Hello hello, je profite d'avoir pris de l'avance dans l'écriture pour poster un chapitre par semaine. Peut-être que ça ne sera pas toujours le cas, mais je vais essayer d'être régulière aussi longtemps que possible ! Merci pour vos retours, et bonne lecture à toutes et tous :D


Hermione se rendit à la première heure à son QG, devançant même une Astoria plutôt zélée d'ordinaire. Il faisait encore nuit dehors, mais la jeune femme avait une enquête à mener. Elle devait trouver une bombe.

La bombe mentionnée par Malefoy dans sa missive moqueuse de la veille. Elle y avait réfléchi toute la nuit, et la conclusion était la suivante : il y avait quelque part ici des informations compromettantes sur la manifestante d'hier. C'était lui qui les avait finalement divulguées, mais visiblement, compte tenu de la réaction de ses amis la veille, ils en avaient eu connaissance avant le flash de Wizards Chanel.

Or, il était inconcevable que de telles preuves se trouvent ici. On pourrait l'accuser d'être responsable de délation, et ce genre de méthodes, ce n'était pas son genre.

Sans parler du fait qu'elle ne comprenait pas, malgré tous ses efforts, pourquoi Malefoy avait fait ça. S'il s'était agi d'un individu normal, elle aurait pensé qu'il essayait de la remercier de l'avoir défendu en public. Mais en l'occurrence, cela ressemblait plutôt à une blague, ou à un genre de test. En réalité, c'était plutôt le "pourquoi" qui intéressait Hermione, plutôt que le dossier en lui-même. Les agissements de Drago Malefoy étaient toujours imprévisibles...

Et cette recherche effrénée lui permettait d'éviter de penser aux vrais problèmes qui la concernaient dans l'immédiat.

Aussi, lorsque le leader du parti progressiste, Remus Lupin, transplanna directement dans ses locaux, elle était accroupie devant un rayonnage et retournait des piles de dossiers.

"Hermione ? lança Lupin en se raclant la gorge pour signaler sa présence."

La jeune femme bascula en arrière de surprise, et dévisagea l'intrus assise sur les fesses. Ce n'était certainement pas les conditions idéales pour se faire rappeler à l'ordre.

"Remus ! le salua-t-elle en se redressant d'un bond."

Elle frotta ses mains l'une contre l'autre pour éliminer d'éventuels résidus de poussière, et lui serra la main avec une légère appréhension.

"Comment vas-tu ? demanda-t-il d'un ton neutre.

- Euh... Et bien, ça va. Aussi bien que possible compte tenu du fiasco d'hier soir... Je suis vraiment désolée."

Elle préférait d'emblée faire amende honorable pour évacuer ce sujet épineux, quitte à reconnaitre des torts qu'elle n'estimait pas avoir. Après tout, elle n'avait fait que se défendre face à des attaques calomnieuses.

"Ce n'est pas tellement ce que tu as dit en première partie d'émission qui me pose problème, tu le sais. Qu'est-ce qu'il t'a pris de descendre Thomas en flammes, comme ça ? Ça ne te ressemble pas. On a besoin de tout le monde et de resserrer les rangs après ces élections, pas de dispersion et de rivalités entre nous. Tu sais combien c'est important pour moi que notre groupe soit soudé."

Hermione baissa la tête, contrite. Bien sûr qu'il avait raison, elle était sortie du rang, et méritait ces remontrances. Elle avait toujours respecté l'autorité, et d'autant plus lorsqu'elle admirait ses professeurs ou, ici, son leader. Lupin était les deux à la fois. Elle ne pouvait que faire profil bas si elle voulait revenir dans ses bonnes grâces.

"Je sais bien que cette journaliste t'a poussée à bout, mais tu ne peux pas réagir au quart de tour à chaque fois qu'ils essayent de te piquer, tu connais les règles du jeu, repris Lupin avec un air sévère. Et tu n'as pas dévié lorsqu'il a été question de ta relation avec Malefoy, tu es restée calme. Qu'est-ce qui t'a poussée à sortir les crocs face à ton allié politique ? Normalement, tu aurais dû faire l'inverse, quitte à attaquer cette crapule de Malefoy."

