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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.


Ah oui... Le bon vieux principe de précaution :

Avertissement : On est toujours en pleine bataille... donc on s'attend au pire... et on a peut-être raison...


Chapitre 191

La Peur et l'Effroi

La première chose à laquelle pensa Ron en reprenant conscience, fut que l'au-delà sentait la poudre. La deuxième, qu'il ignorait que les fantômes avaient de l'odorat. Et la troisième que cela faisait très mal d'être mort.

Ensuite, il baissa les yeux sur sa poitrine et vit la Marque des Ténèbres sur sa robe. Malefoy avait disparu. Le laboratoire était sens dessus dessous. Et Hermione gisait à côté de lui. Sa main inerte avait lâché la sienne.

Il se redressa vivement, malgré le vertige et la douleur dans tout son corps. Il se précipita sur elle. Elle ne bougeait pas. Il ne sentait sous ses doigts aucun pouls à sa gorge et quand il se pencha sur son cœur, il ne put entendre son souffle, tant son cœur battait à ses tempes.

Il la souleva dans ses bras et la serra contre lui, incapable de retenir les sanglots qui montaient à sa gorge.

- Non ! cria-t-il. Hermione ! Qu'est-ce que j'ai fait ! Non !

Il écarta les mèches de son visage et caressa la joue pustuleuse. Il ferma les yeux pour empêcher les larmes de l'aveugler. Il l'avait perdue deux fois en une seule journée. Il lui avait suffi de quelques heures pour tout gâcher une fois de plus. Et pourtant…

Il la pressa contre lui dans un geste de colère et de révolte.

- Hermione ! Non ! Qu'est-ce que je vais devenir sans toi… Hermione… Je t'en prie… Non !

Il répétait son nom. Il la berçait dans un balancement douloureux. Il n'avait plus conscience d'avoir mal. Il avait l'esprit vide. Et peu à peu s'imposait à lui l'image de Malefoy pointant les baguettes sur eux. Son chagrin faisait place à une rage froide qui l'envahit tout entier. Malefoy allait payer pour tout le mal qu'il avait fait à Hermione.

Il la déposa doucement au sol, caressa longuement sa main tordue avant d'embrasser les doigts déformés. La mort n'était pas un châtiment suffisant pour Malefoy. Il devait souffrir autant qu'il l'avait faite souffrir. Non. Autant que lui souffrait. Il se pencha sur l'oreille désormais sourde à tous les mots qu'il pourrait lui murmurer.

- Je te jure que je le retrouverai. Je te jure qu'il ne profitera pas longtemps de sa victoire, quelle que soit l'issue de la bataille.

Il embrassa les cheveux embroussaillés et appuya son front sur la tempe froide. Une nouvelle vague de désespoir le submergea brutalement avant de disparaître comme elle était venue. Elle lui laissait des larmes plein les yeux et une douleur lancinante au cœur.

- Je t'aime, Hermione. Je t'aime. Je ne voulais pas que ça finisse comme ça.

Il chercha la bague dans sa poche, avec fébrilité. Et lorsqu'il la trouva, il la passa au doigt d'Hermione.

Puis il se releva et chercha dans les débris de verre et les livres éparpillés une baguette dont il pût faire usage pour rendre à Hermione une apparence moins hideuse. Il trouva deux morceaux de bois à demi consumés, dont les cendres se mêlaient au sol. Il reconnut sa baguette et celle d'Hermione.

Alors il essuya ses yeux dans un reniflement et jeta un dernier regard vers Hermione étendue. Il marcha vers la porte et s'aperçut qu'il portait toujours son badge de préfet à la poitrine. Il l'arracha d'un geste sec et le jeta parmi les débris qui jonchaient le sol. Il murmura Nox ! et la lumière baissa dans la pièce. Puis il referma la porte derrière lui.

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Le professeur Vector pressait le pas. Les élèves ne parlaient pas. Le silence de l'école les impressionnait. Ils auraient du être rassurés. Les combats n'avaient pas encore commencé. Mais c'était un calme oppressant. Un silence de tombeau. Et l'écho de leurs pas les faisait frissonner. Neville tourna pour la énième fois la tête vers l'arrière du cortège. Vector faisait avancer les Salamandres à force de « hâtez-vous ! si vous ne voulez servir de cible à ceux que vous attendiez avec tant d'impatience ! »

Wilford traînait les pieds et jetait des regards à la fois apeurés et malveillants sur Théodore Nott. Goyle le poussait en avant régulièrement, pour le faire marcher plus vite.

- Est-ce que tous les Serpentard sont dans la Grande Salle ? s'inquiéta Ellen à voix basse auprès de Neville.

- Il semblerait que oui, à présent que nous vous avons récupérés… Enfin… Il manque Malefoy et je n'ai pas vu Zabini parmi les Salamandres prisonniers…

Ellie fit une grimace :

- Oh ! Il n'est pas là… Il… est à l'abri… et hors d'état de nuire également ! Je parle de Zabini, bien sûr… Malefoy j'ignore où il est…

- Moi aussi, soupira Neville. Il semble que personne ne sache où il est… Il a berné les fantômes, cette fois encore. Et il a disparu de la circulation.

- Est-ce que Ginny est en sécurité ? demanda Ellen.

- Je n'ai pas de ses nouvelles depuis midi.

- Luna ?

- Nous étions ensemble dans la Salle des Quatre Maisons quand le professeur Vector est venu nous chercher pour nous réunir dans le réfectoire, mais elle a voulu rejoindre les cuisines avec les Serdaigle…

- Les cuisines ? Pour quoi faire ? demanda Ellie.

- Il semble que la direction ait jugé que c'était l'endroit idéal pour envoyer les élèves en lieu sûr…

Ellie hocha la tête, d'un air dubitatif, mais ne s'attarda pas sur le sujet :

- Et les autres ? Hermione et Ron ?

Neville secoua la tête :

- Pas de nouvelles de Ron depuis qu'il a foncé chez Krum ! soupira-t-il. Ni d'Hermione, d'ailleurs…

Un sifflement étrange déchira le silence. Grenouille poussa un petit cri. Ils tournèrent tous la tête vers la porte entrouverte de la salle de classe de Firenze. Vector l'ouvrit d'un geste précautionneux de la baguette. A travers les verrières de la salle, ils virent monter dans la nuit noire deux traces étincelantes. Le professeur incita les jeunes gens à gagner la Grande Salle au plus vite. Ils l'entendirent refermer la porte d'un Collaporta fébrile.

- Dépêchez-vous ! commanda-t-il en fermant la marche.

Les élèves se mirent à courir presque malgré eux. Goyle souleva Wilford par le col de sa robe pour le faire avancer plus vite. Bobbins se mit à courir en avant, Natalie et sa jambe cassée à bout de bras. Les blessés se retrouvèrent en queue de peloton, encadrés par Dean Thomas et Finnigan.

- On ne panique pas ! On ne panique pas ! recommandait ce dernier sur un ton affolé.

Il y eut une explosion qui vint du dehors, à peine assourdie.

- Maintenant, on peut paniquer ! cria Crabbe en attrapant Grenouille sous un bras et le poignet d'Ellie de l'autre main, pour les entraîner toutes les deux vers la Grande Salle.

Ceux qui le purent se précipitèrent vers les portes du réfectoire. Vector resta avec les autres. Archer, Nott, Thomas, Finnigan et Neville se chargèrent de soutenir les blessés pour les faire marcher plus vite.

- Qu'est-ce que c'était, Monsieur ? demanda Nott à Vector.

- Le début du feu d'artifice, Nott… Les éclairs de couleur ne vont pas manquer.

- Chouette ! fit Archer. J'ai promis à la petite Betsie un superbe bouquet final. J'espère qu'il sera à la hauteur, je ne voudrais pas passer pour un fumiste…

- Tu es un Serpentard, Archer, lui rappela Nott avec un sourire goguenard. Tu es forcément trompeur et déloyal…

Il glissa en même temps un regard vers les trois Gryffondor qui les accompagnaient.

- A qui la faute ? insinua Archer sur un ton acerbe.

Nott haussa les épaules alors qu'ils arrivaient devant les portes de la Grande Salle qu'Ellen McGregor leur ouvrait précipitamment.

Elle les fit entrer très vite dans la salle illuminée de bougies. Le sapin décoré étincelait, les tables étaient disposées pour le bal, ornées de rubans rouges et verts. Le couvert était mis pour une fête qui n'aurait pas lieu. La cheminée flambait, mais d'un feu factice.

- Que se passe-t-il ? demanda Vector alors que Londubat tentait de joindre en vain quelqu'un dans un miroir.

- Nous ne sommes pas encore connectés au réseau, expliqua le professeur Sinistra, soucieuse.

- Dumbledore ne peut-il aller voir ce qui se passe ? demanda Vector.

- Pour l'instant, il est allé chercher Sybille ! soupira Sinistra.

- Et madame Pomfresh ?

- Elle est aux cuisines, avec Minerva. Mais j'ignore si leur cheminée a pu être connectée.

