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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.


Merci à tous pour cette année !
Meilleurs Voeux pour 2006 !


! Avertissement !
Vous l'avez compris, les choses s'accélèrent... la bataille approche... donc, les moments difficiles vont se multiplier...
Je ne suis pas une adepte des scènes de violence, mais certains passagespeuvent choquer les coeurs sensibles.
Vous voilà prévenus...

Chapitre 189

Nous, les Serpentard…

Théodore Nott était sceptique. Drago Malefoy était assis en face de lui depuis une bonne demi heure déjà et il ne lui avait pas encore asséné qu'il travaillait pour rien. Non que le jeune homme travaillât effectivement, mais il en donnait du moins l'illusion, un livre ouvert devant lui.

La salle commune de Serpentard hésitait entre la morosité qui lui était quotidienne depuis quelques semaines et une agitation qui n'osait s'exprimer clairement. C'était une ambiance étrange, un peu étouffante. Il y avait dans l'air quelque chose d'indéfinissable. Drago Malefoy le sentait également. Il ne cessait de regarder l'horloge et Théodore Nott doutait qu'il attendît l'heure du bal de fin de trimestre. Le silence de son camarade étonnait tout autant le jeune homme. Il l'avait habitué à plus de loquacité, surtout depuis quelques jours.

L'arrivée de ses camarades punis, accompagnés par un Reggie Grayson plus renfrogné que jamais, tira Théodore Nott de ses réflexions. Malefoy s'éclaircit la gorge.

- Tu n'as pas une petite visite à rendre à Londubat ? demanda-t-il sur un ton affecté.

Le pouls de Théodore Nott s'accéléra. Sa gorge s'assécha brusquement.

- Maintenant ? demanda-t-il d'une voix plus basse qu'il ne le voulait.

Malefoy hocha la tête, sans marquer plus d'émotion que cela.

- Tu… es sûr ?

Théodore faillit lui demander quand il avait reçu le signal attendu. Quelque chose le retint. Le regard de Zabini sur Drago et lui, peut-être. Ou bien le coup d'œil furtif de Malefoy à l'horloge.

Théodore Nott se leva lentement. Malefoy ne bougeait pas de sa place en face de lui.

- Je suppose que cela n'a aucune importance que je range ou non mes affaires de cours… chuchota Théodore.

Drago haussa les épaules.

Nott quitta la table et s'avança vers la sortie de la salle commune de Serpentard. Il vit Wilford se hâter de croiser son chemin. Le Sixième Année le bouscula.

- Où vas-tu ? voulut-il savoir à voix basse.

- Cela t'intéresse ? demanda Nott en l'empêchant de poser sa main sur son bras.

- Drago a dit que je devais te suivre…

Nott tourna légèrement la tête vers Malefoy, toujours assis un peu plus loin.

- Il t'a chargé de me surveiller ? questionna-t-il avec hauteur.

- Non… admit Wilford de mauvaise grâce. Mais il a dit que le moment était proche. Et que je devais me mettre sous tes ordres. Comment le pourrais-je si je ne sais pas où tu es ?

- Tu n'auras qu'à lui demander où il m'a envoyé… C'est lui qui donne les ordres, BJ… Et nous, nous les suivons…

- Tu ferais bien de ne pas l'oublier… renâcla Wilford avec humeur.

Gregory Goyle fit grincer sa chaise sur le sol et Vincent Crabbe l'imita. Ils s'avancèrent vers Nott et Wilford, menaçants.

- Tu as un problème, Théodore ? demanda Goyle.

Il écrasa Wilford de toute la hauteur de sa stature. Benedict leva un regard inquiet vers la mine patibulaire de Crabbe. Il s'écarta à regrets du chemin de Nott.

- Tu veux qu'on vienne avec toi ? chuchota Gregory.

Nott jeta un regard furtif vers le fond de la salle où Grayson les surveillait du coin de l'œil. Il ne vit pas Zabini qui se glissait vers eux.

- On reste ensemble ! insista ce dernier. Drago l'a assez répété ! Vous deux et moi on a quelque chose d'important à faire dès qu'il nous fera signe.

- La ferme, Blaise ! grogna Wilford qui n'aimait visiblement pas qu'on rappelât l'importance d'un autre que lui dans les évènements futurs.

Grayson rappela alors que les punis n'avaient le droit de parler à personne, ni de menacer quiconque, même une autre saleté de Salamandre.

Wilford essaya de cacher une grimace haineuse qu'il destinait au Préfet. Zabini souffla à Nott, avec un sourire acide, de prendre garde à ses rencontres dans les toilettes de l'école. Goyle insista auprès de Nott. Celui-ci secoua la tête sans le regarder. Il fixait, par delà la salle, le dos de Malefoy qui se désintéressait manifestement de l'affaire.

Nott retint Goyle par le col de la robe.

-Greg ! fit-il à voix basse dans une hésitation. Si tu tiens à recommencer à te servir d'une baguette… Attends de retrouver la tienne… Et ne laisse pas les copains se tromper non plus…

Il laissa Goyle un peu abasourdi, ainsi que Crabbe qui n'avait pas tout entendu des paroles hachées de leur camarade. Puis Nott lança un long regard narquois à Grayson et lui fit un petit salut ironique avant de quitter la salle commune.

Une fois dehors, Théodore Nott plongea la main dans sa poche et en sortit un gallion qu'il roula entre ses doigts. Il fixa la pièce longuement avant de la remettre dans sa poche. Il se tourna vers le portrait qui faisait semblant de regarder de l'autre côté du couloir.

- Et vous, vous ne vous êtes aperçu de rien, naturellement…

Le portrait haussa un sourcil interrogateur, mais resta coi. Théodore Nott se hâtait déjà vers le bureau de son directeur de Maison.

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- Tiens ! De la visite ! Entre donc, Weasley… tu es ici chez toi, je présume…

Ron leva sa baguette. La porte du laboratoire se referma derrière lui. Malefoy se trouvait en face de lui, deux baguettes à la main, un sourire mauvais aux lèvres. Et presque sous la table, à terre, le visage contre le sol, Hermione gisait, recroquevillée et sans mouvement. Ron hésita entre se jeter vers elle ou se ruer sur Malefoy :

- Qu'est-ce que tu lui as fait ? hurla-t-il en levant sa baguette.

- Expelliarmus ! cria Malefoy avec une satisfaction féroce.

Ron fut projeté sur le côté et sa baguette roula jusqu'aux pieds de Malefoy qui riait. Le Serpentard fit venir à lui la baguette de Ron. Il mit le pied dessus.

- C'est trop facile, Weasley ! Vraiment trop facile…

Ron se redressa. Malefoy le menaça de sa baguette, avec un sourire narquois.

- Tu tombes bien, Weasley… si je puis dire… Elle commençait à fatiguer un peu… et à me fatiguer aussi… J'allais perdre patience.

- Qu'est-ce que tu lui as fait ! répéta Ron sourdement, le regard fixé sur les baguettes de Malefoy.

L'éclair de malice dans les yeux gris fit frissonner Ron. Il tourna la tête vers Hermione toujours immobile. Son cœur s'affola, il allait exploser.

Il oublia Malefoy et ses baguettes. Il se précipita vers Hermione et se jeta à genoux devant elle. Sa main s'accrocha à sa robe. Elle tressaillit et résista à la pression de sa main. Elle était vivante. Elle était vivante, par Merlin ! Il tira plus fort sur la robe pour la tourner vers lui. Ses cheveux lui faisaient une tignasse qui recouvrait son visage. Ils paraissaient plus emmêlés que d'ordinaire.

Malefoy s'amusait. Il riait. Il le laissait faire avec une satisfaction démoniaque.

- Elle est coriace, tu sais, Weasley… Ho… ça a été très facile de la surprendre… Mais elle a du caractère, elle… Pas ouvert la bouche… Je ne dis pas que cela ne me contrarie pas, mais cela m'a permis de m'amuser un peu… Les occasions sont si rares depuis si longtemps…

Ron se pencha sur le corps replié d'Hermione. Il prononçait son nom, comme une litanie protectrice. Il releva les cheveux desséchés pour dégager son visage. Elle leva les bras sur elle. Il la sentait trembler. Il prit ses mains crispées en poing. Le doloris ! C'était le doloris qu'il lui avait fait subir. Il caressa le dos de la main pour l'ouvrir et la prendre dans la sienne. Il écarta les doigts tétanisés. Ils restaient déformés, crochus. Il retourna la main en sang. Les ongles démesurément longs s'étaient enfoncés dans la chair. Il cria : Hermione ! Un éclat de rire lui répondit.

- Qu'est-ce que tu lui as fait ! hurla-t-il encore.

Il retourna d'un geste de colère le corps d'Hermione qui se laissa faire, sans force. Il eut un mouvement de recul. Un cri qui resta en travers de sa gorge.

- Qu'est-ce qu'il y a Weasley ? se moqua Malefoy. Elle ne te plait pas ainsi, ta sorcière ? C'est pourtant ainsi que les moldus les voient ! Nous voient… Tu l'ignorais ? C'est surprenant pour quelqu'un qui les aime tant !

Un instant, Ron crut que sa tête allait éclater. C'était une montée de haine qui vint à sa bouche. Il vomit des mots d'insultes. Il tendit la main vers sa baguette sous la chaussure de Malefoy.

Malefoy éclata de rire. Il eut la baguette du jeune homme à la main.

Ron ne voyait plus rien qu'un rideau rouge devant les yeux. La rage et l'impuissance lui tournaient la tête. Il s'accrocha à Hermione et la serra contre lui. Il passa sa main sur le visage estropié. Sur les sourcils broussailleux, le nez crochu, la bouche déformée par des dents proéminentes et sur toutes les pustules qui la défiguraient. Il sentait sous ses doigts les larmes chaudes et contre lui les tressaillements de son corps supplicié.

