Chapter 9 - Point trente-deux
"Et c'est là que Parkinson a failli séparer les cheveux et le crâne de cette peste, racontait Hermione en gloussant.
- Attends, elles se sont battues dans le Parlement, en pleine cérémonie ? s'étonna Harry en resservant du vin à tout le monde.
- Pansy est... intense, expliqua Daphné.
- C'est curieux, quand je pense au quotidien des députés, je ne l'imagine pas comme ça, intervint Luna. Est-ce que vous travaillez réellement, parfois ?"
S'il ne s'était pas agi de Luna, Hermione aurait été profondément vexée et se serait insurgée contre ses propos. Mais la question était posée avec une telle candeur qu'elle ne pouvait décemment pas lui en vouloir.
"Généralement, personne ne se bat... Mais en ce moment, c'est particulier, expliqua Hermione en buvant une gorgée de sa boisson.
- A cause de Drago Malefoy, compléta Luna comme si ça faisait tout à fait sens.
- Euh... en partie, oui, concéda Hermione.
- Blaise m'a dit que tu l'avais défendu, à la cérémonie. Contre Dean Thomas, lâcha Daphné en faisant tournoyer doucement le vin dans son verre.
- Oh c'est vrai, elle l'a fait, confirma Astoria depuis sa cuisine."
La tête de Ron apparut juste après par la porte de la pièce, suspicieux.
"Pourquoi tu as fait ça ? s'enquit-il en grimaçant."
Gênée, Hermione but de nouveau pour se donner le temps de réfléchir à une réponse appropriée.
"Dean est devenu vraiment agressif, ces derniers temps. Il saisit toutes les occasions qui lui passent sous le nez pour nous attaquer ! se justifia-t-elle.
- Nous ? releva Harry. Toi et Malefoy, vous êtes un nous ?
- Nous, les Non-alignés, rectifia la jeune femme aussitôt.
- Mais quel genre d'agressivité ? Il est violent... physiquement ? insista Ron, qui était sorti de la cuisine avec un plateau de petits fours dans les mains.
- Non, pas pour le moment.
- Comment ça, pas pour le moment ? répéta Ron en posant brusquement le plateau sur la table basse. Les filles, si jamais Dean va trop loin, il faut le stopper. Harry est auror. Et moi, je suis musclé.
- Chéri, tu écris des albums pour enfants. Personne ne s'attend à ce que tu casses la figure à Dean Thomas, rit Astoria en passant une main affectueuse dans les cheveux du rouquin.
- Je sais me battre ! s'offusqua Ron.
- Personne n'en doute, le rassura Hermione. Mais ne vous inquiétez pas, on n'en est pas là. Tout est sous contrôle.
- Hermione lui a dit qu'elle allait lui crever les yeux et les faire manger à sa mère, raconta Astoria en piochant un petit four. Vous voyez, tout est sous contrôle."
Daphné éclata de rire, tandis qu'Harry manquait de renverser son verre sous le coup de l'émotion. Ron, lui, dévisageait sa meilleure amie comme si elle était gravement malade et s'apprêtait à s'effondrer sous leurs yeux.
"C'est... C'est l'influence de Malefoy, ça. C'est signé ! s'exclama le roux.
- Je suis sûre que chacun d'entre vous aurait eu la même réaction que moi. Je vous jure, Dean a été odieux ! Il m'a menacée, il avait l'air tellement... sadique ! Non, vraiment, j'ai été patiente avec lui jusqu'à présent mais il a dépassé les bornes, se justifia Hermione."
Tout le monde hocha la tête, mais dans l'assistance certains semblaient encore un peu dubitatifs. Ils avaient tous déjà vu Hermione s'énerver et perdre un peu le contrôle, mais menacer un collègue de torture... C'était tout de même inédit. Harry contemplait son amie qui sirotait son verre et, contrairement à Ron qui avait plutôt l'air ébranlé, il se dit qu'Hermione savait se défendre et que si elle avait jugé utile de montrer les dents, c'est que Thomas l'avait mérité. Et puis, il connaissait la loyauté de sa meilleure amie : Malefoy était son leader, un membre de son groupe, et rien que pour ça il était évident qu'elle allait le soutenir face aux autres.
Néanmoins, en ajoutant cette information aux précédentes - comme leur petit intermède dans un placard, ou les déclarations de Malefoy à la presse, Harry eut un petit doute. Oh, rien de fracassant. Juste un léger tressaillement, une idée fugace. Peut-être qu'elle ne défendait pas Malefoy juste parce qu'il était son allié politique. Peut-être qu'en définitive, elle l'aimait bien. Et ça, Harry ne savait pas ce qu'il devait en penser. Alors il chassa cette idée, et sourit à sa femme.
.
Le lendemain matin, Hermione se leva aux aurores, bien décidée à remettre de l'ordre dans son nouveau groupe politique. Elle avait l'intention d'obliger Malefoy à convoquer tout le monde au plus tôt, et d'enfermer tous les membres dans une pièce jusqu'à ce que toutes les questions soient réglées. Progresser dans un tel brouillard, c'était mission impossible. Et impossible, ce n'était pas Granger.
Ce fut donc avec un mental de combattante qu'Hermione s'engouffra dans le penthouse aux premières lueurs de l'aube. Elle fonça tête baissée jusqu'à son bureau, persuadée d'être encore seule, afin de préparer sa liste de revendications et quelques tableaux et chiffres utiles à la réunion. Rien de très barbant, juste un petit Powerpoint de 50 pages.
Quelle ne fut pas sa surprise lorsqu'elle entendit un bruit provenant de la "salle de détente et de ragots" installée par Pansy ! Aux aguets, elle dégaina sa baguette et la pointa devant elle dans le semi obscurité. Personne, jamais, ne venait au travail à 6h du matin. Même à Poudlard, lorsqu'elle se levait à cette heure là pour réviser, elle était entièrement seule. Alors, si quelqu'un était dans les locaux à cette heure-ci, c'était nécessairement un intrus.