- Il faut se préparer à combattre, Isidra… dit Vector. Ils sont déjà dans le parc.

- Nous le savons, tenta de le calmer Sinistra. Mais ils ne sont pas seuls…

Vector haussa les épaules.

- J'ai fermé la porte de la classe du Centaure, dit-il. La verrière ne sera pas un obstacle pour eux. J'avais pourtant dit à Dumbledore que c'était une erreur de conserver cette pièce en l'état après Halloween…

- Le Professeur Londubat a fermé également l'antichambre, ajouta Sinistra en montrant la porte par où sortaient les Première Année le premier soir de l'année scolaire.

- Nous sommes pris au piège, murmura Vector. Nous aurions du descendre tous aux cuisines quand il en était encore temps… La place est plus facile à tenir.

Sinistra mit sa main sur le bras du professeur d'Arithmancie. Elle désigna d'un regard discret les élèves qui les écoutaient.

- Gervase, voyons…

Vector se tut brusquement. Sur un ton bourru, il fit reculer tout le monde vers la grande cheminée où Londubat comptait ses élèves. Le Directeur de la Maison de Serpentard eut l'air satisfait. Il constata que les blessés ne l'étaient pas grièvement et ne fit aucun commentaire sur les prisonniers. Il jeta un œil sur les lentilles que lui tendait le professeur d'Astronomie et se tourna résolument vers les jeunes gens attentifs.

- Nous avons un peu de retard sur l'horaire, commença-t-il avec un sourire un peu amer. Il nous faudrait gagner un peu de temps…

Vector s'avança résolument vers la porte.

- Il faut tenir le Hall, mais aussi mettre des sentinelles en poste dans le couloir. S'ils éprouvent de la difficulté à percer par la grande porte, ils chercheront à entrer par tous les moyens et la verrière de la classe de divination est un endroit particulièrement vulnérable…

Londubat hocha la tête.

- Nous connaissons tous vos réserves sur les cours de divination, Gervase, répondit Algie avec un sourire. Mais je crains que vous n'ayez raison sur ce point : la classe de Firenze est une position qu'il faudra tenir le plus longtemps possible. Voulez-vous vous en charger ?

Archer et Bobbins bondirent auprès du professeur d'Arithmancie.

- Nous vous accompagnons, Monsieur.

Nott s'avança à son tour, plus flegmatique.

- Je viens aussi…

Aussitôt Crabbe et Goyle lui emboîtèrent le pas. Vector hésita. Il échangea un regard avec Londubat.

- Je me porte garant pour eux, Monsieur, dit Nott sans sourciller.

- On n'a pas l'intention de vous faire d'entourloupe, affirma Goyle. On sait bien que si on s'en sort –pour de vrai, hein, pas pour cirer les pompes de Malefoy- on ira droit à Azkaban si on reste à se croiser les pouces…

- Ouais… approuva Crabbe d'un air farouche. Et on veut aussi mettre la main sur Drago Malefoy. J'aime pas qu'on me prenne pour un imbécile.

Vector hésitait encore lorsque l'un des Salamandres tendit ses mains attachées vers Londubat.

- Détachez-moi, dit-il sur un ton agité. Et donnez-moi une baguette qui soit digne de ce nom ! Je veux pas finir comme un vulgaire saucisson. Et je veux pas non plus aller à Azkaban ! je jure que je ne m'en servirai que pour me défendre.

- Drago vous fera payer cher cette trahison ! cracha alors Wilford.

- Drago Malefoy ! grimaça un autre ancien salamandre. Où est-il à présent ? Où est tout ce qu'il avait promis ? Tout ce qu'il sait dire c'est le Maître vous récompensera ! Le Maître vous punira ! Si on a échappé à Azkaban une première fois, ce n'est pas grâce à lui ! C'est grâce à Londubat ! Moi je ferais ce que Londubat dira. Et s'il dit qu'il faut aller se battre dans la classe du Centaure, j'irai dans la classe du Centaure.

Vector marcha d'un pas vif vers la porte.

- Algie, la décision vous appartient donc. Faites vite !

D'un geste du menton, Algie Londubat ordonna qu'on détachât ceux qui étaient prêts à changer de camp. Il leur fit rendre leur baguette par Archer qui la leur fit passer avec réticences.

- Ne t'inquiète pas, Andy, le rassura Ellie McGregor. Je les ai à l'œil, au premier geste suspect, je les mets hors course !

- Tu ne viens pas ? s'étonna le garçon.

Elle tourna la tête vers les plus jeunes qui se serraient les uns contre les autres près de la cheminée.

- Il faut bien que quelqu'un veille sur eux.

- Il y a assez de monde pour cela… fit Archer en désignant les élèves des autres Maisons.

- Tu oublies qu'on doit tenir le grand hall, Andy. Et il faut aussi que quelqu'un de compétent reste ici…

Elle releva le menton. Il montra du doigt le badge des Phénix sur la robe noire.

- Il y a trop de Gryffondor autour de toi, Ellie…

Elle lui sourit :

- C'est pour cela qu'il faut que je reste. Seul les Serpentard peuvent veiller sur les Serpentard…

Andy Archer rejoignit le groupe que Londubat venait de désigner pour suivre le professeur Vector. Les Salamandres tout juste repenties, il les garda dans la salle. Quant à ceux qui refusèrent de changer de camp, il les rassembla près de la cheminée, et ils bénéficièrent de la part des autres élèves d'une surveillance tacite et farouche.

Vector ouvrait la porte lorsque Dumbledore se présenta sur le seuil de la Grande Salle.

- Merci, Gervase… dit celui-ci en poussant à l'intérieur le corps de Sybille Trelawney qui lévitait à côté de lui.

Il la remit au sol et leva le sortilège qui la tenait immobile.

- C'est de l'abus de pouvoir ! se mit-elle à hurler en gesticulant. Je me plaindrai ! Je vous ferai un pro…

- Silencio ! trancha Dumbledore. Vous ferez ce que vous voudrez, Sybille, quand vous serez en mesure de quitter cette école sans risquer un avada kédavra. Je vous ai avertie ! Ou vous me suiviez de votre plein gré, ou je me voyais obligé d'employer des moyens que je réprouve.

Il lui montra la cheminée d'un geste autoritaire et le professeur de divination ne put qu'obéir, d'un air furibond.

Londubat informa le directeur de ses intentions et Dumbledore approuva d'un signe de tête.

- Je me rends au Ministère immédiatement pour voir ce qui se passe. Dès que je reviens, je prêterai main forte dans le grand hall. Je le traverse à l'instant : on se bat sur le parvis mais les portes tiennent encore.

Il y eut un murmure parmi les élèves. On se battait ? Qui se battait ? Puisque tout le monde était à l'intérieur… Dumbledore ne donna pas plus d'explications. Il leva le bras, le phénix apparut et ils disparurent dans la seconde tous les deux.

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Le couloir du deuxième étage était vide. Ron s'attendait à tout sauf à ce silence. Il prit le chemin de l'étage supérieur. Dans un tiroir de son bureau, Hermione conservait les baguettes qu'elle avait récupérées dans le bureau de Goldstein. Il y en aurait une pour lui. Ensuite, il irait à la chasse au Malefoy et il n'y aurait pas de quartier.

Il hâtait le pas sans même s'en rendre compte. Et il se mit à courir dans les couloirs pour ne plus penser qu'à la promesse qu'il avait faite à Hermione. Qu'il s'était faite à lui-même. Il se rua dans le bureau des Préfets, et dans celui d'Hermione.

Il ne remarqua le petit être effrayé que lorsque celui-ci sortit de derrière le fauteuil alors que Ron s'escrimait sur le tiroir qui refusait de s'ouvrir.

- Il faut dire le nom de Celui-Dont-On-ne-Doit-Pas-Prononcer-Le-Nom… siffla l'elfe d'une petite voix plaintive.

- Dobby ? s'étonna Ron. Mais qu'est-ce que tu fais ici ?

- Le méchant homme du portrait… commença Dobby en levant les mains devant son visage, comme si Ron allait lui envoyer une taloche. Il est venu Square Grimmaurd… Il a dit à Arabella Figg que la bataille avait commencé et qu'elle devait se tenir prête à toute éventualité… Alors j'ai compris que Harry Potter était en danger, mais je ne l'ai pas trouvé dans son dortoir, ni dans la grande salle avec les autres…

- Les autres ? quels autres ? demanda Ron avidement.

- Beaucoup d'autres… Des Serpentard… répondit Dobby avec crainte.

- Ils sont là aussi ? les mangemorts ? Ils sont entrés dans l'école ?

Dobby secoua la tête.

- Dobby ne sait pas…. Dobby ne crois pas… Dobby cherche Harry Potter, ou Hermione Granger…

- Tu ne les trouveras pas, trancha Ron presque durement. Si tout ce que tu dis est vrai, Harry doit être parti à la rencontre de Voldemort…

Il entendit un déclic qui le fit s'interrompre. Le tiroir sur lequel il tirait vint à lui. La boite des baguettes était là. Il en essaya deux ou trois avant de se décider pour une baguette qui sembla lui convenir. Il sentait la puissance de la magie se réveiller dans sa main à son contact.