Lupin avait vraiment l'air de ne pas comprendre son comportement, et de chercher à faire émerger les vraies raisons de son dérapage. Hermione se mordit l'intérieur de la joue, hésitante. Elle n'était pas sûre elle-même de comprendre sa propre réaction.

"Il a trahi nos valeurs. Mes valeurs, finit-elle par lâcher. Il a provoqué une émeute, il a appelé à la violence non seulement contre une personne, mais contre le résultat d'une élection. C'est inacceptable, pour moi, et je me suis sentie obligée de m'en désolidariser. Je ne veux pas être associée à ce genre d'individus. Et Malefoy n'a rien fait lui, à part gagner. C'est Thomas qui me pose problème !

- Alors, quoi, on le vire du groupe et on perd un vote ? demanda sèchement Lupin en haussant les épaules, comme si c'était l'idée la plus saugrenue du monde.

- Et pourquoi pas ? répliqua Hermione avec un air de défi.

- On ne s'est pas battus pour construire un groupe compact et capable de voter des lois pour tout ruiner au moindre désaccord ! Je n'en reviens pas d'entendre ça. Tu as fait partie de l'Ordre. Tu crois qu'on était tout le temps d'accord les uns avec les autres sur les méthodes à employer ? Non ! Pourtant, on est restés soudés, en fixant l'objectif, et on s'est battus pour le plus grand bien !

- Mais c'était LA GUERRE ! s'étrangla Hermione, choquée d'entendre ça."

Lupin ouvrit la bouche, et la referma aussi sec. Il se passa une main dans les cheveux d'un geste nerveux, et soupira d'agacement. Hermione lui faisait face, immobile. Ils avaient un désaccord, et c'était la première fois que ça arrivait. Probablement parce que jusqu'alors, Hermione avait suivi ses recommandations sans jamais les remettre en question ; elle était un bon soldat, elle était disciplinée.

Mais là, c'en était trop. Lupin agissait comme s'ils luttaient encore contre des ennemis assoiffés de sang et que leurs vies étaient menacées.

"On se connait depuis longtemps Hermione, et j'ai énormément d'estime pour toi en tant que personne. Mais si tu t'opposes de nouveau publiquement à un des membres du groupe, et que tu prends des initiatives catastrophiques encore une fois, je ne pourrai pas te défendre."

L'avertissement de Lupin claqua dans l'air, et Hermione ravala son envie de pleurer. Elle ne savait pas si c'était de la rage, ou plutôt un horrible sentiment d'injustice. Ou peut-être était-ce cette sensation de voir sa liberté entravée ?

Elle se contenta de hocher lentement la tête, et releva le menton pour montrer qu'elle encaissait le coup.

Elle était Hermione Granger. Elle savait courber l'échine et arriver à ses fins malgré tout.

Lupin la salua d'un signe de tête glacial, toujours contrarié d'avoir été contesté en tant que chef, et tourna les talons sans attendre.

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Astoria était arrivée peu après le départ de Lupin, et avait trouvé son amie assise dans son bureau en train de fixer le vide devant elle. Lorsqu'elle avait appris le contenu de leur échange, Astoria n'avait pu s'empêcher de grimacer. Remus était un de leurs proches, et ce bien avant de se lancer en politique, et le voir faire preuve d'autant d'autorité était déstabilisant.

Elle avait insisté pour accompagner Hermione en déplacement, mais cette dernière avait refusé, prétextant qu'elle n'avait pas besoin qu'on lui tienne la main pour accomplir son travail. Astoria craignait de nouveaux débordements et des questions embarrassantes de la presse, et elle avait espéré faire tampon. Mais c'était sans compter sur la volonté farouche de sa cheffe d'être indépendante.

Hermione s'était donc rendue seule visiter un centre de détention pour mineurs.

C'était là un des sujets qui l'avaient poussée à s'investir ; enfermer des enfants et des adolescents, quelles qu'en soient les raisons, lui semblait profondément contre-productif. Ces jeunes allaient ressortir écœurés, ils n'auraient rien appris de plus, n'auraient pas évolué pendant leur séjour. En l'état, les conditions de détention étaient terribles, et Hermione pensait que les sorciers pourraient s'inspirer des moldus. Elle voulait par exemple leur permettre de voir régulièrement des psychomages, de faire du sport, d'avoir accès à une instruction, et surtout de voir leurs proches plus d'une fois par mois.

