci personne ne peut te les prendre…
- Tu as raison, admit Harry. Mais il m'a volé mon enfance… comme les Lestrange t'ont volé la tienne…
- Sans doute davantage… murmura Neville. Mais en quoi est-ce si important ? Tu crois pouvoir t'en servir pour vaincre Voldemort ?
…
Harry fit une grimace.
- Je ne sais pas… mais cela fait une bonne entrée en matière, tu ne penses pas ? Salut, Tom ! Ça va ? J'ai un deal à te proposer : tu me rends mes souvenirs, et moi je te rends tes pouvoirs… Le marché est honnête…
Il sourit devant l'air incertain de Neville.
- Mais je crains que cela soit insuffisant pour convaincre Jedusor… En tous cas, tu pourras dire à ton oncle que je sais ce que j'ai perdu ce jour-là… même si j'ignore si cela va me servir à quelque chose. Mais je ne laisserai pas partir Voldemort sans lui avoir repris ce qui m'appartient.
…
Harry se laissa retomber sur l'oreiller et fixa le plafond blanc de l'infirmerie.
- Finalement, Hermione n'avait peut-être pas tout à fait tort quand elle disait que c'était l'amour de ma mère qui avait sauvé Voldemort… reprit-il. Nous savons aujourd'hui que c'est la magie noire qui l'a empêché de mourir mais ce qui lui a donné la force de survivre, c'est peut-être l'amour de ma mère qu'il ma volé, sous forme de mes souvenirs d'avant cette nuit. Mes souvenirs de ces jours heureux malgré tout, remplis d'amour et de tendresse. L'amour de ma mère l'a sauvé et le tue en même temps. Je crois que je comprends ce qu'elle voulait dire.
…
Il se tourna sur le côté, vers Neville qui écoutait son chuchotement de toute son attention.
- Il en rêve la nuit…
- Parce que tu crois qu'il dort ? renifla Neville avec répugnance.
- Alors, il y pense toute la nuit… corrigea Harry. C'est pire. Surtout à son âge…
Neville eut un sursaut soudain des épaules. Il allait parler mais un rire qu'il retint dans ses mains croisées sur le drap étouffa ses paroles.
- Qu'est-ce qu'il y a ? demanda Harry en riant lui aussi sans même savoir pourquoi.
- Tu crois qu'il suce son pouce ? s'étrangla Neville pour ne pas laisser éclater son fou rire.
- Idiot ! réussit à dire Harry en retenant lui aussi son rire qui finit en borborygme.
- Et il n'a même plus son serpent favori pour lui servir de doudou… continua Neville, rubicond.
Le fou rire prit Harry.
- Et ça, c'est encore la faute à Potter ! continua Neville.
Il plongea le visage dans le drap pour museler son rire. Harry ôta le coussin de derrière sa tête et l'appliqua sur sa figure pour bâillonner le sien. C'était malin… maintenant, il n'arrivait pas à s'ôter de l'esprit l'image d'un Voldemort encapuchonné de noir, le pouce à la bouche et une énorme peluche en forme de serpent sous le bras…
- Franchement, Neville, j'aurais l'air fin, le jour où je vais me retrouver face à lui ! je suis sûr que je ne vais pas pouvoir m'empêcher de penser à ça !
- Bah ! fit Neville en s'essuyant les yeux. Si ça peut t'aider à te le rendre moins impressionnant… Oncle Algie m'a toujours dit que pour ne plus être impressionné par une personne qui nous paralyse il suffisait de l'imaginer dans une situation prosaïque et qu'il devenait beaucoup moins impressionnant tout à coup. Et que le mieux était de l'imaginer sur les toilettes. Car le plus puissant des sorciers était obligé de passer par là à un moment de la journée et que sur ce genre de trône il en était au même point que tout un chacun… Je ne sais pas si Voldemort en est encore là… mais tu peux toujours essayer…
- Tu as testé la technique ? demanda Harry en se mordant les lèvres.
