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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.
Chapitre 188
Le Dernier Havre
…
Les préparatifs du bal et de la finale du tournoi d'Echecs occupèrent la matinée de ceux qui ne partaient pas. La salle des Quatre Maisons connut une affluence record. La plupart fuyaient les dortoirs où beaucoup préparaient leurs bagages, et désertaient le Grand Hall pour ne pas croiser ceux qu'on était venus chercher. Lavande pleura encore quand le père des Patil emmena les jumelles en fin de matinée.
Hagrid jouait les touriers devant la grille et Rusard traîna la jambe sans discontinuer du Hall aux bureaux des Directeurs de Maison. Les Préfets –du moins ceux qui n'étaient pas sur le départ- faisaient la navette pour prévenir les élèves en partance. Hermione courut toute la matinée. L'organisation de la finale lui échut en totalité. Elle devait également s'occuper d'envoyer les préfets disponibles à la recherche des élèves dont les parents se présentaient.
Harry l'aida comme il put. Ellie s'absentait parfois elle aussi pour prévenir l'un de ses camarades qu'il était temps de quitter les lieux. Elle revenait du Hall la mine chaque fois plus renfrognée. Car Malefoy, non seulement négligeait ses devoirs de préfet, mais avait installé son terrain d'observation sur le premier palier des grands escaliers de marbre, d'où il commentait le départ de chacun. Il clamait à qui voulait l'entendre que les rats quittaient le navire et que la fameuse Armée de Dumbledore réduisait comme peau de chagrin. Hermione avait fait jurer à Ron, Ginny, Ellie, Ernie – ainsi qu'à Malone qui n'était pas préfet mais qui aurait bien mis son poing dans la figure de Malefoy quand même- d'ignorer les provocations du Serpentard. Ils avaient obtempéré, mais remâchaient leur rancœur croissante à chaque passage dans le vestibule.
…
Ron ne cessait de grommeler. Non seulement Malefoy lui échauffait les oreilles, mais Ginny ne cessait de lui rappeler qu'il devait se dépêcher de trouver un bon motif pour les faire rester tous les deux à l'école durant les vacances. Et il fallait ajouter à ces deux excellentes raisons d'être de mauvaise humeur, le fait qu'il n'avait cessé de croiser Viktor Krum sur son chemin. Le Bulgare adressait chaque fois des petits signes de la main au jeune homme qui lui répondait d'un sourire crispé.
Ron n'osait demander à Hermione si Krum s'était approché de la Salle des Quatre Maisons et il interrogeait Harry à chacun de ses retours dans la salle commune. Harry avait beau lui répéter qu'il n'avait pas vu Viktor de la matinée, son ami ne semblait pas rassuré pour autant.
- Je suis sûr que c'est elle qu'il cherche, finit-il par déclarer à Harry alors qu'ils se rendaient tous les deux au réfectoire. Depuis lundi, il essaie toujours de la retenir à la fin des cours… enfin… plus que d'habitude.
- Tu sais, Ron… soupira Harry. Si tu es tout le temps sur le dos d'Hermione, comment veux-tu qu'elle ait une conversation sérieuse avec Viktor ?
- Ca va encore être ma faute ! grommela le benjamin des Weasley.
- Non ! souffla Harry. Mais… il faudrait savoir ce que tu veux ! Qu'Hermione parle à Krum ? Ou qu'elle se tienne éloignée de lui au maximum ?
- Les deux ! grogna Ron avec une mauvaise foi plus que manifeste.
- Je croyais que tu avais enfin compris ce que Viktor pouvait ressentir… essaya encore Harry.
- Oui ! Bien sûr que je le comprends ! Je n'arrête pas de le comprendre ! Je me mets tellement à sa place que j'ai l'impression de n'être plus moi-même !
- Ron… soupira Harry. Si tu en parlais à Hermione…
- Ce n'est pas Hermione le problème !
- Alors c'est quoi ? s'énerva Harry. Si tu ne veux pas parler avec Hermione, va parler à Krum.
- Et que veux-tu que je lui dise ? Mon cher Viktor, je te suis vraiment très reconnaissant d'avoir sauvé la vie de Charlie au péril de la tienne, et je comprends parfaitement par où tu es passé… Je comprends également que tu sois toujours amoureux d'Hermione – ça oui, je peux le comprendre, parfaitement même- et je conçois que tu veuilles la récupérer – c'est ce que je ferais à ta place, crois-moi- mais ça, c'est la seule chose que je ne peux te laisser faire. Et si tu ne cesses pas de lui tourner autour, je me verrais dans l'obligation de te mettre mon poing dans la figure…
Harry se mordit les lèvres.
- Heu… fit-il. Tu n'es pas obligé de lui parler de ton poing ni de sa figure.
Ron haussa les épaules.
- Tu es toujours décidé à ne pas lui donner la bague ? demanda Harry alors que Ron plongeait sa main dans sa poche pour en ressortir l'écrin qu'il avait reçu quelques jours plus tôt.
- Si j'étais toi, je ne parlerais pas de ça… releva Ron avec un soupçon d'ironie, avant de ranger à nouveau le boîtier sans l'ouvrir.
- Je te signale que si tu n'avais pas tant tergiversé, je n'aurais pas eu l'occasion de gaffer avec Ginny !
- Je te signale que c'est toi qui m'as conseillé de ne pas la lui donner…
- Et depuis quand tu écoutes ce que je dis !
Ron tordit sa bouche avant de répondre :
- C'est vrai ça… admit-il. Quand on voit la manière dont tu te laisses mener par le bout du nez par McGregor…
Harry donna un coup de poing dans l'épaule de Ron comme ils arrivaient dans la grande salle.
- Hé ! fit-il. D'abord, ça n'a rien à voir ! Ensuite, je ne me laisse manœuvrer par personne ! Et pour finir, j'en ai marre que chaque fois que tu te disputes avec Hermione ce soit moi qui en subisse les conséquences !
Il s'assit à sa place, un peu nerveux. Le nombre de places vides était impressionnant et Harry se demandait si les absences étaient dues au fait que lui et Ron étaient largement en avance ou bien au départ de beaucoup plus d'élèves qu'il ne l'imaginait.
Il se tourna vers Ron.
- Il y a beaucoup de monde qui est parti ? demanda-t-il en essayant de ne pas laisser voir son angoisse irraisonnée.
- Des Première et Deuxième Années pour la plupart dans l'ensemble de l'école. Ce n'est pas plus mal…
- Non, soupira Harry. Ce sera moins de travail pour faire partir samedi ceux qui resteront…
Ron fit une grimace :
- Ce n'est pas dit : ceux qui sont partis aujourd'hui sont ceux qui ont au moins un parent sorcier. Pour ceux qui vivent chez les moldus c'est plus compliqué… On peut difficilement venir les chercher et les transports magiques comme le réseau cheminette ou les portoloins sont plus complexes à mettre en place… et les transporter par transplanage, ce n'est pas possible ; surtout dans l'état actuel des troupes… Tous les aurors sont en service commandé… Ils n'en ont pas assez pour assurer la sécurité du Poudlard Express, alors comment voudrais-tu qu'il y en ait assez pour assurer le transport des enfants ? Et puis… On ne peut pas transplaner à Poudlard… il faudrait sortir du Château, que ce soit pour les amener auprès des parents moldus qui viendraient les chercher, ou pour transplaner… Tu imagines, si jamais des mangemorts étaient planqués à proximité ? Un vrai massacre… En tous cas, moi, je serais pas rassuré si je devais voyager autrement que par portoloin ou cheminette… Et encore à condition que je sache expressément que Percy contrôle les feux ! et que le portoloin soit fabriqué par quelqu'un de confiance – et expérimenté de préférence ! Bref tout ça pour dire que les parents qui viennent chercher leurs enfants aujourd'hui à Poudlard pensent peut-être les mettre hors de danger, mais qu'en fait, ils n'oeuvrent pas pour leur sécurité ; moi à leur place, j'aurais attendu le feu vert de Dumbledore !
- Oui, mais toi… lui sourit Harry. Tu fais partie de ses fidèles…
Ron grimaça à nouveau.
- Oui, c'est vrai… même si je pense qu'il a commis quelques erreurs dans sa gestion des évènements…
- En faisant venir Krum à Poudlard ? ironisa Harry.
- Entre autre ! approuva Ron. Mais la pire qu'il ait faite, c'est quand même d'avoir gardé Malefoy à Poudlard ! Ca ne l'a pas empêché de devenir mangemort ! Ca ne l'a pas empêché de faire du mal à des innocents ! Et il met Poudlard en danger de toutes les manières possibles ! Sans compter Hermione… Je n'aime pas du tout la manière qu'il a de la regarder. Et ça n'a rien à voir avec la manière dont Krum la regarde, tu peux me croire ! Je n'ai pas oublié ce qui est arrivé à Goldstein !
