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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.
Chapitre 187
L'heure des Adieux
…..
Harry descendit après le couvre-feu, quand il estima que la plupart de ses camarades étaient montés dans leur dortoir. Il restait quelques Septième et Sixième Année dont Neville, Seamus et Dean qui travaillaient près de la cheminée. Il fit semblant d'ignorer les murmures quand il traversa la pièce vers Ron et Hermione, à nouveau devant la fenêtre. Ils étaient tournés vers le parc. Ron semblait avoir oublié son ressentiment envers la jeune fille. Il était allongé sur la banquette, sa tête sur les genoux d'Hermione et il la laissait jouer avec ses cheveux, dans un geste machinal.
Lorsque Harry passa près de la table de Ginny, celle-ci lui lança un regard peu amène avant de tourner la tête de l'autre côté. Ron s'aperçut que leur ami était revenu parmi eux. Il se redressa sur la banquette et désigna Harry de la tête à Hermione. Elle lui fit une place et Harry s'assit à côté d'elle.
Un long moment, ils restèrent sans parler, les uns à côté des autres, à se regarder à tour de rôle. Puis Hermione leva discrètement sa baguette et le silence feutré de la salle commune se fit plus lointain encore. Harry soupira.
- Si je ne veux rien vous dire, ce n'est pas parce que je n'ai pas confiance en vous, vous savez…
- Harry, nous avons toujours été là pour toi… Ce n'est pas aujourd'hui que cela va changer, sous quelque prétexte que ce soit… dit Hermione. Ron et moi… nous en avons parlé, et nous sommes d'accord : tu passes avant tout le reste.
Ron hocha la tête et Harry le vit serrer les doigts d'Hermione dans les siens.
- Tu peux tout nous dire, Harry, affirma-t-il.
- Mais je ne suis pas certain que vous puissiez tout entendre… murmura Harry. Je ne veux pas que vous vous inquiétiez…
- C'est réussi ! se moqua Ron. Et encore, nous ce n'est rien. Tu as vu la tête de Ginny… Elle n'est pas furieuse, elle est morte d'inquiétude et vexée aussi… Et tu n'as pas vu Ellie. Elle a quitté l'infirmerie avant le repas uniquement pour pouvoir te parler et tu n'étais pas là.
- Je sais… Mon badge n'a pas cessé de vibrer…
- Tu n'as pas répondu ? s'étonna Hermione.
- A quoi bon ? je sais ce qu'elle veut me demander et je n'ai pas envie de lui répondre.
- Pour ne pas l'inquiéter ? insinua Hermione. As-tu pensé que justement c'est bien ce qui l'inquiète ?
- Tu es complètement ridicule… grogna Ron.
Harry lui lança un regard goguenard :
- Il est vrai qu'en matière de ridicule, tu te poses là, Ron…
Ron jeta un œil furtif sur Hermione.
- Justement… je sais de quoi je parle, dit-il.
Hermione tapota le genou du jeune homme sans cesser de regarder Harry.
- Tu as trouvé le moyen de vaincre Voldemort ? demanda-t-elle soudain.
Harry secoua la tête.
- Alors qu'est-ce qu'a bien pu te raconter Londubat pour te rendre aussi morose ? voulut savoir Ron qui ne savait s'il devait se sentir soulagé ou pas.
A nouveau, Harry soupira.
- La pièce de Malefoy, celle où on n'entre que si on porte la marque noire… J'y suis entré alors que la porte était fermée…
Ron ouvrit la bouche toute grande :
- Mais… comment cela se peut-il ?
- Voyons, Ron… C'est évident ! répondit Hermione.
Elle posa les yeux sur la cicatrice d'Harry :
- Nous savons déjà depuis longtemps que Voldemort a transmis un peu de sa magie à Harry…
- D'après Londubat, ce n'est pas seulement sa magie qu'il m'a transmise, souffla Harry comme si le sortilège de silence ne les eût pas protégé des oreilles indiscrètes. Mais surtout un peu de lui-même… de sa nature… de son essence…
- Tu veux dire de sa nature maléfique ? insista Ron.
Hermione lui donna une tape agacée sur la cuisse. Il baissa les yeux.
- Ca expliquerait beaucoup de choses… murmura la jeune fille.
- Je me fiche de ce que ça explique ! rétorqua Harry. C'est ce que ça implique qui importe !
- Ca veut dire que même si tu trouves le moyen de l'envoyer outre-voile, il restera toujours un bout de lui dans ta tête et comme aucun des deux ne peut vivre tant que l'autre survit…
Ron leva les yeux vers Harry. Il avala sa salive, essaya de ne pas paniquer, et finalement, il ajouta :
- Faut que tu trouves un moyen de le faire sortir… Mais si tu lui rends sa partie manquante, il va redevenir aussi fort qu'il l'était, et comme ce n'est déjà pas un débutant…
- En effet, Ron… Quoi qu'en disent Londubat et Dumbledore réunis ! Il n'y a donc qu'une solution possible…
- Non ! fit Hermione, catégorique. Il y a sûrement une alternative…
Harry haussa une épaule.
- Peut-être, mais je ne l'entrevois même pas… En tous cas, cela change énormément de choses, n'est-ce pas. Tant qu'il s'agissait de pouvoirs ou de magie, je pouvais toujours espérer les faire miens un jour et les détourner de leur nature maléfique en m'appliquant à ne jamais dépasser les limites… Et je comptais sur vous, en cas de victoire, pour m'aider à suivre ce chemin. Mais à présent, il n'est pas question pour moi de faire courir un danger quelconque à ceux qui m'entourent, au sens large du terme, en laissant ne serait-ce qu'un peu de cette ordure sur terre. C'est une menace dont je ne veux ni pour moi, ni pour vous. Le savoir là, tapi dans un coin de mon esprit, même endormi, je ne pourrais le supporter toute une vie. J'aurais toujours peur de le voir prendre le dessus sur moi à la moindre occasion.
- Harry, je ne crois pas que ce soit possible… hasarda Hermione.
- Peux-tu me l'assurer ? Peux-tu me jurer que cela n'arrivera pas un jour ? insista Harry.
Hermione baissa la tête.
- Personne ne peut dire ce qu'il adviendrait, continua Harry. Ni toi, ni moi, ni Londubat, ni Dumbledore. Car il sait tout cela. J'en suis certain.
- Ho ! Harry ! fit Hermione en tenant sa bouche à deux mains.
Harry avança la main vers elle, comme pour l'empêcher de se jeter contre lui.
- S'il te plait, Hermione… fit-il avec gêne. Pas de ça, veux-tu… Je ne veux pas que vous en parliez à quiconque. Et surtout pas à Ginny et Ellie. Elles voudraient tenter de me faire changer d'avis. J'ai fini par accepter l'idée que je pourrais ne pas revenir de mon rendez-vous avec Voldemort. Mais je ne supporterais pas de les voir tristes pour moi. Je les rendrais vulnérables à tout ce qui pourrait arriver et c'est une chose que je ne me pardonnerais jamais, même dans l'au-delà…
Ron hocha la tête sans parler. Il ramena Hermione vers lui, sans la prendre contre lui, car Ginny –ils en avaient tous les trois conscience- les surveillait du coin de l'œil. Il fit un pauvre sourire à Harry.
- Tous les trois contre le monde entier, comme au bon vieux temps, hein, Harry…
- Tous les trois, répéta Harry. Nous, on sait bien qu'il faut parfois sacrifier des pièces pour gagner la partie.
Il ouvrit ses bras pour ne pas penser au frisson qui le menaçait. Il serra ses amis contre lui. Il entendit le sanglot d'Hermione dans son cou et la main de Ron sur la sienne lui fit mal. Il répétait depuis si longtemps qu'il était prêt à mourir s'il le fallait… et il s'apercevait qu'il ne l'était pas autant qu'il le prétendait. Déterminé, oui, plus que jamais. Mais prêt, ça… c'était une autre affaire…
- Bon ! fit la voix de Ron, un peu enrouée. C'est pas tout ça, mais faudrait se mettre un peu au travail. Tout ça ne nous dit pas comment tu peux vaincre l'autre guignol… Aller t'offrir en holocauste résoudra sans doute tes problèmes existentiels mais pas les nôtres… Et puis après tout, si tu réussis à envoyer Voldemort de l'autre côté, peut-être que la partie qui se cache derrière ta cicatrice se dissoudra d'elle-même si elle n'est plus en contact avec le gros des troupes… hum… si j'ose dire.
Hermione se redressa imperceptiblement.
- J'irai à la bibliothèque demain après midi, dit-elle. On doit bien pouvoir trouver quelque chose là-dessus. Sinon, je demanderais à Neville de me signer un mot pour la Réserve Interdite de Madame Pince. Il a la même signature que son oncle…
- Oui, quand il l'imite… lui sourit Ron.
Harry les regarda à tour de rôle.
- Vous ne renoncez jamais…
- Pas tant qu'il y aura un infime espoir, Harry… affirma Hermione.
Elle se leva, creva la bulle silence autour d'eux et leur annonça, qu'elle allait d'ores et déjà chercher les livres du Professeur Rogue pour voir s'il n'existait pas un moyen narcomancien de résoudre le problème de cette part de Voldemort qui squattait l'esprit d'Harry.
Harry se rapprocha de Ron.
- Ça va ? lui demanda-t-il maladroitement.
Ron hocha la tête.
- Vous avez réussi à vous entendre ?
Ron haussa les épaules.
- Je crois que j'étais un peu trop à cran ces derniers temps… Il faut que je me raisonne. Tout ce que je vais gagner sinon, c'est qu'elle se lasse… Je ne suis pas comme toi, moi, Harry. Je ne suis pas prêt à laisser partir celle que j'aime, même si c'est pour son bonheur… je ne suis pas un être désintéressé et héroïque, moi… Je ne suis que moi…
Harry secoua la tête, les yeux au ciel.
