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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.
Une petite précision sur le chapitre précédent : les deux petites amies « refroidies » sont Bulstrode, bien sûr, et Pansy Parkinson (ça remonte au début de la première partie, c'est loin…)
Chapitre 186
Le Cachot Ensorcelé
…
Dans le Grand Hall, les Poufsouffle faisaient un énorme embouteillage au bas de l'escalier. Ils entouraient Justin Finch-Fletchey, en vêtements de deuil, qui tenait Susan Bones entre ses bras. Il serrait des mains et hochait la tête, un sourire crispé aux lèvres, le visage fermé. Il semblait que la trace de desquamation sur sa joue et sa tempe fût plus sombre encore qu'avant son départ.
Harry s'immobilisa dans les escaliers, incapable d'avancer davantage. Il laissa Neville et Ginny continuer leur chemin vers le rez-de-chaussée.
Ils croisèrent Madame Chourave qui se hâtait vers les quartiers de sa Maison.
- Monsieur Finch-Fletchey ! s'exclama-t-elle, le chapeau de travers. Je viens juste d'être avertie de votre retour…
On s'écarta sur son passage. Elle fut devant Justin et le regarda avec attendrissement.
- Je viens à peine d'arriver, Madame, répondit le jeune homme. Je n'ai pas encore eut le temps de me changer.
Madame Chourave pris les mains du garçon dans les siennes.
- Ho ! Justin… je suis désolée… Vraiment… renifla-t-elle.
Elle se reprit comme l'expression de Justin Finch-Fletchey se fermait davantage encore.
- Le professeur Dumbledore voudrait vous voir, annonça-t-elle. Je vous conduis…
- Ai-je le temps de mettre au moins ma robe de sorcier, Madame ?
- Cela n'a pas d'importance… Venez…
Elle frappa dans ses mains pour disperser les élèves agglutinés autour d'eux. Ils s'égayèrent vers le réfectoire, emmenant Susan avec eux. Madame Chourave monta la première et sourit à Harry quand elle passa près de lui.
Justin sembla se rendre compte de la présence de son camarade quelques marches plus haut. Il ralentit son pas et s'arrêta quand il arriva au même niveau que lui. Harry eut conscience que Madame Chourave attendait sur le palier.
- Justin… dit-il d'une voix sourde sans pouvoir rien ajouter d'autre.
- Je sais… répondit Justin sur le même ton.
Puis, il essaya de sourire.
- Je suis revenu dès que j'ai pu…
- Tu n'y étais pas obligé…
Justin haussa une épaule.
- Je ne voulais pas laisser Susan toute seule, murmura-t-il. Elle est tout ce qui me reste à présent. Et puis, ici ou ailleurs. Au moins, ici, je suis sûr de ne pas mourir tout seul.
Il jeta un coup d'œil sur Madame Chourave, mit sa main sur l'épaule d'Harry et sans rien ajouter d'autre, il rejoignit sa directrice de Maison.
…
Justin refit son apparition dans l'ambiance morne du réfectoire à la fin du repas. Harry n'avait presque pas touché à son assiette, et beaucoup de ses camarades étaient dans le même cas. A la table des professeurs également, l'absence des directeurs de Maison ne pouvait que se remarquer. Vector et Sinistra étaient les seuls représentants du corps professoral.
Le courrier du matin n'avait pas apporté d'autre exemplaire du Sorcier Indépendant, mais les lettres reçues ne parlaient que de nouveaux désastres et de rappels de prudence. Les nouvelles étaient commentées à la lumière déformante des paroles de Luna et de Viktor. On oubliait que quelques jours plutôt, encore, on brandissait la prophétie de Potter comme un talisman contre la menace des Ténèbres. Tous ces murmures oppressaient Harry. Et le sourire et les regards de triomphe de Malefoy à sa table ajoutaient à son malaise.
Harry quitta la table dès qu'il put le faire sans se faire remarquer. Ellie ne tarda pas à le rejoindre dans le couloir. Il la prit dans ses bras pour la serrer contre lui sans rien dire.
- Qu'y a-t-il ? s'inquiéta-t-elle enfin. Où sont Granger et Weasley ?
Harry ne répondit pas immédiatement. Malefoy sortait de la Grande Salle. Il esquissa un sourire narquois et fit un geste de menace à peine discret. Ses lèvres formèrent les mots : Vous êtes morts… puis il s'en alla vers les cachots.
Harry desserra l'étreinte de ses bras autour d'Ellie et l'entraîna vers le passage qui menait aux jardins.
…
- Qu'y a-t-il ? répéta Ellie.
Il faisait froid dans le corridor, derrière la porte qui les séparait de la chaleur du château.
- Rien, soupira Harry. J'avais très envie d'être avec toi.
Elle se rapprocha de lui et s'appuya contre son épaule.
- Les nouvelles sont si terribles que cela ?
Harry ne répondit pas. Il se mit à caresser les cheveux d'Ellie, lentement.
- Tu ne vas pas me redire qu'il faut que je parte…. ? prévint-elle.
- Je le devrais… murmura Harry. Mais je ne suis pas certain que tu sois plus en sécurité ailleurs qu'ici. Et si tu t'en vas, tout mon courage partira avec toi…
Ellie posa sa main sur le cœur du jeune homme et sa joue tout à côté. Elle ne dit plus rien durant un moment.
- Ce n'est pas vrai, n'est-ce pas, reprit-elle au bout de quelques minutes. Ce que raconte Malefoy, ce n'est pas vrai. Le Seigneur des Ténèbres n'a pas rallié à lui de nombreux adeptes, et ils ne se tiennent pas embusqués pour nous détruire tous.
- Bien sûr que c'est vrai, Ellen. Depuis longtemps, nous le savons. Et toi aussi tu le sais. La prophétie de Luna, le récit de Krum, les nouvelles de la Gazette, et tout le reste, ne sont pas des révélations… Nous savions que tout cela existait. Nous savions que cela pouvait arriver. Nous arriver. Il était temps, je crois, que nous nous réveillions.
Elle soupira dans le silence glacé du corridor.
- Où sont Granger et Weasley ? Il ne leur est rien arrivé ?
- Ron a pété les plombs, dit sobrement Harry.
Il frotta sa cicatrice du plat de la main et baissa des yeux implorants vers Ellen.
- Tu as cours tout l'après midi ?
- Ce n'est pas un problème… Je peux me sentir très mal soudain, tu sais… Et toi ? Tu as le temps de venir me tenir compagnie à l'infirmerie ?
- A l'infirmerie ? hésita Harry.
- Ce serait plus confortable qu'un couloir plein de courant d'air, tu ne crois pas ? Et tu auras tout le temps de tout me raconter…
…
Ils ne prirent que le temps de passer par le laboratoire, où Ellie savait qu'Hermione cachait une boite à flemme parmi ses fioles et ingrédients, avant de se rendre à l'infirmerie.
Madame Pomfresh se montra quelque peu sceptique quand elle vit entrer Potter et McGregor. Mais elle dut se rendre à l'évidence. Les symptômes que présentait la jeune fille étaient bien réels, même s'ils cessèrent dès qu'elle lui eût administré une potion anti-émétique. Elle semblait cependant un peu fiévreuse et la guérisseuse l'autorisa à rester à l'infirmerie pour se reposer.
L'infirmerie s'était vidée depuis la dernière visite d'Harry. Il ne restait que deux ou trois lits occupés. Madame Pomfresh installa Ellie dans un box assez éloigné des autres. La jeune fille s'allongea et prit son air le plus suppliant pour tendre sa main à Harry.
- Harry peut-il rester avec moi, Madame Pomfresh ? geignit-elle. Je suis sûre que j'irais beaucoup mieux si j'avais quelqu'un auprès de moi.
Madame Pomfresh avait sur le bout de la langue un commentaire bien senti, mais elle se tut.
- Si Potter n'a pas peur de la contagion… fit-elle ironique.
Harry se garda de répondre et la guérisseuse s'éloigna. Le jeune homme eut le temps d'apercevoir le visage de la médicomage alors qu'elle jetait un dernier coup d'œil vers l'intérieur du box. Il avait perdu toute expression narquoise. Seule une immense tristesse l'envahissait tout entier, depuis le regard grave jusqu'au pli amer de la bouche.
…
Ellie se redressa sur le coude, saisit sa baguette, lança un sortilège de silence, s'assit sur le lit, les coussins dans son dos, et fit signe à Harry de s'approcher.
- Allez, raconte…
Et Harry raconta tout ce que leur avait appris Terence Higgs durant le cours de Binns, ainsi que la réaction de Ron, et ses propres réflexions quant à tout ce qui pouvait résulter des évènements.
- Je crains que d'autres opérations comme celles du Chemin de Traverse n'aient lieu, dit-il en frottant son visage dans ses mains. Je crains que le Ministère et l'Ordre soient impuissants à les empêcher. Je crois que lorsqu'ils vont attaquer Poudlard, ça va être un massacre.
Elle prit ses mains dans les siennes et le regarda dans les yeux.
- Se faire massacrer ici ou ailleurs…
- C'est ce que dit Justin…
- Oh ! Si même les Poufsouffle en ont conscience, alors…
Elle s'assit au bord du lit sans lâcher les mains d'Harry.
- Je suis heureuse que tu m'aies raconté tout ceci, reprit-elle. Je suis heureuse que tu te soies confié à moi. J'avais peur que tu ne me tiennes éloignée de tes préoccupations. Surtout après les nouvelles que Ginny a enfin pu avoir de Dennis.
Harry fronça les sourcils.
- Quelles nouvelles ? Il n'a rien dit de plus que Higgs. Plutôt moins d'ailleurs.