Elle suivait le directeur du centre dans une coursive, écoutant attentivement ses explications, lorsqu'elle repéra derrière une porte ouverte un individu qui la fixait, mains dans les poches. Il portait un costume beaucoup trop cher pour parader avec devant des détenus. Hermione s'excusa auprès du directeur, et s'approcha de lui.

"Granger, tiens ! lança Blaise Zabini.

- Mais qu'est-ce que tu fais là ? s'étonna Hermione en croisant les bras sur sa poitrine."

Elle ne put s'empêcher de toiser le serpentard, dubitative. Depuis quand il faisait du social ? Mais le jeune homme ne s'en formalisa pas, et s'autorisa un petit sourire en coin.

"Et bien, il semblerait que les grands esprits se rencontrent. Je suis venu visiter le centre.

- Vraiment ? Le même jour que moi ? Et pour quoi faire ? le questionna Hermione à voix basse, pour ne pas attirer l'attention sur leur échange."

Parce qu'évidemment, si Hermione était venue sans journalistes, Blaise lui avait choisi d'effectuer la visite en présence de deux reporters de la Gazette. Or, au vu des évènements récents, c'était les dernières personnes qu'elle avait envie de fréquenter.

"J'envisage de proposer au ministre d'augmenter les effectifs des éducateurs, je viens donc voir ce qu'il en est sur le terrain. Est-ce que ça te parait légitime, ou tu veux que je m'en aille ? répliqua Zabini."

Hermione se décomposa un peu, déstabilisée.

"Je... Tu...

- Je rêve où je viens d'entendre Hermione Granger bégayer ? Je devrais peut-être prévenir la Gazette ! lança Zabini en amorçant un geste du bras vers les reporters."

Hermione s'empressa d'attraper ledit bras, et le tira vers le bas.

"Ok, je reconnais que je n'ai pas à questionner ta présence ici. Tu en as tout à fait le droit et ça ne me regarde pas. En plus, pour tout te dire, je trouve que c'est une excellente idée d'augmenter les effectifs ici. Ils ont besoin de monde..."

Blaise hocha la tête, retrouvant son sérieux.

"Ça manque d'encadrement. Tu as remarqué qu'ils n'étaient que trois pour surveiller la promenade ? Et cet immense pré vide, il...

- ... pourrait servir de terrain de sport. J'y ai pensé ! Avec des protections suffisantes, ils pourraient même jouer au Quidditch. Des études montrent que pratiquer un sport collectif développe les performances cognitives et favorise la confiance en soi et le lien avec les autres. Tu voudras que je t'envoie la thèse d'un professeur américain à ce sujet ?"

Blaise ne put s'empêcher de revoir la Hermione de Poudlard, qui trépignait sur sa chaise d'écolière en levant le doigt pour répondre la première, avec ses cheveux hirsutes et ses yeux brillant d'excitation. Il était forcé de reconnaître qu'à l'époque elle l'irritait profondément, et il ne niait pas avoir songé plusieurs fois à lui balancer un petit sortilège pour la faire taire. Mais maintenant... c'était différent. Cette fougue était presque... sexy ?

"Euh... Tu t'emballes un peu Granger, mais j'aime cet enthousiasme. Je pensais plus à l'angle "apprendre des règles de vie en groupe" et "se plier aux ordres du capitaine" mais soit, si tu veux développer leur bonheur, c'est bien aussi.

- Ce n'est pas... Bon, je t'enverrai cette thèse, et on en rediscutera ensuite, coupa Hermione en voyant un des reporters regarder dans leur direction."

C'est le moment que Zabini choisit pour lui asséner une grande claque dans le dos, ce qui était sûrement un geste amical de sa part, mais qui tombait plutôt mal. Hermione rangea une mèche de cheveux derrière son oreille pour se donner une contenance, et retourna voir le directeur pour poursuivre la visite.

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Elle franchit les portes du centre de rétention une bonne heure plus tard, et transplanna directement à l'assemblée pour y récupérer son nouveau badge d'accès. Ceux-ci étaient renouvelés à chaque élection, et son ancien badge était donc devenu obsolète. Et c'était urgent, elle ne pouvait pas attendre le soir pour l'obtenir : comment allait-elle accéder à la bibliothèque de l'assemblée sans ça ?

