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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.
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Chapitre 184
Sursum Corda
Le lundi matin, Harry s'éveilla avec au cœur un sentiment étrange, une sorte d'excitation anxieuse. Il se leva sans grand enthousiasme, tout d'abord parce qu'il faisait un froid glacial dans la chambre, ensuite parce qu'il avait le vague pressentiment que ce premier jour de la dernière semaine du trimestre serait une de ces journées où il valait mieux rester couché.
…
Pourtant quand il descendit dans la salle commune, l'ambiance était légère. On ne parlait que de Noël, du bal et des vacances. Les garçons qui n'avaient pas encore de cavalière faisaient la liste des filles qui n'avaient toujours pas de cavalier, en râlant parce que les plus jolies étaient déjà réservées. Les filles qui n'avaient pas encore de cavalier regardaient d'un œil assassin celles qui refusaient une énième invitation. Dennis Crivey cherchait son chapeau et Neville essayait de se débarrasser de Jezebel Dawson qui lui réclamait un flacon de parfum qu'elle comptait offrir à Ronald pour Noël.
- Je ne fais pas le parfum pour homme ! tonna enfin Neville à bout de patience.
La salle entière se retourna vers lui avant de sourire de l'insistance de Jezebel. La jeune fille se hâta de disparaître, d'autant plus mortifiée que Ron descendait justement de son dortoir et qu'elle ne pouvait s'imaginer qu'il ignorait à qui elle destinait ce parfum.
Mais Ron était bien loin des préoccupations de Dawson. Il demanda à sa sœur où se trouvait Hermione. Ginny lui répondit qu'elle était déjà partie, chez les Préfets avait-elle compris.
- J'espère qu'elle n'aura pas eu l'idée d'aller faire un tour… vous-savez-où… chuchota-t-il à Harry et Ginny.
- Mais bien sûr que non ! essaya de rassurer Harry. Je crois qu'elle va demander à Dobby de le faire pour elle.
- A propos d'Hermione… reprit Ginny en prenant ses affaires sur la table où elle les avait posées pour plier son manteau et son écharpe sur son bras. Tu vas au bal avec elle ?
- Evidemment ! tarda à répondre Ron complètement abasourdi.
- Elle ne m'en a pas parlé… Tu le lui as demandé ? poursuivit sa sœur.
- Mais… Mais… bafouilla Ron, pris au dépourvu. Mais non ! voyons ! c'est… c'est… évident !
- C'est bien les garçons, ça ! renifla Ginny. Je parie que tu ne lui as jamais dit que tu l'aimes, n on plus ! accusa-t-elle d'un air moqueur.
La rougeur subite de Ron était plus qu'un aveu.
- Mais elle le sait… bredouilla-t-il.
Ginny leva les yeux au ciel.
- Ça ne fait pas de mal de se l'entendre dire de temps en temps. J'espère au moins que tu as pensé à son cadeau de Noël… Je te rappelle que si tu penses à un parfum, tu lui en as déjà offert quelques litres et que le dernier que tu lui as fait cadeau, elle ne l'a jamais mis…
- Oui… grinça Ron qui reprenait ses esprits. Et ça, on sait à qui la faute !
Ginny se mordit les lèvres et préféra battre en retraite. Ron, alors, se tourna vers Harry.
- Et toi, tu sais ce que tu vas offrir à McGregor…
- Non ! répondit Harry avec assurance. Mais moi, je lui ai dit… que j'irai au bal avec elle !
Il prit ses livres, ses parchemins et son plumier, et sortit de la salle commune de Gryffondor, Ron sur les talons.
…
Le réfectoire bruissait de conversations animées. Là aussi le bal et les vacances étaient au centre des conversations, sauf à la table des Serpentard où la moitié de la Maison était privée des deux évènements. Les Salamandres tiraient une tête de six pieds de long et certains Serpentard ne se privaient pas de hausser la voix quand il était question des fêtes en famille et de la joie qu'ils se faisaient d'aller au bal avec tel ou telle personne.
Naturellement, il y en avait certain pour s'inquiéter des examens blancs de la rentrée, et des devoirs que leur avaient préparés les professeurs juste avant de partir. Seamus prétendait qu'ils l'avaient fait exprès pour leur occuper l'esprit tandis que courraient les rumeurs d'attaque de l'école. Il admit presque à regrets que Lavande et les Patil avaient fini par parler de leur séance de spiritisme manquée – du moins à ce qu'elles soutenaient avec un regard noir en direction de Luna. Une chose était sûre, la personnalité de la devineresse diminuait l'impact de la prédiction. On en parlait, certes, mais comme de la dernière de Lovegood…
- On verra ce qu'ils en penseront quand Krum aura raconté son histoire… bougonna Ron.
Harry, malgré lui, tourna la tête vers la table des professeurs. Viktor y brillait par son absence, une nouvelle fois. Harry se força à ramener son attention vers ses camarades.
- Tu as fait passer le mot ? demanda-t-il à Hermione qui venait d'arriver et essayait de rattraper son retard en avalant son petit déjeuner par énormes bouchées.
Elle hocha la tête et Harry comprit qu'elle disait qu'elle avait fait passer le mot.
- Par les Préfets ? s'inquiéta Ron. Tu n'as pas peur que…
Il n'acheva pas, se contentant de donner un coup de tête en direction de la table des Serpentard.
Hermione haussa les épaules.
- Ça ne serait pas resté secret, de toutes façons… réussit-elle à prononcer en déglutissant une grosse bouchée de brioche. Et puis, je n'ai pas dit pourquoi Harry voulait voir tout le monde…
…
Elle terminait de parler que le vol des hiboux emplit la Grande Salle. C'était une invasion de volatiles. Et l'exclamation qui monta des tables tenait autant de la surprise que du contentement. Il n'y eut guère que les Bannis de Serpentard et Harry à ne rien recevoir dans leur assiette.
Ron en restait bouche bée et quand le silence tout relatif revint dans la grande salle, il siffla entre ses dents :
- Ça va être facile pour contrôler qui a reçu quoi aujourd'hui… et découvrir qui est le mystérieux contact de Malefoy.
- Ce n'est pas grave, on a d'autres choses à faire pour aujourd'hui, mon cœur, répondit Hermione en ouvrant un coin du colis qu'elle venait de recevoir.
Ginny, elle, lorgnait sur le paquet qu'avait reçu Ron dans son assiette. Son frère escamota le petit colis dans la poche de sa robe avec un sourire sarcastique. Il se retourna vers Hermione et lui demanda :
- Tu viendras avec moi au bal, Hony ?
Hermione se mit à rire. Elle se leva pour quitter la table en s'appuyant à l'épaule de Ron.
- A moins que tu n'aies l'intention d'y aller avec quelqu'un d'autre… Bien sûr que j'y vais avec toi, mon Cœur… Quelle question saugrenue !
Elle se pencha vers son visage pour picorer un baiser sur ses lèvres. Puis elle passa sa main dans les cheveux courts de Ron d'un geste tendre et partit à grands pas vers le rendez-vous qu'elle avait donné à Dobby, son paquet sous le bras.
Aussitôt Ron se retourna vers Ginny, furieux.
- Tu ne perds rien pour attendre ! gronda-t-il entre ses dents.
Dean se mit à rire.
- Allons, Ron, tu as au moins gagné un baiser…
- Dommage que ce soit toujours quand personne n'est là pour le voir…
Ron n'eut même pas besoin de voir le coup d'œil que jeta Seamus vers la table des professeurs pour savoir qu'il parlait de Krum.
- Comme ça il ne te reste plus qu'à lui dire que tu l'aimes… enchaîna Ginny sans se troubler de l'air furibond de son frère.
Ron eut un sourire vipérin.
- Mêle-toi de tes affaires, soeurette, et je ne me mêlerai pas des tiennes…
Il se leva à son tour, la main sur sa poche et ses livres sous le bras. Il partit vers le couloir en sifflotant, tout en tapotant par moment le paquet qui faisait une bosse dans la poche de sa robe.
…
Ginny leva les yeux vers Harry.
- Tu sais ce que c'est ? questionna-t-elle.
Harry secoua la tête.
- Tu as entendu Ron, Ginny ! Mêle toi donc de tes affaires.
Et avant qu'elle n'eût le temps de se mêler des siennes, il fila sans demander son reste… Pour tomber dans le couloir sur Ron totalement excité qui lui secouait le paquet sous le nez.
- Tu sais ce que c'est ? s'exclama-t-il à voix basse.
- Si tu me laisses lire dans tes pensées, je pourrais le deviner… railla Harry.
Ron voulut l'entraîner plus loin, mais Harry résista. Il attendait Ellen et il n'était pas question qu'il ratât la sortie de la jeune fille, sous peine de ne pas pouvoir la voir ni lui parler avant au moins deux heures – au moment où ils se croiseraient dans le grand hall à l'interclasse.
Il s'appuya au mur du couloir, dans une attitude proclamant qu'il ne bougerait de là pour rien au monde. Cela n'entama pas l'exaltation de Ron. Il tournait et retournait le petit paquet entre ses mains, comme frappé d'un sortilège de Rictus Sempra.
- Tu sais… j'ai envoyé une lettre à Bill… à Gringott's…. parce qu'il était hors de question que je m'adresse aux jumeaux, tu comprends… Et Percy, il a assez de soucis comme ça en ce moment… Et puis Bill, c'est le plus joignable, à Gringott's, parce que Charlie, il est au QG… Et c'est bien que Bill soit à Gringott's…
- Ron ! Je connais le détail de la famille Weasley par cœur… Abrège, veux-tu…
- Bref, j'ai écrit à Bill pour qu'il prenne sur le compte que papa et maman ont ouvert pour moi, il y a des années, l'argent nécessaire pour acheter une bague de fiançailles… Tu m'avais dit que Hermione n'était pas contre le principe alors… Mais j'ai changé d'avis, je ne lui donnerai pas pour le mariage de Percy. Ce sera son cadeau de Noël… et je le lui donnerai… devine quand…
- Ron… J'en ai ma claque des devinettes…
Mais Ron ne l'écoutait pas. Il ouvrit le paquet et le boîtier qui renfermait une bague magnifique. Elle était conséquente sans être imposante ni tape-à-l'œil. C'était une pierre précieuse d'un rouge vif dans une châsse d'or, entourée de petits diamants – Harry, il ne savait pourquoi, était certain qu'il s'agissait de diamants. Ron souriait rien qu'en la regardant et Harry en resta sans voix. Il s'étrangla presque quand il voulut dire qu'elle avait du lui coûter très cher. Ron se mit à rire.
