Je vous souhaite une excellente lecture de ce troisième chapitre ! Comme promis, plus de Drago, mais il n'est pas devenu plus aimable.
(Je n'ai pas oublié de vous répondre, je le fais au plus tôt !)
"C'est FOU ce qu'il se passe ! Totalement fou ! pépiait Astoria en faisant les cents pas dans le QG d'Hermione qui, elle, était assise en silence sur le canapé."
Elle réfléchissait à toute allure, essayant d'analyser le séisme qui venait de secouer le monde politique sorcier. Toutes les télévisions et radios ne parlaient que de ça, essayant de faire des suppositions quant aux noms des membres du nouveau groupe des Non-alignés. Même Ron, qui se fichait éperdument de la politique, avait envoyé un hibou à Hermione pour lui demander si c'était elle qui avait fondé un groupe. Et si oui, si c'était pour relancer le front de libération des elfes de maison.
Tout le monde paniquait, parce que 14 inscrits ne signifiait pas qu'ils n'allaient réellement être que 14... d'autres se rallieraient sûrement au moment de la prochaine cérémonie. 14, c'était uniquement le point de départ. Il fallait être 10 au minimum pour exister, et c'était le cas... ce qui expliquait que tous tremblaient.
Sauf Hermione. Elle ne tremblait pas, elle s'interrogeait. Les Non-alignés...
"Quel nom bizarre, déjà... Les Non-alignés ? Mais qu'est-ce que ça peut bien signifier ? Ce sont des gens tordus ? reprit Astoria, comme en réponse aux pensées d'Hermione.
- Ils refusent de s'aligner sur les mouvements politiques précédents, ils veulent s'en libérer. Pas s'aligner sur nous, expliqua Hermione tout naturellement."
Astoria arrêta immédiatement ses allées et venues, et se planta face à elle les poings sur les hanches.
"Hermione Granger ! Tu sais de qui il s'agit ? Tu m'as l'air bien renseignée..."
Hermione redressa le menton et planta son regard dans celui d'Astoria, grave. Il était temps de partager ses doutes avec quelqu'un, et rien de mieux que son alliée de toujours pour ça.
"Je n'ai aucune certitude, mais... Il y a de fortes chances que je puisse identifier au moins deux des membres de ce nouveau groupe. Voire... trois. Et je pense que l'instigateur de ce putsch, il est parmi eux.
- Oh mon dieu Hermione ! Mais c'est qui ? s'étrangla Astoria en s'asseyant à côté de sa patronne.
- Rien de tout ça ne peut sortir d'ici, l'avertit Hermione.
- Tu me vexes, là ! se renfrogna Astoria. Je n'ai jamais parlé du travail ou de n'importe quoi qui se passe ici à qui que ce soit !
- Je sais.
- Bon, assez tergiversé, dis moi ! insista Astoria, qui trépignait d'impatience.
- Malefoy évidemment, et Parkinson. Peut-être Blaise. Je ne sais pas si ce sont eux, mais ce qui est sûr, c'est qu'ils étaient parfaitement au courant de ce qui allait se passer !"
Astoria ne répondit pas, songeuse. Elle regardait dans le vague, tandis qu'Hermione triturait ses boucles et entortillait une mèche de cheveux autour de ses doigts.
"On aurait dû voir venir ce truc là. Ça fait sens. Malefoy a fait campagne sans aucun lien avec les conservateurs, Parkinson se fiche totalement d'eux et fait ses affaires dans son coin, et Zabini... C'est Zabini, développa Hermione, qui réfléchissait à voix haute.
- ...
- Et puis, dans leurs programmes, on ne trouve RIEN sur les traditions ancestrales. La suprématie des vieilles familles, tout ça. Je pensais qu'ils en parlaient pas pour voler notre électorat progressiste, mais en fait peut-être qu'ils s'en fichent vraiment.
- ...
- Surtout que les conservateurs ne veulent toujours pas supprimer l'interdiction du divorce pour les familles de sangs-purs. Parkinson est féministe, elle ne peut pas soutenir ça. Zabini a une mère qui a été veuve environ dix fois, il ne peut pas non plus. Que je suis bête ! C'était évident, ils n'allaient pas rester dans ce groupe !
- ...
- Et puis Malefoy aime être au centre de l'attention, il ne pouvait pas être autre chose que le chef ! Astoria, tu m'écoutes ?"