- Allons, Harry, tu as déjà oublié les leçons du professeur Londubat ?
- Je n'ai pas très envie de jouer aux devinettes…
- Alors laisse-moi y jouer pour toi…
Elle se rapprocha encore du bord du lit, ses doigts enlacés à ceux d'Harry.
- Au début, je me suis dit qu'il se la jouait héros mystérieux pour impressionner Ginny… mais en réfléchissant, non, c'est du Dennis pur, ça… il faut toujours qu'il bombe le torse et fasse l'important. Il n'a réussi qu'à l'inquiéter davantage, je l'ai bien vu. Même si elle ne sait pas pourquoi, elle est plus soucieuse après avoir eu des nouvelles qu'avant…
- Parce que tu le sais, toi ? se moqua gentiment Harry.
- Oui ! Grâce à Londubat – l'oncle ! Ecoute…
Elle se mit à chuchoter, oubliant la bulle de silence autour d'eux.
- Il a commencé par lui dire qu'il ne pouvait pas lui dire ce qu'il faisait, ni où il était. Ensuite qu'elle ne devait pas s'alarmer au sujet des démissions et disparitions au Ministère… J'en conclus que d'une part, il a été contrait de quitter son emploi et de se cacher ; d'autre part qu'il travaille à temps plein pour l'AD…
- Tu ne veux pas dire qu'il s'est engagé du côté des Mangemorts pour les espionner ? s'inquiéta Harry.
- Non ! Bien sûr que non ! Il était de notoriété publique parmi les Serpentard que Dennis faisait partie du club de duel de Potter… Non ! Non ! Malefoy a du le signaler comme l'un de ceux qu'il considère comme des traîtres à leur sang et leur Maison… Non ! Je veux dire qu'on a du lui confier une mission de surveillance…
- A Pré-au-Lard ? interrogea Harry soudain intéressé.
- J'en viens à la suite de ma réflexion, continua Ellie, ravie de voir Harry boire ses paroles. Il n'arrêtait pas de lui répéter qu'elle ne devait pas –sous aucun prétexte et en aucun cas- essayer de le rejoindre à Pré-Au-Lard.
Elle regarda Harry d'un air entendu comme si elle s'attendait à ce qu'il poursuivît à sa place.
- Parce qu'il n'est pas à Pré-Au-Lard ? hasarda-t-il.
- Justement parce qu'il y est ! et j'en suis d'autant plus certaine maintenant que Higgs nous a donné des précisions sur les différentes attaques de ces derniers jours… Londres, Londres et Londres ! et le Sud du pays ! et l'Est et l'Ouest ! Tu ne remarques rien ?
- Rien sur l'Ecosse ! s'exclama Harry. Pourtant, ce week-end, Dennis a dit à Ginny qu'il y avait des mouvements suspects sur Pré-Au-Lard…
- Exactement ! C'est comme s'ils voulaient éloigner l'attention des alentours de Poudlard, en même temps que fixer les renforts éventuels bien loin de l'école…
- Voldemort place ses pièces…murmura harry.
- Oui, mais s'il s'imagine que nous sommes aveugles… Je suis certaine que Dumbledore sait parfaitement ce qui se trame. Et la Brigade également, puisque Dennis est placé en sentinelle.
- Il n'est pas placé en sentinelle, corrigea Harry avec lassitude. Il n'est là que parce que Ginny est à Poudlard…
- C'est comme ça que tout a commencé, admit Ellie en souriant.
Elle serra ses doigts sur ceux d'Harry.
- Vois-tu… Il y a un vieux proverbe écossais qui dit que dans la fuite, il vaut mieux compter sur ses pieds que sur ses amis… Et tous les beaux discours de Dumbledore et du Choixpeau, j'avoue qu'ils me faisaient doucement rigoler… Tous leurs bons sentiments, le bien, le mal, l'amour et l'amitié… je ne voyais vraiment pas comment tout cela pourrait venir à bout du Seigneur des Ténèbres. Mais… à présent…
Elle hésita. Harry lui sourit :
- Tu as changé d'avis ?
Elle hocha la tête d'un air dubitatif.
- Disons que dans la fuite, je compterai toujours plus sur mes pieds, mais je ferai davantage confiance à mes amis pour me donner le signal du danger. Après tout, c'est par amour que Dennis s'est précipité à la Tête de Sanglier et qu'il a pu ainsi surprendre l'arrivée clandestine de mangemorts. Et il se pourrait aussi que ce soit l'amour qui fasse pencher la balance de notre côté le jour où les salamandres auront à faire le choix de suivre Malefoy ou pas…
Elle sourit d'un air malicieux et continua :
- Et tu oublies une chose, Harry… Malefoy peut lever la prophétie de Luna comme une bannière pour rassembler ses partisans. Toi tu as la tienne également.
Harry leva les yeux au ciel.
- Ha non ! Nell ! Pas toi !
- Si ! Moi ! Car si moi je n'ai pas confiance en toi, qui l'aura ?
Elle chercha son regard et, comme il se détournait, elle prit sa joue dans sa main pour l'obliger à la regarder. Il finit par sourire un peu gêné. Il changea de sujet. Ou du moins le crut-il.
- Que vas-tu dire à Londubat ? Crois-tu pouvoir convaincre ton père de te laisser ici pour les vacances ?
- Avec un peu de chance, tout sera fini avant et je n'aurais à convaincre mon père de rien du tout…
- Tu appelles ça de la chance ? murmura Harry.
Elle haussa une épaule.
- En ce qui me concerne, oui…
Elle attrapa la robe d'Harry par le col pour l'attirer jusqu'à elle.
- Et tu as intérêt à penser la même chose, Potter… ajouta-t-elle avant d'embrasser ses lèvres.
Elle s'éloigna ensuite légèrement.
- Sinon… poursuivit-elle. Je lui ressortirai l'argument de la dernière fois, et je ne lui laisserai cette fois même pas le temps d'insinuer que tu pourrais un tant soit peu être responsable de ma décision…
- Et ce n'est pas le cas… ? voulut savoir Harry, tout en ayant conscience de la prétention de sa question.
Elle se mit à rire.
- Crois-tu que je voudrais me faire massacrer uniquement pour tes beaux yeux, Potter ?
Harry décida de lui répondre sur le même ton.
- Je te crois capable de tout pour arriver à tes fins, McGregor… quelles qu'elles soient…
- Hum !
Harry et Ellie s'éloignèrent l'un de l'autre dans un sursaut de surprise. Ils soupirèrent de soulagement en reconnaissant Hermione devant le rideau du box. La préfète en chef, les bras croisés en signe de mécontentement, leur jetait un regard exaspéré. Harry creva d'un geste de sa baguette la bulle de silence autour de lui et Ellen.
- Il y a longtemps que tu es là ? demanda-t-il un peu embarrassé.
- Suffisamment pour comprendre que je me suis fait un sang d'encre pour rien ! répliqua Hermione avec acrimonie.
Elle s'adressa à Ellie :
- Quand Ginny m'a dit que tu n'étais pas en cours, je me suis inquiétée ! Et quand j'ai vu que Harry était absent à l'atelier de révisions, je me suis précipitée sur la Carte pour voir où vous étiez !
Harry sursauta à nouveau.
- Cela veut dire que tu viens seulement de te rendre compte que je n'étais pas à l'Atelier… et donc que tu n'y étais pas non plus… Où est Ron ? Comment va-t-il ?
- Il va bien… Il dort ! déclara Hermione.
Elle s'avança et s'assit au pied du lit. Elle passa sa main sur son visage.
- Il dort ? répéta Harry.
- Oui… Il a fini par avouer qu'il dormait très mal depuis quelques temps. La nuit de samedi à dimanche n'a pas été de tout repos non plus, et pourtant il m'a dit que c'était celle où il avait le mieux dormi. Il n'a pas fermé l'œil de la nuit dernière.
Harry confirma d'un signe de tête.
- Ce n'est pas étonnant qu'il soit irritable et confus… continua Hermione comme pour elle-même.
- Parce que ce n'est pas son état normal ? demanda Ellie avec un sourire innocent.
Hermione ne daigna pas répondre à cette basse offense.
- Je suis sûre qu'un peu de repos lui fera le plus grand bien, reprit-elle comme s'il n'y avait eu d'interruption.
- Je crois plutôt qu'il a besoin d'un gros câlin… estima Ellie avec le plus grand sérieux.
- Il a surtout besoin qu'on lui donne confiance en lui, rétorqua Hermione avec un air accusateur envers Ellen. Et ça tombe bien que tu sois là, Ellie. Tu ne pourrais pas cesser de le contredire à tous bouts de champs ?
- Commence donc par ne pas le contrarier toi-même ! se heurta la préfète de Serpentard. Ca n'a jamais tué personne de montrer son affection en public… même pas des Préfets, en chef ou pas !
- Ca a failli te coûter la vie ! repartit Hermione piquée au vif.
Pour la troisième fois, Harry sursauta.
- Ca suffit !
Il se leva pour aller vérifier que Madame Pomfresh n'avait pas été alertée par le ton des jeunes filles.
- Et qu'est qu'il a dit d'autre ? A part qu'il avait sommeil ? demanda-t-il en revenant s'asseoir.
- Qu'il en avait assez d'être la cinquième roue du carrosse… Que de toutes façons, jamais personne ne le prenait au sérieux et qu'il se trouvait toujours quelqu'un pour avoir tout fait avant lui, en plus grand, plus fort, plus impressionnant et qu'il ne voyait pas comment ça pourrait changer…
- Surtout s'il va se cacher sous ses couvertures… railla Ellie. Et que tu ne restes même pas pour le border !