- Voyons Harry ! Même en vidant mon compte et celui de toute la famille je ne pourrais pas payer une bague comme celle-là !
Harry ouvrit de grands yeux stupéfaits et Ron rit de plus belle.
- C'est la bague que Bill m'a fait parvenir mais je n'ai jamais dit que je l'avais achetée…
Il reprit un semblant de sérieux pour ajouter avec fierté et émotion :
- C'est la bague des Weasley.
- Hein ? fit Harry.
- C'est la bague de fiançailles de la famille Weasley… Enfin du temps où elle était riche et influente. C'est tout ce qui reste de la fortune des Weasley. Maman n'a jamais voulu la vendre, d'après Bill. Il a parlé de ma demande à Charlie et Charlie à papa. Tu comprends, Percy a acheté une bague à Pénélope quand ils se sont fiancés, parce qu'il ne voulait pas demander à papa et maman à cause de ce qui s'est passé… enfin… tu vois ce que je veux dire... Et Bill et Charlie se fichent de ce genre de choses. Fleur a toutes les bagues qu'elle veut. Et Tonks… Hahahahaha ! Tu imagines Tonks avec une bague pareille au doigt !
Harry esquissa un sourire et n'osa pas dire qu'il n'imaginait pas plus Hermione se baladant dans les couloirs de l'école avec… Dans ceux du Ministère, à la limite, un gros dossier sous le bras, et courant à quelque réunion d'une importance capitale…
Ron continuait à parler, les yeux dans les facettes de la pierre.
- Alors je la lui donnerai pour le bal…
- Je croyais que c'était son cadeau de Noël…
Ron rougit un peu.
- Oui, mais… Tu sais bien… Où serons-nous à Noël ?… J'aimerais quand même la voir la porter un peu
- Ron… commença Harry.
Il se mordit les lèvres.
- Quoi ? Tu crois qu'elle ne l'aimera pas ? s'inquiéta le jeune Weasley.
- Non ! Ce n'est pas ça ! se hâta de répondre Harry. Je suis certain qu'elle va l'adorer.
Il sourit pour lui-même au souvenir des paroles d'Hermione. De lui, j'accepterais un cerclage de bièraubeurre… Ron avait des lumières dans les yeux, comme il lui en avait rarement vu. Harry renonça à lui dire le fond de sa pensée.
- Non… Je voulais juste dire que tu devrais ranger ça dans un endroit où il ne viendrait à l'idée de personne d'aller la chercher. Et quand je dis personne, c'est surtout à Ginny que je pense…
Ron referma le boîtier. Il s'appuya lui aussi contre le mur.
- Elle va en crever de jalousie… murmura-t-il.
Il tourna vers Harry un sourire bienheureux.
- Tu sais, si tu étais Hermione, là tout de suite, je te dirais que je t'aime…
Harry leva sa baguette et Ron partit en riant.
Harry resta seul dans le couloir à se demander pourquoi il avait l'impression que ce n'était pas une si bonne idée que cela de donner une bague de fiançailles le soir du bal de Noël quand il vit Viktor Krum s'avancer vers le réfectoire comme s'il allait à l'abattoir. Les deux jeunes hommes croisèrent leurs regards comme Viktor passait devant Harry. Il sembla vouloir s'arrêter, faire un geste, parler… mais il détourna les yeux et passa son chemin.
Harry se rendit compte qu'Ellen sautait à son cou et il oublia Viktor et Ron et leurs problèmes. Même le regard mauvais que leur jeta Malefoy et le commentaire désobligeant qu'il fit à l'intention des Salamandres qui le suivaient ne purent le distraire du bonjour chaleureux qu'ils échangeaient.
…
La matinée fut légèrement moins agréable. Les Septième Année la passèrent à répondre à des questionnaires, ou à rédiger des réponses aux devoirs qu'ils trouvèrent sur les tables en entrant dans les salles. La seule distraction qu'ils eurent, fut, à l'interclasse, quand ceux qui croisaient dans le Hall virent entrer un curieux personnage, aussitôt accueilli par une Professeur McGonagall un peu agitée.
C'était un vieil homme. Très très vieux. Presque aussi vieux, murmura-t-on, que Dumbledore lui-même. Il avait des cheveux blancs, courts, qui lui faisait une couronne de boucles autour de la tête, à la manière des statues antiques des sénateurs de Rome. Il n'avait pas de barbe ni de moustaches, et les lèvres épaisses esquissaient une moue hautaine. Il portait un long manteau de velours sombre, sur un pourpoint vert bouteille brodé d'argent au col et aux poignets et des hauts de chausse de la même couleur qui retombaient en plis bouffants sur des bottes de cavalier. Il tenait une cravache à la main, et à sa ceinture, du côté gauche, dans une gaine en cuir, le manche ouvragé d'une baguette dépassait.
Il ne jeta aucun regard de ses yeux d'un bleu intense sur les élèves et à peine salua-t-il la sous Directrice d'un imperceptible signe de tête.
On s'écartait sur son passage, sans que McGonagall n'eût besoin de faire un geste. Le silence se fit et seuls des murmures reprirent quand il disparut sur le palier du premier étage.
- Ce doit être le père de Wilford, chuchota Neville, impressionné.
- Tu rigoles ! s'exclama Ron à voix basse. Il est assez vieux pour être son grand-père.
- Hum ! fit Hermione. Il est assez vieux pour avoir été en classe avec Madame Markbranch… Si j'en crois les registres de Poudlard que j'ai consulté ce matin à la Bibliothèque, Magnus Wilford, plus connu sous le nom du Patriarche dans les milieux financiers et la bonne société sorcière était élève à Serpentard et Préfet en Chef au moment même où le Directeur de Poudlard était un certain Phinéas Nigellus…
- Tu rigoles… laissa tomber Ron avec stupéfaction.
Harry fronça les sourcils.
- Je commence à comprendre pourquoi Dumbledore a dit qu'il ne pouvait faire autrement que de le recevoir… murmura-t-il.
- Oui… soupira Neville et c'est pas bon pour nous ça…
…
Ils n'eurent pas le temps de laisser Magnus Wilford investir leurs esprits, ils furent à nouveau happés par le tourbillon des questions-réponses. A midi, ils avaient tous l'impression que leur cerveau s'était mis à bouillir et que de la fumée leur sortait par les oreilles sans avoir pris de pimentine.
Ils redescendirent vers le rez-de-chaussée, après avoir laissé livres et parchemins dans les dortoirs, pour rejoindre le réfectoire avec une faim de loup et l'assurance qu'eux au moins en avaient terminé pour la journée avec les mouvements exacts du poignet dans le sortilège d'apparition d'objets multiples et des effets de la différence de prononciation du mot Apage dans les différentes formules d'éloignement.
Hermione, elle, avait couru dans son bureau de Préfète en Chef, où, normalement, l'attendait Dobby.
Les garçons –c'est-à-dire les compagnons de dortoirs de Harry- rejoignirent les filles –c'est-à-dire Ginny, Luna et Ellen- dans le Grand Hall. Luna raconta qu'on lui avait pris sa collection de badges des Phénix et que cela la contrariait un peu. Neville estima qu'elle avait du les laisser dans le laboratoire et qu'il les chercherait pour elle dans l'après-midi. Ron s'inquiéta de savoir si on lui avait emprunté également celui qui lui permettait de correspondre avec Hermione et au moment où Luna allait s'offusquer de ce manque de confiance, un garçon de Deuxième Année de Poufsouffle qui arrivait du cours de Soins aux Créatures Magiques ouvrit brusquement la porte du Hall et cria à la cantonade :
- Hé ! Quelqu'un peut dire à Crivey qu'on a retrouvé son chapeau ?
Colin Crivey bouscula la file des ses camarades pour atteindre la porte.
- Où ça ? Où ça ? demandait-il. Qu'est-ce que le chapeau de mon frère fait dehors ?
- Il prend le frais sans doute, se moqua Ellen.
Le groupe suivit le mouvement qui sortait pour savoir ce qui était arrivé d'extraordinaire au chapeau de Dennis Crivey.
…
Sur le perron, Harry et Ron voulurent forcer un passage pour leur permettre d'en voir davantage. On s'écarta devant eux, dans un silence chuchotant.
Aux pieds de l'escalier du perron, le bonhomme de neige avait été renversé, décapité et le balai –qui pourtant n'en pouvait mais- avait été brisé.
La tête du bonhomme était éclatée sur la première marche du perron, mais on distinguait parfaitement, dessinée avec un soin presque maniaque à l'aide de brins de paille du balai, la forme d'un éclair entre les trous des deux yeux qui avait perdu leurs cailloux. Le chapeau –du plus jeune des frères Crivey à ce qu'il s'avérait- gisait à quelques pas. Harry s'arrêta en haut du parvis. Ron et Neville descendirent dans la neige piétinée.
- Mais qui a bien pu faire une chose pareille ? tonna Ron en balayant la foule de ses camarades d'un regard accusateur.
Tout le monde recula d'un pas. Neville se pencha.
- Tiens ! fit-il. On a aussi retrouvé les badges de Luna.
Il ramassa un à un ce qui avait représenté les boutons du bonhomme du neige et se tourna vers les Première et Deuxième Année qui se trouvaient là.
- Bien ! Il ne vous reste plus qu'à en recommencer un autre, pas vrai les gars ?
Il leur fit un clin d'œil et ramena Ron vers les escaliers tandis que Colin secouait le chapeau de son frère trempé d'humidité.
Ellie frappa dans ses mains :
- Allez ! le spectacle est terminé ! Tout le monde à table ! Je ne le répèterai pas…
Et comme personne ne se décidait à bouger, car tous observaient avec la même appréhension qui le visage un peu pâli de Potter, qui le bonhomme abattu dans la neige souillée, Ellie ajouta :
- Attention ! Voilà Rusard…
Aussitôt chacun se dépêcha de battre en retraite à l'intérieur du château. Harry frissonna. Il faisait froid et il ne portait pas son manteau.
- Franchement ! grommela Ron. C'est malin de faire une chose pareille ! Ça rime à quoi ?
