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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.


Chapitre 181

La Dernière de Lovegood

Quelques pas dans le couloir suffirent à Harry pour se rendre compte qu'il n'était pas aussi remis de son coup sur la tête qu'il le croyait. Il se retint au mur.

- Veux-tu retourner à l'infirmerie ? s'inquiéta Ellie.

- Non ! fit Harry dans un cri du cœur qui les fit sourire tous les deux.

- Ça va aller, assura-t-il en frottant son front endolori.

- Tu veux rentrer chez les Gryffondor pour te reposer un peu ?

Harry secoua la tête. Il était déjà tard. Et le repas du soir allait être servi. Il ne pouvait ne pas paraître. Il appuya son crâne contre la pierre et ferma les yeux. Des milliers de mots, de voix, tournaient dans son esprit et l'assaillaient. Il n'avait pas la force de repousser toutes les pensées tourbillonnantes qui lui donnaient le vertige.

Il gratta la brûlure de sa cicatrice sans réussir à ressentir ce soulagement douloureux qui apaisait d'ordinaire l'élancement familier. Ellen retint sa main, un peu embarrassée, à quelques centimètres de la balafre irritée.

- Tu as mal…

Harry savait que ce n'était pas une question. Il savait qu'elle n'ignorait pas que son contact sur la blessure augmentait la douleur. Il savait qu'elle s'en voulait. Il savait qu'elle avait eu peur. Il savait qu'il n'était pas toujours la raison des actes et des paroles d'Ellen, mais il était certain qu'il les influençait d'une manière ou d'une autre. Il prit ses doigts et les porta à ses lèvres. C'était la seule chose dont il n'avait pas douté une seule seconde durant cette longue, très longue journée de tension et d'angoisse. Ellen. Ellen, ancrée dans ses certitudes. Embourbée dans ses paradoxes. Ellen, fidèle à elle-même jusque dans ses contradictions.

Il la serra dans ses bras.

- J'ai juste besoin de faire un petit tour dans notre forteresse, murmura-t-il à son oreille.

Elle prit ses mains pour l'entraîner dans le couloir, vers une salle vide où rien du dehors ne viendrait les déranger.

Du bout du corridor, des éclats de voix leur parvinrent. Des voix de filles en colère. Et celle de Neville qui s'élevait, seul contre toutes. Harry fronça les sourcils ; Ellie tordit sa bouche. Qu'avait donc encore fait ce gros nigaud de Londubat ? Ils décidèrent d'un commun accord de se porter au secours de leur ami.

Neville leur tournait le dos, debout devant la première marche de l'escalier. Et devant lui sur la marche précédente, la main serrée sur la rambarde, dressée sur la pointe des pieds et le menton pointé en avant, Lavande Brown lui tenait tête, appuyée fermement par les hochements de tête vigoureux des jumelles Patil et le piaillement intempestif de Jezebel Dawson.

Ellie fronça les sourcils. Harry tordit sa bouche. Ils hâtèrent le pas.

- Ho ! Ho ! Ho ! Ho ! Ho ! s'écria Harry alors que le ton montait entre les jeunes gens et qu'ils attiraient la curiosité de leurs camarades croisant dans les parages.

Neville se retourna dans un sursaut de surprise. Les filles se renfrognèrent. Lavande croisa même les bras d'un air maussade en apercevant ses condisciples. Jezebel bondit sur le palier.

- C'est pas vos affaires ! s'exclama-t-elle avec hargne. Alors allez faire le Père Noël ailleurs !

Ellie la toisa d'un œil narquois :

- Mais c'est qu'elle mordrait ! Qu'on m'amène un seau d'eau pour noyer ce Doxy enragé !

Harry retint Dawson par le bras alors qu'elle s'élançait vers Ellen.

- Hé ! fit-il d'un air menaçant. On se calme ! Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il à Neville.

Les filles se mirent à parler toutes en même temps. Dawson recula jusqu'à se cacher derrière l'insigne de préfète de Padma Patil. Harry leva les mains pour faire taire tout le monde.

- J'ai demandé à Neville ! cria-t-il pour se faire entendre.

Lavande tapa du pied. Parvati renifla bruyamment et Padma émit quelque chose qui ressemblait à un « grmmph ! » peu élégant. Dawson préféra se faire oublier sous l'œil ironique de McGregor.

- Qu'est-ce qui se passe ? répéta Harry.

- Je n'en ai aucune idée ! s'exclama Neville. Je les ai croisées, je leur ai demandé si elles savaient où étaient Luna et elles m'ont sauvagement agressé !

Harry fit signe de se taire à Lavande, qui brûlait manifestement de contredire Neville, et se tourna vers Padma Patil. Cependant, s'il comptait sur la qualité de Préfète de la jeune Serdaigle pour conserver un semblant d'objectivité, il se trompait indubitablement. Cette dernière se mit à accuser sa condisciple de Serdaigle de tous les maux de la terre.

- C'est une névrosée totalement irresponsable ! termina-t-elle avec fermeté. Ce n'est même plus de la bizarrerie, ni de la folie douce… C'est… c'est…

- C'est quoi ? demanda Ellen de son air moqueur.

Padma lui lança un regard peu amène.

- Mais qu'est-ce qu'elle a bien pu vous faire ? s'énerva Harry qui ne comprenait guère comment Luna la douce avait pu mettre ses camarades dans un tel état de fureur.

- Elle s'est fichue de nous ! hurla Parvati. Voilà ce qu'elle nous a fait !

- C'est impossible ! répliqua Neville avec assurance.

- Tu nous traites de menteuses ? s'indigna Dawson.

Neville regarda tour à tous les filles qui avaient pris chacune un air outré.

- S'il n'y avait que toi, Jezebel, je répondrais volontiers que tu as sans doute arrangé la vérité… riposta le jeune homme avec autant de dignité que ses contradictrices. Mais puisque vous êtes quatre à prétendre la même chose, je dirai plutôt qu'il y a eu un malentendu…

- C'est fort courant avec Lovegood… renchérit Ellie.

- Et moi je te répète qu'elle a fait exprès de se moquer de nous ! Insista Lavande avec hargne. Elle a voulu nous faire peur. Mais nous ne sommes pas tombées dans son piège ! Ha ça non alors ! Il ne faudrait pas nous prendre pour des trollesses !

- Et moi je vous dis que Luna est bien la dernière à qui de telles choses viendraient à l'idée !

- Il a raison ! trancha Harry.

- Bien entendu ! renifla Lavande.

- Ca ne m'étonne pas ! persifla Parvati.

- Mais si vous nous disiez ce qu'elle a fait… proposa Ellie. On pourrait peut-être être plus objectifs, vous ne croyez pas ?

- T'as qu'à lui demander toi-même ! On n'a pas envie que vous vous fichiez de nous vous aussi !

Lavande tourna les talons et recommença à descendre les marches à petits pas pressés et très dignes. Ses camarades la suivirent sur le même haussement hautain du menton.

Neville fit mine de s'arracher les cheveux. Ellen se mit à rire.

- Tu devrais pourtant être habitué… C'est quand même pas de tout repos d'être le petit ami de Luna Lovegood… Moi j'aurai peur de me perdre entre ses délires fantasques et ses rêveries farfelues.

- Oui, je sais… répondit Neville avec une grimace. Il m'arrive d'avoir du mal parfois à m'y retrouver. Ce n'est pas tant ce qu'elle raconte ou ce qu'elle pense qui me gêne, c'est… l'impression qu'elle n'est pas toujours là… Je veux dire…

Il s'interrompit brusquement, embarrassé. Ellen lui sourit avec un clin d'œil complice.

- Oui, c'est particulièrement agaçant de parler à quelqu'un qui est ailleurs la plupart du temps…

Harry le prit pour lui.

- Hé ! fit-il.

Mais Ellie ne le laissa pas s'offusquer davantage.

- Et si on partait à la recherche de Lovegood ? J'ai bien envie de savoir ce qu'elle a bien pu faire pour mettre les siamoises et leurs copines dans un tel état.

- Hé ! refit Harry. C'est pas ce qui était prévu !

- Je sais, répondit Ellie, mais j'ai hâte de connaître la dernière maladresse de Lou…

Elle s'interrompit brutalement et se mordit les lèvres.

- Hé ! fit Neville à son tour. Y a que moi qui l'appelle ainsi !

- Je sais, répéta Ellie. Y a que toi pour l'appeler ainsi… Mais franchement, si elle a pu rabattre le caquet de ces quatre-là… alors elle remonte considérablement dans mon estime, ta Lou, Neville…

Elle ouvrit la marche et les garçons ne purent que la suivre en maugréant.

Ils trouvèrent Luna dans la salle des Quatre Maisons, seule à une table dans le fond de la pièce, qui jouait à faire naître des volutes argentées de sa baguette. Ellie s'assit à côté d'elle, un sourire gourmand aux lèvres.

- Alors ? Cette séance de spiritisme ? Ça c'est bien passé ? questionna-t-elle tandis que les garçons s'installaient avec circonspection autour de la table.

Luna haussa un sourcil étonné. Elle enroula la spirale d'argent autour de son poignet et le contempla un instant tandis qu'elle s'évanouissait lentement.

- Vous avez rencontré les Patil et Lavande ? demanda-t-elle en guise de réponse. Elles sont furieuses n'est-ce pas… Mais je les avais averties qu'on ne dérangeait pas les morts pour leur poser des questions futiles… Elles s'imaginaient qu'elles allaient pouvoir convoquer autour de leur ridicule guéridon les Fondateurs en personne !

Elle leva ses grands yeux globuleux au ciel.

- Il y avait de l'encens et des bougies partout. On se serait cru à un cours de Trelawney. Je leur avais bien dit pourtant que les morts ne communiquaient avec les vivants que s'ils en avaient envie. Est-ce que c'est ma faute à moi si les seuls esprits qui se sont manifestés étaient la Dame Grise et Nick Quasi-Sans-Tête ?

Elle parlait sans passion aucune, son attention fixée sur la pointe de sa baguette.

- J'adore faire des étincelles avec ma baguette, pas vous ? s'enquit-elle auprès des garçons.

- Mais, Luna… Pourquoi es-tu allée faire cette expérience avec elles si tu ne croyais pas à sa réussite ? demanda Harry.

- Parce qu'elles me l'ont demandé… répliqua tout naturellement la jeune fille.

- Et pourquoi te l'ont-elles demandé ? insista doucement Neville.

- Je ne sais pas… fit Luna en haussant une épaule. Peut-être parce que j'ai aidé Lavande et Parvati dans leurs recherches pour leur exposé de Divination… Les prophéties, Divination Pure ou Inspiration Médiumnique… Elles devaient te demander un entretien, Harry, à ce sujet… Elles ne l'ont pas fait ?

- Qu'elles s'y risquent ! grommela le jeune homme.

- C'est pourtant un sujet captivant, s'étonna Luna. Parvati et Lavande étaient très intéressées par ma description de la salle des globes au département des Mystères et mon essai sur les médiums que papa a publié dans son journal l'année dernière… ou il y a deux ans…

Ellen l'interrompit brutalement quand elle vit les yeux d'Harry se plisser dangereusement.

- Nous ne doutons pas de l'intérêt de Patil et Brown pour tous ces sujets, Luna… Mais cela ne nous dit toujours pas ce qui s'est passé pour les transformer en Harpies hargneuses ?

A nouveau Luna haussa les épaules.

- Mais rien, justement !

- Luna ! Elles ont dit que tu t'étais moquée d'elles !