Hermione finit par se taire, et se retourna vers son assistante, qui était restée coite. Elle faisait une tête étrange, à mi chemin entre la surprise et l'appréhension.
"Qu'est-ce qui se passe ? s'inquiéta Hermione.
- Tu sais, je me disais... Quand tu te demandais pourquoi Malefoy nous avait filé ces informations compromettantes. T'as parlé d'un test. Et si c'était ça ? Peut-être qu'il voulait te tester, voir comment tu allais réagir, et en fonction te proposer de rejoindre leur groupe de dissidents !
- Visiblement j'ai échoué au test, si ça en était un. Je suis trop droite pour rejoindre leur gang, gloussa Hermione, pour qui cette hypothèse semblait un peu farfelue."
Mais Astoria semblait prendre son idée au sérieux, et se grattait pensivement le menton. Elle connaissait bien les serpentards, même si ceux-là ne faisaient pas partie de sa promotion à Poudlard. Ils ne faisaient rien gratuitement, tout était calculé avec au moins un coup d'avance. En son for intérieur, elle sentait que Malefoy était venu avec son dossier bourré de révélations avec un but bien précis en tête.
Hermione, quant à elle, avait décidé de ne pas perdre plus de temps à décrypter les manœuvres de ce petit groupe de perturbateurs. Elle était bien forcée d'admettre que leur coup était retentissant et bien préparé, mais jusqu'à preuve du contraire il n'y avait là qu'une tentative de plus de la part de Malefoy de jouer les divas.
"Bon, assez discuté de ça. Je ne compte pas m'étendre sur le sujet tant que rien d'officiel ne sortira ! Il faut que que tu me briefes pour cette visite de l'école St George, je dois y être dans deux heures."
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Hermione, une fois de plus, accomplissait une visite et posait des tas de questions à ceux qui donnaient de leur temps pour la recevoir. Cela faisait partie de ses obligations en temps qu'élue, mais pour elle c'était plus que ça : comme à son habitude, elle prenait des notes, s'intéressait, cherchait des solutions pour améliorer la vie des gens. Bien sûr, certaines de ses visites ne l'enchantaient guère, et il lui était arrivé de prétendre écouter. Mais une école, c'était différent. Aussi, lorsqu'elle releva la tête pour observer les dessins d'enfants que lui désignait la directrice de l'école, elle découvrit la présence de Pansy Parkinson avec une stupeur non dissimulée.
"Granger ! la salua Parkinson, une enfant pendue à chacun de ses bras.
- Parkinson, répondit Hermione poliment."
Elle n'aurait pas imaginé Pansy spécialement à l'aise avec les enfants, mais visiblement elle pouvait balayer ses préjugés. Les deux petites filles semblaient fascinées par la sorcière, et la couvaient d'un regard admiratif.
"Mesdames, je suis ravie que vous ayez choisit le même jour pour nous rendre visite ! J'ai lu attentivement vos propositions sur l'école, et je dois dire que beaucoup se recoupent, dit la directrice en leur faisant un regard entendu."
Pansy jeta un œil goguenard à Hermione, s'attendant sans doute à ce qu'elle adopte un air surpris, voire choqué.
"En effet, Madame, confirma la jeune femme sans accorder un regard à la serpentard. Je suis tout à fait favorable à ce qu'on incite les jeunes filles à pratiquer le Quidditch et à apprendre des matières qui sont réputées être destinées aux garçon. Je trouve ça surréaliste qu'aujourd'hui encore, les fillettes se sentent inaptes à apprendre l'arithmancie... Les statistiques sont inquiétantes.
- Mais c'est révoltant, tu veux dire ! renchérit Parkinson, qui s'était vite remise de son choc. Je ne vois pas sous quel prétexte on avance que les garçons seraient plus doués dans certaines matières, c'est absurde. Pourquoi pas obliger les filles à faire du tricot et de la cuisine ! On leur apprend le recurvite avant de leur apprendre à se défendre, c'est insensé !
- Les mentalités doivent évoluer, c'est certain, confirma la directrice."
Mais Parkinson ne semblait pas vouloir s'arrêter là, et sa fougue habituelle reprit le dessus.
"Pas évoluer, mais radicalement changer ! Les parents et les enseignants ont trop de préjugés ! Il faut bousculer tout ça ! Et arrêter de suggérer aux filles qu'elles ne devraient pas faire ça, pas dire ça, s'appliquer à faire ceci ou cela parce que c'est ce qu'on attend d'elles !
