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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.
Chapitre 192
L'Heure des Combats
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Fred tourna le coin de la première rue qu'il trouva et se plaqua contre le mur pour reprendre son souffle. Il retira la cape d'invisibilité qui le recouvrait. Il n'entendait rien derrière lui, que le bruit des combats dans le village. Il avait semé ses poursuivants, qui l'avaient pris en chasse alors qu'il quittait la Tête de Sanglier pour rejoindre les autres lieux stratégiques. Il fit mine de s'arracher les cheveux. Il avait toujours été fier de sa tignasse rousse, mais en l'occurrence, elle le désignait comme l'homme à abattre. Il ne savait plus quand il avait perdu sa cagoule. Peut-être dans le passage sous la taverne quand il avait poussé Ginny vers l'école. Oui… Ce devait être là qu'il l'avait perdue. Il avait du la poser quelque part pour faire le point avec ceux qui restaient debout… Et il avait été obligé de fuir comme un voleur et un lâche.
§
Il allait se remettre en route vers la boutique de Honeyduke pour y faire le point avec Higgs quand il sursauta. Quelqu'un arrivait en courant, mais il ne savait d'où il allait surgir, sauf de la nuit. Il leva sa baguette.
- C'est moi !
La silhouette noire retira son passe-montagne.
- Par Morgane, Higgs ! t'es dingue ou quoi ? Qu'est-ce que tu fous ici ? Je croyais que tu étais déjà à Poudlard !
- Et toi ? qu'est-ce que tu fiches encore ici ! J'espérais que tu avais pu passer avec tes hommes !
- Le passage est bloqué. Ils nous ont envoyés les gens de Pré-au-Lard… Qu'est-ce que tu voulais qu'on fasse… ! A vous aussi, ils ont coupé la route vers Poudlard ?
- Non, soupira Higgs. On tient toujours… Mais ils nous talonnent. On les entraînerait derrière nous… Et on n'a plus de munitions… et qu'est-ce que tu veux qu'on fasse contre des gens qui sont sous Imperium et à qui on n'a aucune envie de faire du mal ?
Les deux jeunes hommes se turent. Higgs frappa un poing rageur contre la muraille :
- Mais qu'est-ce que je fabrique ici ! Je suis guérisseur, moi ! Je suis censé sauver des gens, pas les envoyer à l'hôpital !
- C'est vrai, soupira Fred, on ne devrait même pas se trouver ici ensemble tous les deux...
- C'était plus simple quand on se tapait dessus au Quidditch, hein, Weasley…
- Au moins savait-on sur qui on devait frapper et pourquoi…
§
Fred ferma les yeux une seconde. Son cœur commençait à se calmer et son esprit reprenait le sens de la réalité. Il sortit la carte que Ginny lui avait rendue et l'ouvrit :
- Qu'est-ce que c'est ? demanda Higgs en se penchant vers le peu de lumière que fit Fred sur le parchemin.
Le jeune Weasley ne prit pas la peine de répondre. La Carte parlait d'elle-même. Il la replia sans un mot.
- George est à pied d'œuvre, dit-il au bout d'un moment. Mais je n'ai pas vu Dumbledore.
- Ils sont nombreux… murmura Higgs d'une voix sourde.
- Au moins a-t-on empêché les Lestrange de réunir leurs forces…
- Il faut les rejoindre à tout prix, Fred… Ils ne tiendront jamais contre ces monstres…
- Hé ! dit Fred avec entrain. Faut pas paniquer comme ça, Higgs ! Il y a trois Weasley là-bas ! Ils sont capables de tenir Poudlard à eux tout seuls !
- L'excès de confiance finira par te nuire, Weasley ! renacla Higgs.
- Peut-être, mais moi je ne finirai pas à Ste Mangouste… comme toi !
- Weasley ! ginça Higgs entre ses dents. On ne s'en sortira pas avec deux pirouettes cette fois ! C'est sérieux ! Quand donc en finiras-tu avec tes enfantillages ?
Fred jeta un œil derrière le mur qui les séparait de la bataille.
- Jamais, j'espère ! s'exclama-t-il. D'ailleurs je retourne à la boutique chercher quelques farces et attrapes pour faire une bonne surprise à ces empêcheurs de s'amuser en rond…
- Fred !
Fred se retourna vers Higgs. Il pointa son index sur la tunique noire que portait l'ancien Serpentard.
- Toi, tu rameutes tout le monde chez Honeyduke… On passera tous par-là et tant pis pour les plans établis ! Moi, je ne suis génial que dans l'improvisation !
Higgs le retint alors qu'il s'éloignait à quelques pas.
- Qu'est-ce que tu as en tête ? demanda-t-il simplement.
Fred lui sourit avec un clin d'oeil :
- Je te l'ai dit : je retourne à la boutique chercher quelques munitions supplémentaires… regroupe les hommes : qu'ils soient prêts à partir.
Fred disparut dans un craquement sec et Higgs remit sa cagoule. Il prit une profonde inspiration et plongea à nouveau dans la nuit zébrée d'éclairs rouges et verts.
§
- Ha ! vous venez aux nouvelles, vous aussi, Fred… ?
Fred bondit jusqu'à Dumbledore penché sur les parchemins de transmission dans la cuisine de la Cabane Hurlante.
- Professeur ! s'exclama-t-il avec un large sourire d'espoir. Vous êtes venu nous prêter main forte ?
- J'espérais avoir des nouvelles fraîches de nos amis à Londres, répondit le Directeur de Poudlard. Mais notre contact avec les aurors et les autres membres de l'Ordre me semble coupé…
- Ils sont sans doute trop occupés pour faire le point, Monsieur…
Dumbledore approuva de la tête et d'un sourire.