Il referma la boite et le tiroir. Il releva la tête vers l'elfe qui suivait avec inquiétude chacun de ses gestes.

- Que voulais-tu à Harry ? demanda Ron abruptement.

- Dobby voulait apporter son aide à Harry Potter.

- Tu ne peux rien pour lui. Personne ne peut rien à présent. Mais tu vas m'aider, moi.

Dobby fit une grimace et se tordit les mains. Ron eut un pincement au cœur. Hermione n'aimerait pas qu'il lui parlât ainsi. Il se ressaisit.

- J'ai besoin de ton aide, Dobby, reprit-il sur un ton moins autoritaire. J'ai besoin de savoir où se trouve Malefoy…

Dobby frissonna et ouvrit ses grands yeux implorants.

- Veux-tu le chercher pour moi ?

Et comme Dobby ne répondait pas, il fit un effort pour ajouter :

- Il a… fait du mal à Hermione, Dobby. Je dois le trouver. Je dois l'empêcher de faire encore plus de mal, à davantage de monde. Je dois l'empêcher de détruire cette école. Je dois le faire, ou tout ce que nous avons fait jusqu'à présent n'aura servi à rien. Ou tout ce que pourra faire Harry… Tout ce qu'il aura enduré sera vain… trouve Malefoy, Dobby, et reviens me dire où il est et ce qu'il fait.

Dobby fixait toujours Ron de ses yeux globuleux. Il leva les doigts mais interrompit son geste.

- Hermione Granger est morte ? demanda-t-il.

Ron se détourna sans répondre.

- Ronald Weasley va tuer Drago Malefoy ?

- Cherche-le, Dobby… Le reste ne te concerne pas.

Ron entendit le petit claquement sec et il fut seul dans le bureau. Il se laissa tomber sur le fauteuil d'Hermione. La douleur dans son corps se rappelait à lui. Le souvenir du doloris lui revenait d'autant plus amer qu'il songeait aux larmes d'Hermione. Il sortit du bureau. Cette pièce l'étouffait.

Sur son pupitre dans la salle des préfets, au-dessus de la pile de notes qui attendaient d'être triées depuis la rentrée des classes, il trouva un mot de McGonagall qui enjoignait les préfets à conduire leurs camarades dans les cuisines. Il se demanda si la directrice adjointe n'avait pas perdu la tête. Puis d'un geste brusque, il balaya son bureau de tout ce qui l'encombrait. Et quand il n'y eut plus rien à faire voler à travers la pièce, il se tourna vers la table de Malefoy. Il renversa tout ce qu'il trouva dessus. L'encrier se brisa à terre et il cassa en deux les plumes d'oie. Il frappa des deux poings le bureau et les feuilles se mirent à voler autour de lui avant de s'enflammer d'elles-mêmes et de retomber en cendres noires sur sa tête. Il sentait cette rage impuissante qui l'avait saisi dans le laboratoire d'Hermione monter en lui, jusqu'au bout de ses doigts, jusqu'à l'enivrer. Qu'allait-il faire de lui à présent ? Qu'allait-il faire de tout cet amour qu'il n'avait jamais su lui dire – ou si mal- et qui le brûlait à présent au plus profond de lui.

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Malefoy se releva lentement en frissonnant. La neige mouillait ses vêtements et l'humidité le traversait jusqu'aux os.

La forêt avait fini de recracher les robes noires. L'obscurité avait à nouveau envahi le parc, et seuls les éclairs verts et rouges des sortilèges traversaient la nuit. Il entendait des cris, des appels, sans reconnaître les voix ou saisir les paroles.

Les mangemorts de la Forêt s'étaient regroupés tout près de la maison d'Hagrid. Malefoy s'avança avec prudence. Il voulait d'abord savoir à qui il avait affaire avant de se faire reconnaître. Et savoir ce qui avait provoqué une telle débandade parmi ses pairs.

Il crut identifier la voix de Rodolphus Lestrange qui comptait les présents. Il s'avança hors de l'abri des haies, et pointa sa baguette vers le ciel invisible.

- Morsmordre ! prononça-t-il d'une voix forte qui fit sursauter les mangemorts à peine remis de leur cross-country forestier.

Ils levèrent la tête vers la forme hideuse qui prenait possession de l'espace au dessus d'eux. Dans le parc les bruits de la bataille s'estompèrent un instant et une clameur de victoire s'éleva. Les combats reprirent plus féroces encore.

- Qui est là ? questionna avidement la voix de Lestrange.

- Malefoy ! fit ce dernier avec importance.

Il sortit de l'ombre et les faibles lueurs des baguettes des rescapés de la Forêt mirent sur sa tête une pâle auréole blonde. Un instant de silence immobile surprit les mangemorts. Lestrange leva sa baguette vers le nouveau venu, d'une main incertaine.

- Drago Malefoy, mon oncle, dit le jeune homme qui s'avançait d'un pas sûr.

- Enfin une bonne nouvelle ! s'exclama Rodolphus Lestrange dans un soupir de soulagement. Montre-nous le chemin, mon garçon…

Malefoy ne bougea pas. Il désigna les hommes à terre, qui reprenaient leur souffle et soignaient quelques blessures.

- Qu'est-ce qui s'est passé ? Où est le Maître ?

- Il s'occupe de Potter, ricana Lestrange. Tu as ouvert les portes ?

- Oui, répondit Malefoy, sans empressement cependant. Mais il semblerait que le chemin soit quelque peu encombré devant le perron. Suivez-moi, j'ai prévu une autre entrée.

Il se redressa dans la nuit. C'était lui qui avait lancé la Marque Noire sur Poudlard. Cette fois, personne n'avait pu l'en empêcher. Et ce serait lui encore qui guiderait les fidèles du Seigneur des Ténèbres vers l'inaccessible école de Poudlard. Il avait cru reconnaître la peur autant que la stupeur quand il s'était montré. Il allait prouver qu'il était digne du nom des Malefoy et l'ombre de son père cesserait à jamais de se mettre entre lui et la place qui lui revenait.

- Suivez-moi, répéta-t-il avec assurance.

Lestrange fit un geste dans l'ombre et les mangemorts se relevèrent en silence. Malefoy marcha devant. Il traversa les jardins à la tête de la petite troupe, Lestrange sur les talons.

Le mangemort pressait ses hommes. Après la déroute de la Forêt, il était heureux de retrouver le chemin du succès. Et le garçon allait le conduire tout droit à l'intérieur de Poudlard. Des jeunes gens apeurés et quelques professeurs vieillissants ou incapables de faire face à ses hommes entraînés, voilà ce qu'ils allaient trouver. Il s'était arrangé pour que les renforts n'arrivent jamais en Ecosse. Dolohov ne ferait qu'une bouchée de ceux qui se battaient dans le parc. Rabastan s'occupait de Pré-au-Lard. Lui et ses hommes prendraient la forteresse de l'intérieur, par les passages souterrains que Pettigrew leur avait aimablement révélé durant ces derniers moments parmi eux.

Un sourire cruel flotta un instant sur les lèvres de Rodolphus Lestrange. Il n'avait jamais aimé ce Pettigrew. Et Bellatrix non plus. Qui a trahi trahira ! disait-elle. Elle avait un don pour reconnaître la duplicité chez les gens. Chère Bellatrix… Elle lui manquait, vraiment. Elle n'avait jamais faibli durant ces longues années à Azkaban. Elle avait toujours su que le Maître reviendrait. Cette certitude l'avait portée durant presque quinze ans, et elle les avait portés, eux, par la même occasion. La vengeance ! C'était ce qui l'avait sauvée. La vengeance contre ceux qui les avaient envoyés dans cette prison froide et sinistre. Contre ceux qui s'étaient déshonorés en reniant leur Maître. Ceux qui avaient rampé devant Dumbledore. Elle avait toujours su que le Maître viendrait à leur secours. Et elle avait eu raison. Comme elle avait eu raison pour Rogue. Mais les années d'enfermement avaient émoussé sa méfiance et ses réflexes sans doute. Elle s'était laissée surprendre par ce rebut de Pettigrew.

Il l'avait fait avouer lui-même. Il sourit encore au souvenir des supplications de Peter. Le voir souffrir était une douce consolation, pas aussi agréable que d'avoir pris la place du rat auprès du Seigneur des Ténèbres, mais une consolation tout de même.

Il suivit son neveu dans l'arrière-cour du château et leurs pas souillaient la neige d'une trace boueuse à travers les jardins vides.

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La porte s'ouvrit brusquement et le fit sursauter.

- Ron ! Tu es là ! Ron !

- Ginny ?

La fille vêtue de noir ôta son passe-montagne d'un geste fébrile et ses cheveux ébouriffés tombèrent, plus rouges que jamais sur les vêtements sombres.