Hermione sentit un frisson d'angoisse et d'adrénaline très familier remonter le long de son échine. De nouveau, elle se sentait plongée dans un état second. Les battements de son cœur avaient ralenti, sa respiration était silencieuse, ses sens en alerte. Elle avança sur la pointe des pieds vers la pièce, en rasant le mur, focalisée sur son objectif. Mais, alors qu'elle s'apprêtait à jeter un coup d'œil à l'intérieur de la pièce, une main se plaqua sur sa bouche et la tira sans bruit en arrière, la plaquant contre un corps indéterminé.
La jeune femme tenta de se libérer en se contorsionnant, voulut crier, marcha sur le pied de son agresseur et finit par lui octroyer un grand coup de coude dans les côtes.
"Merde, Granger ! siffla une voix qui parvenait à réaliser l'exploit de crier en chuchotant.
- Malefoy ? murmura Hermione, qui s'immobilisa immédiatement."
Il libéra la jeune femme, et se frotta le torse en grimaçant. Bras ballants, Hermione ne savait pas si elle devait s'excuser de l'avoir frappé, ou lui sauter à la gorge parce qu'il lui avait fait atrocement peur.
"Qu'est ce que tu fais ici ? articula-t-elle en silence, tout en se retournant fréquemment vers la porte de la pièce.
- Et toi ? râla le blond, un brin agressif."
Il se redressa, pointa à son tour sa baguette devant lui, et fit un signe de tête à Hermione vers la salle de détente et de ragots. Elle hocha vivement la tête, et ils avancèrent d'un même mouvement vers la porte, qui était entrebâillée.
Une fois planté devant, Malefoy pointa ses yeux avec son index, désigna la porte, fit une croix avec ses deux mains, et leva le pouce. Hermione fronça les sourcils, perplexe. Elle n'avait absolument rien compris à ses consignes. Malefoy recommença la même chorégraphie obscure d'un air profondément agacé, mais de nouveau elle ne voyait pas où il voulait en venir, et se contenta de hausser les épaules. Malefoy se frappa le front du plat de la main et cette fois, elle comprit parfaitement ce qu'il signifiait par là.
Elle leva donc son majeur dans sa direction, il en fit de même, et la seule raison pour laquelle ils ne se ruèrent pas l'un sur l'autre pour se taper dessus, c'est un bruit régulier qui montait de l'intérieur de la pièce.
Interdit, Drago se pencha pour tenter d'apercevoir quelque chose par la serrure. Le bruit continuait, c'était une suite de claquements secs et saccadés. Comme si quelque chose gouttait dans un récipient en plastique, d'après l'esprit analytique d'Hermione.
Mais Malefoy ne devait pas avoir vu ça par le trou de la serrure, parce qu'il se redressa d'un coup avec l'expression que devait avoir un lapin aveuglé par les phares d'une voiture.
"Quoi ?! chuchota Hermione, alarmée, brandissant sa baguette."
Malefoy l'abaissa d'un geste autoritaire et lui fit signe de le suivre vers son bureau. Plongée dans l'expectative, la Gryffondor n'eut d'autre choix que de lui emboiter le pas, la tête remplie de mille questions. Ils s'empressèrent d'entrer et de refermer la porter derrière eux.
"Qu'est-ce qu'il se passe là-dedans, Malefoy ? s'inquiéta aussitôt Hermione.
- Tu veux vraiment savoir ? demanda le Serpentard d'un air goguenard.
- Non non, je posais la question par simple politesse, ironisa la jeune femme. BIEN SÛR QUE JE VEUX SAVOIR !
- Chhhhut tais-toi, l'exhorta le blond. Disons que... qu'il n'y a pas de danger dans l'immédiat, c'était... des gens qu'on connait.
- Des gens ? Il y avait plusieurs personnes ? Mais qu'est-ce qu'ils pouvaient bien faire à cette heure si matinale dans la salle de... Attends... Est-ce que c'était quelque chose d'illégal ? Parce que si oui, je ne veux pas savoir, je ne couvrirai pas d'exactions et je ne veux pas avoir à témoigner lors d'un éventuel procès, et..."
Malefoy lui plaqua à nouveau une main sur la bouche pour la faire taire, et la regarda le foudroyer du regard avec délectation.
"C'est tellement mieux comme ça... la nargua-t-il avant de la relâcher de peur qu'elle ne le morde.
- Arrête de faire ça ! l'avertit-elle en le bousculant légèrement.
- Si tu arrêtes de déblatérer des inepties avec un rythme de mitraillette."
Hermione expira bruyamment pour signifier son irritation, et croisa les bras contre sa poitrine.
"Si tu ne me dis pas ce qu'il se passait là-dedans, j'y retourne et je rentre dans le tas, le menaça-t-elle.
- Oh, je t'en prie. J'ai hâte de voir ta tête, et la gêne terrible que tu te traineras pendant la réunion de tout à l'heure."
Il la jaugea avec son petit air supérieur, clairement dans la provocation. Ce qui ne pouvait signifier qu'une chose : il voulait qu'elle mette ses menaces à exécution, et qu'elle constate par elle-même ce qu'il se passait. La seule chose à faire pour Hermione, dès lors, était de le faire parler. Parce qu'aller dans cette pièce aurait d'inévitables conséquences désastreuses, c'était évident.
"Malefoy, dis-moi, ordonna-t-elle."
Le Serpentard esquissa un sourire victorieux. Il était terriblement impatient de voir le visage de la jeune femme se décomposer et virer au rouge écrevisse.
"Blaise était en train de souhaiter la bienvenue dans l'équipe à Romilda, révéla-t-il avec un clin d'œil entendu."
Mais contrairement à ses attentes, Hermione ne rougit pas, ne bégaya pas, et resta de marbre face à cette révélation. Un peu déçu, Malefoy haussa un sourcil surpris.
"En la frappant ? Non, parce que j'ai très distinctement entendu des bruits de... ah oui. Oui, ça fait sens. Dans... dans la salle de détente. Oui, ça fait sens aussi si on prend le mot détente au pied de la lettre. Bon. Je vais retourner travailler, maintenant, débita-t-elle en amorçant un demi-tour."