- Hermione… Murmurait-il.

Le rire de Malefoy ne le touchait plus. Il était loin. Tout ce qu'il savait, c'était qu'Hermione avait mal. Ron la berça contre lui. Il caressait ses cheveux doucement. Il fallait réfléchir et vite. Il était seul et ils étaient deux. Seulement, il avait leurs baguettes en plus de la sienne. Et eux, ils étaient désarmés. Lui, il pouvait encore se jeter sur Malefoy mais Hermione… C'était étrange. Il pouvait presque sentir sa douleur.

Il écarta les cheveux du visage de la jeune fille. Il embrassa ses yeux et essuya ses joues.

- On va s'en sortir, lui murmura-t-il. A nous deux, on est un bon sorcier, n'est-ce pas…

Elle grimaça un sourire et se cacha contre lui. Il la serra un peu plus fort. Elle était à bout de forces. Que pouvait-il faire, seul contre Malefoy et ses trois baguettes.

Il s'exhorta à rester calme. Ca ne pouvait pas finir comme ça. Ce n'était pas possible. Pas contre Malefoy ! Ca le révoltait de penser qu'il était à sa merci. Ca le révoltait de penser qu'il lui faudrait s'incliner devant lui. Mais pourquoi ne voulait-on jamais l'écouter ! Il l'avait bien dit qu'il fallait tuer dans l'œuf cette vermine de salamandre !

La rage à nouveau le saisit, l'aveugla. Malefoy s'en aperçut. Il s'approcha. Pas assez cependant pour que Ron pu l'atteindre.

- Tu sais, Weasley, c'est mon jour de chance aujourd'hui… Et je n'imaginais pas que je pourrais en avoir autant… Ho ! C'est vrai… Elle n'a rien voulu dire ! Et je doute qu'elle puisse supporter encore un doloris… Je pourrais, j'en suis sûr, la contraindre à présent par l'imperium… Mais je crois que j'ai une meilleure idée… Une bien meilleure idée…

Il recula de deux pas, pointa sa baguette vers Ron et avec une délectation morbide, il s'écria :

- Endoloris !

Ron entendit Hermione hurler : Non ! au moment où il la lâchait sous l'effet de la douleur qui le transperçait. Il ne comprit que Malefoy avait cessé de le torturer que lorsqu'il entendit sa voix demander s'il fallait qu'il continuât.

- Donne-moi les mots de passe, Granger, et je l'épargnerai…

Hermione éclata en sanglots. Malefoy eut un rictus malveillant.

- Je connais d'autres sortilèges plus douloureux encore que le doloris, et plus définitifs aussi…

Hermione sursauta. Elle se tourna vivement vers Ron, le regard indécis et les lèvres tremblantes.

Ron se redressa avec difficulté. Il s'assit, détendant ses membres endoloris. Gagner un peu de temps. Pourquoi faire, il n'en savait rien. Mais il fallait gagner un peu de temps. Peut-être qu'Hermione allait se reprendre… Peut-être qu'elle aurait une idée géniale… Il dit :

- Si je te donne le moyen de savoir ce que tu veux, tu nous laisseras partir ?

Hermione sursauta. Il pressa sa main sur la sienne pour la faire taire.

Malefoy leva un sourcil faussement intéressé.

- Comment pourrais-tu me donner ce que je veux, Weasley…

- Tu veux les mots de passe ? Tous les mots de passe ? l'interrompit sèchement Ron.

- Tu les connais ?

- Non, mais je sais où tu peux les trouver…

- Ron ! s'indigna Hermione à voix basse.

- Tu as donc si peur de la mort, Weasley ? se moqua Malefoy qui ne croyait pas un mot de ce que le jeune homme disait.

- Bien sûr que j'en ai peur… Je ne veux pas mourir pour quelques mots…

- Ron !

- Tais-toi, Hermione ! Je ne suis pas comme toi, moi ! Je ne suis pas prêt à laisser ma vie dans un combat perdu d'avance…

Hermione resta sans voix. Elle ouvrit la bouche et se détourna pour se remettre à pleurer. Malefoy se remit à rire.

- Alors parle, Weasley… et tu auras la vie sauve. Et peut-être aussi que je te laisserais ta sang-de-bourbe, si vous voulez encore l'un de l'autre…

- Je ne vous laisserais pas faire… commença Hermione.

Ron attrapa la chevelure ébouriffée et retint la jeune fille en arrière.

- Ça suffit ! s'exclama-t-il. Il faut reconnaître quand on a perdu. Et tâcher de sauver sa peau. Tu feras de la tienne ce que tu voudras, mais je ne te laisserai pas décider pour moi, pas cette fois !

Malefoy applaudit :

- Voilà Weasley ! C'est ce qui s'appelle parler comme un homme ! Alors… ce moyen ? quel est-il ?

Ron se releva lentement.

- Je vais te le donner… laisse-moi le chercher…

L'œil de Malefoy s'alluma.

- Il est ici ? demanda-t-il avec une fébrilité qu'il ne put cacher.

- Oui, répondit Ron.

Malefoy brandit sa baguette vers lui.

- Ne bouge pas… Dis-moi où il est…

- Mieux vaut un qui sait que dix qui cherche, Malefoy…

- Ne bouge pas ! répéta Malefoy, menaçant.

Ron fit mine de réfléchir.

- Le placard… dit-il dans un soupir.

Sur un coup d'œil à Granger qui parut s'effondrer, Malefoy recula vers le placard. Il l'ouvrit de sa baguette sans cesser de surveiller les Gryffondor. Il jeta un regard rapide dans l'armoire. Des fioles de toutes sortes, des livres, des parchemins et autres fariboles…

- Alors ?

- Troisième étagère, à droite… il y a un parchemin… C'est une carte…

Malefoy eut un sourire triomphal. La carte ! Celle dont Pettigrew lui rebattait tant les oreilles… Elle existait donc… Il tourna la tête pour chercher cet objet de toutes les convoitises.

Ron saisit le poignet d'Hermione. Elle le regarda avec tant de déception qu'il faillit perdre son courage. Il lui sourit et posa son doigt sur ses lèvres pour lui conseiller le silence le plus complet. Il lui tendit la main. Elle la prit. Il l'aida à se redresser. Elle tenait à peine sur ses jambes. Elle ramena ses cheveux sur son visage pour ne pas qu'il la vît et cacha ses mains dans ses manches.

- Tu peux marcher ? chuchota Ron à son oreille.

Elle hocha la tête. Elle était prête à tout pour quitter cet endroit. Ils reculèrent sans bruit vers la porte. Il la portait presque. Elle s'appuyait sur lui sans même s'en rendre compte.

Malefoy cherchait toujours, de plus en plus fiévreux. Il repoussait tout ce qu'il trouvait. Les fioles vides tombèrent à ses pieds. Dans un geste de colère, il se tourna vers les Gryffondor. Une explosion toucha le mur, juste au-dessus de la tête d'Hermione.

Ron cessa son mouvement de repli, tout aussi surpris que Malefoy était furieux.

- Tu crois vraiment que tu es en position de te moquer de moi, stupide rouquin de malheur ?

Une autre explosion fit sauter l'étagère à la droite de Ron. Les livres qui étaient dessus tombèrent dans un bruit mat. Malefoy s'avança, les yeux étincelants.

- J'en ai assez, Weasley ! J'en ai assez de toi et de ta sang-de-bourbe.

Il lança un sortilège qui arracha Hermione des bras de Ron et l'expédia contre l'armoire, dans un cri de douleur. Malefoy pointait sa baguette vers Ron.

- Je te donne une dernière chance de t'en sortir, Granger… les mots de passe ! Et vite !

Il lança un Doloris farouche sur Ron. Hermione tressaillit aussi violemment que le jeune homme. Elle cria :

- Laisse-le !

Ron tourna lentement la tête vers elle.

- Ne dis rien… ânonna-t-il.

- La ferme, Weasley ! fit Malefoy d'un air ennuyé en lui décochant un nouveau Doloris.

- Alors ? reprit-il comme Ron retombait au sol dans un gémissement douloureux. Je continue ? Ou bien tu parles…

- Ne dis rien ! geignit Ron.

Hermione se jeta sur lui.

- Il va te tuer…

- Il nous tuera tous les deux de toutes façons…

C'était une évidence qui s'était imposé à lui quelques minutes auparavant. Quand il avait croisé le regard de Malefoy. Il y avait lu la joie féroce de tenir l'ennemi à sa merci, l'excitation de tenir sa vie entre ses mains et de pouvoir de retarder le moment où il serait le plus fort.

Hermione, à genoux, tremblait de tout son être. Ses mains déformées s'avançaient vers Ron, encore recroquevillé de douleur. Elle n'osait le toucher. Les sanglots étranglaient sa gorge.

- Delta Serpentis ! haleta-t-elle.

- Ne joue pas à ce jeu-là avec moi, sale limace visqueuse ! cracha Malefoy.

- Polaris… continua Hermione.

- C'est qui ? somma Malefoy.

- Pouf…

Malefoy l'interrompit d'un Inflictum ! qui la jeta à terre. Ron fit un geste pour se relever. Malefoy leva encore une fois les deux baguettes confisquées vers lui.

- Ne te fiche pas de moi, Granger ! Donne-moi Gryffondor ! Et le bureau de Dumbledore ! exigea-t-il. Ou tu peux dire adieu à ton rouquin…

Ron ricana dans un effort pour se redresser.