- Il me semble inutile d'attendre davantage, en effet… Je serais plus utile auprès de la Brigade…
- Vous devriez plutôt retourner à Poudlard, Professeur… suggéra Fred.
- Chaque chose en son temps, Monsieur Weasley… répondit Dumbledore. Je crois que ma présence à Pré-au-Lard pourrait peut-être vous aider à investir Poudlard… Ensuite, je retournerai au château… j'y serai bien avant vous, je pense…
Fred se mordit la langue.
- Comment savez-vous ce qui se passe à Pré-au-Lard ? demanda-t-il au lieu de la réflexion acerbe qu'il allait faire.
Dumbledore mit un doigt sur ses lèvres et s'avança vers la porte du couloir.
- Abelforth ? appela-t-il.
Un grognement leur parvint d'une des pièces attenantes. Le vieil homme de la Tête de Sanglier sortit dans le corridor, une fiole dans une main et des bandages dans l'autre. Il boitilla jusqu'à la pièce qui servait de PC. Il grogna encore quand Dumbledore s'enquit de ses blessures.
- Abelforth, je vais à Pré-au-Lard pour aider les jeunes gens à entrer à Poudlard, reprit Albus Dumbledore. Tu gardes la maison… Je te tiendrai informé de la situation à Pré-au-Lard. Et selon ce qui se passe, tu enverras ceux qui se présenteront à la Cabane soit à Poudlard, soit au village…
Abelforth renifla avant de tourner le dos et de s'attabler pour terminer de soigner ses blessures. Fred supposa que cela signifiait qu'il acceptait la mission.
- Retournerons-nous ensemble au combat ? proposa Dumbledore…
- Dès que j'aurai récupéré quelques munitions à la boutique… acquiesça Fred.
Dumbledore hocha la tête pour approuver. Fred retourna dans la cheminée et il disparut en même temps que le professeur.
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Terence Higgs vit un grand phénix d'argent survoler la place du village. Il brillait dans la nuit comme si la lune, pourtant absente, l'éclairait de ses rayons. Il ne sut pourquoi, l'espoir qui désertait son cœur depuis le début de l'attaque lui revint brusquement, comme une bouffée d'oxygène salutaire.
Il y eut un cri, un nom parmi les mangemorts, une onde de panique : Dumbledore ! Les silhouettes noires de la brigade se retournèrent à ce nom. Dumbledore ! Tout n'était pas perdu !
Un cri d'oiseau s'éleva, une aile frôla les combattants. Fumseck exhortait la brigade à reprendre courage.
Une voix clama :
- Dumbledore ! Montrez-vous !
- Je suis là, Rabastan Lestrange…
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Plusieurs éclairs verts se dirigèrent vers Dumbledore dans le bruit de la bataille, l'éclairant d'un halo sombre. Il disparut avant qu'ils ne l'atteignissent et réapparut à l'opposé. Higgs reprit ses esprits. Il se souvint de la recommandation de Fred et pressa ses hommes à retourner vers la boutique de Honeyduke.
La brigade laissa Dumbledore accaparer l'attention des mangemorts et se replia comme elle put. Ils essayaient d'échapper aux sortilèges des habitants de Pré-au-Lard. Les stupéfix fusaient. Terry Higgs avait encore en tête la stupeur de ses camarades quand ils avaient vu surgir tous ces gens qu'ils connaissaient de vue, en vêtements de nuit pour certains. Et leur consternation quand ils avaient compris qu'ils n'étaient pas là pour les aider à repousser l'ennemi, mais bel et bien pour les attaquer. Il s'était mis à hurler : Ne leur faîtes pas de mal ! Ne leur faîtes pas de mal ! Mais comment ne pas faire de mal à ceux qui pointaient sur vous des maléfices ou des sortilèges de mort.
Heureusement pour lui et ses camarades, les habitants de Pré-au-Lard ne s'adonnaient pas à la magie noire –du moins pour la plupart- et les sorts n'étaient pas aussi virulents que ceux des mangemorts entraînés à faire souffrir et à tuer. Cependant, ces gens innocents en face d'eux avaient quelque peu douché l'enthousiasme guerrier des membres de la Brigade et les mangemorts avaient gagné du terrain. L'arrivée de Dumbledore était plus que bienvenue, elle tenait du miracle.
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Une main arrêta Terry Higgs dans sa course.
- Où est Fred ? demanda la voix de Duncan Archer. Il était à côté de moi à la taverne et tout à coup je ne l'ai plus vu…
- Il est allé chercher à la boutique de quoi neutraliser tous ces gens … Ramène les gars chez Honeyduke…
- Et toi ?
- Moi… hésita Higgs. Je reste… Je garde quelques uns des nôtres avec moi pour couvrir vos arrières. Quand vous serez tous passés, vous bloquerez le souterrain.
- Mais…
- Fais ce que je te dis ! insista Higgs. Nous retiendrons un maximum de mangemorts ici. Après tout, Dumbledore est avec nous…
Il lui sembla qu'Archer riait.
- Tu entends ce que tu dis ? railla Duncan.
- Ouais… fit Higgs. Va ! Vite !
Duncan Archer continua sa course vers la confiserie. Higgs se retourna. Il cria quelques noms à la cantonade. Des ombres noires le suivirent, pas autant qu'il l'escomptait, mais il ferait avec… Ou plutôt sans… Enfin, il se débrouillerait. Et puis quand tout serait fini, il aurait du travail à relever ceux qui pourraient l'être. Après tout, la place d'un guérisseur n'était-elle pas auprès de ceux qui souffraient ?