Malefoy la regarda sortir, allumer toutes les lumières du penthouse, et chanter à tue-tête pour signaler sa présence dans les locaux. Cette fille était cinglée. Tellement obsédée par son travail qu'elle était prête à occulter tout ce qu'il se passait autour d'elle, et se mettait en travers de ses listes et de ses tableaux.
.
La réunion débuta à 11h, et tout le monde fut ponctuel. Certains d'entre eux étaient présents depuis longtemps dans les locaux, comme Hermione, qui attendait avec impatience de pouvoir démarrer son merveilleux Powerpoint. Ou comme Malefoy, qui avait passé des heures à tirer des ficelles pour préparer son prochain coup médiatique. Mais il ne fallait pas oublier Zabini et Vane, qui s'étaient également tués à la tâche.
"Bienvenue à tous, nous allons reprendre la réunion d'hier, commença Malefoy. Je tiens d'abord à ce qu'on se félicite tous ensemble de la cérémonie d'hier, qui s'est déroulée idéalement, et je vous remercie d'avoir - presque tous - gardé votre calme face aux attaques. Applaudissez-vous !"
Dubitative face à ces méthodes de management basées sur l'auto-satisfaction, Hermione se joint malgré tout au groupe et battit vaguement des mains. Parkinson, renfrognée, n'avait pas réagi à la pique de Malefoy. C'était déjà suffisamment humiliant d'être qualifiée par les journaux du jour de "députée sauvage".
"L'ordre du jour est chargé, il vaut mieux qu'on ne perde pas de temps. Avant de commencer, au sujet de l'altercation d'hier, Flint ?"
L'interpelé se leva, se racla la gorge, et regarda son leader d'un air concentré.
"Je voudrais m'excuser si mes propos vous ont choqués. Je ne me suis pas rendu compte que c'était offensant. Je n'avais pas vraiment réfléchi, en fait, et j'aurais dû le faire avant de donner mon avis. C'était idiot. Les homosexuels doivent avoir les mêmes droits que les autres, alors je défendrai le projet de loi pour le mariage entre personnes de même sexe. Drago m'a chargé de faire des recherches sur les législations des autres pays et je vous ferai un rapport rapidement."
Il se rassit, et sourit maladroitement. Personne ne s'était attendu à un tel revirement, et Hermione doutait un peu de la sincérité des propos de son collègue, mais au moins il faisait amende honorable. Elle décida donc de lui laisser le bénéfice du doute, et les autres durent se faire la même réflexion puisqu'ils applaudirent de nouveau.
"Bien. Granger, tu peux lancer ton truc, lui indiqua Malefoy d'un geste vague de la main."
Hermione s'empressa de se lever, et démarra son diaporama. Assez de congratulations, il était largement temps de s'atteler à la tâche.
"Alors, tout d'abord, voici un organigramme qui devra être complété au fur et à mesure, avec les postes et les missions attribués à chacun. Nous devrons y noter les projets sur lesquels nous travaillons, pour que tout le monde soit au courant de ce qu'il se passe. Pour cela, nous utiliserons un tableau ensorcelé qui est placé dans l'openspace. Enfin... Tout ça, c'est des suggestions, on ne mettra ça en place que si tout le monde est partant, précisa la jeune femme sur un ton qui indiquait le contraire.
- Proposition adoptée, décréta Malefoy. Sujet suivant.
- Euh... bon, d'accord. Alors, ensuite, la rédaction de notre charte. Pour que tout le monde y participe, ce serait bien que chacun prépare une liste de propositions pour nous faire gagner du temps. Un séminaire est déjà prévu la semaine prochaine pour qu'on la rédige, mais ce serait bien d'y réfléchir en amont.
- Super idée ! approuva Patil, à la grande surprise d'Hermione. J'ai fait des études de droit magique, je suis volontaire pour rédiger une trame si besoin.
- Fais-donc ça, dit Malefoy, qui était visiblement très pressé d'avancer dans la réunion.
- Alors, euh... mon troisième point, c'était un récapitulatif des idées qu'on aimerait mettre en place. Concernant l'affiche sur le toit, Zabini, est-ce que tu peux expliquer à tout le monde ce que tu as prévu ?"
La réunion se poursuivit ainsi, à un rythme d'enfer, sous la direction d'Hermione qui n'était interrompue que par les approbations de Malefoy, ou quelques remarques éparses des uns et des autres qui ajoutaient des précisions ou des idées. C'était tellement facile que c'en était inquiétant. Il était d'accord avec toutes ses idées, il n'envoyait pas de réflexions désobligeantes, il était lancé dans le tgv de l'acceptation. Et tout le monde le suivait. Cette réunion était idyllique pour Hermione.
"Alors, trente-deuxième point : le sexe au... HEIN ? s'étrangla Hermione, atterrée. Je n'ai jamais écrit ça !"
Elle fixait son diaporama avec des yeux éberlués, ne comprenant pas du tout par quel miracle ce point était arrivé dans sa présentation parfaitement maitrisée. Certains pouffaient, d'autres étaient choqués, mais tous avaient bien compris que la jeune femme était victime d'une blague de mauvais goût. Parkinson levait d'ailleurs les yeux au ciel.
"Le sexe au bureau, donc. Qu'as-tu à suggérer à ce sujet ? poursuivit Malefoy d'un air impénétrable, qui aurait pu laisser penser qu'il parlait d'un sujet tout à fait banal.
- C'est toi qui as fait ça ! l'accusa la Gryffondor, mortifiée.
- Fait quoi ? demanda-t-il d'un air innocent. Je t'en prie, dis nous ce que tu penses du sexe au bureau.
- Alors, passons au point trente-trois... éluda Hermione en appuyant frénétiquement sur sa télécommande. Bon sang, où est le point trente-trois ? s'agaça-t-elle."
Comme ça ne marchait pas et que tout semblait bloqué, elle jeta un regard venimeux au responsable de tous ses malheurs.
"Malefoy, toi et moi, dehors, maintenant."
Son ton péremptoire força l'assistance à retenir son souffle. Le blond haussa les épaules sans se départir de son flegme, et la suivit dans le couloir. La porte était à peine refermée qu'elle plaquait son index contre son torse.