- J'ai jamais pu, avoua Neville… Les deux seules personnes qui m'ont jamais impressionnées au point de me faire perdre mes moyens… -à part Grand-mère- c'est McGonagall et Rogue. McGonagall, j'ai trop de respect pour elle pour l'imaginer autrement que droite dans sa robe émeraude, quant à Rogue… l'imaginer dans des toilettes, c'était au-dessus de mes forces. Je crois même que cette vision m'aurait pétrifié davantage encore que ses sarcasmes incessants…
- Neville… tu es incorrigible !
- Je sais, mais c'est ce qui fait mon charme… concéda le jeune homme en feignant un air modeste.
- C'est Luna qui le dit ? sourit Harry.
- Non, c'est Bethsabée Singleton… se rengorgea Neville. Ça t'en bouche un coin, hein, Harry ! Je suis la coqueluche des filles de Deuxième Année ! Toutes me trouvent charmant, et plein d'esprit et très serviable. Et elles s'étonnent que je ne sois pas Préfet à la place de ce grand dadais de Weasley qui ne sait rien faire d'autre que froncer les sourcils et grogner en serrant les poings pour faire avancer les troupes, et courir après la Préfète en Chef !
Il ponctua sa phrase d'un hochement assuré du menton qui fit rire Harry. Ce dernier remit son oreiller sous sa nuque et soupira d'aise. Il se sentait bien. Il se sentait mieux. Le visage ouvert de Neville, son regard clair et son sourire confiant ; ce fou rire qu'ils venaient de partager –symptôme paradoxal de la même tension qui les habitait- le rassuraient.
…
- J'ai dit à mon oncle que tu m'avais mis sur ton testament et que tu me laissais ta maison en partage avec les Weasley et Hermione, au cas où…
Harry ne fit aucun commentaire. Mais il comprenait mieux pourquoi le professeur Londubat lui avait parlé ainsi qu'il l'avait fait la veille. Il craignait sans doute, lui aussi, qu'il n'eût baissé les bras.
- Et qu'a-t-il répondu ? demanda Harry avec une fausse indifférence.
Neville rougit.
- Il m'a demandé si je souhaitais ta mort pour autant… et je lui ai répondu que non, bien sûr. Tout ce que j'espère c'est que nous nous retrouvions tous ensemble dans cette maison pour poursuivre nos études quelles qu'elles soient… D'autant que lorsque tu auras survécu une deuxième fois au Seigneur des Ténèbres, Grand-mère ne pourra s'opposer aux volontés du Héros !
Il fit un clin d'œil mal assuré à Harry. Puis il redevint grave.
- Pardonne-moi… mes plaisanteries d'il y a un instant n'étaient pas drôle, je ne sais pas ce qui m'a pris…
Harry chassa ses excuses de la main.
- Laisse tomber… parfois, il vaut mieux en rire qu'en pleurer.
…
Puis il y eut le silence à nouveau et Harry dit à Neville qu'il n'était pas obligé de rester près de lui.
- Ho ! tu sais, moi, les échecs… fit le jeune Londubat en haussant les épaules.
- Mais… et Luna ? Tu ne préfèrerais pas être avec elle ?
Neville hocha la tête d'un air perplexe.
- Luna… soupira-t-il. Tu ne trouves pas qu'elle est bizarre en ce moment.
Harry remonta ses lunettes sur son nez, un peu interdit.
- Heu… non… enfin…
- Pas plus que d'ordinaire… termina Neville à sa place.
Harry lui fit une grimace d'excuse.
- C'est Luna… concéda le jeune homme. C'est comme ça qu'elle t'a plu, non ?
Neville hocha la tête à nouveau.
- Remarque, quand on a un père qui monte des expéditions pour aller rechercher des Ronflaks cornus et des Dralènes à bosse et une mère qui s'amusait à inventer des expériences toutes plus dangereuses les unes que les autres… Les Crups ne font pas des Kneazles… Mais en ce moment, elle m'inquiète… Toutes ces recherches sur la mort et le moyen de contacter les défunts…
Il eut un frisson et Harry se sentit vaguement coupable.
