Chapter 6
"Retournement de robe chez les députés
C'est avec une certaine stupeur que nous avons appris ce matin, de source anonyme, que la députée Granger a bel et bien quitté le groupe progressiste mené par Remus Lupin. Mais cela ne s'arrête pas là. Comme le prétendaient de nombreuses rumeurs ces derniers jours, c'est bien avec les Non-alignés qu'elle a choisi de travailler. Nous aimerions bien dire qu'il s'agit d'une surprise, mais hélas les seuls qui n'ont pas vu le coup venir, ce sont ses anciens partenaires. L'un d'entre eux, dont nous tairons le nom, parle d'une infâme trahison qui entache la carrière de la députée Granger. Mr Malefoy qui, s'il n'a pas voulu confirmer officiellement cette information, a tout de même accepté de la commenter. Il a dit, je cite : "Granger et moi, on est devenus adultes pendant la guerre, et c'est à notre génération de tout faire pour que ça n'arrive plus jamais. On en a parfaitement conscience. C'est ce qu'on a en commun. Et c'est pour ça qu'on va travailler ensemble."
Hermione fit craquer ses doigts, et se redressa dans son lit, écrasant au passage le journal qu'elle venait de lâcher. Elle n'avait pas encore eu l'occasion de s'extirper de ses draps que déjà, il y avait eu des fuites dans la presse. Elle devait faire son annonce aux médias au plus vite, sans quoi elle perdrait définitivement le contrôle des évènements.
Malefoy n'avait pas pu se retenir et s'était visiblement épanché auprès de la Gazette. Nul doute que la source anonyme, c'était lui. C'était sa façon de créer une attente autour de l'arrivée d'Hermione dans son groupe, c'était limpide. Maudit serpentard.
Hermione repoussa sa couette d'un coup de pied, et se leva pratiquement en courant pour se précipiter sous la douche. Une fois sous l'eau chaude, elle répéta son discours en marmonnant à toute vitesse, projetant de la buée dans l'air surchauffé de la pièce. Aussi, lorsqu'elle entreprit de se sécher les cheveux, elle était un peu plus rassurée : elle savait ce qu'elle avait à dire, elle était prête. Elle s'habilla avec soin, et tressa ses cheveux sur le côté de sa tête pour les discipliner un peu.
Elle se dévisagea dans le miroir, et déclama à voix haute :
"Hermione, tu vas y arriver."
Elle tourna aussitôt les talons pour aller préparer son traditionnel thé, et eut la surprise d'entendre de nouveau frapper. Quelle était cette nouvelle manie de débarquer sur son pallier aussi tôt le matin ? Agacée, elle alla ouvrir, et tomba sur un groupe de personne qui n'avaient vraiment rien à faire ensemble.
Les yeux de la brune balayèrent la scène surréaliste qui se déroulait sur son pallier.
Harry était en tête, les yeux écarquillés, et se frottait le front d'un air soucieux. Juste derrière lui se trouvait Astoria, qui tenait une pile de dossiers, et lui lança un regard d'excuse. Venait ensuite Lupin, qui la fixait avec une lueur de colère dans le regard. Et enfin, Malefoy et Parkinson, appuyés nonchalamment contre la rambarde de l'escalier.
"Mais... commença Hermione, avant de respirer un grand coup. Qu'est-ce que vous faites tous ici ?
- J'ai à te parler ! décréta immédiatement Lupin, en poussant Astoria et Harry pour se faciliter le passage.
- Dites donc, pour qui vous vous prenez ? le rabroua Astoria en serrant ses dossiers contre elle, outrée.
- Remus, calme toi, tenta Harry en levant les mains dans un geste apaisant.
- Reste en dehors de ça, tu veux ? Ce qui se joue ici te dépasse largement, rétorqua Lupin en soupirant d'agacement.
- Pardon ? grimaça Harry, en bloquant le passage vers la porte. Tu me forces à intervenir en te comportant comme ça avec ma meilleure amie.
- Pousse-toi, Harry ! s'impatienta Lupin en s'avançant d'un pas vers son ancien élève.
- Non mais ça ne va pas, Remus ? Tu débarques chez moi à l'improviste et tu bouscules mon assistante, tu manques de respect à Harry, et tu espères que je vais te recevoir ? intervint Hermione en contournant tant bien que mal le corps d'Harry, qui faisait rempart entre elle et son ancien supérieur.
- Un peu que tu vas me recevoir ! La moindre des choses ! s'écria Remus en la menaçant du doigt.
- Baisse ta main, Remus, l'avertit Harry, qui commençait à s'agacer à son tour.
- Sinon quoi ? le provoqua le loup garou.