"Qu'est-ce que tu as fait ? siffla-t-elle. Que tu fasses des blagues de collégien passe encore, mais que tu sabotes ma présentation... Qu'as-tu fais de mon point trente-trois ?
- Oh, je l'ai enlevé. Il était redondant avec le point quarante-six, expliqua Malefoy.
- Redondant avec... Mais..."
Hermione s'arrêta pour réfléchir et, avec effroi, dû bien reconnaître qu'il avait raison. Mais cela impliquait qu'il n'avait pas fait que s'introduire dans sa présentation. Il l'avait lue en entier. C'était pour ça, qu'il était d'accord avec tout ! Il ne validait devant tout le monde que ce qu'il avait déjà validé seul dans son bureau. Et il avait supprimé tout ce qui ne lui plaisait pas. C'était... c'était au-delà de l'entendement.
"Quand est-ce que tu l'as lue ? se renseigna-t-elle.
- Quand tu es partie acheter la presse moldue. Ne fais pas cette tête, tu te doutais bien que je n'allais pas te laisser prendre les commandes du groupe aussi facilement. C'est moi le leader, ne l'oublie pas. C'est normal que je relise ton travail avant qu'il soit présenté et validé par les autres.
- C'est... Je ne sais même pas quoi dire tellement ce que tu as fait est irrespectueux et déloyal. Qu'est-ce que c'est que ces méthodes ! Tu m'as utilisée ! Et tu as censuré mes propositions !
- Arrête d'en faire des tonnes, drama queen. Ta présentation était très bien, j'ai juste modifié quelques détails. Tu ne t'en es même pas aperçue jusqu'au point sexe ! Et les points que j'ai écartés, c'était le point trente-sept sur le mariage pour tous, qu'on a déjà abordé, et le point cinquante, avec lequel je ne suis pas d'accord. Je serai ravi de t'expliquer pourquoi ce n'est pas le moment d'en parler plus tard, entre nous. Est-ce que tu as fini ton cinéma, maintenant ?
- Ne me fais pas passer pour une cinglée. C'est sournois, ce que tu as fait. Tu t'es introduit dans mon bureau et tu as trafiqué mon travail sans me prévenir. Tu te rends compte que c'est absolument malsain d'agir comme ça ? On est collègues. Notre relation se base sur la confiance. On collabore, on ne se plante pas des couteaux dans le dos."
Malefoy pinça les lèvres, déstabilisé. C'est vrai que sur le moment, il avait agi par curiosité, sans réfléchir. Il se baladait à la recherche de quelqu'un à asticoter quand ses pas l'avaient porté, par le plus grand des hasards, jusqu'au bureau d'Hermione. Qui n'était pas là, et avait laissé son travail à la vue de tous. Et ensuite, il avait agi comme le Serpentard fourbe qu'il était. En douce, naturellement. Il avait tout de même été élevé dans une famille où il était capital de trahir deux ou trois personnes avant l'heure du dîner, sans quoi on était ensuite privé de dessert.
"Je reconnais que c'était pas très élégant."
Granger le dévisagea sans expression particulière, signifiant par là qu'elle attendait plus d'explications.
"Je ne recommencerai plus, ajouta-t-il."
Elle redressa le menton, toujours sans prononcer le moindre son.
"J'aurais dû attendre que tu reviennes et relire le diaporama en ta présence."
Seul le mutisme d'Hermione lui répondit. Coriace.
"Et la blague sur le sexe au bureau était déplacée."
Silence.
"Bon, tu veux que je me mette à genoux pour m'excuser aussi ? pesta le blond, qui avait fait suffisamment d'efforts à son goût.
- Pourquoi pas ? lâcha la Gryffondor, une lueur de défi dans le regard."
Malefoy hoqueta de stupeur, et se renfrogna immédiatement.
"Je ne m'agenouille devant personne. Je peux juste reconnaitre mes torts. Écoute, je débute là-dedans, je ne connais que les rapports de forces et les coups fourrés, je suis un Serpentard. Je n'avais pas vu les choses sous cet angle. Tu as raison, j'ai mal agi.
- Ils nous attendent, répondit simplement Hermione sans lui adresser un regard."
Elle retourna dans la salle et, dans une tension à couper au couteau, reprit sa présentation. Heureusement, elle se termina sans accroc, et elle fut épaulée par les autres qui faisaient des remarques pertinentes et suggéraient des modifications ou des ajouts. Malefoy se tint en retrait tout le reste de la réunion, se contenant de sourire aux traits d'humour des uns ou à lever les yeux au ciel quand quelqu'un se montrait un peu trop enthousiaste. Tout le monde s'investit et amena des idées, ils réussirent à échanger dans un calme relatif, sans qu'aucune chaise ne vole à travers la pièce. Finalement, à 14h30, ils avaient fait le tour des points urgents, tout le monde avait des missions à mener à bien, et la dispersion se fit dans une ambiance joyeuse.
Parkinson rattrapa Hermione juste avant qu'elle ne sorte de la salle, lui octroyant un regard inquiet.
"Ça va, entre Drago et toi ? C'était tendu, tout à l'heure..."
Hermione acheva d'empiler ses notes d'un coup de baguette, et vérifia que plus personne n'était là pour entendre leur conversation.
"Il est... il est... Infernal ! lâcha la jeune femme.
- C'est pas nouveau... Enfin, essaye de ne pas le laisser rentrer dans ta tête, énerver les gens c'est son truc pour les contrôler, lui conseilla Parkinson d'un air concerné. Qu'est-ce qu'il a fait, il a saboté ta présentation pour t'humilier ?"
C'est là qu'Hermione réalisa que non, Malefoy n'avait pas saboté sa présentation à proprement parler. Il n'avait pas agi pour lui nuire, en définitive.
"Pas vraiment... Il l'a modifiée sans rien me dire. Et puis, il a ajouté ce point trente-deux..."
En résumant ainsi la situation, Hermione eut une deuxième prise de conscience. Certes, il avait mal agi, mais rien d'irréparable n'avait été commis. Il avait simplement adressé une pique à Zabini en passant par elle, victime collatérale. Et ce qu'il avait modifié... Il était dans son rôle de leader. C'était un pur problème de méthode, les faits en soit n'avaient rien de dramatique. Il l'avait atteinte dans son égo. Et elle avait vu rouge. Mais elle n'était ni humiliée ni ridiculisée. La jeune femme se passa une main sur le front.