- Et moi elles m'ont accusée de vouloir me moquer de Trelawney… Elles sont complètement incohérentes ! Ne faites pas attention à ce qu'elles racontent… Ce sont des commères et elles ne sont pas très gentilles.

- Pourquoi les as-tu aidées pour leur exposé alors ? demanda Neville, désolé.

- Parce que ça m'intéressait ! répondit Luna avec évidence.

Elle remit sa baguette derrière son oreille et se leva.

- On fait un tour avant le repas ? proposa-t-elle à Neville. J'ai un peu mal à la tête. Il faudrait que je prenne l'air. Ce doit être à cause de l'encens qu'elles ont fait brûler.

Neville se dépêcha d'accepter l'invitation. Harry l'entendit demander avec sollicitude si Luna ne préférait pas aller voir Madame Pomfresh pour son mal de tête. Lui se tourna vers Ellen, la mine contrariée.

- Je t'avais dit que ce serait du temps perdu… On aurait mieux fait de…

Il s'interrompit car Ellen ne l'écoutait manifestement pas. Elle fixait dans le dos du jeune homme l'entrée de la salle, un sourire malicieux aux lèvres.

- Tout n'est pas encore perdu ! murmura-t-elle.

Harry se retourna au moment où Ellie s'écriait :

- Betsie ! Allez, Grenouille, saute donc jusqu'ici !

Betsie pâlit, mais n'osa désobéir. Elle s'assit à la place qu'avait occupée Neville et Harry lui fit son sourire le plus charmeur.

- Tu étais avec Dawson… quand Loufoca Lovegood vous a entraînées dans cette histoire de table tournante… dit Ellie McGregor.

- J'étais pas toute seule ! s'exclama la jeune fille apeurée. Et moi j'ai rien dit ! J'ai rien fait ! Tu pourras demander à Sir Nicholas et à la Dame Grise ! Ils étaient là ! Ils te diront que je n'ai rien dit à Luna. Je l'aime bien moi Luna, même si elle est bizarre parfois… Et même si elle me fait peur… chuchota-t-elle comme si elle craignait qu'on l'entendît.

- Et pourquoi te fait-elle peur ? demanda de même Ellen.

- Tu sais… parce qu'elle est… bizarre… Elle dit des choses qui n'ont pas toujours de sens… et quand elle te regarde… tu as l'impression qu'elle te traverse de part en part… C'est désagréable et ça met mal à l'aise…

- Et qu'est-ce qui t'a mis mal à l'aise cet après midi ?

- C'est quand elle a pris cette voix inquiétante et qu'elle a dit ces choses curieuses…

- Quelles choses curieuses ? demandèrent en même temps Harry et Ellie.

- Mais… ces choses… comme celles que raconte Trelawney quand elle lit dans les feuilles de thé…

La gamine frissonna. Ellen se rapprocha d'elle à sa gauche. Harry fit de même à sa droite.

- Tu veux bien nous répéter ce qu'elle a dit ? pria Ellen sur un ton ferme.

- Je…J'ai oublié… bafouilla Betsie.

Ellie attrapa la natte blonde de la petite et se mit à jouer avec négligemment.

- On pourrait t'aider à te souvenir… Je ne sais pas moi… Elle a parlé de quoi ? Elle leur a prédit à chacune une demi douzaine d'enfants ? Ou bien qu'elles seraient défigurées par une forme sévère d'éclabouille ?

Betsie essaya de reprendre sa natte des doigts d'Ellie et d'éviter son regard inquisiteur. Elle bredouillait de plus belle tout en cherchant un appui vers Harry qui lui souriait avec bienveillance.

- Elle a prophétisé que le château allait leur tomber sur la tête… ? insinua Ellen à voix basse.

Betsie se troubla davantage. Elle s'accrocha, à travers ses verres épais, au regard d'Harry.

- Je… Je… ne sais plus… bégaya-t-elle.

Le sourire d'Harry s'estompa sur ses lèvres, mais elle ne pouvait plus détacher ses yeux des siens.

- Aux heures les plus sombres, ils viendront. Anonna Harry comme s'il cherchait ses mots. Ombres nées de l'Ombre… la mort dans une main, dans l'autre la colère… ils ouvriront le chemin… Et la peur et l'effroi saisiront les cœurs à l'heure des combats.

Betsie recula sur sa chaise. Elle ouvrit la bouche comme pour dire : Non ! Elle voulut se tourner vers Ellen, effrayée. Harry la retint d'une main ferme sur son poignet.

- Reste calme… murmura la voix d'Ellie.

- Aux heures les plus sombres, ils viendront. Répéta Harry sur un ton plus fluide. Ombres nées dans l'ombre, l'espoir dans une main, dans l'autre la vindicte, ils montreront le chemin. Et tous suivront leur bannière. Aux heures les plus sombres, avant que l'aube se lève.

Il resta quelques secondes encore suspendu aux grands yeux éberlués de Betsie puis il relâcha l'étreinte de sa main sur son bras et détourna le regard.

- Luna ne mentait pas, dit-il à Ellen. Elle n'a aucune conscience de ce qui est arrivé. Exactement comme Trelawney le jour où elle a prédit le retour de Pettigrew.

Il était presque aussi blême que Betsie. La jeune fille restait pétrifiée, la bouche bée. Elle se rapprocha enfin d'Ellie sans pouvoir détacher ses yeux de Harry.

- Je comprends pourquoi ces commères ont préféré croire que Luna se fichait d'elles ! murmura Ellie… Elle leur a tout bonnement fichu la trouille !

Harry répétait à voix basse les mots qu'il avait soutirés à l'esprit sidéré de Betsie Singleton, pour les graver dans sa mémoire. Aux heures les plus sombres, ils viendront. Ombres nées de l'Ombre, la mort dans une main, dans l'autre la colère, ils ouvriront le chemin. Et la peur et l'effroi saisiront les cœurs à l'heure des combats. Aux heures les plus sombres, ils viendront. Ombres nées dans l'ombre, l'espoir dans une main, dans l'autre la vindicte, ils montreront le chemin. Et tous suivront leur bannière. Aux heures les plus sombres, avant que l'aube se lève. Et il gardaità l'esprit l'image de Luna, ses grands yeux tournés vers un ailleurs qui le faisait frissonner, et cette voix étrange et pourtant familière.

- Qu'est-ce qui s'est passé ensuite ? demanda Harry à Betsie.

Elle secoua la tête sans pouvoir prononcer un seul mot.

- Luna a prétendu n'avoir rien dit ? insista-t-il.

Betsie hocha la tête, lentement. Harry détourna enfin les yeux de ses yeux et elle se rapprocha d'Ellen, toujours effarée.

Le silence entre eux fut troublé par l'irruption dans leur cercle d'une Jezebel Dawson énervée et impérieuse.

- Betsie ! s'insurgea-t-elle. Mais que fais-tu ? Je t'attends depuis un quart d'heure, moi !

Elle saisit le bras de la jeune fille comme pour la disputer à Ellen.

- Et puis d'abord, qu'est-ce que tu fais avec eux ? s'enquit-elle, soupçonneuse.

- Elle a le droit de parler à qui elle veut ! répliqua Ellie.

- Qu'est-ce que tu leur as raconté ? questionna Dawson en ignorant la Préfète de Serpentard.

Betsie jeta un regard désespéré à Harry et celui-ci repoussa sa condisciple de Gryffondor.

- Betsie aurait du nous raconter quelque chose ? demanda-t-il ingénument.

- Ca va, Potter, grommela Dawson. Ça ne prend pas avec moi tes airs innocents…

- Elle n'a rien dit ! trancha Ellen. Elle n'a pas ouvert la bouche… Et ce n'est pas faute d'avoir essayé de la faire parler…

- C'est vrai ? insista Dawson auprès de sa camarade de Deuxième Année.

Betsie hocha la tête.

- Hé ! fit Ellie. Mais c'est qu'elle nous traiterait de menteuses !

Elle donna un coup de coude à Grenouille.

- Tu crois que c'est parce que nous sommes des Serpentard ? Ou bien parce qu'elle s'imagine que tout le monde est comme elle ?

Les yeux de Dawson brillèrent d'un éclat de colère qu'elle éteignit aussitôt qu'elle eût accroché le reflet de l'insigne de préfète sur la robe d'Ellie.

- Bien sûr que c'est vrai ! s'exclamait en même temps Harry pour détourner l'attention.

Il fit un clin d'œil à Betsie.

- Finalement, elle est sans doute bien moins impressionnable qu'on ne le pense, notre Grenouille…

Il tira affectueusement sur la natte de la jeune fille qui lui rendit un sourire complice.

- Tu viens ? intima Dawson en quittant déjà la compagnie.

Betsie se leva, prête à suivre son amie. Elle lui fit signe de commencer à marcher.

- Elle ne se moquait de personne, pas vrai… dit-elle à voix basse.

Ellen haussa une épaule et Harry l'imita.

- Je crains que non… répondit-il sur le même ton.

Quand Betsie fut partie, Ellie et Harry se rapprochèrent l'un de l'autre en silence. Ils croisèrent leurs doigts sur la table, sans oser parler de ce qui venait de se passer. Dans la salle des Quatre Maisons, leurs camarades commençaient à quitter les lieux pour se rendre au réfectoire.

- Qu'est-ce que tu crois que cela veut dire ? demanda Ellen.

- A première vue, je dirais que cela annonce l'invasion de Poudlard par les mangemorts de Voldemort… soupira Harry. Mais… en grand spécialiste des prophéties, ajouta-t-il en remontant ses lunettes sur son nez, je dois reconnaître que cela peut être tout et n'importe quoi…

- On devrait en parler à Londubat…

- L'oncle ou le neveu ?

- Les deux… Je crois que Neville devrait savoir que sa petite amie est encore plus bizarre qu'on ne le pense…

Harry secoua la tête en souriant.

- Tu ne trouves pas que c'est assez drôle… Luna qui ne cesse de parler des messages des morts et des médiums… et voilà qu'elle en est une et qu'elle ne s'en rend même pas compte !

- Non, je ne trouve pas que c'est drôle, répondit Ellen. Et je ne crois pas que tu le trouves si drôle toi non plus…

Harry se leva, sa main toujours dans celle d'Ellie.

- Viens, allons trouver l'Oncle Algie avant que j'oublie les paroles de Luna… et ensuite nous irons manger. Parce que, mine de rien, à part les petits gâteaux de Neville, j'ai quasiment rien dans l'estomac moi ! Et tu sais que quand j'ai l'estomac vide…

Elle se mit à rire, un peu honteuse. Elle l'embrassa.

- Je ne disais pas ça spécialement pour toi, tu sais… Enfin… Je pensais surtout à Weasley, mais…

- Ellie… T'es pas douée pour les excuses, laisse tomber… conseilla Harry.

Ils quittèrent la salle des Quatre Maisons, main dans la main, un peu étourdis et très loin des évènements du matin. Ils se retrouvèrent devant la porte close du bureau de Londubat. Et ils eurent beau toquer, elle resta fermée.

Ellen ramena Harry vers le réfectoire ;

- Ca peut attendre une petite heure, non ? fit-elle. J'irai lui dire que je souhaite lui parler avant de rejoindre ma table. Et puis… si ça se trouve, c'est vraiment une farce de Luna…Après tout, à force de fréquenter des Gryffondor facétieux…

Elle fit une grimace dubitative.