- Ginny !

Il ouvrit les bras et sa sœur s'y précipita, en larmes.

- Qu'est-ce qui se passe, Ginny ? Qu'est-ce qui arrive ? D'où viens-tu ?

Ginny parut s'apaiser un peu. Elle essuya ses yeux et renifla plusieurs fois avant de répondre à son frère.

- Je viens de Pré-au-Lard. Les Mangemorts y sont… Ho Ron ! Fred et la Brigade sont là-bas !

Elle parlait d'une manière saccadée. Chacun de ses mots étaient entrecoupés de sanglots et elle tressaillait à chaque instant. Ron serra sa tête entre ses mains pour la forcer à le regarder et reprendre son souffle.

- Ils sont à Pré-au-Lard ? Ils vont venir ?

- Je ne sais pas… Fred a bloqué le passage derrière moi. Il a juste crié le mot de passe pour ouvrir le passage. Ensuite j'ai couru quand les pierres sont tombées derrière moi. Il est resté là-bas, avec les autres… Ron !… Ils ont pris des habitants de Pré-au-Lard et ils les ont mis sous Impérium quand ils ont vu qu'ils n'auraient pas le dessus sur nous… On croyait qu'on les avait tous eus et qu'on pouvait venir porter secours à Poudlard… mais ils nous sont tombés dessus comme ça…

Sa voix montait à nouveau dans les aigus. Ron l'attira contre lui.

- Je comprends rien à ce que tu racontes Ginny… Est-ce que George était avec Fred ?

- Il était à la Cabane, répondit Ginny accrochée à la robe de son frère. Mais quand on s'apprêtait à prendre le passage secret de la Tête de Sanglier, on les a vus sur la Carte qui arrivaient dans le parc de l'école…

- La carte ? C'est toi qui as la Carte ? Montre-la-moi vite !

- Non ! C'est Fred qui l'a ! Il l'avait à la main pour savoir ce qui se passait ici quand…

Elle fit une grimace qui ne l'empêcha pas de se remettre à pleurer. Ron lui cacha son désappointement. Elle semblait assez bouleversée comme cela.

- Nous savions que nous ne pourrions compter sur personne du dehors, dit-il d'une voix ferme. Fred a agi sagement. Il a fermé un accès. George tient le passage de la Cabane. Il retardera l'entrée des mangemorts dans l'école. C'est dommage que tu n'aies pas la carte, nous aurions pu nous rendre compte de ce qui se passait à l'intérieur. Mais c'est ainsi. On s'en passera… Tu sais où est Harry ?

Ginny releva un visage étonné vers son frère.

- Il n'apparaissait plus sur la Carte la dernière fois où nous avons regardé… Tu ne sais pas ce qui se passe ici ?

- Non. Je… J'ai été un peu occupé et…

- Où est Hermione ? demanda soudain Ginny. C'est la Préfète en Chef, elle sait toujours tout ! Elle va nous dire quoi faire.

- On ne doit plus compter sur Hermione, Ginny. Il faut qu'on se débrouille tout seuls désormais…

Ginny secoua la tête.

- Mais qu'est-ce que tu racontes ? Tu t'es encore disputé avec elle, c'est ça ? On s'en fiche ! Tu ne comprends pas que la situation est grave et que tes raisons personnelles doivent passer après tout le reste !

- C'est toi qui ne comprends pas, Ginny, répondit Ron d'une voix froide que démentait son regard bouleversé.

Ginny secoua à nouveau la tête.

- Non ! fit-elle en quittant brusquement les bras de son frère. NON !

- Je te l'avais dit, Ginny. Ton espoir n'était qu'une illusion.

- C'est pour ça que tu te caches ici alors que les autres se battent sans doute ! Tu n'es qu'un lâche Ronald Weasley !

Ron se détourna. Il serra les poings.

- Ne me dis pas ce que j'ai à faire, Ginny. Personne n'a à me dire ce que j'ai à faire.

Ginny se mit à lui crier des insultes. Il ne l'écoutait pas. Elle ne savait pas elle-même ce qu'elle disait.

Il fixait sur le sol les affaires renversées de Malefoy. Dobby tardait. S'il ne le trouvait pas… Si Dobby ne le trouvait pas, il irait lui-même à sa recherche. Il s'avança soudain vers les parchemins éparpillés et se baissa. Il tendit la main vers un papier sur lequel la marque des Ténèbres avait été dessinée. Il s'aperçut que Ginny avait fini par se taire. Elle se tenait derrière lui et se penchait aussi vers la marque. Elle la lui arracha des mains.

- Il faut que je la retrouve… murmura-t-elle. Est-ce que tu as une idée au moins d'où peut bien se trouver tout le monde ?

Ron haussa les épaules :

- Aux cuisines, je suppose…

- Quoi ?

- Aux cuisines ! répéta Ron de mauvaise grâce. En tous cas c'est là que McGonagall voulait qu'on envoie tout le monde.

Un instant, Ginny crut que la douleur égarait son frère. Elle s'approcha de lui et toucha son bras avec gêne.

- Ron… Je suis désolée… Je ne voulais pas dire ce que j'ai dit… Comment… est-elle… ?

- Malefoy, dit simplement Ron d'une voix sourde. Dans le labo… Je ne sais pas comment il a pu la surprendre…

Il ne put finir sa phrase. Il tourna le dos à sa sœur.

- Je crois que je le sais, répondit celle-ci.

Elle jeta un regard sur la marque et frissonna.

- Quand j'étais dans le laboratoire avant de partir, j'ai vu sur la carte Ida Norton qui suivait Hermione. Et je l'ai croisée alors que j'étais sous la cape d'invisibilité… J'étais loin de me douter alors que…

Elle s'interrompit dans un soupir.

- Que quoi ? insista Ron.

- C'est elle qui faisait passer son courrier à Malefoy…

- Non ! fit Ron, péremptoire.

- Je crains que oui, Ronnie. Fred et moi, nous l'avons vue dans le bureau de Goldstein…

- Je n'y crois pas… murmura Ron. Elle est si… insignifiante…

- Oui… approuva Ginny. Assez en tous cas pour passer inaperçue. Elle n'était pas engagée avec nous, mais elle n'a jamais montré qu'elle était contre nous. Elle n'a jamais fait voir non plus qu'elle soutenait les Salamandres…

- Tu crois qu'elle pourrait être sous Impérium ?

- Cela t'arrangerait de le croire, n'est-ce pas… Et j'ai voulu le croire aussi. Mais dans ce cas, il faudrait que sa famille aussi soit sous Impérium. Car je ne pense pas qu'elle ait envoyé directement son courrier à Voldemort en personne…

Ron frotta ses yeux fatigués.

- Il faut qu'on la trouve aussi. Elle a peut-être une autre mission que Malefoy lui aura confiée…

Ginny serra sa main sur le poignet de son frère.

- Ca, je m'en occupe personnellement, Ronnie. Tu vas trouver Malefoy ?

Ron hocha la tête en silence.

- J'attends Dobby. Il va me dire où il est, et quand je l'aurai trouvé… personne ne m'empêchera de venger Hermione.

Ginny renonça à parler. Elle se contenta de serrer Ron contre elle.

- Où est-elle ? demanda-t-elle.

- Toujours dans le labo. Il ne faut pas qu'on la trouve. Pas comme ça. Quand j'en aurai fini avec Malefoy, je retournerai effacer tout ce qu'il lui a fait.

Il y eut un claquement sec derrière eux et ils se tournèrent en même temps vers Dobby.

- Dobby a trouvé Drago Malefoy…

- Conduis-moi à lui, commanda Ron.

Il se tourna vers Ginny.

- Tu as ramené la cape ?

Elle secoua la tête.

- Elle est restée avec Fred et la Carte.

- Tant pis, marmonna Ron. On s'en passera aussi.

Il interrogea Dobby d'un signe du menton :

- Où est-il ?

- Dehors… répondit Dobby en tremblant.

- Seul ?

- Non…

- Bien. Personne n'a jamais dit que ce serait facile…

Ginny voulut le retenir. Il lui fit lâcher son bras sans un mot. Ils sortirent du bureau des préfets tous les deux, Dobby trottant sur leurs talons.

Ils passèrent devant la porte du laboratoire sans que Ron ne tournât la tête vers elle. Ginny sentit ses jambes flageoler et elle se força à fixer le dos de son frère qui marchait devant elle à grands pas décidés. Lorsqu'ils arrivèrent sur le palier du deuxième étage, Dobby s'arrêta brusquement. Il tendit son oreille tombante vers l'escalier et retint Ron qui s'apprêtait à descendre.

- Il y a du bruit en bas ! dit-il d'une voix épouvantée.

Ron descendit quelques marches et se pencha par-dessus la rampe. Il ne vit pas grand-chose de ce qui se passait en bas, mais il entendit clairement des cris et des déflagrations mêlés en un brouhaha qui n'avait rien de rassurant.

Il remonta très vite.

- On se bat dans le hall ! annonça-t-il.