- Ellie ! soupira Hermione.
- Quoi ? Ton petit ami déprime parce qu'il ne se sent pas à la hauteur et tout ce que tu trouves à faire c'est de le laisser tout seul pour jouer aux préfètes en chef… Franchement, il y a mieux comme thérapie. Et pour commencer tu devrais retourner auprès de lui. S'il te voit à ses côtés quand il s'éveillera, je suis sûre qu'il ira beaucoup mieux…
Hermione fit une grimace :
- Qu'est-ce que tu en dis ? demanda-t-elle à Harry.
- J'en dis, commença prudemment Harry, que nous devrions tous faire un petit effort envers lui. Et que nous devrions garder un œil sur lui. Parce que s'il s'est mis dans la tête que pour sortir du lot, il doit devenir un héros… nous, on n'est pas sortis de l'auberge…
Harry venait de réaliser pourquoi il ressentait ce malaise en songeant à Ron. Les paroles qu'il avait prononcées dans la salle commune de Gryffondor, il les avait déjà entendues maintes fois. Et il se souvenait que c'était même la première chose que le garçon roux qui semblait monté en graine lui avait dite lorsqu'il avait fait sa connaissance dans le wagon du Poudlard Express.
…
Hermione se leva et tira sur le drap pour le remettre en place.
- Puisque je constate que tout le monde va bien, je m'en vais… dit-elle. Harry, n'oublie pas que tu as une leçon avec Algie Londubat après la fin des cours. Et, au passage, si tu te confiais un peu plus à Ron, en ce qui concerne les discussions tactiques, je suis sûre qu'il se sentirait un peu moins inutile.
Elle se retourna sur le seuil du box, jeta un long regard entendu à Harry et Ellie, et partit, digne et droite vers la sortie.
- Ca par exemple ! s'exclama Ellie. Voilà que ça va être ma faute à présent !
- Tu l'as cherché ! fit remarquer Harry.
Elle le regarda en dessous, un sourire aux lèvres. Et comme Harry ne quittait pas l'air sérieux qu'il avait depuis le départ d'Hermione, elle se pencha vers lui :
- Je suis heureuse que tu me fasses confiance au point de me parler de tes soucis, Harry. Mais je sais combien Ron compte pour toi et je ne veux pas prendre sa place. Si tu veux que je m'efface…
- Non ! J'ai besoin de vous deux ! Et de vos disputes naissent parfois des idées géniales… Seulement se serait bien si on pouvait accéder directement aux idées géniales sans passer par la case disputes… Et puis…
Il soupira, se tut un long moment.
- Et puis, le problème ce n'est pas toi, ni moi, ni même Hermione. Le problème c'est Ron et sa tête pleine de bric-à-brac… On dirait la remise de son père avec tous ses objets moldus. Ou encore son bureau tout encombré de choses qui n'ont rien à y faire.
Ellie se pencha encore et cogna doucement le front du jeune homme de son poing fermé :
- Parce que dans ta tête à toi il n'y a rien qui ne devrait y être ? Harry… le problème de ton ami Ron Weasley, c'est le même que nous avons tous : trouver une place dans ce monde. Ce n'est pas toujours facile. Et là s'ajoute cette guerre monstrueuse qui nous pousse dans nos retranchements. On se dit qu'il n'est pas temps de songer à nos petites personnes… On se dit qu'on verra après, mais on n'est même pas sûr qu'il y aura un après… Ou bien on se dit qu'il faut vivre au jour le jour et qu'une heure de bonheur c'est toujours ça de gagné. Ou bien encore, on est mort de trouille au fur et à mesure qu'avance l'heure du rendez-vous…
- Je sais, murmura Harry en baissant la tête.
- Ou bien encore on essaie de forcer le destin… On se croit plus fort que la chance et on se ramasse en beauté… On n'a alors aucune indulgence avec soi-même. On n'est jamais aussi fort, aussi beau, aussi extraordinaire qu'on le voudrait. Mais on l'est toujours plus qu'on ne le croie. On ne l'est simplement pas en permanence. Malheureusement, c'est toujours dans ces moments de carence qu'on a tendance à se regarder dans un miroir…
- Tu as sans doute raison…
- Bien sûr que j'ai raison ! assura Ellie. Ton ami Ron va se remettre… et il se remettrait bien plus vite si…
- Ellie !
Elle se mit à rire doucement. Il caressa son visage du bout des doigts, suivant le contour de ses lèvres et de son nez et de ses sourcils. Il fixait ses pupilles comme pour retenir chacun des éclats dorés dans le bronze de ses yeux. Ce grain de beauté au dessus du sourcil. Et cet autre là sur la fossette qui se creusait quand elle souriait. Il gravait chacun de ses traits dans sa mémoire, comme s'il pouvait conserver cet instant vivant à tout jamais.
- Si je ne revenais pas, tu prendrais soin d'Hedwige ? demanda-t-il sans détourner son regard du sien.
- Si elle veut rester avec moi… répondit Ellie sans cesser de sourire.
- Tu ne l'enfermeras pas dans une cage, n'est-ce pas…
- M'as-tu déjà vu maltraiter un animal ? A part cet âne bâté de Wilford ?
Elle arrangea les mèches sur le front d'Harry et ils restèrent silencieux longtemps, croisant et décroisant leurs doigts sur le drap blanc.
…
Ellen s'allongea sur le côté, sa main sous sa joue, la tête sur l'oreiller. Harry appuya ses avant-bras sur le bord du lit et posa son menton dessus…
- Il t'est déjà arrivé d'espérer que tout ceci ne soit qu'un mauvais rêve ? chuchota-t-elle enfin.
- Souvent… Mais c'était avant de te rencontrer.
Elle sourit et retira sa main de sous sa joue pour effleurer celle du jeune homme.
- Harry ?... Il t'arrive de penser à après ?
Harry eut du mal à avaler sa salive brusquement.
- Je veux être Auror, dit-il mécaniquement.
Il savait pourtant qu'elle ne parlait pas de sa future carrière.
- Ecoute, Ellen… reprit-il avec effort.
Elle fit glisser ses doigts sur ses lèvres pour le faire taire.
- Je n'aurais pas dû poser cette question… je suis désolée… je me disais juste que si la situation n'était pas ce qu'elle est… Enfin…
Il l'interrompit d'un petit rire.
- Ellen… Si la situation n'était pas ce qu'elle est… je ne serais qu'un arrogant Gryffondor de plus…
Elle se releva sur le coude et il se redressa sur la chaise. Elle le regarda dans les yeux un instant.
- Tu es un arrogant Gryffondor…
Et Harry sut que ce n'était pas ce qu'elle voulait dire.
…
…
- Ha ! Hermione avait donc raison !
Ils tournèrent la tête vers Ginny qui s'affala au pied du lit.
- Hé ! fit Harry. Tu ne sais pas frapper avant d'entrer !
- Frapper sur qui ? se moqua Ginny.
Elle s'adressa à Ellie :
- Hermione est furieuse contre toi… Elle m'a dit que tu avais prétexté être malade pour passer l'après midi avec Harry.
- Elle est jalouse parce que ton frère s'est endormi alors qu'elle essayait de chasser ses idées noires…
Ginny éclata de rire.
- Ne pavoise pas trop tôt, Ellie… J'ai un message pour toi de la part de Vector. Il m'a chargé de te dire que dès que tu serais remise, tu irais rédiger le devoir que tu as manqué cet après midi, dans son bureau, dans les conditions de l'examen, et après les cours…
- M'en fiche ! s'écria Ellie en lançant les bras autour du cou d'Harry. C'est toute une après midi avec Harry de gagnée contre une petite heure avec Vector… Ce n'est pas cher payé, tu ne crois pas… ?
- Et ne compte pas sur moi pour te donner les réponses de l'interrogation non plus ! décréta Ginny.
- Quand on veut sauver sa peau, railla Ellen, mieux vaut compter sur ses pieds que sur ses amis… - Vieux proverbe écossais ! approuva Harry.
Ginny se mit à rire.
- Oui, parce qu'ils sont déjà tous en train de courir aussi !
Ellie fit une grimace.
- C'était si difficile que ça ?
- Une horreur ! Mais c'est sans doute parce que j'avais la tête ailleurs…
- Nous sommes désolés de t'avoir distraite de ton travail, répondit Harry. Nous n'avons pas pensé que notre absence causerait tant de soucis.
- Je n'ai pas dit que c'était à cause de vous…
…
Le petit sifflement lancinant du badge d'Ellen interrompit la jeune rousse.
- Qu'est-ce qu'il veut ? demanda brusquement Ginny.
Ellen plongea la main au fond de la poche de sa robe pour en ressortir son parchemin et un crayon. Elle étala la feuille sur le drap pour la défroisser et prononça la formule tandis qu'Harry lui demandait si elle avait toujours sur elle la copie conforme de Larry.
- Ca servirait pas à grand-chose de la tenir enfermée dans mon bureau, non ? répliqua Ellen alors que l'écriture pressée de Nott noircissait déjà une partie de la feuille.
- De Larry à Alba… j'espère que tu pourras lire ces lignes à temps pour prévenir Potter. Goyle vient de m'avertir. Il était en étude surveillée avec les autres punis quand Wilford a reçu un message sur sa table. Il a eu l'air terrifié mais il a quand même demandé à sortir pour aller aux toilettes. Seulement, c'était Vector qui surveillait l'étude et, comme il n'avait pas l'intention de se laisser abuser une seconde fois, il a demandé à Goyle de l'accompagner aux toilettes et pas ailleurs. Mais Wilford a supplié Gregory de le laisser descendre dans les cachots ou bien Malefoy lui ferait regretter d'être venu au monde. Goyle l'a laissé partir, mais pendant que Wilford descendait, il est venu m'avertir dans notre salle commune de ce que tramaient ces deux là. J'ignore ce qu'il faut penser d'un tel rendez-vous. Malefoy a prétendu qu'il s'occuperait du cas Wilford. Je ne sais dans quel sens il faut le prendre. Je n'ai pas reçu d'invitation à l'entrevue. Et sans cela, je ne peux y assister. Peut-être Potter aura-t-il plus de chance que moi.