- Ron, tu es ridicule…
- Je sais… Et les seuls moments où je ne me sens pas ridicule, c'est quand je suis avec elle. Alors, je n'ai pas l'intention de laisser qui que ce soit me la prendre. Crois-moi, Harry, j'irais la chercher jusque dans les bras de la mort même. Même si c'est la dernière des choses qu'il me soit donné de faire.
Le frôlement de la robe de Ginny tout près d'eux leur fit tourner la tête. La jeune fille était déjà passée pour rejoindre la table des frères Crivey. Ils la virent montrer à Dennis un geste du poignet et le refaire avec lui.
Ron se pencha vers Harry.
- A l'avant dernier cours, elle a montré aux débutants comment on lançait un Chauve-Furie… C'est pas vraiment de la défense contre les forces du mal, mais en dernier recours… hein… ça occupe l'adversaire pendant qu'on se met à courir…
Il eut un sourire de fierté :
- Elle est maline quand même, ma petite sœur… Mais si j'étais toi, je ferais gaffe, elle a son regard des mauvais jours là…
A nouveau Ginny passa à côté d'eux sans paraître s'apercevoir de leur présence.
- Elle a passé tout son temps dans la salle des Quatre Maisons à discuter avec Ellie, reprit Ron comme le badge des Phénix de Harry se remettait à vibrer discrètement.
Harry l'enleva de son revers et le glissa dans sa poche.
- Et alors ? fit-il.
- Elle nous a dit, à Hermione et moi, que tu voulais qu'Ellie raconte tout ce qu'on savait des nouvelles à… Larry.
- Oui, il a le droit de savoir, non ?
- Il n'a qu'à s'acheter la Gazette… enfin… le Sorcier Indépendant et Libre de Chicaner tout à son aise…
- Il ne s'agit pas de ça Ron…
Ron fit une moue dubitative.
- Il s'agit de quoi alors ?
Il jeta un œil sur l'endroit de la robe d'Harry où quelques secondes plus tôt flamboyait l'insigne du Phénix, se tourna vers sa sœur qui leur tournait le dos, et fronça les sourcils.
- Si tu crois qu'elle va laisser tomber comme ça, Harry… Je la connais moins bien que toi, c'est certain… Mais McGregor n'est pas du genre à lâcher ce à quoi elle tient… Et tu auras beau la pousser dans les bras de… tu sais de qui je veux parler… elle ne fera que ce qu'elle a en tête ! Et pour l'instant, celui qu'elle a en tête, c'est toi…
Harry sentit la chaleur à son visage. Il réussit à ne pas rougir cependant :
- Ron, tu dis n'importe quoi…
- J'ai bien compris ce que tu essaies de faire… Et c'est pas la bonne solution…
- Tu l'as dit toi-même, Ron : nous trois, comme au bon vieux temps…
Ron sourit. Il suivit des yeux Hermione qui descendait les escaliers, un livre dans chaque main. Son sourire s'élargit, et il eut le regard un peu rêveur durant quelques secondes. Il ramena son attention vers Harry :
- Qu'est-ce que je disais… murmura-t-il. Ha oui… Le bon vieux temps… Celui où on ignorait tout de la prophétie et des intentions de Voldemort… Celui où Hermione était Miss-Je-Sais-Tout, nous tapait sur le système et refusait de nous aider à faire nos devoirs… Celui où Ginny était une petite fille insupportable qui perdait la parole chaque fois que tu te trouvais dans la même pièce qu'elle… Celui où tu ignorais tout de McGregor… C'est ce que tu voudrais, Harry… ? Pas moi. Sauf en ce qui concerne Ginny et Voldemort… Mais l'un ne va pas sans l'autre, pas vrai… Et puis tu ne vas pas te mettre à regretter le temps où tu vivais chez tes moldus quand même…
Ron se leva pour répondre à l'appel d'Hermione qui s'installait à une table laissée libre.
- De toutes façons, on ne peut pas revenir en arrière… dit-il en offrant un sourire épanoui à Hermione.
Il n'entendit pas Harry soupirer dans son dos, alors qu'il marchait résolument vers la table. Il prit la chaise d'Hermione et la lui présenta pour qu'elle s'assît.
- Merci… fit-elle un peu surprise.
Il se pencha dans son cou et l'embrassa derrière l'oreille avant de prendre place à côté d'elle.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle en riant presque.
- Rien… répondit Ron avec bonne humeur. C'est juste Harry qui me disait qu'il serait bien revenu en arrière… et je lui répondais que moi non… parce qu'il faudrait renoncer à beaucoup trop de choses auxquelles je tiens…
Il prit la main d'Hermione sur la table et l'embrassa.
- Hé bien… murmura Hermione. Je ne vais pas m'en plaindre…
Elle tendit la main à Ron pour qu'il recommençât à lui montrer combien il tenait à elle et tourna la tête vers Harry.
- Mais je suis sûre que Harry n'a absolument pas l'intention de retourner en arrière. Et que lui aussi tient trop à ce qu'il a aujourd'hui pour songer à tout balayer à cause d'un coup de tête…
Un reniflement les fit sursauter tous les trois. Ginny venait de passer derrière eux et se dirigeait vers son dortoir.
- Ne faites pas attention à elle, conseilla Hermione. C'est le manque de nouvelles de Gerry qui la mine…
- C'est sa faute ! décréta Ron. Elle n'avait qu'à se choisir un petit ami qui soit à Poudlard. Et chez Gryffondor. Je ne dis pas ça pour toi, Harry… Je n'ai rien contre Dennis, McGregor, ou les Serpentard en général… Quoi que ça dépend des Serpentard…
- Ron, l'interrompit Hermione. On a compris…
- Je voulais juste préciser que je ne voulais pas dire que j'aurais préféré qu'Harry choisisse Ginny plutôt que McGregor…
- Ron… Je t'assure qu'on a compris…
Harry se mordait les lèvres pour cacher un sourire. Ça, c'était comme au bon vieux temps…
- Je sais bien que parfois j'ai du mal à traduire clairement ma pensée, alors je voulais juste que tout soit clair…
- Ron…
Hermione fit basculer sa chaise vers celle de Ron et se pendit à son cou pour le faire taire.
Harry se mit à rire cette fois. Presque comme au bon vieux temps…
…
Quand ils montèrent se coucher, ils n'avaient pas avancé beaucoup dans leurs recherches. Mais Ron avait oublié sa mauvaise humeur de l'après midi, Neville ronflait de tout son cœur, Dean se battait contre un ennemi imaginaire et Seamus gagnait une fois de plus la Coupe du Monde de Quidditch…
...
…
Le lendemain matin, par contre, Ginny n'avait pas renoncé à sa bouderie. Elle ignora le bonjour d'Harry, grogna à celui de Ron et lança un regard plein de reproches à Hermione.
- Attention, les gars, les avertit Seamus tout guilleret. Les Chauve-Furie vont voler bas aujourd'hui…
Et il se précipita vers Lavande pour lui demander quelles étaient les fleurs qu'elle préférait afin de lui en commander un bouquet pour le lendemain. Touchée par cette attention, Lavande en oublia de pouffer avec Parvati, et de faire remarquer à son futur cavalier qu'il aurait pu se renseigner avec un peu plus de discrétion et d'élégance.
Le bal du lendemain revenait dans les conversations, peu à peu. Il fallait bien penser à autre chose qu'au départ en vacances manqué. Personne n'avait encore averti les élèves de la manière dont ils repartiraient chez eux. Certains reçurent au matin un courrier de leurs parents qui leur annonçait soit qu'ils restaient à Poudlard, soit qu'on viendrait les chercher et quand. Il y eut des soupirs de soulagement et des grincements de dents. Ginny ouvrit la lettre que Ron avait glissée sous son coude.
- On rentre… déclara-t-elle d'une voix morne. Papa viendra nous chercher demain soir.
- Non, répondit calmement Ron en enfournant une énorme tartine de pain dans sa bouche. En tous cas moi, je reste.
- Et bien moi aussi ! décida Ginny avec humeur. On devait trouver le moyen de rester ensemble, je te le rappelle !
- C'est toi qui as décidé ça… Pas moi.
- On verra ce que tu diras demain soir… persifla Ginny.
- C'est tout vu… J'ai dix-huit ans dans un peu moins de quatre mois, et toi tu viens d'en avoir seize. Bye-bye, Ginevra… On se revoit après les vacances…
Ginny froissa la lettre de sa mère avant de la lancer à la tête de Ron.
- T'es qu'un scrout à pétard, Ron… Mais je partirai pas ! Ça, je peux te l'assurer ! Et je vais te faire regretter tes paroles pendant toutes les vacances ! Et même après !
Elle quitta la table encore plus maussade qu'elle n'y était arrivée.
Harry n'avait pas ouvert la bouche. Il tournait dans ses doigts le petit paquet qu'un hibou venait de laisser tomber à côté de son assiette. Il regardait simplement ses camarades en se demandant combien auraient le cœur de rester à Poudlard après ce qu'avait raconté Krum. Seamus glissa dans sa poche la lettre qu'il avait reçue, sans rien dire. Dean se concentrait sur son petit déjeuner.
- Tu restes, Hermione ? demanda Neville pour mettre un terme au silence de la tablée.
- Oui, j'en avais l'intention. D'autant plus si Ron reste également.
Ron lui sourit tout en continuant à manger avec appétit.
- Et toi, Dean… ? demanda-t-il à son tour.
- Ben… moi… s'il n'y a pas de train… Mes parents sont moldus, je vois mal comment ils pourraient venir me chercher… Et toi Seam ?