- Oui, oui... Tout a fait, confirma la directrice, qui avait empoigné les deux jeunes élèves par la main pour les écarter un peu de Pansy, qui bouillonnait et faisait de grands gestes.
- Nous ferons voter des lois dans ce sens très rapidement, s'engagea Hermione."
Parkinson s'arrêta de gesticuler, et se retourna vers Hermione avec un air étrange plaqué sur le visage. Elle fronçait les sourcils, soudain beaucoup plus concentrée sur la jeune femme que sur l'endroit où elle se trouvait.
"Nous, Granger ? demanda-t-elle, une lueur indéchiffrable dans les yeux."
Hermione hocha la tête pour confirmer ses propos, sans réfléchir outre mesure à ce que ça impliquait. Elle ne voyait aucun obstacle à une alliance entre elles si c'était pour servir une cause qui les dépassait largement. Parkinson la dévisageait toujours, visiblement plongée dans une profonde remise en question. Comme plus personne ne parlait et à mesure que le silence s'épaississait, le malaise d'Hermione grandissait. Elle avait l'impression de subir une inspection dans les règles. La directrice, qui tenait toujours les élèves par la main, finit par se racler la gorge. Elle aurait probablement pris la parole, mais la sonnerie annonçant la pause de midi retentit et coupa court à la visite.
Elles se saluèrent poliment, et Parkinson et elle cheminèrent en silence vers la sortie, plongées dans leurs pensées chacune dans leur coin. Hermione réalisait petit à petit qu'elle allait avoir du mal à persuader ses alliés politiques du bien fondé d'une lutte commune avec l'adversaire, et cela la contrariait énormément. Certains clivages perduraient depuis la fin de la guerre, et parfois l'assemblée ressemblait à une cour de récré.
"Nous ne sommes pas ennemies, finit par lâcher Hermione, qui ne voyait pas comment sortir de cette situation bizarre.
- Va dire ça à ton pote Dean Thomas, qui ne fait que nous attaquer dans la presse ! Et à ton cher Lupin, qui nous regarde avec le plus grand mépris depuis des années, répliqua Pansy en claquant la porte de l'enceinte de l'école derrière elle."
Hermione pouvait difficilement la contredire, et se mordit la lèvre, agacée.
"Je ne suis ni Lupin ni Dean Thomas, souffla-t-elle.
- T'as faim ? la coupa Parkinson."
Un peu déstabilisée par ce changement brutal de sujet, Hermione se planta au milieu du trottoir. Pourquoi la serpentard lui posait une telle question ? Elle ne comptait tout de même pas l'inviter au restaurant...
"Il y a une brasserie sympa un peu plus loin, ajouta Parkinson en haussant les épaules."
Et bien si, visiblement. Parkinson l'invitait bel et bien au restaurant.
"Allons-y. Mais dépêchons nous, parce que je dois parler à une conférence cet après-midi, et...
- La conférence sur les droits des sorcières ? l'interrompit Pansy. Moi aussi, j'interviens au nom de l'association des sorcières battues."
Les deux sorcières se dévisagèrent à nouveau, de plus en plus perplexes de se découvrir autant de points communs. Bien sûr, elles savaient toutes les deux depuis longtemps qu'elles partageaient certaines idées, mais de là à déjeuner ensemble...
"Surréaliste, gloussa soudain Pansy. Quand je vais dire aux autres que Granger est devenue ma copine de féminisme, y a des mâchoires qui vont se décrocher.
- On est pas copines, Parkinson ! grogna Hermione en lui emboitant malgré tout le pas vers la brasserie."
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Curieusement, le déjeuner se déroula dans une relative harmonie. Hermione ignora les regards courroucés que Pansy lançait à plus ou moins tout être humain qui croisait sa route, Parkinson prit sur elle pour ne pas glousser quand Hermione se renseigna sur les conditions de travail des elfes qui cuisinaient leur repas. Hermione refoula sa réprobation quand Parkinson commanda un troisième verre de vin, et Pansy respira un grand coup quand la griffondor commença à empiler leurs assiettes pour faciliter la tâche au serveur, alors que c'était son travail de sous-fifre et qu'elle n'avait pas à se salir les mains avec ça.
Tout se déroulait avec tellement de fluidité qu'Hermione hésita un instant à aborder le sujet des non-alignés... Mais demander frontalement à Pansy si elle faisait partie de ce mouvement rebelle n'amènerait à rien. Il fallait qu'elle se montre beaucoup plus sournoise dans son approche, elle le savait.