- Alors cela signifie que Malefoy n'est plus dehors, conclut Ginny.

Dobby se cacha les yeux de ses mains ;

- Tant mieux, fit Ron sobrement. Il sera plus facile à trouver. Mais pour l'instant, il faut qu'on prête main forte à nos camarades.

- Ron et Ginny Weasley vont se faire massacrer, geignit Dobby.

- On ne va pas descendre avec tambours et trompettes, stupide…

Ron s'interrompit.

- On va se placer sur le palier et évaluer la situation d'abord, reprit-il.

Il fit un signe à Ginny et ils descendirent sans bruit jusqu'au palier entre le rez-de-chaussée et l'étage, à l'endroit même où Malefoy s'était tenu durant toute la matinée. Ils se cachèrent derrière la rampe de manière à observer le rez-de-chaussée.

- On se croirait revenus à Halloween, chuchota Ginny tout en jetant un œil sur la bataille en bas.

Les grandes portes étaient entrouvertes et le vent glacé de la nuit faisait vaciller les lumières du grand lustre. Les ombres se heurtaient tout en bas. Capuches sombres contre silhouettes noires et les éclairs fusaient de partout à la fois. Ron marmonnait tout en tordant sa tête pour apercevoir chaque angle de la pièce. Il mit vivement la main à la poche de son pantalon et sortit son miroir. Ginny l'arrêta.

- Tu ne penses pas appeler Harry maintenant ! s'inquiéta-t-elle.

Ron haussa les épaules. Il appela Dobby et lui réclama la ficelle qui lui servait de ceinture. L'elfe obéit avec circonspection. Et tout aussi sceptique, il regarda Ronald Weasley entourer le miroir d'un nœud coulant qu'il serra et assura d'un sortilège. Ensuite il fit descendre lentement le miroir contre le mur, entre les colonnes de la rampe.

- Ginny ! chuchota-t-il sur un ton impératif. Qu'est-ce que tu vois ?

Ginny remit ses cheveux rouges sous la cagoule noire et se glissa jusqu'aux premières marches de l'escalier. Elle fit signe à son frère de laisser filer la ficelle de quelques centimètres pour avoir une vue sur le renfoncement sous l'escalier, qui donnait vers le corridor des jardins.

Elle remonta très vite tandis que Ron récupérait le miroir.

- Malefoy ! souffla Ginny. Et des mangemorts. Ils lancent des sortilèges vers ceux qui se battent dans le hall…

- Oui, ils couvrent ceux qui entrent par la grande porte sans risquer de se faire repérer par les défenseurs du rez-de-chaussée. Et ils interdisent l'accès aux oubliettes et aux cuisines… ! Regarde là-bas, entre le couloir du rez-de-chaussée et la porte qui donne dans la pièce des Première Années…

Ginny suivit la direction que montrait le doigt de son frère.

- Neville ! cria-t-elle. Atten…

Ron lui colla sa main sur la bouche.

- Tais-toi donc ! Tu vas nous faire remarquer !

Elle ôta vivement la main de Ron sur sa bouche.

- On est venus pour les aider ! Et toi tu m'empêches de…

- Neville se débrouille très bien tout seul… Et tu les aiderais vachement en te faisant tirer dessus !

Il se tourna vers Dobby une fois de plus.

- Descends aux cuisines, Dobby… il faut que tu préviennes les professeurs qui s'y trouvent qu'on a besoin de renforts ici. Tu leur dis que Ginny et moi sommes sur le palier et qu'on leur offre un soutien aérien, mais qu'on n'est que deux et qu'on ne peut pas faire grand-chose pour l'instant…

- Ronald Weasley a aussi besoin de renforts ? demanda Dobby.

- Oui… mais je ne vois pas comment on pourrait faire pour faire monter ici une quinzaine des nôtres sans attirer l'attention, Dobby… soupira Ron. Va vite, je t'en prie.

Dobby claqua des doigts et disparut. Ron revint se blottir contre Ginny.

- Tu as de la poudre d'Estourbinette sur toi ? questionna-t-il.

- Non, j'ai tout utilisé à la Tête de Sanglier… Et toi ? tu as la tienne ?

- J'ai tout lancé sur Malefoy quand…

Ginny sentit Ron se tasser brusquement à côté d'elle.

Il se reprit très vite et lui montra le hall au travers des piliers.

- Regarde ! La brigade a pris la place de Neville et des gars devant la porte de la petite salle. Et eux ils essaient de venir se mettre à l'abri du côté de chez les Poufsouffle… et peut-être de tenir le couloir du rez-de-chaussée…

- On ne peut pas descendre les aider ?

- On serait des cibles trop faciles… On reste ici et on couvre les gars… Prends ma place, tu auras un meilleur angle.

- Et toi ? s'inquiéta Ginny tandis qu'ils échangeaient leurs places.

- Je serai sur la première marche…

- Ron !

Ron lui fit signe de se taire.

- Expelliarmus, Ginny ! C'est plus efficace à cette distance…

- Les Chauve-Furie également ! répondit Ginny.

Ron se glissa jusqu'à la première marche et se colla à la rampe pour passer inaperçu. Les mangemorts étaient plus nombreux, et il en venait encore par la porte sous l'escalier. George criait des ordres mais sa voix se perdait dans les échos du Grand Hall. Ron tendit sa baguette à travers la rampe et un mangemort qui visait Mcmillan dans le dos perdit sa baguette. Puis deux Chauve-Furie, coup sur coup, fondirent sur des capuches noires.

L'un des hommes en noir de la Brigade leva la tête vers le palier. Il ôta sa cagoule et la tête rousse de George apparut.

Ginny bondit sur ses pieds pour crier le nom de son frère. Ron se jeta sur elle et la repoussa brutalement contre le mur.

- La nuit commence à peine, Ginny ! Il faut tenir jusqu'à l'aube, alors tiens-toi tranquille.

- Oui, Ronnie… répondit Ginny d'une petite voix.

George cependant lançait un long cri de ralliement. Il leva le bras qui tenait son passe-montagne et pointa sa baguette vers un mangemort qui pensait le surprendre.

- Les Weasley sont là ! cria-t-il. Les Forces du Mal n'ont qu'à bien se tenir !

Et il se rejeta dans la bataille avec plus d'ardeur que jamais.

- Il croit que Fred et les autres sont là aussi, murmura Ginny.

Ron lança plusieurs sortilèges rageurs. Les mangemorts commençaient à comprendre qu'on les prenait à revers. Ils tentèrent quelques sorts qui s'écrasèrent sur la rampe.

- Ils vont monter… prévint-il. Ginny, continue à lancer tes Chauve-Furie de là-haut. Moi je les empêche de pendre l'escalier.

Il revint vers les marches tandis que Ginny lui indiquait que leurs camarades, eux aussi avaient compris les intentions des mangemorts et leur interdisaient d'accéder aux marches.

- Dean et Ernie sont sous l'escalier, Ron…

- Est-ce que tu vois Malefoy ? demanda Ron en jetant un regard dans les escaliers.

Ginny ne répondit pas, occupée à couvrir l'avancée de ses camarades vers les marches. Un vol de Chauve-Furie fondit sur les capuches noires du Hall et Ron décida que c'était la meilleure tactique à adopter quand on n'avait aucune visibilité sur l'ennemi.

Caché derrière la rampe, à la limite de la rambarde, Ron sortit son miroir une seconde fois. Il le prit dans sa main gauche et le dirigea vers le bas de l'escalier. Il appuya sa baguette contre son épaule et attendit que le premier mangemort qui se précipitait vers le palier fût à distance raisonnable.

- Expelliarmus ! fit-il d'une voix claire.

Le sortilège toucha sa cible au moment même où le mangemort stoppait sa course, indécis. La baguette s'éleva dans les airs et l'homme tomba en arrière, soufflé par la puissance du sort. Il entraîna avec lui ceux qui le suivaient et qui n'eurent ni le temps ni la présence d'esprit de se pousser de son chemin.

- Ron ! cria Ginny avec soulagement. Ça y est ! Ils sortent du passage !

- McGonnagall ? demanda Ron, l'œil toujours fixé sur le reflet de son miroir.

- Non, Viktor ! répondit fébrilement Ginny.

- L'imbécile ! fit Ron entre ses dents ! Ils vont se jeter sur lui !

- Et je vois Justin aussi ! renchérit Ginny. Avec les Poufsouffle et les Serdaigle ! Oh non ! Viktor ! Non !

Ron quitta son observatoire une seconde, pour essayer de voir à travers les colonnes les nouveaux développements de la bataille.

Il aperçut dans des éclairs verts et rouges, une ombre qui lui parut gigantesque se précipiter vers Krum. Il entendit crier le nom de Viktor dans un accent de rage et de triomphe. Il ôta sa capuche et montra son visage tordu de haine.

- Dolohov ! murmura Ron.