Le texte s'effaça avant qu'Ellie pût y répondre. Les deux filles échangèrent un regard et Ginny dit avec fermeté :
- Tant pis pour Wilford ! Il n'est pas question qu'Harry prenne des risques pour lui !
- Ça m'étonnerait que Malefoy fasse quoi que ce soit à Wilford en ce moment… marmonna ce dernier. S'il arrivait quoi que ce soit… l'école fermerait. Et nous savons que ce n'est pas ce que désire Malefoy…
- Harry… Non…
Ellie secoua la tête.
- On n'a pas le temps de discuter… Il est peut-être déjà trop tard… Il faut que j'entre dans la salle en même temps que Wilford…
- Harry… répéta Ellie.
Mais Harry avait déjà enlevé ses lunettes.
- Ca ne devrait pas durer longtemps, de toutes façons, dit-il avec assurance. Ginny : fais le guet.
Ellie voulut retenir sa main. Il la retira sans même la regarder et tourna le dos au seuil du box où Ginny surveillait les allées et venues de Madame Pomfresh. Il renversa la nuque contre le dossier de la chaise et ferma les yeux.
…
Ce fut facile de quitter l'infirmerie. Puis il ferma son esprit pour descendre plus vite vers les souterrains sans se laisser troubler par les pensées de ses camarades qui commençaient à sortir des cours. Il plongea vers les cachots à la recherche de Wilford. Il avait parfaitement conscience que ses efforts pouvaient se révéler totalement vains… S'il arrivait quelques secondes trop tard, il lui faudrait rentrer bredouille… Il filait dans les corridors vides. Il savait où il allait. Et plus il s'enfonçait dans les cachots plus le silence l'oppressait. Il ne percevait rien. Aucune voix. Aucun bruit de pas. Aucune respiration haletante trahissant l'angoisse de Wilford. Le couloir était vide. Il était trop tard. La porte était refermée. Il ne pouvait pas entrer.
La colère inutile le transperça. Il avait trop tardé. Ou bien Nott avait tardé à les avertir. Ou alors ce gros tas de graisse de Goyle n'avait pas couru assez vite. Et Ginny et Ellie ne l'avaient que trop retenu… Non. Ce n'était la faute à personne, cette fois. Il se calma. Lentement. Il n'avait plus qu'à remonter.
Il s'approcha lentement de la porte interdite. Il sentit la magie, comme quand il était entré, caché dans l'esprit de Nott. Elle exsudait de cette porte et des pierres du mur devant lui. La magie noire. Elle marquait la place comme un sceau repoussant. Harry la sentait qui s'insinuait en lui. S'il pouvait s'approcher encore peut-être entendrait-il quelque chose. C'était idiot. Il le savait. Mais il ne pouvait se résoudre à renoncer aussi facilement. C'était trop bête.
Il s'avançait encore. Il sentait la magie noire l'envahir dans une douleur croissante. Il se colla au bois de la porte. Il crut qu'il ne résisterait pas à l'endolorissement qui le transissait tout entier. Il voulut s'arracher de cet endroit de torture. Mais ils étaient là, derrière. Et… il entendait leurs voix… La voix de Malefoy. Il ne comprenait pas ce qu'il disait. Si seulement cette douleur voulait cesser… Tout tendu de rage, il s'avança encore. Tant pis pour le mal qu'il ressentait. Il y eut un dernier élancement puis la lumière le surprit.
- Regarde-moi, Benedict… Je te le répète. Je ne suis pas là pour te punir. Bien que je serais en droit de le faire. Tu en as conscience. Je t'avais dit de laisser McGregor à Théodore. A cause de toi nous ne sommes pas passer loin de la catastrophe. Mais cela le Maître l'ignore encore. Et il ne tient qu'à toi qu'il l'ignore à tout jamais…
- Tu me donnerais encore une chance, Drago ?
- Mais cette fois, ce sera la dernière, Benedict… après je ne pourrai plus rien pour toi.
- Mais je n'ai pas de baguette…
- Tu en auras une. Ecoute bien ce que je vais te dire. Je ne le répèterai pas. Au moment donné, je vous enverrai un signe. Avec ce signe, tu iras voir Blaise Zabini. Et il te donnera une baguette. Ensuite, tu rejoindras le groupe de Théodore Nott…
- Drago, je préfèrerais te suivre toi… Je préfère recevoir des ordres de toi que de lui…
- Benedict… fais ce que je te dis, et c'est toi qui donneras les ordres…
- Et Nott ?
- Nott ? J'ai d'autres projets pour lui… J'ai besoin de lui ailleurs. Et toi, tu feras un excellent chef pour ces… jeunes gens désireux de se battre pour notre juste cause.
Harry n'arrivait pas à réaliser où il était. Ni ce qu'il entendait. C'était tout juste s'il voyait, en bas, Malefoy et Wilford face à face. Il n'avait dans la tête qu'une seule pensée. Je suis passé ! Il ignorait comment, il ignorait pourquoi, mais il avait réussi à franchir la barrière de magie noire censée interdire l'entrée à tous ceux qui ne portait pas la marque de Voldemort.
Malefoy fit venir à lui une chaise sur laquelle il prit place. Il en fit glisser une autre vers Wilford.
- Vas-tu accepter mon invitation à t'asseoir, cette fois ? demanda-t-il.
- Je n'en ai pas le temps, Drago. Sinon Vector va m'envoyer chercher… Déjà qu'il m'a collé Goyle aux talons. Heureusement qu'il n'a pas appelé un Préfet…
Malefoy eut une moue sarcastique.
- Tu n'auras qu'à lui dire que tu étais malade. Goyle confirmera.
Il montra la chaise et Wilford ne put faire autrement que s'asseoir.
- C'est une vraie aubaine que ton grand-père ait voulu que tu restes, Benedict… J'avoue que j'ai eu peur pour toi. J'ai cru qu'ils t'enverraient à Azkaban pour avoir touché à leur précieux Potter.
Il éclata de rire.
- Sincèrement, Benedict, en d'autres circonstances je t'aurais félicité pour cela…
- Ils ne voulaient pas m'envoyer à Azkaban, répondit Wilford. Ils voulaient me renvoyer chez moi. Pour m'éloigner de l'influence néfaste qu'avaient sur moi certaines de mes fréquentations…
Le jeune homme eut un sourire ironique.
- C'est que ce balourd de Londubat a dit à Père.
Le sourire de Malefoy fut nettement moins enthousiasme.
- Dis-moi, Benedict… Ton grand-père, ainsi que le reste de ta famille… Dans quel camp sont-ils ? Ont-ils toujours su se ménager des portes de sorties ou bien n'ont-ils jamais pris la peine de prendre parti ?
- Je ne sais pas, avoua Wilford un peu gêné. On ne parlait pas de ces choses-là devant moi. En tous cas… Père n'est pas à la botte de Dumbledore, tu peux me croire.
- Je m'en doute puisque tu es toujours parmi nous, Benedict.
Le sourire froid de Malefoy se fit un peu plus avenant :
- Quoi qu'il en soit… bientôt c'est toi qui parleras d'égal à égal avec celui que tu appelles Père. Et il n'y aura plus beaucoup de choses dont ne parlera pas devant toi, car c'est toi qui autoriseras les autres à parler ou à se taire.
Malefoy remarqua l'éclair d'intérêt qui passa au fond des yeux de Wilford. Il fit comme s'il n'avait rien vu.
- A propos… Peux-tu me dire pourquoi Crabbe t'a-t-il envoyé son poing dans la figure ?
La surprise se mêlait à l'appréhension sur le visage de Wilford.
- Ce n'est pas… toi qui les as envoyés ?
- Moi ? Et pourquoi aurais-je fait cela ? Tu es l'un de mes fidèles lieutenant. Un peu maladroit peut-être, mais tellement zélé ! Tu n'as pas cru que c'était à cause de cette histoire avec Potter ! Tu me déçois, Benedict ! Et puis tu sais bien que je suis obligé de me tenir à l'écart de nos anciens disciples. Je ne peux me permettre d'être mis en relation avec le ratage d'Halloween, tu en as bien conscience. Comment aurais-je pu leur ordonner une chose pareille ?
- Ce n'est pas toi ? répéta Wilford partagé entre le soulagement et l'incompréhension. Mais alors… pourquoi ?
Il fronça les sourcils pour mieux chercher dans sa mémoire.
- Il n'arrêtait pas de dire que j'étais allé le dénoncer à Londubat…
- Et tu l'as fait ?
- Bien sûr que non ! J'ignorais qu'il correspondait avec cette idiote…
- Pourtant, il faut bien que quelqu'un l'ait fait ! murmura Malefoy.
- Ça ne peut être que Singleton ou un de ceux qui étaient déjà puni avec Crabbe.
Malefoy se mit à rire :
- Singleton ! Non ! Cette petite n'est pas assez vicieuse pour écrire les lettres d'amour de Vincent, les expédier et ensuite le dénoncer ! Mais tu as raison, ce ne peut être qu'un de ceux qui savaient où il se rendait cet après midi-là !
Wilford se leva lentement.