"T'as l'air sacrément à cran. Faut te détendre, Granger, pouffa Parkinson. Ça tombe bien, j'ai pensé à une salle dédiée à la détente. On va y boire un thé ?
- NON ! sursauta immédiatement Hermione, qui en échappa ses notes. Je veux dire... Si on allait boire un thé dehors, plutôt ? J'ai besoin de prendre l'air.
- Oh... Comme tu veux. On y va ?"
.
En voyant Pansy et Granger revenir en riant dans le penthouse, leurs capes à la main, et l'air parfaitement complices, Malefoy haussa un sourcil circonspect. La chevelure hirsute de la Gryffondor passa devant la vitre de son bureau sans s'arrêter, et il en conclut qu'elle ne réservait sa mauvaise humeur qu'à lui. Alors, il voulait bien en convenir, il lui était arrivé de chercher sciemment à la faire sortir de ses gonds, et peut-être que certaines de ses actions étaient quelque peu déplacées, voire intrusives et inappropriées. Mais tout de même ! Il s'était excusé. C'était quelque chose qui relevait du miracle. Et elle semblait considérer cet acte de contrition comme un évènement banal de son quotidien ! Vraiment, elle ne mesurait pas sa chance.
"Ingrate, marmonna Malefoy en retournant s'assoir derrière son bureau."
Il s'apprêtait à se replonger dans de sombres manigances lorsqu'il entendit frapper à sa porte, et releva la tête.
"Entrez ! lança-t-il sèchement.
- Drago ? Il y a ici quelqu'un de Wizzard Chanel qui prétend avoir rendez-vous avec toi... expliqua Zabini avec un air suspicieux.
- Oh, oui, fais le entrer !
- Tu m'as pris pour ta secrétaire ? Fais le toi même, il est dans le lobby."
Blaise claqua la porte et Malefoy soupira. Personne, pas même son meilleur ami, ne respectait sa position de leader suprême. Il se résolut donc à se lever, et traversa l'openspace à la recherche de son rendez-vous.
"Quel projet, exactement ? pérorait la voix de Granger dans l'entrée. Vous comprenez bien que la presse n'a pas à entrer comme dans un moulin au sein des locaux politiques, Monsieur... Monsieur quoi, d'ailleurs ?
- Granger... c'est Sir MacDowel, un des actionnaires de la chaîne, intervint la voix catastrophée de Fortarôme.
- Bon sang, maugréa Malefoy en pressant le pas vers l'entrée. Sir MacDowel, bonjour, pardonnez mon retard."
Il s'empara de la main du vieil homme, qu'il secoua avec vigueur tout en jetant un regard d'avertissement à Granger. Si l'un d'entre eux était une fouine, c'était clairement elle. Toujours à fureter et à fourrer son nez partout, donnant son avis à qui ne voulait même pas l'entendre.
"Je suis surpris de l'accueil que l'on me réserve, Mr Malefoy. J'avais cru comprendre que nous avions un accord. Est-il remis en question ? répondit le vieux bonhomme sèchement.
- Vous m'en voyez désolé, Sir. Mes collaborateurs ne sont pas au courant de l'accord que nous avons passé, dans la mesure où il n'est pas encore acté. Suivez-moi, je vous en prie, expliqua Malefoy en entraînant prudemment l'actionnaire en direction de son bureau. Granger, apporte du thé pour nous trois dans mon bureau, ajouta-t-il."
Elle allait être profondément agacée par cet ordre, mais elle allait s'y plier puisque cela lui donnait l'occasion inespérée d'avoir une place autour de la table. Il espérait juste qu'elle parviendrait à se tenir et à ne pas faire de scandale, au moins le temps de l'entrevue.
Comme il l'avait prévu, Granger fonça vers la salle de détente et de ragots en faisant claquer ses talons pour bien montrer son irritation. Elle fit irruption dans la pièce vide et lança à toute vitesse un sort à la bouilloire, fit voler des sachets de thé à une allure telle qu'ils auraient pu passer le mur du son, et même les tasses s'entrechoquèrent sous la vigueur de ses sortilèges informulés. Malefoy entra à son tour, seul, et baissa la tête pour ne pas entrer en collision avec un sucrier lancé à vive allure sur l'autoroute de la fureur d'Hermione.
"MacDowel est l'actionnaire majoritaire de Wizzards Chanel, il m'a aidé à placer discrètement à la tête du journal de 20h un allié. En échange, je me suis engagé à leur donner l'exclusivité de nos passages à la télé, ce qui ne change rien puisque de mémoire je ne crois pas t'avoir déjà vue sur des chaînes concurrentes, débita-t-il.
- Mon dieu Malefoy, collusion avec la presse ! Scandale ! Manipulation ! s'étrangla Hermione.
- Tu vas parler qu'en mots clefs ?
- Non mais... Quel allié ?
- Théodore Nott.
- C'est pour ça que tu as fait virer cette menteuse de journaliste qui a raconté n'importe quoi sur moi ? Pour pouvoir la remplacer par ton pote ?
- Entre autres raisons. Bon, est-ce que je peux te faire confiance pour ne pas faire échouer mon plan ?"
Hermione se figea, ne parvenant pas à savoir ce qu'elle allait faire avec cette situation périlleuse. C'était contraire à toutes les règles d'éthique, c'était immoral, et rien que d'imaginer ce qu'il pourrait se passer si quelqu'un le découvrait... elle en eut des frissons. Mais d'un autre côté, si elle refusait d'assister à cette entrevue secrète, elle ne serait au courant de rien. Et que pouvait-elle faire ? Dénoncer Malefoy, faire couler son groupe tout neuf ? Hors de question.
"C'est quoi mon rôle, dans cette entrevue ? La potiche qui sert le thé ? préféra-t-elle répliquer.
- Non, ça, c'est moi. Je suis le cireur de pompes, cette fois. Toi, tu le déstabilises.