- Ha non ! Oublie ça ! Les Gryffondor n'ont aucun humour…

Harry leva les yeux au ciel et se laissa traîner sans enthousiasme jusqu'à la Grande Salle. Il fallut encore répondre aux questions inquiètes ou curieuses, serrer des mains et sourire, rassurer, sous le regard condescendant de Malefoy et de ses amis.

Lorsqu'il s'assit à sa place, la fatigue s'abattit sur lui. Il était seul en bout de table et Ellie avait rejoint la sienne. Neville arriva peu après lui, laissant Luna à la table des Serdaigle. Il s'inquiéta de l'air sombre de son ami et Ginny qui arrivait voulut l'accompagner à l'infirmerie. Tout le monde lui témoignait une sollicitude qu'il avait de plus en plus de mal à supporter. Il ressentait un ras-le-bol qui montait jusque dans sa gorge. Et quand Hermione lui dit en s'asseyant près de lui qu'elle était soucieuse, il grogna qu'il voulait qu'on lui fiche la paix… Elle ne l'entendit pas, perdue dans ses réflexions, et poursuivit comme pour elle-même.

- Je l'ai cherché partout, en vain… Il n'était pas dans son dortoir, j'ai vérifié sur la Carte. Ni chez les Préfets… J'ai envoyé Pattenrond le chercher mais il n'est pas revenu encore…

Elle se pencha vers Harry, un peu honteux de s'être mépris.

- Tu crois qu'il serait capable d'aller trouver Viktor ?

Ils tournèrent tous les deux la tête vers la table des professeurs, où manquaient encore les directeurs de Maison, Dumbledore et Krum.

- Il n'aurait pas fait ça… répondit Harry au bout d'un moment. Il a trop peur de ta réaction s'il allait voir Krum pour lui dire de te laisser tranquille.

- Oui… mais il est si impulsif parfois… dit Hermione en se mordant les lèvres.

Ils entendirent Ginny qui toussotait quelques « Hum ! Hum ! » et Hermione leva un peu le ton quand elle continua.

- Tout le monde me dit ce que j'ai à faire… Et tout le monde a sûrement raison. Mais tout le monde n'est pas à ma place.

Ginny haussa les épaules. Neville baissa la tête dans son assiette. Hermione regarda Harry d'un air suppliant.

- Harry, s'il te plait… Tu ne pourrais pas dire à Ron que…

- Que quoi ? insista Harry avec appréhension comme elle s'interrompait.

- Rien… fit-elle dans un soupir. Laisse tomber. On a d'autres chats à fouetter…

Harry bondit sur l'occasion de changer de sujet.

- Oui ! approuva-t-il. Il faut qu'on se voie tous après le repas… J'ai des nouvelles… heu… enfin pas vraiment des nouvelles… Mais… Il faut qu'on en parle…

Il se tut à son tour car Dean et Seamus arrivaient accompagnés de Lavande et Parvati. Les filles ignorèrent Neville et Harry qui les suivirent du regard jusqu'à leur place un peu plus loin. Hermione se pencha légèrement sur la table pour demander aux garçons s'ils avaient vu Ron. Ils répondaient qu'ils ne savaient où il était, quand ce dernier entra dans la salle. Il vint s'asseoir à sa place et Hermione se rapprocha de lui pour lui dire combien elle soulagée.

- Mais tu es glacé, mon Cœur ! s'exclama-t-elle.

- J'ai fait un aller-retour jusqu'au terrain de Quidditch, expliqua Ron en commençant à se servir.

- Tu n'es pas prudent, Ron… reprocha Hermione. Il fait nuit, il fait froid, il aurait pu arriver n'importe quoi là-bas…

- Je t'en prie, Hermione… répondit le jeune homme sur un ton sec. Tout le monde s'en fiche de la prudence. Et le terrain de Quidditch, ce n'est pas le bout du monde que je sache. C'est tout de même moins loin que Pré-Au-Lard. Je n'ai même pas pris mon balai, je ne risquais pas de me faire mal en tombant. Quant au reste, on risque autant en plein jour durant une bataille de boules de neige… ou dans les couloirs de l'école… Il reste une semaine avant les vacances, je n'ai pas envie de raser les murs jusque là. J'en ai assez de faire comme si. J'ai envie de vivre comme je veux et de faire ce dont j'ai envie.

Il posa sa fourchette à côté de son assiette et se tourna vers Hermione. Il prit son visage entre ses mains et l'attira vers le sien. Il l'embrassa avec ferveur tandis que ses camarades restaient bouche bée.

- Et ça, il y a longtemps que j'avais envie de le faire…dit-il en relâchant Hermione, tout aussi stupéfaite que les autres.

Ron reprit sa fourchette et commença à manger avec appétit. Hermione se réinstalla devant son assiette, sans pouvoir prononcer un mot. Elle évitait de croiser le regard de quiconque. Neville referma la bouche de Seamus de l'index et celui-ci parut reprendre sa respiration.

- Waaaa ! fit-il avec admiration.

- Ouais ! renifla Ginny. Dommage qu'il n'y avait personne pour le voir… pas vrai, Hermione… ?

Hermione releva la tête vers elle.

- C'est moi qui ai besoin d'air cette fois, dit-elle en se levant de table.

Ils la suivirent des yeux alors qu'elle quittait la salle. Harry et Ron échangèrent un regard et Harry fit un léger signe de tête. Ron posa sa serviette sur le banc, à la place qu'Hermione venait de quitter.

- Ginny, fit-il avec sévérité. Si tu ne veux pas que je me mêle de ta vie privée, reste en dehors de la mienne, s'il te plait…

Il suivit les pas de la Préfète en Chef et Seamus interrogea Harry et Ginny du regard.

- Alors ? Qu'est-ce qui s'est passé ? voulut-il savoir. C'est à cause de Krum, n'est-ce pas… ? Je l'aurai parié ! Lavande l'avait bien dit, hein, Dean…

- Lavande est une commère… répondit Dean, un peu gêné, tout en jetant un œil vers les places qu'occupaient les filles de Septième Année.

- En tous cas, ça lui coupé la chique à Miss Parfaite ! continua Seamus. J'ai toujours dit à Ron qu'un baiser, il n'y avait que cela pour la ramener à la raison, sa harpie chérie…

- Seamus ! Tu ferais mieux de te taire, conseilla Neville, amusé néanmoins.

- Pourquoi ? Ils ne sont plus là. On peut parler d'eux tant qu'on veut, pas vrai… N'empêche ! Je n'aurais jamais cru ça de Weasley… !

Harry haussa les épaules.

- Tu sais, il est si impulsif parfois… dit-il.

- Je ne dis pas ça pour ça ! expliqua Finnigan. Je dis ça à cause de la dispute de cet après-midi. Quand je l'ai raconté à Lavande… Heu…

Il se tut, se mordit les lèvres, et plongea dans son assiette. Dean en fit presque autant. Neville leva les yeux au ciel tandis que Harry et Ginny haussaient les épaules.

- Seam… Tu n'es qu'un Jobarbille sans cervelle ! fit la rouquine, désabusée. Si tu colportes encore une rumeur sur mon frère et Hermione, tu pourras dire adieu à Lavande, crois-moi…

Finnigan leva un sourcil inquiet sur Ginny. Il dut juger qu'elle était capable de mettre sa menace à exécution car il fit signe qu'il fermait sa bouche et jetait la clé aux oubliettes. Quelques minutes plus tard, cependant, il demandait sur un ton rêveur.

- Vous croyez que ça marche avec la super préfète les réconciliations sur l'oreiller ?

Dean lui donna un coup de coude dans les côtes, un regard inquiet posé sur Ginny. Mais celle-ci se mit à rire.

- Seam ! soupira-t-elle. Si tu n'existais pas… tu nous manquerais !

- Oui ! fit Finnigan avec fierté. C'est ce que dit ma mère chaque fois que je rentre pour les vacances… A propos de vacances… C'est vrai ce qu'on dit ? Qu'on va les passer tous ici ? Parce que le Ministère a peur que le Poudlard Express soit attaqué ?

- Hein ? firent Harry et Neville. D'où tu tiens ça, toi ?

- Je sais pas… C'est ce qu'on dit. Mais on dit aussi qu'on partirait tous en portoloin…

- N'importe quoi ! dit Ginny. Et pourquoi pas en balais aussi ?

- Les portoloins, c'est pas bête ! s'offusqua Seamus. C'est discret comme mode de transports…

Ginny eut un reniflement narquois.

- Oui, des dizaines et des dizaines d'élèves qui atterrissent en plein cœur de Londres, c'est discret en effet…

- Ha ! j'avais pas pensé à ça… admit Finnigan. Mais on pourrait les faire partir dans des endroits différents…

- C'est irréalisable, voyons… répondit Neville.

- Bien sûr que c'est irréalisable ! renchérit Dean en haussant les épaules. C'est pour ça qu'on va tous rester ! Après tout, où sommes nous plus à l'abri qu'à Poudlard ?

Il plongea son regard dans celui de Harry qui frissonna.

- Personne n'est à l'abri, Dean, répondit celui-ci. Ni ici, ni ailleurs. Et il se pourrait bien que nous soyons tous en danger ici, dans les murs même de Poudlard. Voldemort prépare une attaque de l'école, nous le savons depuis Halloween.

A nouveau Dean haussa les épaules.

- Oui, bien sûr ! Tout le monde sait que… il veut attaquer l'école. Il veut tout détruire de toutes façons… Mais moi je dis que nous sommes bien plus en sécurité ici qu'ailleurs. En tous cas, moi, je me sens plus en sécurité ici qu'ailleurs. Et si on doit se battre, je préfère le faire ici qu'ailleurs. Parce que je sais que nous sommes tous prêts à le faire. Que ce soit pour nous sauver nous même ou pour sauver l'école.

- Nous sommes prêts, Harry, reprit Seamus sur un ton sérieux qui ne lui ressemblait guère. Tout le monde te le dira. On n'a parlé que de cela aujourd'hui, pendant que tu étais à l'infirmerie. On s'inquiétait parce que quelqu'un a dit que tu étais mort. Et c'est vrai qu'on a eu peur. Un moment, on était vraiment découragés. Et puis, on s'est tous dit que même si tu n'étais pas avec nous dans la bataille, on se battrait quand même. On n'a pas très envie de rentrer chez nous pour les vacances… Enfin… Je veux dire que s'il faut rester, on restera. On a peur que… l'autre profite des vacances et de ce que l'école sera à moitié vide pour l'attaquer. Et pour t'attaquer, Harry. On sait tous qu'il te veut du mal. On sait tous pourquoi à présent. Alors on a tous décidé quelque chose. On voulait t'en parler quand on serait dans notre dortoir, au calme. Mais puisqu'on y est… Voilà… Si tu restes auprès de nous quand l'autre attaquera, ses mangemorts ne pourront pas t'approcher. Alors, pendant la bataille, on sera plusieurs à rester autour de toi, comme un rempart, pour te protéger…

Il se tut, attendant avec anxiété l'avis du chef. Harry, lui, restait comme stupéfixé. Il sentait la chair de poule remonter le long de ses bras jusqu'à son cœur. Il frissonna et s'efforça à parler d'une voix neutre.

- C'est vraiment sympathique de votre part à tous, Seamus, mais tu oublies une chose. C'est moi qui suis désigné pour affronter Voldemort. Comment le ferais-je si vous m'entourez de si près… ?

Il essaya de sourire et Dean lui répondit avec une satisfaction évidente.