- Je n'aurais jamais du vous demander de participer à cette réflexion sur le moyen de vaincre Voldemort, regretta-t-il.
- Et à qui voulais-tu le demander ? s'insurgea Neville. Luna était justement celle qui pouvait te fournir le plus de précision là-dessus… Elle n'a pas attendu tes questions pour se pencher sur ce sujet, tu sais…
- Elle aurait du avoir quelques conversations avec Remus Lupin, sourit Harry. Il prétendait que les morts ne devraient jamais se mêler des affaires des vivants…
- Et les vivants devraient laisser les morts en paix également, approuva Neville. Parfois je me demande si Luna ne préfère pas leur compagnie à celle des vivants…
- Ils doivent s'intéresser d'un peu moins près à ses affaires… estima Harry.
- Mais j'aimerais mieux qu'elle s'intéresse d'un peu plus près à moi… répondit Neville dans un soupir désabusé.
Il se mit à rire pour cacher son embarras et fit un geste pour signifier à Harry d'oublier ce qu'il venait de dire.
…
- Je dérange ?
Les deux garçons se tournèrent vers le rideau. Ellie McGregor était là, les observant de son air narquois. Elle s'avança vers Harry et se pencha sur lui pour l'embrasser avec beaucoup de douceur. Elle retira le coussin sous sa nuque et le remit en forme avant de le glisser à nouveau sous la tête du jeune homme. Puis elle recoiffa les cheveux sur son front et lui sourit.
- Te sens-tu mieux ? demanda-t-elle très attentionnée.
- Hé bien, fit Harry… partagé entre la gêne que lui causait cette attitude nouvelle et l'envie de profiter de la situation.
Neville le dispensa de répondre. Il se leva, prêt à quitter les lieux par discrétion.
Ellie s'assit sur le bord du lit et prit la main d'Harry dans la sienne.
- Je viens de chez ton oncle, dit-elle à Neville. Tu ne veux pas rester pour savoir ce que je lui ai appris ?
Neville se retourna sur le seuil du box. Il eut un sourire à son tour :
- Je suis sûr qu'Oncle Algie se fera un plaisir de tout me raconter… à moins que je ne préfère attendre la réunion d'état major qu'Hermione ne va pas manquer de convoquer dès la fin du tournoi...
- A propos de tournoi… commença Harry. Qu'est-ce que tu fais déjà là ?
- Chut… fit Ellie tandis que Neville quittait l'infirmerie. Tu n'es pas heureux que je sois avec toi ?
Elle battit des cils, pencha la tête sur le côté et plongea son regard dans celui d'Harry.
- Heu… refit ce dernier.
Il avait totalement oublié ce qu'ils étaient en train de dire.
…
Lorsque Hermione et Ron arrivèrent à l'infirmerie pour prendre des nouvelles d'Harry, le jeune Weasley se précipita vers Ellie.
- Tu as vraiment joué comme un troll, McGregor ! fit-il avec une contrariété évidente.
Et il retira vivement le bas de sa manche d'entre les mains d'Hermione qui tentait de le faire taire.
- J'ai perdu, Weasley, répondit Ellie simplement. Il faut savoir être beau joueur.
- Tu n'as pas perdu ! Tu t'es laissée battre ! répliqua Ron. Tu n'avais pas le droit de faire ça ! Tu me prives de notre duel ! Je suis sûr que tu l'as fait exprès !
Hermione essaya de changer de sujet mais Harry fut plus rapide. Il se redressa sur le lit pour regarder le visage d'Ellen, tournée vers Ron.
- C'est vrai ? demanda-t-il. Tu l'as fait exprès ?
Ellie haussa les épaules.
- Tu n'imagines tout de même pas que j'aurai renoncé à une victoire uniquement pour embêter ce paranoïaque de Weasley…
- Ce n'est pas ce que je voulais dire…
Elle tordit sa bouche, jeta un regard furieux à Ron, puis se retourna vers Harry et pencha la tête sur le côté en battant des paupières :
- Tu n'es pas heureux que je sois venue passer l'après midi avec toi ?