- Je peux y aller, maintenant, Drago ?
Malefoy hocha la tête. Il rappela son camarade alors que ce dernier atteignait la porte.
- Benedict… quand tu recevras mon signal, va plutôt trouver Nott. Il te dira où chercher les baguettes. Et c'est toi qui te chargeras de les distribuer aux nôtres…
Wilford se redressa imperceptiblement. Il releva la tête et quitta la pièce assez content de sa journée en fin de compte.
Malefoy, lui, resta assis un long moment, le visage soucieux, à passer son index sur ses lèvres. Puis soudain, il leva sa baguette vers la chaise en face de lui et d'un seul geste, l'envoya s'écraser contre le mur au fond de la pièce.
…
Harry sortit alors de sa stupeur. Il fallait qu'il parlât à Londubat. Immédiatement. Mais Malefoy ne se décidait pas à quitter son antre.
Il se traita de stupide. S'il était entré, il pouvait sortir sans aucun problème. N'était-ce pas ce que Malefoy avait dit à Nott quelques jours plus tôt ?
Harry s'approcha de la porte, se raidissant par d'avance en prévision de la douleur. Il passa très vite. Il n'y eut que cette sensation de brûlure, furtivement désagréable. Il remonta en hâte. Il croisa Wilford qui courrait dans le couloir. Et Goyle qui faisait les cent pas devant les toilettes où il avait rendez-vous avec Benedict. L'infirmerie lui semblait loin. Il n'avait pas conscience du temps qui s'était écoulé. Il lui semblait avoir vécu une éternité de souffrance.
…
…
Il rouvrit les yeux sous le regard inquiet d'Ellen. Ginny bondit jusqu'à lui dès qu'elle l'entendit remuer sur la chaise.
Il massa sa nuque endolorie et son front brûlant. Il s'installa plus confortablement.
- Alors ? demandait Ginny.
- Tu te sens bien ? questionnait Ellen.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
- Tu as failli tomber de ta chaise…
- C'était presque comme samedi soir, accusa Ginny.
- Oui… répondit Harry. C'était presque comme samedi soir…
- Tu n'as pas recommencé ? s'inquiéta Ginny. Tu n'as pas essayé d'entrer dans la cervelle de Malefoy ?
- Non… Je… Il faut que je voie Londubat.
Il se leva, titubant légèrement, sans tenir compte des questions inquiètes des filles.
- Harry ! essaya de le retenir Ellie. Et qu'est-ce que je dis à Larry ?
Mais Harry était déjà dehors. Il descendit les étages sans s'en rendre compte, l'esprit agité, comme s'il n'avait pas tout à fait réintégré son corps. Il lui sembla qu'il mettait des heures pour atteindre le rez-de-chaussée. Les escaliers lui donnaient le vertige. Il ne voyait rien ni personne. Il traversa le couloir qui menait vers le bureau du Professeur Londubat comme un automate et frappa à la porte.
- Harry ?
Il se retourna vers Algie Londubat qui s'avançait vers lui.
- Vous êtes en avance, mon garçon.
- Je dois vous parler, Monsieur.
Londubat l'examina attentivement.
- Attendez-moi dans mon bureau. Le temps de renvoyer Monsieur Archer dans ses quartiers et je suis à vous…
Il ouvrit la porte du cachot et Harry se glissa à l'intérieur.
…
Théodore Nott attendait devant sa Copie Conforme. Il attendait depuis un bon moment déjà et il sentait l'amertume monter à sa gorge. Il aurait pourtant du savoir que Potter ne prendrait pas la peine de lui rendre compte de l'entrevue entre Malefoy et Wilford. Mais il aurait pensé qu'Ellie… Mais peut-être Potter n'avait-il pas eu son message. Peut-être n'avait-il pas pu se rendre dans le cachot ensorcelé. Peut-être n'était-il pas revenu. Ni Goyle, ni Wilford, ni Malefoy n'avait donné signe de vie depuis le moment où Gregory avait foncé sur lui dans la salle commune de Serpentard. Peut-être…
C'était si énervant de ne rien savoir. C'était si frustrant d'être à la merci de cet étrange garçon aux réactions si peu faciles à prévoir. C'était bien là la raison pour laquelle il avait toujours voulu faire cavalier seul. Pour n'avoir à dépendre de personne.
Il sursauta quand le gallion avec lequel il jouait depuis un moment se mit à vibrer. Il attira la Copie Conforme devant lui avec un pincement au cœur.
- As-tu des nouvelles de Malefoy ? lut-il.
- Potter ne t'en a pas donné ? répondit-il.
- Il était bouleversé. Je ne sais pas ce qui s'est passé… Il est revenu de la transe et il est descendu aussitôt chez Londubat… Est-ce que tu sais quelque chose ?
- Comment saurais-je quoi que ce soit… ?
Il allait laisser éclater sa colère dans une réponse pleine de fiel, lorsqu'il vit entrer Malefoy. Le Préfet s'avança rapidement vers la table de Nott. Ce dernier fit une croix sur le parchemin pour indiquer qu'il coupait par prudence. Lentement, il rangea la Copie Conforme sous ses livres et fit semblant de se concentrer sur son devoir d'Arithmancie.
- Théodore…
Malefoy s'assit en face de Nott.
- Théodore, on nous trahit…
Nott ferma son esprit pour empêcher ses mains de trembler. Il ne put cependant éviter que son sang ne refluât à son cœur, retirant ses couleurs à son visage.
- Qu'est-ce que tu veux dire ? demanda-t-il d'une voix qu'il voulait assurée.
Malefoy posa ses coudes sur la table et croisa les doigts. Il fixait les yeux de Nott sans répondre.
- Sais-tu pourquoi Crabbe a tapé sur Wilford ?
Nott haussa une épaule pour signifier qu'il l'ignorait.
- Allons donc, Théodore… Tu es chargé de rendre compte de ce qui se passe chez nos amis bannis… chuchota Malefoy.
- Je suis chargé de les maintenir dans le droit chemin, Drago, rappela Nott avec un peu de raideur. Pas de m'occuper de leurs états d'âme…
Malefoy fit un signe de la main pour chasser le sujet.
- Peu importe… Cet idiot de Crabbe s'imaginait que c'était Wilford qui l'avait dénoncé à Londubat…
Nott haussa l'autre épaule.
- Et ? Ce n'est pas lui ?
- Wilford jure que non. Et je le crois… Toutefois…
Le regard de Malefoy se rétrécit.
- J'avoue que ma contrariété, lorsque tu as raté ta mission auprès de McGregor, m'a empêché de m'interroger plus longuement sur la présence de Londubat dans la volière, cet après midi-là.
Nott serra les dents ; Malefoy s'en aperçut. Il crut que c'était à cause de son allusion à son échec. Il reprit, avec un sourire glacé
- Mais, en y repensant… J'aurais volontiers parié sur Wilford, d'ailleurs. Ce garçon est capable d'envoyer père et mère en prison pour se retrouver en tête de ceux qui commandent. Tu penses bien qu'il n'a que faire d'un imbécile comme Crabbe.
- Mais pourquoi ? demanda Nott. Cela n'a aucun sens. Qui voudrait éliminer des types déjà hors course ?
- Parce qu'ils ne sont hors course que tant que Dumbledore tient cette école, Théo ! Crabbe et Goyle sont des idiots, c'est entendu. Mais des idiots ont leur utilité dans une armée telle que celle du Maître… Ils obéissent aux ordres sans se poser de questions et ne prennent jamais d'initiatives malheureuses. Et en ce qui concerne ces deux-là… ils sont, de plus, forts comme des Trolls. Une véritable force de dissuasion, même sans magie. Je serais heureux de les compter à nouveau parmi les nôtres, Théo.
- Mais Wilford n'est pas dans le coup, le coupa Nott.
- Non… Et veux-tu savoir pourquoi je le crois quand il prétend qu'il n'a jamais dénoncé Crabbe ? A cause du chat de Bulstrode…
Nott fit rouler sa plume entre ses doigts.
- Le chat de Bulstrode ?
Malefoy coucha ses avant-bras sur la table comme il se penchait vers son camarade.
- Souviens-toi… quand cette cruche de Millicent m'a poignardé… elle a prétendu qu'elle voulait frapper Wilford parce qu'on lui avait dit que c'était lui l'auteur des sortilèges de Desquamation.
Nott hocha la tête dans un éclair de compréhension.
- Et tu crois que c'est la même personne qui a dénoncé Wilford à Bulstrode et Crabbe à Londubat…
- Cela correspond : Wilford, Crabbe, deux de mes lieutenants les plus proches. On dirait que cette personne s'arrange pour faire le vide autour de moi… afin de libérer la place.
A nouveau, Théodore Nott sentit cette main de fer, glacée et douloureuse, se refermer sur sa gorge.
- A qui penses-tu ? réussit-il à demander dans un souffle.
- Je sais déjà que ce n'est pas toi…
- Ho… fut tout ce que Nott put dire, réellement.
- Je ne dis pas que tu n'aurais pas souhaité te débarrasser de Wilford… il a tendance à te faire de l'ombre, continua Malefoy fort content d'avoir suscité chez son camarade, et subalterne, un moment de crainte. Mais Crabbe… je n'y crois pas. Tu ne crains rien de lui.
Nott posa sa plume sur la table, autant pour éviter de montrer sa nervosité en la maltraitant, que pour prendre la même position que Malefoy face à lui.
- Alors… il ne reste pas grand monde qui ait l'opportunité et des raisons de vouloir se débarrasser de la menace que représentent Wilford et Crabbe.