- Et ben, il devait y avoir une sacré bonne ambiance dans l'ordre du Phénix. Moi qui me plaignais des mangemorts..."
L'interruption inopinée de Malefoy eut différentes conséquences. Parkinson leva les yeux au ciel, Harry ouvrit la bouche sans prononcer le moindre son, Hermione souffla, Astoria retint un gloussement, et Lupin se retourna d'un bloc.
"Pouvez-vous arrêter vos provocations pour une fois, Malefoy ? On essaye de discuter entre adultes, siffla Lupin.
- Ah oui ? J'ai cru voir deux adultes discuter avec un chiot en crise, mais soit."
Lupin sortit sa baguette avec un geste brusque et se rua sur Malefoy, bousculant encore une fois la pauvre Astoria qui se trouvait sur sa route. Sans les réflexes d'auror d'Harry, il y aurait surement eu des blessés, mais fort heureusement il lança un expelliarmus et plaqua Lupin contre le mur le plus proche. Tout était allé très vite. Malefoy, lui, n'avait pas bougé, et contemplait la scène avec une certaine satisfaction.
"Voilà, tu es content ? maugréa Pansy, qui tirait sur le col de son manteau pour chercher un peu d'air."
Elle n'avait rien contre un peu d'agitation, mais se retrouver mêlée à une bagarre, très peu pour elle.
"Remus, je te conseille de t'en aller immédiatement. Je fermerai les yeux sur cette tentative d'agression et je te rendrai ta baguette, mais tu dois quitter les lieux. Maintenant, indiqua Harry d'une voix ferme."
Lupin attrapa la baguette qu'il lui tendait, rehaussa le col de sa cape dans un geste rageur, et foudroya du regard l'intégralité de l'assistance. Il se résigna à partir, et entreprit de descendre l'escalier. Il eut tout de même le temps d'entendre Hermione lui lancer :
"Je démissionne au fait, si ce n'était pas assez clair !"
Il interrompit une fraction de secondes sa descente, mais ne prit pas la peine de se retourner. Hermione eut un pincement au cœur en le voyant disparaître dans les étages inférieurs, constatant avec effroi qu'elle ne connaissait plus du tout cette personne de qui elle avait été si proche. De qui ils avaient tous étés si proches. Elle se tourna vers Harry, qui était toujours debout devant le mur contre lequel il avait plaqué son ami.
"Malefoy, t'es suicidaire ou quoi ? Pourquoi t'as même pas sorti ta baguette ? l'invectiva Harry, qui avait besoin de s'en prendre à quelqu'un."
L'intéressé haussa les épaules, les mains toujours enfoncées dans ses poches.
"Je savais que tu allais jouer les héros, je n'allais pas prendre le risque de menacer un député de l'opposition... répondit le blond avec assurance.
- J'aurais pu le laisser te secouer un peu, contra Harry.
- Bien sûr que non. Tu respectes la loi, et tu cautionnes pas l'agressivité de ce...
- Ce chiot ? coupa Hermione. Ce n'était pas très malin de dire ça, tu sais que sa condition de loup-garou est un sujet sensible Malefoy. Il a été attaqué de toutes parts pendant sa campagne électorale, c'est vraiment injuste de le renvoyer à sa condition comme ça.
- Moi on me renvoie mon père à la gueule tous les jours, est-ce que c'est juste ? rétorqua Malefoy.
- Ne fais pas aux autres ce que tu n'aimerais pas qu'on te fasse, dit Hermione d'une petite voix.
- Ça va calme-toi Dumbledore, pouffa Malefoy"
Il était beaucoup plus simple pour lui de se montrer sarcastique que de reconnaître qu'elle avait parfaitement raison, qu'il en était conscient, et qu'il avait simplement laissé sa noirceur intérieure prendre le dessus. C'était regrettable. Mais nécessaire, puisque le résultat était que Lupin était définitivement hors du tableau à présent.
"On pourra échanger sur l'éthique plus tard, non ? suggéra Astoria, qui commençait à trouver que ses dossiers pesaient un peu lourd sur ses bras. Je suis venue pour rédiger le communiqué de presse, tu te souviens ?
- Oh, oui, bien sûr, répondit Hermione qui avait totalement oublié.
- Je repasserai. Je venais simplement voir comment tu allais, marmonna Harry en jetant des coups d'œil circonspects à Malefoy à intervalles réguliers.
- Déjeunons ensemble Harry, j'aurai du temps entre mon discours et la cérémonie à l'assemblée, proposa Hermione en serrant rapidement le bras d'Harry dans un geste de réconfort."
Il hocha la tête, et transplanna aussitôt. Astoria en profita pour s'engouffrer dans l'appartement d'Hermione, la laissant face aux deux serpentards qui attendaient visiblement quelque chose.