- Tu t'imagines sans doute que Dumbledore va sagement rester dans son bureau à attendre qu'on vienne le chercher !

Le regard de Malefoy s'alluma d'une lueur étrange.

- Dumbledore est un vieux fou… S'il ne reste pas caché dans sa tour, il voudra sans doute y mettre Potter à l'abri… Et c'est moi qui livrerai son ennemi à mon maître… Je les lui livrerai tous les deux ! Et il me récompensera largement… C'est mon jour de chance, Weasley… Et toi tu vas mourir…

- La brume monte du lac… murmura Algie Londubat.

Il se pencha à nouveau sur la lunette pointée sur le parc depuis la salle de classe de la tour d'astronomie et fit le point.

- Sur la Forêt aussi, lui répondit le professeur Sinistra.

Elle vissait consciencieusement une lentille sur un second télescope.

- Elle a commencé à monter dès la fin de l'après midi, ajouta-t-elle en jetant un coup d'œil furtif sur le professeur Dumbledore.

Le directeur restait debout devant la fenêtre, le regard fixé sur le parc, silencieux depuis de longues minutes.

- Vous avez tourné une lunette vers le ciel, Algie ?

- Oui, Albus…

- Vous y avez placé les lentilles enchantées, Isidra ?

- Pas encore, Professeur… j'y arrive.

Le professeur Sinistra se dépêcha de quitter sa lunette pour s'approcher de celle auprès de laquelle se tenait Dumbledore.

Elle tendit deux jeux de lentilles au professeur.

- La forêt, Professeur… Et celui-là c'est le lac… Je vous donne le dernier dès que j'ai terminé de…

Elle ne termina pas sa phrase. Les yeux ronds, elle désigna une forme grise qui s'avançait dans la pièce. Dumbledore se retourna vers la porte.

- Algie ? fit-il simplement. Je crois que c'est pour vous…

Londubat délaissa sa mise au point sur les eaux noires du lac et se tourna à son tour. Un lynx d'argent s'arrêta à quelques pas de lui et le fixa longuement avant de se dissoudre en silence.

- Est-ce un signal convenu ? demanda Dumledore avec un sourire.

- Non… avoua Londubat. Mais je crois que nous devrions prendre au sérieux cet avertissement impromptu…

- Je le crois aussi, Algie, répondit Dumbledore tandis que le professeur Sinistra lui remettait le dernier jeu de lentilles enchantées. Retrouvons-nous dans mon bureau.

- Je fais d'abord un saut dans le mien, Albus… annonça Londubat en quittant l'observatoire.

Hermione se redressa péniblement. Elle lança un regard désespéré à Ron au travers du rideau désordonné de sa chevelure décoiffée. Le jeune homme secoua la tête, fermement. Il réussit à se mettre debout et fit face à Malefoy.

- Quoi qu'il arrive, Hermione, ne lui dis rien, je t'en conjure… pria-t-il.

- Ronald Weasley veut jouer les héros, mais il n'est qu'un ridicule et inutile pantin… répliqua aigrement le Serpentard.

Il tendit sa baguette vers Ron.

- Non ! Hurla Hermione sans pouvoir bouger de sa place.

Elle était tétanisée par la douleur et la panique. Elle tendit une fois encore sa main difforme vers Ron.

- Non ! répéta-t-elle dans un sanglot.

Malefoy semblait se délecter de ce spectacle. Il n'obtenait rien de ce qu'il désirait. Mais c'était une douce consolation que de voir ces deux-là humiliés et désemparés. C'était si drôle de jouer avec eux, de leurs sentiments et de leur peur… Un sourire cruel déforma sa bouche.

- Dis-lui adieu, Weasley…

Ron se tourna vers Hermione, détournant son regard de la menace des baguettes.

- Nous nous sommes déjà dis adieu, Malefoy, répondit-il. Laisse-moi juste l'embrasser une dernière fois. Ensuite tu me tueras…

Il avança d'un pas vers Hermione. Un mot de Malefoy l'arrêta.

- Non !

Le silence était intolérable. Ron sentait dans son dos les trois baguettes, pointées sur lui. Son cœur lui faisait plus mal que mille Doloris. Et Hermione ne le regardait pas. Elle cachait son visage dans ses mains estropiées.

- Non, Weasley… reprenait Malefoy avec une satisfaction morbide. Tu vas regretter ce dernier baiser toute ta vie…

Ron perçut le mouvement du bras derrière lui, il vit le regard horrifié d'Hermione sous ses épais sourcils et les premières syllabes d'un Avada sifflèrent à ses oreilles.

Il ne sut pas ce qu'il faisait. Il lui semblait qu'on criait. Il se jeta entre l'éclair vert et Hermione. Elle tendit les mains en avant. Ils tombèrent l'un sur l'autre, brutalement. Ron crut qu'il était touché et il s'étonna que cela ne fît pas plus de mal de mourir.

Une explosion sur le mur derrière lui et un cri de rage le persuadèrent qu'il était toujours vivant. Il sentait les bras d'Hermione autour de lui et son souffle haché dans son cou.

Malefoy avait reculé jusqu'à la table et sa baguette avait volé dans le chaudron près de l'alambic. Les yeux étincelants de haine, il revint vers les Gryffondor à terre, leurs deux baguettes braquées sur eux.

- J'ignore comment tu as fait cela… cracha-t-il, encore stupéfié. Ni comment tu en as encore la force… mais c'est trop tard… Plus rien ne vous sauvera.

Il cessa d'avancer. Hermione s'accrocha à Ron. Il l'entendit murmurer, dans un sanglot « Ho ! Ron ! » Une vague de révolte et de colère monta en lui. Il voyait le visage de Malefoy tordu de haine. Il pencha sa tête sur celle de la jeune fille jusqu'à toucher son front de sa joue.

- Je suis là, Hermione… Tout va bien se passer, n'aie pas peur…

Ils s'enlacèrent à se faire mal. Mais ils ne sentaient rien d'autre que le battement de leur cœur dans tout leur être, dans cette attente interminable de la fin. Ron songea qu'il avait encore oublié de dire à Hermione combien il l'aimait. Mais cela n'avait plus aucune importance. Il mit la main dans sa poche sur l'écrin de la bague et il sentit la forme oblongue d'une éprouvette. Son cœur se mit à battre encore plus vite. Il lisait sur les lèvres de Malefoy la promesse de leur mort, mais il n'entendait rien d'autre que la voix d'Hermione à son oreille. Oh ! Ron…

Il retira la main de sa poche, le poing serré sur l'éprouvette. Sa vue s'embuait. Il ne voyait que les deux lueurs sombres des baguettes que Malefoy pointait sur eux. Il lança l'éprouvette vers eux. Il entendit les dernières syllabes de l'Avada au moment même où une lumière verte envahissait la pièce dans une explosion assourdissante.

Un long cri emplit son esprit. La douleur le transperça en même temps qu'un choc violent les projetait, lui et Hermione contre le mur derrière eux. Ron emporta sous ses paupières à demi closes l'image d'une forme serpentine qui ondoyait dans la brume glauque.

Algie Londubat s'engouffrait dans les passages secrets, sa baguette à la main. Il croisa Rusard au cinquième étage, qui l'informa avec importance que les portes étaient fermées et bien fermées, et qu'il avait à l'œil tous ces vauriens… Londubat lui conseilla d'aller se mettre à l'abri au plus vite. Rusard pâlit.

- Vous en êtes sûr, Professeur ?

- Hé bien… il y a de fortes présomptions, Argus… Descendez aux cuisines au plus vite. Vous y attendrez le professeur Krum en sécurité et vous lui apporterez la plus utile des aides, j'en suis certain. Le professeur Dumbledore s'occupe du reste…

Le visage d'Argus Rusard fut pris de violents tics nerveux.

- Miss Teigne et moi… nous ferons tout ce que voudra le professeur Dumbledore, dit-il d'une voix basse.

- Je n'en doute pas… lui assura Londubat en s'esquivant derrière une tenture.

D'escaliers dérobés en couloirs secrets, il fut bientôt au rez-de-chaussée et se précipita dans son bureau.

Dans la pièce, rien n'avait bougé. Son bureau était tel qu'il l'avait laissé. Les clés de son secrétaire étaient à leur place. Il ouvrit le tiroir qui contenait la boite des baguettes des Serpentard. Elle se trouvait toujours au même endroit. Avec circonspection, Londubat retira le couvercle. Un morceau de parchemin couvrait les baguettes. Un peu surpris, Londubat vérifia leur nombre. Il en manquait quelques unes seulement. Manifestement, Nott avait choisi avec soin ceux qu'il voulait armer. Le professeur se décida à toucher le papier du bout de sa baguette. L'écriture élégante de Théodore Nott apparut. Malefoy ne fait jamais ce qu'il dit, lut-il.

- Alors, il ne nous reste plus qu'à appliquer la même tactique… murmura Algie Londubat sur un ton grave.

Il détruisit le parchemin et remit la boite dans son tiroir. Puis il sortit dans le couloir et marcha résolument vers la Salle des Quatre Maisons. Depuis le seuil, il repéra les élèves de Serpentard.

- Bobbins… Archer… Dans mon bureau, je vous prie. Dit-il sur un ton sévère.

Il n'attendit pas les garçons pour reprendre le chemin du cachot. Les Septième Année se hâtèrent d'obéir sous le regard un peu inquiet de leurs camarades.

Bobbins referma la porte sur eux, n'osant questionner son Directeur de Maison.

- Messieurs, commença Londubat avec gravité, vous m'avez assuré que l'école pouvait compter sur vous. Le moment est venu de tenir vos promesses.