Aussi, lorsqu'elle entra dans l'immense bâtiment entouré de majestueuses colonnes, elle était la seule députée. D'ici quelques heures, l'illustre bâtiment qui jadis abritait le Magenmageot fourmillerait de monde. Mais en attendant, il était désert. Elle se précipita donc à l'accueil, et expliqua sa requête à une secrétaire quelque peu perplexe.

"Comment ça, les badges ne seront prêts que ce soir ? Vous faites tout au dernier moment, ici ? râla la jeune femme, qui voyait ses espoirs s'évanouir.

- Je suis désolée Madame Granger, mais effectivement, nous préparons les badges pour les remettre à l'ensemble des députés en même temps, lors de la cérémonie de création des groupes qui aura lieu ce soir.

- Bien... J'imagine qu'il ne me reste plus qu'à attendre, dans ce cas... céda la députée, résignée.

- Je t'ai connue plus coriace, Granger, marmonna une voix derrière elle."

Elle pivota sur ses talons, et se retrouva nez à nez avec Pansy Parkinson.

"Tiens, que fais-tu ici aussi tôt ? demanda Hermione, sincèrement surprise."

Décidément, elle ne faisait que rencontrer inopinément des serpentards, aujourd'hui. Et ils semblaient s'obstiner à la croiser dans des endroits où elle ne les attendait pas.

"J'avais un truc administratif à régler. Et toi, pourquoi tu veux ton badge en avance ? Oh attends... Laisse-moi deviner... Tu veux aller t'ensevelir sous une montagne de manuscrits dans les sous-sol de l'assemblée ?

- La bibliothèque n'est pas au sous-sol, rectifia machinalement Hermione, se trahissant par la même occasion.

- Trop prévisible, gloussa Pansy. Bon, assez de bavardages, j'ai une tonne de choses à faire avant la cérémonie de ce soir. Accroche-toi à ta culotte Granger, parce que ça va secouer !"

Et Pansy s'éloigna à petits pas pressés vers l'ascenseur le plus proche, laissant là une Hermione sur le qui-vive.

Qu'avait donc pu vouloir dire Parkinson ? Ce n'est pas comme s'ils étaient amenés à débattre ce soir-là. Ils allaient se contenter de s'asseoir à leurs places dans l'hémicycle, et de regarder le président du conseil annoncer les noms des groupes déclarés. Soit deux : les progressistes, et les conservateurs. Ensuite, il ferait un petit discours pour rappeler qu'en tant que députés, ils étaient investis d'une mission capitale. Puis ils boiraient une coupe de champagne français, bavarderaient poliment avec leurs adversaires, et rentreraient tous chez eux moins d'une heure après le début de l'évènement.

Les choses commenceraient à secouer le mercredi suivant, lors de la première séance de débats.

Hermione grimaça, toujours plantée dans le hall. Parkinson jouait avec ses nerfs. Il n'allait rien se passer du tout, elle était probablement juste pressée d'aller chez le coiffeur.

Car, quand bien même quelque chose était voué à arriver, Parkinson serait la dernière au courant : elle n'assistait que rarement aux séances, ne s'entendait que très peu avec les membres de son parti, et se contentait d'apostropher sèchement quiconque la contredisait. Elle était cependant sans arrêt sur le terrain, se mêlant aux gens pour manifester dans les rues, lançait des tas de pétitions et conseillait en sous-main de nombreuses associations et lobbyistes. Même si Hermione n'approuvait pas ces méthodes qu'elle jugeait brutales et désordonnées, elle devait bien reconnaître que Pansy semblait réellement engagée dans la cause qu'elle défendait : le féminisme. Or, cette cause tenait particulièrement à cœur à Hermione également, comme chacun le savait. La serpentard avait définitivement gagné son respect lorsque, en plein milieu d'un discours, elle avait abandonné son micro pour s'élancer dans les gradins, et demandé à un vieux député de se taire pendant qu'elle parlait. Car c'était récurrent : une proportion non négligeable de vieux bonhommes s'obstinaient à gesticuler et à discuter pendant que leurs homologues féminines s'exprimaient.

"Décidément Granger, on ne fait que se croiser aujourd'hui, l'apostropha Zabini en se plantant devant elle."

Elle était tellement happée par ses réflexions qu'elle n'avait pas vu le serpentard s'approcher.