Ils passaient à leur tour le seuil du hall et Ellie répondit, assez haut pour se faire entendre de Malefoy et sa suite qui se tenait légèrement à l'écart, un sourire satisfait aux lèvres :
- Voyons, Weasley ! fit-elle avec une ironie qui n'était pas destinée au préfet de Gryffondor. C'est beaucoup moins dangereux de s'attaquer à un tas d'eau glacée qu'à Potter lui-même…
…
Malefoy cependant ne se laissa pas démonter. Il s'avança lui aussi, d'un pas nonchalant, vers le couloir du rez-de-chaussée.
- Mais ce n'est pas cela qui va troubler notre valeureux héros… se moqua-t-il. Il a l'habitude de voir brûler son effigie sur la place publique, n'est-ce pas Potter ? Cela reste désagréable, cependant… Une note discordante dans le concert de louanges qui monte d'ordinaire du chœur de tes admirateurs, Potter… Sans doute ne sont-ils pas aussi nombreux que tu ne le penses…
…
Harry s'arrêta au milieu du Hall, malgré Neville qui voulait l'entraîner. Ron et Ellie se placèrent de chaque côté du jeune homme brun dont les yeux laissaient voir une colère montante.
- Ne t'inquiète donc pas pour moi, Malefoy. Il y a longtemps que j'ai appris à ne pas me fier aux apparences…
- Je sais que tu es passé maître dans l'illusion, Potter, et les illusions également… ajouta Malefoy avec un rire fat. Mais jeter de la poudre aux yeux ne suffira plus… bientôt…
Harry serra les mâchoires. La colère montait toujours. L'attitude de Drago l'irritait. Ce n'était pas la provocation en elle-même qui le dérangeait, c'était ce je-ne-sais-quoi de déplaisant dans le regard et la voix de Malefoy. Le Serpentard jouait avec sa baguette la frappant mollement dans la paume de sa main, comme il l'aurait fait avec une cravache.
…
Soudain, la baguette échappa à Malefoy. Elle s'éleva vers le plafond, laissant le jeune homme perplexe. Il fit un signe à l'un de ses Salamandre qui tenta un Accio Baguette de Drago qui échoua. La baguette montait, montait toujours dans un silence stupéfait. Avec rage, Malefoy arracha la baguette des mains de son camarade et lança lui-même un nouveau sortilège d'attraction. Et la baguette retomba. Très vite. Et toute droite, la pointe en avant. Malefoy n'eut que le temps de faire un bond en arrière. La baguette retomba sur le sol et rebondit deux fois avant de s'immobiliser aux pieds de Théodore Nott qui ne se baissa pas pour la ramasser. Du bout de sa baguette, le Serpentard la fit glisser sur le carrelage ancien jusqu'à son propriétaire qui l'attira à lui de mauvaise grâce.
- En effet, Malefoy… fit Harry avec une froideur qu'il alla chercher au plus profond de lui même. Bientôt les mots ne suffiront plus.
…
Du haut du palier, Hermione contemplait la scène avec effarement.
- Qu'est-ce qui se passe ici ! gronda-t-elle les mains sur les hanches. Allez ! Débarrassez le Hall ! Et vite où je vous mets tous en retenue jusqu'à la fin de la semaine !
Malefoy quitta les lieux le premier, suivi de sa troupe. Les autres se dispersèrent dans le désordre, commentant déjà les derniers évènements.
Hermione dévala les marches pour s'enquérir des raisons d'un tel attroupement. Neville, les yeux au ciel, l'informa du triste sort du bonhomme de neige et des provocations de Malefoy.
- J'ai retrouvé mes badges ! s'exclama Luna en lui montrant les emblèmes des Phénix dans sa paume.
Harry préféra changer de sujet alors que la Préfète en Chef fronçait les sourcils en demandant pourquoi la baguette de Malefoy s'était retrouvée à hauteur du grand lustre.
- Alors ? fit-il en reprenant le chemin du réfectoire. Ça y est ?
Il désigna de la tête les cachots et Hermione acquiesça dans un soupir.
- Dobby a profité des cours pour se rendre… là-bas… Et ce soir pendant que tout le monde sera au club de Duels, nous terminerons le travail chez les Préfets… Voilà ! Il n'y a plus qu'à espérer qu'il n'y aura pas de nouvelle livraison…
Elle soupira encore une fois et laissa retomber les bras le long de sa robe ;
- Allons manger, on a du travail cet après midi : il faut qu'on révise pour demain !
- Oui, allons manger, renchérit Ron en se frottant les mains. Et voir si Wilford est toujours là…
…
Wilford était toujours là. Mais il semblait partager l'effarement de tous ceux qui avaient eu vent de la venue de son aïeul. Les Serpentard étaient furieux et rongeaient leur frein. Ils savaient que Londubat avait fait appeler le jeune homme en plein cours et tous avaient cru à son renvoi imminent. Nul ne savait ce qu'il était advenu durant l'entrevue entre le Patriarche et le garçon, et si Wilford était loin de se montrer heureux de son maintien à Poudlard, cela ne diminuait en rien le ressentiment de ses camarades.
Neville promit qu'il en saurait plus et ils oublièrent Wilford pour un temps.
L'après midi, Hermione avait organisé ses ateliers de révisions pour les Septième Année les après midi de la semaine et durant deux heures, en effet, Harry ne put faire autre chose que travailler. Mais quand l'atelier de révision se termina, il signifia à Hermione qu'il n'était plus question d'ouvrir un livre de classe. Et comme il ne pouvait se rendre sur le terrain de Quidditch, il demanda à Lavande si elle voulait bien lui prêter le catalogue qu'elle avait fini de feuilleter tandis que Ron se plongeait en sifflotant dans la lecture d'un magazine sur le Quidditch qu'il avait emprunté à Malone.
On demanda à Harry s'il comptait rechercher ceux qui avaient détruit le bonhomme de neige et il haussa les épaules. Tant qu'ils ne s'attaquaient pas à ses amis, ils se moquaient royalement de l'identité de ceux qui s'amusaient à ces jeux stupides et puérils. Il continua à tourner les pages du catalogue à la recherche du cadeau idéal pour Ellen. Il avait renoncé aux boucles d'oreilles. Un bijou, c'était un peu… un peu trop… il n'arrivait pas à exprimer pourquoi il se sentait embarrassé à l'idée d'offrir un bijou à Ellen. Il chercha la page des livres. Oui, un livre sur les chevaux ailés. Un livre sur les chevaux, cela n'en disait pas trop et il était certain de ne pas se tromper. Et en même temps… en même temps c'était un peu… un peu trop peu… Ah ! ce que c'était énervant ! Et compliqué ! Et puis des livres sur les chevaux ailés, elle devait en avoir des bibliothèques pleines dans son château écossais !
Il jeta un regard agacé à celui qui prenait place à côté de lui, en face de Ron, sans demander s'il ne dérangeait pas.
- Hum ! Hum !
- Qu'est-ce que tu veux, Grayson ? grogna Harry. Tu devrais pas être en cours ?
- J'ai terminé mon devoir avant tout le monde, et le professeur Sinistra m'a autorisé à quitter la classe… et puis qu'est-ce que ça peut te faire ?
Reggie Grayson se redressa avec fierté.
- Je suis venu te poser une question…
- Grayson… fiche-nous la paix ! grommela Ron sans lever les yeux de son magazine.
- Je veux savoir si c'est vrai ce qu'on raconte… sur Lovegood et sa prophétie.
- Quelle prophétie ? demanda Harry distraitement.
Il venait d'apercevoir en feuilletant rapidement le catalogue quelque chose qui avait attiré son regard et il n'arrivait pas à en retrouver la page. Un coup de pied de Ron le ramena dans la salle des Quatre Maisons.
- Alors ? Insista Grayson. On commence à se demander, au cas où Loufoca n'aurait pas divagué cette fois, si ça voudrait pas dire que l'école va être attaquée...
Harry haussa les épaules.
- … et que les mangemorts vont être vainqueurs…
- Un match n'est jamais perdu avant d'être joué, Grayson, répondit Harry. Ils viendront de toutes façons, ça, on peut en être certains.
Grayson pâlit légèrement.
- Oui… c'est ce que disent les paroles de Lovegood… Ils viendront…
Harry haussa les épaules à nouveau :
- Ils n'attendent que cela depuis Halloween.
- C'est pour ça que tu nous as tous réunis ce soir ? Pour nous parler de cette rumeur là ?
Harry échangea un regard avec Ron qui lui adressa une grimace.
- En fait… commença Harry. Pas vraiment… mais…
Il se tut. Il n'avait aucune idée de la manière dont se déroulerait le club de duels et il ne voulait faire aucune promesse. Grayson resta quelques secondes silencieux lui aussi, puis il se leva et quitta la table comme il était venu.
…
Au bout d'un moment, Ron se leva à son tour et déclara qu'il allait rendre son magazine à Malone.
Harry se replongea dans son catalogue à la recherche de sa page perdue et quand il la retrouva il ressentit enfin ce petit pincement au cœur qu'il attendait.
Il prit un parchemin vierge et une plume et s'appliqua à recopier lisiblement le bon de commande. Il était assez fier de lui. Il avait trouvé le cadeau idéal. Un savant compromis entre ses deux idées premières. Il examina la broche en argent –fermoir incassable renforcé d'un sortilège d'accrochage exclusif et garanti- un cheval cabré, les ailes déployées, dans l'élan de l'envol. Oui, c'était bien là ce qu'il fallait à Ellen. Et il lui tardait de la voir le porter en fermoir pour son manteau… L'argent irait bien avec la couleur de sa Maison… Il réalisa que pour la voir porter la broche, il lui faudrait attendre la rentrée… S'il était toujours là pour rentrer… S'il y avait une rentrée… Il leva les yeux vers Ron qui discutait avec Malone et les Préfètes de Sixième Année de Poufsouffle et Serdaigle.
Harry retourna à la rédaction de son bon de commande, il apposait sa signature au bas de la page quand il entendit la voix de Ginny demander :
- Qu'est-ce que tu fais ?
Il leva vivement la tête. Ellen et Ginny se tenaient devant lui, souriantes et curieuses. Il rougit comme un coupable, et cacha du coude le catalogue tandis qu'il ramenait vers lui le bon de commande.
Aussitôt, Ginny essaya de s'emparer du bon et Ellie du catalogue.