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Les cris de victoire succédaient aux cris de victoire. Ses forces s'amenuisaient. Il ne luttait plus.
Son cœur était lourd. Il avait vu ce qu'il cherchait, mais il n'avait pas reconnu les images. Voldemort n'avait pas menti : il avait fait siens les souvenirs d'Harry. Il les avait transformés à son image et le sourire de sa mère, qui illuminait parfois les rêves du jeune homme, lui faisait mal à présent. Harry entendait des sanglots et il n'avait pas conscience que c'était lui qui pleurait.
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La voix aigre de Voldemort revint dans son esprit. Un dernier cri de victoire.
Je t'ai promis de venir t'arracher un à un les pouvoirs que tu m'as volé, Potter… je tiens toujours mes promesses.
- Non !
Le rire à nouveau. Ce rire qui hantait ses nuits depuis seize ans.
Non ! Il devait se reprendre. Ramener à lui les souvenirs heureux. Enfermer Voldemort dans un maelström d'amour et de bonheur jusqu'à ce qu'il fût aussi affaibli que lui-même. Ensuite, il serait facile de l'entraîner sur le chemin sans retour.
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Dans un effort qui lui coûta encore une partie de ses forces, Harry rappela l'image d'Ellen. Il s'efforça d'imaginer le phénix d'or et le parfum de l'écharpe vert et argent emplit son esprit. Le rire d'Ellen remplaça celui de Voldemort. Il entendait sa voix chanter que l'amour était une forteresse et son cœur tressaillit de ce frisson délicieusement douloureux qu'il ressentait chaque fois qu'il la tenait dans ses bras et qu'il l'embrassait. Les images se succédaient. Chacun de leurs baisers, du premier sur le banc des jardins à ceux qu'ils avaient échangés dans la classe de Firenze quelques moments –des heures ? des siècles ?- plus tôt. Chacune de leurs disputes aussi, et de leurs réconciliations. Leurs discussions acharnées avec Ron et Hermione qui se terminaient dans les rires. Le rire d'Ellen. Et sa voix qui lui murmurait qu'elle l'aimait tant…
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Le silence dans la classe transformée en forêt était insupportable. Ils attendaient depuis trop longtemps. Et le temps s'étirait. Ils écoutaient de toutes leurs forces, la gorge sèche, la main crispée sur la baguette. Ils scrutaient la nuit au travers des baies vitrées, dans l'espoir d'apercevoir enfin une ombre qui mît fin à cette angoissante attente.
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Un premier éclair rouge frappa la vitre, qui fit sursauter le groupe des Serpentard attentifs.
- Ils sont là… murmura Vector. Tenez-vous prêts…
Ils étaient tous dispersés dans la pièce, assez loin des fenêtres pour ne pas risquer d'être blessés par les éclats de verre.
Le bruit dut s'entendre jusqu'à la tour d'astronomie. La baie vitrée tomba dans un fracas assourdissant. Le vent s'engouffra dans la pièce et couvrit les voix tremblantes des jeunes gens. Les baguettes se tendirent vers le parc. Des lueurs jaillirent qui illuminèrent brièvement la nuit. Les mangemorts reculèrent sous la surprise. D'autres cris leur parvinrent de l'arrière. On les avait suivis. Ils n'avaient pas le choix : se ruer en avant pour rejoindre le couloir et prendre le hall à revers, ainsi que la grande salle.
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Drago Malefoy essayait de distinguer les visages dans l'ombre. Il avait reconnu la voix de Vector aux prises avec Dolohov. Le professeur ne ferait pas le poids contre le mangemort. Et ceux qui l'accompagnaient regretteraient bientôt de s'être mis sur le chemin du Seigneur des Ténèbres.
Malefoy lança un stupéfix sur une silhouette qui passait près de lui. Il entendit la voix de Bobbins qui criait un Protego hâtif. Son camarade de Maison prévint de la présence d'un embusqué vers la droite. Aussitôt un éclair lumineux frappa les branches à quelques pas de Drago. Il s'enfonça dans la forêt.
Un contretemps. Ce n'était qu'un contretemps. Après tout, cela avait été très facile jusqu'à présent. Il ne pouvait songer qu'il en irait ainsi jusqu'au bout de la nuit. Revenir en arrière, il n'y fallait pas penser : il se retrouverait dans la même situation que précédemment, coincé dans le Hall par ses défenseurs. Dolohov et ses hommes n'allaient pas tarder à avoir raison de ses camarades. Lui devait à tout prix parvenir dans le couloir, rejoindre l'entrée du Hall, prendre à revers ces imbéciles qui lui tourneraient le dos et créer une brèche dans le front des gardiens du rez-de-chaussée. Ensuite, il retournerait sur ses pas et mènerait à la Grande Salle les hommes du Hall et ceux de Dolohov qui le rallieraient.
Le vent faisait siffler les branches. Il entendit du bruit du côté du parc. Du verre brisé encore. Des cris et des incantations. L'accent de Krum par-dessus la tempête.
Malefoy courut entre les branches. Il faisait aussi noir qu'à l'extérieur, et aussi froid. Les frondaisons palpitaient sous les rafales. Le sifflement de la bourrasque couvrait les voix. Malefoy entendait des appels pressants sans reconnaître ni ceux qui les lançaient ni ceux à qui ils s'adressaient. Atteindre la porte. C'était tout ce vers quoi il tendait.