Harry n'eut pas le temps de répondre. Madame Pomfresh faisait irruption dans le box, les mains sur les hanches. Elle fixa d'un œil noir chacun des jeunes gens.
- Dehors ! commanda-t-elle.
- Madame Pomfresh !... râla Ron.
- Et vous aussi McGregor !
-Madame Pomfresh !... geignit Ellie.
- Et vous aussi Potter ! Si vous supportez les simagrées de ceux-là, vous supporterez bien le reste ! Je vérifie votre plaie et vous me débarrassez le plancher de tout votre fan club !
Elle se tourna d'un air féroce vers Ron, Hermione et McGregor qui préfèrent lever le camp sans insister davantage.
Harry se laissa examiner sans mot dire répondit aux questions de la guérisseuse avec empressement et se hâta d'obéir quand elle lui signifia son congé de l'infirmerie.
- Prenez garde à vous tout de même, Potter… dit-elle comme Harry filait vers la porte.
…
Harry promit de faire attention à lui et sortit dans le couloir pour tomber entre les bras d'Ellie, et de Ron, heureux de voir son ami officiellement hors de danger.
- Il faut que tu viennes rassurer tout le monde ! s'exclama le jeune Weasley.
- Pas question ! Il reste avec moi ! répliqua Ellie.
- Il faut qu'on parle ! trancha Hermione.
- Au labo ? demanda Ron soudain calmé.
- Non, dans mon bureau, j'attends des nouvelles de McGonagall au sujet de Wilford… Marchez devant, on vous rejoint. Vous avez intérêt à régler vos comptes tous les deux avant d'arriver là-bas, sinon, vous aurez affaire à moi !
Elle prit d'office le bras de Harry et le retint tandis que Ron et Ellie se hâtaient à regrets vers le cinquième étage. Elle soupira quand les deux jeunes gens eurent disparu au coin d'un couloir.
- Tu vas bien ? demanda-t-elle enfin. Vraiment bien ?
Harry hocha la tête.
- Elle l'a vraiment fait exprès ? questionna-t-il.
Hermione haussa une épaule et fit une grimace.
- Je n'en sais rien… mais est-ce que cela a une importance ?
Il secoua la tête. Il reprit son chemin lentement et se souvint de la mission que lui avait confiée Ron. Il lui devait bien cela puisque c'était lui qui avait semé le doute dans l'esprit du jeune homme.
- Hermione ? Qu'est-ce que tu penses des fiançailles ?
- Tu veux te fiancer ? s'étonna la jeune fille.
Harry se mit à rire, un peu caustique.
- Moi ? Je n'arrive pas à faire un projet pour le bout de la semaine et tu voudrais que je m'engage sur ce plan là ? Non ! Je voulais juste savoir ce que tu pensais de ce genre de choses…
Hermione haussa l'autre épaule.
- C'est un peu démodé…
- Pas chez les sorciers semble-t-il…
- En effet… C'est même une épidémie depuis Justin et Susan… C'est une véritable floraison de bague de fiançailles…
- Ça te plairait d'en avoir une ? insista Harry en regardant Hermione dans les yeux.
- Ça dépendrait de qui me l'offrirait… répondit alors Hermione.
- Et si c'était Ron ?
- Alors ça dépendrait de la bague…
Elle détacha ses yeux de ceux d'Harry et eut un sourire triste.
- Ce n'est pas vrai… De lui, j'accepterais même le cerclage d'un bouchon de bièraubeurre… Mais je doute qu'il se décide jamais…
- Il a l'intention de te demander de te fiancer avec lui, assura Harry.