"On est mal tombés, signala Parkinson comme si ce n'était pas déjà une évidence. On voulait parler avec toi de la stratégie à suivre aujourd'hui."
Elle jeta un regard en coin à son comparse et, voyant qu'il se contentait de fixer Hermione sans parler, lui asséna un coup de coude dans les côtes.
"... Oui, voilà. Je me disais que je pouvais me joindre à ton discours. Être présent. Je suis prêt à... te soutenir dans cette épreuve, débita Malefoy."
Pansy approuva d'un hochement de tête vigoureux, et Hermione se retint de pouffer. Il était évident que la dernière partie du discours de Malefoy, si ce n'était la totalité, avait été inspirée par Parkinson. Lui ne pouvait pas penser seul à prononcer les mots "soutenir" et "être présent" dans la même phrase.
"C'est... Pourquoi tu ferais ça ? Malefoy, quel est le but réel de cette manœuvre ? Parce que personne ne croira que tu m'accompagnes pour être sympa et secourable."
Malefoy mima un coup de poignard dans son cœur, et grimaça exagérément. Il était évident qu'il se retenait de pouffer uniquement parce que Pansy était en train de le surveiller de près.
"Ok, je ne fais pas ça uniquement par bonté d'âme, finit il par convenir. C'est bien pour l'image des Non-alignés qu'on montre d'emblée une cohésion. Et tu es une cible trop facile pour que je te laisse affronter la presse en ayant l'air isolée. Ça serait bien qu'on forme un front uni devant la presse, et qu'on montre à nos électeurs qu'on peut parfaitement s'entendre."
Hermione pencha la tête sur le côté, dubitative, pour l'inciter à en dire plus. Mais il n'avait pas l'air décidé à développer, et se contentait de se tenir là, debout face à elle, en regardant au-dessus de sa tête comme si elle n'avait pas été là. Alors qu'il était précisément en train de s'adresser à elle. Comme s'il était... intimidé ? S'il ne s'était pas agi de Malefoy, ça aurait été l'hypothèse la plus crédible. Hermione songea que ce moment lui en rappelait un autre, à se mit à penser cet étrange instant dans l'hémicycle, quand elle s'était interposée entre lui et Thomas et qu'elle avait plaqué ses mains sur son torse. Elle repensa à sa respiration, à sa voix assurée, à son odeur de... Mais enfin, comment en était-elle arrivée à délirer sur l'odeur de Malefoy ?
"Hermione ? l'appela Astoria depuis son salon, impatiente.
- Je... oui, j'arrive, répondit Hermione en reprenant ses esprits. Bon, vous n'avez qu'à entrer. Après tout, vous pourrez donner votre avis sur mon discours, vous êtes concernés.
- Est-ce qu'il te reste de ces drôles de biscuits qu'on a mangés hier ? s'enquit Parkinson en s'engouffrant chez elle sans plus de cérémonie.
- Bon, puisqu'il le faut... marmonna Malefoy en la suivant."
Hermione referma la porte derrière eux, et colla son front contre le battant glacé juste une seconde pour reprendre le contrôle sur son cerveau.
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La brune reposa vivement sa tasse de thé sur sa table basse, et balaya d'un revers de la main la suggestion que venait de faire Malefoy. Le serpentard était installé dans un fauteuil, et avait calé ses bras sur les accoudoirs pour pouvoir regarder tout le monde de haut et fixer les autres avec condescendance.
"Hors de question que je dise une chose pareille ! s'insurgea Hermione.
- Ça te parait trop compliqué de reconnaître que les Non-alignés t'extirpent du bourbier politique dans lequel tu te noyais ? grinça Malefoy en levant sa petite cuillère, visiblement très surpris.
- Mais enfin, dans quelle dimension parallèle es-tu coincé ? s'étrangla Hermione. Je ne peux pas insulter mes anciens collègues avec de tels propos... Un bourbier politique ? Je comprends bien que tu veuilles passer pour le type qui a sauvé ma carrière mais ne pousse pas trop, ajouta la jeune femme en le foudroyant du regard.
- Si c'est le terme bourbier qui te dérange, tu n'as qu'à dire... Flaque de boue, suggéra le blond comme si c'était une bonne idée."
Hermione chercha du soutien auprès des deux autres filles, mais Astoria gardait les yeux délibérément vissés sur sa feuille, et Parkinson s'empiffrait de gâteaux avec une frénésie suspecte. Visiblement, aucunes des deux ne semblait vouloir lui porter secours et raisonner cet imbécile de Malefoy.
"Non, asséna simplement Hermione."