Il tendit sa baguette vers l'homme qui menaçait Krum. Il cria Chauve-Furie ! en même temps que Ginny. Une longue flamme violette sortit de la baguette déviée de Dolohov, que Krum put éviter de justesse. Le jeune homme tendit la main vers le palier. Toutefois, Ron ne sut jamais ce qu'il voulait exprimer par là. Ginny poussa un hurlement. Celui de Ron lui resta coincé dans la gorge.

Un mangemort se trouvait à une enjambée des deux Weasley. Ron aperçut deux autres robes noires qui arrivaient sur le palier. Il brandit sa baguette comme l'autre criait un sortilège.

Il y eut un claquement sec à l'oreille de Ron et l'homme bascula par-dessus la rampe dans un cri de terreur. Les autres mangemorts firent un bond dans les airs. Leurs baguettes roulèrent sur les marches. Ils retombèrent durement au sol. L'un plongea dans les escaliers en voulant se relever, l'autre resta étendu sur la première marche.

Ron reprit son souffle.

- Dobby ? fit-il, incrédule alors que trois elfes de la cuisine repoussaient encore quelques mangemorts qui venaient à la rescousse.

- Dobby a dit qu'il ramenait du renfort aux enfants Weasley… répondit fièrement l'Elfe.

- Tu les as obligés à t'accompagner ? demanda Ron en désignant les autres êtres.

- Non ! s'offusqua Dobby. Je leur ai dit que si les méchants hommes gagnaient la bataille, il n'y aurait plus que des Serpentard à Poudlard…

Ron lui sourit :

- C'est un argument auquel Hermione n'a pas encore pensé !

Dobby battit des paupières deux fois et il fit une grimace devant le visage très pâle de Ron. Il s'avança en tordant ses longs doigts noueux.

- Que doit faire Dobby, à présent, Ronald Weasley ? Que doivent faire les Elfes ?

- Tenir l'escalier, répondit Ron d'une voix sourde. Empêcher les mangemorts de monter, d'une part. Et aider nos alliés d'autre part.

Dobby transmit les ordres. Les Elfes de la cuisine se placèrent de la même manière que Ron, de chaque côté de l'escalier pour couvrir la montée vers les étages. Ron put se consacrer avec Dobby et Ginny de la « couverture aérienne » du grand Hall.

Ron interrogea Dobby sur la situation aux cuisines, entre deux lancers de sortilèges.

L'elfe lui apprit que le professeur McGonagall et Viktor Krum faisaient entrer les élèves dans la grande cheminée de la cuisine quand il était apparu. Krum s'était porté volontaire aussitôt que l'Elfe avait annoncé qu'on se battait dans le Hall, et la plupart des Sixième et Septième Année qui étaient là avaient voulu l'accompagner. Les Elfes étaient tous réunis dans un coin, tremblants de peur et désorientés. Tous ces élèves dans leurs quartiers les troublaient dans leur travail. On ne les avait pas avertis qu'il y aurait du changement. Et toutes les provisions pour le banquet de Noël qui attendaient sur les tables… Il y avait un fantôme aussi, celui de Serpentard qui venait aux nouvelles. Au-dessus, dans la Grande Salle, la cheminée n'était pas encore opérationnelle et le professeur Londubat n'arrivait pas à contacter le ministère. Le Professeur Dumbledore n'était pas dans l'école et personne ne savait où était Harry Potter.

Ron s'efforça de ne pas penser à son ami, ni à Percy, ni à Fred, ni à Hermione, là-haut toute seule dans le froid et le noir. Il chercha Malefoy parmi ceux qui se battaient en bas.

Et lorsque enfin il distingua la chevelure blonde dans l'ombre du hall, ce fut pour la voir s'échapper par les portes entrouvertes. Une troupe de mangemorts le suivait, malgré les efforts de la brigade et de ses camarades pour les empêcher de sortir. Malefoy disparut dans la nuit. Le cœur de Ron se mit à battre si vite qu'il lui faisait mal. Quel mauvais tour le Serpentard avait-il encore mis au point ? La voix de Drago Malefoy roulait dans sa tête. C'était son jour de chance, avait-il dit ! Il ne le laisserait pas en profiter plus longtemps. La douleur monta de son cœur à sa gorge et ses yeux s'embuèrent à nouveau. Il renonça à lancer le sortilège qu'il destinait à un ennemi qu'il ne distinguait plus.

Il s'assit sur le sol, le dos contre les colonnes froides. Dobby le regardait tristement et la compassion qu'il lisait dans les yeux globuleux lui rendit un peu sang-froid.

- Il faut que je descende, Dobby… J'ai fait une promesse et je ne pourrais jamais la tenir si je reste ici.

Dobby hésita.

- Ronald Weasley veut que Dobby cherche encore son ancien maître ?

- Non, Dobby… Je veux que tu m'aides à descendre au rez-de-chaussée…

Ginny s'accroupit à côté de lui.

- Tu es fou ! Tu ne pourras jamais descendre l'escalier vivant, même avec tous les elfes de Poudlard en couverture !

- Dobby connaît des chemins… murmura l'elfe, comme s'il craignait qu'on l'entendît.

Ron le fixa quelques secondes.

- Tu veux parler des raccourcis ? Aucun ne donne sur rez-de-chaussée…

Dobby fit une horrible grimace et se tordit les mains.

- Il en existe un qui arrive près des cachots… Chez les Serpentard… souffla-t-il.

- Ron ! insista Ginny. Il te faudra de toutes façons repasser par le Hall…

Ron fixait le regard effrayé de Dobby.

- La verrière… murmura-t-il. La verrière de Firenze… ils vont nous prendre à revers…

- La Grande Salle ! gémit Ginny. Ils vont être pris au piège…

Ron sauta sur la première marche du palier qui montait à l'étage. Puis il revint sur ses pas et serra sa sœur contre lui.

- Je te renvoie Dobby dès que possible.

- Qu'il aille prévenir Londubat ! Et reste ici avec moi ! supplia Ginny en s'accrochant à la robe de son frère.

- Je dois trouver Malefoy, Ginny…

- Ron !

Elle essaya de le retenir, mais il avait déjà monté la volée de marches, Dobby sur les talons.

Elle retomba contre le mur, dans un juron de colère et de désespoir. Les Elfes lui jetèrent un regard étrange et affolé. Elle se reprit.

- Je suis le capitaine en second… dit-elle. Je suis le capitaine second…

Elle montra d'un geste impératif le bas de l'escalier.

- Il faut tenir… affirma-t-elle. Il faut tenir au moins jusqu'à l'aube…

Les elfes frissonnants s'entreregardèrent avec circonspection.

- Pourquoi ? demanda l'un d'eux.

- Parce que moi je n'ai pas renoncé à voir venir ceux qui portent l'espoir dans leurs mains ! répondit-elle sur un ton farouche.

Elle se redressa et se pencha par-dessus la rampe, crachant ses Chauve-Furie sur la mêlée.

§§§§§§§§§§

Neville sentit comme une brûlure dans son épaule gauche et retint un cri de douleur. Il se tourna vers l'endroit d'où était venue l'attaque pour voir un mangemort tomber à quelques pas de lui.

- Faut avoir des yeux dans le dos, Neville, railla une voix que le jeune homme reconnut comme celle de l'un des jumeaux Weasley.

La Brigade Anonyme ! Il s'en était douté en voyant entrer les tenues sombres, sans aucun signe distinctif, à la suite des mangemorts. L'espoir avait reflué à son cœur comme une bouffée d'oxygène. Il avait vite déchanté. Lui, Dean, Seamus, Ernie, Sanders et Boots s'étaient retrouvés au centre du hall et de la bataille. Ils avaient du défendre l'entrée de la salle des Première Année sans pouvoir se rendre au passage des cuisines prévenir McGonagall de ce qui se passait. Sanders avait été touché le premier. Il avait été sonné quelques minutes – de très longues minutes- Puis Boots était tombé. Et il ne s'était toujours pas relevé. Dean et Seamus combattaient dos à dos. Il les entendait se crier mutuellement de se garder à droite ou à gauche. Ces deux-là l'étonneraient toujours.

Neville lança un sortilège tout en plongeant à terre pour esquiver un éclair vert qui venait vers lui. Il cria à Ernie de se replier vers le couloir du rez-de-chaussée, mais le Préfet de Poufsouffle ne l'entendait pas, aux prises avec un féroce adversaire qui jetait sortilèges sur sortilèges et faisait reculer le jeune homme inexorablement. Neville se porta à son secours.

- Il faut que quelqu'un descende aux cuisines ! cria-t-il à son camarade, juste avant de s'entourer d'un Protego hâtif.

Il comprit au même moment que ce n'était pas lui qui était visé, mais bien le dos de Ernie Mcmillan. Une sueur froide l'envahit et avant qu'il n'eût eu le temps d'avertir son camarade –il était certain d'ailleurs qu'il ne pourrait le faire à temps- un éclair frappa la main du mangemort et la baguette roula aux pieds de Neville. Il se baissa pour la ramasser alors qu'une aile rapide frôlait sa tête. Il songea : Ginny ! tandis que la Chauve-Furie s'accrochait à la cagoule du mangemort qui attaquait Ernie. Ce dernier et Neville levèrent la tête vers les escaliers. Un vol de Chauve-Furie prenait son essor depuis le palier.