Il vit les jeunes gens pâlir un peu. Dans un même geste, ils mirent la main sur leur baguette dans leur poche.

- Nous vous écoutons, Monsieur… dit Archer. Que devons-nous faire ?

- Vous rendre dans votre salle commune, dès à présent. Je veux que vous fassiez sortir vos camarades de ce traquenard. Mais avec discrétion… Je ne veux pas que ceux que vous appelez les Salamandres aient l'impression d'un sauve qui peut.

Bobbins prit une grande inspiration difficile avant de demander.

- C'est pour ce soir ?

Londubat fit une grimace.

- Tout porte à le croire…

Bobbins sortit sa baguette.

- Nous avons combien de temps d'ici l'attaque ?

- Je l'ignore, mais nous devons faire comme si nous n'en avions pas…

Archer hocha la tête :

- Alors, il n'y a pas une minute à perdre. Nous vous envoyons les plus jeunes d'abord, Monsieur. Dans la Grande Salle ?

- Dans la salle des Quatre Maisons tout d'abord. L'alerte n'est pas encore donnée. Il ne faut pas éveiller les soupçons.

Archer se tourna vers Bobbins.

- Je m'occupe de faire sortir les petits qui restent et de vider les dortoirs. Tu briefes Grayson et les autres pour qu'ils donnent le change…

Il interrogea Londubat du regard et celui-ci approuva. Les deux jeunes gens se hâtèrent vers la porte. Londubat les rappela.

- Si vous jugiez que vous avez besoin d'aide… n'hésitez pas à m'envoyer votre patronus. C'est bien un Lérot pour vous Archer ? Bobbins, un hippocampe, je crois ?

- C'est cela, Monsieur…

- Bien… si l'un de vos messagers me parvenait, je saurais que tout ne se déroule pas très bien dans la salle Commune de Serpentard et je vous enverrais du renfort. C'est entendu ?

Bobbins et Archer s'entreregardèrent. Puis Archer eut le même petit sourire qu'il avait eu quelque deux jours plus tôt.

- Rassurez-vous, Monsieur, les Serpentard ont toujours eu pour habitude de régler leurs différends entre eux…

Londubat leur renvoya un regard sévère.

- Croyez-vous vraiment que cela me rassure, Archer ?

Les jeunes gens sortirent. Londubat resta une longue minute à fixer la porte qui s'était refermée sur eux. Puis il alluma un feu de sa baguette dans la cheminée et prit une poignée de poudre de cheminette.

- Le bureau de Dumbledore ! lança-t-il.

Il disparut dans une gerbe d'étincelles.

Viktor Krum passa ses mains sur son visage encore douloureux comme il revenait à la réalité. Il ne savait pas depuis combien de temps il était enfermé dans ce bureau, à ne penser à rien – à s'efforcer de ne penser à rien. A refaire en quelques instants le chemin qu'il avait mis des mois à parcourir. Il lui semblait qu'une éternité s'était écoulée depuis qu'il avait pris la décision d'ouvrir son cœur à Hermione. Avant la Grande Nuit de Yule… Ce n'était pas en ce début de nuit qu'il avait tout perdu. C'était il y avait bien longtemps. Il lui semblait que des siècles avaient passé depuis le jour où on était venu le mettre en face d'un choix impossible à faire. Pourtant chaque fois qu'il avait pensé qu'il eût mieux fait d'accepter la mort plutôt que de se compromettre, le nom de Charlie Weasley revenait à son esprit.

Il sourit amèrement pour lui-même. Il se voilait la face depuis trop longtemps.

Il partirait. Il n'avait pas sa place dans cette école. Il se cachait depuis trop longtemps. La vie de Charlie Weasley ne rachetait pas toutes celles qu'il avait prises. Ni pas empêché de prendre. Plus jamais il ne serait lâche. Plus jamais il ne se trouverait d'excuses.

Il se leva du fauteuil et rangea le bureau. Il empila les livres d'un côté –aucun ne lui appartenait. Il repoussa les plumes sur un autre –elles n'étaient pas à lui non plus. Il déboutonna les trois boutons de la robe –elle avait appartenu à Bill Weasley ; on voyait encore la forme de l'écusson de sa Maison –Gryffondor, lui avait-on dit, la Maison des courageux et des hardis. Il n'était même pas digne non plus de porter cette robe de sorcier.

Il l'enleva et la plia sur le dossier du fauteuil qu'il venait de quitter. De toutes les décisions qu'il avait pu prendre en quelques mois, celle-ci était la plus difficile. Et en même temps, il ne s'était jamais senti le cœur aussi léger.

Il posait la main sur la poignée de la porte, fermement, quand la douleur, impérieuse, irradia de son poignet gauche dans tout son être. Une vague de rage monta en lui, et d'effroi. Avant la fin de la Grande Nuit de Yule… il perdrait tout peut-être, mais cette fois, il ne les laisserait pas faire. Il se ressaisit, malgré la brûlure sur sa peau qui perdurait. Il sortit dans le couloir, laissant son bureau grand ouvert, et se dirigea vers les escaliers qui menaient aux étages, vers le bureau de Dumbledore.

La douleur lui fit l'effet d'un aiguillon. Par delà la lourdeur de sa tête et ce brouillard qui obscurcissait sa vue et ses pensées. Il se souvenait de l'éclair vert qui l'avait aveuglé. Et de ce souffle puissant qui l'avait soulevé. Il avait vu se dresser devant lui un long dragon d'argent aux reflets verdâtres.

Il avait du être sérieusement sonné. Et les deux autres ne pouvaient en avoir réchappé. Ils gisaient, l'un près de l'autre, leurs doigts encore enlacés.

La douleur dans son bras s'estompait.

Un frisson jubilatoire parcourut Drago Malefoy.

Enfin ! Nous plongerons le monde dans la nuit la plus longue qu'il ait jamais connu. Et il n'y aura pas d'aube pour les ennemis de l'Héritier… Une féroce envie de rire lui vint. Ces mots –ceux du dernier message du Seigneur des Ténèbres- il les avait compris, seul, sans aide… si on exceptait du moins celle, bien involontaire de cette idiote de Lovegood.

Anticiper ! Il n'avait pas attendu ce poseur de Nott pour chercher à savoir quand l'attaque promise aurait lieu. Et plus les jours avançaient, plus il lui apparaissait comme une évidence que le Grand Jour serait en fait une Grande Nuit – et quelle nuit se prêterait davantage à l'avènement des Ténèbres que celle du solstice d'hiver ? quelques heures avant son départ de Poudlard pour les vacances

Il se releva, dans un état d'excitation exacerbé. Il devait d'abord retrouver sa baguette. Celles des deux autres lui avaient été arrachées des mains. La sienne était là quelque part, dans les débris qui jonchaient la pièce.

Il ignorait ce qui était arrivé, mais ç'avait du être terrible. Il ne savait pas qu'il pût dégager autant de puissance magique. Le Maître avait raison. La magie noire était la plus élevée des formes de la magie. Il chercha du pied parmi les cornues renversées et les livres répandus au sol. Elle devait être près du chaudron retourné. D'un coup de pied, il repoussa le chaudron : sa baguette était là, et il la saisit avec un sentiment de victoire. Il fit venir à lui un livre à demi consumé et en arracha une page. Il ferma les yeux un instant et dans un frémissement d'exquise torture, il murmura : Morsmorde.

La marque des Ténèbres s'imprima sur le papier, comme une marque au fer, et d'un coup de baguette sur la feuille, Malefoy envoya son signal à chacun de ses partisans.

Il marcha vers la porte, faisant crisser sous ses pas des bouts de verres éparpillés. Il enjamba le corps de Weasley, et d'un geste presque désinvolte, il laissa tomber le dessin morbide sur sa poitrine.

Bientôt, l'honneur d'allumer dans la nuit la Marque de la victoire du Seigneur des Ténèbres lui reviendrait. Et rien n'empêcherait de se lever l'aube sombre qui annoncerait à tous le jour de gloire de Drago Malefoy.

Crabbe et Goyle suivaient Blaise Zabini sans grand enthousiasme.

Depuis qu'ils avaient reçu la marque noire, peu avant, Zabini avait pris la direction des opérations. Il les avait traînés dans les toilettes des filles du premier étage, les avait traités d'abrutis une bonne dizaine de fois –notamment quand ils avaient cassé le miroir au-dessus du lavabo. Il avait alors pratiquement sauté dans le trou dans le mur pour en sortir une boite étroite qu'il avait ouverte avec convoitise… Il avait brandi une baguette vers le plafond dans un geste et un cri de victoire. Goyle l'avait empêché de lancer un sortilège. Et si on l'entendait ? Et si on venait ? Et si ils se faisaient prendre avec une baguette à la main alors qu'ils n'avaient pas le droit de jeter un sort ?

Zabini avait éclaté de rire. Mais il avait baissé le bras et la baguette.

- Tu as raison… Je ne croyais pas pouvoir dire cela un jour, mais tu as raison, Gregory. Il serait dommage de nous faire prendre avant d'avoir accompli notre mission…

Il leur avait tendu la boite, les invitant à se servir. Les deux colosses avaient refusé. Nott leur avait demandé de s'en remettre à lui pour leur rendre leurs baguettes, ils lui feraient confiance. Zabini avait ricané, rangé la boite oblongue dans la poche de sa robe et quitté les toilettes des filles le premier.

- Où est-ce qu'on va ? osa enfin demander Gregory Goyle tandis qu'ils s'engouffraient dans l'un des raccourcis de l'étage.

- On descend chez Rusard pour lui piquer ses clés… répondit Zabini avec excitation.