Malefoy referma le poing sur sa petite cuillère, dans un geste qui n'augurait rien de bon. Mais, contre toute attente, il ne se mit pas à faire son numéro de despote glacial. Il craqua un petit sourire en coin. Hermione ferma les yeux une seconde pour faire le vide et éviter de lui faire avaler ses couverts par les yeux, réalisant qu'il ne pensait pas une seule seconde tout ce qu'il venait de dire.
"Tu viens de nous faire perdre cinq précieuses minutes avec tes provocations, nota Hermione, qui tenta de contrôler les tremblements de colère dans sa voix.
- Je n'ai pas pu m'en empêcher, reconnut le jeune homme."
Parkinson leva de nouveau les yeux au ciel, et s'essuya les mains dans une serviette en papier.
"Je crois qu'on a fait le tour, alors, décréta-t-elle. Ce communiqué de presse est parfait, ton discours et clair, et... commença-t-elle.
- ... et il ne nous reste plus qu'à t'entraîner à répondre aux questions vicieuses des journalistes, la coupa Malefoy en se penchant en avant, calant ses avants bras sur ses cuisses pour se rapprocher de ses collègues.
- Quoi ? grommela Hermione, déjà angoissée à l'idée de se faire mettre en pièce face caméra dans les prochaines heures.
- Media training. Hop, lança Malefoy en claquant ses mains l'une contre l'autre."
Parkinson se laissa retomber en arrière contre les coussins du canapé. Évidemment. Le blond n'allait rien laisser au hasard, et elle sentait que ça allait prendre un certain temps. Alors elle attrapa toute l'assiette de biscuits, la posa sur ses jambes, et fit un signe de tête à Astoria pour l'inciter à piocher.
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"Je vous remercie d'être venus si nombreux à cette conférence de presse, attaqua Hermione en balayant le parterre de journalistes plantés face à elle, micro tendu devant eux. J'ai bien conscience que vous avez hâte de me poser vos questions, mais j'aimerais commencer par vous expliquer pourquoi vous êtes ici. Je vais essayer d'être brève : tout d'abord, effectivement, j'ai bien quitté le groupe Progressiste. Nous avons des désaccords et il m'est devenu impossible de continuer à travailler avec des personnes qui ne souhaitent pas emprunter le même chemin que moi, et qui ne sont pas prêtes à employer les mêmes moyens pour parvenir au but. But que je pensais commun, mais finalement il semblerait que là encore, nous ayons des divergences irréconciliables. Je ne garde aucune rancune envers mes collègues, et j'espère que nous pourrons continuer à collaborer à l'avenir, quels que soient les groupes dans lesquels nous nous trouvons. Il faut dépasser ces querelles puériles et œuvrer, tous ensemble, pour améliorer le sort de nos concitoyens. Car c'est à eux que je pense, et à eux que je souhaite m'adresser aujourd'hui. A vous qui avez voté pour moi, à vous qui avez suivi la campagne, à vous qui lisez la presse et ne savez plus quoi penser. Je n'ai pas changé de programme, ni d'idées. Je suis toujours la même personne. Je suis et je reste engagée pour l'égalité entre tous les sorciers, quelles que soient leurs origines, et pour le respect des êtres vivants dans leur ensemble. Que mes électeurs ne s'y trompent pas : ce n'est en aucun cas un renoncement. J'ai simplement choisi en mon âme et conscience ce que je pense être la meilleure voie pour leur venir en aide. Et cette voie, aujourd'hui, c'est de rejoindre un groupe neuf, qui bouscule les codes établis en politique et propose une nouvelle façon d'agir. Les Non-alignés m'ont proposé de les rejoindre, et j'ai accepté. Comme l'a très justement dit Mr Malefoy dans la presse, notre génération a grandi dans un climat de guerre et de violence sans précédent, et rien n'est plus important pour nous que de lutter contre la haine, la misère et l'injustice, pour que plus jamais cela n'arrive. J'ai toujours osé faire entendre ma voix, et ça ne changera pas. J'ai été élue pour vous défendre, pour améliorer votre quotidien et vous accompagner dans votre réussite. Chacun d'entre vous a un potentiel et je veux vous aider à le réaliser. Cela passe par de nombreuses réformes de notre système économique, scolaire, social, et je sais qu'avec mon nouveau groupe, nous réussirons à faire bouger les lignes là où jusqu'à présent les autres ont échoué. Je vous demande de continuer à me faire confiance. Et de me croire quand je vous affirme que je crois en nos chances d'enfin, apporter un changement nécessaire et indispensable. Merci de m'avoir écoutée, je vais à présent répondre à quelques questions..."