- On y a pensé, Harry ! On ne veut pas t'empêcher d'affronter… l'autre. On veut juste qu'il soit obligé de venir lui-même. Et pas qu'il t'envoie une cohorte de ses soldats pour faire le sale travail. Comme ça, tu pourras lui régler son compte, pendant qu'on occupera ses hommes de mains encapuchonnés… Tu croyais quand même pas qu'on allait te laisser tomber… ?

- Cela ne m'a jamais effleuré l'esprit, répondit Harry à voix basse.

- Et tu ne croyais pas non plus qu'on allait te laisser emporter tous les honneurs…

Harry sourit à Seamus qui venait de parler. Il n'osait croiser le regard de Neville qui le fixait intensément, l'air profondément satisfait. Ginny le dévisageait également.

- Tu ne crois pas qu'ils ont le droit de savoir ? demanda-t-elle.

Harry se racla la gorge, autant parce que l'émotion l'enrouait un peu que pour se donner le temps de chercher ses mots. Intrigués par l'intervention de Ginny, Seamus et Dean ne lui témoignaient que davantage d'attention. Il était parfaitement conscient qu'avant la fin de la soirée ses paroles auraient fait le tour de l'école. Il devait donc les choisir avec moult précautions.

- Je suis vraiment très touché par vos propositions… Vous ne pouvez pas savoir à quel point… Et j'ai peur de vous décevoir parce que cela va bouleverser tous vos projets… Quand viendra l'heure des combats, je ne serais pas avec vous…

Dean pâlit un peu et Seamus cherchait à comprendre.

- Qu'est-ce que tu veux dire ?

Harry chercha un secours vers Neville et Ginny qui semblaient aussi intéressés par ce qu'il allait dire que leurs deux camarades. Il savait également que, depuis leur place un peu plus loin, Lavande Brown et Parvati Patil tendaient l'oreille vers le bout de la table.

- La prophétie… reprit Harry. Elle a une suite. Et elle dit que Voldemort et moi devons nous affronter seuls à seuls, car seule la mort de l'un d'entre nous par notre propre main, nous rendra, à lui l'intégrité de ses pouvoirs et à moi une vie normale…

Il laissa à ses condisciples le temps d'assimiler l'information.

- Et Voldemort le sait, reprit-il avant que l'un ou l'autre des deux garçons ne l'interrogeât. S'il m'envoie ses mangemorts, ce ne sera pas pour me tuer, mais pour me ramener à lui…

- Alors ça revient au même ! insista Dean. Nous te protégerons des mangemorts. Nous les empêcherons de te neutraliser, de te prendre ta baguette, et de t'envoyer un sort d'entrave ou autre chose pour que tu ne puisses pas te défendre…

Harry évita de croiser le regard de Ginny et Neville.

- Je dois y aller seul, dit-il. Car si j'amenais quiconque avec moi, il s'en servirait contre moi. Et je ne veux pas qu'il arrive à l'un d'entre vous ce qui est arrivé à Cédric Diggory.

- Mais Voldemort ne viendra pas seul, appuya la voix sourde de Ginny.

- C'est à craindre, admit Harry. Mais il n'amènera pas son armée entière derrière lui. Il l'enverra à l'assaut de Poudlard avec ses capitaines. Non, il gardera auprès de lui un tout petit nombre de fidèles. Et je peux faire face à ces hommes. Je n'ai pas peur de me retrouver face à face avec des hommes encagoulés. Ce que je crains, c'est de voir mes amis – et même ceux qui le sont moins- souffrir et mourir devant moi, à cause de moi. Et cela, Voldemort le sait déjà. C'est pourquoi, je dois y aller seul afin de ne pas lui donner d'autres armes pour me battre que celles qu'il a déjà. J'aurais l'esprit plus libre si je vous sais hors de la portée de Voldemort. Je sais que vous êtes capables de faire face à ses mangemorts. Je sais que Dumbledore ne vous laissera pas tomber non plus, ni lui ni aucun des professeurs. Ils feront tout pour vous protéger aussi. Je combattrai pour vous autant que pour moi. Et je sais que vous vous battrez tous pour Poudlard autant que pour vous-mêmes. Chacun fera sa part, du mieux qu'il le pourra et nous aurons une chance de vaincre les Ténèbres.

Seamus Finnigan, le premier, rompit le silence qui était tombé sur ce bout de table aux couleurs rouge et or.

- Mais tu n'as pas peur de te retrouver tout seul devant… lui ?

- Je me suis déjà retrouvé seul devant lui. Et bien sûr que j'ai peur. Mais j'ai encore plus peur de devoir continuer à vivre ainsi, en me cachant et en faisant courir à ceux que j'aime et qui m'aiment mille dangers plus terribles les uns que les autres. Eliminer Voldemort est la seule manière de rendre au monde un visage plus serein. J'en ai le pouvoir, parait-il. Ne pas essayer serait criminel. Et tarder à le faire ne serait bon ni pour moi, ni pour personne. Car chaque jour que nous perdons est un jour de gagné pour Voldemort. Il étend alors ses Ténèbres et nous perdons des alliés. Chaque jour voit ses troupes grossir et mourir des innocents. Il est temps que cela cesse. Et s'il ne tenait qu'à moi, j'irai trouver Voldemort sur le champ, bien loin d'ici, pour le provoquer en un duel à mort.

- Tu ne vas pas recommencer ! s'agaça Neville.

- C'est idiot ! fit Dean.

- C'est ce que je disais ! s'exclama Finnigan, un peu pâlichon et d'une voix qui tremblait un peu. Il veut toute la gloire pour lui !

Ellie McGregor vint s'asseoir à côté d'Harry comme Seamus terminait de parler.

- La gloire ! reprit-elle avec un petit sourire entendu. C'est tout ce qui intéresse les Gryffondor ! Ils n'ont aucune ambition… Et Potter pas plus que les autres…

Harry lui rendit son sourire tout en glissant son bras autour de sa taille. Il la serra contre lui et répondit sur le même ton ironique :

- Nous laissons l'ambition aux Serpentard, McGregor. Finnigan et moi, nous n'avons d'autre ambition que d'être des hommes heureux…

Seamus se mit à rire et approuva vigoureusement Harry.

- C'est un vaste programme, murmura Neville.

- Pas tant que cela, répliqua Ellie. Il faut juste profiter des moments qui nous sont donnés… A propos, j'ai vu Weasley courir après Miss Parfaite… Rien de grave j'espère…

- Ne me dis pas que tu t'inquiètes pour eux, se mit à rire Dean.

- Pas vraiment, non… J'espère simplement que les maladresses de ce lourdaud de Weasley n'influeront en aucun cas sur l'humeur de la Préfète en Chef !

- Je lui ai pourtant conseillé de se montrer très gentil avec elle en début d'année ! rappela Seamus sentencieusement.

Dean lui tapa sur l'épaule pour le faire taire et l'entraîner avec lui hors de la Grande salle. Neville les suivit des yeux un moment alors qu'ils s'arrêtaient aux tables des Poufsouffle et des Serdaigle pour échanger quelques mots avec leurs camarades.

- Ils vont répéter à tout le monde ce que tu leur as dit, prévint-il.

- Et alors ? fit Ginny en se rapprochant du jeune homme pour faire face à Harry et Ellie. Il est temps qu'ils sachent ce qui les attend, non ? Ils comptent tous sur Harry pour les conduire à la victoire le jour où nous serons attaqués. Il faut qu'ils sachent que nous devrons nous passer de lui, sinon, il risque d'y avoir un mouvement de panique au plus mauvais moment. Et ainsi, ils pourront répondre aux insinuations de Malefoy qui prétend que nous avons mis notre espoir en un unique champion de pacotille. Il avait beau jeu, ce matin, de se moquer de nous quand la rumeur de ta mort a circulé. Qu'est-ce qu'il t'a dit, Ellie ? Que tu avais parié sur le mauvais cheval ? Et qu'un étalon blessé n'était plus bon à grand-chose… je crois. Il t'a demandé si tu l'abattrais toi-même ou si tu préférais qu'il s'en charge, n'est-ce pas. Et qu'est-ce que tu as fait ?

- Ginny… commença Neville, une lueur inquiète dans le regard.

Ellie s'était tendue entre les bras d'Harry. Elle était pâle et défaite.

- Si Neville et Justin ne s'étaient trouvés là, tu…

- Ginny ! répéta Neville.

- Laisse-la dire, intervint Ellen à son tour. Elle a raison. Je ne me suis pas conduite d'une manière très digne ce matin.

- Tu étais complètement hystérique, veux-tu dire.

- C'est normal, trancha Neville. C'est quand même elle qui était visée, je te le rappelle. Et Malefoy sait toujours où frapper.

- Oui mais toi, tu ne t'es pas jeté sur lui en plein milieu du Grand Hall, fit Ellen en baissant la tête.

- Ça a failli arriver un jour… répondit Neville en souriant.

- Oui… se souvint Harry avec une grimace amère. Et d'autres n'ont pas su se retenir non plus. Il sait jouer des sentiments des autres.

- De toutes façons, il n'est venu à l'esprit de personne de se moquer de tes larmes, Ellie. Au contraire, tu as vu que tout le monde voulait te consoler.

Ellie passa ses mains sur son visage.

- Je ne sais pas, avoua-t-elle. Je n'ai pas un souvenir très clair de ce qui s'est passé. Je ne me souviens que d'une chose : Malefoy riait devant moi et brusquement je me suis retrouvée dans les bras de Finch-Fletchey, avec Susan qui faisait reculer des tas de gens. Et ma tête allait exploser. Et à ce moment-là, j'ignorais encore que c'était Wilford qui avait lancé la pierre. C'est quand je t'ai entendu raconter que Bobbins et Archer l'avaient surpris et amené à ton oncle que j'ai réalisé que tout était ma faute.

- Et tu t'es évanouie, termina Ginny.

- Tu avais besoin de raconter tout ça ? s'énerva Ellie.

- Je suis content de le savoir, fit Harry.

- Ça flatte ton ego de macho ? riposta Ellen.

Harry retint un sourire devant l'air contrarié de la jeune fille.

- Non, je comprends simplement mieux les réactions des uns et des autres… Et celle de Malefoy en particulier.

Il se tourna vers Ginny avec sérieux.

- Tu as raison, il faut mettre les choses au point avec les autres. Et dès ce soir. Va prévenir Dean que je les rejoins, lui et Seamus, dans la salle des Quatre Maisons dans un moment. Dès que j'aurai vu Isadora. Toi, Neville, va chercher Ron et Hermione. On se retrouve au labo juste après. Ha ! Et fais venir Luna, on va avoir besoin d'elle. Ellen, attends un peu avant de contacter Larry. Il se pourrait que nous ayons d'autres choses à lui demander.

Il se leva de table parce que Isadora et ses amies quittaient leur place. Neville en fit autant, et Ginny partit obéir à Harry. Celui-ci retint Ellen par le poignet.

- Reste avec moi, ça fera plus naturel…

Ellie fit une grimace et marmonna quelques paroles inaudibles alors qu'elle se laissait traîner vers la sortie, de manière à croiser le chemin des filles de Poufsouffle. Elles les entourèrent aussitôt pour demander des nouvelles d'Harry et lui témoigner l'inquiétude que son agression avait suscitée parmi elles. Ellen se chargea de donner rendez-vous à Isadora, discrètement mais sans enthousiasme débordant, dans les escaliers qui descendaient aux cuisines. Et tandis que Justin Finch-Fletchey et Susan Bones entouraient Ellie qui se rendait dans la Salle des Quatre Maisons, Harry partit vers le Grand Hall.