Ainsi, une heure plus tard, elles se mirent en route en échangeant gaiment sur le contenu de la conférence à venir.
Elles ne tardèrent pas à rencontrer Laura Pods, la collègue députée d'Hermione, qui afficha un air choqué en la voyant en telle compagnie. Mais Laura reprit vite la maitrise d'elle-même, serra la main de Parkinson, et c'est à trois qu'elles franchirent les portes de la salle de conférence bondée.
"On dirait les Totally Spies, pouffa Pansy, qui semblait d'excellente humeur.
- Tu regardes des dessins animés moldus ? tiqua Laura, qui n'en revenait pas de ce qu'elle entendait.
- C'est ma passion coupable, confessa Parkinson à voix basse. Tiens, Drago est déjà là, remarqua-t-elle en se dirigeant directement vers lui."
Appuyé nonchalamment sur une des colonnes de la salle, bras croisés contre sa poitrine, il n'avait pas l'air particulièrement ravi d'être là. Profitant du départ de Parkinson, Laura se pencha immédiatement vers Hermione.
"Qu'est-ce que tu fiches avec elle ?"
Hermione grimaça, et finit par hausser les épaules.
"On visitait la même école ce matin, on a commencé à parler de l'éducation des petites filles, et puis on a mangé ensemble. Rien d'extraordinaire, expliqua-t-elle laconiquement."
Laura fixait Malefoy et Parkinson, qui les fixaient aussi en retour. Hermione leva les yeux au ciel, irritée par cette ambiance de western absolument ridicule. Aussi, pour briser ce malaise palpable, elle tracta Laura vers le duo infernal et salua Malefoy d'un mouvement de tête.
"Je ne pensais pas te croiser ici, lâcha la jeune femme en levant un sourcil circonspect.
- Tu n'as pas le monopole du féminisme, Granger. Je m'intéresse beaucoup aux femmes, comme chacun sait, répliqua le serpentard en penchant la tête sur le côté pour la provoquer.
- Arrête, tu ne dupes personne, ricana Pansy en lui donnant un petit coup de coude. En vérité, je l'ai forcé à venir, murmura-t-elle.
- Tu te rends compte de ce que tu dis, Pans' ? Maintenant elles vont croire que je suis du genre à me soumettre devant une gonzesse ! s'offusqua Malefoy en roulant exagérément des yeux.
- Drago ! le réprimanda Pansy. Si quelqu'un t'entendait..."
Elle regarda rapidement autour d'elle, et fut rassurée de constater que seulement eux quatre avaient entendu sa petite remarque misogyne. Ce qui était paradoxal, puisque Laura et Hermione étaient non seulement des femmes, mais également des députées du camp adverse. Pansy aurait donc dû s'inquiéter.
"Bon, j'espère que ça ne va pas durer trop longtemps, ajouta Malefoy en étouffant un bâillement surjoué.
- Oh, bien sûr, on va expédier en vitesse ces questions futiles d'égalité des sexes, personne ici ne voudrait perturber la sieste de Drago Malefoy ! siffla Hermione en le foudroyant du regard.
- Bon sang, qu'est-ce que j'ai fait à Merlin pour me retrouver avec une deuxième hystérique sur le dos ? maugréa Drago."
Il redressa le menton, provoquant délibérément la griffondor qui ne broncha pas, et se contenta de soupirer.
"Essaye de ne pas être aussi soporifique qu'à Poudlard, madame la première de la classe, lui recommanda Malefoy avant de s'éloigner vers les fauteuil, bien décidé à se planquer au fond.
- Quel insupportable petite fouine ! grogna Hermione dans sa barbe."
Parkinson éclata de rire, et se lança aux trousses de Drago. Laura, qui n'avait rien dit pendant tout l'échange, se mordait nerveusement la lèvre inférieure, les yeux dans le vague. Hermione lui saisit gentiment le bras pour la ramener à la réalité, la faisant sursauter.
"Bon sang, il est odieux mais qu'est ce qu'il est sexy ! chuchota la jeune députée, avant de devenir écarlate."
Hermione retira aussitôt la main de son bras, les yeux écarquillés. Si elle s'était attendue à ça ! Elle était sur le point de faire une leçon de morale à sa collègue, lorsqu'elle remarqua que Pansy était en train de pousser Malefoy vers l'avant de la salle, les deux mains plaquées dans son dos. Lui feignait une résistance, et traînait ostensiblement les pieds. Un enfant. Et Laura qui le trouvait sexy...