- Hein ? coassa Hermione, désemparée. C'est-à-dire ?
- Je ne sais pas, utilise ton imagination ! Il faut qu'il signe notre contrat sans le lire en détails.
- Il y a quoi, dans ce contrat ?
- Merlin, pourquoi t'es toujours obligée de poser autant de questions ? Dépêche toi un peu, il est seul dans mon bureau et il a déjà suffisamment attendu.
- Malefoy, il y a quoi dans ce contrat ?
-...
- Malefoy, je suis déjà sympa d'accepter de t'aider dans une de tes innombrables entourloupes, la moindre des choses c'est de me dire de quoi je suis complice !
- Je. N'en. Peux. Plus... Il y a une clause de confidentialité. S'il s'y soustrait, il y aura... des conséquences.
- Ah non, Malefoy, c'est totalement illégal ça ! De la magie noire dans un contrat secret ! Mais t'es complètement cinglé ! Il va lui arriver quoi, s'il parle ? Il va se vider de son sang ? paniqua Hermione, blême."
Le blond, à bout de nerfs, soupira bruyamment.
"Non, il va juste subir un sortilège de langue de plomb, d'une durée d'un an...
- QUOI ! rugit Hermione, affolée. Ah non, non, je refuse ! Tu vas modifier ça ! Tout de suite. Remplace ce sortilège par, je ne sais pas... une somme de gallions en réparation ! Pendant ce temps je vais l'occuper. C'est non négociable Malefoy. Tu ne peux pas faire ça, on flirte suffisamment avec le Code de la sorcellerie !
- Mais quelle PLAIE, cette fille ! s'emporta Malefoy en claquant la porte, laissant la jeune femme seule et tremblante."
Cette journée n'en finissait pas. Se sentant à deux doigts de faire une dépression nerveuse, Hermione attrapa un des coussins du canapé, y enfouit son visage, et hurla de toute ses forces. Lorsque ce fut fait, elle se recoiffa rapidement avec ses doigts, et s'empara du plateau de thé. Parée au combat. Elle fut soulagée de constater que Malefoy fonçait en direction du bureau de Patil, leur spécialiste en droit, avec une liasse de parchemins sous le bras. Au moins, elle avait obtenu une victoire partielle : il faisait des concessions.
"Sir, souhaitez-vous du sucre avec votre thé ?"
Le vieux bonhomme la dévisagea d'un air placide, et secoua la tête. Hermione passa outre sa relative impolitesse, et lui tendit une tasse. Cela n'allait pas être facile, il n'avait pas l'air très engageant.
"Nous sommes ravis de vous accueillir dans nos locaux, Sir. J'espère que cette collaboration sera fructueuse.
- Quand pourrons-nous entamer réellement cette discussion ? Où est encore passé votre patron ? Je n'ai pas de temps à perdre à papoter avec une secrétaire."
Hermione réfréna toute pulsion de violence et se contenta de soutenir le regard du petit noble fripé qui n'avait même pas l'air d'essayer d'être insultant envers elle. Non, c'était naturel. Il avait juste présumé que puisqu'elle était une femme, elle était une subalterne qui n'avait les compétences suffisantes que pour servir du thé.
"Je suis sûre qu'il ne va plus tarder."
Perplexe face à cette situation, Hermione était partagée entre l'envie de le jeter dehors en lui hurlant dessus, et la volonté de Malefoy qui lui avait demandé de le déstabiliser. Elle ne pouvait pas risquer de faire capoter leur accord, donc la première option était exclue. Et déstabiliser ce petit bonhomme très sûr de lui... Qui la méprisait totalement ? Ça risquait d'être compliqué. Elle ne pouvait ni se montrer polie et cultivée, ni l'impressionner avec son cerveau, ni le convaincre avec une démonstration puisqu'il ne la prenait pas au sérieux. Tous ses outils habituels étaient inadaptés.
Que ferait Malefoy à sa place ? Elle ne pouvait ni le menacer de mort, ni le soudoyer avec sa fortune. Elle ne pouvait donc pas agir comme le Serpentard.
Que ferait Pansy à sa place ? Elle n'allait tout de même pas jeter une chaise sur un vieillard.
"Vous vous intéressez à la politique, Sir ? s'enquit Hermione pour gagner du temps, puisqu'elle ne trouvait pas de stratégie de déstabilisation efficace."
Il releva la tête d'un air maussade, et se contenta de grogner des borborygmes inaudibles. Bon. Il n'avait pas l'air de vouloir parler de lui non plus, ce que la majorité des gens adoraient faire d'ordinaire. Il suffisait de les lancer sur un sujet qui les concernait personnellement, et il n'y avait plus qu'à faire semblant d'écouter. Mais là... Rien.
Aussi, lorsque Drago revint dans son bureau avec le nouveau contrat en main, il fut un tantinet déçu de trouver l'actionnaire et Hermione assis en silence. Cette dernière lui adressa un regard désolé, et clairement désemparé, alors que MacDowel semblait agacé. Bon. Visiblement, elle n'avait pas bien compris les consignes qu'il lui avait données.
"Sir, je vous présente mes excuses pour ce léger retard, nous devions finaliser les papiers. Bien entendu, ce contrat est ensorcelé et ne peut être lu que par ses signataires, expliqua Drago d'un ton très courtois.
- Oui, c'est un contrat confidentiel quoi, marmonna MacDowel en s'emparant vivement des parchemins."
Il se plongea immédiatement dans sa lecture, sourcils froncés, et Drago fit un mouvement de menton irrité en direction d'Hermione, qui avait failli à sa mission. Mais elle avait beau faire tourner ses méninges à pleine vitesse, aucune idée ne lui venait pour empêcher le vieil homme de se concentrer sur sa tâche.
Jusqu'à ce que Malefoy tire sur le col de sa chemise en agitant ses sourcils. Malheureusement, encore une fois, la jeune femme ne comprit absolument pas ce qu'il essayait de lui dire. Alors, il déboutonna un bouton, puis un deuxième, et elle se contenta de le dévisager d'un air choqué. Elle sentit même le rouge lui monter aux joues, comme une petit ingénue qu'elle n'était plus depuis longtemps. Pourquoi diable Malefoy faisait un strip tease dans son bureau ?