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La porte n'était pas loin. La forêt se terminait bientôt. Malefoy avait conscience qu'il serait à découvert durant quelques mètres. Vector avait lancé au dessus de la mêlée une boule de lumière qui diffusait une lueur assez faible mais suffisante pour savoir d'où venait le danger.
Dolohov se rapprochait de la sortie. Mais Krum le rattrapait. Vector était aux prises avec un mangemort que Malefoy ne reconnut pas. Malefoy vit Archer stupéfixer un adversaire. Le jeune homme se porta ensuite au secours de Montague. Bobbins cria de douleur à quelques pas. Malefoy aperçut à la lueur d'un éclair sorti d'une baguette, une ombre se baisser sur le corps à terre du Serpentard.
- Et de trois, entendit-il… Trois blasons de Serpentard ! Le Maître les récompensera le double des autres…
Malefoy sortit de l'abri des branches et appela :
- Moon ! A la porte !
L'ombre penchée sur Bobbins se redressa vivement. La porte ! Oui… Il aurait tous les trophées qu'il souhaitait quand ils auraient investi la grande salle. Et ces traîtres à leur sang paieraient de leur vie leur forfaiture. Et il était dommage que le Maître eût déjà ordonné la mise à mort de cette garce de McGregor parce qu'il se serait volontiers chargé lui-même de la faire passer de vie à trépas.
Malefoy posa la main sur la poignée de la porte de la salle. Moon était dans son dos et protégeait sa fuite. C'était un bon petit soldat, il n'en avait jamais douté. Il suffisait de ne jamais le laisser prendre d'initiative…
Malefoy appuya sur la poignée. Elle était bloquée. Il tiqua, un peu agacé. « Alohomora ! » La porte resta fermée.
Derrière lui les combats se rapprochaient. Le duel entre Krum et Dolohov devenait de plus en plus féroce. Le vent portait jusqu'à lui le roulement d'incantations étrangères à son oreille. Les ombres noires de Weasley semblaient courir partout à la fois. Montague gagnait du terrain. Malefoy brailla le nom de Moon une fois de plus :
- La porte ! Elle est fermée !
Un homme en cagoule leur cria de se mettre à l'abri. Malefoy plongea dans les fougères. Moon choisit la mauvaise direction. Quand la porte explosa sous le sortilège, il reçut un morceau de bois dans le dos qui le précipita sur le professeur Vector. Ils tombèrent tous deux au sol alors que le souffle glacé du vent tournoyait déjà dans le couloir.
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Ron avançait dans le noir. Les cachots de Serpentard n'étaient pas un endroit où traîner le soir, il en avait toujours été convaincu.
Le silence résonnait du bruit des combats dans le Hall. Il marchait d'un pas ferme cependant, l'esprit fixé vers le bout du couloir et la classe de Firenze. Il ne voulait pas savoir comment il empêcherait à lui tout seul l'avancée d'une troupe de mangemorts. Peut-être n'aurait-il pas du renvoyer Dobby si tôt… il se plaqua brusquement contre le mur dans un mouvement instinctif. La porte de la classe de divination venait d'exploser littéralement. Le courant d'air souffla les torches qui brûlaient encore.
On se battait dans la pièce. Ron revint de sa surprise et se précipita vers la classe. Malefoy était à l'intérieur. La brûlure dans son cœur se réveilla. La haine l'aveugla une fois encore et il oublia toute prudence.
Il vit la chevelure claire de Malefoy luire dans un éclair sur le seuil de la salle et il se lança à sa poursuite. Il entendit une course dans son dos et son cœur se mit à battre encore plus vite, encore plus fort. Devant lui, Malefoy courrait aussi. Vers le Grand Hall où retentit la voix de Dumbledore. Malefoy ralentit. Ron refusait de se retourner. Il entendit la voix de Neville qui l'appelait. Des cris lui parvenaient toujours de la salle de Firenze. Et un autre appel : « Ronald ! » C'était l'accent de Krum.
Ron vit Malefoy entrer dans une salle sur sa droite ; il le suivit. Il leva la baguette vers Malefoy qui cherchait où se cacher. Le jeune mangemort se tournait de toutes parts et réalisait qu'il était entré dans la salle des Quatre Maisons où il avait juré qu'il ne mettrait jamais les pieds.
- Weasley… murmura-t-il sans y croire.
- Expelliarmus ! cria Ron de toutes ses forces.
Malefoy lâcha sa baguette et fut projeté contre une table au centre de la pièce. Ron marcha vers lui et pointa sa baguette vers son visage pâli. Il ouvrit la bouche pour menacer le Serpentard.
- Ronald ! Non !
Viktor Krum s'arrêta à quelques pas derrière lui.
- Ronald… Laisse-le…
- Non ! hurla Ron.
Il souleva Malefoy par le col de sa robe et appuya sa baguette sur la joue du jeune homme.
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Malefoy n'osait respirer. Il se gardait d'ouvrir la bouche. Ainsi Weasley n'était pas mort. Il aurait du s'assurer d'avoir terminé le travail. Il voyait Krum par-dessus l'épaule de Weasley, le visage tuméfié, qui tendait les mains vers eux, comme une prière. Et cet imbécile de Neville Londubat qui s'appuyait à la porte, haletant, un ridicule collier de bouchons de bièraubeurre autour du cou.
- Ron ! s'essouffla-t-il.
- Ronald… Je t'en prie… reprenait Krum. Ça n'en vaut pas la peine !
- Il a tué Hermione ! cria Weasley avec un réel accent de désespoir.