Bientôt, les organisateurs appelèrent les intervenants à se rapprocher de la scène, et les sièges se remplirent rapidement. Le public était très nombreux, ce qui était une bonne nouvelle pour la cause féminine, mais une mauvaise pour Hermione qui malgré son choix de carrière continuait à détester s'exprimer devant une foule. Figée avec une dizaine d'autres participants derrière un rideau, elle répétait son discours dans sa tête. Pansy était en train de faire la même chose, une liasse de parchemins à la main.
« Cesse de marmonner Granger, je suis sure que tu connais tellement ton discours que tu pourrais le réciter avec trois grammes d'alcool dans chaque bras et encerclée de stripteaseur.
- Bien que ton idée d'un environnement extrême soient étrange, merci de tes encouragements Parkinson, répliqua Hermione en se retenant de sourire. »
Pour elle, un environnement hostile c'était plutôt une armée de détraqueurs, le professeur Rogue dans les cachots de Poudlard ou un retour de Voldemort. Mais visiblement, pour Pansy, c'était des hommes dénudés et beaucoup trop d'alcool.
Le rideau bougea un peu, révélant le premier rang de spectateurs. Avoir Malefoy à un mètre d'elle en train de la regarder d'un air mi ennuyé, mi goguenard n'allait guère l'aider à se concentrer...
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"... votre présence à tous ici témoigne de votre intérêt et de votre volonté d'inclure tous les individus, sur un pied d'égalité, à la société sorcière. Nous avons besoin d'être tous unis dans ce combat, qui n'est pas un combat des sorcières contre les sorciers, mais des sorcières AVEC les sorcier, contre les inégalités..."
Hermione céda à l'appel du regard de Drago, qui ne la lâchait pas depuis le début de son discours et lui brulait littéralement le visage. Elle croisa son regard sans s'arrêter de parler, s'attendant à rencontrer deux yeux sarcastiques, mais tomba sur ses iris métalliques et fut surprise de constater qu'il avait l'air de réellement l'écouter.
"... une nouvelle édi... ada... idée ! bafouilla-t-elle."
Malefoy eut un sourire amusé, et elle releva d'un coup les yeux pour regarder droit devant elle. Il valait mieux pour elle qu'elle se concentre sur le mur du fond, qui lui, ne risquait pas de la déstabiliser. Il faisait nécessairement exprès de la déconcentrer, en faisant semblant de s'intéresser soudainement aux mots qui sortaient de sa bouche. Typique.
Elle poursuivit son discours en balayant toute la salle, et l'évita soigneusement lui. Plus elle avançait dans son texte, plus elle se sentait à l'aise et osait s'animer, se déplacer sur la scène et se connecter au public. Finalement, elle ne passait pas un moment si désagréable que ça.
Elle acheva son intervention sous les applaudissements, et passa la parole à l'orateur suivant. Elle descendit prudemment les marches de l'estrade et se précipita à sa place assignée, au premier rang, en se courbant pour ne pas gêner les spectateurs. Elle s'affala donc plutôt pesamment sur son fauteuil, essoufflée, et vida presque d'un coup sa petite bouteille d'eau.
"Ta condition physique laisse à désirer, Granger, siffla Malefoy en lui tapotant le bras avec condescendance. Tu devrais faire plus d'exercice.
- La ferme, répliqua Hermione."
Sa réponse n'avait rien de très brillant mais au moins, le serpentard avait compris.
"Tu as perdu la main question répartie."
Et bien non, finalement il n'avait pas compris qu'il devait la fermer.
"Je suis sûre qu'avec une petite remise à niveau, tout ça ne sera plus qu'un vilain souvenir. On va s'entraîner, toi et moi."
Hermione leva les yeux au ciel, et fit mine de se concentrer intensément sur le discours qui avait lieu sur scène.
"Comme avant. Je te provoque, tu répliques, c'est simple. Même pour un esprit primitif comme le tien."
La jeune femme se mordit l'intérieur des joues pour ne pas lui donner satisfaction. Elle savait très bien qu'il n'en pensait pas un mot ; personne ne qualifiait l'esprit d'Hermione Granger de primitif. C'était de la mauvaise foi pure.
"Ah je vois, traitement silencieux. Qu'ai-je fait pour mériter ça, hein ? (...) C'est vrai, tu trouves pas ça injuste que je lave ton honneur en toute discrétion ? J'ai fait virer une journaliste pour toi.