- Gloire aux Weasley ! s'exclama Ernie Mcmillan sur un ton enthousiaste.

La voix de George couvrit la sienne. Neville commanda à nouveau à Ernie de descendre aux cuisines pendant que lui-même s'efforçait de rejoindre Seamus Finnigan vers les marches pour empêcher les mangemorts de monter vers le palier.

Un cri leur parvint depuis le passage sous l'escalier. Neville entendit clairement le nom de Krum. Il tourna légèrement la tête : Il vit Justin surgir dans le hall. Ensuite, il comprit que Seamus s'était jeté sur lui quand son coude rencontra les dalles dures. Il voyait les mangemorts gravir l'escalier, et les Chauve-Furie survoler la bataille comme des charognards hurlants.

- Seam, tu m'écrases ! Relève-toi… haleta Neville.

- Peux pas… souffla Seamus.

Il jura dans un gémissement de douleur.

- J'ai mal…

Neville essaya de bouger son bras coincé sous son propre corps. Une lancée dans son coude lui fit presque perdre sa respiration. Il sentit la panique s'emparer de lui. Il pointa sa baguette comme il pu sur Seamus et murmura un fébrile Wingardium Leviosa. Il souleva à peine le corps de Finnigan et se tortilla pour se dégager. Il resta à terre un instant encore. On courait autour de lui. Il y avait des cris. Les robes noires volaient. Il se protégea la tête comme il put. Une plainte de Seamus lui dit qu'on marchait sur son camarade également. Neville se mordit les lèvres pour ne pas hurler quand une lourde chaussure heurta son coude.

Enfin, il sentit qu'on le soulevait. Il aperçut Dean qui traînait Seamus. Il reconnut Malone devant lui qui protégeait leur retraite vers les marches proches. Ils butèrent sur le corps désarticulé d'un mangemort. Il entendit la voix de Ginny qui criait de les laisser monter. Il s'aperçut que Luna était auprès de lui et que Sanders l'avait lâché pour aider Dean à porter Seamus dans l'escalier. Une poigne solide se referma sur son bras droit et l'entraîna sur les marches. C'était un gars de la Brigade, mais il ne savait lequel se cachait sous le passe-montagne. Des Elfes couvraient leur montée. Ils envoyaient l'argenterie de Poudlard à la tête des mangemorts qui tentaient de les empêcher d'atteindre le palier.

Neville cria quand le type de l'AD le lâcha brutalement sur les marches pour se précipiter vers Ginny.

- Tu es toute seule ? l'entendit-il demander à la jeune fille. Où sont Fred et les autres…

- Je ne sais pas, Gerry… répondit Ginny, à la fois soulagée et angoissée.

Le garçon retira sa cagoule et Neville reconnut Dennis. Ginny se jeta dans les bras du jeune homme et Neville cria à nouveau car Sanders repliait son bras blessé pour lui faire une attelle.

Neville reprenait ses esprits engourdis par la douleur. Il se rendit compte que Hannah, Susan et Lavande les avaient accompagnés. Luna et Malone avaient pris la place de Ginny à la rambarde. Dean était penché sur Seamus allongé près de lui.

Sanders attacha l'attelle avec le collier de bouchons de bièraubeurre que Luna lui tendit.

- Tire pas trop fort dessus quand même, conseilla le capitaine des Sphinx, avec un sourire légèrement narquois. Mais ça tiendra bien le temps de voir Madame Pomfresh…

Neville grogna. Pas question de voir la guérisseuse. Elle voudrait le cantonner loin des combats. Il se tourna vers Ginny, d'un air décidé.

- Il me semblait que Ron était avec toi, dit-il.

- Il vient de partir pour rejoindre le rez-de-chaussée, répondit Ginny en s'approchant de Seamus. Il a vu Malefoy quitter la salle… Il pense qu'il va conduire les autres vers la salle de Firenze pour nous prendre à revers…

- La verrière ! murmura Dean.

- Vector va les surprendre avec ses Serpentard… souffla Seamus dans un effort qui lui fit monter les larmes aux yeux et la sueur au front.

Sanders enleva sa robe de sorcier et en couvrit son camarade de Gryffondor.

- Ne bouge pas… Garde tes forces, Finnigan, conseilla-t-il.

Seamus ferma les yeux.

- Mais reste avec nous quand même ! ajouta Sanders en lui tapotant les joues.

Seamus lui fit une grimace, croyant lui sourire.

- Il va m'entendre, Potter… haleta-t-il. Il ne nous avait pas averti que ça faisait si mal d'être un héros…

Il appuya sa tête contre la marche au-dessus et se laissa aller dans les bras de Dean qui le soutenait, agenouillé près de lui.

Hannah se tourna vivement vers eux, et annonça que Krum était sorti lui aussi. Des mangemorts essayaient encore de quitter le Hall. La Brigade tentait de les en empêcher.

- Il faut fermer la porte ! dit Neville. Il faut leur couper la route. Et aller prévenir Vector, s'il n'est pas trop tard.

- Ils auront toujours besoin de renforts, approuva Dean, la voix soucieuse.

Ginny hocha la tête.

- Ron ne pourra pas faire grand-chose tout seul…

- Il a fait comment ton frère pour rejoindre le rez-de-chaussée ? demanda Malone depuis les escaliers. On l'aurait vu passer…

- Un elfe lui a montré un chemin, par Serpentard je crois…

Tous tournèrent les yeux vers Dennis et l'interrogèrent du regard.

- Je crois que je vois lequel… dit-il.

- Tu crois ou tu en es sûr ? insista Neville. On ne peut pas se permettre de rater notre coup…

Gerry Dennis toisa le bras en écharpe du jeune homme et toucha les bouchons de bièraubeurre du bout de la baguette.

- Tu devrais rester ici, Londubat. La guerre, c'est pas fait pour les maladroits.

Neville s'empourpra. Il ne répondit pas cependant et se releva lentement.

- Qui se charge de fermer les portes ? demanda-t-il fermement.

- Moi, fit Ginny.

Elle bondit jusqu'au bord du palier et parla à voix basse aux elfes. Puis elle appela les filles pour tenir le haut de l'escalier.

Les elfes disparurent dans un claquement de doigts.

Presque tous se ruèrent sur la rampe pour les voir réapparaître devant la grande porte. Ils posèrent leurs mains difformes sur le bois et les battants commencèrent à se refermer lentement. Les mangemorts forcèrent vers le passage qui se fermait. La Brigade mit les bouchées doubles. Du haut de l'escalier, les filles, Malone et Dennis faisaient leur possible pour gagner du temps et protéger les elfes arc-boutés sur la porte.

Lavande se rapprocha des blessés pour prendre des nouvelles de Seamus qui lui paraissait mal en point. Elle s'assit auprès de lui et essuya ses tempes brûlantes.

- Qu'est-ce qu'il a ? demanda-t-elle à voix basse à Dean.

Celui-ci haussa les épaules en signe d'ignorance et Sanders secoua la tête. La brève inspection qu'il avait faite n'avait dévoilé aucune blessure apparente. Et cela l'inquiétait. Il avait entendu tant de choses sur les sortilèges utilisés par les mangemorts et les mots de magie noire hantaient son esprit.

Seamus frissonnait. Il sentait la fièvre brûler son corps et quelque chose à l'intérieur qui l'oppressait. Au prix d'une poignante douleur, il se redressa sur les marches. Il se mit à rire.

- Ma mère va me tuer… s'essouffla-t-il.

Ou du moins lui envoyer une de ces beuglantes dont elle avait le secret.

Tout tournait autour de lui. Il ne voyait le visage alarmé de Dean qu'au travers une brume qui lui piquait les yeux.

De toutes façons, il n'aurait jamais gagné la coupe du monde de Quidditch : il ne jouait pas au Quidditch. Ce qui était dommage, c'est qu'il allait rater l'occasion de danser avec Lavande. Pour une fois qu'il avait un peu de chance… Et il aurait tant voulu prouver à McGonagall qu'il était doué pour être un homme heureux. Et pouvoir fêter la victoire avec Potter. Il ferma les yeux une fois encore. Dean lui parlait, au loin. Il serra sa main.

- J'ai perdu ma baguette… souffla Seamus.

- Non… Non… Je l'ai ramassée…

Gerry Dennis n'attendit pas de voir la porte du Grand Hall totalement fermée. Il fit un signe à Ginny :

- Fais attention à toi… lui murmura-t-il alors que Malone et Sanders le suivaient.

Elle le retint :

- Si tu vois mon frère Ron… commença-t-elle avec appréhension. Ne le laisse pas s'approcher de Malefoy…

- Ne t'inquiète pas, voulut la rassurer Neville. Malefoy va tomber sur Nott et les deux Trolls avant de tomber sur Ron… Et ton frère n'est pas stupide au point de risquer sa vie…

Ginny se mordit les lèvres.