Il serrait sa baguette entre ses doigts et il lui démangeait de s'en servir. Contre ce sale cracmol de Rusard tout d'abord. Ensuite contre ces Gryffondor de malheur. Et pour finir contre cette arrogante McGregor qui se pavanait au bras de ce nullissime de Potter.

- Et qu'est-ce qu'on va faire des clés ? geignit Crabbe.

- Et qu'est-ce qu'on fait avec des clés ? répondit Zabini sur le même ton.

Il s'arrêta prudemment au bout du passage pour glisser un œil à l'extérieur.

Goyle le retint comme il esquissait le geste de leur faire signe de le suivre. Zabini jeta un regard sévère sur la lourde patte qui venait de s'abattre sur son épaule.

- Tu veux dire que nous allons prendre les clés à Rusard pour ouvrir les portes du château ?

- C'est exact, fit mine de s'étonner Zabini. Malefoy t'a fait prendre une potion d'aiguise-méninges avant l'assaut ?

- Mais les portes sont dans le grand Hall ! dit Crabbe.

- Il a doublé la dose pour toi ? se moqua Zabini.

- Mais ils ne nous laisseront jamais faire ! s'exclama encore Crabbe.

Il ne dit pas qu'il n'était pas non plus très sûr de vouloir le faire. Il jeta un regard à Gregory.

- Bien sûr qu'on ne nous laissera pas faire ! s'énerva Zabini. C'est pourquoi il faut faire vite avant que l'alarme ne soit donnée…

- Mais on n'a pas de baguette ! rappela Goyle. Tu ne nous as pas laissé aller avec Nott qui devait nous remettre les nôtres !

- Et vous vous n'avez pas voulu des miennes ! grinça Zabini. Je n'ai pas besoin de vos baguettes ! J'ai besoin de vos muscles ! Je vous couvrirai avec ma baguette. L'important c'est de piquer les clés de Rusard et de le mettre hors d'état de nuire… Allez, venez ! On a assez perdu de temps en parlotte !

Il sortit la tête dans le couloir et sentit à nouveau le poids de la main de Goyle sur son épaule.

- Quoi encore ? fit-il agacé.

- Ca veut dire qu'ils sont dehors ?

- Je ne sais pas s'ils sont déjà là ! Mais ils le seront bientôt ! Et si les portes ne sont pas ouvertes ça va barder pour vous !

- Ca va barder aussi si on les ouvre…

Zabini se retourna et pointa sa baguette sur la marque noire de papier collée sur la poitrine de Gregory Goyle.

- Tu portes la marque, tu ne risques rien…

- On la portait aussi à Halloween… dit Crabbe gravement. J'irai pas ouvrir les portes.

Un instant, Zabini ne sut quoi faire. Il serra sa baguette un peu plus fort.

- Tu fais ce que tu veux… mais laisse-moi faire ce que j'ai à faire…

Goyle le repoussa contre le mur.

- Non ! affirma-t-il.

Une lueur d'incompréhension passa dans les yeux de Blaise Zabini. Puis une moue méprisante vint tordre sa bouche.

- Vous n'êtes que deux lâches… un tas de muscles sans cervelle et sans honneur. Que croyez-vous pouvoir faire contre moi ?

Il leva sa baguette pour se débarrasser de ces deux lourdauds. A bout portant, il pouvait envoyer Goyle sur Crabbe et faire d'une pierre deux coups.

Goyle leva le poing au moment où Zabini prononçait : Eicio !

- Couic ! fit la baguette.

- Haaaa ! fit Zabini.

- … firent Crabbe et Goyle.

Zabini lâcha la queue de la souris en caoutchouc qu'était devenue sa baguette.

- Tu disais ? s'enquit poliment Goyle avant d'envoyer son poing dans la figure de son camarade.

Le garçon glissa le long du mur, comme une chiffe.

- Qu'est-ce qu'on fait maintenant ? demanda Crabbe.

- On retrouve Théo d'abord. On verra ensuite.

- Et s'il nous demande d'aller ouvrir les portes ? s'inquiéta Crabbe.

- Ca m'étonnerait, répondit Goyle.

- Comment peux-tu en être certain ?

Gregory Goyle marcha sur la souris qui poussa un couic réprobateur.

- Il ne voulait pas qu'on prenne d'autres baguettes que les nôtres… dit-il.

Les deux Serpentard échangèrent un long regard.

- Qu'est-ce qu'on fait de lui ? demanda encore Crabbe en désignant le corps affalé de Zabini.

- On l'emmène ! décida Goyle.

Il chargea Zabini sur son épaule et rebroussa chemin.

Le bureau de Krum était ouvert, et vide. Bien sûr, il devait s'être précipité aux pieds de Dumbledore pour l'avertir que le Maître -le vrai, l'unique, celui que ce traître avait renié- était en marche.

Mais cela ne suffirait pas ; c'était inutile d'essayer de lutter contre l'armée des Ténèbres. Même cette idiote de Loufoca avait confirmé ce qui était une évidence pour tous ceux qui ne se laissaient pas abuser par les vagues promesses d'un vieux fou et la poudre aux yeux que ne cessait de jeter cet arrogant Potter. Il ne ferait plus longtemps le fier, lui non plus…

Drago Malefoy écouta le silence du couloir, un vague malaise au cœur. Ils devraient être tous en train de s'agiter en tous les sens. Il réalisa qu'il n'avait pas encore entendu l'alarme qui devait signaler tout débordement dans les cachots ainsi que la confirmation des affrontements.

Il serra sa main sur sa baguette. Peut-être Krum n'avait-il pas encore rejoint le bureau du Directeur. Peut-être était-il encore temps de le rattraper et de fermer sa bouche de parjure avant que… Ou, mieux encore…

Drago s'élança dans le couloir. S'il arrivait au moment où Krum se voyait ouvrir l'entrée de l'escalier à vis, la voie vers la gloire était toute tracée. Il suffirait alors de lancer la tête chenue du vieux fou au milieu de la mêlée pour les voir tous perdre pied.

Il avait des images victorieuses plein la tête, où il se voyait ouvrir les portes de Poudlard déjà conquise au Seigneur des Ténèbres, poussant Potter devant lui, enjambant le corps de Dumbledore d'un geste nonchalant, obligeant McGregor à regarder la mise à mort de l'élu de son cœur… Il riait déjà, envahi par un sentiment sardonique qui le poussait en avant et étreignait son cœur.

Il n'eut que le temps de reculer contre le mur. Il reprit son souffle et avança la tête au détour du couloir.

McGonagall et Krum étaient au milieu du corridor, juste sous la lumière chiche d'une torche. La vieille chouette parlait avec animation. Malefoy n'entendait que très mal ce qu'elle disait, mais il compris qu'il était inutile pour Krum de monter chez le directeur. Celui-ci était déjà averti de ce qui se tramait. McGonagall était d'ailleurs en chemin pour prévenir Viktor de mettre en application le plan décidé par la direction. Sans attendre le signal que Celui-dont-on-ne-prononce-pas-le-Nom devait envoyer à ses disciples. A présent, ils devaient se dépêcher. Elle montait à la tour de Gryffondor. Lui devait se rendre sans tarder aux cuisines.

Drago se demanda ce qu'un professeur de défense contre les Forces du Mal pouvait bien fabriquer dans les cuisines. Une vague contrariété vint se mêler à sa joie d'avoir pu berner tous ceux qui se croyaient si malins, ainsi que celui –ou ceux- qui travaillaient pour eux.

Il jeta un dernier regard dans le couloir. McGonagall entraînait Krum avec elle. Elle le poussa dans un passage dérobé et le suivit aussitôt.

Drago voyait s'éloigner ses espoirs d'atteindre le bureau de Dumbledore. Il lui restait Potter. Il ne laisserait personne d'autre l'amener au Maître. Cet honneur lui revenait. De droit. Il rebroussa chemin. Il n'y aurait pas d'alarme ; il en était certain à présent. Dumbledore devait avoir déjà ordonné le rassemblement dans la Grande Salle. En bas, dans les cachots, ses camarades devaient avoir retrouver leurs baguettes et se charger de mettre hors d'état de nuire ceux qui se dresseraient sur leur chemin. Zabini, Goyle et Crabbe devaient avoir…

- Tiens… Tiens… Tiens…

Malefoy se figea et se tourna lentement, la main sur la rampe de l'escalier. Non, Zabini, Crabbe et Goyle n'avaient rien fait de ce qui leur incombait…

- Qu'est-ce que vous manigancez, Malefoy ?

Rusard plissait ses petits yeux chafouins. Il cherchait par-dessus l'épaule du garçon quelqu'un ou quelque chose dans la pénombre.

- Vous êtes seul, c'est curieux…

Malefoy fixait le trousseau de clés à la ceinture du concierge. Il remonta les quelques marches qui le séparaient du palier du deuxième étage. Ils ne pouvaient rester là. N'importe qui pouvait surgir. Drago reprit son assurance pour répondre :

- Oui, je suis seul, mais plus pour longtemps…

Rusard baissa les yeux sur la baguette qui se levait vers lui. Il songea qu'il aurait mieux fait d'écouter ce bonhomme de Londubat et de se terrer aux cuisines en compagnie de ces vermines d'Elfes, plutôt que de partir à la recherche de sa chatte. Un horrible pressentiment lui vint. Il demanda d'une voix sourde :

- Qu'as-tu fait à ma Miss Teigne ?

Malefoy eut un sourire cruel.

- Qui se soucie de la vielle chatte d'un vieux cracmol ?