Quand il sortit du passage qui menait chez les Poufsouffle, Harry trouva Ellie qui faisait semblant de s'intéresser au panneau d'affichage de Quidditch presque entièrement consacré au dernier match du trimestre et à la gloire de Rosalind Sheldon, à part une photo de Joanna Andrews brandissant le Vif.

Harry cacha un sourire et s'approcha d'elle.

- C'était pas un match terrible, tu sais… murmura-t-il à son oreille.

Elle se retourna et le serra entre ses bras.

- Tu n'en sais rien… Tu n'y étais pas…

- C'est vrai. J'étais avec toi…

Elle l'embrassa désespérément et ne desserra pas son étreinte sur son cou.

- Dis-moi que tu m'aimes plus qu'elle.

Un instant surpris, Harry essaya de rire.

- Ellen…

- Tu la trouves jolie ? Tu la trouves plus attentionnée que moi ? Plus tendre ?

- Ellen ?

- Est-ce qu'elle embrasse mieux que moi ?

- Ce que tu peux être bête quand tu t'y mets… murmura-t-il. Qu'est-ce qui t'arrive ? Où est ma fière Serpentard qui prend ce qu'elle désire sans se soucier du reste ? C'est moi qui prends des coups sur la tête et c'est toi qui débloques ?

- J'ai eu si peur...

- Mais tu étais avertie... je t'avais prévenue que ce ne serait pas facile. Je croyais que tu l'avais compris.

- Mais j'ai eu si peur... Tu ne comprends pas...

- Oh ! si ! Je comprends. Je comprends plus que tu ne le crois. Mais ce que je ne comprends pas c'est pourquoi tu focalises sur Isadora ?

- Si je meurs, tu retourneras vers elle ?

- Et toi, si c'est moi qui meurs, vers qui te tourneras-tu ? demanda Harry sur un ton un peu dur. Vers Nott ? questionna-t-il à voix basse.

- Je ne veux pas que tu meures !

- Je n'y tiens pas non plus ! Je voudrais que personne ne meure ! Mais je crois que ce que toi ou moi voulons n'a pas beaucoup d'importance...

Il prit dans ses mains le visage grimaçant de larmes retenues de la jeune fille et l'embrassa doucement.

- Je t'aime tant... réussit-elle à prononcer d'une voix étranglée.

- Je le sais, répondit-il.

Il sécha ses larmes en silence. Elle se détourna quand elle entendit Isadora qui sortait à son tour du passage sous l'escalier accompagnée de quelques uns de ses camarades de Poufsouffle. Harry attendit qu'ils eussent disparu dans le couloir du rez-de-chaussée pour ramener Ellen vers le centre du Hall.

- On m'attend dans la salle des Quatre Maisons, et nous devons encore voir les autres au labo...

Ellie essuya ses joues une dernière fois.

- Quelle journée de chiottes ! murmura-t-elle en essayant de sourire.

- Et elle n'est pas terminée ! lui souffla Harry à l'oreille. On doit encore dire à Neville que sa petite amie a une connexion directe avec l'au-delà...

Sur le seuil de la salle des Quatre Maisons, ils trouvèrent un attroupement qui les fit ralentir. Isadora Marchinson se tourna vers Harry sans le laisser entrer dans la pièce.

- C'est vrai, ce qu'ils disent ? questionna-t-elle d'emblée. Que si Tu-Sais-Qui attaque l'école tu ne seras pas avec nous ?

- Ce n'est pas ce que j'ai dit, commença Harry sur la défensive.

- Non, admit Isadora. Mais ça revient au même…

- Pas tout à fait, intervint Dean depuis l'intérieur. Isadora, si tu voulais laisser passer Harry, on pourrait en parler plus calmement…

Isadora passa le seuil pour faire place à Harry. Un peu mal à l'aise, Ellen le retint avant qu'il ne l'eût franchi lui aussi.

- Je vais prévenir les autres que tu seras un peu en retard… prétexta-t-elle à voix basse. Mais, fais attention à ce que tu dis : l'un de ceux qui sont là travaille pour Malefoy ! Et les Serpentard travaillent pour moi ! S'il te venait l'idée de t'égarer durant mon absence, tu le regretterais vivement…

- Merci de tes conseils, railla-t-il sur le même ton. Je ne suis pas stupide : je sais que tout ce qui se dira ici viendra de toutes façons aux oreilles de Malefoy. Et ce n'est pas très joli-joli d'être jalouse comme ça…

Elle releva le menton et lança à Harry un regard où brillait une lueur de défi.

- Je ne suis pas jalouse ! Décréta-t-elle. Je ne partage pas, c'est tout.

Elle tourna les talons avec dignité et Harry la regarda s'éloigner vers le Hall, un sourire au cœur. Puis il se tourna vers la salle des Quatre Maisons, où on l'attendait impatiemment, prêt à affronter les questions et remarques de ses camarades.

Ce fut moins long et moins difficile qu'il ne s'y attendait. Dean et Seamus avaient déjà répété ses paroles, il n'eut qu'à apporter des précisions à son précédent discours. Plusieurs fois, il souhaita avoir près de lui Hermione pour lui souffler les réponses adéquates, mais il se rendit compte que ses camarades ne désiraient pas avoir de précisions sur la prophétie ou sur la façon dont il comptait s'y prendre pour affronter Voldemort. Ils ne lui demandaient pas plus s'il avait des doutes sur l'issue de ce duel annoncé – eux n'en avaient aucun, en tous cas. Non, tout ce qu'ils voulaient savoir c'était s'ils pourraient compter sur lui lorsque viendrait l'heure des combats augurée par le Choixpeau en début d'année.

Il gratta sa cicatrice dans le silence expectatif.

- En fait, dit-il dans une grimace, c'est plutôt moi qui aurai besoin de vous… Parce que je sais que lorsque Voldemort viendra me chercher, il ne viendra pas seul et j'espérais que vous vous chargeriez de ses mangemorts, histoire de rétablir l'équilibre des chances… Enfin, vous voyez ce que je veux dire…

Il y eut quelques murmures, des sourires, et la voix de Malone qui affirmait qu'il était prêt à les recevoir ces encagoulés de malheur et qu'ils verraient de quel bois il se chauffait…

- Du bois de tes côtes fêlées ! se moqua Bobbins dans le fond de la salle. Heureusement qu'on est là pour relever le niveau sinon Potter aurait du souci à se faire…

- On ? Qui on ? fit Macmillan depuis l'autre côté de la pièce.

- Nous, les Serpentard… répondit Archer avec évidence. Heureusement qu'on était là pour vous sortir du pétrin, à Halloween !

- Uniquement parce que vous étiez dans une sacrée mouise ! répliqua Macmillan. Et vous veniez vous réfugier chez les Poufsouffle, vous, les Serpentard !

- Mais c'était Malone qui les avait invités, trancha Justin Finch-Fletchey. Et on était tous dans la mélasse ce jour-là, je vous le rappelle. Il n'y avait plus de Poufsouffle, de Serpentard, de Serdaigle ou de Gryffondor… Il n'y avait que nous d'un côté et eux de l'autre… Et Harry, avec Ron et Hermione, était allé dans les souterrains avec le professeur Rogue pour interdire au renfort d'arriver. En fait, si jamais nous sommes attaqués, ce sera la même situation. Nous –et il jeta un long regard circulaire autour de la salle des Quatre Maisons- face aux troupes de Voldemort et Harry pour empêcher le pire d'arriver. Il n'était pas là, parmi nous, le soir d'Halloween et pourtant nous nous sommes défendus. Nous avons fait mieux que nous défendre. Nous avons repoussé l'assaut des Salamandres. Si les mangemorts nous attaquent, c'est ce que nous devrons faire : tenir, jusqu'à ce que Harry nous délivre de cette immonde vermine. Et nous devrons tous tenir. Tous. Serpentard, Poufsouffle, Serdaigle et Gryffondor.

Il se tourna vers Harry, dans un silence si profond qu'on entendait la respiration unanime de l'assistance.

- C'est bien cela ? demanda Justin. C'est ce que tu nous demandes : d'occuper les hommes de Voldemort pour qu'ils ne puissent lui prêter main forte, tout en les empêchant de détruire Poudlard et de nous tuer tous jusqu'au dernier.

- Les professeurs seront avec vous, rappela Harry. Et ils feront tout ce qui est en leur pouvoir pour que vous soyez le moins exposés possible.

- Ils vont nous renvoyer chez nous avant les vacances ? demanda quelqu'un avec de l'inquiétude dans la voix.

- Je ne le pense pas, répondit Harry avec quelque réticence. Mais ce serait peut-être le mieux à faire.

Une fille de Serdaigle bondit sur ses pieds et s'exclama plus fort que les murmures qui s'élevaient :

- Ha non alors ! On va quand même pas être privés de bal de Noël à cause de cette ordure ! Déjà qu'on n'a pas eu droit aux sorties à Pré-au-Lard ! C'est plus une école, c'est un bagne ! Tu parles de la vie de château !

Des voix montèrent pour approuver tandis que Malone se levait également pour réclamer le silence.

- Et s'ils viennent pendant les vacances ? Après tout, ce serait facile… tout le monde sait que Harry passe ses vacances à Poudlard… Lord Machin-là… Il pourrait se dire qu'il a plus de chances de prendre Poudlard en deux coups de baguette magique s'il n'y a presque plus personne pour lui tenir tête…

Dans le silence revenu, on entendit quelqu'un rappeler qu'il resterait les Salamandres punies.

- Et alors ? fit Malone. Tu crois que ça l'a gêné d'envoyer les Détraqueurs malgré la présence des enfants de ses fidèles serviteurs ? Ce type est complètement dingue ! On doit s'attendre à tout avec lui. A être attaqués durant le bal de Noël comme lors de notre trajet vers la gare de Pré-au-Lard. Pendant les vacances ou à la rentrée ! Ou de ne pas être attaqués du tout parce que justement on s'attend à être attaqués.

- Si j'étais toi, je ne compterais pas trop là-dessus… dit Harry.

Il regrettait déjà d'avoir prononcé ces paroles. Tous étaient à nouveau tournés vers lui. Il ne pouvait s'empêcher de fixer Lavande et Parvati perdues dans la foule de leurs camarades. Elles se tenaient l'une près de l'autre, un peu pâles, à l'écart. Elles avaient eu peur. Elles avaient encore peur, malgré leur refus de croire que Luna ne s'était pas moqué d'elles. Il croisa le regard de Lavande. Parvati murmurait quelque chose à l'oreille de son amie et Lavande secoua la tête, avec fébrilité. Il comprit qu'elle espérait de tout son être que Luna s'était jouée d'elles. Alors, il reporta son attention sur Malone.

- J'ignore quand, et j'ignore comment, mais nous pouvons tous être certains d'une chose : ils viendront.

Il sut que Lavande et Parvati, et un peu plus loin, cachées parmi les plus âgés, Dawson et Grenouille tressaillaient.

- Hé bien ! Qu'ils viennent ! tempêta Malone d'un air buté.

- Oui ! Qu'ils viennent ! surenchérit Bobbins. Nous sommes prêts à les recevoir ! et puisque nous n'aurons pas à jouer les batteurs pour t'éviter les cognards en traître, Potter… - malgré lui Harry leva le bras pour gratter la bosse derrière son crâne, ce qui fit sourire nombre des ses camarades- nous pourrons nous consacrer entièrement à la défense de nos buts. Attrape le Vif, Harry… Il parait que c'est la seule chose à quoi tu es bon, d'après Malefoy… alors, pour cette fois –mais pour cette fois seulement- débrouille-toi pour qu'il ait raison.