- Personne ne l'a oublié… souffla presque Harry. Je lui ai répété de se montrer prudente hier soir encore…
Ron releva la tête vivement :
- Pourquoi ? haleta-t-il. Tu sais quelque chose de neuf ? Pourquoi ne me l'as-tu pas dit ? Je suis le premier concerné quand même…
- C'est plutôt Hermione qui est la première concernée, tu ne crois pas ? corrigea Harry un peu agacé. Et je ne sais rien de nouveau… C'est toujours la même rengaine, c'est tout ! Seulement, avec l'échéance qui se rapproche, je me dis que Malefoy voudra mettre toutes les chances de son côté…
Ron posa ses coudes sur la table et prit sa tête à deux mains. Harry se dit qu'il avait bien fait de ne pas lui dire que Ellie avait recommandé elle aussi la prudence à leur amie, sur les conseils de Larry.
- Harry… soupira Ron. Je vais devenir fou !
Harry tapota le dos de Ron, d'un air compatissant. Puis il donna un coup de coude à son ami. Le réfectoire se remplissait peu à peu et Ginny, Hermione et Ellie venaient de faire leur entrée. Ellie s'arrêta quelques minutes à la table des Gryffondor, le temps d'asticoter Ron sur la partie d'échecs qu'il allait disputer dans un peu plus de deux heures et de chambrer Harry sur la danse qu'il lui avait promise. Les deux garçons pâlirent légèrement. Ils avaient complètement oublié l'un le tournoi, l'autre qu'on dansait, à un bal.
…
Ellie rejoignit sa table en riant. Elle ressentit pourtant un pincement au cœur –était-ce de soulagement ou de désappointement lorsqu'elle compta les manquants chez les Serpentard. Les Première Année étaient presque tous déjà partis. Beaucoup manquaient chez les Deuxième. D'autres encore devaient partir en début d'après midi. La Maison Serpentard se vidait. La leçon d'Halloween avait porté ses fruits.
Les Salamandres s'installaient à table. Une partie osait ouvertement soutenir le regard de la préfète, l'autre avait l'air aussi abattu que Rusard le jour où il avait appris le départ de la Grande Inquisitrice.
Malefoy prit place en bout de table. Ellie songea qu'il recommençait à trôner dans la grande salle, comme il avait surplombé le Grand Hall durant la matinée. Avec arrogance et ostentation. Il haussait le ton, élargissait le geste.
Ellie jeta un regard sur Nott, assis à la droite de Drago. Le Serpentard restait impassible, à peine agacé par l'attention que Malefoy attirait sur lui –sur eux. Ses yeux pourtant ne quittaient pas le jeune mangemort, comme s'il essayait de lire en lui.
…
A la table des Gryffondor, Seamus fit remarquer que Malefoy se comportait à nouveau comme au temps où Rogue lui assurait l'impunité.
- On est en vacances… rappela Ron, mal à l'aise. Il attend le signal de son maître. Tous nos partisans qui s'en vont… cela doit lui mettre du baume au cœur…
- Cela m'en met à moi aussi, releva Neville. Mon oncle m'a dit que la direction avait insisté pour que les parents des Première et Deuxième Année viennent chercher leurs enfants au plus tôt. Du moins, ceux qui le pouvaient… Je vois que Dumbledore a été entendu.
- J'aurais aimé qu'il renvoie également les Salamandres chez eux… chuchota Dean. Ils me font froid dans le dos… Rien que de savoir qu'ils vont se retrouver du coté de Malefoy… J'ai beau me dire qu'ils n'ont pas de baguettes…
Il frissonna et repoussa du bout de sa fourchette ce qui restait dans son assiette. Il n'avait pas très faim, de toutes façons.
- Peut-être espère-t-il que leur présence… commença Seamus.
Il ne termina pas sa phrase et haussa les épaules.
- Non… reprit-il. Dumbledore ne peut pas s'imaginer que les mangemorts renonceront à attaquer l'école à cause de leurs enfants… Leur… Maître les y obligerait de toutes façons…
Il tressaillit lui aussi et lâcha ses couverts dans son assiette.
- Bon sang ! jura-t-il. Ce type est totalement siphonné ! Ma mère dit qu'à trop jouer avec la magie noire, on y perd la raison…
- Faut déjà avoir un grain pour toucher à la magie noire ! fit Ron dans une grimace de dégoût.
Il leva les yeux vers Hermione et Ginny avant d'ajouter :
- Enfin… à ce point-là du moins…
Ginny lui fit une grimace et Hermione se contenta de caresser son épaule en soupirant.
- Bon ! fit Seamus dans un effort pour rompre le silence. Si on parlait d'autre chose ? Alors, Ron ? Tu es prêt pour le Tournoi ? On veut tous voir ton nom sur le parchemin cette année encore !
Les couleurs disparurent du visage de Ron. Hermione foudroya Seamus du regard. Elle repoussa son assiette presque pleine avant de se lever brusquement.
- J'ai encore des tas de choses à faire avant le début de la finale, annonça-t-elle. Je crois que tu devrais venir te concentrer dans mon bureau, Ron…
Seamus ricana.
- Tu y serais à l'abri des « encouragements » de tes prétendus amis, mon cœur… ajouta-t-elle alors.
- Oui, je t'accompagne… répondit Ron d'une voix blanche.
Ils quittèrent la table et le réfectoire. Seamus siffla longuement.
- Il est terriblement émotif, finalement… estima-t-il. Je ne l'imaginais pas à ce point, quand même. Un petit match de Quidditch de rien du tout… Un Tournoi à la noix… Et hop voilà Weasley qui se liquéfie !
Il secoua la tête :
- J'espère quand même qu'il va assurer… j'ai parié trois gallions sur lui !
- Trois Gallions ? répéta Dean. Pourquoi m'as-tu emprunté douze mornilles si tu avais trois gallions ?
- Mais je ne les ai pas… Je les ai juste pariés…
Neville lui donna un coup du plat de la main sur la tête.
- Seamus ! s'indigna-t-il.
- C'est pas grave ! fit Seamus. C'est moi qui prends les paris ! Je me les devrais à moi-même… !
- Hé ! fit Dean. Tu aurais pu m'en parler ! On est associés, tout de même !
- Vous êtes deux idiots ! trancha Ginny. Si vous comptez sur mon frère pour faire fortune, vous vous trompez. Il n'a vraiment pas la tête à gagner quoi que ce soit en ce moment…
Elle se leva de table et s'arrêta entre les deux garçons. Elle mit les bras autour de leurs épaules et se pencha pour leur parler comme en confidences :
- Si j'étais vous… je retirerais vite les paris que j'aurais fait sur Ron… C'est Viktor Krum qui arbitre la partie… Croyez-moi. Ron va perdre, c'est couru d'avance.
Seamus et Dean échangèrent un regard inquiet. Ginny se mit à rire.
- Vous êtes vraiment trop bêtes, tous autant que vous êtes ! Au fait, Dean… puisque Parvati n'est plus là… tu voudrais bien aller au bal avec moi ?
Dean hésita :
- Tu n'y vas pas avec Grayson ?
- Reggie Grayson a une vie presque aussi compliquée que celle de Ron, Dean…
- Pourquoi pas ? finit par répondre Dean. Au moins, cette fois, Ron ne risquera pas de nous tomber dessus à l'improviste.
Ginny éclata de rire.
- Ca, j'en jurerais pas ! s'exclama-t-elle.
Elle leur fit un au revoir de la main et partit rejoindre ses amies de Sixième Année qui l'attendaient à la porte. Ellie McGregor fit un signe à Harry sur le seuil et elle laissa s'éloigner les filles alors qu'il se levait.
- Je te laisse le choix, lui dit-elle tandis qu'il s'approchait : On va faire un tour en attendant le début de la finale, ou on attend dans la salle des Quatre Maisons ?
- Un endroit tranquille… proposa Harry. Je voudrais négocier quelque chose avec toi…
Ellie lui lança un regard espiègle. Elle prit sa main et l'entraîna dans une salle du rez-de-chaussée. Elle l'enlaça sans lui laisser le temps de parler.
- Alors ? fit-elle. Que veux-tu négocier ? J'espère que ce n'est pas mon départ de Poudlard…
Il secoua la tête.
- Cette danse que j'ai eu l'imprudence de te promettre… On est obligé de la danser devant tout le monde ?
- Harry… Petit un, on ne revient pas sur une promesse… Petit deux, j'ai vraiment très envie de danser avec toi sous les lumières… Petit trois, ce n'est pas négociable.
- Même pas un tout petit peu ?