- Ma mère exige que je quitte Poudlard… je lui ai déjà écrit que je restais ici, mais elle ne veut rien entendre. Elle est capable de venir me chercher, vous savez. J'ai demandé à mon père de lui faire comprendre que j'étais majeur, mais c'est lui qui comprend pas. Pour lui on est majeur à dix-huit ans et je les ai pas encore… Mais je crois que c'est parce qu'il a pas très envie non plus que je reste à Poudlard. De toutes façons, ils ne peuvent pas m'obliger à partir… Je suis aussi têtu qu'un Irlandais par mon père et je connais tous les sortilèges de ma mère… Bon, à part ça… Quelqu'un sait ce qu'il a prévu comme cours, le Bulgare Volant ? parce que je me disais qu'on pourrait se faire une petite révision impromptue pour le dernier cours avant les vacances, histoire de tout se remettre en tête, au cas où… Ha et puis faut pas que j'oublie de demander à Flitwick comment on fait apparaître des orchidées… Il faut que j'en aie un bouquet entier pour demain soir…
- Heu… fit Hermione en ravalant une forte envie de rire. Une seule suffira, Seamus…
- Tu crois ?
- De la simplicité en toute chose… C'est beaucoup plus distingué…
- Tu crois ?
- Tu n'as qu'à demander à Ginny, si tu ne crois pas Hermione… proposa Ron.
- Heu… fit Seamus que l'idée d'approcher la sœur de son camarade ne paraissait pas inonder de bonheur. T'inquiète pas, Hermione… La distinction, c'est naturel chez moi.
Il tapa sur l'épaule de Dean et le pria avec fermeté de le suivre.
Neville leva les yeux au ciel.
- Dean n'a pas très envie de rester tu sais… fit-il quand les deux garçons eurent disparu.
Harry hocha la tête. Il s'en était aperçu.
- On ne peut pas lui en vouloir… répondit-il.
- Quant à Seamus, il n'en mène pas large non plus…
- Ça se voit aussi… C'est normal d'avoir peur.
- Oui, ils ont peur…reprit Neville. Mais ils savent bien qu'ils ne seront pas plus en sécurité ailleurs…
- Oui… répondit encore Harry. Quand les derniers havres ne sont plus sûrs… il est inutile de fuir la tempête… murmura-t-il comme pour lui-même.
- Je ferais le tour de nos camarades de Septième Année, annonça Hermione. Pour savoir qui reste et qui part… Et je verrais les Sixième Année également…
Elle jeta un œil sur Ron qui ne broncha pas. Harry se leva brusquement, glissant discrètement dans sa poche le paquet qu'il avait reçu. Ellen quittait la table des Serpentard et se dirigeait droit vers la table des Gryffondor. Harry commença à s'éloigner vers la sortie. Il n'avait pas envie d'une scène devant ses camarades. Elle le suivit jusque dans le couloir. Il attendit qu'elle parlât.
- Je suis pressée, Harry. J'ai cours de l'autre côté du château. On se retrouve ici au moment du repas.
Harry hocha la tête. Elle partit chercher ses affaires dans les cachots et il se retrouva tout seul dans le corridor. Il se rendit compte qu'il serrait dans sa main le paquet au fond de sa poche, dont les angles s'enfonçaient dans sa paume. Et il se sentit aussi stupide que Ron qui trimballait sur lui, à toute heure du jour et de la nuit, sa bague de fiançailles, en remettant toujours le moment où il la donnerait à Hermione.
Il toucha également la forme légèrement bombée du badge des Phénix et retira vivement la main de sa poche. Il ne savait ce qui lui était le plus insupportable. L'idée de ne jamais la revoir ou celle de la faire souffrir.
…
Toute la matinée passa dans un brouillard, entrecoupé des coups de coudes de Ron qui le ramenait à la réalité du cours qu'ils suivaient. Il se sentait étrangement détaché. « Vous êtes ailleurs, Potter… » lui dit McGonagall. Il sourit, en entendant Seamus insinuer qu'il savait pertinemment où il se trouvait… ou plutôt auprès de qui… Tout le monde prit son sourire comme une confirmation, sauf le professeur peut-être. La vieille dame hocha la tête et détourna l'attention de chacun vers Monsieur Finnigan, en lui rappelant qu'« être un homme heureux » ne faisait pas partie du programme des Aspics, au contraire de la Métamorphose, et si elle ne doutait pas de ses aptitudes naturelles au bonheur, on lui demanderait de prouver ses talents en la matière qu'elle enseignait.
…
Le cours de défense contre les forces du mal fut tendu. Krum était nerveux. Il l'avait été toute la semaine, mais Harry s'en apercevait seulement maintenant. Le silence qui régnait ce jour-là était pesant. Le professeur n'osait regarder ses élèves. Les élèves préféraient ne pas croiser son regard. Harry se sentait responsable du malaise de chacun. Il n'aurait jamais du demander à Viktor… Il n'aurait jamais du infliger ça à ses camarades non plus…
Il vit Ron s'imposer comme adversaire face à Hermione. Et se montrer charmant chaque fois qu'il envoyait la jeune fille au tapis, pour couper l'herbe sous les pieds de Krum qui s'avançait pour conseiller Hermione. Harry, lui, resta près de la fenêtre renvoyant Viktor vers ses camarades, car c'étaient eux qui auraient besoin de se souvenir des leçons de Défense Contre les Forces du Mal.
Lui, personne ne pouvait l'aider davantage. Il devrait faire avec ce qu'il savait, même si c'était insuffisant ; même si c'était totalement inadapté. Et même si…
Il porta la main à sa cicatrice, dans un geste machinal. Elle brûlait sourdement. C'était lui. Celui qui se cachait en lui. Cet autre qui faisait partie de lui. Cette chose qu'il avait faite sienne et qui lui était étrangère en même temps. Qui affleurait sans cesse et qui maintenait éveillé le monstre qui dormait au fond de chacun d'entre nous… Combien de temps encore réussirait-il à le tenir en laisse, ce monstre. Combien de temps encore avant qu'il ne prenne possession de lui. Avant qu'il ne corrompe chacune de ses pensées. Il troublait déjà ses nuits de cauchemars effrayants. Il emplissait de sa présence répugnante le vide laissé par l'absence de souvenirs. Il ne cesserait jamais de souffrir. La présence de ceux qu'il aimait augmentait la douleur et leur absence laissait le champ libre à cette ombre qui enténébrait sa vie. Il ne pouvait vivre avec et il ne pouvait la laisser partir sans donner à Voldemort l'arme de sa victoire. Quoi qu'il fît, il perdrait. La vie ou son âme. Et plus sûrement les deux.
Il demanda à sortir, monta comme un automate dans son dortoir, prit son manteau et redescendit dans les couloirs vides. Il croisa Rusard qui renonça à lui faire quelque reproche quand il vit son visage aussi pâle que la mort. Il l'entendit murmurer « Mauvaise journée, Potter… » avec une satisfaction morbide. Harry s'arrêta dans le Grand Hall ; où irait-il ? Où pouvait-il aller ? Il ne trouverait nulle part dans le château de réponse à ses questions. Il partit vers les jardins. Personne ne braverait le froid pour le déranger et ce n'était pas l'heure des fantômes.
…
D'un coup de baguette, il chassa la neige sur le parapet de marbre et s'assit. Il fallait garder son calme. D'accord, ce n'était pas très réjouissant, mais il savait que cela pouvait finir de cette manière. Maintenant, c'était certain, voilà tout. Cela ne remettait en cause ni sa détermination, ni son combat. Mais cela ouvrait peut-être de nouvelles portes… Puisqu'il ne s'agirait plus de sauver sa peau mais de tenir aussi longtemps qu'il le faudrait pour amener Voldemort assez loin sur le chemin des morts pour qu'il n'y ait aucun retour possible. Voilà tout. Ce n'était pas si compliqué. La solution était venue toute seule. Et même pas besoin d'attendre le dernier moment pour rendre son devoir…
Il referma son manteau sur ses épaules et mit ses mains glacées dans ses poches. Le petit paquet était toujours là. Il l'avait presque oublié. Il serra sa main par-dessus et essaya de penser à autre chose.
Le jardin était vide et blanc. Aucune trace de pas ne venait profaner l'harmonie immaculée des lieux. Le silence lui aussi était limpide. Qui aurait pu croire que la tempête se rapprochait inexorablement…
Il entendit des pas derrière lui. Ellen était là. Elle n'avait pas de manteau.
- Je savais que je te trouverai ici…
- J'ai oublié l'heure… dit-il comme une excuse.
Elle s'avança vers les colonnes qui paraissaient sombres tant la neige dans le jardin était blanche.
…
Au bout d'un long moment, elle dit :
- Je ne comprends pas, Harry… J'ai essayé tout hier soir pourtant… Mais quelque chose m'échappe… j'ai fait des tas d'hypothèses… tu veux savoir lesquelles ?
Et comme Harry ne répondait pas, elle reprit :
- Petit un, tu as appris quelque chose de terrible et tu crains que je ne le supporte pas. J'avoue que j'ai quelques antécédents de perte de sang-froid qui ne plaident pas en ma faveur… C'est pourquoi tu préfères me renvoyer dans mes cachots, car je ne te suis plus d'aucune utilité.
Elle ne le laissa pas l'interrompre.
- Petit deux ! fit-elle en élevant la voix pour l'empêcher de parler. Tu t'es brusquement aperçu que tu ne m'aimais pas, ou plus. Dans ce cas, je te demanderais de me le dire en face, c'est la moindre des politesses. Et petit trois… tu as trouvé un moyen de vaincre Voldemort mais cela implique…
Elle se tut pour ne pas laisser sa voix trembler davantage. Elle tourna la tête vers Harry qui la regardait en silence.
- C'est cela ? Tu as réellement baissé les bras ? Tous les discours que tu me tenais sur le fait que tu n'avais pas l'intention de te laisser assassiner… toutes les fois où tu m'as dit que tu voulais que je t'accompagne jusqu'au bout… c'étaient des mensonges ?
- Non ! se récria Harry. C'est juste que… les choses ont changé, Ellen…
- Qu'est-ce qui a changé ? Voldemort veut toujours ta mort, non ? Tu t'es préparé à le combattre et à ne pas revenir, non ?