Harry hocha la tête. Il eût voulu sourire, mais quelque chose le retenait. Attrape le Vif, avait dit aussi Algie Londubat, et quel que soit le score, nous serons vainqueur. Il venait de réaliser que les points cette fois se compteraient en vies humaines.

Le couloir du rez-de-chaussée était désert et Harry se dépêcha de rejoindre le Hall, laissant derrière lui la salle des Quatre Maisons comble de murmures et de nouvelles stratégies. Il commença à grimper les marches du Grand Escalier quand il entendit dans son dos, l'accent de Krum qui roulait les « r » de son nom. Le Bulgare fut près de lui en quelques enjambées.

- Harry ! fit-il encore en lui prenant les mains et les serrant avec enthousiasme. Comment vas-tu ?

Harry essaya de le rassurer le mieux qu'il put.

- Ce n'était rien, Viktor, assura-t-il en souriant. Juste un cognard derrière les oreilles. Vous savez ce que c'est… On reste sonné un moment et puis on repart à l'attaque…

Krum fronça ses sourcils broussailleux et scruta son visage comme s'il pouvait lire les signes d'un quelconque malaise.

- Oui… Tu as l'air d'aller aussi bien que possible, fit-il.

Il lâcha le jeune homme, un peu embarrassé de tant de transport.

- On a dit que tu étais mort, tu sais… et j'ai eu très peur d'avoir perdu un ami…

- Je vais bien, répéta Harry. Et vous…

Il hésita. Krum venait de l'appeler son ami, il ne pouvait le traiter de professeur sans paraître distant.

- Et toi ? reprit-il. Tu n'étais pas dans la grande salle pour le repas de ce soir. Ce n'est rien de grave, j'espère… Tu as eu des nouvelles de ta famille restée en Bulgarie ?

Krum secoua la tête, mélancolique.

- Non. Je n'ai pas de nouvelles de ma mère depuis longtemps à présent.

Il soupira et d'un geste de la main écarta le sujet :

- Un dîner m'attend dans mon appartement. Tu veux bien le partager avec moi… Si tu as déjà dîné, tu peux venir quand même. Je n'aime pas manger tout seul.

Un peu gêné, Harry ne savait comment refuser sans blesser Viktor Krum. Il n'eut pas besoin de s'excuser longtemps. Sur le palier du deuxième étage, Ellen McGregor l'attendait déjà. Krum l'interrompit de la main.

- Je comprends… dit-il. Qui voudrait passer une partie de sa soirée avec un professeur…

Harry ne savait comment démentir les conclusions de Krum. Le jeune professeur se méprit sur son trouble.

- Il n'y a pas de honte à préférer la compagnie de sa tendre amie à n'importe quelle autre, tu sais. Surtout après une journée comme celle que tu as vécu. Tu as bien de la chance, Harry. Elle semble beaucoup tenir à toi

Il sembla hésiter, comme s'il voulait ajouter quelque chose, mais il se tut.

- Viktor ? s'inquiéta Harry. Quelque chose ne va pas ?

Krum secoua la tête à nouveau.

- Ne perds pas ton temps avec moi, Harry. Va la rejoindre. C'est important de passer du temps avec ceux qu'on aime.

Il fit un pas en arrière pour continuer à monter les marches. Il revint vers Harry et n'osa ni lui serrer la main à nouveau, ni poser la sienne sur son épaule comme il en esquissait le geste.

- Je suis avec toi, Harry. J'ignore ce que je pourrais faire pour t'aider concrètement, mais je te jure que je serais à tes côtés le jour où tu auras besoin de moi…

Puis il leva la tête vers le haut de l'escalier où Ellen attendait toujours. Il repartit sans un mot, laissant Harry un peu troublé. Le jeune homme entendit Ellie souhaiter le bonsoir au professeur quand il passa devant elle, et son pas léger qui dévalait les marches.

- Qu'est-ce qu'il a voulut dire ? interrogea-t-elle à voix basse.

Harry haussa une épaule.

- Tu crois que cela a un rapport avec son absence au repas, en même temps que les autres ?

A nouveau Harry souleva une épaule. Il poussa un long soupir et, sa main dans celle d'Ellen, il prit le chemin du laboratoire secret.

Il n'évoqua pas, lors de leurs discussions, l'attitude un peu étrange de Krum. Tout d'abord parce que la seule explication qu'il entrevoyait à son comportement lui donnait des sueurs froides, ensuite parce que Ron et Hermione semblaient à nouveau en harmonie et qu'il ne voulait pas briser cet équilibre, qu'il sentait fragile, en parlant de ce qui ne manquerait pas de les diviser.

Il fut d'ailleurs assez occupé à persuader Luna, que oui, elle avait bien prononcé ces paroles étranges qu'il était allé piocher dans la mémoire de Betsie Singleton, et qu'elles ressemblaient à s'y méprendre à celles d'une prophétie. Ginny et Hermione se hâtèrent d'essayer de l'interpréter.

- Il n'y a pas à réfléchir trente six ans ! trancha Ron, un peu nerveux. De quoi voulez-vous que ça parle ? Des mangemorts de Voldemort qui mettront l'école à feu et à sang !

- Je ne suis pas d'accord ! le coupa sa sœur. J'imagine mal le mot d'espoir accolé à celui des mangemorts.

- Sans doute ! admit Ron. Je ne sais pas ce que ce mot vient faire là ! Mais faisons les comptes : heures les plus sombres, ombres, mort, colère, peur, effroi, combats, vindicte, tout ça répété plusieurs fois… Ton espoir ne fait pas le poids ! C'est pas bon pour nous, crois-moi ! Ça m'a tout l'air de raconter l'histoire de la prise de Poudlard par les cagoulés du Seigneur des Ténèbres, même si son nom n'est pas clairement prononcé ! Et cette bannière, je ne sais pas pourquoi mais ça me fait furieusement penser à la marque des Ténèbres également… Non, tout ça ne me dit rien qui vaille. Je crains que ceci ne soit que la prédiction du revirement des Salamandres dont Nott doit se charger. Ce sont eux qui feront pencher la balance en faveur de l'un ou de l'autre des partis en présence et là…. C'est pas bon pour nous !

Il secoua la tête d'un air sombre.

- Il n'a pas tort, en ce qui concerne les Salamandres, approuva Neville. Mais je crois comme Ginny que l'espoir est permis tout de même… Ecoutez : Aux heures les plus sombres, ils viendront. Ombres nées de l'Ombre, la mort dans une main, dans l'autre la colère, ils ouvriront le chemin. Et la peur et l'effroi saisiront les cœurs à l'heure des combats. Aux heures les plus sombres, ils viendront. Ombres nées dans l'ombre, l'espoir dans une main, dans l'autre la vindicte, ils montreront le chemin. Et tous suivront leur bannière. Aux heures les plus sombres, avant que l'aube se lève.

Il lisait le texte qu'il avait copié à la hâte quand Harry l'avait répété pour ses camarades. Il le lut deux fois, en détachant chaque phrase l'une de l'autre.

- C'est comme s'il y avait deux parties. Une qui concerne les ombres nées de l'ombre et l'autres les ombres nées dans l'ombre… Ce n'est pas pareil. L'une la mort, l'autre l'espoir. Non, tout ce que nous dit cette prophétie et dont nous pouvons être sûrs c'est qu'ils viendront… et ceux qui croyaient pouvoir éviter de se battre se trompaient…

Ron ne put que souscrire à cette conclusion. Ginny refusa de ne voir que le coté négatif de la prédiction. Elle se tourna vers Hermione qui avait pris le papier de mains de Neville et le relisait encore et encore comme si la signification allait lui sauter au visage d'un instant à l'autre.

- Si vous estimez que c'est si important que cela, dit soudain Luna, pourquoi n'en avez-vous pas parlé aux professeurs ? Je suis sûre que le professeur Dumbledore saurait traduire cela en langage clair…

- Dumbledore doit être déjà informé, Luna ! fit Hermione. Puisque Nick-Quasi-Sans-Tête et Dame Agnes étaient présents lors de cette séance ils n'ont pas manqué d'aller prévenir le Directeur de ce qui venait d'arriver.

- Ce que je ne comprends pas, c'est pourquoi Lavande et Parvati ont été choisies pour recueillir la prophétie, réfléchit Neville.

- Mais parce que ce n'étaient pas à elles qu'étaient destinés ces mots ! répondit Hermione. Sinon, la voix de l'au-delà aurait continué à faire parler Trelawney puisque ces deux là la vénèrent comme une déesse antique !

- Tu ne crois pas que c'étaient Dawson ou même Grenouille qui étaient visées ! se moqua un peu Ellen.

Hermione leva vivement la tête vers elle, une lueur de profonde réflexion au fond des yeux.

- Et si justement c'étaient à elles qu'étaient destinées ces paroles ? Je pensais plutôt aux deux spectres, mais à présent que tu me rappelles la présence de ces deux-là…

- Voyons, Hony, c'est ridicule ! essaya Ron maladroitement.

- Et pourquoi ? fit Hermione. A quoi servent les prophéties d'après toi ?

- A pourrir la vie de ceux qu'elles concernent ! laissa échapper Harry dans un grognement.

Hermione se mordit les lèvres.

- Les prophéties sont des avertissements… intervint Luna. Non pas pour empêcher ce qui doit arriver, mais pour que ceux qui sont concernés soient préparés à affronter ce qui les attend.

- Parfaitement ! approuva Hermione. Et qui mieux qu'une bavarde impénitente que Dawson pourrait propager la nouvelle. Neville l'a bien souligné : ceux qui pensaient pouvoir éviter les combats avaient tort. Il faut que nous soyons prêts, et plus que prêts !

- Et pourquoi Betsie ? l'interrompit Ellen d'un air soucieux.

Hermione ne répondit pas tout de suite. Ce fut Ron qui le fit à sa place.

- Parce que c'est une Serpentard… dit-il d'une voix qui n'était pas aussi ferme qu'il l'eût souhaité. Et que des Serpentard dépendra le sort des combats…

Il y eut un silence. Comme dans la Salle des Quatre Maisons, songea Harry. Et comme dans la salle des Quatre Maisons, ces mots s'élevèrent :

- Alors, nous, les Serpentard, savons ce que nous avons à faire…

Ellen McGregor défiait du regard chacun de ceux qui étaient là autour de la table. Harry avança la main vers la sienne, mais elle la ramena vers elle, se redressant avec fierté.

- Ni Dawson, ni Betsie ne parleront… fit Harry. Lavande et Parvati leur ont fait la leçon.

- Quelque chose filtrera quand même, estima Hermione. Je crois que nous devons aider cette rumeur à se répandre.

- Tu es folle ! s'indigna Ron. C'est comme si tu annonçais à chacun dans cette école qu'ils sont sûrs de mourir pour une cause perdue ! Et je ne suis pas certain qu'ils soient sensibles à toute parole d'espoir ! ajouta-t-il à l'intention de Ginny qui ouvrait la bouche pour le contredire.

- Ils réagiront comme Lavande et Parvati, reconnut Harry. Ils préfèreront nier l'évidence. Et pourtant, à quoi servirait cet avertissement si nous le gardions pour nous ?

- On n'a pas besoin de tout dévoiler… émit Neville avec circonspection. On pourrait peut-être jouer sur le fait que c'est Luna qui a fait cette prédiction…

Il jeta un regard désolé à son amie. Elle haussa les épaules.