Il prit son regard implorant et lui fit son sourire charmeur, la serra contre lui et caressa sa joue de la sienne. Elle lui rendit un sourire attendri et se laissa embrasser doucement.
- Alors ? demanda-t-il entre deux baisers. C'est d'accord ?
- Harry… C'était bien essayé… mais non… Ceci dit, je négocierais volontiers notre après-midi… On est réellement obligés d'assister à cette stupide finale ?
- Hé bien… hésita Harry. Obligés non… sauf si tu tiens à nous fâcher à mort avec Ron, et Hermione par-dessus le marché. Elle ne nous pardonnerait jamais d'avoir fait de la peine à Ron…
Il se pencha encore sur ses lèvres. Après tout, ils avaient largement le temps, avant le début de la partie, de négocier tout ce qu'ils voulaient…
…
La porte s'ouvrit brusquement ; et se referma de même. Ellie sursauta. Harry brandit sa baguette vers l'intrus.
- Vous êtes encore là ! s'écria Crabbe largement essoufflé.
- Qu'est-ce que tu veux ? interrogea brutalement Harry.
- Je te parle pas à toi ! répondit Crabbe en essayant de se donner un air hautain, malgré un regard craintif sur la baguette.
Ellie sortit de derrière l'épaule d'Harry, où le jeune homme l'avait cantonnée.
- Qu'y a-t-il ? demanda-t-elle à Crabbe en s'avançant vers lui.
Le jeune homme sembla perdre sa contenance. Il bredouilla, s'emmêla, et se tut, très embarrassé.
Ellie fit quelques pas vers lui encore.
- Harry, commanda-t-elle, range cette baguette, veux-tu… S'il te plait, insista-t-elle comme Harry rechignait à lui obéir.
Finalement, le Gryffondor baissa sa baguette, sans la remettre dans sa poche cependant. Ellie se plaça devant Crabbe de manière à lui cacher Harry toujours sur ses gardes.
- Qu'y a-t-il ? répéta-t-elle doucement. Je ne peux plus rien pour toi. Tu le sais… ?
Un instant, Ellie craignit que Crabbe ne fût venu lui demander d'envoyer une lettre à Bulstrode. Il avait l'air assez hagard pour n'avoir pas compris le caractère définitif de l'interruption de ses relations épistolaires avec la jeune fille.
- Je ne suis pas fou… rassure toi… fit-il sèchement.
Il crispa ses traits, à se rendre plus laid que nature.
- Je suis désolée… dit Ellie.
- Tu la détestais…
- Oui… mais de là à souhaiter sa mort… Et c'est surtout pour toi que je suis désolée…
- Tu ne m'aimes pas non plus !
- C'est juste… mais je sais ce que c'est que perdre quelqu'un à qui on tient.
Crabbe baissa les yeux. Il était pâle soudain. Il jeta un œil mauvais sur Harry qui préféra reculer jusqu'au fond de la pièce, sans lâcher sa baguette toutefois. Crabbe fit un pas en avant vers Ellie. Elle ne bougea pas. Elle leva simplement la tête vers lui.
- C'est vrai, ce que m'a dit Nott ? Que le jour où nos pères sont morts, ils n'étaient pas en service commandé par le Maître ? Mais que c'était Lucius Malefoy qui les avait entraînés dans cette histoire.
- Comment le saurais-je ? demanda Ellie avec un peu de difficulté.
- Nott dit que ton frère faisait partie de la milice de l'Ordre du Phénix. Ils doivent savoir ce genre de choses…
- Mais moi je n'en fais pas partie, rappela Ellie, tendue au souvenir de cette journée pénible.
…
Elle réalisait brusquement que la pièce dans laquelle ils se trouvaient tous les trois était celle où elle s'était réfugiée ce jour-là. Les émotions revenaient à elle et elle se raisonnait pour ne pas se mettre à trembler.
- Mais… lui, il le sait peut-être… fit Crabbe avec répugnance.
Il désigna d'un signe de tête Harry au fond de la pièce. Le jeune homme était lui aussi plongé dans ses souvenirs. Il se tourna vers les deux Serpentard.
- Nott dit la vérité, énonça-t-il clairement malgré son malaise.
Il gardait à l'esprit les images grotesques de Crabbe quand Rogue lui avait annoncé la mort de son père.
- C'est Malefoy seul qui avait décidé d'attaquer la maison de ma tante ce soir-là, continua Harry. Il a menti à ses amis, ou peut-être leur a-t-il simplement fait croire qu'ils retrouveraient les faveurs de Voldemort. Ensuite, il s'est enfui quand cela a commencé à mal tourner. Il les a laissé tomber. Mon oncle est mort, ainsi que le frère d'Ellie, ton père et celui de Nott. Le père de Goyle a été fait prisonnier. Malefoy a sacrifié cinq personnes à son intérêt personnel.
…
Crabbe baissa les yeux vers Ellie.
- C'est le père de Nott qui a tué ton frère…
- Je le sais, répondit Ellen.
- A cause de lui…
Il fit un autre geste des épaules vers Harry. Ellie secoua la tête.
- Non, à cause de Malefoy, corrigea-t-elle. Les McGregor ont toujours mis un point d'honneur à ne jamais se tromper d'ennemi, Crabbe.
- Jamais ? fit Crabbe avec hésitation.
Elle hocha la tête gravement.
- C'est la devise des McGregor, admit-elle.
…
Harry s'était rapproché prudemment. Il posa sa main sur l'épaule d'Ellen.
- C'est pour cela que tu voulais me voir ? demanda celle-ci à son camarade de Maison.
Il haussa les épaules, aussi troublé que lors de son irruption dans la pièce.
- Oui… Non…
Il rougit, se mordit les lèvres, serra les poings.
- Quand… quand… Poudlard sera… attaquée… tu devras faire attention… très attention à Wilford… il doit t'amener à Malefoy et il a le droit de faire ce qu'il voudra… à condition que cela ne te tue pas… tout de suite…
Harry sentit Ellen frissonner contre lui. Il demanda :
- Et toi, qu'as-tu l'autorisation de faire ou de ne pas faire ?
Crabbe pâlit. Sa respiration se fit saccadée.
- Je… Je…
Harry le fixa intensément. Crabbe se ressaisit. C'était Potter qui était en face de lui. En d'autres circonstances, il lui aurait collé son poing dans la figure. Cette fois, cependant, il préféra battre en retraite sur un fier : « Je ne te parle pas à toi, Potter ! »
…
La porte de la classe se referma sans bruit et Ellie se retourna contre la poitrine d'Harry. Elle se blottit tout contre lui.
- Pourquoi ne nous laisse-t-on jamais tranquilles !
Harry caressait ses cheveux. Il ne lui dit pas qu'elle était avertie. Il ne lui dit pas qu'il l'avait bien dit. A la place, il chuchota dans les cheveux bruns :
- Notre ami Larry est redoutable… je n'ose pas imaginer ce qu'il adviendrait s'il se révélait contre nous tout à coup…
Pour toute réponse, Ellen se serra un peu plus contre lui. Il sentait contre sa joue et dans son cou les larmes chaudes de la jeune fille. Il songea que quelques semaines plus tôt, au même endroit, il la voyait pleurer pour la première fois. Ce jour-là, il avait su qu'elle avait gagné la partie et que tout ce qu'il pourrait faire pour s'éloigner d'elle serait vain. Et ils n'avaient pas encore fini de compter les conséquences de cette nuit de septembre où bien des vies avaient basculé.
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La main sur la rampe de l'escalier, Hermione descendait vers le premier étage, un peu préoccupée. Quand le message de Flitwick était apparu sur son bureau de préfète en chef, Ron lui avait assuré que ce n'était pas grave si le professeur n'assistait pas à la finale. Ils se passeraient de sabliers pour décompter le temps. Ce n'était pas grave non plus si Chourave et McGonagall étaient trop occupées également pour encourager les représentants de leurs Maisons. Il trouvait que son amie avait beaucoup de mérite d'avoir organisé un tel évènement malgré les circonstances et elle pouvait être certaine qu'il serait au rendez-vous, malgré tous les obstacles.
Hermione sourit en songeant au ton catégorique de Ron. Et son sourire s'effaça aussitôt. Il allait être tellement déçu… Quand elle avait laissé Ron descendre seul dans la salle des Quatre Maisons, pour se rendre elle-même chez McGonagall qui venait de la faire appeler, elle était certaine que le professeur voulait lui annoncer son absence lors de la finale.
Elle ne s'attendait pas à la nouvelle de la défection de l'adversaire de Ron. Il achevait de partir, son père était venu le chercher. Ron devait donc être déclaré vainqueur par forfait et elle n'était pas certaine qu'il appréciât la chose outre mesure. Pas dans l'état d'esprit dans lequel il se trouvait.