"Qu'est-ce que tu fais là ? Un truc administratif à régler toi aussi, comme Parkinson ? répondit Hermione avec un sourire malicieux."

Bizarrement, le serpentard fronça les sourcils, comme si l'information le perturbait.

"T'as croisé Pansy ici ?

- Euh... Elle est députée et on est à l'assemblée, jusque là c'est à peu près cohérent.

- Oui, oui, c'est évident. Bon, à ce soir ! lança Blaise en s'éloignant à grandes enjambées vers l'ascenseur."

Perplexe, Hermione s'élança vers la sortie. Elle avait d'autres chats à fouetter que les allées et venus des députés du camp adverse.

Elle rejoignit Astoria dans un restaurant proche de l'assemblée, où elles avaient leurs habitudes, et la trouva assise dans un box à l'écart.

"Ah, te voilà ! J'ai commandé deux menus du jour. Je pense que tu devrais commander un apéritif, parce que j'ai un truc à te dire... annonça Astoria avant même que la jeune femme n'ait posé ses fesses sur la banquette.

- Oh non... Qu'est-ce qu'il se passe, encore ? maugréa Hermione en se laissant tomber en face d'Astoria."

Cette rentrée politique l'épuisait déjà.

"La gazette a viré la journaliste qui t'a attaquée.

- Quoi ? Mais quand ? hoqueta Hermione, en hélant le serveur pour qu'il lui apporte un remontant.

- C'est pas encore officiel, mais d'après les bruits de couloir, ils auraient reçu des infos compromettantes sur elle. Et... Enfin, il est temps que je te dise quelque chose...

- Par Merlin Astoria, qu'est-ce que tu as fait ? chuchota Hermione en se penchant vers elle, effarée.

- Comment ça, moi ? Tu crois que je ferais un truc pareil ? s'offusqua la jeune femme."

Hermione se contenta de la regarder d'un air entendu, et Astoria finit par craquer un sourire.

"Bon, peut-être. Mais c'est pas moi. Par contre, je crois que je sais d'où viennent ces informations...

- Et ?

- Malefoy..."

Hermione se prit la tête entre les mains. Évidemment. Un coup pareil ne pouvait venir que de lui.

"Alors, la bombe, c'était ça ! Astoria, est-ce que ces informations sont passées entre tes mains ? Vous aviez tous l'air bizarre quand je suis revenue au QG après l'interview catastrophique sur Wizards Chanel. Vous saviez qu'il voulait attaquer la Gazette ?

- Ne parle pas aussi fort ! murmura Astoria, en regardant autour d'elle d'un air inquiet."

Fort heureusement, les tables autour d'elles étaient vides et personne ne semblait leur prêter d'attention.

"Il est venu pendant que tu étais absente, avec un dossier rempli de saloperies sur la manifestante et la journaliste. C'était inutilisable, parce que c'était trop grave, et qu'on savait tous que tu exécrais ce genre de méthodes, alors je l'ai rangé dans un tiroir. Et je voulais t'en parler ! Mais ensuite, les infos sur la manifestante sont sorties à la télé...

- Oui, c'est Malefoy, il l'a reconnu. Bon sang... il ne faut pas que ça remonte jusqu'à lui, et encore moins jusqu'à nous. Imagine le scandale ! Pourquoi il a fait une chose pareille ?

- Sssshhht Hermione, tu parles trop fort ! répéta Astoria, qui commençait à devenir sérieusement paranoïaque."

Le serveur posa un verre de whisky pur feu sur la table, et repartit aussitôt.

"Oui, pardon... Oh mon dieu, quel bazar... Il est à peine élu depuis 24h et il fiche déjà la panique dans les médias. C'est une plaie, ce type !

- On ne sait pas si c'est lui, pour la journaliste. Il n'était sûrement pas le seul à savoir qu'elle volait des documents, falsifiait des preuves... La Gazette n'avait pas d'autre choix que de la virer après de telles fautes professionnelles. Bonjour la réputation pour le journal ! Il leur a rendu service en les avertissant de ce qu'elle trafiquait, en définitive. Et puis, ça aurait pu être pire pour eux, visiblement les raisons de son renvoi sont restées secrètes.

- Je rêve, ne me dis pas que tu le défends quand même ! s'étrangla Hermione en avalant son verre de whisky d'un trait.