- Oui !
- Alors ?
- Alors, Ellen, cette fois…
Il ne put terminer sa phrase. Toutes ses résolutions tombaient devant elle.
- Je ne veux pas te faire de mal… dit-il à voix basse.
- Mais ce que toi et moi voulons n'a aucune importance, Harry, dois-je te le rappeler ?
Elle quitta sa place devant la colonne pour aller s'asseoir à coté d'Harry. Elle serra ses bras contre elle pour se protéger du froid.
- J'ai passé la soirée d'hier et une partie de la nuit à essayer de me mettre en colère contre toi, reprit-elle. Est-ce que tu te rends compte de ce que tu me demandes ? Mais par les mille et un serpents de Méduse ! C'est totalement inhumain ! Je ne peux pas faire un trait sur toi comme ça… juste en claquant des doigts… parce que tu veux garder ta conscience au chaud…
Elle ferma les yeux et se balança quelques minutes sans pouvoir ajouter un mot. Harry n'osait rien dire. Elle releva la tête vers lui :
- Tu crois que je serais moins malheureuse si nous nous séparons maintenant ? demanda-t-elle. Tu crois qu'on peut s'empêcher d'aimer ? Tu n'as peut-être plus besoin de moi, Harry Potter, mais as-tu pensé combien moi j'ai besoin de toi ? De savoir que tu m'aimes et que quoi qu'il arrive… Tu crois que ce que je raconte à propos des risques ne sont que paroles en l'air ? J'aurai dix-sept ans dans dix jours et je ne suis pas plus sûre de voir ce jour que toi de survivre une seconde fois… Ce n'est pas toi qui es responsable de cela… Il est trop tard pour changer quoi que ce soit... Tout ce que nous pouvons faire, c'est gagner quelques journées… J'aimerais tant les passer avec toi…
Elle lui adressa un regard pressant. Il détourna les yeux.
- Je crains de n'être pas d'une compagnie très joyeuse…
- Tu n'es pas d'une compagnie très joyeuse !
- Et d'avoir la tête ailleurs…
- Tu as toujours la tête ailleurs !
- Tu es obstinée…
- Très…
Il lui sourit. C'était si tentant de la prendre dans ses bras et de la serrer contre lui.
- Je ne te demande pas grand-chose, Harry. Juste d'être près de toi aussi longtemps que nous pourrons l'être. Je ne veux même pas savoir ce que tu ne veux pas me dire. Est-ce que tu peux faire cela pour moi ? Me donner quelques jours d'une vie normale ?
Elle frissonna. Il se rapprocha pour partager son manteau avec elle. Elle se blottit contre lui.
- On n'y peut rien, Harry… dit-elle encore.
- Si tu pouvais revenir en arrière avant qu'il soit trop tard… ? demanda-t-il. Tu changerais quelque chose ?
Elle secoua la tête, lentement.
- Et toi ? Tu m'aurais laissée tomber juste avant le bal ?
Harry prit une grande inspiration et soupira tout aussi fortement. En réalité, il ne savait même pas ce qu'il avait eu l'intention de faire.
- Je suis heureux que tu sois aussi obstinée que tu l'es, Ellen…
Il plongea la main dans la poche de sa robe et en sortit le paquet qu'il avait reçu le matin même. Il le lui tendit.
- Un cadeau d'adieu ? essaya-t-elle de se moquer.
Elle l'ouvrit de ses mains tremblantes. Il était encore enveloppé de son papier d'emballage.
- Je voulais te le donner pour ton anniversaire… avoua Harry. Mais j'aimerais autant que tu le portes pour le bal, demain soir.
Elle déballa la broche et le cheval d'argent roula dans sa main. Elle resta silencieuse un instant.
- C'est une broche, précisa Harry, incertain. Elle est assortie aux couleurs de ta Maison… Tu pourras fermer ton manteau avec. Ou accrocher ton écharpe. Ou bien encore la porter comme un bijou…
- Je sais à quoi sert une broche...
Elle tenait dans sa paume le cheval ailé et le regardait simplement.
- Elle ne te plait pas ? s'inquiéta Harry un peu déçu. Tu as déjà la pareille ?
Elle secoua la tête.
- Non… Il n'y a que toi pour penser à m'offrir un Patronus en cadeau…
- Je n'y avais même pas songé… murmura Harry un peu gêné.
Elle referma la main sur la broche :
- Par les temps qui courent deux Patronus valent mieux qu'un, n'est-ce pas…
Elle resserra sa partie du manteau contre elle et embrassa Harry sur la joue.
- Moi aussi j'ai quelque chose pour toi, annonça-t-elle en allant chercher un paquet au fond de la poche de sa robe. Je l'ai reçu ce matin et je comptais te l'offrir à Noël, mais puisque nous en somme à la distribution des cadeaux avant l'heure…
Elle mit dans la main d'Harry un paquet semblable à celui qu'elle venait d'ouvrir. C'était le même papier d'emballage, et la même forme. Harry l'ouvrit, un peu curieux.
- Je croyais que tu avais déjà reçu depuis longtemps mon cadeau de Noël… fit-il.
Elle se mit à rire doucement.
- Tu crois toujours tout ce que raconte Ginny Weasley ? Tu es encore plus naïf que je le croyais…
Harry souleva le papier de soie qui recouvrait une épingle dorée en forme de phénix, les ailes déployées. Il resta sans voix. Ellie continua :
- C'est censé être une épingle à cravate, mais en fait, tu peux t'en servir pour fermer ton manteau, ou accrocher ton écharpe… heu…
Elle retint un sourire :
- Mais pas la porter comme un bijou, ça ferait bizarre… ou alors épinglé sur ton chapeau, peut-être…
- Un Phénix… murmura Harry.
- Et assorti aux couleurs de ta Maison…
- Tu veux aussi que je le porte le soir du bal ? se moqua le jeune homme.
- Ça me ferait plaisir, oui… répondit sérieusement Ellie.
Il se pencha pour embrasser sa joue.
- Tu es glacée, constata-t-il. Et tu trembles. Et on a raté le repas…
- Je peux aller chercher des provisions dans mon dortoir et te retrouver dans la salle des Quatre Maisons… On a le temps d'ici la reprise des cours. Et puis comme ça, on mangerait à la même table pour une fois…
Il l'embrassa encore, et ôta son manteau pour en recouvrir complètement la jeune fille. Il l'emmena vers la porte en la tenant contre lui. Avant d'entrer dans le sombre corridor qui menait dans le Hall, elle lui jeta un regard en coin.
- J'arrive pas à croire que tu m'aurais laissée tomber la veille du bal de Noël ! dit-elle.
…
Elle lui rendit son manteau dans le hall et ils se dirigèrent vers le couloir du rez-de-chaussée. Harry accompagna Ellie jusque devant le bureau de Londubat.
- Je vais nous réserver une table dans le fond de la salle, proposa-t-il, avant que tout le monde sorte du réfectoire.
Ellie lui réclama un dernier baiser avant de le quitter. Un ricanement retentit dans le couloir. Ils se tournèrent vers Malefoy qui s'avançait suivi de ses acolytes habituels.
- Ils sont là ! s'exclama-t-il avec emphase. Je vous avais bien dit qu'il n'y avait pas à s'inquiéter pour eux… Ils ont raté un repas ! La belle affaire ! Tout le monde sait que les amoureux vivent d'amour et d'eau fraîche…
Il se mit à rire comme il passait devant eux. Il leur adressa un sourire moqueur.
- Profitez-en… On ne sait pas combien de temps cela va durer…
Il leur fit un petit signe d'adieu ironique et poursuivit son chemin. Harry retint Ellie par le bras.
- Attends donc qu'il soit arrivé chez les Serpentard…
- Je me tiendrai éloignée de lui…
Harry hésita.
- C'est bizarre, dit-il. J'ai une drôle d'impression…
- Voyons, Harry, il ne risquerait pas la fermeture de l'école si près du but…
- Justement… le but est peut-être plus proche que nous le croyons…
- Harry… Il n'en sait pas plus que nous…
- Il a l'air trop sûr de lui…
- Et toi trop inquiet pour quelqu'un qui voulait me quitter il n'y a pas une demi-heure !
Harry la lâcha brusquement.
- Tu ne leur adresses pas la parole. Tu ne passes pas par les passages obscurs. Et tu es de retour dans un quart d'heure…
- Oui, papa… se moqua Ellie en reculant vers les cachots.
- Un quart d'heure ! répéta Harry. Ensuite je lâche Bobbins, Archer, Montague, et Grayson sur tes traces… Et Crabbe par-dessus le marché !
Elle lui fit une grimace et partit très vite vers les quartiers de Serpentard. Il ne quitta le couloir que quand elle eût disparu.
Il revint sur ses pas pour se rendre dans la salle des Quatre Maisons et croisa Ginny en compagnie de filles de Sixième Année. La rouquine lui lança un long regard de reproche avant de se détourner et de disparaître à son tour vers le grand hall.
…
Harry prit place à la dernière table dans le fond de la pièce et commença à compter les minutes. Hermione fit irruption soudain et se précipita vers lui.
- Tout va bien ? s'inquiéta-t-elle.
- Tout va bien, répondit Harry. Il s'est passé quelque chose avec Malefoy à midi ?
Hermione fronça les sourcils.
- Non. Rien du tout. Tu as vu Ellie ?
- Elle va bien… répondit Harry en regardant sa montre.
- Pourquoi cette question à propos de Malefoy alors ?
Harry haussa les épaules.
- Je ne sais pas. Il y a quelque chose qui me chiffonne et je sais pas quoi…
Hermione posa sa main sur l'épaule du jeune homme et soupira.
- Je monte à la bibliothèque pour faire des recherches sur ce dont nous avons parlé hier soir… Si tu as besoin de moi…
Harry la retint.