- Oh ! fit Hermione avec un petit rire. De cela je ne doute pas, Harry… Ron est toujours plein d'excellentes intentions, mais c'est au moment de les mettre en pratique que cela pêche immanquablement… Mais cette fois, je crains de devoir prendre ma part de responsabilité… Je me souviens fort bien lui avoir déclaré que je ne supporterai pas de porter un écriteau sur lequel il y aurait marqué « Propriété privée de Ronald Weasley, Sixième Année, Gryffondor… »
Harry se mordit les lèvres.
- Ho ! fit-il à son tour. Je suppose que c'est pour ça qu'il m'a demandé de tâter le terrain… Je suis désolé, Hermione… Ce n'est pas ta faute, c'est la mienne. Je lui ai dit que tu pourrais penser qu'il veut que tu te fiances avec lui à cause de Krum… J'ignorais que tu lui avais parlé de l'écriteau…
Hermione soupira et Harry songea que cela l'arrangerait peut-être de porter ce fameux écriteau en bandoulière. Elle leva vers son ami un regard plein d'interrogations. Harry mit son bras autour des épaules d'Hermione.
- Tu fais comme si tu ne savais rien… dit-il comme ils arrivaient au cinquième étage devant le bureau des préfets.
…
Ellie était assise dans le fauteuil d'Hermione et Ron tentait de l'en chasser. Il semblait toujours d'aussi mauvaise humeur et Harry doutait que seule la défection d'Ellen fût la cause de son mécontentement. Ellen quitta le fauteuil de la préfète en chef à regrets, mais ne trouva pas mieux que de s'asseoir sur les genoux d'Harry quand ce dernier eut pris place sur l'unique chaise de la pièce. Ron s'appuya au bureau et tous posèrent le regard sur Hermione. Celle-ci se tourna résolument vers Ellie :
- Alors ? fit-elle sans préambule. Qu'a dit Larry ? Comment Malefoy a-t-il accueilli la nouvelle ?
Ellie cessa de jouer avec les mèches d'Harry. Elle s'accrocha des deux bras aux épaules du jeune homme
- Il était furieux, dit-elle enfin, tandis que Ron soufflait d'impatience. Quand il a appris que Wilford s'était fait prendre en plus d'avoir raté son coup, il a failli s'étrangler de rage.
- Mais cette fois, il ne pouvait pas dire que c'était la faute à Potter… ricana Ron qu'un Drago Malefoy écumant de fureur rendait de meilleure humeur.
Ellen se mit à rire.
- Non, en effet ! Cette fois c'était la faute à… Larry… Car, s'il avait fait son travail et m'avait fait taire une bonne fois pour toute comme il le lui a demandé… Ce à quoi Larry a répondu qu'à présent, c'était Wilford qu'il faudrait faire taire… car lui était capable de dénoncer père et mère pour sauver sa peau…
- Et ? fit Hermione. En ce qui concerne Wilford ?
Ellen secoua la tête.
- Depuis que Benedict Wilford est consigné dans notre Maison, Malefoy ne lui a pas adressé la parole une seule fois. Et quand il daigne lui accorder un regard, ce n'est que pour lui montrer son mépris pour ces échecs. Cela, tout les Serpentard s'en sont aperçu. Wilford a cru qu'il pourrait se tourner vers les Salamandres comme lui privés de baguette. Mais ceux-ci se souviennent parfaitement de la manière dont il les a traités quand ils se sont retrouvés au ban de leur confrérie. Et Crabbe et Goyle en tête, ils se sont tous détournés de lui. Que ce soit par rancune, ou pour ne pas déplaire à Malefoy, tous se sont écartés de lui.
- Il doit se mordre les doigts de cette initiative malheureuse, murmura Hermione.
- Et Larry marque un point, ajouta Ron. Wilford vient de démontrer par les faits que McGregor est intouchable.
Ellie sourit, comme pour elle-même :
- Oui, fit-elle. Larry ne s'est pas privé d'insister sur le fait qu'on ne peut s'approcher de moi sans…
- Déclencher une bonne dizaine de sonnettes d'alarme… termina Harry dans une grimace.