Harry laissa partir le bon pour refermer le catalogue, puis avant que Ginny n'eût le temps de lire autre chose que l'en-tête, il rappela d'un mot le bon de commande vers lui et le roula dans sa poche.
- Vous êtes réellement infernales toutes les deux…
Ginny se mit à rire. Ellie s'assit à côté d'Harry et entreprit de le corrompre à force de baisers.
- Dis-moi ce que tu faisais, pria-t-elle tandis qu'il la repoussait mollement. Tu ne veux pas me le dire, à moi… rien qu'à moi… Qu'est-ce que c'était ?
Ginny s'empara du catalogue et le feuilleta.
- Je connais un sortilège pour ouvrir un livre à la dernière page consultée… fit-elle malicieuse.
Harry lui jeta un regard noir.
- Ginny… Si tu fais ça… Je te déshérite !
Elle éclata de rire.
- Alors je sais ce qu'il faisait, Ellie ! Il commandait un cadeau pour toi !
- C'est vrai ? demanda Ellen, les yeux brillants.
Harry reprit le catalogue des mains de la rouquine.
- Ginny ! Je te raye de mon testament ! Et la Carte, tu peux toujours te brosser pour l'avoir !
Il se tourna vers la table derrière lui pour rendre le catalogue à Lavande.
- Tu as trouvé ce que tu voulais ? demanda aimablement cette dernière avec un coup d'œil maussade à Ellie.
- Oui, merci, Lavande, répondit Harry avec un sourire. Tu n'oublies pas de venir au club de Duels ce soir, n'est-ce pas…
- Nous viendrons, assura la jeune fille. Seamus et Dean nous ont dit que c'était important.
Harry hocha la tête et se tourna vers les deux intrigantes qui chuchotaient par-dessus la table.
- Tu ne veux toujours pas me dire ce que tu as commandé ? minauda Ellen.
- C'est une surprise, Nell, grommela Harry. Enfin, ce devait en être une…
- Ellie aussi a quelque chose pour toi… Mais elle ça fait longtemps qu'elle l'a reçue… Elle ne s'y prend pas au dernier moment, elle...
- Ginny ! s'indigna Ellie en riant. De toutes façons, Harry me gâte beaucoup trop. Et je sais d'avance que je vais adorer ce qu'il va m'offrir.
Elle l'embrassa et resta blottie dans ses bras jusqu'à ce qu'Hermione vint rappeler aux Sixième Année que leurs ateliers de révision commençaient dans cinq minutes, et aux Septième que l'atelier de révision d'Astronomie avait lieu au quatrième étage. Elle ponctua son rappel d'un « Tiens toi bien, Harry ! » qui fit rire Ginny et ricaner certains autres. Ellie le laissa partir à regrets. Il quitta la Salle des Quatre Maisons en compagnie d'Hermione qui devait animer un atelier au troisième étage.
- Mais quand donc révises-tu toi-même, Hermione ? demanda Harry avec autant d'exaspération que d'admiration.
- Oh ! je réviserai ce soir, après que Dobby et moi aurons… enfin… tu vois ce dont je veux parler. J'ai pris de l'avance dans mes révisions, tu sais.
Harry voulait bien le croire. Il la trouvait simplement un peu plus nerveuse que d'ordinaire.
- Tu t'inquiètes pour l'échange de ce soir ? questionna-t-il à voix basse.
Elle secoua la tête.
- Non… je prendrais la cape, et la Carte aussi… Quand tout le monde sera occupé au club de Duels, nous serons tranquilles… Il n'y aura que Malefoy à contrôler…
- Et l'inconnu du Bureau des Préfets… rappela Harry.
Elle hocha la tête en guise d'acquiescement.
- S'il n'est pas au club… soupira-t-elle. Remarque, s'il profitait du même moment pour venir cacher d'autres baguettes… au moins n'aurais-je ni à me tracasser pour les chercher, ni à essayer de trouver qui cela peut-il être… Tous les préfets ne marchent pas avec nous… Mais cela ne veut pas dire que notre espion est de ceux-là… Cela peut très bien être l'un de ceux qui nous suivent depuis le début… Tout ce dont on est sûr c'est qu'il ne fait pas partie de l'Etat Major, et c'est déjà rassurant, parce que sinon Malefoy aurait eu accès à des informations que manifestement il n'a pas…
- Oui… concéda Harry. Tel que nous le connaissons, il n'aurait pas manqué d'y faire allusion… Il en aurait au moins parlé à Larry, ne serait-ce que pour se faire mousser…
…
Cependant Harry voyait bien qu'Hermione parlait de ce qu'il savait déjà parce qu'elle avait envie de parler d'autre chose. Enfin elle se décida, juste avant de mettre le pied sur la marche qui la mènerait au palier du troisième étage, alors que Harry allait bifurquer pour prendre un raccourci.
- Tu as eu des nouvelles de Viktor ? demanda-t-elle très vite.
Harry secoua la tête.
- Mais Londubat m'a proposé d'assurer l'intérim s'il ne venait pas… Je ne refuserai pas son aide, Hermione, parce que Grayson m'a posé des questions sur la prophétie de Luna et que je n'ai su que répondre…
Elle prit ses mains dans un geste inquiet.
- Si tu as besoin de moi, tu sais où je me trouverai… Tu n'auras qu'à m'envoyer Ron…
Puis elle changea d'attitude, et de ton. Elle sourit :
- Tu te rends à un atelier de révision ?
- Non ! lui répondit Harry avec assurance. Je vais chercher une enveloppe pour y glisser le bon de commande que j'ai dans la poche –et les quelques gallions qui vont avec- avant que Ginny ne clame à tout le monde quel cadeau je compte faire à Ellie pour Noël…
Hermione sourit.
- Je sais ce qu'elle a l'intention de t'offrir… dit-elle.
Harry fut tenté –juste une micro seconde- de lui demander ce que c'était. Il préféra tourner les talons et s'engouffrer dans le passage qui menait chez les Gryffondor. De toutes façons, il savait qu'il aimerait ce qu'elle allait lui offrir.
…
…
Tout le monde attendait dans la salle de classe, assis sur les tables, les bancs, ou sur les genoux de leurs petits copains. On cessait de parler de qui irait avec qui au bal du vendredi pour commencer à murmurer sur ce qu'on était venu faire là… Ron, un peu nerveux se pencha vers Harry pour chuchoter pour la centième fois qu'il ne viendrait pas, lorsque le silence se fit peu à peu, à force de coups de coudes et de chut impérieux.
…
Il se tenait dans l'embrasure de la porte, dans sa robe noire de professeur, qu'il portait comme une tenue de quidditch, ouverte, à peine maintenue par les trois premiers boutons du haut.
Il pénétra dans la salle comme on entre dans l'arène. Il était pâle et tordait ses doigts nerveux dans des gestes saccadés. Harry s'avança pour l'accueillir sur l'estrade et Ron se retira au fond de la pièce, à côté de Ginny, assise auprès de Luna et Ellie.
- Bien… fit Viktor Krum d'une voix enrouée pour couper court aux remerciements d'Harry. Par quoi veux-tu que je commence ? Que veux-tu que je dise ? Vous savez déjà que les mangemorts sont dangereux et qu'ils n'hésitent pas à tuer.
- C'est une chose que de lire une liste de noms dans les journaux, Viktor.
- Mais je ne sais pas ce que tu veux m'entendre dire, Harry… J'ai réfléchi à ce que tu m'as demandé et je ne crois pas que je pourrais faire ce que tu veux…
…
A nouveau Viktor ressentit ce malaise qui ne l'avait quitté qu'en de rares moments –ceux où il avait décidé qu'il viendrait, comme ceux où il avait décidé qu'il ne viendra pas. C'était un vertige. Une nausée. Une oppression de la poitrine et du cœur. Son esprit qui s'obscurcissait pour en plus voir ces images. Pour faire taire les voix. Pour tout remettre dans le fond de sa mémoire, un couvercle de plomb par-dessus.
…
Au milieu de la salle, un jeune homme se leva, un peu gauche. Il portait sur sa joue les marques d'une brûlure et il tenait dans sa main celle d'une jeune fille tout aussi impressionnée que lui. Des Septième Année, de Poufsouffle. Viktor ne pouvait oublier le nom de cette Maison. C'était celle de Cédric Diggory.
Le garçon avait un nom impossible, mais il était doué en sortilèges de défense. La fille, Susan Bones, était toujours à quelques pas derrière ou à côté de lui. Elle connaissait par cœur tous les effets de chaque sortilège.
…
Krum reprit son souffle et le bourdonnement qui bruissait à ses oreilles se tut. Il entendit Harry prier Justin de poser sa question directement au professeur et Viktor se rappela qu'il était ce professeur.
- Est-ce vrai, Monsieur, que pour faire partie des mangemorts il faut faire au Maître des Ténèbres l'offrande d'une vie ? demanda Justin d'une voix un peu tremblante.
Viktor fronça les sourcils.
- Je… ne comprends pas… répondit-il.
- Justin voudrait savoir, Viktor, s'il est vrai qu'il faille prouver sa fidélité au maître en obéissant à un ordre de meurtre…
- Tous les ordres du maître sont des ordres de meurtres, dit Viktor de plus en plus pâle. A moins qu'il ne soit précisé le contraire.
Il observa Harry un instant, comme s'il essayait de se persuader que le jeune homme allait l'interrompre. Qu'il allait lui dire qu'il était inutile de continuer et le renvoyez dans son appartement.
Puis il se tourna à nouveau vers la salle et tous ces visages attentifs et anxieux. Tous ces jeunes gens à peine plus jeunes que lui sur qui allaient s'abattre le feu de l'apocalypse.
…
Il prit une grande respiration et s'avança de quelques pas, seul, au devant de tous.
- Ils m'ont convoqué un jour – la marque sur mon poignet n'était pas encore cicatrisée- avec un ancien camarade de classe que je n'avais par revu depuis longtemps. Ils nous ont donné une cagoule et un manteau. Ils nous ont dit : Pour la première fois, ce sera facile. Ce n'est qu'un vieil homme, et il est blessé. Il sera seul. Ils nous ont donné les coordonnées de transplanage et nous nous sommes rendus où ils nous l'avaient ordonné.