- Hermione… Tu cherches pour rien. La solution n'est pas écrite dans les livres cette fois… Je ne suis même pas sûr qu'il y ait une solution… Tu ferais mieux de passer plus de temps avec Ron…
- Mais Ron cherche avec moi… ! répondit Hermione.
- Ce n'est pas ce que je veux dire…
Il regarda sa montre une fois encore et se tourna vers la salle.
- Tu sais où je pourrais trouver Archer ou Bobbins ? demanda-t-il.
- Non.
Elle retira sa main de l'épaule du jeune homme.
- Harry, il faudrait que tu parles à Ginny… reprit-elle. Elle n'arrête pas de harceler Ron pour savoir de quoi nous avons parlé hier… Il va finir par craquer.
Harry se frotta les yeux.
- Oui… oui…
Il se tourna vers la porte. Ellen n'arrivait toujours pas.
- Harry ? Tu es sûr que tu vas bien ? Tu n'écoutes pas ce que je te dis.
- Tout va bien, Hermione ! J'ai pris ma décision. On n'en parle plus, d'accord… Je verrais Ginny plus tard et voilà…
Hermione s'assit en face de lui :
- Tu étais avec Ellie ? demanda-t-elle. Tu lui as tout dit ?
- Non… Oui… On n'a pas parlé de ça… Ecoute Hermione, tu es gentille, mais je n'ai vraiment pas envie d'entamer une conversation à ce sujet avec toi…. Ni avec personne d'autre d'ailleurs.
- C'est Malefoy qui t'inquiète ? s'enquit la jeune fille.
- Hermione ! Je n'ai pas les idées très claires…
- C'est normal ! fit Hermione, péremptoire. Tu ne dors pas et tu ne manges pas ! Tu n'iras pas loin comme ça…
- Je n'irai pas loin de toutes façons…
Hermione renifla tandis qu'elle se levait :
- Je ne suis pas d'accord… mais ce n'est pas le propos, ajouta-t-elle comme Harry ouvrait la bouche. Tu m'obliges à te rappeler que tu n'es pas seul en cause…
Harry lui répondit d'une grimace :
- Tu sais ce dont j'ai l'impression, Hermione ? D'être une grosse dinde que tout le monde cajole et engraisse pour la manger à Noël…
Hermione se mordit les lèvres. Elle sourit pourtant :
- Je sais que Malefoy raconte partout que Voldemort ne fera qu'une bouchée de toi… mais franchement… il resterait sur sa faim…
- Hermione, lui sourit le jeune homme… Moi, je ne serais que le hors-d'œuvre…
Elle ne répondit pas, se contentant du regard qu'ils échangèrent. Elle soupira, l'embrassa rapidement sur la joue et se sauva tandis qu'Ellie se laissait tomber sur la chaise à côté d'Harry, essoufflée de s'être dépêchée.
….
…
Les toilettes des filles du deuxième étage connurent à nouveau ce jeudi-là l'affluence des premiers temps de la coalition des quatre Maisons. Sous l'œil faussement indifférent de Mimi Geignarde qui grommelait dans un coin ses ordinaires lamentations, L'état major se réunit, dans un silence un peu gêné. Justin, dont l'air sombre dissuadait quiconque de demander ce qui était arrivé à ses parents ; Hannah et Ernie qui avait perdu ses airs trop sûr de lui ; Neville et Luna, toujours aussi éthérée, qui ne semblait pas s'apercevoir des regards en coin que lui jetaient ses camarades en général et Padma Patil en particulier. Ginny, la mine renfrognée ; Ellie était venue accompagnée de Fergus Bobbins et Andrew Archer, car Grayson était chargé de surveiller les Salamandres punies.
Hermione commença par donner des nouvelles d'Anthony Goldstein, dont elle avait eu des nouvelles par Higgs. Le Préfet en chef serait peut-être en mesure de réintégrer l'école après les vacances. Si les circonstances le permettaient… et si…
Elle changea de sujet brusquement et dévoila les tubes de poudre d'Estourbinette qu'elle remit aux représentants des Maisons afin qu'ils en fissent la distribution parmi leurs camarades des années supérieures. Elle leur recommanda une attention très particulière dans la manipulation des éprouvettes et leur rappela que seuls ceux qui avaient confirmé qu'ils restaient à Poudlard faisaient partie de la distribution. Pour les autres, on verrait plus tard, au début des vacances, pour n'en pas gâcher une précieuse quantité qui risquait de faire défaut à ceux qui en auraient besoin.
Ron et Neville faisaient passer les tubes, tandis qu'Hermione répétait les précautions minima à prendre avant d'user de la poudre.
Puis quand chacun eût rangé les éprouvettes qui leur avaient été confiées, elle leur fit un résumé nerveux des consignes de sécurité en cas d'attaque. Puis elle se tut dans un silence toujours aussi profond, et à la grande panique d'Harry, elle se tourna vers lui :
- Voilà… fit-elle. Tu as quelque chose à ajouter, Harry ?
Tous les yeux se posèrent sur lui et il sentit sa gorge s'assécher subitement. Il secoua la tête. Pourtant, tout le monde continuait à le fixer sans rien dire. Il se racla la gorge. Il fallait qu'il parlât. Il ne pouvait les laisser partir comme ça. Et ils attendaient tous un mot de lui. C'était presque palpable. Mais il ne savait que dire, et il ne pouvait tout de même pas leur chanter Scots Wa Hae… Il jeta un regard discret sur Ellen, entre Archer et Bobbins, et dans ses yeux, il lisait la même attente. Elle surprit le coup d'œil de son ami, et lui sourit. Elle lui montra le badge des Phénix et il songea qu'il n'était pas aussi doué que Dubois pour faire les discours d'avant match. Il poussa un soupir et dévisagea chacun de ceux qui étaient là.
- Bon… dit-il enfin. On fait comme d'habitude… Ils sont plus forts que nous, et plus nombreux aussi… On essaie de tenir jusqu'à la fin de la partie avec le moins de bobos possible… Je vous promets de faire de mon mieux pour attraper le Vif au plus tôt, qu'on en finisse vite. En attendant, soyez sur vos gardes, et profitez de la journée de demain…
Il y eut quelques sourires. Justin répondit :
- Toi aussi, Harry.
Mais ils ne partaient toujours pas. Mimi Geignarde commençait à souffler son ennui profond, tout près du plafond. D'une voix mal assurée, Ernie Macmillan prit la parole.
- De toutes façons, on se retrouve tous au bal demain soir… Si on a des choses à se dire, on pourra toujours le faire à ce moment là…
- Des choses à se dire ? intervint Ellie McGregor. Quel genre de choses ?
Macmillan haussa les épaules :
- Je sais pas moi… Un autre rendez-vous comme celui-là… Ou de nouvelles consignes…
- Ha… ça… fit Ellie. Je croyais que tu voulais parler de se dire adieu…
Tous lui lancèrent un regard à la fois terrifié et furieux. Ron ricana :
- Rien de tel qu'une McGregor pour refroidir l'ambiance…
- L'ambiance est déjà plus froide que le souffle des Détraqueurs, Weasley… Et je n'y suis pas pour grand-chose… Macmillan n'a pas tort : si on a des choses à dire à quelqu'un, mieux vaut le faire dès maintenant, car à partir de ce soir, c'est un compte à rebours qui commence, dont nous n'avons aucune idée de l'avancement…
- Et tu as quelque chose à dire, McGregor ? demanda Justin avec un sourire amusé.
Elle pencha la tête sur le côté, comme pour mieux réfléchir.
- Ca se pourrait, Finch-Fletchey…
- Alors qu'est-ce que tu attends pour le dire ? se moqua Macmillan.
- Que tu fermes ta grande bouche de fier-à-bras, Ernie ! Franchement, si les Poufsouffle se mettent à devenir aussi audacieux que les Gryffondor… où va-t-on !
Ernie lui fit une grimace car il ne trouva rien à lui répondre.
- Finalement, reprit Ellie avant d'être interrompue une nouvelle fois… Finalement, ce fut une expérience plus intéressante que je ne l'imaginais… Quoi qu'il se soit passé… Quoi que nous ayons perdu dans l'aventure… c'était une belle aventure. Je n'ai aucune idée de ce qui va bien pouvoir arriver. J'ai une trouille monstrueuse de ce qui pourrait se passer. Mais ce que je sais, c'est que depuis que tout ceci a commencé pour moi, chaque fois que je descends dans les cachots, je me dis que je ne suis pas seule à me battre. Ça ne changera peut-être pas grand-chose si la mort vient à ma rencontre au détour d'un couloir de cette fichue école… Mais en attendant, c'est plutôt réconfortant. Cela m'aide à m'imaginer un après, tout aussi hypothétique soit-il, qui continue dans cette voie. Un après où ni les Serpentard ni les Poufsouffle n'auront plus à justifier leur fierté d'être des Serpentard ou des Poufsouffle. Où les Serdaigle cesseront d'être considérés –et de se considérer- comme au-dessus de la mêlée… Et où les Gryffondor… seront toujours des Gryffondor…
Elle esquissa un sourire, comme Ron grommelait, incitant Harry à répondre à cette provocation.
- Oui… continua Ellie. Il y a eu des moments terribles, qui sont loin encore d'être cicatrisés. Mais peut-être, si nous avons la chance de survivre à tout cela, dans un monde qui ne soit pas celui que veut nous imposer le Seigneur des Ténèbres, peut-être que d'autres moments viendront pour lesquels tout cela aura valu la peine d'être vécu. J'espère que nous serons tous là pour les voir.
Puis elle termina sa phrase sur un soupir, comme si elle reprenait son souffle.
- Bon… J'adorerais continuer à papoter avec vous… mais l'heure tourne et le couvre feu ne va pas tarder à sonner…
Elle poussa Bobbins et Archer vers la sortie et les suivit sur un petit signe de la main à l'assistance.