Et elle devait avouer qu'elle-même était fort désappointée. Elle avait mis tant de temps, d'énergie et de soin dans l'organisation de ce tournoi… Tout cela pour rien, en somme. C'était rageant, et injuste et…
…
- Hermione ?
Viktor Krum se hâtait de descendre derrière elle. Hermione jeta un regard presque désespéré vers le Hall, un tout petit palier plus bas. La Salle des Quatre Maisons était si proche. Mais elle ne pourrait s'y réfugier avant que Viktor ne l'atteignît. Il se dépêchait et elle se résolut à se tourner vers lui, un sourire crispé aux lèvres.
- Oui… ? Professeur ?
- Hermione, je voudrais te voir avant que tu partes…
- Je ne suis pas sûre de partir, Professeur…
- Hermione, hésita-t-il… Il faut que je te parle avant qu'on se retrouve chez les Weasley. Il faut que je t'explique… Je sais que nous n'avons pas eu beaucoup de temps ensemble, mais je ne peux faire comme si ces moments n'avaient jamais existé. Je veux bien t'attendre le temps qu'il faudra… je suis prêt à faire tout ce que tu voudras. Mais il faut que je sache…
Hermione s'était figée, incapable de parler ou de bouger. Et comme elle se taisait, Viktor continua :
- Je comprends combien j'ai pu te décevoir et combien…
- Non ! s'exclama alors Hermione presque malgré elle. Non ! Si quelqu'un est à blâmer ici, c'est moi…
Elle soupira. Autour d'eux, les élèves montaient et descendaient, et ils ne cachaient pas leur curiosité.
- Tu n'as rien à te reprocher, Hermione, répondit doucement Krum.
Elle sourit amèrement. Après tout, la finale était annulée, personne ne souffrirait de son retard.
- Tu as raison, Viktor, il faut que nous ayons une explication tous les deux… Mais pas ici, décida-t-elle.
- Dans mon bureau ? proposa Krum.
Elle accepta de la tête et le suivit comme il lui montrait le chemin.
…
Ils remontèrent en silence jusqu'à l'étage qui abritait le bureau du professeur de Défense contre les Forces du Mal. Sans un mot Viktor Krum présenta le fauteuil devant son bureau à Hermione et s'assit sur la chaise à côté d'elle. Ses yeux sombres la fixaient anxieusement. Elle était fébrile et tendue. Il prit ses mains et lui sourit comme pour s'excuser :
- Tu peux tout me dire, Hermione. Mais sache que je ne te fais aucun reproche. Je…
Il s'interrompit, détourna les yeux des siens et baissa la tête. Il relâcha l'étreinte de ses mains sur les doigts d'Hermione.
- Moi aussi je me dégoûte parfois…
Hermione frissonna. Elle secoua la tête car les mots à nouveau ne voulaient pas sortir d'elle. Viktor reprit :
- Comment t'en voudrais-je d'avoir cru tout ce que les journaux ont rapporté ? Comment pourrais-tu continuer à aimer un lâche et un imposteur. Aujourd'hui même, je ne suis plus rien. Je n'ai plus rien à t'offrir que l'exil et le déshonneur. C'est la charité de Dumbledore qui m'a amené ici et je n'ai accepté que parce que je savais que je t'y retrouverais. Même sans espoir. Même sans rien. J'ai tout perdu. Je n'ai même plus le droit de faire la seule chose pour laquelle je suis bon. Je suis interdit de Quidditch. Je suis prisonnier ici. Les vêtements que je porte, on me les a donné. Et pour monter sur un balai je compte sur la gentillesse d'un ancien rival. Je comprends que tu ne veuilles plus de moi…
…
Il se tut et au bout de quelques longues minutes il osa lever le regard vers Hermione. Il vit ses yeux pleins de larmes et ses mains appuyées sur sa bouche pour l'empêcher de trembler.
- Viktor… Non… Cela n'a rien à voir avec toi… C'est moi seule la fautive… je n'aurais pas du te laisser croire… Mais c'était si agréable de se laisser aimer par toi. Personne ne m'avait jamais regardée comme tu me regardais. Personne ne m'avait jamais dit tout ce que tu me disais. Je savais que je n'aurais pas du… et en même temps, tu étais si loin que je me disais que tu finirais par te rendre compte que tu n'avais fait qu'un rêve, comme moi.
Krum rapprocha sa chaise et ses genoux touchèrent ceux d'Hermione. Il reprit ses mains entre les siennes et les porta à ses lèvres.
- Mais ce n'était pas un rêve, Hermione. Je me souviens de chaque instant que j'ai passé ici. Je me souviens de chacune de tes lettres. Je les connais par cœur. Quand je t'ai revue, le premier soir où je suis arrivé à Poudlard… J'ai su que tous mes efforts pour t'oublier avaient été vains. Je comprends, qu'après ce qui t'est arrivé, tu aies perdu toute ta confiance en toi. Je comprends que tu aies été bouleversée. Je ressens la même chose aujourd'hui. Mais malgré tout je suis toujours le même…
- Viktor ! répéta Hermione dans une prière douloureuse. Non… Tu ne comprends pas… Et tu as tort. Nous avons tous changé. Nous ne sommes plus les mêmes qu'il y a quatre ans. Ou même deux ans en arrière. Et tu le sais…
- Alors je ferai tout pour redevenir digne de toi et même davantage encore...
…
Hermione ferma les yeux et les larmes coulèrent toutes seules.
- Il ne s'agit pas de cela, Viktor… Je sais bien quel homme tu es. Et je sais que tu n'es ni lâche ni fourbe. Et il ne me viendrait pas à l'idée de me détourner de toi parce que tu n'as plus les faveurs du public ou de la presse. Je sais que tu n'es pas heureux de ce qui arrive. Et je sais aussi que je suis en partie responsable de ta peine. Pourtant, Dieu m'est témoin que te faire du mal est bien la dernière chose que je souhaite.
Elle s'interrompit pour renifler. Il la regardait intensément.
- Tu ne me méprises pas ? demanda-t-il avec appréhension.
- Pourquoi te mépriserai-je ? demanda à son tour Hermione sans pouvoir davantage retenir ses larmes.
Il essuya ses joues doucement de ses doigts et ramena les cheveux en bataille de la jeune fille en arrière.
- Si tu savais ce que j'ai du me résoudre à faire… murmura-t-il. Et pourtant ce qui m'a fait le plus de mal, ça a été de brûler tes lettres et tes photos pour ne pas qu'ils les trouvent. J'avais l'impression que mon cœur se consumait en même temps. Je me détestais. Je n'avais que ton image dans ma mémoire pour ne pas devenir fou chaque fois que… Et cela aussi c'était une torture parce que t'associer à ces forfaits c'était salir tout ce que nous avions vécu ensemble.
Hermione étouffa un sanglot. Elle leva la main vers la bouche de Viktor pour le faire taire. Il embrassa les doigts et les tint entre ses mains.
- Tu as du tellement souffrir quand tu as appris que j'avais trahi toutes mes promesses. J'ai bien vu que depuis lundi soir tu m'évites encore plus. Je sais que tu n'étais pas là et c'est pour cela que j'ai pu parler comme je l'ai fait. Mais je sais qu'on a du te répéter tout ce que j'ai pu dire. Je veux seulement que tu saches que c'était la peur qui me faisait obéir et seul l'espoir chimérique de te revoir qui me gardait sur le chemin de la raison.
…
Hermione pleurait sans retenue à présent. Elle avait mal, et elle allait lui faire encore plus mal qu'il n'avait déjà souffert. Mais les sanglots étouffaient les paroles au fond de sa gorge. Elle perdait la confiance de Ron et elle allait aussi perdre l'amitié de Viktor. Et tout n'était que sa faute à elle.
§§§§§§§§§§§
La salle des Quatre Maisons commençait à se remplir de monde. Les spectateurs prenaient place. Ron était légèrement nerveux. Personne n'était arrivé. Ni Krum qui devait arbitrer, ni son adversaire, ni Hermione qui lui avait pourtant assuré qu'elle n'en avait pas pour longtemps.
- Mais où est Hermione ? demanda-t-il pour la dixième fois en deux minutes.
Harry haussa les épaules et Ellen marmonna qu'elle n'en avait pas plus d'idée que cinq secondes auparavant.
…
Ron scruta la salle. Neville et Luna leur firent signe au dernier rang des chaises disposées pour l'assistance. Au premier plan, Dean, Seamus, Lavande et quelques filles Deuxième Année lui déclarèrent un soutien sans condition, ce qui le rendit encore plus anxieux qu'il ne l'était déjà.
- Mais où est Hermione ? Elle m'avait dit qu'elle arrivait tout de suite ! grommela Ron.