- Malefoy, tais-toi ! s'étrangla Hermione, horrifiée. Tu ne peux pas dire ce genre de choses en public !
- Ah, enfin une réaction, nota le blond, très satisfait de lui-même comme à son habitude.
- Pourquoi tu as fait ça ? le questionna Hermione à voix basse, regardant toujours fixement devant elle pour ne pas attirer l'attention.
- Parce que je m'ennuie, quelle question !
- Non, je veux dire... Laver mon honneur ? grimaça Hermione, à qui l'expression arrachait légèrement la bouche.
- C'est ma grandeur d'âme légendaire.
- Cette partie de ta légende a dû m'échapper, c'est étrange. Jamais entendu parler.
- Outch... Tu es dure en affaires, Granger.
- Un journaliste de la Gazette est en approche, les avertit Laura en se penchant vers eux."
Les deux anciens ennemis se turent immédiatement, et tentèrent de reprendre le fil du discours.
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L'après-midi se poursuivit tant bien que mal avec une somme de discours, et une somme de remarques acerbes du blond qui s'agaçait graduellement avec l'écoulement des heures. Hermione et Laura tentaient de rester imperturbables, mais ne pouvaient s'empêcher de pouffer de temps à autre. Pansy finit par les rejoindre, et Malefoy poursuivit son one-man show avec d'autant plus d'entrain qu'il avait à présent non plus deux paires d'oreilles à distraire, mais trois.
"C'était formidable ! s'enthousiasma Parkinson en applaudissant le discours de clôture, sans que personne ne sache réellement si elle parlait de la conférence ou de la performance humoristique de son collègue.
- Oui oui, super, marmonna Malefoy. Bon, on est venus pour être vus, allons trouver les photographes."
Il attrapa d'autorité le bras de Pansy qu'il passa sous le sien et s'élança, à l'affut des flashs. Hermione coula un regard offusqué en direction de Laura, qui semblait quant à elle plutôt amusée par la situation.
"Non mais, tu le crois ça ? Il est odieux !
- Il est sexy, la corrigea Laura.
- Non mais c'est pas vrai... Ne te transforme pas en pintade, comme ses électrices décérébrées ! la rabroua Hermione en attrapant son sac à main d'un geste brusque."
Laura se mit à rire et elles partirent elles aussi en direction de la presse, postée près de l'entrée. Malefoy et Parkinson prenaient la pose comme deux stars sur un tapis rouge d'avant-première, souriant de toutes leurs dents. C'était là une étrange façon de faire de la politique.
"Madame Granger, Madame Pods ! Pouvez-vous vous placer à leur droite s'il vous plait ? les interpella un photographe de presse, en pointant du doigt un espace à côté du duo infernal."
Hermione s'apprêtait à décliner son offre, voyant bien où il voulait en venir : réaliser un cliché d'opposants politiques réunis PILE à une période où un groupe mystérieux se formait à l'assemblée. Il savait parfaitement que sa photo se vendrait à prix d'or aux journaux, qui y verraient là un indice sur l'identité des non-alignés. Mais avant qu'elle ne puisse émettre la moindre objection, Laura s'était élancée vers l'objectif, et lui faisait signe de la rejoindre. Formidable.
A moins de créer un scandale, Hermione était bien obligée d'obtempérer. Elle confia donc son sac à main à l'assistant du photographe et rejoignit les trois autres, se tenant à un mètre de Malefoy pour maintenir une distance idéologique et physique entre eux. Il ne fallait pas abuser de sa patience. Mais le serpentard ne lui laissa pas le choix, et posa une main dans son dos pour l'attirer vers lui. Elle lui octroya un coup de coude discret, mais il ne broncha pas et continua à sourire. Fichu. Le flash de l'appareil photo se déclencha à trois reprises, et elle pu s'échapper de ce piège.
"Ton sac, Granger, lui rappela Malefoy en haussant un sourcil."
Hermione le récupéra en pinçant les lèvres, profondément agacée. Voilà qu'il s'occupait de ses affaires, à présent. A quel moment la situation avait pu autant lui échapper ?
"On va boire un petit verre ? proposa Parkinson en boutonnant son manteau.
- Je dois rentrer, j'ai des tas de choses à faire, rétorqua aussitôt Hermione. Mais une autre fois, ajouta-t-elle pour atténuer la dureté de sa réponse.