A peine les Serpentard avaient-ils quitté la place, que Mimi Geignarde se glissait derrière l'épaule d'Harry.
- Elle ne t'a même pas dit au revoir… insinua-t-elle.
- Ils auront toute la journée de demain pour se faire leurs adieux ! se moqua Ron avec sa délicatesse coutumière.
- Peut-être que oui… peut-être que non… chantonna Mimi, en soufflant sur les mèches d'Harry pour découvrir la cicatrice sur le front du jeune homme.
Elle papillonna des paupières derrière ses lunettes.
- Nous allons passer une éternité de bonheur toi et moi, Harry… Et je ne serais plus jamais seule…
- La ferme ! cria Ginny du fond des toilettes. Tu n'es qu'une insupportable pipelette sans cervelle !
Mimi fonça vers Ginny et lui hurla en pleine face :
- Tu n'es qu'une jalouse ! Tu voudrais garder Harry pour toi toute seule ! Mais c'est moi qui l'aurais ! Quand il sera mort, il sera tout à moi… Mon gentil fantôme à moi toute seule…
- Côté fantômes, tu es en lice avec Dame Agnès, Mimi… pouffa Ron.
- Il faudrait d'abord que je devienne un fantôme ! trancha Harry, mal à l'aise.
- Il faudrait d'abord que tu meures… précisa Neville.
Tous ses camarades regardèrent Harry avec inquiétude.
- Mais… Harry ne peut pas mourir… hésita Macmillan.
- Et tous cas, pas tant qu'il n'aura pas zigouillé pour de bon cet abruti de Voldemort… railla Ginny.
Elle quitta le mur sur lequel elle s'appuyait et traversa la pièce sans se retourner. Elle referma la porte des toilettes sur elle. Il sembla alors que chacun eût envie de vider les lieux. Padma partit la dernière, juste après avoir prévenu Hermione, à voix basse et presque honteuse, qu'elle et sa sœur quittaient l'école le lendemain matin. Leur père venait les chercher.
- Je sais, répondit Hermione. J'ai entendu Parvati dire à Dean qu'elle n'irait pas au bal. Il a eu l'air déçu. Et Lavande est complètement démoralisée. Elle pleurait sur l'épaule de Seamus quand j'ai quitté notre salle commune.
- Et moi, je n'ai pas encore osé l'annoncer à Garrett…
- Il sera heureux de te savoir loin de Poudlard durant ces vacances, dit alors Luna. Il a dit à Terry Boots qu'il n'aimerait pas te savoir dans les parages quand l'attaque aura lieu.
- Oui, soupira Padma. Je n'aimerais pas me trouver là non plus, je dois l'avouer… Mais j'aimerais aussi…
Elle ne termina pas sa phrase. Elle amorça un geste de recul.
- Bon… Si je ne vous voie pas demain… On se voit après les vacances…
Elle partit à reculons avec un petit signe de la main.
Ron se mit à faire du bruit en cognant les porte-éprouvettes les uns contre les autres. Il toussota bruyamment, rabroua Luna qui se trouvait sur son chemin et rappela à Hermione qu'ils devaient ranger le labo avant de faire monter leurs camarades dans leur salle commune avant le couvre-feu.
Neville et Luna quittèrent à leur tour les toilettes. Hermione se tourna vers Harry pour l'inviter à les suivre. Il la pria de passer devant, car il avait encore un mot à dire à Mimi.
En entendant son nom, le fantôme fondit vers lui.
- Tu as changé d'avis ? minauda-t-elle. Tu as décidé d'être plus gentil avec moi… Tu sais, je peux te rendre l'éternité insupportable, si je veux…
- Oh ça ! fit Harry. Je n'en doute absolument pas ! Mais ce n'est pas de cela dont je veux te parler. Je veux que tu me dises ce que tu sais…
L'expression du spectre changea brusquement.
- Ce que je sais ? répéta-t-elle en croisant les bras sur sa poitrine. Mais qu'est-ce que je peux savoir ? Je ne suis qu'un pauvre fantôme abandonné de tous…
- Allons, Mimi… Pas de ça avec moi, veux-tu… Je sais que tu passes ton temps à espionner les uns et les autres… Je ne t'en blâme pas… Il faut bien passer le temps… Et puis, tu es maline, tu sais tirer les conclusions de ce que tu vois et entends…
Mimi prit alors un air assez satisfait d'elle-même. Elle se mit à rire.
- Oui ! Finalement, cela a des avantages qu'on ne fasse pas attention à moi… Tu sais, au début, après que j'aie dit ma façon de penser à ce mal embouché de Malefoy, tout le monde faisait attention quand il était dans les salles de bain des préfets… mais maintenant, tout le monde a oublié… Y compris Malefoy.
- Je ne peux pas le croire… douta Harry.
- Tu ne veux pas me croire ? s'offusqua Mimi.
- Cela me semble vraiment peu probable…
Mimi se jeta au visage d'Harry.
- Et bien pourtant c'est vrai ! hurla-t-elle dans un accès de colère. Et j'ai même vu sa marque… Brrrr ! c'est effrayant… Et écoeurant… ça faisait un moment que je ne la voyais plus… Il passait de longs moments à tartiner de la pommade dessus après son bain… Mais depuis quelques temps, il ne met plus rien dessus et il la regarde et la regarde encore, tout le temps qu'il est dans la salle de bains…
Harry haussa les épaules.
- Tu t'en fiches ? Mais tu sais ce que ça veut dire ?
- Qu'il estime qu'il ne risque plus rien à la montrer… fit Harry avec désinvolture. On sait que la prochaine attaque de Poudlard est pour bientôt. Ce n'est pas un scoop…
Mimi Geignarde eut un sourire machiavélique.
- Mais tu ne sais pas le reste… mon petit Harry chéri…
- Tout dépend du reste, répondit Harry avec prudence.
Mimi Geignarde s'avança tout près de lui, si près qu'Harry sentit le toucher visqueux et frissonnant du fantôme.
- Sais-tu ce qu'il fait quand il est dans son bain ?
- Il se lave ? répondit Harry en tâchant de rester stoïque.
- Il parle… annonça Mimi dans un souffle.
- A qui ?
- A lui-même…
- Ho ! fit Harry. Mauvais papier pour lui… Et c'est pour cela que tu es tellement persuadée que je vais bientôt te tenir compagnie… A cause de ce qu'il raconte ?
Mimi gloussa, sa main sur sa bouche, un regard par-dessus ses lunettes.
- Et c'est pour ça aussi que tu ne voudras pas me dire ce qu'il raconte quand il est dans son bain.
Mimi gloussa de plus belle
Harry laissa retomber ses bras le long de son corps avec un soupir déçu.
- Tant pis… Mais tu sais, Mimi… En fait, je n'en ai rien à faire de Malefoy. C'est pas lui que je dois affronter. Ce n'est pas par lui que je perdrai la vie.
- Non, je le sais bien ! s'exclama Mimi. Lui, il est juste chargé de te conduire au Seigneur des ténèbres…
Harry se mit à rire.
- Il n'aura même pas besoin de le faire ! Dès que Voldemort montrera le bout de son nez… C'est moi qui irai à sa rencontre…
Mimi fronça les sourcils.
- Tu as vraiment décidé de me contredire, Harry ?
- Non, Mimi… Je te dis juste que les menaces de Malefoy ne me font pas peur…
- Pas même si je te dis qu'il est quasiment certain que l'école ne recevra pas de renforts de l'extérieur ?
- C'est une chose dont nous nous doutons depuis le début de la semaine, hélas…
- Ni si je te dis qu'il est chargé d'ouvrir les portes de Poudlard ? Toutes les portes ?
- Oui et de lancer ses Salamandres dans l'école… s'impatienta Harry.
- Ni si je te dis qu'il veut fracasser le crâne de ton ami Ron Weasley… réduire ton amie Hermione Granger à un petit tas de cendres froides… et…
Le sourire de Mimi se fit gourmand.
- Ni si je te dis ce qu'il veut faire à ta chère Ellie McGregor ?
- C'est du réchauffé, tout cela, Mimi…
- Oui… Mais tu sais pas quand il veut le faire…
- Lui non plus…
Mimi balança la tête avec un gloussement ridicule.
- Tu sais ce qu'il est en train de faire en ce moment même ? demanda-t-elle.
- Moi non, mais je suis certain que d'autres le savent…
Mimi éclata de rire. Elle monta jusqu'au haut plafond en tournant sur elle-même avant de fondre à nouveau sur Harry. Elle s'appuya sur son épaule et lui adressa un sourire qu'elle croyait charmeur.
- Jeudi soir : réunir tout le monde en bas pour les dernières consignes… Distribuer les derniers rôles… Nott et Wilford, c'est fait… Zabini… Qu'est-ce que je vais bien pouvoir faire de cet imbécile ? L'envoyer avec Crabbe et Goyle ouvrir les portes du château… Oui, il faut les tenir à l'écart ces trois-là… Zabini parce qu'il est capable de me coller aux basques histoire de voir ce qu'il peut retirer de l'aventure… et Crabbe et Goyle parce que ces idiots pourraient m'empêcher de régler le problème Nott… Quel dommage… Un garçon si prometteur… Merci pour vos conseils, Père… Vous voyez, je n'ai pas oublié vos leçons… Pour être le premier, il ne suffit pas d'être le meilleur, il faut surtout empêcher les autres de l'être… Personne ne se mettra sur mon chemin… Ni Nott, ni la sang-de-bourbe. Cette petite intrigante s'imagine qu'elle est la plus forte… Mais elle se trompe… Oh oui, elle se trompe…
Et là, il a regardé sa Marque, il l'a caressée presque amoureusement et il a dit : Il n'y a plus qu'à attendre… Mais moi je prendrais les devants… Anticiper… n'est-ce pas Théo ? Anticiper… c'est ce qui fait la force d'un chef… Et il s'est mis à rire. A rire. A rire.