Il frotta l'arrière de son crâne avant de remettre ses bras autour de la taille d'Ellen.
- Mais la prochaine fois, j'aimerais autant ne pas servir de gong…
Elle l'embrassa, dans un sourire contrit tandis que Ron riait.
…
Hermione, elle, restait soucieuse.
- Et qu'a dit le Professeur Londubat, quand tu lui as porté la nouvelle ?
- Que crois-tu qu'il m'aurait dit à moi ? se moqua Ellie. Qu'il transmettrait l'information à Dumbledore. Bien que cela paraisse comme un problème de discipline interne, cela relève de la sécurité de l'école, et même si c'est officieusement, le Directeur à son mot à dire dans cette affaire. Cela ne concerne pas que la Maison de Serpentard, c'est carrément une question de sécurité nationale…
- Oui, c'est le cas de le dire ! s'exclama Ron en pouffant.
- Ce n'est pas drôle, Ron ! fit Hermione sur un ton sec.
Elle jeta en même temps un regard austère sur Ellie.
- Cette histoire est fort ennuyeuse, ne le comprenez-vous pas ? Si Malefoy continue à snober Wilford, il se pourrait que ce dernier ne voie plus d'utilité à se taire. Il risque de tout déballer sur l'affaire de la volière, entre autres choses… Et il risque de le faire de manière à ce que personne n'ignore la part de responsabilité de Malefoy… Non seulement Nott est en danger, mais tout notre plan concernant Malefoy est suspendu aux intentions de Wilford…
- Qu'est-ce que tu veux dire ? bredouilla Ron alors qu'Ellie pâlissait.
- Ce que je veux dire, mon Cœur ? répéta Hermione sur un ton peu en accord avec ses paroles. C'est que si Malefoy est renvoyé, ou privé de moyens de communiquer, tout le plan d'Harry tombe à l'eau. Et si Wilford se pique de clamer haut et fort que c'est Drago qui a tout manigancé et que c'est sous ses ordres qu'il a attenté à la vie d'Ellie… que crois-tu que sera obligée de faire la direction de l'école ?
Ron rentra la tête dans les épaules.
- Balancer un Oubliette collectif ? proposa Ellie dans une grimace.
Hermione lui lança un regard peu amène.
- Tu ferais mieux de te taire, Ellie… parce que dans cette histoire tu n'es pas exempte de reproches !
Ellen cessa de balancer ses jambes et se fit toute petite dans les bras d'Harry. Celui-ci resserra son étreinte autour d'elle et adressa une grimace à Hermione.
- Pour l'instant Londubat maîtrise la situation, dit-il. Wilford savait que Malefoy réagirait mal. C'est pour cela qu'il avait peur et qu'il s'est tu. Autant que pour montrer à Drago qu'il était digne de confiance malgré sa maladresse… ou sa malchance… Il laissera passer quelque temps avant de se sentir lâché par son chef. Dumbledore et Algie Londubat ont le temps de réagir… et les vacances ne sont plus que dans une semaine.
- J'espère sincèrement que cette affaire n'aura pas d'autres conséquences que la bosse que tu as derrière la tête, Harry, répondit Hermione. Mais permets-moi d'en douter…
Ellen cacha son visage dans le cou d'Harry qui ne trouva rien à objecter à Hermione. Ron préféra se taire également. Et comme le silence qui s'installait le gênait un peu, il proposa de descendre dans la salle des Quatre Maisons, afin de rassurer leurs camarades sur la santé d'Harry.
Le jeune Potter repoussa doucement Ellie pour se lever.
- C'est cela, dit-il sur un ton amer. Allons montrer à tous que le Survivant a survécu…
Ron se mordit les lèvres.
- Tu sais, Harry, ce doit être ça qui a mis Malefoy en fureur… Il a du songer à la colère de son Maître s'il avait du lui apprendre qu'un de ses apprentis mangemorts lui avait ravi la joie de t'avoir à sa merci…
Harry se leva :
- Oui, c'est certain, la rumeur de ma mort a du lui rester en travers de la gorge…
Cette idée lui redonna le sourire. Il tendit la main à Ellie qui n'en menait pas large. Hermione ouvrit la porte du bureau et guida ses camarades entre les regards étonnés des préfets qui se demandaient depuis quand Potter avait été promu.