- Allons Pansy, tu sais bien que Granger ne boit pas d'alcool. Elle ne prendrait pas le risque de perdre le contrôle."
A bout de nerfs, Hermione se planta devant lui et le foudroya du regard.
"C'est un point non négligeable quand on fait de la politique, Malefoy. On ne perd pas le contrôle. Pousse-toi maintenant, tu es sur ma route. Dépêche toi avant que je te ré-aligne d'un coup de pied aux fesses."
Le blond écarquilla les yeux un instant, outré, avant de se ressaisir et de s'écarter en silence. Hermione allait se féliciter de cette maigre victoire, mais il choisit de lui faire une petite révérence avec petit moulinet du bras, achevant de l'irriter.
"Mais passez, madame la duchesse."
La jeune femme passa devant lui en grommelant, à présent très pressée de s'éloigner de lui avant de commettre l'irréparable. Comme de le gifler en public, par exemple.
Puis elle songea qu'il n'avait pas réagi à sa pique sur les non-alignés. Il confirmait une nouvelle fois qu'il en était un. Qu'il savait qu'elle savait et que ça ne le dérangeait pas.
"A demain Granger ! lança Parkinson dans son dos."
Hermione agita la main dans leur direction avant de transplanner. Ce ne fut qu'une fois arrivée à son QG qu'elle réalisa que Laura était restée là-bas, et donc qu'elle était surement allée boire un verre avec eux. Sans doute dans l'idée de séduire l'affreux Drago Malefoy. Hermione secoua nerveusement la tête pour chasser cette pensée, et poussa la porte.
Astoria, Ron et Harry se trouvaient là, le nez vissé à un écran d'ordinateur.
"Qu'est-ce que vous faites ? demanda-t-elle aussitôt en accrochant son manteau à une patère.
- On t'espionne, répliqua Ron.
- Hein ?"
Hermione s'approcha de l'écran et reconnu immédiatement le site internet de la Gazette.
"En prison avec Zabini, au restau avec Parkinson, en grande conversation avec Malefoy, résuma Harry en comptant sur ses doigts. As-tu quelque chose à nous dire ?
- Ils se trouvent sans arrêt sur ma route, je n'y peux rien. Et puis, ils ne sont pas si horribles que vous semblez le penser. Enfin, sauf Malefoy. Lui, il est pire, raconta Hermione.
- Tu te dé-alignes ? gloussa Ron, fier de sa propre blague.
- J'imagine que c'est ce que tout le monde pense, mais non.
- Lupin t'a envoyé un hibou, tout à l'heure. J'imagine que c'est aussi ce que lui, pense... glissa Astoria en lui tendant un parchemin."
Hermione soupira, et déroula la lettre. Il allait encore la rappeler à l'ordre, c'était une évidence.
"Hermione, je ne peux que constater que la conversation que nous avons eue hier n'a pas eu d'impact sur ton comportement. J'aimerais savoir quels sont tes projets et si tu souhaites nous quitter, afin que je puisse m'organiser. J'ose espérer qu'après des années de collaboration fructueuse, tu daignes m'informer de tes décisions. Tu dois bien ça à notre groupe. Peut-être pourrions-nous nous rencontrer ? Sinon, je me verrai dans l'obligation de prendre des sanctions. Ce n'est pas parce que tu es l'amie d'Harry Potter que tu peux faire ce que bon te semble. Cordialement, Rémus."
Cordialement ? Daigner l'informer ? L'amie d'Harry Potter ? Et depuis quand devait-elle quelque chose aux autres, avec tout ce qu'elle avait investi pour le mouvement ? Elle froissa la lettre dans un geste rageur, sous les yeux des trois autres.
"S'il voulait me pousser à claquer la porte, il ne s'y prendrait pas autrement, pesta la jeune femme. Non mais je rêve, qu'est-ce que c'est que ce ton ?"
Harry s'empara de la boule de parchemin et la déplia d'autorité, mal à l'aise de voir un homme qu'il admirait se disputer avec sa presque-sœur. Il avait bien remarqué que leurs relations s'étaient tendues dernièrement, et il savait que Lupin avait des mouvements d'humeur incontrôlés, mais tout de même. Ces deux-là s'entendaient bien, et il ne voyait pas de raison pour que cela change.
"Il préfère gober les rumeurs propagées par les journaux que moi, et en plus il s'imagine que je complote dans son dos ! C'est insensé. Il doute de moi. Il pense que je lui mens en pleine face. Comment peut-il imaginer que ces rencontres sont autre chose que des coïncidences ?