Hermione regretta aussitôt d'avoir fait cette proposition, en voyant la forêt de mains qui se dressait face à elle. Malefoy, planté au fond de la salle avec Astoria, Zabini, Parkinson et Laura, leva les yeux au ciel. Il l'avait prévenue que ça allait être difficile. Non seulement elle allait se faire chahuter, mais en plus elle risquait d'y perdre une précieuse énergie. Peu de temps auparavant, il l'avait testée et ça avait été un léger massacre. Granger, tu ne peux pas compter que sur ton capital sympathie d'héroïne de guerre : attaque, ne les laisse pas te piétiner. Malefoy vrilla son regard dans le sien, et hocha la tête de haut en bas avec vigueur. Elle se mordit la lèvre en réponse, comprenant bien le message qu'il était en train de lui faire passer.
"Miss Granger, que pense Harry Potter de votre soudain ralliement à Drago Malefoy, son ennemi de toujours ? s'exclama un journaliste."
Hermione lui lança un petit sourire, d'une part parce qu'elle avait besoin de gagner du temps pour trouver une réponse adaptée, et d'autre part parce que sa question était risible. D'autant plus que ce satané Malefoy lui avait posé sensiblement la même peu avant, et qu'elle lui avait ri au nez comme si il était saugrenu qu'un journaliste ose aller sur ce terrain là. Encore une fois, il avait eu raison.
"Je sais que l'avis d'Harry est capital sur quantité de sujet, mais sachez qu'il n'est pas qu'un héros, il est aussi mon meilleur ami, et il a confiance en ma capacité de jugement. Quant à son avis sur Drago Malefoy, je crois que vous surestimez leur prétendue haine mutuelle. Ils se disputaient quand ils avaient 12 ans, comme beaucoup d'enfants. Je ne pense pas que des chamailleries datant de Poudlard soient pertinentes lorsqu'il est question de mon engagement politique."
Elle lança un rapide coup d'œil au fond de la salle, et soupira imperceptiblement en voyant le sourire de Laura, qui leva le pouce en l'air. Quelques rires dans les rangs de la presse achevèrent de la rassurer ; eux-aussi trouvaient cette pique du journaliste ridicule.
"Miss Granger, des sources internes à l'assemblée affirment que le ton est monté entre des membres de votre ancien groupe et de votre nouveau groupe. Des insultes auraient été entendues, comme "sale punaise"... Pouvez-vous confirmer ces propos ?"
Hermione retint un rire traître qui montait en elle. Dean Thomas n'avait pas pu s'empêcher d'aller rapporter ce qu'il s'était passé.
"Les échanges sont parfois vifs à l'assemblée, et vous n'êtes pas sans savoir que le climat est très tendu en ce moment. Il est possible que certains députés se soient un peu échauffés, mais c'est ce qui fait vivre le débat. Je ne crois pas avoir entendu le mot cafard.
- C'était punaise, rectifia la journaliste, qui tenait à être précise.
- Oh, punaise, cafard, vous savez... répliqua Hermione avec un geste évasif de la main. Question suivante ?
- Mr Malefoy et vous êtes les deux seuls membres confirmés du groupe des Non-alignés pour le moment, mais il y aurait 14 inscrits au minimum... Savez-vous qui sont les autres ? Êtes-vous nombreux ?
- La cérémonie qui aura lieu ce soir répondra à toutes vos questions à ce sujet, je ne suis pas habilitée à y répondre je suis désolée.
- N'avez-vous pas l'impression de trahir vos électeurs ? reprit une voix virulente, braquant une perche devant son visage.
- Non. Comme je l'ai dit tout à l'heure, mon engagement, mes idées, et ma personne n'ont pas changé. Mon départ des Progressistes n'est pas une trahison, au contraire : c'est parce que je suis fidèle à mes convictions que je pars.
- Mr Lupin serait très remonté contre vous, et penserait à intenter une procédure disciplinaire à votre encontre. Qu'aimeriez-vous lui dire ?"
Une procédure disciplinaire ? Et pour quel motif ? Hermione sourit de nouveau pour se donner du temps, et rassembla ses pensées à toute vitesse. Elle avait fait les choses dans les règles, il ne pouvait pas l'attaquer sur le plan légal. Et elle était bien placée pour le savoir, puisque c'était elle qui avait rédigé les règles des Progressistes.
"Je ne pense pas que cette information soit avérée, pardonnez-moi. Mr Lupin a accepté mon départ et ne perdrait pas son temps et son énergie à se battre contre moi, plutôt que de s'investir pour les autres. D'autant plus que je n'ai rien à me reprocher. Alors, si je devais lui dire quelque chose, je lui dirai merci pour ces années où on a partagé les mêmes rêves pour le monde sorcier."