Il continua à ôter ses boutons, tout en la foudroyant du regard, induisant un mélange de séduction et de rage qui troublait d'autant plus la jeune femme.
Et puis, elle comprit. Il voulait qu'elle fasse du charme à MacDowell. Pour le mettre mal à l'aise, probablement. Mais il n'en restait pas moins qu'il voulait qu'elle se prostitue pour un contrat opaque, ce qui allait contre tous ses principes. Le regard d'Hermione alla du blond à MacDowel, qui avait déjà achevé de lire la première page et s'apprêtait à la tourner pour en lire le verso. Or, vu la mine de Malefoy, il ne fallait absolument pas qu'il lise cette page.
C'est donc comme cela qu'Hermione sauta sur ses pieds, et se planta devant le vieillard. Elle tira vivement sur son décolleté, et se pencha en avant comme une morte de faim. Elle se sentait totalement ridicule.
"Sir, peut-être voudriez-vous un peu de sucre dans votre thé ? murmura-t-elle avec un ton aguicheur qui lui fit immédiatement horreur."
Cette fois, contre toute attente, MacDowel leva les yeux et sembla écouter ses paroles. Ce qui était incroyablement agaçant : il se fichait éperdument de ce qu'elle racontait depuis le début, mais tout à coup elle agitait son corps sous son nez et tout changeait. Primitif, mais efficace. Hermione prit sur elle pour faire abstraction du regard de Malefoy dans son dos, et sourit au vieil homme en agitant un carré de sucre. Il lui tendit sa tasse et elle se retint de lui souffler "bon toutou" à la figure.
"Ouh, il fait chaud ici, lâcha Hermione en s'éventant avec un air de greluche.
- Oui... confirma MacDowel, qui n'avait toujours pas repris sa lecture."
Ne sachant plus quoi ajouter à ses propos qui lui donnaient envie de s'immoler, Hermione se contenta de s'asseoir sur un coin du bureau de Malefoy, et croisa les jambes en faisant remonter exagérément sa jupe. Voilà où elle en était. Et ce vieux qui la couvait d'un regard lubrique absolument insupportable !
"Bien, Sir, loin de moi l'idée de vous presser mais je dois partir en rendez-vous, et j'aimerais que les contrats soient signés avant mon départ. Serait-il possible que vous... coupa Malefoy, bras croisés, et le visage dur.
- Oh, bien, allez-y je vais les signer immédiatement. Mademoiselle et moi pourrons discuter, ensuite, dit MacDowel en attrapant la plume la plus proche."
Mademoiselle écarquilla les yeux, légèrement paniquée. Qu'allait-elle faire si Malefoy s'en allait vraiment, et qu'il la laissait seule avec ce malotru ? Elle allait devoir le stupéfixier, c'était inévitable.
Le blond attendit sans broncher que chaque page soit paraphée, récupéra le contrat, et se posta devant Hermione, dos à elle. La jeune femme s'empressa de reprendre une position plus orthodoxe et de remettre sa jupe en place, profitant d'être cachée par la stature du Serpentard.
"Malheureusement, Miss Granger doit assister avec moi à ce rendez-vous. C'était un plaisir de traiter avec vous, Sir. Je ne vous reconduis pas, vous connaissez la sortie !"
Malefoy escorta par précaution l'actionnaire jusqu'à l'open space et l'y abandonna. Il traîna ensuite Hermione jusqu'à l'ascenseur, qui les conduisit jusqu'à l'aire de transplannage sur le toit.
"On va où ? interrogea Hermione d'une voix blanche.
- Nulle part, on attend qu'il descende et on retourne au bureau. Bien joué, Lady Marmelade ! la félicita Drago en se grattant l'arrière du crâne.
- Très drôle ! s'insurgea la Gryffondor, avant d'octroyer une claque vengeresse sur le bras du Serpentard. Je déteste ce que tu viens de me faire faire !"
Malefoy recula d'un pas, et se retrouva collé contre la paroi de l'ascenseur. A vrai dire, il c'était attendu à quelques répercussions, mais là... Elle semblait réellement furieuse.
"Je pensais pas que t'allais tout donner comme ça... Juste lui sourire un peu, je ne sais pas. Enfin, c'était drôlement efficace, je suis impressionné. Tu m'avais caché ces talents !
- Mais dans quel contexte t'aurais pu me voir faire du gringue à un vieillard, Malefoy ? s'écria Hermione, hors d'elle. C'est ça ce que tu attends de tes collaboratrices ? De nous user comme des morceaux de viande pour t'aider à obtenir des faveurs ? Ne refais plus jamais ça Malefoy ! Parce que je te jure que c'est pas les yeux de Dean Thomas que je vais arracher, c'est les tiens !"
Le blond se plaqua machinalement les mains au visage, comme pour empêcher la brune de mettre ses menaces à exécution. Il devait bien reconnaître qu'il ne l'avait pas volé. Mais ça, il ne le ferait qu'en son for intérieur : hors de question d'avouer à voix haute qu'il avait, une nouvelle fois, largement exagéré.
"Eh, moi aussi j'étais dépassé là-dedans ! Je pensais pas qu'il allait réagir au quart de tour comme ça. Et puis toi, aussi, qu'est-ce que c'était ce numéro ? T'as failli me forcer à lui casser la gueule, tu te rends compte de la position dans laquelle tu m'as mis ?"
Cette-fois ci, face à tant d'indécence et de mauvaise foi, Hermione ne trouva rien à répondre de sensé. Elle sentit une vague de rage monter en elle.
"Attends... J'ai mal entendu je crois... Tu es en train de suggérer que J'AI fait une chose dangereuse, irréfléchie, inconséquente, MOI ? Je pense que j'ai mal entendu. J'ESPÈRE que j'ai mal entendu. Parce que ça va très mal finir, cette histoire ! le menaça Hermione, écarlate, et tremblante de fureur."
Les portes de l'ascenseur s'ouvrir en un tintement sonore sur le toit, mais aucun d'eux ne bougea. Drago parce qu'il était toujours coincé contre la paroi, et Hermione parce qu'elle était trop tendue pour amorcer le moindre mouvement.