- Personne ne me croit jamais, de toutes façons, fit-elle avec désinvolture.

- Il y en aura toujours pour te croire cette fois, ronchonna Ron. Les Salamandres pour commencer qui trouveront là encore un beau prétexte pour pavoiser.

- Laisse-les donc croire que cela annonce leur victoire… murmura Ellie. Bien sûr certains des nôtres vont s'affoler… Ils voient presque tous cette histoire comme une aventure excitante. Ils ont hâte de se battre, mais ils ne pensent pas qu'ils pourraient mourir… Et quand ils buteront sur leur premier cadavre… Ce sera la panique. C'est ce que nous dit cette prophétie, si c'en est une. Et si c'est un avertissement, alors à nous d'en tirer parti, puisque nous voilà avertis…

- Mais comment ? demanda Ginny.

Harry gratta sa cicatrice nerveusement. Il se sentait abattu et impuissant.

- Et moi qui viens de leur faire un discours pour les inciter à me soutenir dans la bataille… murmura-t-il.

- Tu leur as chanté Scots Wha Hae ? se moqua Ellen doucement.

Harry leva les yeux au ciel.

- Quelque chose qui ressemblait au premier couplet… avoua-t-il, désenchanté.

Ellen se mit à rire, à la surprise de tous. Elle se rapprocha de lui et mit son bras sur ses épaules effondrées.

- Alors trouvons-leur quelqu'un pour leur chanter le reste de la chanson… proposa-t-elle.

- Toi ? fit Ginny, avec un sourire triste.

- Non ! se récria Ellie. Quelqu'un de bien plus crédible que moi.

- Un professeur ? s'étonna Luna.

- Je doute que mon oncle… Commença Neville.

- Tu veux parler de Viktor Krum ? interrompit Hermione avec sérieux.

- Qui mieux que lui pour nous parler de ce dont sont capables les mangemorts…

- Il nous en a déjà parlé… fit Ron d'une voix mal assurée.

- Il nous a parlé de stratégie et de tactique, admit Ellen. Mais je suggère que cette fois il nous parle de ce qu'il reste quand ils vident les lieux…

- Il ne peut pas faire ça… trancha Neville, pâle et tremblant… Ce n'est pas au programme…

- Elle ne parle pas du cours ! s'agaça Ginny, nerveuse elle aussi. Tu veux que nous l'invitions au club de Duels ?

- On ne peut pas faire ça ! s'écria Hermione. C'est inhumain ! Toutes ces choses qu'il a vues !

- Ou qu'il a faites… murmura Ron. Ce doit être pire que ce que nous avons vécu nous-mêmes…

Il frissonna et frotta son bras pour en chasser la chair de poule.

- Il refusera ! prévint Ginny.

- Alors j'irai le voir, dit Harry. Je lui demanderai de venir nous parler des attaques des mangemorts. On ne le prendra pas au dépourvu. Je lui expliquerai. On fera ça un soir de la semaine prochaine, tous ensemble, pour qu'il ne soit pas obligé de revivre ces moments plusieurs fois. Sur le cours de Ginny et Ellie, par exemple. Ensuite, quand tous auront entendu ce qui les attend réellement, ils prendront leur décision.

A nouveau le silence emplit la pièce et personne ne répondit quand Harry demanda s'il y avait des objections.

- Bien ! fit-il alors. La séance est levée.

Mais personne ne se décidait à bouger. Seule Ellen tressaillit brusquement. Elle sortit vivement son parchemin et tous trouvèrent cette diversion d'un intérêt fabuleux.

- C'est Nott ? demanda inutilement Ron pour rompre ce silence qui faisait résonner ses pensées dans sa tête.

Hermione se blottit dans ses bras pour se rapprocher un peu de la feuille blanche où s'imprimaient déjà les codes de transmission.

Tous ramenaient leur siège vers Ellen. Harry s'appuyait presque sur son épaule. L'écriture pressée de Nott était un peu moins élégante que d'ordinaire. Un peu plus nerveuse, aurait-on dit.

- Bonsoir, écrivait-il. Comment va Potter ? Est-il là ?

Personne n'osa formuler de commentaire. Ellie interrogea Harry du regard. Il lui fit signe de répondre qu'il était bien là et qu'il allait le mieux du monde.

- J'espère que je ne dérange pas, continuait Nott. Je voulais juste savoir s'il avait assisté à l'entrevue dans les cachots.

A nouveau Harry hocha la tête.

- C'est…

Quelques secondes passèrent avant que la suite de la phrase apparût.

- C'est… bien. Que nous réserves-tu encore, Potter ? Non, ne dis rien ! Je préfère avoir la surprise, c'est plus amusant…

Harry se pencha à l'oreille d'Ellen, comme si Nott eut pu entendre ce qu'il lui disait :

- Demande-lui si la visite de la cachette des baguettes est toujours d'actualité… souffla-t-il.

- Ce soir même… répondit Nott. Je suppose que cela se passera quand Goyle et Crabbe seront endormis. En général, à cette heure-ci les fantômes ont renoncé à surveiller la place… Mais si l'esprit d'un vivant veut se joindre à nous… Cela m'évitera de prendre des risques en faisant mon rapport…

Ellen interrompit le sujet pour transmettre les demandes d'Hermione concernant le nombre de baguettes, puis elle enchaîna sur la question du contact de Malefoy. Nott se montra intéressé par les conclusions de ses camarades et ne promit pas qu'il essaierait d'en savoir davantage. Il prit congé sur une dernière allusion moqueuse et un « à tout à l'heure, Potter » que Ron trouva ironique.

Ellie reposa sa plume et se tourna vers Harry.

- Il n'est pas question que tu te rendes là-bas ! scanda-t-elle sans laisser à son ami le temps de reprendre une place plus confortable. C'est trop dangereux !

- Voyons, Ellen… Je risque bien moins que cet après-midi…

- Deux transes dans la même journée, c'est un peu beaucoup non ? grimaça Ron.

- Sans compter le coup sur la tête… ajouta Neville.

- Nott nous donnera les résultats de ses investigations demain, c'est largement suffisant, renchérit Hermione.

- D'ailleurs, reprit Ron, je suis sûr qu'il t'a lancé cette invitation à dessein… Il semble s'y connaître en narcomancie. Il ne doit pas ignorer les dangers de celle-ci.

- Pourquoi ? s'étonna Luna.

- Pour le mettre en position de faiblesse… le prendre en défaut… suggéra Ron.

- Mais pourquoi ferait-il cela ? insista Luna.

Ron se mit à sourire en regardant Ellie McGregor du coin de l'œil.

- Pour plusieurs raisons, répondit-il. Et j'en vois une juste en face de moi…

Ellen haussa les épaules, les yeux au ciel.

- Je t'en prie, Weasley ! Tu ne vas pas t'y mettre aussi, par pitié !

- Mais cela crève les yeux, McGregor ! répliqua Ron. Et je vais même t'en donner une preuve, puisque tu insistes. Harry nous a raconté cet après midi que Nott aurait bien voulu faire un pendant à notre trio à Harry, Hermione et moi…

- Et alors ? défia Ellie, sur ses gardes toutefois.

- Alors, voilà comment je vois les choses : Malefoy face à Harry, toi face à Hermione, et lui face à moi…

- Et alors ? répéta Ellie avec hauteur.

- Alors ? Comme Hermione et moi… toi et lui !

Très fier de sa démonstration, Ron passa son bras sur l'épaule d'Hermione en souriant d'un air satisfait, alors que la jeune fille secouait la tête, désabusée. Tout le monde attendait la réaction d'Ellen, Harry le premier. Celle-ci lui rendit son sourire :

- Ce serait très juste en effet, Weasley, si tu ne partais d'un principe erroné. Tu te places du point de vue de Malefoy. Or Nott a trop conscience de sa valeur pour ne pas se poser en chef. Donc, c'est lui qui s'opposerait à Harry. Et Malefoy, il le renverrait à la place que tu occupes, non pas la deuxième, mais la troisième derrière moi. Et si tu veux mon point de vue à moi, c'est moi qui mériterais la première place dans notre groupe…

Ginny se mit à rire.

- Tu as encore raté une occasion de te taire, Ronnie !

- Vous oubliez une chose, tous les deux ! trancha Hermione. Il n'y a rien de commun entre nous trois et n'importe quel trio que pourrait monter Malefoy et compagnie. Nous sommes des amis. Et nous avons confiance les uns dans les autres. Nous nous sommes parfois disputés. Nous n'avons pas toujours été d'accord. Mais il n'y a entre nous aucune relation d'intérêt. Il n'y en a jamais eu. Et il n'y en aura jamais. Quelle que soit la nature que pourront prendre nos relations dans l'avenir. Ça, c'est bien une chose dont je suis certaine. Alors assez parlé de ça ! Ça n'a aucune importance ce que pense Nott au sujet d'Ellie. L'important, c'est qu'elle soit près d'Harry et qu'Harry sache qu'il n'a aucune raison de douter d'elle. N'est-ce pas ?

Harry fixa Hermione un moment, puis il remonta ses lunettes sur son nez :

- Et quel rapport cela a-t-il avec le fait que je doive ou non recommencer une transe ce soir ?

Hermione se mordit les lèvres et ne répondit pas.

- On n'a qu'à demander au Baron de terminer sa ronde un peu plus tard ! fit Ginny avec nervosité.

- Mais je suis curieux de savoir ce qu'il va pouvoir dire à Malefoy au sujet de son contact. Et surtout de ce que Malefoy va lui répondre… renâcla Harry.

- La curiosité tua le chat ! riposta Ellen.

- Je ne suis pas un chat ! Et ce n'est pas réellement de la curiosité, c'est… de l'information ! s'exclama Harry. Et puis Neville et Ron seront là !

- Et que fais-tu de Dean et Seamus ? demanda Ginny.

- Ils dormiront ! Et s'ils ne dorment pas, on les y aidera ! Oui bien on les mettra dans la confidence, puisque tu estimes qu'on peut leur faire confiance !

Il se retourna vers Ellen :

- Et de toutes façons, tu ne peux pas m'empêcher de faire ce que je veux ! Tu ne le sauras pas !

- Je prendrais la Carte ! Et dès que je verrais ces deux-là s'approcher de toi, j'appellerai Peeves et je te l'enverrai !

- Ça, ça m'étonnerais ! Parce que la Carte c'est moi qui l'aurai ! J'en ai besoin pour savoir quand me mettre en transe…

Il tendit la main sur la table et se concentra avec hargne sur l'image de la Carte dans son esprit. Elle apparut au bout de quelques secondes dans sa paume. Il la rangea aussitôt dans la poche de sa robe avec défi.

- On veillera sur lui, assura Ron.

- Oui, on sera là, dit Neville.

Ellie se rendit dans une grimace destinée aux trois garçons.

- Fichus Gryffondor ! grinça-t-elle.

Hermione s'aperçut qu'il était presque l'heure d'annoncer le couvre-feu à leurs camarades. Elle rappela à Harry qu'il ferait bien de commencer les révisions pour les examens de la semaine dès le soir même. Tout le monde souffla d'impatience, ce qui ne la troubla pas le moins du monde. Neville quitta la pièce pour accompagner Luna jusque chez les Serdaigle. Les Préfets descendirent dans la salle des Quatre Maisons pour faire rentrer les élèves dans leurs salles communes. Ellie les suivit et Harry la suivit, elle, à quelques pas. Elle ralentit le pas pour se laisser rattraper.