Hermione se tut, touchée malgré elle par ses propres paroles. Elle regrettait le Lupin avec qui elle avait fait campagne au début. Que s'était-il passé pour que les choses leur échappent de cette façon ? Perdue dans ses pensées, elle ne vit pas que Malefoy s'avançait dans l'allée centrale pour la rejoindre, comme c'était prévu. Il lui lança un regard un peu inquiet, et elle se reprit.
"Je vais laisser la parole à Drago Malefoy, qui voudrait vous dire quelques mots."
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Drago divertit la foule pendant une quinzaine de minute, effectuant avec brio son petit numéro de jeune premier de la politique. A la fin, c'est tout juste si les journalistes ne se mirent pas à applaudir sa performance.
"Mais comment il fait ça ? murmura Laura, hébétée comme si elle sortait du concert d'une rockstar.
- Je ne sais pas. L'art de la manipulation, grogna Hermione, qui était un peu jalouse de la capacité de son nouveau leader à se mettre la foule dans la poche tout en étant odieusement prétentieux la plupart du temps.
- Il se pavane comme un paon et ils en redemandent, conclut Parkinson en haussant les épaules, fataliste.
- Vous avez fini de persiffler sur notre Très grand leader à tous ? ricana Zabini."
Hermione fit semblant de vomir dans la plante la plus proche, et se releva tout net en croisant le regard interrogateur d'un journaliste.
"Elle boit trop, c'est rien, lança Zabini en pouffant, avant de se prendre un coup de coude de Laura qui le foudroya du regard.
- Quel farceur, ce Zabini... s'exclama Hermione avec un sourire forcé. Je ne bois pas, crut-elle bon d'ajouter."
Le journaliste fronça les sourcils et finit par s'éloigner, perplexe.
"Comment ça tu ne bois pas, Granger ? demanda Malefoy, qui avait finit par s'extirper des bras de son nouveau fan club. Moi qui croyais avoir recruté une fêtarde, je vais sûrement devoir me séparer de toi.
- Très spirituel, grogna Hermione en se renfrognant.
- Qu'est-ce que tu vas faire, me traiter de punaise ? De cafard ? rit Malefoy.
- Non, de fouine, rectifia la jeune femme avec un petit air de défi plaqué au visage."
Le blond se mordit la lèvre inférieure, mais se contenta de soupirer.
"C'est bien envoyé, je dois en convenir. Mon petit rat de bibliothèque. Mon castor adoré...
- Je retire ce que j'ai dit sur les chamailleries de Poudlard. La haine est toujours très vivace entre nous ! siffla Hermione en enfilant son manteau avec empressement."
Elle devait rejoindre Harry pour le déjeuner, et elle n'allait certainement pas laisser les pitreries du serpentard la détourner de ses objectifs. Elle mit tellement d'énergie dans son mouvement qu'une vive douleur à l'épaule la saisit d'un coup, et elle ne put retenir une grimace. Elle avait très distinctement entendu un craquement.
"Ça va, Hermione ? s'inquiéta Laura en s'avançant vers elle."
La brune l'arrêta d'un geste, furieuse contre elle-même de laisser Malefoy l'irriter au point qu'elle s'était probablement démis un os.
"Très bien ! rétorqua Hermione en pinçant les lèvres."
La douleur irradiait à présent dans tout son bras, et elle se sentait affreusement ridicule. Ridicule et en colère. Qui pouvait se blesser en enfilant un foutu manteau ? Tout ça après avoir survécu à la guerre, à la torture, et à Voldemort. Vraiment, elle était pathétique. Personne ne devait savoir ce qui venait de lui arriver, sinon elle en mourrait de honte. Elle devait s'éloigner d'ici, au plus vite, et rejoindre Harry dans la foulée. Lui saurait ce qu'il fallait faire.
"Tu fais une drôle de tête, Granger, remarqua Blaise en fronçant les sourcils.
- Mais non, grogna Hermione en essayant de bouger ses doigts pour vérifier qu'elle n'avait pas perdu l'usage total de son bras gauche. Bon, je dois partir, déclara-t-elle en empoignant son sac avec sa main valide."
Sous les regards perplexes de ses collègues, elle se précipita vers la porte, mais se retrouva bien bête au moment de tourner la poignée pour l'ouvrir. Elle avait une main prise, et l'autre hors service. Elle tenta alors, dans un mouvement désespéré, de l'ouvrir en s'appuyant dessus avec son épaule, mais rebondit contre le battant, sans succès. Elle rougit devant cette affront, bien consciente qu'ils devaient tous être en train de la dévisager et de se demander pourquoi elle était subitement devenue handicapée.