- Il nous a rendu un sacré service ! C'est comme s'il ne s'était rien passé. Ceux qui t'ont attaquée ont été décrédibilisés, les compteurs sont remis à zéro. Mieux, tu as été la victime innocente de gens malveillants. Je suis sûre que tu as gagné des points dans les sondages. Il faut que j'en commande de nouveaux, tiens, pérora Astoria en notant des choses dans son agenda."

Hermione regarda le fond de son verre vide. Elle n'arrivait pas à se réjouir que les choses se soient réglées et que les compteurs aient été remis à zéro. Pas de cette façon ! Et puis, les motivations de Malefoy restaient vraiment floues. Il n'avait certainement pas fait virer une journaliste et ruiné la vie d'une inconnue par bonté d'âme. Elle attendit qu'Astoria ait fini de gribouiller dans son carnet (qu'elle ensorcelait ensuite par peur d'être espionnée), et cracha le morceau.

"Malefoy devrait être ravi que son adversaire politique soit traînée dans la boue ! Pourquoi il nous a proposé ces infos, tout en sachant que je refuserais de m'en servir, pour au final les balancer lui-même ? C'est insensé !"

Astoria leva les yeux au ciel.

"Comment veux-tu que je sache ? Personne n'a jamais su cerner ce type, il est complètement lunatique. Le résultat et qu'on lui en doit une.

- AH ! s'exclama Hermione. C'est peut-être exactement ce qu'il voulait ! Qu'on lui doive un service...

- Tu pourras toujours dire non si ce jour arrive, répliqua Astoria en haussant les épaules."

Pour elle, il n'y avait aucun problème à profiter des retombées positives des actions négatives d'un autre. C'était aussi simple que ça. Elle régla donc l'addition, et les deux femmes retournèrent au QG jusqu'à l'heure de la cérémonie officielle.

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Hermione tira légèrement sur sa jupe crayon pour en effacer des plis imaginaires, ajusta une dernière fois son chignon, et tourna au coin du grand bâtiment de l'assemblée pour y rejoindre une foule d'hommes et de femmes politiques, de journalistes, et de divers officiels. Elle avait préféré transplanner un peu plus loin pour faire une arrivée discrète, et espérait se faire oublier ce soir. Déjà parce qu'elle avait suffisamment affronté de journalistes ces derniers jours, et ensuite parce qu'elle craignait les réactions des députés de son groupe, Dean Thomas en tête. Elle n'avait pas eu de nouvelles de Lupin depuis le matin, et on ne pouvait pas dire qu'ils se soient séparés en très bon terme. L'ambiance était donc quelque peu tendue à quelques minutes du lancement.

Elle se fraya un chemin aussi discrètement que possible jusqu'aux escaliers imposants, mais se retrouva rapidement sous les feux des projecteurs, et ce bien malgré elle. Les journalistes, occupés à interviewer leur nouveau golden boy en la personne de Drago Malefoy, ne semblaient pourtant pas prêts à la laisser filer.

Aussi, elle se trouva sous une dizaine de flashs, hélée par quantité de mains et de micros qui se tendaient vers elle. Hermione plaqua donc un sourire de circonstances sur ses lèvres, et se retrouva à quelques mètres de son rival en train de répondre à des questions.

La scène était assez cinématographique : au bas des marches colossales, Granger et Malefoy côte à côte face à une marée de journalistes, avec dans leurs dos l'ensemble de leurs collègues qui attendaient dans le hall de l'assemblée.

"... une nouvelle année pleine de défis, puisque nous avons beaucoup de travail et que nous avons conscience des attentes de nos électeurs, c'est pourquoi...

- Granger, tu peux parler moins fort ? Tu couvres ma voix, la coupa Malefoy sans plus de cérémonie."

Interdite, Hermione se tut et se retourna vers lui, mortifiée. Même les journalistes n'osaient pas intervenir. C'était du jamais vu : un député qui apostrophait un adversaire aussi frontalement, sans aucune langue de bois perfide ni faux-semblants.

Malefoy étouffa un petit rire et là, sans qu'elle n'explique vraiment pourquoi, Hermione lâcha un sourire, et secoua la tête d'un air blasé, prenant les journalistes à témoin.