Malefoy ne cacha pas la lueur de satisfaction qui s'alluma dans ses yeux. La baguette de Weasley s'enfonça un peu plus dans sa chair.
- Je sais… murmura Krum avec autant de peine que Weasley ressentait de colère.
- Ginny nous a raconté, intervint Londubat en entrant dans la salle. Elle a peur pour toi, Ron…
- Je vais le tuer ! menaça Ron. Mais avant…
Malefoy sentit la baguette se planter dans sa gorge, à lui donner la nausée.
Krum s'avança.
- Ronald… Elle ne le voudrait pas. Ne commet la même erreur que moi… Ne laisse pas la haine et la mort se mettre en travers de ton amour pour elle.
- Elle est morte ! souffla Weasley en serrant les dents. Plus rien n'a d'importance… Il va payer…
Mais Malefoy sentait déjà l'étreinte farouche sur son cou se desserrer.
- Ron… S'il te plait… insistait Londubat. Il est désarmé…
- Hermione l'était aussi… répondit Weasley.
Krum s'approcha encore, jusqu'à toucher le bras de Weasley qui tressaillit.
- Alors laisse-moi le faire… Moi, je n'ai plus rien à perdre…
- Elle est morte… répéta Weasley avec une grimace grotesque. Moi non plus je n'ai plus rien à perdre… Crois-tu que je te laisserais faire cela pour elle ?
- Ce n'est pas pour elle que je le ferais… répondit Krum avec effort. C'est pour toi…
§
Drago Malefoy sentit trembler la main qui le soulevait de terre. Il essayait de détourner ses yeux du regard hagard que Weasley plongeait dans le sien. Il lisait la souffrance éperdue dans ces yeux-là et il ne put empêcher un sourire de soulever le coin de ses lèvres.
Malefoy toucha à nouveau terre. Cet imbécile de rouquin baissait sa garde. Il semblait prêt à défaillir. Le sourire de Drago s'élargit quand, dans un bruit de course, trois nouveaux arrivants se présentèrent à la porte.
Ron et Krum se tournèrent vers Nott et les deux Trolls qui s'engouffraient dans la salle, la baguette à la main.
Ce furent de longues secondes de silence qui pesèrent sur la pièce.
- Qu'est-ce que vous attendez ! s'exclama Malefoy, un peu nerveux. Désarmez-les au moins ! Et où sont les autres ? Tous les autres ?
Neville et Ron fixaient Théodore Nott, le souffle suspendu, hésitant à brandir leur baguette sur lui et ses camarades. Viktor se demandait pourquoi les deux Gryffondor tardaient à réagir. Il ne pourrait désarmer trois hommes à lui tout seul et Malefoy n'attendait qu'un geste de Ronald pour se jeter sur sa baguette, il le lisait dans ses yeux.
Nott avança d'un pas. Il dit :
- Désolé, Weasley…
Il tendit à peine sa baguette vers Ron et dit : Expelliarmus.
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Dumbledore apparut dans le Grand Hall et ce ne fut qu'un cri de toutes parts. D'espoir pour les uns, de crainte pour les autres. Mais le directeur de Poudlard n'eut que le temps de crier aux elfes de laisser la porte telle qu'elle était et de se charger plutôt de ramener les blessés de l'école à Madame Pomfresh à la cuisine. Un mangemort près de la Grande Porte, occupé à repousser les elfes qui la fermaient, s'était brusquement retourné à son arrivée et brandissait sa baguette vers lui.
- Dumbledore ! cria l'homme sur un ton de victoire. Enfin, vous vous montrez !
- Rodolphus Lestrange ! répondit Dumbledore en se mettant en garde. Votre frère m'a dit que je vous trouverai ici…
Un instant Lestrange hésita. Ce vieux fou mentait… Rabastan était en route pour prendre Poudlard d'assaut par les souterrains. Rodolphus Lestrange tendit sa baguette :
- Expelliarmus ! cria-t-il avec rage.
Dumbledore esquiva le sortilège et lui envoya un Impedimenta qui fit chuter le mangemort. Le temps qu'il se reprît, le vieil homme avait accouru près de la porte de la salle des Première Année prêter main forte à ceux qui la défendaient.
- Gardez espoir ! souffla-t-il aux membres de la Brigade. Vos camarades seront bientôt là… Tenez bon jusqu'à leur arrivée.
Puis il appela un elfe et personne n'entendit ce qu'il lui dit. L'elfe disparut et Dumbledore entra dans un duel avec un mangemort.
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Lorsque l'envoûtement qui maintenait Rodolphus Lestrange au sol commença à se dissiper, ce dernier, ivre de colère, entreprit de revenir vers Dumbledore. Il traversa le Hall dans une hâte furieuse et repoussa son acolyte d'un geste brutal pour prendre sa place dans le duel qui l'opposait au Directeur.
- C'est moi qui amènerai votre tête au Maître, Dumbledore. Il y a trop longtemps que je rêve de cela… aboya-t-il, plein de rancœur.
- Nombreux sont ceux qui rêvent de m'abattre, Rodolphus…
Dumbledore para le sort que Lestrange lui envoya et continua sur le ton de la conversation :
- Plus nombreux encore sont ceux qui ont essayé…
- Vous n'êtes qu'un vieillard prétentieux… Mon Maître est bien plus puissant que vous…
- Je n'ai jamais soutenu le contraire… Tom… Je veux dire : Voldemort est un sorcier très puissant… Et il me dépasse en toute chose, surtout en ce qui concerne la prétention…
Un rugissement de fureur retentit. Une incantation de mort sortit de la bouche enragée de Lestrange.