Une lueur de rage haineuse couva dans le regard soudain fou de Rusard. Il poussa un grand cri de douleur aigre et se jeta vers le jeune homme, les deux mains en avant pour saisir son cou. Drago n'eut que le temps de crier « Stupéfix! » dans un mouvement de recul. Le sortilège frappa Rusard de plein fouet. Il s'écroula en avant, sur Malefoy qui perdit l'équilibre.

Drago sentit la marche se dérober sous son talon. Le corps de Rusard s'effondrait sur lui, le poussant vers l'arrière. Il tendit le bras vers la rampe. Ses doigts glissèrent sur le cuivre encaustiqué par ses camarades de Serpentard le matin même. Son dos rencontra brutalement la rambarde. Il dévala une volée de marches sur les fesses avant de pouvoir s'accrocher et laisser le corps inconscient du concierge terminer sa course en bas des escaliers.

Drago resta quelques secondes haletant, à se rétablir péniblement. Puis il se releva, ignorant la douleur dans ses côtes et se précipita vers Rusard pour le dépouiller de son trousseau de clés. Il donna un coup de pied dans le flanc du concierge. Il n'avait pas pu atteindre Dumbledore. Et Krum lui avait échappé. Mais il avait mis hors course ce fouineur de Rusard et son répugnant mouchard de chat. Il avait eu Weasley et la sang-de-bourbe. Il avait privé l'école de sa préfète en chef, et plus important encore, il avait dépossédé Potter du soutien de ses amis. Et en fin de compte, ce serait bien lui qui ouvrirait les portes à ses acolytes cagoulés.

Il donna un autre coup de pied dans le corps inerte de Rusard. Puis un autre et encore un autre. C'était presque aussi réjouissant que de voir ramper à ses pieds ce poltron de Weasley et d'entendre supplier sa sang-de-bourbe. Il en regrettait d'avoir du les tuer si vite. Ce vieux cracmol jouait depuis trop longtemps d'un pouvoir dont il n'était pas digne… il venait de ravaler toutes les humiliations qu'il lui avait fait subir.

Puis, avec une délectation perverse, Drago Malefoy lança un dernier coup de pied dans le visage d'Argus Rusard. Il tourna enfin les talons et courut vers les marches qui descendaient vers le premier étage.

Harry ferma les yeux. La nuit du dehors envahissait la pièce. Une nuit noire et profonde. Il frissonna malgré les bras d'Ellen autour de lui et son souffle chaud dans son cou. Ce moment ne pouvait-il durer éternellement ? Il ne s'attarda pas à la réponse. Il ne la connaissait que trop bien.

Il soupira profondément. Le rire d'Ellie à son oreille le fit sourire. Ses lèvres effleurèrent sa joue.

- Un soupir d'aise ou de regret ? murmura-t-elle.

Elle n'eut pour toute réponse qu'un autre soupir.

- Les deux…

Il s'étira, s'allongeant un peu plus sur les manteaux au sol, la tête appuyée sur l'épaule d'Ellen. Ils étaient sous un arbre aux branches tombantes, qui leur faisaient comme un rideau derrière lequel ils se cachaient. Si on pouvait ne jamais les trouver… Il passerait son temps ainsi, à n'écouter qu'à moitié ce que racontait Ellie, plus attentif à la caresse de ses doigts sur son front et dans ses cheveux. Peu importait que la douleur insidieuse irradiât dans toute sa tête. Il ne voulait pas gâcher ces moments en pensant à autre chose qu'aux bras d'Ellen qui l'enfermaient dans une chaleur parfumée. Et à sa voix qui le berçait doucement.

- On pourrait oublier le bal… proposa-t-il.

Il ouvrit les yeux sur le sourire d'Ellen au-dessus de son visage.

- J'ai très envie de ce bal, Harry…

Harry soupira une fois encore.

- D'accord, finit-il par consentir. Tu auras ta danse sous les lumières, Nell…

- Je n'en ai jamais douté, Harry…

Elle se pencha sur son front et embrassa sa cicatrice.

Un éclair furtif traversa la clairière intérieure. Ils sursautèrent. Un faisceau de lumière chercha parmi les branchages. Harry fut sur pieds en un bond, sa baguette à la main, Ellen derrière lui.

- Harry ? Tu es là ?

Harry s'avança, la baguette en avant.

- Professeur Dumbledore ?

Harry et Ellie sortirent de l'abri des feuillages. Dumbledore, Fumseck sur son poignet, éclairait la pièce d'une lueur fragile.

- Harry…

Le cœur du jeune homme se serra. Ellie s'accrocha à son bras.

- Je viens, Professeur… dit simplement Harry, malgré la douleur dans sa gorge.

Il prit le manteau que lui tendait Ellen. Elle l'aida à le mettre en silence. Elle accrocha sa propre écharpe au cou du jeune homme et la noua lentement.

- Il fait froid, dit-elle.

Elle l'embrassa, les lèvres tremblantes.

- N'oublie pas…que tu me dois une danse, Potter…

Dumbledore tendit la main à Harry.

- Miss McGregor, il est temps de rassembler vos camarades pour les conduire dans la Grande Salle…

- Je n'ai pas entendu l'alarme…

- Il n'y aura pas d'alarme… répondit Dumbledore. Harry… Accroche-toi à mon bras.

Harry obéit. Il vit Ellie disparaître dans un tourbillon qui lui donna la nausée.

Drago Malefoy se pencha sur la rampe du premier étage, à l'endroit même où il s'était tenu toute la matinée afin de narguer ceux qui partaient, et davantage encore ceux qui restaient. Le Grand Hall était vide. Drago ignorait si c'était à cause du bal auquel chacun se préparait, ou à cause du départ d'une grande partie des élèves, mais l'école était bien silencieuse, et semblait désertée. Les torches aux murs, dans les couloirs, et le long de l'escalier, trouaient la pénombre. La nuit avait déjà commencé.

Malefoy leva sa baguette vers le grand lustre : omnia noctescunt ! prononça-t-il distinctement. Et le grand hall s'enténébra. Les multiples chandelles brûlaient toujours, mais elles ne dispensaient que de faibles lueurs qui faisaient danser d'inquiétantes ombres sur les hauts murs de pierres.

Malefoy dévala les escaliers vers le rez-de-chaussée et la nuit qu'il venait de faire tomber à l'intérieur même du château.

Il reconnut la grande clé de bronze qui ouvrait les lourdes portes de chêne et la poussa dans la serrure. Il la tourna des deux mains et le bruit des verrous qui s'ouvraient parut emplir le Grand Hall.

Il se rejeta dans l'ombre, cherchant à tâtons la clé qui ouvrirait la petite porte d'entrée. Il en essaya plusieurs fébrilement, les yeux tournés vers les escaliers. L'alarme n'avait pas sonné, mais la panique, cependant, aurait du être au rendez-vous.

Le bruit ne vint pas des étages. Il venait du couloir du rez-de-chaussée. Une course nerveuse. Plusieurs souffles haletants. Malefoy se tapi contre le mur. L'ombre le cachait. Il reconnut la voix de Londubat –le neveu- qui recommandait la prudence. Il vit les faisceaux de lumière –cinq- qui cherchaient dans l'obscurité du vestibule. Il se tint prêt à user de sa baguette.

- Aux heures les plus sombres… dit la voix de Finnigan. Ce n'était pas juste une manière de parler…

- Ha ! La ferme, Finnigan ! répondit la voix angoissée de Boots.

- Taisez-vous ! intima Londubat. Montons à nos tours respectives chercher nos camarades comme nous l'a demandé le professeur Vector. J'espère qu'Hermione pourra nous dire ce qui se passe…

Malefoy se mit à sourire. On ne retrouverait jamais la préfète en chef. Et si on la retrouvait, elle ne pourrait rien faire… Il quitta sa cachette alors que les cinq autres atteignaient le premier palier. Il fonça sous l'escalier, vers la porte qui donnait sur le corridor des jardins. A l'abri des regards, il put allumer sa baguette pour chercher la clé adéquate. Il essaya chacune de celles qui pouvait convenir, attentif aux sons qui lui parvenaient. Il sursauta quand, au moment même où il sentait le déclic dans la serrure, il y eut un bruit de chute dans les escaliers et plusieurs exclamations effrayées. Les cinq intrépides venaient de tomber sur Rusard.

Malefoy retira la clé de la serrure. Il hésita. La porte qui menait aux cuisines était juste de l'autre côté de l'escalier. Il pourrait peut-être aller vérifier ce que Krum y faisait – et se débarrasser de lui par la même occasion. Mais dans l'escalier, la voix de McGonagall s'élevait. Il poussa la porte sous l'escalier et s'engouffra dans le corridor pour rejoindre l'extérieur.

Ellen sortit de la salle, avec circonspection. Elle avait une vague impression de déjà vu. Les torches semblaient ne pas éclairer aussi bien que d'ordinaire. Elle serrait ses doigts sur sa baguette pour empêcher sa main de trembler. Elle vit de la lumière au bout du couloir, qui venait des quartiers de Serpentard. Son pouls s'accéléra. Cette fois, il n'y avait aucun passage dérobé à proximité. Et les voix s'approchaient, inexorablement. Elle éteignit sa baguette.

- Qui est là ?

Ellie soupira.

- Debbie ! Qu'est-ce qui se passe ?

Elle refit de la lumière et courut au devant de ses camarades. Debbie Grayson poussa un petit cri qui tenait autant de la surprise que du soulagement. Elle entraîna la poignée de Serpentard qui la suivait vers Ellie.

- Qu'est-ce qui se passe ? répéta Ellen.

- On a pu quitter la salle commune, répondit Debbie d'une voix précipitée. Mais Reggie est encore là-bas, avec quelques autres. Ho ! Ellie ! Il faut retourner les aider… Ils vont se faire massacrer…

- Doucement, la calma Ellen. Raconte ce qui s'est passé.