"Sacré manque de civisme, pour un descendant d'une illustre famille de sangs-purs, non ?"

Personne ne lui répondit, tout persuadés qu'ils étaient que Malefoy allait sortir de ses gonds. Le sang était un sujet sensible.

"Je compte sur toi pour m'apprendre à me tenir, Granger. Je suis un novice en politique, lança Malefoy en lui faisant un clin-d'œil."

Ce qui déclencha un grand brouhaha, chacun voulant en savoir plus sur cette connivence évidente entre les deux députés, qui s'envoyaient des piques sur le ton de la plaisanterie. Voyant que Malefoy semblait avoir terminé son numéro et tournait les talons pour gravir les marches d'un pas altier, Hermione sourit à la presse et lui embraya le pas. Encore une fois, elle était totalement perplexe. Elle rattrapa le jeune homme au sommet des marches, un peu essoufflée par cette ascension qui ressemblait plus à une fuite.

"Tu te rends compte que tu viens d'accréditer la rumeur de notre liaison fatale, Malefoy ?

- Tant mieux. Ça leur donne un sujet de discussion futile qui les éloigne de nos vraies préoccupations, répliqua le blond, sarcastique.

- Qui sont ? le questionna une Hermione suspicieuse.

- Tu verras. Ça va secouer."

Secouer ? Encore ? Hermione aurait bien poursuivi son interrogatoire, mais des députés de son groupe l'appelaient à grands renforts de gestes pour lui signifier qu'elle devait se dépêcher de prendre sa place dans l'hémicycle. En effet, tous les députés cheminaient vers l'amphithéâtre.

Hermione sentit une vague d'excitation la saisir, comme à chaque rentrée depuis qu'elle était en âge d'aller à l'école. Sauf que cette fois, elle se combinait à une légère angoisse ; Malefoy et Parkinson préparaient quelque chose, elle en était sûre. Mais quoi ?

Elle suivit le mouvement jusqu'à sa place, se mêlant distraitement aux conversations. Seul Dean Thomas et deux de ses proches l'ignoraient ostensiblement - et Lupin, qui faisait mine d'être plongé dans une conversation de la plus haute importance avec un de leurs adversaires. Elle testa le moelleux de son siège, et constata qu'il n'avait pas changé d'un iota depuis l'été précédent. Elle ajusta machinalement son micro, même si elle n'allait pas s'en servir ce jour là.

"Quelle perte de temps, cette cérémonie ! On ne pourrait pas directement passer aux débats ? s'écria Parkinson en faisant une entrée remarquée dans l'hémicycle."

Sa sortie fut accueillie par un mélange de rires et de grognements réprobateurs. Hermione se contenta de baisser la tête, masquant un sourire amusé. Sa voisine, Laura Pods, n'eut pas cette discrétion et pouffa, ce qui lui valut de se faire rappeler à l'ordre par un raclement de gorge réprobateur d'un de leur collègue qui avait, d'après les standards d'Hermione, largement dépassé l'âge de la retraite.

Tout le monde finit par être assis à sa place, et Hermione remarqua qu'avec l'arrivée de nouveaux élus, l'ordre avait un peu été bousculé. Elle repéra sans grande difficulté la touffe blonde quasi blanche de Malefoy, qui était bien entendu occupé à jacasser avec un groupe composé de ses homologues féminines.

L'arrivée du président de l'assemblée, Mr Karacter, fit taire le bruissement des conversations et tous suivirent des yeux son trajet jusqu'à son perchoir, face à eux. Il grimpa jusqu'à son fauteuil, ôta sa veste avec lenteur, s'assit face à eux, et entreprit de leur livrer un discours de 45 minutes qui fut, même aux yeux d'Hermione, beaucoup trop long. Elle pensait à son précieux badge, qui n'attendait qu'elle.

D'ailleurs, comme à Poudlard, l'auditoire commençait à se distraire sérieusement ; si certains choisissaient de rêver discrètement, d'autres manifestaient leur ennui avec beaucoup moins de précautions. Comme Parkinson, qui avait retiré ses chaussures et avait baillé bruyamment à deux reprises. De là où elle était placée, quelques rangs au-dessus d'eux, Hermione voyait clairement les serpentards jouer à la bataille magique sous leurs bureaux. Mais comment les blâmer ?