Les mangemorts, portés par ce cri de haine, se déchaînèrent. Ils renvoyèrent contre la porte de la petite salle les jeunes gens harcelés. Ceux qui défendaient le passage du couloir durent se replier vers les cuisines.
Dumbledore leva la main et la baguette de Lestrange monta sous la coupole du Grand Hall. Au même moment, un grand bruit vint du couloir du rez-de-chaussée. Comme une explosion assourdie.
- Vous êtes finis ! cria Lestrange.
Il arracha sa baguette à l'un de ses hommes et le rejeta dans la bataille.
- Vous et vos ridicules petits soldats… cracha encore Lestrange… Votre armée d'enfants apeurés ne peut rien contre celle de notre Maître…
- Ces enfants apeurés, Rodolphus, répondit Dumbledore, se battent pour eux-mêmes et non pour moi… ils auraient tous pu quitter l'école ce soir… Ils ne restent que parce qu'ils l'ont voulu.
- Ce sont des idiots ! se mit à rire Lestrange.
Il suivait Dumbledore qui tournait lentement autour du Hall. Sous la capuche des fidèles de Voldemort, les yeux du mangemort glissaient par derrière l'épaule du vieil homme devant lui. Le couloir du rez-de-chaussée… Ce vieillard fatigué pensait-il interdire à lui seul le passage aux troupes victorieuses du Seigneur des Ténèbres ? Lestrange releva chacun des accrocs et des traces de brûlures sur la robe bleue de l'ancien professeur de Métamorphose.
- Vous êtes un homme mort, Dumbledore… affirma Lestrange.
- Peut-être que oui… Peut-être que non… L'aube seule nous dira qui aura survécu…
- L'aube ne se lèvera pas, Dumbledore…
- L'aube se lève toujours, Rodolphus… Même quand nos yeux se sont fermés à la lumière… l'aube se lève toujours. Le monde tournera sans nous, Rodolphus… Il tourne bien sans ceux qui ne sont plus là… Voldemort se croit peut-être plus fort que la mort… mais il n'est pas plus fort que la vie…
§
Dumbledore embrassa du regard la haute pièce. Depuis les escaliers, des jeunes filles tentaient d'équilibrer les forces en présence en immobilisant le maximum de mangemorts. Les membres de la Brigade défendaient pied à pied les zones du Hall qu'ils protégeaient. Il reconnaissait des élèves parmi ceux qui se battaient partout dans l'entrée. L'aube était loin encore. Il s'efforça de ne pas penser à Harry. Il devait rester concentré sur ce qui se passait à Poudlard. Et il ne fallait pas que Lestrange en face de lui s'aperçût que sa main tremblait.
- Vos beaux discours ne vous sauveront pas cette fois… grinça Lestrange. Cette nuit sera la première du règne des Ténèbres… l'hiver s'étendra sur le monde et nous verrons qui de l'enfant que vous avez envoyé à mon Maître ou de ce dernier sortira vainqueur de ce combat que vous lui imposez…
Dumbledore serra sa main sur sa baguette, imperceptiblement. Il sourit pourtant.
- Décidemment… Tu ne comprendras jamais rien, Rodolphus Lestrange, murmura-t-il.
Il para le sortilège que son adversaire lui envoya par surprise. Il vit Lestrange tendre la tête pour regarder vers le couloir. Derrière lui un bruit de course retentit. Et la voix de Justin Finch-Fletchey qui encourageait ses camarades à se battre.
- Ce ne sont pas ceux que vous attendiez, Rodolphus ? On se bat dans le couloir…
Dumbledore repoussa un nouveau sortilège.
- Nous prendrons cette salle d'un côté ou de l'autre, Dumbledore… Ceux que vous y cachez seront des otages de choix pour le Seigneur des Ténèbres…
- Vraiment ? fit Dumbledore. Vous oubliez tous ces jeunes gens qui vont se retrouver face à face avec un père, un frère, une soeur, un oncle ou une cousine… Des otages ? Vous pensez vraiment que nous allions vous laisser l'avantage sur ce plan-là ?
Lestrange n'hésita pas une seconde.
- Ces jeunes gens dont vous parlez, Dumbledore, ils sont avec nous et ils doivent avoir fait leur besogne avec autant de zèle que ceux que vous voyez se battre autour de vous…
Dumbledore leva les yeux une seconde vers le plafond et Lestrange suivit son regard. Il vit la Dame Grise de Serdaigle qui hochait solennellement sa tête irréelle.
- Les certitudes… soupira Dumbledore… Les certitudes, Rodolphus… Je t'ai toujours dit qu'être persuadé d'une chose ne la faisait pas forcément exister…
Il terminait de parler que du plafond plongeait un escadron de fantômes dans une plainte sinistre qui glaça le cœur de tous les combattants. Les spectres fondirent au travers de la pièce semant quelques secondes de panique parmi les belligérants. Dumbledore seul parut ne pas être saisi par la stupeur. Il courut à la porte laissée entrouverte, d'un pas très vif pour un homme aussi âgé.
- Rodolphus Lestrange ! tonna-t-il lorsqu'il arriva sur le seuil.
Lestrange sursauta. Il leva les bras pour chasser les fantômes qui voltigeaient autour de lui. Il réalisa que Dumbledore quittait la pièce.
- Dumbledore ! cria-t-il à son tour. Vous n'êtes qu'un lâche !
Il appela ses hommes et leur fit signe de suivre le fuyard. Il quitta la place le premier tandis que cinq autres mangemorts prenaient la direction de la porte.