- Non… C'est une chance pour nous… Tu n'aurais pas une petite idée ? Histoire de comparer ta liste avec la mienne ?
Le cœur de Nott se mit à battre très vite. Et très fort. Une petite idée ? Bien sûr qu'il avait une petite idée de ce qu'il pourrait faire. Mais avant…
- Drago… Quand tu es arrivé, tu m'as annoncé qu'on nous trahissait. J'ai cru que tu parlais de trahir vraiment… mais si ce n'est qu'une question d'influence…
- Théo ! Si c'est celui à qui je pense, tu es le prochain sur la liste… Et je crains que dans ton cas, ce soit bien plus grave que de te faire pincer avec des lettres d'amour sur toi –seraient-elles destinées à une traîtresse comme McGregor- ou te faire assommer par Bulstrode ou Crabbe et Goyle réunis !
- Tu penses à Zabini ? riposta aussitôt Théodore.
Malefoy tourna la tête vers le reste de la salle. Les conciliabules entre les deux chefs de la rébellion des Salamandres intriguaient manifestement beaucoup de monde, mais personne n'avait osé s'approcher. Malefoy ramena son attention vers Nott.
- Il ne t'aime pas beaucoup en effet. Il trouve que je te fais trop confiance… Après tout, tu n'es pas un fidèle de la première heure…
- C'est vrai, concéda Nott sans se troubler. Il doit trouver saumâtre que ce soit moi qui me retrouve à ta droite à présent… J'ai bien remarqué ses regards, tu sais… Il n'attend qu'une chose : que je provoque ta colère, ou que je commette une erreur, ou toutes sortes de choses qui lui laissent la place libre…
- Je ne suis pas certain qu'il ne soit pas du genre à aider la chance… murmura Malefoy.
- Je n'aurais jamais cru que cela t'ennuierait autant, Drago, de voir que je pourrais n'être plus à tes côtés quand le grand jour arrivera…
Nott ne cachait pas son amusement. Et Malefoy eut ce sourire froid qui donnait de plus en plus à son visage l'expression sarcastique du professeur Rogue.
- Ce qui m'ennuie, Teddy, c'est que quelqu'un fait passer ses intérêts personnels avant ceux du Maître… Je ne tolèrerai pas qu'on remette en question des plans longuement pensés et mis en place. J'avais songé à Zabini pour mener nos camarades désireux de prendre leur revanche, tandis que tu conduirais ceux qui sont encore indécis… Tu saurais les convaincre mieux que quiconque, tu es un excellent orateur. Tu l'as prouvé… Mais… j'ai du agir dans l'urgence et je n'aime pas cela, Ted… Pas ça du tout. C'est Wilford qui prendra la place que je réservais à cet idiot de Zabini.
Nott leva sur Malefoy le regard qu'il avait baissé au début de sa réponse.
- BJ ? Tu as confiance en lui ?
- J'ai fait en sorte de nous l'attacher aussi sûrement qu'avec un sortilège d'Impérium. Il n'est pas difficile à manœuvrer.
- Tu l'as menacé ?
Malefoy se retint de rire.
- Menacé ? Non ! Avec Wilford, il y a mieux que la menace…
- Et pour Zabini ? demanda Nott.
- Evitons de nous entendre trop bien en sa présence… suggéra Malefoy. De toutes façons, tu sais ce que tu as à faire. Je vais confier à Blaise la surveillance d'Archer et Bobbins. Il sera content et il ne cherchera pas plus loin…
Malefoy se redressa contre le dossier de sa chaise, assez satisfait de cette idée qui venait de germer dans son esprit. Il avança la main vers les livres et les parchemins de Nott pour les attirer vers lui dans un geste indifférent. Il les examina un par un, les grimoires et les rouleaux de parchemins. Nott n'esquissa pas un geste pour les reprendre. Malefoy les repoussa au bout de quelques minutes avec un désintérêt plein de dédain.
- Tu travailles trop, Teddy, je te l'ai déjà dit… Et surtout tu travailles pour rien… Sous peu, tout ce qu'on nous a enseigné jusqu'à présent n'aura plus cours.
Il se leva après un dernier regard au rouleau de parchemin vierge que Nott ramassait sur la table pour le ranger avec ses affaires. Il s'arrêta dans son élan pour quitter la table.
- Dis-moi…
Nott leva les yeux vers Malefoy, lentement.
- Pourquoi cela te chagrine-t-il donc tant qu'on t'appelle Teddy ? Est-ce une appellation réservée ?
Malgré lui, Nott pâli un peu. Il avait une envie sourde d'arracher ce sourire goguenard aux lèvres de Malefoy. Il dut attendre de longues secondes, que ses mâchoires se fussent desserrées, pour pouvoir répondre d'une voix nette et étrangement calme :
- C'est que toutes les personnes qui m'appelaient ainsi ont perdu la vie, Drago…
Malefoy sentit le regard de Théodore Nott le transpercer de part en part. Il détourna les yeux, sans pouvoir offrir à ceux qui les observaient qu'un aigre rictus. Il tourna les talons et se hâta de disparaître vers les dortoirs.
…
Nott serra le parchemin de copie conforme dans sa main. Il se força à le reposer sur la table, lentement. Il tourna la tête vers ses camarades qui détournèrent brusquement leur attention du grand jeune homme au regard lourd d'intimidation. La porte de la salle s'ouvrit pour laisser entrer, menés par Grayson, presque aussi sombre qu'eux, les Salamandres sans baguette. Le Préfet ne leur adressa pas ses habituelles remarques acerbes. A peine leur grogna-t-il de se tenir tranquille jusqu'à ce que Rusard vînt chercher ceux qui étaient désignés ce soir-là pour effectuer les corvées programmées par le concierge.
Il semblait à Théodore Nott que la lumière glauque de la pièce se fût assombrie davantage encore. Il savait à présent ce qui s'était dit dans le cachot entre Malefoy et Wilford, ou du moins une partie essentielle. Malefoy était allé récupérer une pièce de son échiquier… Bien sûr, Wilford était déjà au fait des intentions de Drago. Et ce dernier savait pertinemment que pour s'attacher Benedict il n'avait qu'à lui promettre la gloire et les honneurs. Malefoy avait besoin de Wilford pour le grand jour. D'autant plus, à présent, que Zabini était hors course en ce qui concernait la direction des opérations. Jamais Drago n'accepterait qu'un ambitieux de cette envergure se montre à ses côtés lors de la bataille de Poudlard. Il ne lui laisserait pas l'occasion de se faire valoir auprès du Maître.
Nott reprit sa plume. Il la tourna et la retourna encore entre ses longs doigts fins. Il se demanda si Alba était encore devant son parchemin, attendant de ses nouvelles. Il pensa à Potter. Son cœur se mit à battre la chamade. L'avertissement dans les toilettes emplissait son esprit. Et l'évidence qu'il refusait d'admettre s'imposait peu à peu. Malefoy avait convoqué Wilford dans la salle secrète pour lui proposer sa place à lui… Il lâcha la plume brusquement. Potter n'avait pas exagéré pour se donner de l'importance. Et lui devait admettre qu'il n'était pas aussi surpris ou horrifié qu'il devrait l'être. Il savait que Malefoy ne partageait jamais rien. Et assurément pas les faveurs de son Maître…
Puis il se mit à rire, tout seul. Il se demanda si dans l'équipe à Potter, il y avait autant de luttes intestines… Sans doute se battait-on aussi pour faire partie du cercle fermé de amis du Survivant. Il avait entendu Macmillan et Malone se disputer avec Boots pour savoir lequel d'entre eux pouvait se targuer d'être un ami de Potter. Cela l'avait bien fait rire sur le moment. Macmillan qui bombait le torse, déclarant avec assurance que Potter ne prenait aucune décision sans lui en parler avant. Malone qui se vantait de connaître le jeune homme mieux que personne et qu'il lui prodiguait toutes sortes de conseils personnels chaque fois qu'ils se croisaient dans les couloirs. Quant à Boots, il était le plus pathétique des trois. A l'en croire, Harry ne tarissait pas d'éloges sur lui, ni sur ses idées brillantes, ni sur son intelligence remarquable qu'il mettait volontiers au service de Celui-Qui-A-Survécu… Finalement, Potter en était au même point que Malefoy : tout le monde autour d'eux se tirait dans les pattes et cherchait à ramener la couverture à soi. Avec un léger avantage pour Potter. Personne ne voulait sa place à lui… Si on pouvait appeler cela un avantage…
Théodore leva la tête vers l'ombre massive devant lui. Gregory Goyle s'était arrêté devant la table où son camarade semblait perdu dans des pensées insondables.
- Ça va ? demanda Goyle.
- Ça va. Répondit Nott.
Et comme l'autre ne semblait pas le croire sur parole, il lui sourit :
- Tout va bien, Greg.
Gregory hocha la tête. Il partit s'asseoir à une table voisine avec Crabbe et quelques autres. Nott reprit sa plume et relança la Copie Conforme. Peut-être Ellie aurait-elle des nouvelles et saurait-elle lui dire ce qui avait provoqué le bouleversement de Potter. Parce qu'il doutait sérieusement que ce fût la confirmation de funestes desseins de Malefoy à son égard qui troublait ainsi le célèbre Harry Potter.
…
…
Harry bondit vivement de la chaise où il était assis quand Londubat entra dans son bureau.
- Professeur ! Je suis passé ! J'ai réussi à passer !
- Calmez-vous, Harry.
- Je suis passé, Monsieur ! j'ai traversé le sortilège ! C'était particulièrement désagréable, mais je suis passé !
Londubat s'assit derrière son bureau et fit signe à Harry de faire de même sur sa chaise.