Ernie Mcmillan s'avança vers Harry.
- Tu vas bien, Harry ? demanda-t-il avec inquiétude. On voulait aller te voir avec Hannah, mais elle n'a pas voulu nous laisser monter à l'infirmerie.
Il venait de désigner de la tête Hermione, déjà à la porte.
- Je vais bien, merci Ernie, répondit Harry.
- De toutes façons, tu ne pouvais pas mourir, hein Harry, reprit Mcmillan. Il faut que tu réalises la prophétie d'abord, pas vrai…
Ron poussa Ernie d'un coup d'épaule.
- T'es qu'un idiot, Mcmillan, grogna-t-il. Fiche le camp !
- Ron ! intervint Hermione tandis qu'Ellie entraînait Harry vers la porte.
Ron décocha un dernier regard noir à Mcmillan qui se demandait encore ce qu'il avait bien pu dire qui méritât pareil traitement.
Le préfet de Gryffondor se fraya un chemin vers la porte et posa sa main sur la poignée avant qu'Hermione eut fini de tendre la main. Il l'ouvrit d'un geste un peu vif et Drago Malefoy recula sous la surprise.
RAR :
Akeri la malicieuse : mais sa serais vraiment bine que Ron finissent par faire la paix avec Krum. et aussi que Hermione réussisent a lui dire qu'elle est avec Ron. Ha ça ! je ne te le fais pas dire !
stellamoon : sinon tu as écrit une phrase qui m'a tout de suite fait penser au tome6! Mais je ne te dirais pas laquelle ni pourquoi...tu la trouveras peut-être quand tu l'auras lu. Gnagnagna…. Pfff ! même pas mal !
taz : je tenais à te dire aussi que je n'ai pas encore ouvert mon T6, j'attends de terminer ta fic d'abord ! Tu vas craquer avant… je l'espère en tous cas, parce que sinon au rythme d'un chap par semaine, tu en as encore pour un petit moment…
Choups Alors comme ça Ginny a failli se faire tuer... Va faloir être vachement prudent...! de plus en plus… Tu as commencé ou pas HP6 alors ?... J'ai craqué ! Je me suis arrêtée au chap 6 parce que certaines choses m'ont un peu troublée et que je ne veux pas en savoir plus pour l'instant…
Voldemort : il ya comme un doute qui s'infiltre en moi, j'espère que tu m'aidera à en avoir la certitude, ou non. Voilà plus les chapitres passent et plus on le sent le dénouement est proche seulement j'ai comme la triste impression que la fiction n'ira pas jusqu'à la fin de l'année scolaire comme dans la tradition d'Harry Potter. Je ne l'ai pas caché. J'ai déjà dit, il me semble, que la fic n'irait pas jusqu'en juin. Je romps, il est vrai avec la 'tradition', mais c'est la dernière partie il faut bien que ça tranche… et puis, ce n'est pas gratuit non plus…
Sined Rah, j'en peux plus... Comme les derniers jours avanyt la sortie du vrai tome 6 en anglais ;) hahahahha ! pas à ce point là quand même !
chrys63 : donc harry va devoir rentrer dans l'esprit de voldemort comme il a fait dans le 5 pour échapper à voldemort : ce n'est pas ce que j'ai dit. Je veux dire que je n'ai rien dit de la manière dont cela va se passer.
Alixe : Tu arrives à avancer dans le tome 6 ? Avancer dans le T6 ce n'est pas le problème. J'ai lu les six premiers chapitres en très peu de temps. Le problème c'est ce que je risque d'y trouver. Les petites choses que j'y ai déjà vues, en convergences ou en divergences, me troublent assez pour que je renonce à l'envie de le lire tout entier. Pour l'instant.