Il saisit le bras d'Harry et le serra à lui faire mal.
- Vous ne croyez pas que… Malefoy… ? s'inquiéta-t-il.
- Mais non… répondit Ellie d'une voix mal assurée… Malefoy ne peut rien faire sans être surveillé…
Harry ne dit rien. Il fit d'abord lâcher son bras à Ron.
….
- Vous attendez Granger ?
Ron se retourna vivement vers Jezebel Dawson.
-Pourquoi ? Tu sais où elle est ?
- Maintenant je l'ignore, mais quand je descendais pour venir ici, elle était en train de parler avec le Professeur Krum dans les escaliers… C'était juste avant qu'ils ne partent tous les deux vers les étages…
- Vers le bureau de Krum ? demanda Ron d'une voix blanche.
- C'est possible, répondit Dawson avec un sourire compatissant.
Ron bondit vers la porte. Ellen attrapa le bras de la délatrice de service, tout en ordonnant à Harry :
- Arrête-le avant qu'il fasse quelque chose qu'il va regretter !
Harry bondit sur les pas de Ron et Ellen se tourna vers la jeune fille de Deuxième Année
- Dawson, toi et moi, faut qu'on cause….
….
Harry courut à perdre haleine. Il avait beau se dépêcher et se précipiter dans les passages secrets, Ron avait plusieurs longueurs d'avance. On aurait dit qu'il avait des ailes.
Enfin, Harry atteignit le deuxième étage. Il vit Ron lever le poing contre la porte du bureau de Viktor du fond du couloir. Il cria le nom de son ami, essoufflé, et Ron baissa le bras. Une seconde, Harry profita du répit pour reprendre son souffle. Il le regretta aussitôt. Ron avait peut-être renoncé à frapper à la porte, mais pas à entrer dans la pièce.
§§§§§§§§§§§§§§
- Je suis tellement désolé, Hermione. Tu ne dois pas pleurer à cause de moi… dit Viktor en caressant doucement les joues baignées de larmes de la jeune fille.
Elle éclata de rire, ou en sanglots. Cela revenait au même. Ce n'était qu'un moyen de cacher la douleur dans son cœur qui la laissait sans force, sans mot, l'esprit vide.
- Il ne faut pas pleurer à cause de moi… répétait Viktor sur un ton proche de la panique.
Il la tenait contre lui, un peu désemparé d'avoir provoqué une telle réaction. Il ne faut pas pleurer… répétait-il. Mais il semblait que ces quelques mots de consolation eussent l'effet contraire à celui désiré.
…
Puis la porte s'ouvrit brusquement et un tourbillon roux s'engouffra dans le bureau. Hermione cria :
- Ron ! Non ! Ce n'est pas…
Elle fut arrachée des bras de Viktor avant de terminer sa phrase. Et le poing de Ron Weasley s'abattit sur le nez de Krum.
…
La douleur dans le poing de Ron le ramena à la réalité au moment où Harry arrivait à la porte, essoufflé. Hermione était par terre ; Viktor était à demi allongé sur le bureau les mains sur le visage.
- Ho ! Ron ! Bon sang ! jura Harry, consterné.
Il se précipita vers Hermione pour l'aider à se relever. Elle s'accrocha à lui, un peu hagarde. Ses yeux étaient rouges d'avoir pleuré.
Viktor se redressait lentement et découvrait son nez et sa bouche en sang. Son regard interdit allait de Ron à Hermione et de Hermione à Ron.
- J'ai essayé de te le dire, Viktor… se remit à pleurer Hermione. J'ai essayé… Mais tu ne m'as pas écoutée…
Ron voyait le visage ensanglanté de Krum, les yeux rouges d'Hermione et la tête catastrophée de Harry. Il fit un pas en arrière avant de tourner les talons et de détaller dans le couloir.
Hermione courut à la porte. Elle l'appela, mais il ne se retourna pas.
…
Harry proposait son mouchoir à Viktor qui le prit pour tamponner son nez.
- Je suis navrée, Viktor, murmura Hermione. Je ne voulais vraiment pas que cela se passe ainsi…
Viktor eut un sourire triste.
- Non… C'est moi qui n'ai pas voulu comprendre…
Il rendit son mouchoir ensanglanté à Harry.
- Je vais dire à Dumbledore que je ne reprendrai pas mon poste après les vacances.
- Non ! s'écrièrent ensemble Harry et Hermione.
Elle détourna les yeux. Harry fit un pas vers Viktor.
- Tu ne peux pas faire ça ! dit-il. Où irais-tu ? Tu es en danger hors de Poudlard… Je suis sûr que Ron est tout aussi désolé que vous deux et qu'il ne sait pas comment réparer son erreur.
Hermione secoua la tête.
- C'est ma faute… murmura-t-elle toujours devant la porte.
Harry la poussa vers l'extérieur.
- Va le trouver.
- Mais tu as bien vu… Il n'a pas voulu m'écouter…
- Tu connais Ron comme moi, si ce n'est mieux, Hermione… Tu trouveras à le convaincre…
Il mit la jeune fille dehors et referma la porte en soupirant.
Il se tourna vers Krum :
- Et elle devra le convaincre de quoi ? demanda-t-il.
Viktor fit une grimace douloureuse.
- Il fait aussi mal qu'un Cognard, dit-il.
Puis il ramassa la chaise renversée et ramena à sa place, d'un coup de baguette, tout ce qui avait glissé de son bureau.
…
Harry se rendit compte que la pièce était vide. Il se souvenait de l'encombrement des lieux lorsque Lockhart était professeur de Défense contre les Forces du Mal. De tous ces portraits auto-satisfaits. Des livres empilés et des tonnes de lettres de fans… Quand Maugrey occupait le bureau – quand Croupton Jr occupait le bureau… il y avait tout pleins d'objets insolites. Et les tentures rose bonbon d'Ombrage, ses bibelots, et ses ramasse-poussière… Et quand Remus…
….
La pièce était vide. Juste quelques livres sur les étagères. Des livres de la Bibliothèque, il les reconnaissait à leur indexage. Des copies à corriger sur le bureau et deux plumes près de l'encrier.
La robe noire que Viktor portait était élimée aux manches et au col. Il remarqua les traces anciennes d'un blason qu'on aurait décousu, sur la poitrine.
- Ca va aller ? demanda-t-il maladroitement.
Krum hocha la tête et laissa retomber ses bras le long de son corps.
- Avant que tout ceci n'arrive, dit-il avec un geste large du bras… une amie de ma mère, qui lit dans les feuilles de thé, m'a prédit qu'avant la fin de la Grande Nuit de Yule j'aurai tout perdu… Hermione était le seul espoir qui me restait.
- Ce n'est pas vrai ! se récria Harry. Je sais que tout te semble noir à présent, mais… mais je suis sûr que tout va s'arranger bientôt pour toi. Tu ne resteras pas longtemps prisonnier de ce château, je te l'assure.
Viktor esquissa un sourire qui finit en grimace.
- Ça ira, Harry. Ce n'est pas la première fois que je reçois des coups dans la tête tu sais…
…
Il se mit à ranger son bureau, ce qui fut vite fait malgré la lenteur de ses mouvements.
- Tu n'as pas vraiment l'intention de démissionner… insista Harry.
Viktor haussa les épaules.
- Trop de choses ont changé… soupira-t-il. Bien plus que je ne le croyais quand je suis arrivé. J'ai cru que je pourrais effacer ces mois de désordre... J'espérais… Je ne sais ce que j'espérais… J'avais tellement envie d'oublier… J'espérais qu'ici au moins…
- Tu as cru que tu pouvais revenir en arrière… Tu espérais que tu pourrais faire comme si tout était comme avant…
Viktor hocha la tête sans rien dire. Il leva ses yeux tristes vers Harry.
- Tu sais… reprit Harry avec une hésitation. On voudrait tous pouvoir faire comme si rien n'était arrivé… Mais même la magie n'y peut rien…
Viktor soupira :
- A cause de moi deux personnes que j'aime beaucoup sont malheureuses…
Il s'approcha d'Harry et lui serra la main.
- Merci, dit-il, pour ce que tu essaies de faire. Je suis heureux de te compter parmi mes amis. Et en cela, je sais que je ne m'aveugle pas cette fois…
Il le poussa doucement vers la porte.
- Je devais arbitrer la rencontre de cet après midi, mais je ne peux me montrer ainsi, n'est-ce pas…
Il désigna sa lèvre meurtrie qui enflait déjà.
- Tu m'excuseras auprès de tout le monde… Tu voudras leur dire que je ne me sens pas très bien… La grippe, sans doute… Peux-tu mentir pour moi ?
Harry acquiesça dans une grimace et sortit de la pièce, un vague malaise au cœur.