Mimi en fit autant. Elle était dans un état d'excitation extrême et battait des mains avec frénésie.
- On dirait que cela te fait plaisir, dit Harry avec répugnance.
- Oh ! oui ! Il va y avoir tout plein de petits fantômes en plus… pour me tenir compagnie… Même si c'est toi que je préfère…
Elle embrassa le bout de ses doigts et souffla dessus pour envoyer ce baiser vers Harry. Puis elle se mit à chantonner Un jour mon prince viendra en tournant dans les toilettes sans plus se soucier de lui.
Ce dernier se secoua de la stupeur dans lequel ce spectacle l'avait plongé et quitta les toilettes des filles sur la pointe des pieds.
…
…
La salle commune de Gryffondor était presque comble. Les amis et les couples s'étaient regroupés. Près de la cheminée, Dean et Parvati étaient assis dans le même fauteuil et Lavande reniflait encore sur l'épaule de Seamus. Neville réconfortait les Crivey qui craignaient d'être séparés. Dennis redoutait d'être rapatrié en même temps que les Quatrième Année tandis que son frère resterait à Poudlard avec les Sixième. Et Colin, lui, appréhendait de se voir expédié chez lui en même temps que son cadet.
Harry remarqua Jezebel Dawson, la mine renfrognée, au milieu de ses compagnes de dortoir, qui, fait exceptionnel, se taisait.
…
Et Ginny faisait semblant de ne pas l'avoir vu entrer. Elle tournait le dos à la salle, d'une manière si ostentatoire qu'il était évident qu'elle suivait tout ce qui se passait derrière elle dans le reflet de la fenêtre qui donnait sur la nuit d'encre.
Harry se dirigea vers elle et s'assit sur la banquette à ses côtés.
- Ginny… commença-t-il.
- Quoi ? fit la rouquine, un peu agressive, en se tournant brusquement vers lui. Tu veux me faire tes adieux à moi aussi ? Ravie de passer après Mimi Geignarde !
Harry se mordit les lèvres pour ne pas laisser voir son sourire et haussa une épaule.
- Je préfèrerai ne pas avoir à le faire…
- Alors ne le fais pas…
- Mais je m'en voudrais si je devais penser que les dernières paroles que nous avons échangées étaient des paroles de colère…
Ginny détourna la tête.
- Je n'arrive même pas à imaginer que tu ne pourrais plus être là… murmura-t-elle.
Elle eut une grimace horrible qui n'empêcha pas les larmes qu'elle retenait depuis le matin d'emplir ses yeux. Elle se rejeta contre Harry et le serra dans ses bras. Il passa son bras sur les épaules de la jeune fille.
- Je ne sais même pas s'ils me laisseront rester ici… Je ne sais même pas si ma famille va bien… Je ne sais même pas si Gerry est toujours vivant…
Harry embrassa ses cheveux rouges.
- Je suis désolé, Ginny… Je ne peux rien contre cela…
Elle releva la tête :
- Bien sûr que tu n'y peux rien ! Je n'ai pas dit que c'était ta faute…
Elle essuya ses yeux, un peu calmée.
- C'est juste que c'est… si difficile.
Elle refit la même grimace. Harry la prit dans ses bras et la berça doucement.
- Moi aussi je voudrais que rien ni personne ne te fasse du mal, Ginny… De quelque manière que ce soit… Si j'en avais le pouvoir, c'est ce que je ferais… Je ferais en sorte qu'aucun de ceux que tu aimes ne soit en danger…
- Il faudrait commencer par toi, Harry. Tu peux me promettre que tu reviendras ?
Harry secoua la tête.
- Ça, c'est une promesse que personne ne peut faire, Ginny.
Il soupira. Elle se redressa sur la banquette et rejeta la tête en arrière, contre le dossier. Elle regarda Harry longuement.
- Un jour, j'ai entendu maman reprocher à Dumbledore… C'était après la parution de la prophétie dans la Gazette… Et pourtant… tu connais maman, Harry… plus fidèle qu'elle à Dumbledore, je n'en connais pas beaucoup… Elle lui a reproché de vouloir sacrifier ta vie contre celle d'un plus grand nombre. Et bien qu'elle ait beaucoup à perdre, elle ne pouvait pas supporter une telle chose, surtout de sa part à lui…
- Oui, c'est ce qu'a dit aussi Nigellus… Mais il a dit aussi que Voldemort ne se contenterait pas de prendre ma seule vie… Il lui en faudrait encore et encore. Comme si la mort des autres le faisait se sentir davantage vivant.
- Tu crois qu'on peut maîtriser la Mort ? demanda Ginny.
- Je suppose que Voldemort s'imagine qu'il peut l'asservir, comme tout le reste…
- Mais on ne peut pas, n'est-ce pas… insista Ginny.
- Je l'espère…
Ginny se rapprocha d'Harry. Elle posa sa tête contre son épaule.
- Harry ? Tu as peur de mourir ?
- Oui, répondit simplement Harry. Mais pas au point de ne pas reconnaître quand j'aurais perdu la partie…
Ginny frissonna ; il crut qu'elle allait se récrier. Elle se tut durant un moment, puis elle dit :
- Tu sais, à une époque… si tu avais dit oui… je n'aurais pas dit non…
Harry sourit :
- Pour me retrouver en tête de la liste noire de Ron ? Merci bien !
- Il n'aurait pas osé…
- Ginny ! On parle de Ron, là… De ce type qui s'imagine être investi d'une mission divine en ce qui te concerne !
Ginny se mit à rire.
- Tu exagères… Ron n'est pas aussi… excessif !
- Ginny ! C'est de ton frère dont il est question ! Tu sais, ce gars qui se balade jour et nuit avec une bague de fiançailles dans la poche comme si c'était un talisman qui allait empêcher sa petite amie de le quitter pour un autre…
Ginny se redressa :
- Quelle bague de fiançailles ?
- Oups… ! fit Harry.
- Quelle bague de fiançailles ? insista Ginny.
- Tu ne vas pas le répéter à Hermione, n'est-ce pas…
- Pas si tu me dis de quelle bague de fiançailles il s'agit…
- La bague des Weasley… répondit Harry d'une petite voix.
Ginny se leva d'un bond dans un cri qui fit se retourner toute la salle commune.
- Est-ce que ma mère le sait ? demanda-t-elle précipitamment.
- Ton père, c'est sûr… Ta mère, je n'en sais rien…
Ginny se mit à sautiller sur place.
- Ça m'étonnerait ! fit-elle avec excitation. Elle voulait que Charlie la donne à Tonks au moment du mariage de Percy cet été…
- C'est Charlie qui a eu l'idée de la donner à Ron, il me semble… avança Harry.
Ginny eut un sourire ironique.
- M'étonne pas… Comme Percy se marie dans quelques jours, il vaut mieux éloigner de maman ce genre de tentations… Et ça tombe bien… Ça tombe très bien même ! Harry ! Merci ! Je t'adore !
Elle se pencha vers lui, l'embrassa sur la joue et battit des mains comme l'avait fait Mimi Geignarde un peu plus tôt. Ensuite, elle se précipita vers Ron qui entrait avec Hermione, l'arracha au bras de cette dernière et le tira à sa suite dans le coin le plus sombre et le plus reculé de la salle commune des Gryffondor.
…
Hermione se réfugia auprès d'Harry.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-elle.
- Oh ! fit Harry en remontant ses lunettes sur son nez. Je crois que j'ai fait une gaffe… Et ne me demande pas laquelle… parce que j'en ferais une autre si je te le disais…
Hermione fronça les sourcils. Elle jeta un œil vers Ron. Le jeune homme manifestait le plus grand des mécontentements. Il secouait la tête de droite à gauche avec détermination.
- Qu'est-ce que c'est cette fois ? questionna-t-elle. Elle veut toujours savoir de quoi nous avons parlé hier soir ? Ou bien c'est autre chose ?
- Je pense que c'est autre chose… hésita à répondre Harry. Mais je ne sais pas vraiment quoi…
- Tu crois que je devrais m'en mêler ?
- NON !
Harry retint Hermione par le bras, alors qu'elle n'avait même pas ébauché un mouvement pour se lever.
- Je… je veux te parler seul à seul… bredouilla-t-il sous le regard étonné de son amie. Tu dois te montrer très prudente, Hermione.
- Je le suis toujours, Harry…
- Oui, mais encore plus en ce moment… Je te disais bien que l'attitude de Malefoy ne me disait rien qui vaille… Je crois qu'il sait quand l'attaque aura lieu…
Hermione sursauta :
- Mais c'est impossible… Il n'a pas reçu l'appel ?
- Non, mais, il doit savoir quelque chose que nous ignorons… et… je ne dis pas qu'il le sait avec certitude, mais…
Hermione plongea son regard dans celui d'Harry.
- Tu n'as pas l'intention de retourner dans son esprit, Harry… C'est beaucoup trop dangereux.
- Si j'étais sûr de sortir quelque chose de certain du fouillis de sa cervelle, je le ferais, Hermione. Mais, c'est si… difficile et douloureux…
- Harry… Malefoy est surveillé… Il ne peut faire un geste sans qu'on le sache… Les portraits, les fantômes, Peeves…
- Il a échappé à notre surveillance une fois, Hermione… Nous avons eu de la chance de nous en apercevoir… Nous avons toujours eu beaucoup de chance… et en ce moment, il semble qu'elle se soit lassée de nous…
- Rien de ce qui est arrivé n'est du à la chance ou à la malchance, Harry…
Elle souffla, un rien exaspérée.
- Je croirais entendre Ron ! Nous avons tout fait pour qu'il y ait le moins d'imprévus dans la mesure du possible.
- Oui, et on a vu à Halloween ce que les plans parfaits valaient… rappela Harry.
Hermione poussa un soupir d'agacement.