Enfin, Karacter acheva son discours interminable, et ordonna qu'on lui apporte l'urne magique qui servait aux votes. Exceptionnellement, pour cette cérémonie, elle ne révélait que les noms des groupes qui avaient été déposés dans les jours précédents. Hermione savait que Lupin y était allé la veille, et qu'il y avait croisé le leader de l'opposition, venu effectuer la même démarche.

Aussi, dans quelques minutes, ils seraient tous hors de cet amphithéâtre.

"L'urne va maintenant nous révéler le nom du premier groupe constitué. Je vous rappelle que pour être valable, le nom doit être déposé dans les 72h précédant la présente cérémonie, et être soutenu par au minimum dix députés. Suffragio revelare ! lança Karacter."

L'urne cracha un premier papier, dont le contenu fut dévoilé par l'assistant de Karacter.

"Les Progressistes. 36 inscrits."

Hermione et ses collègues applaudirent, ravis que leur nombre ait augmenté de cinq - même si ça n'avait rien d'une surprise, ils étaient au courant depuis la veille.

"Suffragio revelare ! lança de nouveau Karacter.

- Les Conservateurs. 30 inscrits."

Cette fois, ce ne fut pas des applaudissements mais un bruissement d'effroi et de stupeur. Le leader adverse se retourna violemment vers ses troupes, furieux. Un vent d'agitation passa dans les rangs de la totalité de l'assemblée. C'était un véritable coup de tonnerre. Il manquait très exactement 14 inscrits dans leur groupe, ce qui ne pouvait signifier qu'une chose : ils avaient été trahis, il y avait un schisme. Un troisième groupe allait être révélé par l'urne pour que le total des inscrits soit porté à 80.

Lupin et le reste des progressistes semblaient extatiques face à cette débandade de l'adversaire.

Hermione fit rapidement le lien avec les sous-entendus de Parkinson et de Malefoy, et elle se pencha en avant pour les observer. Elle ne les voyait que de dos, mais ne pouvait que constater une chose : contrairement à l'ensemble de leurs collègues, ils ne gesticulaient pas en vociférant. Ils continuaient leur partie de bataille explosive, imperturbables.

"Un peu de silence je vous prie ! finit par intervenir Karacter, en frappant une cloche avec un petit maillet."

En réaction à sa tentative de ramener de l'ordre, le leader des conservateurs se leva, hors de lui.

"N'y a-t-il pas une erreur de comptage ? s'écria-t-il.

- Allons, l'urne n'a jamais tort, c'est impossible. Asseyez-vous et calmez vos députés, je vous prie. Nous devons poursuivre cette cérémonie.

- C'est une honte ! s'insurgea le vieil homme, soutenu par les huées de ses députés."

Karacter fracassa avec une grande brutalité son maillet contre la cloche, produisant un volume sonore comparable à celui d'une église moldue. Le bruit fut tellement assourdissant que tous finirent par obtempérer, et se taire.

"Suffragio revelare ! lança Karacter d'une voix stridente, légèrement dépassé par les évènements.

- Les Non-alignés ! 14 inscrits !"

Hermione plaqua une main sur sa bouche pour retenir un éclat de rire nerveux. Elle se tourna par réflexe vers Laura Pods, sa voisine, qui ouvrait des yeux de chouette. Toute l'assemblée semblait frappée d'apoplexie : pendant quelques secondes, il ne se passa strictement rien.

Puis ce fut l'explosion : des députés se levaient, d'autres criaient, certains commençaient même à se disputer et à s'accuser mutuellement de traitrise. Et au milieu de ce capharnaüm, Hermione eut la confirmation qu'elle attendait. Malefoy balaya la salle du regard d'un air très satisfait, et s'arrêta sur elle. Pour la deuxième fois dans la même soirée, il lui fit un clin-d'œil.

Et Hermione comprit qu'elle n'aurait pas encore son badge ce soir-là, parce que c'était le chaos.


Tadam ! Coup de tonnerre à l'assemblée. Comme pas mal d'entre vous l'avait senti, Drago commence à faire des siennes et à mettre le désordre. Le prochain chapitre révèlera plus de choses sur Laura Pods, qui aura son importance dans cette histoire. J'espère que ça vous a plu, en attendant n'hésitez pas à me poser des questions (même en mp). Des bisous !