Alors elle lâcha son sac, et utilisa sa seule main valide pour tourner la poignée. La porte s'ouvrit et elle la cala avec son pied le temps de ramasser son sac, toujours de la main droite, avec un sourire victorieux plaqué sur le visage.
Malheureusement, Merlin n'était pas avec elle ce jour là, et le battant de la porte se referma violemment sur elle alors qu'elle était encore penchée en avant. Le choc résonna dans tout son crâne meurtri, et elle se redressa avec un air hébété. De petites étoiles dansaient devant ses yeux, tout était flou, pas pas suffisamment pour qu'elle n'arrive plus à distinguer la masse de journaliste qui la fixaient, appareils photos à la main. Ils devaient être en train de cheminer vers la sortie eux aussi, et la scène qui se déroulait sous leurs yeux était bien plus distrayante que cette conférence de presse.
"Elle boit, expliqua un journaliste en désignant la plante verte dans laquelle Hermione avait fait semblant de vomir quelques minutes avant."
Hermione voulut répliquer, mais elle sentit un bras ferme lui saisir la taille. Simultanément, une main blanche aux longs doigts fins poussa la porte qu'elle ne parvenait pas à ouvrir, et elle se sentit poussée en avant. Elle devinait dans son dos un torse qui la soutenait, et sentit ses jambes se mouvoir toutes seules dans le couloir. La porte claqua derrière eux, et Malefoy la poussa dans la première pièce qu'il trouva.
"Granger, qu'est-ce que tu trafiques ? lui demanda le jeune homme en la déposant contre un mur, où elle fut soulagée de prendre appui."
Il la lâcha, mit un coup de pied dans la porte de la salle pour la refermer, et elle se sentit basculer sur le côté. Le blond la bloqua de nouveau avec son bras, à présent inquiet si l'on en croyait ses sourcils froncés.
"Granger, tu m'entends ? insista le blond en faisant claquer ses doigts devant les yeux de la Gryffondor.
- Oui, je, oui... bafouilla Hermione en clignant des yeux pour essayer de recouvrer ses esprits."
Malefoy l'attrapa de nouveau par la taille et l'accompagna au sol pour qu'elle puisse s'asseoir contre le mur. Il resta accroupi à côté d'elle, son bras toujours autour d'elle. Il fallait vraiment que la jeune femme soit groggy pour tolérer une telle proximité avec lui, il en était bien conscient.
"Tu ne sais plus comment on ouvre une porte, Granger ? reprit Malefoy, qui se disait que s'il parvenait à l'énerver de nouveau, elle retrouverait sûrement la raison.
- Ta faute, grogna Hermione en se frottant la tête avec sa main droite, la gauche pendant mollement le long de son corps.
- Comment ça, ma faute ? Tu es tellement troublée par ma prestance que tu en perds l'usage de ton corps ? ricana le blond en se penchant en avant pour observer la bosse qui apparaissait progressivement sur le front de sa collègue."
Il sortit sa baguette et la pointa sur la blessure, mais ne lança aucun sort puisqu'il anticipait parfaitement ce qui allait se passer. Elle allait protester, voire taper sur son bras pour le détourner de son visage, et l'accuser de vouloir la tuer. Tout était toujours si dramatique avec les Gryffondors. Mais elle n'en fit rien, et se contenta de fermer les yeux dans l'attente de sa guérison. Depuis quand n'avait-elle plus du tout peur de lui ? Malefoy soupira, et lança son sort.
Presque aussitôt, Hermione ouvrit les yeux, et il constata avec satisfaction que le voile qui les habitait avait disparu. Par contre, ses traits ne s'étaient toujours pas détendus, et elle semblait souffrir encore.
"Je vais avoir besoin de toi, lâcha la jeune femme.
- Tu veux dire, encore plus que maintenant ? demanda Malefoy non sans sarcasme, en désignant la position dans laquelle ils se trouvaient d'un mouvement du menton.
- La ferme, marmonna Hermione. Aide-moi à me relever."
Malefoy leva les yeux au ciel mais obtempéra. Dire qu'il s'était attendu à un peu de gratitude... Il ceintura un peu plus fermement la jeune femme et la tira vers lui avant de se relever avec elle. Visiblement, elle tenait de nouveau sur ses jambes. Par contre, la position de son bras gauche était très étrange, et il avança sa main vers lui pour une raison qu'il ne savait pas s'expliquer. Ce fut le regard noir d'Hermione qui le stoppa dans son élan.
"Il faut que tu tiennes mon bras très fermement, ici, lui ordonna la jeune femme en désignant une zone au-dessus de son coude. Et ici, ajouta-t-elle en pointant son avant-bras. Mets-y toute ta force et maintiens le vers le bas."
Malefoy n'amorça pas le moindre geste, effaré par ce qu'elle lui demandait. Avait-elle perdu l'esprit suite à son coup sur la tête ?