- Harry… Je suis un vieil homme et mon esprit n'est pas aussi vif que le vôtre… Asseyez-vous et expliquez-moi de quoi vous parlez. Je pourrais peut-être vous donner l'aide que vous semblez être venu chercher auprès de moi.
- La pièce de Malefoy ! J'y suis entré !
Londubat fronça les sourcils.
- Harry… ce n'est pas très prudent…
- Et cela ne l'était pas non plus de laisser Wilford courir dans les couloirs de Poudlard, Monsieur ! répliqua Harry. C'est lui que j'ai suivi. Malefoy l'a convoqué. Mais je suis arrivé trop tard. Ils étaient déjà à l'intérieur. J'étais furieux et…
- Vous avez foncé tête baissée contre le mur pour essayer de l'abattre ? proposa Londubat avec quelque amusement sarcastique.
Harry fit une grimace. Raconté de cette manière, c'était effectivement très stupide.
- Il n'empêche que je suis passé ! insista-t-il.
- A votre grande surprise, j'imagine, lui sourit Londubat.
- Pas à la vôtre ? s'étonna Harry.
- Que vous ayez passé la barrière du sortilège ne m'étonne pas vraiment, Harry. Que vous l'ayez fait en esprit me conforte dans l'idée que j'ai depuis longtemps.
Et comme Harry le fixait avec une mine dubitative, il reprit :
- Vous nous avez rapporté les propos de Drago Malefoy lors de votre retour des cachots ce week-end… Serai-je le seul qui en ait saisi la portée ?
- Je ne vois pas en quoi la marque des Ténèbres à un rapport avec le fait que je puisse ou non…
Harry se frappa le front et il suivit le zigzag de sa cicatrice en regardant Londubat dans les yeux.
- Il m'a marqué moi aussi… dit-il.
- Vous êtes vous jamais demandé pourquoi Lord Voldemort tatouait ainsi ses fidèles ? questionna Algie Londubat.
- C'est un signe d'allégeance, un témoignage de leur engagement… énuméra Harry. Un moyen de les contacter sur l'heure, de leur infliger des souffrances sûrement aussi, de les lier à lui également et par conséquent… En fait, une manière de dire qu'ils lui appartiennent corps et âme…
Il allait continuer lorsqu'il aperçut le geste du doigt du Professeur. Londubat pointait son index vers le jeune homme.
- J'ai dit une bêtise ?
- Non… La marque est tout cela, bien sûr… mais vous vous en tenez à ce qu'elle signifie, et non à ce qu'elle fait de ses hommes et de ces femmes.
- Elle en fait des esclaves, même si certains parviennent à conserver leur libre arbitre…
Londubat quitta son bureau et vint s'appuyer dessus, juste à côté d'Harry. Le jeune homme leva les yeux vers le professeur.
- Vous connaissez la manière dont procède Voldemort pour attirer à lui ceux dont il a besoin…
Harry hocha la tête.
- Il séduit, il dit ce qu'on veut entendre, ensuite il corrompt la personne peu à peu, jusqu'à ce qu'il la marque dans sa chair…
- Et vous croyez que la marque dans la chair ne dénature pas l'essence de la personne même ?
Harry ne répondit pas immédiatement. Il baissa la tête.
- Vous voulez dire que lorsqu'il marque ses fidèles, il leur transmet un peu de la folie qui est la sienne ? Toute cette laideur et cette haine que j'ai vues chez Malefoy, qui envahissaient son esprit et mangeaient son cœur… c'est Voldemort qui les lui a inoculées à travers la Marque ?
- Disons qu'elles avaient déjà fait leur chemin… Il y a des personnes chez qui la Marque n'a pas grand travail à faire. Elles ont en elles assez de haine et de colère pour nourrir le monstre qui se tapit au fond de chacun d'entre nous et que la Marque réveille. Il y en a d'autres chez qui la haine et la colère sont insuffisantes, ou du moins sont contrebalancées par autant d'amour et de choses légères, que le mal qui dort en nous ne trouve pas où s'appuyer. Il faut qu'il aille puiser alors au plus profond du cœur de cet homme ou de cette femme pour le marquer du sceau du désespoir, afin de lui ôter toute légèreté et toute force.
- C'est ce que Viktor nous a raconté, l'interrompit Harry. Il avait l'impression qu'il devenait comme les mangemorts qu'il côtoyait. Et résister était si difficile et douloureux…
- Par la haine ou la douleur, Voldemort arrive toujours à ses fins de destruction.
- Je le sais… murmura Harry. Il a essayé les deux manières avec moi.
Il prit son visage dans ses mains. Il commençait à entrevoir où le menait le vieil Algie et cela ne lui plaisait pas du tout.
- Mais moi, professeur, ce n'est pas la même chose, reprit-il. Voldemort ne voulait pas me lier à lui, il voulait me tuer. Il ne m'a pas marqué comme un esclave. Il m'a marqué comme un égal…
- Et d'après vous, qu'est-ce que cela signifie ?
- Qu'il m'a choisi parce que j'étais un sang-mêlé… d'après le Professeur Dumbledore.
- Harry, n'essayez pas de détourner la conversation… Que Voldemort vous ait choisi pour cette raison ou pour une autre n'a aucune importance. Le fait est que c'est vous qu'il a choisi. Et cette cicatrice fait de vous son égal en bien des domaines…
Harry ouvrit la bouche. Il fixait le professeur sans pouvoir décrocher son regard de son visage grave.
- Vous vous rendez compte, professeur, que vous êtes en train de faire voler en éclats toutes mes tentatives pour me rassurer moi-même…
- Moi ?
- Voilà des années que j'essaie de me persuader que je n'ai pas grand-chose en commun avec Voldemort. Et vous venez me dire aujourd'hui que la part de lui qui est en moi n'est pas seulement ses pouvoirs qu'il m'aurait transmis… mais une partie de lui-même… et la partie la plus sombre de son être ? C'est bien ce que vous voulez me dire…
Londubat haussa une épaule :
- La plus sombre ? Tout est sombre en lui, Harry…
Harry se leva d'un bond.
- Non ! s'exclama-t-il. Dumbledore me l'aurait dit. Et il a toujours prétendu que je n'étais pas comme lui. Que je n'étais pas lui.
- Il a raison.
- Mais vous venez de dire qu'une partie de lui était là, en moi… !
- Comme une partie de vous est en lui… Cela ne signifie pas qu'il soit vous, ni que vous soyez lui.
- Pourquoi me dites-vous cela maintenant ?
- Parce que vous venez à peine de me donner des éléments de réponse.
- Vous vous rendez compte que ça change tout !
- Tout quoi ? demanda Londubat.
Harry le regarda longuement. Il ouvrit plusieurs fois la bouche, sans pouvoir prononcer un son. Londubat jouait-il les idiots ou bien ne comprenait-il pas réellement tout ce que cela impliquait ? Harry retrouva la parole en même temps que son emportement.
- Non seulement il va falloir que j'ouvre des portes vers la mort, dont je ne sais rien et dont je n'ai pas la clé, mais en plus il va falloir que je lui laisse reprendre cette part de lui… Parce qu'il est hors de question que je me retrouve toute ma vie avec un morceau de Voldemort coincé dans le crâne…
Londubat fit une moue approbatrice. Harry se sentit vaciller soudain.
- Mais si je le laisse faire, il va être invincible…
Il se laissa tomber sur la chaise. Londubat s'avança et posa sa main sur l'épaule d'Harry pour l'obliger à rester assis.
- Pas de panique, Harry… Ce morceau de Voldemort, comme vous dites, vous vivez avec depuis plus de 16 ans. Il ne vous a pas transformé en un monstre assoiffé de sang que je sache… Il n'a pas corrompu votre âme ni perverti votre cœur…
Harry leva les yeux au ciel.
- Ah ! Oui ! J'oubliais ! Le pouvoir de l'amour… Vous avez vu ce qu'il fait du pouvoir de l'amour ? Demandez donc à Justin Finch-Fletchey ce qu'il en pense ?
- Ce jeune homme aurait-il renoncé à sa chère Susan après ce qui est arrivé à ses parents ? Et vous ? Auriez-vous renoncé à Miss McGregor ?
- J'ai failli le faire…
- Sans doute, comme vous avez failli laisser vos amis se débrouiller seuls ici pour aller provoquer Voldemort sur un terrain qui n'était pas le vôtre… mais en fin de compte, vous ne l'avez pas fait…
- J'aurais du… Je devrais aller le chercher au lieu d'attendre qu'il vienne me trouver…
- Il n'y a plus long à attendre, Harry. Laissez-le venir…
- Je sais ! le coupa Harry. Finalement, Monsieur, j'aime mieux avoir à faire au professeur Dumbledore. Je n'apprends pas toujours grand-chose de nos entrevues, mais au moins je n'ai pas besoin à chaque fois de remettre en question tout ce que je crois savoir…
Il se leva et se dirigea vers la porte.
- Où allez-vous ? l'arrêta Londubat.
- Je dois faire prévenir Théodore Nott que Malefoy l'a déjà remplacé dans ses plans de campagne… répondit Harry.
Il revint vers le bureau cependant, un peu confus.
- Pardonnez-moi, je ne pensais plus à notre leçon, Monsieur.
Londubat l'examina un instant en silence.
- Allez, Harry… Je crois que vous avez eu votre compte de leçons pour ce soir, ainsi que matière à réfléchir… A demain.
Harry se retrouva dans le couloir du rez-de-chaussée, un peu désorienté. Il prit machinalement le chemin de l'infirmerie. Ellie et Ginny l'y attendaient. Il s'assit sur la chaise sans oser regarder les filles. Il désigna le parchemin.