…
Dans la salle des Quatre Maisons l'assistance s'impatientait. Ni l'arbitre, ni l'organisatrice, ni –ce qui était un comble- les finalistes n'étaient encore arrivés.
Ellen attendait Harry pour avoir des nouvelles. Neville et Luna s'inquiétaient avec elle. Ils se précipitèrent vers le jeune homme dès qu'il mit le pied dans la salle.
- Qu'a fait Weasley ? demanda Ellen.
- Pourquoi personne n'est-il là ? questionna Neville.
- Bonjour, Harry, sourit Luna.
Harry ne répondit pas : trop de monde écoutait. Il fit une grimace. La finale du Tournoi d'Echecs de l'année était bien compromise semblait-il. Ernie McMillan se rua dans la pièce pour confirmer cette impression.
- Qu'est-ce que vous faites tous là ? s'exclama-t-il. Stevens vient de partir, la partie est annulée…
Il y eut un murmure contrarié. Dawson fit remarquer à haute voix, alors qu'elle passait près d'Harry, que Granger aurait au moins pu venir les prévenir.
- Te plains pas, Dawson ! l'interrompit Ellie. Tu auras plus de temps pour te préparer pour le bal et ce sera pas du luxe.
Beaucoup quittaient la salle pour suivre le conseil d'Ellie. Neville se tourna vers Luna pour lui demander si elle avait une idée pour occuper l'après midi à présent que leur emploi du temps se voyait bouleversé. Harry interrogea Ellen du regard.
- Si on allait faire un tour ? proposa-t-elle. J'en ai assez de l'enthousiasme débordant de tout le monde ! J'ai besoin de prendre l'air…
Harry lui donna rendez-vous dans le Hall. Ils partirent chacun dans leurs quartiers pour aller chercher leur manteau.
…
Harry prit les raccourcis jusqu'au passage secret qui menait devant le portrait de la Grosse Dame. Avec un peu de chance, il saurait aussi où en étaient Ron et Hermione.
Manifestement, ils ne se trouvaient pas dans leur salle commune. Harry monta l'escalier du dortoir avec circonspection. Il frappa à la porte, hésitant. La voix de Ron lui répondit d'entrer. Harry passa la tête à la porte :
- Tu es seul ? demanda-t-il.
- Avec qui voudrais-tu que je sois ? grogna Ron.
Harry entra et referma la porte derrière lui. Il observa un instant son ami jeter ses vêtements dans sa valise.
- Qu'est ce que tu fais ? s'étonna-t-il.
- Ça se voit, non ? Je fais mes valises….
- Mais pourquoi ?
- Harry ! l'interrompit Ron sur un ton sec. J'ai frappé un professeur ! Que crois-tu qu'il va arriver ?
- Ron, tu te trompes… Il ne te dénoncera pas…
Ron haussa les épaules. Il roula en boule la robe qu'il devait porter pour le bal et l'enfonça dans la valise d'un coup de poing rageur.
- Il aurait tort de s'en priver, ricana-t-il. De toutes façons, ça n'a plus d'importance. Je n'ai pas seulement frappé Krum, j'ai aussi levé la main sur Hermione. Comment veux-tu qu'elle me le pardonne ?
- Je ne comprends pas Ron… Elle ne t'a rien dit ?
- Qui ?
- Hermione ! précisa Harry avec un brin d'agacement. Elle était bouleversée, c'est vrai, surtout quand tu ne lui as pas répondu quand elle t'a appelé.
Ron ferma la valise d'un geste farouche.
- Je ne l'ai pas entendue…
- Elle devait te rejoindre pour te parler et t'expliquer…
- Il n'y a rien à expliquer, interrompit Ron. Elle était dans ses bras quand je suis entré. Elle m'a dit : Ron, ce n'est pas ce que tu crois… Mais je ne l'ai pas laissée finir et je n'ai vu qu'après qu'elle pleurait. J'étais… je ne sais… J'ai vu rouge. Je l'ai poussée. Elle est tombée et j'ai frappé Viktor. Voilà. C'est tout simple.
Il renonça à essayer de fermer sa valise qui débordait. Il se tourna vers Harry. Il était pâle, mais sa voix ni ses mains ne tremblaient. Harry ne l'avait jamais vu ainsi, aussi déterminé et lucide.
- Je vais me faire renvoyer, reprit Ron. Ma mère va me tuer. Deux fois même ! Mais ce qui me désole vraiment, c'est que je ne pourrais pas être près de toi comme je te l'avais promis… parce que même si tu m'appelles, je ne pourrais pas venir. Parce qu'on ne peut pas…
- Transplaner à Poudlard, sourit Harry.
Il s'avança vers son ami.
- Ecoute-moi, Ron. Tout n'est pas perdu. Il faut que tu règles ça avec Hermione, voilà tout… Tu es certain qu'elle n'est pas venue et que tu ne l'as pas renvoyée ?
- Elle n'est pas venue ! assura Ron.
- Si ça se trouve elle se cache dans son bureau parce qu'elle s'imagine que tu ne veux plus d'elle. Ce ne serait pas étonnant d'elle ça !
- Oui, admit Ron. Ou alors, elle a renoncé à me parler.
- Alors c'est à toi d'aller la trouver…
Ron se retourna vers son bureau et commença à remplir son sac avec ses affaires scolaires, lentement.
- Ron ! insista Harry. Tu as vraiment l'intention de la laisser t'échapper ainsi ? C'était un malentendu… Un simple mais énorme malentendu… Tu ne vas pas te laisser faire par un malentendu ? Avoue que ce serait stupide…
Ron releva la tête.
- Mais ce serait tellement peu surprenant de moi ça… fit-il.
Harry préféra ne rien ajouter. Il prit son manteau dans son armoire et se dirigea vers la sortie du dortoir. Il se retourna sur le seuil mais garda pour lui les paroles qu'il allait prononcer. Ron était assis sur son lit. Il faisait tourner entre ses doigts la bague de fiançailles des Weasley et il ne vit ni n'entendit sortir Harry.
…
Harry descendit vers le Hall où Ellen devait l'attendre. Elle était déjà là, en effet, et l'interrogea d'un signe de tête. Harry mit son manteau sur ses épaules et ils sortirent dans le parc.
Il faisait déjà sombre et le ciel était couvert. La nuit ne tarderait pas à obscurcir la fin de l'après midi. Une brume opaque montait du lac. Le parc semblait figé dans l'air gelé. La voix d'Harry résonnait, tendue, dans le silence, alors qu'il racontait à Ellen ce qui s'était passé dans le bureau de Krum. Avant la grande nuit de Yule, avait dit Viktor… Il semblait qu'il n'était pas le seul pour qui l'échéance de Yule fût un dénouement.
§§§§§§§§§§§§§§
Ron contemplait la bague des Weasley sans la voir. Ça ne servait pas à grand-chose de rester là à attendre que le temps passât. Peut-être Harry avait-il raison, en fin de compte… Après tout, il ne se débrouillait pas si mal que cela avec son Ellie. Et pourtant, ce n'était pas facile, une Serpentard.
…
Pourquoi fallait-il qu'il gâchât toujours tout ? Sa mère allait le tuer… C'était certain ! même s'il ne se faisait pas renvoyer, quand elle saurait qu'il avait osé frapper Viktor… Elle allait le transformer en paillasson et ordonnerait à toute la maisonnée de s'essuyer les pieds sur lui quinze fois par jour… Et encore… ça ce n'était que le bon coté des choses. Mais Hermione… la perdre ainsi, c'était la pire des choses qu'il aurait pu imaginer… Et pourtant son imagination fonctionnait plutôt bien dans cette optique.
….
Il se leva. Il ne pouvait pas rester ainsi. Il ne voulait pas revivre les mêmes moments pénibles que l'année précédente. Il mit la bague dans sa poche et serra ses doigts dessus.
Il traversa la salle commune sans voir personne. Il marcha d'un pas décidé au travers des couloirs et se retrouva devant le bureau de la Préfète en Chef. Il frappa.
…
Derrière lui, Ernie, assis sur le bureau d'Hannah avait cessé de parler à la jeune fille ainsi qu'à deux ou trois préfets de Poufsouffle et Serdaigle. Ron allait retenter sa chance, le cœur battant la chamade, quand l'un d'eux l'interpella.
- Elle n'est pas là. Je voulais lui parler aussi, et elle ne m'a pas répondu.
- Elle ne veut peut-être pas être dérangée… essaya Ron.
- Hermione répond toujours quand on frappe à sa porte, rappela Hannah. Et tu sais comme moi qu'elle aurait mis un écriteau à sa porte si elle était occupée.
- Je l'ai vue descendre juste après toi, il y a une heure environ, fit le préfet de Serdaigle. Ida était avec moi… Pas vrai, Ida ?