- Andy et Fergus sont arrivés pour nous avertir de quitter la salle commune. On a d'abord fait partir les petits et nous, nous, sommes restés pour que les Salamandres ne se rendent compte de rien. Et quand Andy est revenu de les accompagner dans la salle des Quatre Maisons, ils sont tous descendus dans les dortoirs des garçons. Alors on a voulu partir en vitesse, mais les Salamandres qui ont toujours leurs baguettes nous en ont empêché. On s'est battu. Nous sept, nous avons pu atteindre la porte. Mais pas les autres. Et Reggie est là-bas…

- Ca va aller… Tout va bien se passer, Debbie. Essaya de la calmer Ellen en mettant de l'ordre dans les paroles hachées de la jeune fille. Andy et Fergus sont avec lui… Rendez-vous dans la Grande Salle. Moi je vais prêter main forte dans les cachots…

- Pas toute seule ! sursauta Debbie Grayson. Ils sont nombreux…

- Ne t'inquiète pas… Ils ne le sont pas autant qu'on le croit…

- Mais Zabini et les deux Trolls traînent dans les couloirs, insista la gardienne des Phénix. Et Nott aussi…

- Ho ! fit Ellie.

Elle sourit à Debbie.

- Ne t'inquiète pas, répéta-t-elle. Va te mettre à l'abri.

- Moi, je viens avec toi, dit un garçon de Cinquième Année.

- Et moi aussi, ajouta une fille de Sixième sur un air de défi. On ne peut pas te laisser seule avec des Salamandres en liberté dans les couloirs.

Ellen leur fit signe de la suivre.

- D'accord, concéda-t-elle. Mais vous faites ce que je dis !

Les trois Serpentard se précipitèrent vers les couloirs des cachots. Ils arrivèrent devant le mur de leur salle commune.

- Qu'est-ce qu'on fait ? demanda le garçon de Cinquième Année.

- Tu crois qu'on est venus jusqu'ici pour se dégonfler ? se moqua Ellie.

Le garçon se mordit les lèvres.

- J'ouvre la porte, je rentre et vous, vous vous glissez derrière moi. On se débrouille pour la laisser ouverte et on couvre le repli des nôtres. S'il y a des blessés, je m'en occupe. Vous, vous gardez la porte ouverte et vous bombardez l'adversaire. Allez ! On a l'avantage de la surprise…

Ellen donna le mot de passe et la porte s'ouvrit. Elle entra au moment même où Wilford surgissait des dortoirs une baguette triomphale à la main, suivi des Salamandres enthousiastes.

Les Serpentard se virent perdus, tandis que leurs adversaires lançaient une exclamation de victoire.

- Fiche le camp, Ellie ! cria Archer à sa gauche, depuis l'abri d'une table renversée.

- Alors, McGregor ! l'interpella Wilford. Tu es prête à capituler ?

Ellen fixa quelques secondes la baguette dont Wilford la menaçait. Les combats s'étaient interrompus. La porte se referma derrière Ellie.

Elle releva les yeux vers le visage déjà épanoui de BJ Wilford. Elle répondit à son sourire narquois.

- Capituler ? Jamais !

Wilford tendit sa baguette d'un geste décidé. Il prononça la première syllabe de son maléfice, et sa baguette se transforma en une théière en fer-blanc. Ceux qui se trouvaient derrière lui se retrouvèrent tout aussi attrapés, qui avec un poisson ramolli dans la main, qui une volaille couinante.

La stupeur laissa pantois les Salamandres qui avaient encore leurs propres baguettes. Un éclat de rire vint de derrière les abris des Serpentard. Puis ces derniers profitèrent de l'effet de surprise et les sortilèges reprirent de plus belle. Les Salamandres penaudes se cherchèrent des refuges comme ils le purent. Wilford battit en retraite dans les escaliers. Il se retourna contre les Salamandres qui avaient voulu attendre le retour de Nott pour retrouver leur baguette. Ils eurent beau protester de leur innocence, Wilford et quelques uns de ses partisans les accusèrent de les avoir précipité dans un piège. Il s'en suivit, sur les escaliers et les couloirs des dortoirs, une empoignade à la moldue alors que les sortilèges fusaient des quatre coins de la salle commune.

Ellie réussit à rejoindre Archer et ce dernier, entre deux lancers de sorts, lui faisait un rapport de la situation. Il lui confia qu'il s'inquiétait pour Grayson qui n'avait pas donné signe de vie depuis un moment déjà. Il devait se trouver sous le fauteuil retourné près de la cheminée. Ellen évalua la situation. Les Salamandres armées n'étaient pas énormément plus nombreuses mais bien mieux placées. Du centre de la pièce, ils coupaient la retraite aux Serpentard dispersés et avaient une perspective parfaite sur la porte.

Bobbins appela Archer depuis son abri de chaises empilées.

- Il faut faire ce que Londubat nous a dit, Andrew ! cria-t-il.

Archer ne répondit pas. Il serra sa baguette un peu plus fort et envoya un Expelliarmus rageur sur un adversaire qu'il manqua.

- Qu'a dit Londubat ? murmura Ellie.

- Qu'on l'appelle si ça tournait mal… répondit Archer du bout des lèvres.

- Et pourquoi ne l'as-tu pas fait ?

- Parce qu'on peut s'en sortir sans aide !

- Il nous faut du renfort, Andy… Ils ont une position inattaquable. On n'arrivera à rien comme ça…

- Et si j'appelais du renfort, ils tomberaient à peine la porte ouverte ! trancha Andrew Archer. Tu as eu de la chance que Wilford soit monté juste au moment où tu entrais, Ellie.

- Debbie doit avoir rejoint la Grande Salle. Elle parlera à Londubat.

- Ca m'étonnerait…

- Elle m'a bien envoyée, moi…

- Oui, mais toi, tu es une Serpentard…

Ellie n'eut pas le temps de commenter la réponse d'Archer. La porte s'ouvrit à nouveau. Trois ombres firent leur apparition, baguette au poing. Archer se tourna brutalement et voulut crier un stupéfix. Ellie retint son bras et mit sa main sur la bouche du jeune homme.

- Non ! chuchota-t-elle.

Théodore Nott pointait sa baguette vers Archer et Ellie. Les deux Trolls lancèrent chacun un Expelliarmus vers les Serpentard qui essayaient de se garder de tous côtés. Bobbins jeta un dernier regard implorant vers la porte encore ouverte, sans oser prononcer le moindre sort. Son cœur s'affola. La porte se referma. Fergus Bobbins se laissa tomber derrière sa barricade dérisoire, anéanti.

Wilford cependant avait repris contenance et cessé de se rouler sur les escaliers.

- Enfin ! s'écria-t-il avec humeur. Tu nous as ramené nos baguettes ?

- Pourquoi es-tu en train de taper sur mes amis, BJ ? rétorqua Nott avec flegme.

- Une stupide histoire de baguettes… répondit Ellie sur un ton moqueur.

Elle tenait la sienne devant elle. Nott semblait s'amuser de son indécision. Elle lui adressa une grimace.

Nott sortit alors de la poche de sa robe une boite oblongue qu'il tendit à Goyle.

- Va la lui donner, Gregory. Et ramène nos amis avec toi, afin qu'ils retrouvent leur baguette…

Wilford eut une expression sceptique.

- Tu ne nous as pas rapporté nos baguettes ? se méfia-t-il.

La déception qui se peignit sur son visage amusa Nott tout autant que les hésitations de McGregor.

- Malefoy a donné l'ordre de distribuer ces baguettes-là à ceux qui le suivent aveuglément…

Il montra en même temps un fagot de baguettes dans sa main gauche.

- Ceux qui préfèrent se battre à mes côtés pourront le faire avec leur propre baguette…

Goyle traversait la pièce, un peu incertain. Il appela de la main ses camarades qui se hâtèrent de se regrouper derrière sa baguette. Il tendit la boite à Wilford et celui-ci ne vit pas le sourire venimeux de son camarade de Maison. BJ Wilford se dépêchait d'ouvrir la boite.

Nott s'avança de quelques pas, tournant le dos à Ellie et Archer. A nouveau la jeune fille empêcha son camarde de lever sa baguette.

- Allons, Andy, ce sont les lâches qui tirent dans le dos… chuchota-t-elle.

Dans un ricanement, Wilford leva sa nouvelle baguette en direction de Nott.

- Tu crois que Malefoy te laissera prendre la tête de son armée sans réagir, Théodore ? Il faudrait d'abord que tu sortes de cette salle… Nous sommes plus nombreux que toi et les tiens, Nott…

D'un signe de tête, Nott ordonna à ses partisans de prendre position. Lui-même reculait lentement vers la table de McGregor et Archer.

- Je me fiche de ce que pense Malefoy, dit-il. Et je crois que tu devrais apprendre à compter, BJ… Nous sommes plus nombreux… nous, les Serpentard…

Il plongea derrière la table tout en lançant un expelliarmus sur l'un de ses anciens camarades qui le visait. Goyle renversa la table devant lui et Crabbe poussa derrière deux des nouvelles recrues un peu surprises. Lui-même prit place derrière un fauteuil. Il y eut à nouveau des incantations qui se terminèrent en cris de rage au milieu de couac et autres bruits incongrus.

Wilford se replia une fois de plus dans les escaliers, maudissant Nott et sa clique.

Archer restait immobile, fixant Nott la bouche ouverte. Ellie le rappela à l'ordre.