- A demain… murmura-t-elle. Tu as conscience que je ne vais pas dormir de la nuit et que ce sera ta faute…

- Je viendrai te dire bonsoir quand j'en aurai terminé dans le cachot de Malefoy… railla Harry avec une pointe de fanfaronnade.

- T'es pas cap… provoqua-t-elle tout en entourant son cou de ses bras.

Il ne répondit pas. Il l'enlaça et l'embrassa doucement avant de la laisser partir vers le rez-de-chaussée. Elle se retourna plusieurs fois, la main sur la rampe de l'escalier, puis elle disparut tandis que montaient déjà, par petits groupes, les Maisons des Gryffondor et des Serdaigle.


RAR

daniet : J'ai adore. Mais je n'apprecie que moyennement la facon dont tu nous presntes Dumbledore. Je sens que tu vas nous le faire disparaitre histoire qu'Harry se debrouille vraiment sans lui. Mais dans ce cas la, s'il te lpait fait le partir a la retraite...Mais ne le tue pas, je ne le supporterai pas! Dumbledore à la retraite ? Il ne le supporterait pas ! En plus tu viens de me mettre en tête l'image du dessin animé Merlin l'Enchanteur : Dumbledore en chemise à fleurs coulant une retraite dorée à Hawai ! Bon sinon, pour le reste, j'ai bien rit, meme si tout n'etait pas sense etre drole. Mais que veux-tu? je viens de m'installer en Russie a trente bornes de la tchetchenie alors forcement, la ou je suis l'ambiance est un peu lourde avec des flics partout. Alors lire ta fic est un vrai plaisir... et comme je n'ai pas internet chez moi depuis que je suis arrivee en Russie, je me suis meme amuser a copier tous tes chapitres sur macle USB dans un cafe internet pour pouvoir les lire sur ;on pc chez moi! Argh ! Tous ces efforts !Faut que j'assure alors ! D'ailleurs dans celui la j'ai trop ri avec le dobre vecer. Forcement en tant que russophone et vu que ca ressembke enormemetn au russe le dodo vaisselle, ca m'a fait bien rire... Oui ça se prononce à peu près pareil (que le russe !). D'ailleurs les caractères bulgares sont des caractères cyrilliques et j'ai trouvé un transformateur qui les « traduit » en caractères latins. Parce que je dois l'avouer, je ne parle pas plus Bulgare qu'Hermione – et même moins ! sinon les Londubats menent l'enquete c'etait bien vu. definitivement, Neville est l'un de mes personnages preferes. On dirait que la perte de Trevor l'a completement rebooste plus qu'autre chose. Et puis, on sent qu'il faut se mefier avec lui. Il a l'air gentil comme ca mais mefions nous de l'eau qui dort. C'est aussi l'un de mes personnages préférés. Que nous réserve-t-il pour la suite ? et puis Hermione a la fin, alalalala. il faudrait vraiment qu'elle lache un peu du lest la pauvre. il faudrait qu'elle delegue un peu et qu'elle accepte de se reposer sur les autres. Sur Ron par exemple. Il est tout a fait capable de prendre les choses en main et de la soutenir. (…) on imagine qu'Hermione essaie de tenir la route parce qu'elle a du prendre ca pour une mission sacree. D'une part parce que c'est ce que ses amis attendent d'elle (ou tout du moins ce qu'elle pense que ses amis attendent d'elle) et d'autre part peut etre parce qu'elle imagine que c'est pour faire tout ca qu'elle a survecu a deux reprises en debut de sixieme annee. ha ! ce problème d'image !Entre ce qu'on est, ce qu'on voudrait etre, ce que les autres voient de nous, et ce qu'on leur montre… Ce n'est pas très évident ! Ni pour Hermione ni pour personne. en tout cas, j'espere que ca va s'arranger entre Ron et Hermione. J'adore vraiment ces deux personnages et l'un comme l'autre meriteraient un peu de repit... Et d'autres avec eux… mais la situation est-elle propice ?

Alixe : Bon, pour commencer, c'est pas que je m'intéresse plus à ta fic, mais j'ai pu Internet en journée, alors je serai plus la permière à poster une review, car je la lirai sans doute le vendredi dans le RER en allant au boulot (remarque, je serai maintenant en tête des réponses). Oui, c'est plus facile pour moi de copier coller l'ensemble des reviewes et de faire une réponse groupée…
Bien aimé ce chapitre. Les jeunes prennent leurs responsabilités, nous sommes sur els charbons ardents pour la suite... oui, moi aussi…

Maugreyfiliae : Je ne sais pas pourquoi, mais dans la dernière phrase j'ai établi une relation avec l'attaque des Détraqueurs sur poudlard, lorsque Rogue choisit Neville pour représenter Serpendtard. Ellen et Neville s'entendent assez bien. Ils ont tout les deux assez de courage pour relativiser dans les situations les plus difficiles, ils savent lire entre les lignes... Lorsque il rit avec Ellen, je me suis dit que Neville avait quelques-unes des "bonnes" qualités de la maison Serpentard, celles qui faisaient qu'elles méritait de compter parmi les quatre maisons de poudlard. Neville le Gryffondor qui a des qualités Serpentard? Et pourquoi pas? Ben oui pourquoi pas ? On s'est toujours demandé ce qu'il faisait à Gryffondor… Mais Neville/Serpentard… non, je n'y crois pas… Il s'entend bien avec Ellie, c'est tout. Et je ne crois pas que la place à Poudlard se mérite : les quatre Maisons ne font pas partie de Poudlard. Elles sont Poudlard. Sinon... tu voulais savoir ce qui m'a fait penser à une ressemblance entre Rogue et Nott... (…)Tous les deux ont leur fierté, mais pas d'arrogance. Là je ne suis pas certaine d'être d'accord avec toi. Il m'est arrivé de trouver Rogue très arrogant. Quant à Nott… il adopte un profil bas pour l'instant, mais qui sait…

Lyane : Passage rapide pour une review... Très bon chapitre, on commence vraiment à cerner les personnalités de chacun, et le dernier combat contre Voldy se rapproche rapidement. Un excelent chapitre, je crois que je vais le relire dès que je trouverais le temps...A bientôt! Merci d'avoir pris le temps de laisser un message !

chrys63 : quel chapitre palpitant que d'angoisse et albus est magnifique j'espere qu'il aura éclairé harry et qu'il ne fera pas une betise. Avec Harry, on n'est jamais sur de rien !
Bon les choses tournent mal entre hermione et ron. je sens qui si elle ne fait rien c'est le début de la fin. mais c'est vrai que victor est un peu bouché et je me demande comment il fait pour ne pas voir qu'ils sont ensemble enfin l'amour rend aveugle. L'amour ou autre chose… Donc la fin est proche très proche j'espere que les chap suivant vont etre aussi passionnant. Hahahaha ! et hop un petit peu de pression en plus ! Donc je me demande qui est le traitre? j'aimerais bien que se soit un gryffondor(flashback au sale petit rat)? l'histoire qui se repete. Mais à force de se répéter, elle risquerait de bégayer…Si j'ai bien compris hermione va se faire envoyer des baguettes qui se transforme en poulet une spécialité des weasley. C'est ça… Comment va tu faire entre les mangemorts? Ya le choix : les souterrains, les passages secrets, la grande porte, un portoloin, les cheminées… Certains moyens sont plus compliqués que d'autres à mettre en œuvre c'est vrai… Et puis il reste encore la diligence… mais la reflexion de neville est plutot intéressante. j'aime bien que tu développe son personnage et qu'il prenne de l'assurance et devienne un moteur des investigations. Ben oui, après tout… les petites cellules grises d'Hercule Poireau valent autant que l'énergie dépensée par Starsky et Hutch… (oui je sais mes références datent un peu… )

Akeri la malicieuse : sa serait vraiment bien que cette histoire avec viktor finissent par se réglé. Je pense qu'il peut être assez grand pour comprendre si l'ont le lui explique vraiment. et sinon, et bien, au moins assez amture pour passez par dessus, et hermione ferait vraiment mieux de ce dépècher de le faire, parce que sinon, BOUM! Hahahhahahahahahaha ! oui comme tu dis…

Choups : Finalement, j'ai envie qu'il y ait de l'action, là... Après toutes les discussions, suppositions, etc qu'ils ont fait, j'ai envie que ça arrive... Oui et nos héros aussi. C'est fatiguant d'attendre que quelque chose arrive… Pauvre Hermione... Ron il est vraiment... paranoïaque ?... Ron n'est pas paranoïaque ! Il a juste une vision un peu déformée des choses… On ne peut pas dire qu'il ait vraiment tort dans l'absolu… Mais comment appliquer un principe d'absolu quand on vit dans un monde tout en nuances ? Heureusement qu'elle est vraiment... "Hermione" parce que sinon je crois que ça ferait longtemps qu'ils seraient plus ensemble, ces-deux là, je pense... On se demande déjà comment ils peuvent l'être !
Comme disait Maugreyfiliae, Nott ressemble énormément à Snape dans le fait d'être "double espion", pour le "bien", pour le "mal", ou bien tout simplement pour lui-même... Mais Nott se sacrifie beaucoup en fait, et franchement je le plains, de devoir aller dans un sens sans quitter l'autre... Enfin j'me comprends. Effectivement, c'est très difficile de suivre sa propre route quand on est à la fois poussé d'un côté et tiré de l'autre… Nott est un funambule qui avance les yeux bandés sur une corde tendue à se rompre, sans balancier et sans filet. Une semaine, UNE semaine avant Noël... avant les vacances, une dizaine de jours avant Noel.

Angel's Eyes : Très intéressante petite conversation avec Dumbledore! J'ai pas compris pourquoi Harry tout à coup décidait d'affronter Voldemort tout seul loin de Poudlard... sûrment un élan suicidaire... Comme d'habitude, ce travers Gryffondor de vouloir jouer les héros… D'ailleurs je me demande de plus en plus comment tu vas orchestrer la grande bataille finale... mouais… moi aussi !

Voldemort : Encore un chapitre géniale mais j'ai lu un truc effrayant alors comme ça ta formidable fic se termine à noel, snif je suis dépité franchement, je pensais qu'elle irait un peu plus loin, bon c'est vrai que si je m'écoutais j'aurais même voulu qu'elle continu jusqu'à la prochaine génération de PotterMacGrégor. Qui te dis qu'il y aura une nouvelle génération de Potter et/ou de McGregor ? Et de Potter-McGregor encore plus ?

Sined : Y'a pas à dire, toujours aussi magnifique et prenant... En même temps j'ai hâte que ça finisse (d'ailleurs, ça sent de plus en plus la fin... Serait-ce prévu pour les vacances de Noël ?), et en même temps, je voudrais que ça continue longtampes. C'est un dilemme… pour vous autant que pour moi d'ailleurs…lol mais il faut bien terminer un jour.

Etincelle de Vie : Si j'ai bien compris, il se pourrait que Voldemort attaque avant le début des vacances! Il peut attaquer n'importe quand, c'est ça qui est effrayant. Hermione doit absolument régler son problème entre Krum et Ron parce que ça devient agaçant à la fin! Il ne reste plus beaucoup de jour avant l'offensive et ils trouvent encore le moyen de gâcher ce qui pourrait être leurs derniers moments de bonheur! Oui, mais c'est Ron et Hermione, ça… incapables de se dire qu'ils s'aiment autrement qu'en se criant dessus… Enfin, c'est comme ça que je les vois, hein ; Cela n'engage que moi.