- Tu ne sais pas, Neville… murmura-t-elle, les larmes aux yeux. Hermione… Malefoy l'a tuée.

Il y eut un silence effaré sur le palier. Les filles, au bord des marches, cessèrent de lancer des sortilèges. Neville se reprit le premier. Il fit un signe de tête à Dennis.

- Tu nous montres le chemin ?

Dennis acquiesça sans un mot. Il donna une tape sur l'épaule de Dean en passant près de lui.

- Il faut y aller, Thomas… Laisse ton ami ici, avec les filles…

- Il va venir avec nous… assura Dean.

Malone et Sanders suivirent Dennis qui était déjà presque en haut des marches.

Neville se pencha sur Seamus pour lui dire qu'ils reviendraient le chercher plus tard. Il ne termina pas sa phrase. Il serra contre lui son bras blessé. Le sang bourdonnait à ses oreilles et il entendait au loin la voix de Luna qui jetait des sortilèges de désarmement et celle de Hannah qui lançait des Chauve-Furie.

- Dean… Viens… fut tout ce qu'il réussit à dire.

Il tira sur la robe de son camarade. Malone et Sanders avaient déjà disparu. On n'entendait que leurs pas rapide dans l'escalier.

- Viens ! On va les perdre…

- Mais Seam… insista Dean qui s'accrochait à la robe qui recouvrait son ami.

- S'il te plait, Dean…

Neville leva la tête vers l'étage. Il lâcha Dean et commença à monter. Il entendit Susan crier et il fut prêt à faire demi-tour. Mais la voix d'Hannah lui parvint au travers du chuintement dans ses oreilles, totalement surexcitée : Dumbledore ! Dumbledore est là !

Il sembla à Neville qu'il lui poussait des ailes. Il reprit son chemin vers l'étage. Chaque pas lui coûtait une douleur fulgurante dans le coude. Il se demanda comment cela pouvait se faire. Il se mit à courir pour rattraper les autres.

Au deuxième étage, il vit Malone tourner au fond du couloir. Il cria son nom. Et la voix de Dean lui répondit en écho. Il ne s'arrêta pas pour l'attendre. Il espérait rejoindre les trois autres à temps pour prendre ce fameux passage. Un maladroit ! Et puis quoi encore !

Il tourna à l'angle du couloir où avait disparu Malone, essoufflé, son coude – ses coudes ! Il avait l'impression d'en avoir trois ou quatre, tous aussi douloureux les uns que les autres !- collé au corps.

Il tâcha de reprendre une attitude plus digne car on l'attendait devant une tapisserie représentant une scène champêtre qu'il n'avait jamais vraiment remarquée. Dennis lui fit signe de se dépêcher au moment où Dean le rejoignait, tout aussi essoufflé.

- Allez ! les Gryffondor ! les pressa Dennis en remettant sa cagoule. Si vous ne suivez pas le rythme, on ne vous attendra plus…

Dean fixa Dennis d'un œil farouche et Neville préféra ne pas répondre. Malone leva les yeux au ciel et fit passer son camarade devant lui d'une tape sur l'épaule qui lancina jusqu'à son poignet.

Ils suivirent un étroit couloir sombre qui sentait l'humidité et débouchèrent dans les quartiers de Serpentard face à la porte invisible dans le mur. Dennis ouvrait le chemin. Il était chez lui. Il redevenait un Serpentard. Et cela ne lui déplaisait pas de marcher devant des Serdaigle, des Poufsouffle et des Gryffondor.

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Harry ne sentait plus le froid. Son corps n'était qu'une masse sombre endormie dans la neige. La douleur avait disparu. Il ne restait que le poids sur son esprit qui refusait de s'ouvrir, obstinément.

- Vous ne pouvez plus me faire de mal maintenant…

- En es-tu certain…

La lame froide de l'esprit de Voldemort se glissait dans celui d'Harry, lentement mais sûrement. Il ne pourrait lui résister longtemps encore. Mais chaque seconde était du temps de gagné. Harry se raccrochait à l'image du phénix et à la voix d'Ellen, à son parfum. Il avait promis à ses amis d'attraper le Vif le plus rapidement possible. Il n'aurait pas de seconde chance.

Un phénix, Potter… tu crois que cet oiseau stupide viendra te sauver une fois encore ? Tu paieras de ta vie ta trop grande confiance en Dumbledore. Il est inutile de résister. Tu souffriras pour rien. Laisse-moi prendre ce qui m'appartient et tu seras libre…

- Libre ? C'est un mot dont vous ignorez le sens, Tom…

Tu serais prêt à mourir uniquement pour être certain que je ne survivrai pas ? Tu renoncerais à tout ce que tu désires ? Pour des gens qui se moquent bien de ce qui pourrait t'arriver ?

Harry reconnut le sarcasme et la volonté de blesser. Des images montèrent en lui. Le visage d'Ellen ; un stade de Quidditch en liesse ; Ron, Hermione, Ginny auprès de lui. Et la foule de ses camarades de toutes les Maisons qui s'inquiétaient de sa santé uniquement par intérêt. Il repoussa l'esprit de Voldemort qui pesait de plus en plus sur le sien.

- Pour vous savoir hors d'état de nuire, vous et vos semeurs de mort, oui, je renonce à la vie…

Un moment de silence, froid, où le poids se fit plus lourd encore.

Tu es sincère ! L'inconscience des Gryffondor me confondra toujours ! Réfléchis bien, Potter… Il ne restera de toi qu'un nom sur une médaille, un trophée oublié au fond d'une pièce sombre et poussiéreuse…

- Ca m'est égal…

Elle t'oubliera…

Le cœur d'Harry se serra quelques secondes.

- Je l'espère…

Elle t'oubliera dans d'autres bras…

Une image emplit l'esprit d'Harry. Il n'arrivait pas à s'en débarrasser.

Elle oubliera le goût de tes baisers.

Voldemort enfonçait dans la plaie un couteau trempé d'acide.

Elle oubliera ta voix. Elle oubliera ton nom…

Harry fermait son esprit désemparé. De toutes ses forces.

Elle oubliera toutes ses promesses.

Harry chassait le visage d'Ellen de ses pensées. Il ne la voyait plus qu'entre les bras de Théodore Nott. Le rire de Voldemort lui vrillait le cœur.

C'est encore plus facile, Potter… Encore plus facile que si elle était morte comme je l'avais commandé... Cet imbécile de Dumbledore m'a décidemment trop mâché le travail… Quelle arme efficace que l'amour en effet ! Il me suffit de la retourner contre mon adversaire… Je m'attendais à mieux de ta part, Potter… Beaucoup mieux ! Tu m'as habitué à plus de résistance… Plus de colère et d'amertume ! Voilà ce qui arme un bras ! Bats-toi comme un vrai sorcier…

Un torrent de colère emporta toutes les résolutions d'Harry. Il ne devait pas le laisser toucher à Ellen. Il ne devait pas le laisser se servir d'elle pour lui faire du mal. Elle ne devait pas devenir l'instrument de la victoire de Voldemort. Ses pensées s'envolèrent un instant vers le château. Que devenaient ses amis ? Où en étaient les combats ? Ils comptaient sur lui pour éliminer la menace que représentait Voldemort. Mais que pouvait-il faire, seul, face à ce monstre bien décidé à lui arracher ses pouvoirs et le cœur avec.

Tu ne peux rien contre moi. Je suis bien plus fort que toi, Potter. Ceux qui t'on mis en tête que tu pouvais me vaincre t'ont trompé. Ton sacrifice ne servira à rien.

- Non !

Harry sentit son esprit s'ouvrir brutalement. Voldemort plongea avec un cri de victoire dans les pensées d'Harry. Un tourbillon douloureux saisit le jeune homme. Son esprit écartelé n'offrit plus de résistance à l'avidité forcenée de Voldemort. Il lui semblait que mille mains griffues fouaillaient dans sa tête et dans son cœur ; mille bouches dévorantes déchiraient son âme. Son espoir – cet espoir ridicule qu'il portait en lui comme une marque de naissance- son espoir s'estompait. Il ne pourrait vaincre Voldemort. Il le savait. Il l'avait toujours su. Il en avait pleinement conscience.

Il se laissa aller à l'invasion frénétique de cet esprit malveillant. Il ne pouvait empêcher Voldemort de lacérer chaque recoin de son âme. Il ne pouvait empêcher ses pensées violentes de le heurter. Il s'attendait aux images terribles, à la mort et la souffrance. Il les laissa passer sur lui. Il eut mal, il eut peur, au-delà des mots. Au-delà de ce qu'il croyait pouvoir supporter. Mais, toujours plus loin dans l'horreur, il plongeait. Il attendait ces images qu'il était venu chercher au fond de l'épouvante. Il bravait la douleur pour apercevoir ces moments qu'on lui avait volés. Ensuite… -ensuite il serait temps de cesser de s'accrocher à cette vie qui ne voulait pas de lui…