- Et Malefoy et compagnie sont logés à la même enseigne ! Tout peut arriver, maintenant… Absolument tout ! C'est comme si les pièces du jeu d'échecs jouaient leurs propres coups… On ne peut plus rien prévoir… Tout juste spéculer sur la date de l'attaque…
- Tu as une idée ?
- Oui, bien sûr… fit Hermione le plus sérieusement du monde. Entre maintenant et le moment où ça arrivera…
Harry se mordit les lèvres.
- Harry… reprit-elle. Nous sommes prêts. Si nous savions exactement quand, nous ne pourrions pas l'être davantage. Et toi non plus… Et il nous faudrait attendre de la même manière.
- Oui, mais… commença Harry.
- Et il nous faudrait nous battre quand même… l'interrompit Hermione. Cela ne servirait à rien que tu prennes des risques à aller chercher dans la tête de Malefoy une information qui ne serait de toutes façons que spéculation également…
Elle prit sa main et la serra. De toutes ses forces. Ils virent Ron se diriger vers eux, la mine sombre.
- Pas un mot de tout ceci à Ron… avertit-elle. Il a déjà assez de soucis comme ça !
Elle se tourna vers le jeune homme, avec un sourire.
- Qu'est-ce qu'il y a, mon cœur ?
Ron lança une œillade noire vers Harry.
- Je suis désolé… Ron… murmura celui-ci.
- Mouais… renifla Ron. Je suppose que je ne peux pas te faire de reproches…
- Qu'est-ce qu'elle voulait ? demanda Harry un œil sur Ginny, arrêtée à la table des Crivey et de Neville.
- M'obliger à l'aider à rester à Poudlard quand papa viendra nous chercher demain…
- Elle ne peut pas faire ça ! s'offusqua Hermione.
- Si elle le peut ! trancha Ron qui ne cessait de fixer Harry. Ou alors c'est maman qui viendra nous chercher… Et là… il ne sera plus question de discuter : ni pour elle, ni pour moi, ni pour toi, Hony… et tu peux rire, Harry… Elle est capable de tenir tête à Dumbledore pour t'emmener avec elle également. Elle serait capable de vaincre sa peur de Tu-Sais-Qui pour t'arracher à lui, au même titre que l'un d'entre nous…
- Alors ? demanda Harry pour éviter que l'émotion qui le gagnait ne débordât.
- Alors… soupira Ron. On va devoir supporter les humeurs de Ginny durant toutes les vacances… du moins, ajouta-t-il avec un regard incertain sur Harry et Hermione, du moins pour ce qu'on nous en laissera… Tu sais ce que McGregor a dit à son père pour qu'il la laisse rester à Poudlard après son accident dans la volière ?
- Freeman stand or freeman fa'… cita Ginny derrière son frère.
- Tu crois que ça peut marcher avec papa ?
- Il vaut mieux l'essayer sur papa que sur maman… fit Ginny sur un ton enjoué.
Elle se laissa tomber sur la banquette entre Hermione et Harry et passa ses bras autour des épaules de ses deux amis. Harry secoua la tête et se mit à rire pour lui-même.
- Vous vous rendez compte que vous êtes en train de vous battre pour rester ici à risquer de vous faire massacrer !
Ron haussa les épaules. Hermione fit une grimace.
- Oui ! répondit Ginny. Ça t'étonne ?
….
Durant la soirée, ils essayèrent encore de contacter le QG de l'AD. Ils tombèrent sur Angelina Johnson qui était responsable des transmissions ce soir-là. Ils ne purent rien tirer d'elle qu'un « Je vous signale que nous sommes en état d'alerte permanente ! Pas le temps de bavarder ! Nous avons du travail, nous ! »
- Parce que nous, on s'amuse ! ronchonna Ron. Depuis qu'elle est une star du Quidditch, elle a la grosse tête !
- Elle n'est pas une star du Quidditch… rappela Hermione. Dommage qu'on ne soit pas tombé sur l'un des jumeaux… ou sur Terry… On aurait pu avoir des nouvelles de Bill…
- Demain… rassura Ginny. Demain, on aura des nouvelles de tout le monde… J'en suis sûre…
- Ouais ! fit Ron. J'espère que ce ne sera pas par la Gazette…
L'arrivée à la table de Neville et Dean empêcha Ginny de répondre à son frère. Un peu embarrassé, Dean tendait une feuille roulée vers Harry.
- Je dois te donner ça de la part de McGregor, dit-il.
- Depuis quand fais-tu le facteur ? se moqua Ginny.
Mais Harry avait déjà déroulé la feuille à dessin.
- Waaa ! fit Ron en se penchant sur l'épaule de son ami. Tu t'es surpassé, Dean ! Elle est mieux qu'au naturel !
Harry n'avait aucun mot et Ginny lui prit le dessin des mains.
- Tu as fait ça quand ? s'exclama-t-elle devant le portrait à l'encre de Chine d'Ellie McGregor qu'elle tenait entre ses mains.
- Je l'ai terminé cet après midi, répondit Dean. Elle m'a dit de te le donner ce soir. Je pensais que ce serait plutôt à elle de le faire, mais… tu la connais… On ne discute pas avec une préfète de Serpentard…
Harry reprit le dessin à Ginny. C'était le demi sourire d'Ellen, et ce regard plein de malice, la mèche derrière l'oreille, comme esquissés en lignes douces, et pourtant si vivants. Sur la robe sombre, il n'y avait ni insigne de préfète, ni emblème de la Maison de Serpentard. Juste le badge des Phénix à peine ébauché. Il releva la tête vers Dean et lui sourit.
- Merci, dit-il simplement. Je suis heureux que tu aies retrouvé le goût de dessiner.
Dean regarda sa main et la serra en poing.
- Quand je dessine, c'est le seul moment où ma main ne tremble pas, avoua-t-il.
Il fit demi-tour et retourna auprès de Seamus qui tenait toujours Lavande contre lui et qui avait le même sourire sur le visage que lorsqu'il gagnait dans ses rêves la coupe du monde de Quidditch.
- Finalement, commenta Ron à l'attention de Neville qui prenait place entre Hermione et Ginny, ce n'est mal ces dessins moldus… On a l'image mais pas le son et en ce qui concerne McGregor, ce n'est pas un mal !
Hermione le gronda à voix basse, tandis que Ginny lançait un regard espiègle vers Harry.
- Tu ne l'appelles pas ? demanda-t-elle. J'avais pourtant l'impression que vous étiez réconciliés…
- On n'était pas fâchés, corrigea Harry.
Ginny fit une grimace dubitative.
- C'est pas passé loin alors… Elle ne pouvait pas croire que tu l'aurais laissée tomber la veille du bal de Noël.
Harry lui rendit sa grimace.
- Et je lui ai répondu, continua la rouquine, qu'avec un gars qui a depuis plus de six ans mon frère pour meilleur ami, il fallait s'attendre à tout !
- Ginny ! s'exclama Hermione.
- Hé ! fit Ron.
- Hermione ? intervint Neville pour couper court à la dispute naissante. Tu as la liste de ceux qui restent ?
- Il manque encore quelques noms, mais…
- On parlera de cela demain ! trancha Harry.
- Mais… fit Neville.
- Ecoute, Neville, reprit Harry. Si l'attaque a lieu ce soir, tout le monde sera là… Demain, il sera temps de parler de liste et de stratégie. Ce soir, on a tous beaucoup mieux à faire…
Il prit son badge dans sa poche et appuya sa baguette dessus. Puis il se leva, son dessin à la main, et se dirigea vers le dortoir pour prendre sa Copie Conforme dans son armoire.
…
Quand il redescendit, un long moment plus tard, la salle commune était plongée dans une pénombre silencieuse. Près de la cheminée, assis en demi cercle sur le tapis devant l'âtre, ses camarades de dortoir ne parlaient pas. Neville arrachait des boules de laine du tapis dans un geste machinal avant de les lancer dans le feu. Ginny faisait tourner sa baguette entre ses doigts, l'esprit ailleurs. Lavande s'était assoupie, à force de pleurer, sur l'épaule de Seamus qui n'osait bouger. Le dos contre un fauteuil, Dean suivait des yeux la danse des flammes dans la cheminée. Parvati tirait nerveusement sur les manches de sa robe, sans même s'en apercevoir.
Les filles de Deuxième Année avaient rejoint leur dortoir. Les Crivey n'étaient plus là. D'autres avaient regroupé des chaises et chuchotaient, ou bien ne disaient rien. Des amoureux s'étaient retrouvés dans les coins et Ron et Hermione avaient investi le renforcement de la fenêtre.
Harry resta un instant sans bouger entre l'escalier et la cheminée. Il doutait sérieusement qu'ils fussent en train de parler du problème qui les préoccupait réellement. Que lui avait donc dit Ron quelques jours plus tôt ? Non ! L'avant-veille ! – il lui semblait que cela faisait une éternité ! – que tout était si simple quand ils n'étaient que tous les deux… Mais ils n'étaient pas seuls au monde, quoi que prétendît le dicton… et leur forteresse était sans cesse attaquée par l'ennemi. Un ennemi extérieur qui venait les détourner l'un de l'autre. Un ennemi intérieur qui sapait les fondations mêmes de cette relation pourtant si forte qu'elle défiait les lois de la magie.
Il les devinait enlacés dans l'ombre, désespérément serrés dans les bras l'un de l'autre, en attendant qu'éclate la tempête, espérant qu'elle les épargnerait, tout en sachant qu'ils ne sortiraient pas indemnes de la tourmente.
Lui non plus n'avait pu se résigner à dire adieu à Ellen. Et il savait pourtant que l'espoir auquel il ne pouvait s'empêcher de se raccrocher était vain.
…
Neville l'appela et lui fit une place à côté de lui. Harry s'assit en tailleur entre lui et Seamus. Et ils restèrent tous là jusqu'aux premières lueurs d'une aube tardive.
La semaine prochaine
je posterai le chapitre 188
Mercredi 21 décembre après-midi