"Je... Bon, ok. Je sais bien que j'aurais pas dû te demander ça, mais ça a pris des proportions... Inattendues. Je veux dire, ce type, c'est un porc. Mais à la fin, c'est nous qui avons gagné, parce qu'il a signé un contrat qui le met clairement dans la merde. Et c'est grâce à toi, alors demande moi ce que tu veux !"
Malefoy tentait de faire une offre de paix, de tendre la main, mais il ne fit que renforcer la fureur de la jeune femme.
"Tu crois que si tu m'achètes en m'offrant un truc, je vais passer l'éponge ? Mais dans quel monde tu vis, bon sang ? s'emporta Hermione en lui donnant une seconde claque, sur le torse cette fois-ci. Respecte-moi, par Merlin !
- Oh, dis donc, toi aussi respecte-moi, t'en as pas marre de me frapper ? C'est uniquement parce que je te respecte que je te frappe pas en retour ! finit par s'agacer le blond, qui en avait assez d'être malmené ainsi.
- Mais vas-y, je t'en prie, frappe moi ! Si tu veux on va sur le toit et on se bat ! hurla Hermione, les cheveux volant dans tous les sens.
- Quoi ? sursauta Malefoy. Tu proposes un combat de boxe ? Mais t'es cinglée ?
- T'as peur ? le provoqua la Gryffondor. Parce que je te ratatine quand tu veux, blondasse !
- PARDON ? rugit Malefoy en l'empoignant par le bras."
Elle recula pour se dégager et enfonça les boutons de l'ascenseur sans faire exprès, ce qui provoqua la fermeture des portes.
"BRAVO ! T'AS COINCÉ L'ASCENSEUR ! l'accusa Hermione.
- C'EST TOI !"
La jeune femme s'agita pour qu'il lui lâche le bras, se cogna de nouveau, et se retint de toutes ses forces de ne pas le gifler, avec ses petits cheveux filasses qui volaient autour de son visage, ses yeux acier qui essayaient de la faire fondre sur place, et son foutu costard même pas froissé par leurs chamailleries. Plus elle le regardait et plus elle avait envie de faire disparaître son insupportable pli goguenard au coin de la lèvre. En cognant dedans, par exemple.
De son côté, Drago avait envie d'agripper les cheveux fous de la jeune femme pour qu'elle arrête de gesticuler, et de le regarder avec ses yeux noirs. Ses insupportables incisives avaient fendu sa lèvre inférieure, faisant perler une goutte de sang, et elle ne s'apercevait même pas qu'elle se mordait elle-même. Une vraie folle.
"Je vais démissionner, dit Hermione.
- Je vais refuser ta démission, répondit Drago."
Ils continuèrent à se fixer avec une violence contenue, sans bouger. Le Serpentard n'avait toujours pas relâché sa prise sur son bras, et elle ne cherchait plus à s'en défaire. Une tension électrique, sauvage, régnait dans la cage d'ascenseur.
"Je veux sortir d'ici, décréta Hermione.
- Très bien, on va sortir, fit Drago."
Mais quand il appuya sur les boutons, il ne se passa strictement rien. Il recommença, au cas où, mais ils ne bougèrent pas. Il essaya même de les faire transplanner au cas où, alors que de toute évidence les protections mises en place l'en empêchaient.
"Il ne manquait plus que ça, soupira Hermione."
Malefoy lâcha son bras, et enfouit ses mains dans ses poches. Il lui jeta un regard indéchiffrable entre ses mèches de cheveux blond désordonnées par leur duel, et finit par craquer un sourire.
"Pourquoi tu souris ? l'agressa aussitôt Hermione.
- Parce que t'es névrosée.
- Toi aussi t'es névrosé !
- On est tous les deux névrosés. Et maintenant, on est coincés dans un ascenseur.
- Brillant esprit d'observation, rouspéta Hermione en enfonçant à son tour les touches des différents étages, sans résultat."
Elle se laissa glisser au sol et s'appuya contre le mur doré, et ferma les yeux. Elle était vraiment, vraiment lasse. Il l'épuisait. Elle entendit un frottement proche d'elle et en déduisit que Malefoy était à présent assis par terre, lui aussi. Elle ne le touchait pas mais sentait qu'il était proche, ce qui ne s'expliquait pas : il dégageait comme une chaleur diffuse, à quelques centimètres d'elle.
"Je suis désolé, souffla le blond.
- Tu peux, confirma la jeune femme sans daigner ouvrir les yeux.
- Normalement, tu devrais dire Moi aussi, je suis désolée...
- Tu trouves que ton imitation est réussie ? Je minaude pas comme ça !
- Sauf quand tu parles à Sir MacDowel..."
Les gloussements de Malefoy s'interrompirent aussi sec, lorsque la main d'Hermione entra en contact avec sa cuisse.
"C'est trop tôt pour faire des blagues là-dessus, l'avertit-elle.
- Oh euh... oui, t'as raison."
Le silence s'installa pendant quelques minutes, où ils se contentèrent de respirer calmement et de faire le vide après toutes ces tensions.
"En fait, tu veux trop me tripoter. C'est pour ça que tu me frappes sans arrêt... je t'attire, reconnais-le."
Hermione se leva prestement et entreprit de tambouriner contre les doubles portes :
"Ouvrez-moi ! Je suis coincée ! Libérez-nous où il va y avoir un incident !
- C'est une référence au point 32, intitulé Sexe au bureau ?
- Je parlais d'un MEURTRE Malefoy, d'un meurtre !"
Ce chapitre est un peu plus long que les autres, mais je ne pouvais pas couper plus tôt et certains développements étaient vraiment nécessaires !
Je posterai la suite dans la semaine, histoire que Drago et Hermione ne restent pas coincés dans l'ascenseur trop longtemps... Et aussi pour rattraper le retard que j'ai pris dans la publication, ainsi que dans mes réponses aux review. Je suis un peu débordée, mais je fais au mieux !
Merci à toutes et tous pour vos gentils messages / réactions / questions, et à bientôt :)