Viktor s'arrêta, comme s'il manquait d'air. Et le souffle de la classe était suspendu à sa respiration. Il reprit :
- C'était un vieil homme en effet, et il était blessé. Il était seul, comme ils l'avaient dit. Seulement, ils avaient oublié de nous dire qui il était. C'était un de nos anciens professeurs. Il avait démissionné lors de la nomination du nouveau Directeur de Durmstrang et il avait eu le tort de dire pourquoi. Il s'élevait contre la tyrannie et il appelait à la rébellion. C'était un homme érudit et sage. C'était mon ami et il était mon maître aux échecs. J'ai dit à mon camarade : « C'est impossible ! » et il a reconnu ma voix. Mon camarade a répondu : «Si nous ne le faisons pas, c'est nous qui sommes morts… » Et il a reconnu sa voix aussi. Il s'est levé, sa baguette dans la main et il nous a dit : « Faites ce que vous avez à faire. Mais faites-le vite. » Et je sais pourquoi les mangemorts portent des cagoules. Peut-être pour ne pas être reconnus. Peut-être pour semer une terreur sans visage. Sûrement parce qu'il est plus facile de tuer et torturer quand l'anonymat nous sert de conscience… Mais surtout, surtout, parce que la terreur qu'on lit dans les yeux des victimes est plus supportable que la déception et le dégoût.
J'ai répété : « c'est impossible ! » et mon camarade a dit : « Je le ferai pour toi. Tu me dois une vie. » Il a levé sa baguette et il a prononcé la formule. Et je l'ai laissé faire. Le vieil homme est tombé et nous sommes partis.
…
Dans le silence figé de la salle, Harry crut que Viktor n'aurait pas le cœur de continuer. Krum reprit pourtant, forçant sa voix à rester neutre. Il parlait soudain comme si les mots libérés ne voulaient plus cesser de sortir de lui.
- Deux jours après, nous avons tous été rappelés. Nous devions nous rendre dans un repaire de dissidents. Nous avons transplané. C'était une veillée funèbre. Plusieurs familles. Des jeunes gens. Des femmes. Des anciens. La mort a eu son compte ce soir-là. Elle ne s'était pas déplacée pour rien.
Une semaine après, ils nous ont dit de nous tenir prêt, que nous serions sûrement appelés dans la soirée. Je ne sais plus ce qui s'est passé. Parce qu'avant de partir j'ai bu une demi bouteille de firewhisky de contrebande. J'ai été encore plus malade que la première fois. Et trois jours après, mon camarade m'a appelé. Il avait reçu pour mission d'éliminer la femme d'un homme du ministère qui faisait des difficultés pour appliquer certaines nouvelles lois. Elle était la sœur d'un de ses anciens amis. Elle l'avait de nombreuses fois accueilli chez eux. Il m'a demandé de payer ma dette.
Ensuite, il ne se passait pas une semaine sans que nous soyons appelés.
On nous disait qu'on avait repéré un repaire de rebelles et nous savions que nous allions tomber dans des réunions de familles, ou bien dans des endroits où ceux qui combattaient les Forces des Ténèbres avaient mis les leurs à l'abri ; du moins le croyaient-ils. Nous savions que l'unique mot d'ordre ces soirs-là était : Pas de prisonniers. Nous ne laissions derrière nous que la mort et la désolation. La marque noire flottait sur des cadavres. Ils achevaient les blessés quand ils risquaient de s'en sortir. Sinon, ils les laissaient agoniser longtemps. Il n'y avait pas de pitié. Il fallait des morts et la ruine pour parler de victoire.
Cela n'avait rien à voir avec des duels de sorcier à sorcier. Nous arrivions toujours plus nombreux. Et avant de tuer, ils aimaient semer parmi leurs victimes la peur et l'effroi. Ils tuaient les enfants sous les yeux de leurs mères. Ils faisaient souffrir les épouses sous les yeux de leurs époux. Ils faisaient supplier les pères devant leurs enfants. Les cris et les larmes les faisaient rire. Ce n'étaient que des demi-sang, des sang-de-bourbe, des traitres à leurs sang ravalés au rang de créatures. Leur souffrance ne les touchait pas. On aurait dit des enfants inconscients qui jouent avec des insectes… Insensibles aux supplications et aux lamentations. Enivrés de discours où on nous promettait la gloire et le pouvoir d'un côté, et où on agitait de l'autre la menace de la punition. On nous abreuvait de haine avant chaque raid. On nous rassemblait dans les ténèbres embrasées du rouge des torches. On attisait la peur qui nous habitait tous et elle nous guidait autant que la conviction. Ceux qui conservaient quelque conscience en devenaient fous. Ceux qui comme moi avaient choisi d'être lâches finissaient par se détruire eux-mêmes…
…
Tous les yeux étaient fixés sur lui. On aurait pu d'une chiquenaude briser le silence comme du cristal.
- Et vous, professeur, vous n'êtes pas devenu fou… ?
C'était la voix d'une très jeune fille. Viktor la chercha mais elle ne se montrait pas.
…
- Non… finit-il par murmurer. Moi, je m'étais mis en tête que toutes les informations que je pourrais recueillir, si j'arrivais un jour à les faire parvenir à ceux qui luttaient contre les forces du mal, rachèteraient chacun de mes actes. Je ne vivais que pour cela. Et je me raccrochais à des images du passé. Où le bonheur me paraissait si proche que je n'avais qu'à tendre la main. Et de plus en plus, ces images-là s'effaçaient. De plus en plus, ce n'étaient que des visages en larmes que je voyais. Les voix et les rires se changeaient en hurlements et en cris d'agonie. Et toutes ces sensations douces, comme tenir une main aimée, ou le souvenir d'un parfum, devenaient douleur et souffrance. Mais c'était mieux que de ne rien ressentir du tout. Le plus difficile à supporter ce fut quand je compris que je devenais comme eux, moi aussi, jour après jour. J'ai lutté tout en sachant que si je ne quittais pas leur compagnie, tout combat serait inutile. J'ai eu ma chance. Je l'ai saisie. J'ai cru que je pourrais encore sauver d'autres que moi, mais ce fut pire encore que les autres fois. Nous avions amené avec nous cette fois là des créatures féroces et avides de sang. La vengeance, la mort et la destruction, c'était tout ce qui régnait ce jour-là. Cette nuit-là. J'ai réussi à sortir un homme, un ami, de ce chaos, mais j'en ai laissé d'autres. Des dizaines d'autres. J'ai cru mourir cent fois. J'ai cru que j'emportais un corps sans vie. J'ai cru que tous mes efforts avaient été vains. J'ai cru que je vivais un cauchemar et que je ne me réveillerais jamais de cette obscurité.
…
Il y eut comme un sanglot qui secoua la salle. Susan s'accrocha à la main de Justin et celui-ci embrassa ses doigts à les mordre. On entendait des reniflements étouffés et des respirations difficiles. Ginny se tourna vers son frère pour se serrer contre lui. Elle s'aperçut que Ron n'était plus à côté d'elle et elle leva les yeux vers la porte à deux pas juste au moment où celle-ci se refermait.
…
…
Dans l'obscurité de son baldaquin fermé, Harry n'arrivait pas à trouver le sommeil, et il savait qu'il en allait de même pour la plupart de ceux qui avaient assisté au club de Duels ce soir-là.
Quand ses camarades avaient quitté la salle, ils n'avaient plus envie de parler du bal de Noël et Grayson n'avaient pas eu besoin de poser ses questions sur la prophétie de Luna Lovegood. Chacun avait compris que ce n'était pas pour rien que Harry avait fait venir Krum.
Lavande était sortie de la salle en larmes et Parvati et Padma l'avaient suivie, consternées. Seamus avait fait taire Jezebel Dawson d'un juron bien senti alors qu'elle essayait de faire dire à Harry qu'ils n'avaient aucune chance de s'en sortir.
Il se demandait encore s'il avait eu raison. Il se retourna dans son lit pour la dixième fois en moins d'un quart d'heure. Et pourtant ce n'était pas l'image de ses camarades aux visages sombres qui l'obsédait, ni l'air éprouvé de Krum quand il s'était décidé à quitter la salle presque vide – Harry n'avait rien trouvé à lui dire, à peine un merci qui avait fait sourire Viktor, avec amertume – Non, c'était le regard triste de Justin, et sa voix encore plus grave quand il lui avait dit avant de sortir : « Tu sais Harry, si tu ne voulais pas danser au bal de Noël, t'étais pas obligé d'en dégoûter les autres. » Susan avait dit : « Justin ! » d'un air scandalisé. Les deux jeunes hommes avaient échangé un sourire qui faisait encore frissonner Harry.
Il était allé au-delà de ce qu'il voulait faire. Et il était certain que les trois quarts de l'école étaient prêts à faire leurs bagages pour quitter Poudlard au plus vite.
Il se retourna encore une fois avant de se soulever sur le coude. Il lui avait semblé entendre du bruit. C'était peut-être Ron… Il ne l'avait pas vu à la fin de la séance, et il n'était pas non plus dans le laboratoire ni chez les Préfets. Neville, qui avait rejoint directement le dortoir, avait montré le lit aux rideaux tirés quand Harry lui avait demandé s'il avait vu leur ami. Ils avaient eu beau l'appeler, Ron n'avait pas répondu. Et ils n'avaient pas osé soulever les tentures.
…
Harry se leva et se glissa hors de son lit. Il entendit la porte se refermer et sortit du dortoir à son tour. Il vit de la lumière sous la porte des toilettes et se dirigea vers elles le cœur serré.
Ron était penché au-dessus du lavabo, les mains sous l'eau froide et il les passa sur son visage sans un mot quand Harry entra dans la pièce.
- Ça ne va pas ? demanda Harry avec hésitation.
- Et toi ? Tu n'arrives pas à trouver le sommeil non plus…
La voix de Ron était un peu rauque.
- Je ne pensais pas que ce qu'a raconté Krum te toucherait autant, s'étonna Harry. Je veux dire que toi tu sais de quoi il retourne… On a déjà eu affaire à eux… Et puis il y a eu Percy et Charlie…
- Oui… l'interrompit douloureusement Ron. Charlie…
Il se passa une nouvelle fois de l'eau froide sur le visage et reprit sa respiration. Harry n'osa reprendre la parole.
- Je n'avais pas réalisé… murmura Ron. Je n'avais pas réalisé ce qu'avait coûté le retour de Charlie… Je me sens si ridicule… et en même temps quand je l'entends dire que ce qui l'a gardé sur le chemin de la raison c'est… c'est le souvenir d'Hermione à ses côtés… Je… Ho ! Harry ! Je ne sais pas quoi faire !