§
- Il nous abandonne ! murmura Dean Thomas en arrivant dans la pièce.
- Non ! Il entraîne derrière lui une partie des forces de l'ennemi, chuchota derrière lui le fantôme de Poufsouffle.
- Il a raison ! confirma Justin, essoufflé. Diviser les forces de l'adversaire le rend moins fort. Dumbledore a fait sortir le chef de la bande et ses proches lieutenants dehors où il n'y a aucun des nôtres à mettre en danger. A nous maintenant de profiter de l'occasion. Où sont les autres ?
- Ils se battent dans le couloir du rez-de-chaussée…
Dean leva les yeux vers le palier. Les filles étaient toujours là. Il voyait la chevelure rousse de Ginny par intermittence au dessus de la rambarde. Il entendait la voix de Susan. De l'autre côté, les défenseurs de la porte des Première Année s'affaiblissaient. Justin et Dean se jetèrent à leur secours dans un même élan, enjambant les corps qui gisaient au sol, sans les reconnaître.
§§§§§§§§§§§§§§§§
Dobby atterrit dans le noir. Il avait désobéi à Ronald Weasley. Mais ce n'était pas vraiment désobéir puisqu'il ne lui avait pas donné d'ordre. Il n'était pas son maître. Il lui avait seulement demandé de retourner auprès de Ginny Weasley. Et puis il se punirait après quand la bataille serait finie… Oui… quand tous les méchants hommes seraient chassés et que Harry Potter serait revenu. Il lui expliquerait et il lui pardonnerait. C'était Harry Potter qui comptait. Même s'il n'était pas son maître. Dobby était libre. Il n'avait plus à obéir. A personne. Harry Potter le lui avait dit. Dobby était son propre maître. Il avait aidé Ronald Weasley de sa propre volonté. Et s'il voulait voir Hermione Granger une dernière fois, il avait le droit de le faire. Hermione Granger aussi lui avait dit qu'il était libre. Et qu'il pouvait mettre ses pouvoirs à son propre service. Ce n'était pas facile de choisir. Ce n'était pas facile de décider de ce qui était bon ou pas. Et il avait souvent donné raison à Winky : Hermione Granger était folle. Mais elle le traitait toujours avec respect et douceur ainsi que Winky qui n'était pas tendre avec elle. Et cela, à part Harry Potter et Dumbledore, il ne connaissait personne d'autre qui le fît avec autant de spontanéité.
Dobby renifla et essuya ses yeux où montaient les larmes. Hermione Granger était morte. Il n'avait jamais ressenti autant de peine. Sauf peut-être quand il s'était rendu compte que Winky s'adonnait à la boisson. Mais Hermione Granger morte… il ne pouvait le croire…
Il s'avança à tâtons jusqu'à buter sur un corps parmi le désordre de la pièce. Il fit de la lumière. Hermione Granger – il s'approcha avec circonspection pour s'assurer que c'était bien elle- gisait sur le sol. Il la toucha du bout de ses longs doigts noueux. Il avait du mal à reconnaître en cette caricature de vieille femme hideuse l'amie de Harry Potter. Il s'agenouilla près d'elle et baissa la tête. Il prit la main tordue dans la sienne et la porta à sa joue mouillée de larmes.
- Dobby est triste… murmura-t-il. Très triste. Et très en colère contre son ancien maître. C'est un méchant homme et Dobby espère que Ron Weasley va le tuer… Oui… Dobby espère que Drago Malefoy va mourir ce soir et il n'a pas envie de se taper la tête pour ces mauvaises pensées…
Il éclata en sanglots et se mit à pleurer bruyamment dans la paume de la main d'Hermione.
Quand il fut un peu calmé, il prit la main de la jeune fille et passa ses doigts dessus, lentement, comme une caresse. Il fit de même sur l'autre main, puis sur le visage infesté de furoncles et de verrues. Il recommença plusieurs fois à suivre l'arc broussailleux des sourcils, et du nez crochu. Il insista sur la bouche déformée.
- Oui… Dobby est bienheureux d'avoir quitté le service des Malefoy. Il va rendre à Harry Potter son amie comme il la connaît. Dobby n'a pas peur des morts. Dobby n'a pas peur de les toucher. Dobby a préparé les morts de la famille Malefoy depuis toujours. Et il regrette une chose : ce ne sera pas lui qui préparera Drago Malefoy. Oui, il le regrette, parce qu'il l'aurait rendu aussi laid qu'il l'est réellement.
Il passait et repassait ses vieilles mains sur le visage d'Hermione et il ne voyait que peu de changements. Elle restait aussi difforme et abîmée que Drago Malefoy l'avait voulu.
- La magie des anciens maîtres de Dobby est puissante, chuchota-t-il. Mais Dobby arrivera à rendre son visage à Hermione Granger. Et il voudrait renvoyer tous ces sortilèges à celui qui les a lancés.
Il caressait les joues d'Hermione, presque tendrement, dans le doux bercement d'une mélopée qu'il fredonnait à son oreille. Et les larmes tombaient en gouttes chaudes sur le visage de la jeune fille.
§§§§§§§§§§§§§§§§
Ron sentit une douleur fulgurante lui traverser la main tandis que deux autres incantations retentissaient. Il entendit Neville crier de douleur et vit Krum rouler par-dessus un jeu d'échecs sur une table.
La baguette de Ron s'était envolée jusqu'aux pieds de Malefoy qui la ramassa vivement dans un rire. Ron tenta de se jeter sur lui.
- Pétrificus totalus ! fit Malefoy avec une délectation malsaine. Mon jour de chance, Weasley ! Et tu vas y assister, finalement !