- Peut-être parce que ce ne sont pas que des coïncidences, glissa Astoria.
- Et peut-être parce qu'il y a bien des complots là-dessous, ajouta Ron en échangeant un regard entendu avec sa fiancée."
Hermione remarqua cette connivence, et n'apprécia pas du tout ce que cela signifiait. Ils parlaient d'elle entre eux, et comme si cela ne suffisait pas, portaient un jugement fallacieux sur ses actes.
"Comment ça ? demanda-t-elle d'un ton un peu hargneux.
- Attention, on ne dit pas que TU complotes, précisa Ron. Mais avoue que c'est un peu gros, de rentrer dans un serpentard dès que tu mets le nez dehors. Tu crois pas qu'ils font exprès, d'aller partout où tu vas tout à coup, de s'intéresser pile aux mêmes choses que toi ?
- Vous croyez qu'ils me manipulent ? Mais dans quel but ? grimaça Hermione, qui devait bien admettre que le timing était étrange.
- C'est ce que je te disais hier au restaurant. Ils préparent quelque chose, ils veulent te rallier à leur cause c'est évident. Sinon pourquoi Malefoy t'aurait sauvé la mise comme ça ? Et reconnais que ça fonctionne, tu commences à les estimer un peu."
Hermione se laissa tomber sur un coin du bureau, songeuse. Comment avait-elle pu se faire berner aussi facilement ? Ce serait mentir de dire que l'idée de l'avait pas traversée, mais elle n'avait pas voulu y croire. Après tout, elle avait réellement des points communs avec Parkinson et Blaise. Et les croiser dans certains lieux publics était parfaitement justifiable. Des politiques à une conférence, ou en visite dans des endroits comme une école ou une prison, ça n'avait rien d'extraordinaire.
"Ils chercheraient à jeter le doute sur mon engagement auprès du public, et des membres de mon groupe. Pour m'isoler. Pour créer des tensions. Et me forcer à les rejoindre. Ça se tient, mais c'est très mal me connaitre. Je ne fonctionne pas à la contrainte ! Malefoy le sait, il n'est pas stupide.
- Ils te séduisent... C'est ce que font les serpentards, confirma Astoria.
- Chérie, je suis bien placé pour le savoir, gloussa Ron."
La jeune femme, gênée, lui octroya une petite tape sur le bras.
"Tu serais une grosse prise pour eux. Avoir Hermione Granger dans son groupe... C'est encore plus vrai pour un nouveau groupe, qui a besoin d'asseoir sa légitimité, ajouta Astoria. Qui peut les blâmer d'essayer ?
- Lupin dégoupille complètement, les coupa Harry en reposant la lettre qu'il venait de terminer de lire. Je n'aime pas du tout ça."
Les trois autres se retournèrent vers lui, alarmés par son ton.
"Il est en colère, pas vrai ? s'enquit Hermione.
- Oui, c'est assez clair... Si tu veux rattraper le coup, tu vas devoir t'écraser et présenter tes plus plates excuses... l'informa Harry, tout en sachant que ça n'allait pas du tout plaire à son amie."
Et en effet, Hermione n'approuvait pas du tout l'idée de ramper devant son chef pour se faire pardonner des fautes qu'elle n'avait pas commises. Elle n'avait fait que son travail, n'avait pas parlé à la presse comme il le lui avait demandé. C'était le mieux qu'elle puisse faire. Elle avait tout de même un égo, et une intégrité, et elle n'aimait pas qu'on remette ça en cause. Même lorsqu'on était Remus Lupin et qu'on était le leader du groupe progressiste.
"Oula, féroce Hermy est de retour, remarqua Ron en voyant l'expression d'Hermione changer.
- Je ne compte pas me laisser faire ! confirma la jeune femme en se redressant. Je veux bien expliquer, mais certainement pas m'excuser, ou faire profil bas ! Il n'aura qu'à me virer si ça ne lui convient pas !"
Troisième chapitre, le décor est planté et j'ai essayé de présenter un peu tous les personnages. Les choses vont accélérer dans les prochains chapitres ! En attendant, que pensez-vous de Laura Pods ? De Pansy la féministe ? Et surtout, de ce petit Lupin ? Bon, inutile de poser des questions sur Drago, quoi qu'il fasse il finit toujours par se faire pardonner.
Merci à vous, qui prenez le temps de lire et de donner votre avis. Des bisous !