Il frappa de ses poings fermés la vasque blanche qui trembla sous le choc.
- Tu savais déjà qu'il l'aimait encore, risqua Harry.
Ron leva les yeux au ciel.
- Je ne le savais pas… Je m'en doutais… ou je voulais le croire parce que… je ne sais pas… Mais maintenant que je sais que j'avais raison, cela ne me procure aucune satisfaction ! crois-moi ! De ma vie, je n'ai jamais autant voulu m'être trompé qu'en ce moment ! Et tu sais ce que je crois aussi…. Je crois qu'Hermione le sais. Et que c'est pour cela qu'elle n'ose pas se trouver en face de lui… Elle n'était pas là ce soir.
- C'est moi qui lui ai demandé de ne pas venir… dit précipitamment Harry, sans ajouter que la jeune fille n'avait pas l'intention d'assister à la séance.
Ron sourit, un peu amer.
- Alors c'est que toi aussi tu savais qu'il n'aurait pas osé parler de tout cela devant elle.
- Je ne sais même pas s'il s'est aperçu de son absence, Ron… Il essayait de ne regarder personne dans les yeux. Il s'est enfui de la salle. Je l'ai mis très mal à l'aise et j'en ai conscience. Et le pire, c'est que je ne suis pas certain que c'était indispensable…
- C'est encore la faute à McGregor… grogna Ron. C'est elle qui a eu cette idée idiote…
- Oui, mais nous étions tous d'accord… Et c'est moi qui suis allé trouver Viktor.
Ron poussa un soupir si profond qu'il emplit la pièce de son désarroi.
- Sais-tu ce qu'il y a de pire dans tous ça ? demanda-t-il encore d'une voix lasse.
Et comme Harry ne répondait pas, il reprit, détachant son regard des yeux de son ami :
- C'est que chaque fois que j'ai eu à me battre contre la peur et la panique, contre l'étau glacé du désespoir qui me serrait le cœur et l'esprit, j'ai pensé aux mêmes choses que lui...
Il se regarda dans le miroir au-dessus du lavabo comme s'il se voyait pour la première fois.
- Harry… j'ai un drôle de pressentiment, tu sais… J'arrive pas à savoir ce que c'est… je… je voudrais… je ne sais même pas ce que je voudrais…
- Tu voudrais que tout ça s'arrête… Te cacher sous les couvertures et attendre le matin pour t'apercevoir que tout ça n'était qu'un horrible cauchemar…
Ron hocha la tête, haussa les épaules, secoua à nouveau la tête…
- Je sais pas…
Harry s'approcha et s'appuya au lavabo devant lequel se tenait Ron. Ils ne dirent rien durant un moment. Puis Ron passa sa main dans ses cheveux. Ses taches de rousseur semblaient avoir foncé tant il était pâle.
- Avec tout ça… dit-il en se raclant la gorge. Avec tout ça… je sais pas ce que Neville a appris de son oncle concernant cette pourriture de Wilford…
- Oh ! fit Harry, heureux de changer de sujet de conversation. En fait… C'était bien le Patriarche Wilford qui est venu voir Dumbledore… dit-il.
- Il a exigé le maintien de son descendant dans l'école ? demanda Ron avec une moue dédaigneuse.
- Oui… enfin non… Disons que c'est un peu plus compliqué…
Il fit une grimace en se grattant la tête avec sa baguette. Une lueur d'étonnement intéressé s'alluma dans l'œil un peu humide de Ron.
- En fait, et en effet, reprit Harry, Magnus Wilford, dit le Patriarche, a bien déclaré à Dumbledore qu'il était hors de question que son arrière arrière etc… petit-fils soit renvoyé de Poudlard pour avoir lancé une pierre à l'un de ses condisciples alors que des adeptes manifestes de Celui-Dont-On-ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom s'y trouvaient encore et pouvaient en toute impunité poursuivre leurs études… De même qu'il n'envisageait en aucune manière que le dit petit-fils fît partie de ces adeptes, à moins qu'on ne lui en apportât la preuve formelle, il n'envisageait pas plus que Bénédict quittât l'école sans ses diplômes en poche. Il était prêt à déposer une requête formelle devant le conseil d'Administration si on s'obstinait à vouloir priver BJ de ses droits à l'enseignement et bla bla bla… tu vois le topo…
Ron hocha la tête.
- Dumbledore a alors convoqué Wilford dans son bureau, poursuivit Harry, dans l'espoir que son œil poché ferait réagir l'arrière arrière etc grand-père… lorsqu'il lui parlerait de la sécurité du petit-fils. Le Patriarche a alors répondu que si l'école n'était plus en mesure d'assurer la sécurité de ses élèves, quels qu'ils soient –et la sécurité d'un Wilford valait au moins autant que celle d'un Potter- il était temps alors de fermer Poudlard et de renvoyer alors chacun où il convenait d'être : soit dans ses foyers, soit à Azkaban, où il aurait lui-même fait emprisonner les trublions d'Halloween sans autre forme de procès. Auquel cas il se ferait un devoir de venir chercher en personne le garçon… sur lequel il a jeté, selon le vieil Algie, un regard très courroucé. Londubat aurait voulu insister, mais Dumbledore a fait remarquer à Wilford, avec le plus grand sérieux, qu'il avait la responsabilité de la sécurité des élèves quand ils s'en tenaient à ce qu'ils étaient censés faire dans l'école : autrement dit, étudier, mais qu'à partir du moment où ils se livraient à des actes interdits aussi bien que réprouvés, il ne pouvait les protéger vingt-quatre heures sur vingt-quatre du ressentiment de leurs camarades. C'est alors que Wilford s'est levé, et a dit : C'est très juste, Dumbledore. Mais qui commet des erreurs les paye, d'une manière ou d'une autre. Les Wilford ont toujours assumé leurs actes et leurs paroles, vous ne pouvez prétendre le contraire. Vous avez retiré sa baguette à Bénédict. Je n'approuve pas, car ainsi vous le privez d'un moyen d'assurer sa sécurité. Mais je respecte votre décision de Directeur de Poudlard. A vous d'en assumer les conséquences.
Harry imita Neville mimant l'attitude qu'il prêtait au Patriarche, sa baguette en guise de cravache, et rejetant un manteau imaginaire en arrière. Ron consentit à sourire faiblement.
- Et qu'a répondu Dumbledore ? demanda-t-il.
- Mon cher Magnus… je crains que les conséquences du retrait de la baguette de votre descendant ne soient le cadet de mes soucis… et si vous vouliez me faire porter le chapeau pour ce qui pourrait lui arriver ici, vous en seriez pour vos frais… Vous avez les moyens de vous payer la moitié du Magenmagot – et je dis la moitié en connaissance de cause, car de l'autre moitié un quart est trop cher pour vous et l'autre peu enclin à se vendre- Et je sais que vous pourriez me faire un procès retentissant… Mais croyez-moi… si les conséquences de ce qui se prépare allaient jusque là… alors j'en serais fort heureux…Ou quelque chose dans le genre…
…
Ron sembla ravi que Dumbledore eût cloué le bec d'un Wilford. Harry reprit :
- Il parait qu'ils se sont regardés tous les deux pendant un long moment puis Wilford – le vieux – est reparti.
- Je suppose que Wilford –le jeune – va pouvoir se vanter d'avoir causé un revers à Dumbledore… soupira Ron.
Harry haussa une épaule.
- Pas sûr… Il parait aussi qu'il tremblait comme une feuille et qu'il a failli se mordre la langue quand il a dit : Bonjour, Père…
- Père ? fit Ron. Comment tu crois qu'il doit appeler son vrai père alors ?
Harry fit une grimace pour signifier qu'il n'en savait rien. Ron poussa un nouveau soupir qui ressemblait à une inspiration difficile.
- Est-ce que tu sais si Hermione a pu faire… ce qu'elle voulait ?
Il fit le geste de brandir une baguette. Harry opina.
- Elle s'inquiétait pour toi, tu sais.
- Mais elle n'est pas venue me voir… regretta Ron.
- Parce que tu souhaitais vraiment qu'elle te trouve dans cet état ? se moqua Harry.
Ron eut l'air d'admettre qu'Harry n'avait pas tort.
- Mais pour toi elle serait venue… ajouta-t-il avec un peu d'amertume.
- Oui mais c'est uniquement parce qu'elle sait pertinemment qu'avec moi il n'y a aucun risque pour qu'elle se retrouve au fond d'un lit en ma compagnie…
Le visage de Ron devint écarlate et ses oreilles rouge vif.
- C'est un coup bas, ça, Harry… marmonna-t-il. Je te rappelle quand même que c'est toi qui as fermé les rideaux hier matin… et puis… elle n'avait pas l'air si ennuyée que cela… En tous cas, elle ne m'a fait aucun reproche…
Harry se mit à rire devant l'air vexé de son ami.
- A moi non plus, assura-t-il.
Ron se perdit dans la contemplation de la porcelaine du lavabo, toujours aussi rouge… Il plongea la main dans la poche de son pyjama et en ressortit l'écrin de la bague de fiançailles.
- Je ne sais pas si c'est une bonne idée finalement… murmura-t-il. Après tout ce n'est pas une bague qui…
Il ouvrit le boîtier admira la bague quelques longues secondes en silence.
- J'avais tout prévu… Je la lui aurais donnée pendant le bal… On se serait éloignés un peu de la foule et des lumières… et…
- Et ? insista Harry un peu inquiet.
- Et rien… soupira Ron. Je crois que je vais la garder un peu plus longtemps… Peut-être que je me trompe et…
- Et ? répéta Harry une fois encore.
Ron referma l'écrin et le remit dans sa poche.
- De toutes façons, chaque fois que j'ai prévu un truc de ce genre, ça a tourné au fiasco total, alors… autant oublier ça ! C'est que tu n'as pas voulu me dire ce matin, pas vrai… ?
Harry ne pouvait le nier, cependant, il ne se sentait pas si soulagé que cela. Les mots d'Hermione lui revenaient soudain en tête…
- Tu n'es pas obligé de la lui donner au bal… suggéra-t-il. Tu pourrais la lui offrir avant, ou après… Ce n'est pas important, ça… L'important c'est que tu lui dises que tu l'aimes.