Ida hocha la tête.
- Si Hermione était revenue, elle l'aurait vue… n'est-ce pas Ida ? reprit le Serdaigle. Tu es revenue peu avant que je ne redescende…
- Oui, fit la fille. C'est plus tranquille pour travailler ici… Enfin… d'habitude !
Elle jeta un regard en coin à Ernie et Hannah avant de lever les yeux au ciel. Le préfet de Serdaigle pouffa.
…
La main fermée sur la bague dans sa poche, Ron repartit. Il n'y avait qu'un seul endroit où pouvait être Hermione. A moins qu'elle ne fût dans son dortoir… Et là… elle serait inaccessible. Pour lui en tous cas… Le meilleur moyen de savoir où elle se cachait était encore de vérifier sur la Carte d'Harry. Il descendit jusqu'au deuxième étage. Cette fois, on ne pourrait pas lui reprocher de n'avoir pas fait son possible…
Il passa devant les toilettes des filles, fit un pas de côté pour éviter la flaque d'eau qui coulait de dessous la porte, et pestait contre Mimi Geignarde lorsqu'il glissa sur quelque chose, manquant tomber de tout son long. Il se baissa pour ramasser ce qui avait failli le mettre au tapis et reçut un coup de poing en plein visage.
…
Il souleva lentement la chaîne d'argent au bout de laquelle se balançait un médaillon à moitié écrasé. Un instant, il refusa d'y croire. Il ne pouvait s'agir de celui d'Hermione. Pas ici. Pas devant les toilettes. Pas jeté pour être foulé aux pieds par tous ces gens indifférents. Il essaya d'ouvrir le médaillon. Ce ne pouvait être sa photo qu'il allait découvrir. Ses ongles glissaient sans trouver l'ouverture. Le fermoir était tordu. Ses mains tremblaient. Il sortit sa baguette et murmura «Alohomora ». Mais le médaillon resta fermé.
Il calma son cœur qui s'emballait. Il prit une profonde inspiration et souffla :
- Reparo…
Le fermoir reprit sa position normale et, du bout des doigts, Ron entrouvrit le médaillon. Il le referma presque aussitôt en même temps que ses paupières. Il songea une fois de plus qu'il n'avait jamais eu l'air plus bête que sur cette photo. Sauf peut-être à présent. C'était étrange. Il ne ressentait rien. Ni tristesse, ni colère. Ce n'était qu'un grand vide au fond de lui. Il tourna les talons.
§§§§§§§§§§§§§§
- A quoi penses-tu ? demanda Ellen au bout d'un long moment de silence.
Elle se serra contre Harry. Il faisait froid. L'air qu'ils respiraient était glacé. Harry soupira.
- Je pense que Ron aura réussi à se gâcher le bal de Noël une fois de plus… murmura-t-il.
- Ho ! fit Ellie sur un ton légèrement moqueur.
Elle ne dit rien immédiatement, car ils arrivaient devant la porte de la cabane d'Hagrid. Ils toquèrent à la porte, malgré l'absence de lumières à l'intérieur. Ils n'entendirent ni les grondements paresseux de Crockdur, ni les jappements joyeux de Titan. Ils rebroussèrent chemin, décidés à revenir au château.
§§§§§§§§§§§§§§§
Ron ne prit pas le raccourci vers les quartiers de Gryffondor. Il descendit vers la salle des Quatre Maisons. Il avait besoin de bruit et d'agitation. Il entra dans la salle commune. Quelqu'un le félicita. Il ne sut même pas pourquoi. Il suivit d'un regard vide le geste du garçon qui montrait le parchemin sur le mur. Il entendit vaguement que Flitwick était passé de manière impromptue pour voir où en était la partie et qu'à l'annonce du forfait de Stevens il avait déclaré Ron vainqueur et avait inscrit son nom – Ronald Bilius Weasley, Septième Année, Gryffondor- sur le parchemin dédié au Tournoi d'Echecs.
…
Il avait totalement oublié le Tournoi. Il avait gagné. La belle affaire. Malheureux en amour, heureux aux jeux, lui avait dit Harry l'année précédente. Et dire qu'il avait décidé de n'être plus superstitieux… De toutes façons, c'était toujours pareil. Quand il gagnait c'était toujours par défaut. Même avec Hermione. Non, avec Hermione, il avait perdu.
Il s'éloigna vers le fond de la salle et se laissa tomber dans un fauteuil. Il n'avait jamais eu aussi mal. Même quand il avait cru la perdre dans les souterrains. Même quand elle avait failli mourir à cause du sortilège de cette raclure de Bellatrix Lestrange. Même quand elle refusait de lui parler. Même quand elle refusait de comprendre…
Tout ce temps perdu… Il savait qu'il ratait tout ce qu'il entreprenait. Mais fallait-il qu'il fît du zèle à ce point ?
…
- Hé ! Ron !
Ron se tassa un peu plus dans son fauteuil. Pas Finnigan ! N'importe qui mais pas lui !
- Hé ! Ron ? Ca va ? Tu es tout pâle…
Seamus baissa les yeux vers la main de Ron qui tenait toujours le pendentif entre ses doigts comme un pendule.
- C'est joli, dit-il. C'est pour Hermione ?
Ron pâlit un peu plus. Seamus se mit à rire.
- C'est dommage qu'il soit cassé…
Ron ouvrit la bouche pour répondre qu'il l'avait réparé. Mais il s'aperçut que Seamus montrait le bout de la chaîne. Elle n'était pas détachée comme il l'avait cru dans son affolement. L'un des anneaux était cassé. Elle avait du tirer dessus avec tant de rage…
- Ce n'est pas grave, continuait Seamus en riant. Ca se répare… Dis donc… Tu peux me dire pourquoi tes valises sont prêtes ? Tu vas pas nous lâcher au dernier moment, hein ?
Ron se leva brusquement.
- Pourquoi ? fit-il avec agressivité. Tu crois que je ne suis pas capable d'autre chose, toi aussi ?
…
Il laissa Seamus médusé se demander ce qu'il avait encore bien pu dire. Il sortit dans le couloir du rez-de-chaussée dans un état de fièvre qu'il n'était pas sûr de pouvoir maîtriser. Tout tournait dans sa tête. Les exhortations et les assurances d'Harry. Le malaise qu'il ressentait encore lorsqu'il revoyait la scène dans le bureau de Krum. Les voix de ses camarades tourbillonnaient dans sa tête. Il remonta vers le deuxième étage. Un jour – et il savait fort bien lequel- Neville lui avait dit qu'Hermione devait se cacher dans les toilettes des filles pour qu'il la trouvât plus facilement. Peut-être y était-elle encore. Il se mit à courir, un espoir fou dans la poitrine et une petite voix derrière la tête qui lui soufflait de faire vite.
§§§§§§§§§§§§§
Harry et Ellen prirent le chemin des jardins. Cette promenade n'avait pas allégé leur cœur, bien au contraire. Ellie s'accrocha au bras d'Harry. Le vent s'était levé. Il était glacial. Il s'engouffrait entre les galeries des jardins dans un hurlement lugubre. Les deux jeunes gens hâtèrent le pas, sans s'en rendre compte. Ils se précipitèrent dans le corridor couvert qui menait au grand Hall. A l'abri du vent, ils restèrent un instant à reprendre leur souffle avant de se retrouver dans la foule, la lumière et le bruit.
- Il va pleuvoir… dit Harry.
- On dirait… murmura Ellie. J'aimerais mieux qu'il neige…
Harry sourit. Il écarta une mèche de cheveux bruns du visage d'Ellen.
- Tu n'oublieras pas de porter ta broche… chuchota-t-il à son oreille.
Elle l'embrassa en guise de réponse. Il la retint dans ses bras. L'ombre les enveloppait. Elle gagnait peu à peu, minute après minute.
Harry tenait Ellen serrée contre lui. Il l'embrassa encore. Et encore. Et encore.
Elle se mit à rire doucement.
- Quand je pense que tu voulais me laisser tomber la veille du bal de Noël…
…
Harry cacha son visage dans la chevelure de la jeune fille.
- Pourquoi tout tourne-t-il si mal, Nell ?
- Ce n'est pas ta faute, Harry… Rentrons… Il fait trop froid et… j'ai peur de l'obscurité.
Elle regarda furtivement par-dessus son épaule, dans un frisson.
…
Harry l'entraîna vers la porte. Il ressentait le même malaise. Un point au cœur, un sentiment d'échec. Il revoyait Krum défait, Hermione en pleurs, et Ron résolu à tout laisser tomber. Il sentait la main gantée d'Ellen glisser dans la sienne. Tout ce qu'on lui avait raconté sur le pouvoir de l'amour n'était que mensonge.