- On a notre renfort, Andy… Mais on n'est pas plus avancés… Ils ont toujours les meilleures places…

- Si on jette un sortilège de confusion sur les quatre là-bas… proposa Nott. Ceux qui sont coincés dans le fond de la pièce pourront tenter de se rapprocher de la porte.

- C'est risqué… estima Archer un peu méfiant.

Ellie s'assit contre la table. Elle mordait le coin de ses lèvres.

- On ne peut pas faire ça… Ou nous sortons tous ensemble, ou nous restons ici… On a au moins un blessé. On ne peut pas le laisser là.

- Il faut aller le chercher, dit Nott.

Archer lui lança un regard ironique mais préféra se taire.

- Ca ne suffit pas de mettre hors course ceux qui sont armés, continua Ellie. Les autres récupèrent les baguettes et prennent leur place…

Elle se pencha vers Archer.

- Tu as ta poudre d'estourbinette sur toi ?

- Non ! Fergus, Reggie et moi avons donné la notre à Debbie et aux petits au cas où ils auraient fait de mauvaises rencontres…

Il jeta un regard de travers à Nott qui eut un sourire en coin.

- Qu'est-ce que c'est la poudre d'estourbinette ? demanda celui-ci.

- Quelque chose de très pratique quand on l'a sous la main… Vous faites diversion ? J'ai besoin d'aller dans mon dortoir…

Sans attendre leur réponse, elle fonça vers l'escalier du dortoir des filles. Archer et Nott se levèrent en même temps pour protéger son échappée. L'un envoya un expelliarmus, l'autre un stupéfix. Ils ratèrent leur cible, mais leur victime resta cachée un moment avant d'oser montrer sa baguette une nouvelle fois.

Lorsque Ellie revint de très longues minutes plus tard, la salle commune de Serpentard était plongée dans une quasi obscurité. Ses lampes de lumière verte étaient presque toutes détruites et les éclairs rouges fusaient de tous côtés.

Elle se jeta entre Nott et Archer, essoufflée.

- J'ai eu Thompson ! annonça Archer avec fierté.

- Oui… et Wilford a aussitôt pris sa place et sa baguette, ajouta Nott sur le ton légèrement ironique qui lui était coutumier.

- On a un problème encore plus sérieux, coupa Ellie. Il y a six filles en bas qui ont reçu une marque noire, ainsi que Grenouille et une de ses copines. La copine a une jambe cassée, une des filles est stupéfixée, Grenouille est complètement hystérique, et les cinq autres se demandent comment elles vont se sortir de cette galère.

- Mais que fait Grenouille en bas ? s'indigna Archer. J'ai envoyé Debbie chercher les filles !

- Il semblerait qu'elle ait oublié de vérifier les toilettes, Andy… Mais ce n'est pas important. Ce qui importe, c'est comment nous allons les faire sortir et les amener en lieu sûr.

- Il me reste cinq baguettes, dit Nott.

Ellie lui donna les noms des six filles qu'elle avait trouvées au pied de l'escalier des dortoirs en compagnie de Grenouille et Nott confirma que cinq d'entre elles faisaient partie de sa Garde des Bannis.

- C'est déjà, ça ! soupira la jeune fille.

Elle déposa sur sa robe quatre éprouvettes de poudre d'estourbinette.

- Il va falloir jouer serré, les gars, dit-elle. Et on va vraiment avoir besoin de renfort, Andy… On ne sait pas ce qui se passe dans les couloirs. Si les mangemorts sont déjà dans Poudlard, ça ne servira pas à grand-chose qu'on sorte d'ici… Il faut qu'on arrive sains et saufs dans la grande salle. Il faut transporter les blessés et mettre les prisonniers en lieu sûr…

- On n'a qu'à les stupéfixer et les laisser ici ! s'emporta Archer.

- Pour qu'ils se retournent contre nous lors qu'ils se réveilleront ? Je te croyais plus malin, Archer… se moqua Nott tout en jetant un œil sur la bataille dans la salle.

- Qu'est-ce que tu proposes ? demanda aigrement Archer.

Nott haussa les épaules. Ellie leva les mains pour faire taire les deux garçons.

- Deux éprouvettes pour le groupe armé du milieu… reprit-elle. Et deux autres à faire exploser au dessus des escaliers pour neutraliser ceux qui n'ont pas encore de baguette…D'ici, nous sommes à la distance idéale pour viser le centre de la salle. Andy, il faudrait que tu rejoignes Fergus. De là, vous pourriez vous occuper des escaliers avec davantage de bonheur que d'ici même… Ensuite, dès que nous avons lancé nos éprouvettes, Nott et moi nous ouvrons la porte, toi ou Fergus, vous envoyez votre patronus à Londubat. Et après, nous n'aurons qu'à nous préparer à partir en attendant le renfort… En espérant qu'il pourra venir…

Les trois Serpentard s'entreregardèrent un moment. Puis Archer soupira.

- D'accord ! fit-il. Vous me couvrez, hein… Pas de blague !

- Si tu passes d'abord par chez Crabbe et Goyle, tu seras plus en sécurité, conseilla Nott en se préparant à lancer sortilèges sur sortilèges pour couvrir la fuite de son camarade.

- Mouais… émit Archer sur un ton peu convaincu.

Il se jeta tout de même hors de l'abri de la table et courut, le dos courbé, jusqu'à l'amoncellement hétéroclite qui servait de refuge aux deux Trolls et leurs compagnons d'aventure.

De là, il zigzagua parmi les fauteuils à demi brisés à coup de sortilèges et les chaises cassées. Il arriva enfin, jusqu'à Bobbins et lui fit part des consignes.

Pendant ce temps, Ellie et Nott se préparaient à lancer leurs éprouvettes.

- Pourquoi es-tu revenu ? demanda Ellie alors qu'elle estimait la distance qui la séparait du centre de la pièce. Tu n'y étais pas obligé… Malefoy te cherche et Wilford n'attend que l'occasion pour te tirer dans le dos.

- Il fallait que je revienne, répondit Nott simplement.

Ellie leva sa baguette contre un Salamandre qui visait Archer. Nott le devança.

- Touché ! fit-il.

Archer leur fit signe que lui et Bobbins étaient prêts.

- Tu es prête ? demanda Théodore à Ellie.

Elle hocha la tête. Ils surgirent hors de leur abri en même temps et lancèrent leur éprouvette au même moment. Puis ils replongèrent derrière leur refuge alors que Bobbins et Archer lançaient à leur tour la poudre d'estourbinette vers les escaliers pour empêcher les Salamandres de se ruer sur les baguettes libres et leurs camarades étendus à terre.

Plus rien ne semblait venir de la barricade des Salamandres et rien ne bougeait non plus dans les escaliers. Nott glissa un œil dans la pièce avant de se lever d'un bond. Il lança trois Réparo sur les lampes à sa portée, et rajusta sa robe de sorcier d'un geste un peu maniaque.

La lumière revint sur la pièce dévastée. Peu à peu les Salamandres de Nott, émergèrent lentement à leur tour, avec des regards un peu inquiets sur les autres Serpentard. On comptait les blessés. Ellie était déjà devant la cheminée et soulevait le fauteuil sous lequel Grayson devait se trouver. Archer vint l'aider, laissant aux autres le soin de vérifier que toutes les Salamandres étaient hors d'état de nuire.

Ils éclatèrent de rire. Allongé sur le sol, les bras figés le long de son corps tétanisé, Grayson roulait de gros yeux furibonds. Archer le désensorcela et Reggie se redressa avec dignité.

- C'est pas trop tôt ! s'exclama-t-il tout en évaluant la situation.

- Excuse-nous, Reggie, se moqua Ellie. Mais nous étions un tout petit peu occupés à nous battre…

Rassurée sur le sort de son co préfet, elle fit le tour de la pièce avant de rejoindre les filles dans les dortoirs. L'hippocampe d'argent de Bobbins se faufila dans l'ouverture de la porte au moment où Crabbe demandait à Nott ce qu'ils devaient faire des Salamandres.

- Attachez-les, commanda Théodore. Et soyez rigoureux dans votre manière de lancer vos sortilèges de ligature. Il vaut mieux pour nous serrer trop fort que pas assez.

Ellie s'avança vers lui :

- Tu n'as pas répondu à ma question, dit-elle.

Nott vérifiait que Wilford était bien attaché. Il appela de sa baguette les baguettes des Salamandres évanouies.

- Quelques trophées de plus pour Londubat, fit-il avec un sourire goguenard.

- C'est pour ça que tu es revenu ? demanda Ellie, très sérieuse. Pour avoir le plaisir de confisquer leurs baguettes à ceux-là ?

Nott baissa les yeux sur les bouts de bois dans sa main. Il fit une grimace narquoise. Mais Ellie se plaça sur son chemin quand il voulut rejoindre ses amis. Il la fixa un moment avant de désigner d'un signe de tête les ex salamandres auprès de Goyle.

- Je ne pouvais les laisser ici, entre ces forcenés et… vous…

- Et Zabini ? insista Ellie. Il était avec les deux Trolls, parait-il. Ils en ont fait quoi ?

- Tu te souviens du placard où ils avaient enfermé Singleton ? demanda Nott

Ellie hocha la tête en souriant :

- Il va être furieux…

Nott haussa les épaules.

- Bah ! Il finira par réaliser que, quoi qu'il arrive, nous lui aurons sauvé la vie…

Ellie eut un petit rire sarcastique.

- Finalement, tu es quelqu'un d'altruiste, Nott…. Fit-elle. Moi qui te prenais pour un misanthrope arriviste…

Nott fit une moue appréciatrice.

- Oui, c'est souvent ce qu'on s'imagine… dit-il, impassible. C'est sans doute à cause de cette image qui nous colle à la peau, à nous, les Serpentard…