- Tu as raison, concéda Ron dans une grimace. Mais c'est plus facile d'offrir des cadeaux que de dire des choses comme ça…
Harry pencha la tête sur le côté, un sourcil froncé :
- C'est pour moi que tu dis ça ? Parce qu'Ellen raconte partout que je la gâte trop ?
Ron eut un petit rire :
- Non… Je ne parle que pour moi…
Il s'appuya au lavabo des deux mains et au même moment, ils entendirent deux coups discrets frappés à la porte. Un chuchotement leur parvint :
- C'est Neville… Tout va bien ?
Ron et Harry échangèrent un sourire.
- Entre Neville ! dit Ron. Tout va bien…
La porte s'ouvrit et Neville apparut sur le seuil, en robe de chambre rouge et en chaussons noirs. Le bas de son pyjama rayé lui arrivait au-dessus de la cheville. Il jeta un coup d'œil inquiet à l'intérieur.
- C'est bien vrai ? Vous allez bien, tous les deux ?
Ron quitta le lavabo et s'avança d'un pas ferme vers Neville.
- On va du mieux qu'on peut, pas vrai Harry ? fit-il sur un ton faussement enjoué.
- Alors tant mieux… murmura Neville. Vous devriez retourner vous coucher. Il faut dormir. On a encore deux devoirs demain matin. Et mon oncle m'a dit que celui de Potions serait assez difficile. Faudra avoir les yeux en face des trous et la main assurée.
- Je n'ai pas sommeil, dit Ron. Je vais descendre un peu pour avancer le devoir d'Histoire de la Magie. C'est tellement assommant que je ne tarderai pas à aller me coucher…
…
Harry se déclara prêt à l'accompagner. Lui non plus n'avait pas sommeil. Ils prirent leurs affaires en silence dans le dortoir tandis que Neville se recouchait. Ils descendirent sans faire de bruit dans la salle commune.
…
- Ron !
Hermione bondit du fauteuil près de la cheminée éteinte pour se précipiter vers les garçons. Elle serra Ron contre elle.
- Tu vas bien ? Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi n'es-tu pas venu me rejoindre chez les Préfets ? Je t'ai attendu ! Je m'inquiète pour toi, Ron…
- Chut ! fit ce dernier. Tu vas réveiller toute la Maison, Hony…
Il la prit dans ses bras et elle passa ses bras autour de son cou. Harry se mit à bâiller à s'en décrocher la mâchoire.
- Je crois que finalement j'ai bien plus sommeil que je ne croyais… je monte me coucher…
Il fit semblant de bâiller une fois de plus, fit un signe de la main à Hermione qui lui adressait un sourire reconnaissant et recula jusqu'aux escaliers qu'il grimpa quatre à quatre.
…
Il prit son livre d'Histoire de la Magie avec lui, mais même le tourbillon de dates dont il se fichait complètement ne parvint pas à l'abrutir. Il replongea dans le souvenir de ce week-end épuisant et de cette journée étrange, faite d'espoirs déçus et de victoires en demi-teintes. Il revoyait le bonhomme de neige abattu, les mines sombres de ses camarades quelques heures auparavant. Son cœur battait fort, très vite et très mal. Et il entendait la voix d'Ellen à son esprit qui résonnait, comme quelques heures plus tôt. J'ai comme l'impression que ce n'était pas une si bonne idée que cela…
…
Harry sursauta dans son demi sommeil. La porte s'ouvrait doucement. Il était tard. Il saisit sa baguette, dans un geste automatique.
- C'est toi, Ron ? murmura-t-il.
- Oui… répondit son ami dans un chuchotement.
Il s'arrêta au pied d'Harry qui alluma le bout de sa baguette.
- Alors ? Tu lui as parlé ?
- Ben… Tu sais… avec Hermione c'est difficile d'en placer une…
Harry pouffa :
- Tu n'avais qu'à l'embrasser pour la faire taire…
- Oui, mais dans ce cas, c'est moi qui ne pouvais plus parler… Je ne sais pas faire deux choses à la fois, moi…
Harry se mit à rire tout bas.
- En tous cas, je suis heureux de te voir en de meilleures dispositions…
Ron soupira, mais d'un air plus encourageant que dans les toilettes.
- Oui… Tu as raison, Harry… Je ne sais pas pourquoi je m'inquiète… C'est si simple quand on se retrouve tous les deux tous seuls…
Harry lui répondit d'un soupir lui aussi.
- Bonne nuit Harry… enfin ce qu'il en reste…
Ron partit dans son lit et referma les rideaux. Harry fit bouger les siens d'un geste de la main. Il laissa tomber son livre sur le sol et se tourna sur le côté. Il ferma les yeux. Il lui fallut faire un effort considérable pour voir se dessiner sous ses paupières le visage d'Ellen. Il était sans cesse remplacé par celui de Malefoy, Nott, Justin, Susan et tant d'autres… Il essaya de fredonner l'air qu'Ellen chantait. Il retombait sur la berceuse. Et le sommeil ne venait toujours pas.
C'était en marche à présent et rien ne pourrait plus rien arrêter.
…
…
Il se leva, le mardi matin avec un horrible mal de tête, comme au temps des cauchemars et des séances de narcomancie avec Rogue. Il répondit à peine au bonjour de Neville et la tendre complicité qui semblait revenue entre Ron et Hermione n'arrivait pas à calmer ce sentiment d'angoisse qui l'étreignait.
…
Ses camarades de Maison le saluèrent sans enthousiasme. Ils avaient tous l'air de faire la tête. Surtout les filles. Enfin, surtout Lavande, Parvati, Dawson et ses copines de dortoir. Il préféra ne pas s'étendre sur le sujet. Il savait bien qu'on lui en voudrait. Il fallait bien que quelqu'un soit désigné responsable. Et il faisait un coupable idéal, depuis toujours. Mais pour une fois, c'était lui qui l'avait voulu ainsi. Cependant cela ne le consolait guère.
…
Il reprit un peu d'espoir, malgré tout, dans la salle du petit déjeuner. Si les conversations tournaient autour de la séance du club de duel de la veille et de la prophétie de Lovegood soudain élevée à parole d'évangile, la nuit semblait être passée sur le traumatisme premier des révélations. L'ambiance était nettement plus détendue que la veille au soir, même si on se tournait vers Harry avec davantage d'espoir et de crainte encore que d'ordinaire.
…
Harry commençait à respirer normalement, et à sentir la fatigue de cette nuit sans sommeil l'envahir, quand les hiboux s'engouffrèrent dans la salle.
Quelques paquets tombèrent dans les assiettes comme à l'ordinaire, dont un dans celle de Neville – qui contenait des gâteaux et une lettre pleine de recommandations inquiètes.
Le Sorcier Indépendant tomba sur la tête d'Hermione qui l'ouvrit aussitôt, délaissant son déjeuner et se mit à lire pendant que Seamus racontait qu'entre la sortie de leur salle commune et le moment où il avait posé ses fesses sur le banc de Gryffondor, au moins une bonne vingtaine de leurs camarades avaient accosté Lavande et Parvati pour leur faire répéter les paroles de Luna. Ce que Jezebel Dawson s'était empressée de faire…
- C'est certain… fit Neville un peu soucieux. Entre ce qu'a raconté Krum et ça…
- Tu n'étais même pas là, lui reprocha Dean.
- J'étais chez mon oncle pour savoir pourquoi Wilford était toujours là, figure-toi ! se défendit Neville.
Seamus renifla d'un air dédaigneux en jetant un regard vers la table des Serpentard.
- Et Luna m'a tout raconté.
- Oh ! fit Ron. Si Luna t'a tout raconté…
Neville haussa une épaule sans sourire.
- De toutes façons, moi, je n'ai pas besoin de dessin pour savoir ce que sont capables de faire les mangemorts… dit-il avec une hauteur dont il n'était pas coutumier.
Ron baissa les yeux. Harry se sentit mal à l'aise. Hermione leva les yeux du journal.
- Non mais qu'est-ce qui vous arrive ! s'exclama-t-elle. Il faut garder notre calme. Nous devons montrer l'exemple.
- Ha oui ! se moqua Ginny… Nous sommes Préfets ! Du moins pour trois d'entre nous !
- Non ! répondit Hermione. Nous sommes l'Etat-Major d'Harry ! Au fait, on organise un exercice d'alerte aujourd'hui… Je suggère que les Préfets revoient la liste des consignes avant chaque entrée en cours.
- Quand ? voulut savoir Seamus qui voyait s'éloigner avec espoir son interrogation écrite de Sortilèges.
- Si je te le disais, Finnigan, ce ne serait pas une surprise !
- Tu n'en sais rien ! conclut le dit Finnigan.
- Peut-être bien… ou peut-être pas ! fit Hermione sur un ton féroce.
- Hum ! fit Harry. Que disent les nouvelles ?
- Tu veux de la lecture ou je résume ?
- Résume-nous cela, Hony… Tu résumes toujours tout parfaitement…
Tous regardèrent Ron avec stupéfaction, y compris Hermione. Elle ne fit aucun commentaire cependant.
- Bon… commença-t-elle en repoussant de ses avant-bras son assiette et ses couverts. En vrac, hein, c'est un résumé : le Ministère est amputé d'une partie de ses agents, à tous les niveaux. On déplore énormément de défections depuis quelques temps, beaucoup trop pour imputer ça uniquement aux attaques de mangemorts…
- Ça veut dire que ces agents disparus… chuchota Neville.
- Oui, approuva Hermione. Du moins c'est ce que prétend le journal. Ils seraient tous des mangemorts partis rejoindre leur maître… A Ste Mangouste également, il y a eu des démissions soudaines… Des guérisseurs qui refusaient de soigner des patients qui n'étaient pas de sang pur. On a même parlé d'empoisonnements et de mort suspecte…
Hermione se hâta de poursuivre comme Neville pâlissait.