"Malefoy, crois moi, je sais ce que je fais. Il faut aller très vite pour remettre l'articulation en place, sinon ça nécessite une opération et je n'ai vraiment pas le temps pour ça. Est-ce que tu peux faire ce que je te demande ?
- Ton articulation est démise ? Mais enfin, depuis quand ? s'étrangla le blond en observant le bras de la jeune femme comme s'il allait lui sauter au visage.
- Ne fais pas ta chochotte, tu as juste à tenir fermement. Je ferais tout le boulot.
- Pourquoi on irait pas plutôt voir des médicomages, par exemple ? C'est leur métier après-tout. On ne va pas remettre ton bras en place dans un placard à balais, avec une meute de journalistes à nos trousses !"
Hermione remarqua alors l'exiguïté de la pièce, les produits ménagers sur les étagères, et serra les dents.
"Malefoy. On a pas le temps. Fais ce que je te dis !"
Le serpentard la regardait à présent comme s'il faisait face à une déséquilibrée. Miss parfaite se transformait sous ses yeux en un genre de Lara Croft, et le regardait d'une façon tellement en colère qu'il ne savait plus trop s'il avait le pouvoir de refuser ce qu'elle demandait. Lui, Drago Malefoy, était un peu effrayé par miss Je-sais-tout.
"Malefoy ! s'exclama Hermione, qui s'impatientait.
- Assurdiato, lança le blond en pressentant que ce qui allait suivre nécessitait quelques précautions."
Granger le remercia d'un faible sourire, comprenant par ce geste qu'il était prêt à l'aider. Elle regarda ses mains s'enrouler autour de son bras avec une certaine délicatesse, exactement aux endroits qu'elle lui avait désignés, et le visage du blond se ferma dans une expression d'intense concentration.
"Je ne suis pas en sucre, Malefoy, le rabroua Hermione. Il faut que tu serres beaucoup plus fort que ça."
Malefoy serra les dents, et obéit. Elle voulait de la brutalité, elle allait en avoir. Il la vit grimacer de douleur et faillit desserrer sa prise, mais elle ne lui en laissa pas le temps. Elle attrapa son épaule démise, se pencha en avant, et tira d'un coup sec. Un craquement sinistre résonna dans la petite pièce et Malefoy crut qu'elle s'était arraché le bras. Il la sentit s'écrouler contre lui et il la retint du mieux qu'il pu sans utiliser ses mains, ne sachant pas s'il avait le droit de lâcher le bras blessé de la jeune femme. Il la plaqua donc instinctivement contre lui, la collant au mur par la même occasion. Après-tout, elle avait dit qu'elle n'était pas en sucre. Elle haletait de douleur contre lui, et ils restèrent dans cette position une longue minute sans qu'aucun d'eux d'amorce le moindre mouvement pour s'éloigner.
Les cheveux de Granger étaient enfoncés dans son cou et il sentait son souffle erratique contre sa peau. Petit à petit, elle se calma, et finit par soupirer de soulagement. Ce fut son signal pour lâcher son bras, et reculer d'un pas. Il la regarda avec air indéchiffrable, et Hermione essuya rapidement la larme qui avait coulé sur son visage.
"Bon sang Granger, t'es complètement cinglée, lui lança Malefoy."
Elle se mit à trembler, le visage penché en avant, un rideau de cheveux lui tombant sur le buste.
"Non mais pleure pas, c'était quand même... Très courageux ! marmonna le blond, toujours pas prêt à reconnaitre qu'il l'admirait un peu d'avoir enduré volontairement un truc pareil.
- Je pleure pas, l'informa Hermione entre deux spasmes.
- Attends, ça te fait rire en plus ? l'interrogea Malefoy, effaré."
Elle redressa la tête et hocha la tête, hilare. Le blond laissa sa bouche se tordre en un sourire, puis se laissa gagner par le fou-rire nerveux dans lequel était plongée Hermione. Quelle ne fut pas la surprise de Blaise et Parkinson lorsqu'ils ouvrirent la porte du placard et les trouvèrent dans cette position peu orthodoxe...
Et de 6 ! C'est un chapitre de transition, qui était nécessaire. Alors, pour être honnête, j'avais pas prévu cette scène de placard mais l'épaule d'Hermione a décidé toute seule de ce qui allait se passer et ça m'a échappé. Donc, la découverte des bureaux et du sublime penthouse de Drago, c'est dans le chapitre suivant.
Qu'avez-vous pensé de la conférence de presse d'Hermione, et surtout de l'attitude de son nouveau chef ?
Merci encore pour vos gentils mp et review, ça me touche beaucoup :)