- Dis à Larry de prendre garde au Desquameur Fou… Le grand chef l'a fait appeler pour lui confier la direction en second de la Garde des Bannis…
Ellie se contenta de lever un sourcil interrogateur tandis qu'elle mettait son badge en action. Ginny se rapprochait d'Harry pour lui murmurer qu'elles avaient contacté Nott un moment auparavant et qu'il avait rompu la communication brusquement. Il n'avait pas rappelé depuis.
- Vous l'avez appelé pourquoi ? demanda Harry.
- Pour avoir des nouvelles puisque tu n'as rien voulu nous dire ! répliqua Ginny sur un ton vexé.
- Il n'y a pas grand-chose à dire… répondit Harry.
Le regard en dessous d'Ellie et la bouche tordue de Ginny exprimaient clairement l'incrédulité des deux jeunes filles. Harry regarda ailleurs une fois de plus.
- Il répond… fit soudain Ellie. Qu'est-ce que je lui dis exactement ?
Harry lui prit le crayon des mains et amena vers lui le parchemin. Maladroitement, car la mine s'enfonçait mollement dans les draps sous la feuille, il écrivit :
- C'est Potter…
Il attendit une réaction qui ne vint pas. Il reprit.
- Je sais que tu ne m'as pas cru la dernière fois. Peut-être me croiras-tu cette fois. M. a fait descendre W. dans le cachot pour lui confier la direction de la Garde des Bannis… Il a apparemment d'autres projets pour toi… Et je peux t'assurer que ce ne sont pas des projets d'avenir… Alors tiens-toi sur tes gardes et vérifie souvent derrière ton dos…
Il y eut un long moment d'attente. Puis l'écriture de Nott réapparut.
- Je ne t'ai pas attendu pour me méfier de tout… A propos, qu'est-ce que c'est que cette histoire de prophétie de Lovegood ? C'est juste une histoire de rumeurs ?
- J'aimerais bien…
- Ça ne tombe pas très bien…
- C'est surtout ce que ça raconte qui ne tombe pas très bien… Je suppose que M. doit entonner le refrain avec satisfaction.
- Ça le fait surtout rire… Je ne crois pas qu'il prenne vraiment au sérieux ce que raconte Loufoca. Mais tant que cela sème le doute chez tes alliés… il est preneur.
- De toutes façons, on savait que ce ne serait pas facile…
- En effet, mais là ça empire tous les jours…
Encore quelques minutes de « silence ».
- Potter, j'aimerai avoir des nouvelles autrement que par rumeurs interposées. Je sais que tu as des relations bien placées pour ça.
- C'est ce que tu crois… Mais tu as raison en ce qui concerne les nouvelles. Il faut être informé de tout pour pouvoir « anticiper »…
- Oui… C'est pourquoi tu m'as prévenu pour M. ?
Harry joua un instant avec le crayon entre ses doigts. Ginny et Ellie attendaient sa réponse.
- J'aimerais pas qu'il t'arrive quelque chose… écrivit-il. Les bons adversaires sont rares…
Et avant que Nott eût pu écrire quoi que ce fût d'autre, il ajouta :
- Ell… Alba se fera un plaisir de jouer les plumes à papote. Je dois partir.
Il repoussa le parchemin vers Ellen, se leva, et se pencha vers elle pour l'embrasser.
- Où vas-tu ? essaya-t-elle de le retenir. Qu'est-ce qui s'est passé ? Pourquoi tu fais cette tête.
Il lui montra la Copie Conforme.
- Il veut savoir les nouvelles. Ne lui cache rien.
Ginny se leva à son tour.
- Tu es sûr de ça ? demanda-t-elle avec inquiétude.
- Ça ne changera pas grand-chose maintenant…
…
Il quitta l'infirmerie sur la promesse de revenir voir Ellen avant le couvre-feu. Ginny trotta sur ses talons.
- Où vas-tu ? Pourquoi es-tu allé voir Londubat ? Pourquoi fais-tu cette tête ? répétait-elle inlassablement.
- Je vais voir comment va Ron…
- Et pour Londubat ?
- J'avais quelque chose à lui dire…
- Quelque chose de grave ?
- Non… juste un détail…
Ginny saisit le bras d'Harry pour le faire se retourner vers elle.
- Tu te fiches de moi !
Il retira son poignet de la main tremblante de la jeune fille.
- Arrête, Ginny. On nous regarde…
- Je m'en moque… Réponds-moi ! Que tu ne veuilles rien dire à Ellie, c'est une chose, mais ne joue pas à ce petit jeu avec moi…
- Ginny, ce n'est pas bon pour le moral des troupes de nous voir nous disputer…
- Le moral des troupes ! renifla la rouquine dans un geste de la tête qui renvoya ses cheveux en arrière. Le moral des troupes ! Et moi c'est du tien de moral dont je me soucie…
Harry la fixa un instant puis il reprit son chemin.
- Quand tu fais ça –il esquissa le même geste qu'elle venait de faire- on pourrait presque te prendre pour Fleur…
Ginny marmonna une litanie des jurons les plus sentis qu'elle connaissait avant de lui emboîter le pas.
- Tu vas voir Hermione, n'est-ce pas… C'est pas Ron qui t'inquiète. Tu vas parler à Hermione…
Harry s'arrêta devant le portrait de la Grosse Dame, avec un soupir de lassitude.
- Imogen, s'il vous plait… pouvez-vous la laisser dehors ?
- Pas si elle a le mot de passe, décréta la Grosse Dame.
Ce fut Ginny qui le lui donna, avec un regard de défi à Harry. Ils entrèrent dans la salle commune. Hermione était assise, pensive, près de la fenêtre, la tête tournée vers le parc. Elle fut surprise de voir Ginny se laisser tomber auprès d'elle sur la banquette. Elle leva un regard interrogateur vers Harry.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle.
- Où est Ron ? lui répondit Harry.
- Il a tenté une nouvelle transe… chuchota Ginny à Hermione.
- Harry ! soupira Hermione.
- Et il ne veut rien dire de ce qui s'est passé ! ajouta Ginny toujours sur le même ton.
- Ça ne concerne que les Serpentard ! répondit Harry entre ses dents.
- Bien sûr ! fit Ginny avec un regard entendu à Hermione. Et c'est parce que ça ne regarde que les Serpentard que tu as couru chez Algie Londubat ?
Harry haussa les épaules. Il s'apprêtait monter dans son dortoir pour voir Ron, lorsque celui-ci s'avança vers eux, l'air ombrageux, et la joue marquée de la trace de l'oreiller.
- Lequel d'entre vous a touché à mes affaires ! demanda-t-il d'un ton bourru.
- C'est moi, Ron, répondit Hermione. J'ai un peu rangé ton bureau…
- Oui ! et je ne retrouve plus rien de rien !
- J'ai juste empilé tes livres d'un côté, et tes parchemins de l'autre, mon Cœur…
- Et c'est pour ça que je ne retrouve pas mes devoirs ! J'en ai trois de commencés et pas moyen de mettre la main dessus… Je vais devoir me passer de dîner pour pouvoir les terminer pour demain… Pourquoi m'as-tu laissé dormir autant ?
- Ho ! fit Hermione en se redressant sur sa banquette. Ils sont terminés… j'ai du les ramasser avec les miens…
Ginny, Harry et Ron ouvrirent des yeux exorbités sur Hermione.
- Tu as fait quoi ? demanda Ron.
- Je les ai terminés, reprit d'une petite voix Hermione. Ils étaient presque finis. Je les ai corrigés – il n'y avait pas grand-chose à reprendre- et je les ai terminés… Rassure-toi, j'ai laissé quelques fautes d'orthographes, et j'ai imité ton style et ton écriture. Même si je ne suis pas aussi douée que Dean pour ça…
- Tu as fait quoi ? répéta Ron abasourdi.
- Je me suis dit que si tu devais veiller jusqu'à des heures impossibles pour finir tes devoirs, tu perdrais le bénéfice de cet après-midi… Tu vas mieux ? Tu as l'air plus reposé en tous cas…
Elle se poussa contre le mur, pour laisser une place au jeune homme entre elle et sa sœur.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda Ron, soupçonneux. Tu as eu de mauvaises nouvelles et tu n'oses pas me les annoncer ? Loufoca a encore fait une prophétie ? Elle a annoncé ma mort prochaine ? C'est ça… Une catastrophe va encore nous tomber sur le coin du nez ?
- Oh Ron ! Ça suffit ! s'exclama Ginny. Jusque il n'y a pas si longtemps tu aurais donné ton bras droit pour qu'Hermione termine tes devoirs à ta place ! Alors ton air de vierge outragée, tu le gardes pour quand Maman recevra le relevé de tes Aspic !
- C'est ça ! Toi aussi tu penses que je ne suis pas capable d'avoir mes Aspic tout seul !
- Laisse-le tranquille, demanda Hermione à Ginny. Ron, viens t'asseoir près de moi. Harry a des choses à nous dire…
Harry leva les yeux au ciel tandis que Ginny se poussait pour laisser son frère prendre place sur la banquette. Ses trois amis en face de lui, il se sentait très mal à l'aise, comme un accusé face à ses juges.
- Mais je n'ai rien à vous dire !
- Alors pourquoi tu fais cette tête ? questionna Ron.
- Mais fichez-moi la paix avec ma tête ! Je fais la tête que je peux ! Comme tout le monde !
Il tourna les talons et montra les escaliers quatre à quatre. Il s'enferma entre les rideaux de son lit et cacha sa tête sous l'oreiller. Il fit le vide dans son esprit et il resta là sans bouger pendant longtemps.