- Il y a aussi un article sur les drôles de choses qui arrivent chez les moldus. Dont la réapparition des toilettes régurgitantes et les laveries automatiques qui rétrécissent tous les vêtements ne sont qu'un aspect quelque peu cocasse, dira-t-on…. Par contre, le dérèglement sporadique des feux de signalisations dans les grandes villes moldues du pays a causé de nombreux accidents… L'aéroport de Londres a été fermé durant quatre jours à cause d'un brouillard épais qui empêchait les avions de décoller et d'atterrir ; brouillard qui était bizarrement localisé uniquement sur la zone d'atterrissage. Et puis toutes sortes de maladies inconnues qui sont apparues… toutes plus écoeurantes et contagieuses les unes que les autres… Ensuite, il y a cet article sur Gringott's qui m'inquiète davantage encore que tout ce dont nous avons, somme toute, l'habitude depuis bientôt deux ans… Ils l'ont intitulé : La question des Gobelins et le journaliste se demande quelle position observent les Gobelins dans le conflit qui nous oppose à Voldemort. Il les accuse presque de financer l'armée des mangemorts. Il pointe du doigt la mauvaise volonté des Gobelins quand il s'agit d'ouvrir les portes d'un coffre aux Aurors du Ministère dans le cadre de toute enquête. Il parait même que le directeur du Conseil d'Administration de Gringotts pourrait être remercié.
Elle baissa le ton et regarda Harry du coin de l'œil.
- Ils disent que le Ministre aurait demandé à Rory McGregor de reprendre ses anciennes foncions, mais que celui-ci a refusé d'être, je cite, « l'homme de main » d'un Ministère incapable de maîtriser la moindre situation de crise, qu'elle soit politique ou financière et qui nous a tous mené non pas au bord, mais au cœur d'une guerre civile, digne de moldus d'une époque révolue…
- Waaa ! pouffa Seamus en regardant Harry. Il ne mâche pas ses mots, beau-papa…
Harry haussa les épaules.
- On sait de qui sa fille tient son franc parler, en tous cas, répondit Hermione toujours sérieuse. Et maintenant, les dernières minutes, pas même encadrées, presque jetées à la hâte : il y a eu hier des attaques éclairs un peu partout : A Ste Mangouste où, Barnabas Wisdom Chef de Service de Pathologie des Sortilèges été enlevé. Au chaudron Baveur. Sur le Chemin de Traverse. Au Ministère où les entrepôts du service des Aurors ont explosé, détruisant tout un matériel précieux de détection de magie noire, ainsi que la flotte de balais du Ministère, et toutes les baguettes de précisions de la brigade d'Elite, sauf celles que les Aurors autorisés à s'en servir portaient sur eux.
…
Hermione reprit son souffle dès qu'elle eut terminé sa tirade. Dans le silence interdit, Ginny demanda soudain :
- Ils ont dit s'il y avait eu des victimes sur le Chemin de Traverse ? Et au Ministère ? Il y a eu des victimes ?
Hermione secoua la tête. Ron était devenu plus blanc qu'un linge.
- Il faut contacter Fred et George ! dit Ginny en tentant de contenir l'hystérie de sa voix.
- Et Percy aussi ! réussit à prononcer Ron d'une voix d'outre-tombe.
Hermione hocha la tête.
- Je vais dans mon bureau, dit-elle avant de s'éloigner d'un pas pressé.
…
Elle croisa en sortant Viktor Krum qui entrait. Il s'arrêta pour lui parler. Elle ne fit que ralentir le pas, un signe de la main, un sourire, un mot d'excuse et elle continua sa route vers le couloir.
Ron était toujours aussi pâle. Il se tourna vers Harry.
- Hier ? déglutit-il.
Ginny avait déjà mis la main sur le journal.
- Oui… hier soir à l'heure de la fermeture du Chaudron.
- Mais c'est ridicule… fit Dean en fronçant les sourcils. A cette heure-là, il n'y a personne dans les boutiques ! Enfin je veux dire… que si j'étais eux… je…
- Oui ! oui ! fit Ginny en continuant à lire avec frénésie. On sait ce que tu veux dire… Mais surtout ce n'est pas possible… parce que c'était l'heure où nous étions tous avec Viktor Krum et que s'il avait reçu un appel à ce moment… Nous l'aurions su.
Elle leva la tête vers Harry.
- Tu lui as bien dit de nous faire savoir quand il recevrait l'appel du Maître, n'est-ce pas… demanda-t-elle.
- Je n'ai pas eu le temps… mentit Harry.
Il n'avait pas pu demander à Viktor une telle chose. Pas après la douloureuse séance du club. Et l'idée de l'approcher à nouveau pour lui parler de la Marque le mettait très mal à l'aise.
- Mais tu as raison, changea-t-il de sujet immédiatement. S'il avait reçu un appel de Voldemort, nous nous en serions aperçu…
- Mais alors ?... fit Seamus en fronçant les sourcils. Comment ?... je veux dire…
- Oui… Oui… refit Ginny. On sait ce que tu veux dire. Tu avais vu juste, Harry. Le prochain appel sera le bon… enfin ça dépend pour qui…
Elle poussa un soupir et tourna les yeux vers son frère qui n'avait pas repris ses couleurs naturelles.
- Remets-toi, Ron, dit-elle en lui donnant une tape avec le journal roulé. S'il était arrivé quelque chose de grave, on le saurait…
Ron leva vers elle un visage totalement défait.
- Tu ne comprends pas, Ginny…S'il n'y a plus d'appel, comment les Aurors et l'Ordre sauront-ils qu'une attaque va avoir lieu ?
Ginny se figea.
- Qu'est-ce que tu veux dire ?
- Il veut dire… répondit Harry à la place de son ami, et tout aussi pâle que lui à présent, que c'est par la Marque que Dumbledore était averti des attaques des mangemorts. C'était Rogue qui l'avertissait, je le sais. Peut-être est-ce Krum maintenant… Ou bien encore des prisonniers mis au secret… enfin c'était comme ça que le Ministère et l'Ordre pouvaient se trouver prêts en quelques instants grâce aux renseignements récoltés… Mais à présent, si tous les mangemorts se cachent, et s'il n'y a plus d'appel…
Neville déglutit bruyamment.
- Tu crois qu'il va y avoir encore des attaques ? Je veux dire que ça va continuer malgré… tout ?
- Ça va être pire… murmura Harry. Samedi soir, c'était bien l'ultime appel avant l'assaut. Les dernières consignes. Ça va être terrible.
Dean, qui avait pris d'une main tremblante le journal resté sur la table, murmura :
- Surtout si les Aurors n'ont plus de balais, ni de baguettes.
- Il reste la Brigade Anonyme ! fit Seamus avec espoir.
- Mais la Brigade fonctionnait sur les renseignements des Aurors… rappela Neville.
Ron se leva brusquement.
- Je vais voir si Hermione a des nouvelles des jumeaux…
Il quitta la salle presque en courant. Ginny se leva à son tour, un peu moins sûre d'elle.
- Je vais essayer de contacter Gerry avant les cours… murmura-t-elle.
Elle sortit en hâte elle aussi. Harry se rendit compte alors que l'ambiance dans la salle avait pris du plomb dans l'aile. Le journal était ouvert sur toutes les tables, devant de nombreux élèves. Et on n'entendait pour tout commentaire que les paroles de la prophétie de Luna ainsi que celles qu'avaient prononcées le Professeur Krum et qu'on essayait de faire coller aux différents articles du Sorcier Indépendant.
…
Harry sortit très vite du réfectoire quand Ellen se leva enfin de sa place pour le rejoindre devant la porte.
Ils échangèrent un baiser rapide avant de s'interroger mutuellement du regard.
- Tu as lu la Gazette ? demandèrent-ils en même temps.
- J'ai vu sortir Hermione précipitamment, et les Weasley derrière elle… ? Vous avez eu des nouvelles ?
Harry secoua la tête.
- Pas encore. On s'inquiète à cause des Jumeaux sur le Chemin de Traverse…
Ellie prit la main d'Harry pour la serrer et elle allait sûrement répondre qu'elle s'en doutait quand ils se sentirent bousculés par un mouvement de foule. La voix de Malefoy s'éleva légèrement, sur un ton joyeux :
- Quel dommage que McGregor n'ait pas eu envie de nous faire la lecture ce matin, dit-il avec ironie, j'avais très envie d'entendre sa jolie voix. La modestie aura sans doute fermé sa grande bouche ou plutôt, contrairement à son père, la prudence…
Il huma l'air humide du couloir comme s'il s'agissait d'un délicieux fumet.
- L'odeur du vent qui tourne… D'autres que moi l'ont déjà sentie…
- Tu as raison, Malefoy ! fit Ellie comme si elle découvrait elle aussi une odeur inhabituelle. J'aurais plutôt pensé que les Elfes avaient oublié de sortir les poubelles… Et ton arrivée me confortait dans mon idée… Mais à présent que tu en parles…
Malefoy eut un sourire aussi glacial que méprisant.
- Tu ne riras pas longtemps, McGregor, grinça-t-il comme une menace.
Harry tenait serrée la main d'Ellie pour l'empêcher de s'avancer davantage.
- Oui, le vent tourne, affirma encore Malefoy à ceux qui s'étaient rassemblés dans le couloir pour assister à un éventuel affrontement. Le Seigneur des Ténèbres voit le nombre de ses fidèles grossir chaque jour… Il pardonnera à ceux qui se sont laissé abusé par…
Il laissa tomber un regard venimeux sur Harry qui le lui rendit. Il ne poursuivit pas car Ellen avait éclaté de rire.
- Qui va croire une chose pareille ! s'exclama-t-elle sur un ton amusé. Mais j'ai une question, Malefoy…
Drago haussa un sourcil prudent, malgré tout, il resta pour écouter la question de McGregor.
- Toi que l'odeur des sang-de-bourbe insupporte tant, reprit Ellie avec sollicitude, comment fais-tu pour supporter cette odeur de charnier ?
Le murmure choqué qui était né aux premiers mots d'Ellen se changea en un rire étouffé.
- Tu ne riras pas longtemps, McGregor… répéta Malefoy à voix basse en poursuivant sa route vers les cachots.
Le reste de l'attroupement se dispersa. Ellie embrassa Harry encore une fois, très vite en prétextant qu'elle allait être en retard. Il la retint par la main, secouant la tête. Puis il dit à voix basse :
- Toi aussi tu as remarqué la manière ridicule dont il plisse le nez ?
- On dirait qu'il a bu une pleine bouteille de l'huile de foie de morue de Madame Pomfresh ! ajouta Ellie.
- Ellie ! soupira Harry sans pouvoir s'empêcher de sourire.
- Oui, Harry ? Moi aussi, je t'aime…
Elle embrassa son nez, dégagea sa main qu'Harry lui rendit, et s'en fut à son cours retrouver Ginny pour essayer d'avoir plus de nouvelles.