Il mit la main sur la poignée de la porte et la poussa vers le Hall. Il rattrapa la main d'Ellie et fit entrer la jeune fille la première dans la chaleur du château. Il pénétra à son tour sous la lumière du grand lustre et ses pensées amères desserrèrent leur étau de son cœur.
…
Ellie lui sourit alors qu'elle retirait ses gants et son bonnet.
- On est bien mieux ici ! s'exclama-t-elle. J'ai même cru un moment qu'on était entourés de Détraqueurs !
Harry ne put lui répondre qu'il avait songé à la même chose. Un bruit de clés qu'on secouait lui fit tourner la tête vers le centre de l'entrée. Rusard s'avançait vers eux, l'œil inquisiteur.
- Vous tombez bien vous deux ! grogna-t-il. Un peu plus et je vous enfermais dehors. Ç'aurait été drôle, hein, Potter ?
- Je croyais que la fermeture des portes n'intervenait que pendant le repas… s'étonna Ellie.
Rusard prit un air important.
- Il faudrait peut-être que vous pensiez davantage à vos devoirs de préfète qu'au… reste ! fit-il sur un ton sarcastique. Le Directeur a dit : A la nuit tombante. Je ferme à la nuit tombante !
- Avec un peu d'avance, Monsieur Rusard, fit remarquer Ellie, avec un sourire ironique. Peut-être espériez-vous coincer dehors quelques retardataires, qui n'auraient pas eu l'esprit d'aller frapper chez le Professeur Hagrid pour qu'il leur ouvre la porte ?
- Encore faudrait-il que le Professeur Hagrid, renifla Rusard avec dédain, soit à même de la leur ouvrir !
- Est-ce que cela veut dire que les départs de l'école sont suspendus ? questionna Harry avec espoir avant de songer que si Arthur Weasley venait chercher Ron et Ginny, il ne passerait certainement pas par la grande porte.
Rusard cependant répondait à sa question.
- En effet, plus personne ne quitte l'école avant demain matin. A présent, veuillez débarrasser le plancher, jeunes vauriens. Vous m'empêchez de faire mon travail.
Il s'avança avec importance vers la petite porte, son trousseau de clés à la main. Harry et Ellie s'écartèrent.
- On est rentrés juste à temps, fit remarquer Harry.
- Oui, fit Ellen sur un ton chagrin. Mais j'ai trouvé notre promenade bien courte et je n'ai pas envie de me retrouver avec tout un tas de monde autour de nous…
- Tu veux qu'on monte au labo d'Hermione ? chuchota Harry.
- C'est un endroit beaucoup trop fréquenté à mon goût… refusa Ellie.
- Une salle de classe alors ? proposa Harry en l'entraînant déjà vers les escaliers.
- Pour se faire surprendre par Crabbe encore une fois ? Non merci…
Elle le retint des deux mains dans le Hall, une lueur soudaine au fond des yeux…
- Je crois que j'ai l'endroit idéal… Viens…
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Ron cogna de l'épaule contre la porte des toilettes des filles du deuxième étage. Il reprit son souffle avant de l'ouvrir dans un geste fébrile. La première des choses qu'il vit lui glaça le sang. Son cœur monta à ses lèvres. Il fut pris d'un tremblement incontrôlé. Ca recommençait ! lui susurrait cette petite voix qu'il voulait faire taire depuis qu'il avait quitté la salle des Quatre Maisons.
Couchée sur le côté, aussi raide que la justice, Miss Teigne gisait dans une flaque d'eau sale. Ron s'approcha, le cœur au bord des lèvres. Il s'accroupit et avança la main vers la fourrure pelée.
- Il est crevé…
Ron sursauta. Il renonça à toucher Miss Teigne, même du bout des doigts. Il leva les yeux vers Mimi Geignarde qui flottait devant lui, une moue dégoûtée sur ses lèvres boudeuses.
- Tout le monde s'en fiche de Mimi Geignarde ! pleurnicha-t-elle. On vient lui jeter des chats crevés dans ses toilettes ! C'est pas grave ! Ca lui tiendra compagnie !
- Tu as vu qui a fait cela ?demanda Ron, la bouche sèche.
Mimi secoua la tête, renfrognée.
- Un fantôme… Un fantôme avec une baguette… Enfin, je crois… La porte s'est ouverte, mais personne n'est entré…
- Les fantômes n'ouvrent pas les portes pour entrer, Mimi… soupira Ron.
Il se releva, car il savait qu'il ne tirerait rien de cohérent du spectre capricieux. Il devrait éclaircir ce mystère tout seul. La vieille chatte n'était pas seulement pétrifiée cette fois, bien qu'elle n'eût sur le corps aucune trace de blessure.
…
Son cœur se serra soudain à lui faire mal. Il se retourna vers Mimi :
- Des chats crevés, as-tu dit ?
- Oui ! fit Mimi d'un air féroce. Comme si ce vieux débris ne suffisait pas !
Ron se précipita derrière les lavabos que Mimi lui désignait d'un air écoeuré.
….
Un autre corps gisait sur le sol. Ron courut vers Pattenrond et s'aperçut avec soulagement qu'il était vivant encore, mais aussi flasque que Miss Teigne était roide. Le chat gémit quand Ron voulut le soulever. Son regard doré se fit suppliant. Un miaulement aigre lui échappa.
- Hermione ? murmura Ron. Elle était là ?
Il était stupide… Interroger un chat… C'était encore plus idiot que d'essayer de faire la conversation à Mimi Geignarde. Il essaya de réfléchir rationnellement. Non… Bien sûr que non ! Hermione n'était pas entrée dans les toilettes. Mimi le lui aurait dit – elle l'aurait laissé échapper du moins… Et le pendentif se serait trouvé à l'intérieur et non à l'extérieur…
Les yeux de Pattenrond le fixaient intensément. Pattenrond… Miss Teigne… que Rusard avait collée aux basques de Malefoy…
- Malefoy ! souffla-t-il.
Pattenrond ferma les yeux. Ron le reposa un peu plus loin, au sec.
- Je reviens… murmurait-il fébrilement. Je reviens. Je vais chercher Hermione et je reviens…
Il fourra le pendentif dans une poche et saisit sa baguette dans l'autre.
- Hé ! fit Mimi Geignarde. Tu pourrais emmener tes chats crevés avec toi ! Qu'est-ce que tu veux que j'en fasse, moi ?
…
Ron surgit hors des toilettes et fonça droit vers la porte du laboratoire. Si Hermione n'y était pas, il saurait où la trouver grâce à la carte.
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Ellen prit le chemin du couloir du rez-de-chaussée, obligeant Harry à la suivre. Ils passèrent devant la salle des Quatre Maisons sans s'arrêter. Ils poursuivirent leur route jusqu'après la salle des professeurs. Ellen s'arrêta devant une porte, l'ouvrit, poussa Harry dans l'ombre de la pièce.
- Professeur Firenze ? appela-t-elle alors qu'elle faisait de la lumière avec sa baguette.
Harry reconnut la classe du Centaure. Il y faisait bon, avec juste un peu d'humidité due à la présence des plantes. Dehors, il faisait noir et les nuages s'amoncelaient dans le ciel. On ne voyait rien du parc qui pourtant s'étendait devant les baies vitrées.
- Professeur ? répéta Ellen avant de se tourner vers Harry. C'est bien ce que je pensais, il n'est pas là… Ce soir, tous les Centaures seront occupés à observer au ciel le moindre signe de ce que sera l'année qui vient…
…
Elle ôta ses gants et les fourra dans la poche de son manteau avant de prendre la main d'Harry pour le faire avancer vers les arbres immobiles.
- Ce n'est pas vraiment la Forêt Interdite, mais on y gagne plutôt au change, non ?
Elle fit baisser la lumière de sa baguette avant de la ranger dans sa poche. Puis elle leva les bras vers Harry en murmurant qu'il ne viendrait jamais à l'idée de personne d'aller les chercher dans cet endroit.
Je vous souhaite à tous de bonnes vacances, pour ceux que cela concerne.
D'excellentes Fêtes de Fin d'Année
Un Joyeux Noël pour ceux que cela concerne aussi.
Et pour tous, je voudrais juste rappeler ceci :
Le 21 décembre est le jour du solstice d'Hiver, le jour le plus sombre, la nuit la plus longue...
Et pourtant, c'est la fête de la Lumière... La célébration du Soleil qui renaît...
Quelle idée saugrenue, direz-vous, que de fêter le soleil le jour même de l'hiver...
Cela nous semble contradictoire et meme contraire...
Et pourtant, après cette nuit ô combien profonde, minute après minute,
nous gagnerons sur l'ombre des heures de lumière...
Le Printemps est déjà en route, même au seuil de l'Hiver.