§
Ron tomba en avant. Il vit Viktor essayer de récupérer sa baguette mais Nott la fit voler plus loin.
- Non, professeur… Vous avez sans doute d'excellentes raisons de vouloir la peau de Drago, mais… J'ai la priorité.
Il tourna sa baguette vers Malefoy et le désarma d'un mot. Un éclair de rage passa dans les yeux de Drago Malefoy.
- Vincent ! Gregory ! appela-t-il. Il nous trahit ! Il trahit le Maître ! Arrêtez-le !
Mais ni Vincent ni Gregory ne bougèrent. Ils se contentaient de tenir Krum en joue, qui n'osait ciller, sans comprendre ce qui se passait.
Malefoy crispa les poings.
- Tu les as montés contre moi, c'est cela, Teddy ? Quels mensonges leur as-tu raconté ? Ils t'ont peut-être cru, mais le Maître sait bien que moi seul suis l'artisan de sa victoire. Tu auras beau lui amener Krum en offrande, il sait que c'est grâce à moi que ses troupes ont pu entrer dans Poudlard.
Malefoy se glissait sur le bord de table où il s'appuyait. A quelques pas, il y avait sa baguette – la sienne. Il suffirait d'attirer l'attention de Nott ailleurs quelques secondes pour pouvoir l'attraper et… Il interpella Crabbe.
- Tu as cru ce qu'il t'a raconté, Vincent… Je ne t'en veux pas… Tu ne pouvais pas savoir… mais moi je sais… Je sais que c'est lui qui t'a dénoncé à Londubat…
Nott haussa les épaules.
- Personne n'a jamais dénoncé Vincent ! fit-il avec une impatience hautaine. Ce n'était qu'un concours de circonstances…
Malefoy cessa son imperceptible progression vers le bout de la table. Ses mains se crispèrent sur le bois. Sa voix siffla :
- Tu n'es qu'un sale traître… Teddy…
Il plongea sous la table et se saisit de sa baguette. Il visa Nott qui s'approchait et cria : Stupéfix ! juste au moment où Goyle traversait son angle de tir. La lourde masse de Gregory Goyle s'abattit devant lui, entraînant Théodore Nott dans sa chute.
§
Vincent Crabbe ne savait que faire : effaré, il faisait aller sa baguette de Krum à Malefoy et de Malefoy à Krum sans pouvoir décider lequel des deux était le plus dangereux pour lui et ses amis.
- Vincent ! cria Nott à terre. Laisse tomber Krum !
Il poussait le corps de Goyle qui pesait sur ses jambes, menaçant de sa baguette Malefoy retranché derrière une table un peu plus loin.
Crabbe se tourna aussitôt vers lui, heureux qu'on lui dît enfin ce qu'il devait faire. Il lança un Expelliarmus sur Malefoy qui l'esquiva. Drago prononça un mot que Ron ne comprit pas. Crabbe tomba près de lui et ne bougea plus bien qu'il fût parfaitement conscient.
Il souriait bêtement à Ron qui lui jetait des regards furieux. Ce dernier exorbitait ses yeux puis les baissait vers la baguette du Serpentard. Par-delà les tables, les éclairs de couleurs fusaient. Les voix de Krum et de Nott se mêlaient tandis que Malefoy grinçait ses incantations avec fureur.
Ron était désemparé. Cette grosse baudruche de Crabbe ne comprenait rien ! Il ne lui venait même pas à l'esprit qu'il pouvait le désensorceler d'un coup de baguette. Il était à deux pas de lui. Il n'avait même pas besoin de ramper jusqu'à lui. Il tendait la main et s'en était fini de ce stupide sortilège qui le rendait impuissant. Il entendit un juron – du moins, jugea-t-il que c'était un juron au ton de Krum.
- Attention, Professeur ! cria la voix de Nott.
Il y eut un bruit de chaise ou de table qu'on déplace. Un grincement désagréable. Un fracas qui couvrit la voix de Krum. Et celle de Malefoy suraiguë qui invitait Nott à se montrer et à se battre face à face. Lui-même restait caché aux yeux de Ron qui écoutait de tout son être entravé.
- Je suis là, Drago… C'est un duel que tu veux ? Alors montre-toi…
- Endoloris ! cracha Malefoy sans autre avertissement.
§
Ron entendit la chute de Nott et il eut mal dans tout son corps au souvenir de celui qu'il avait enduré –combien de temps auparavant ? Une heure ? peut-être moins… peut-être plus… dans une autre vie de toutes façons… Endoloris ! Endoloris ! La rage et la colère l'étouffaient. Le chagrin et la douleur revenaient. Il n'était plus que souffrance dans ce Doloris qui ne lui était pas destiné et qui n'en finissait pas.
- Alors Teddy, tu fais moins le malin maintenant… Tu ne pensais tout de même pas me trahir ainsi sans en subir les conséquences…
Drago Malefoy se mit à rire.
- Je t'aurais tué de toutes façons… Le Maître n'aime pas les perdants… et tu en es un… Teddy…
- Ne… m'appelle… pas… comme ça ! haleta Nott.
Il crispa un peu plus sa main sur sa baguette et fit un effort pour lancer un Expelliarmus qui ne voulut pas sortir.
- Oh non ! Teddy ! Aujourd'hui est le jour de Drago Malefoy… Et j'ai encore plus de chance que je ne l'imaginais…
§
Il y eut un petit bruit derrière lui qui attira son attention. Puis…
- L'ennuyeux avec la chance c'est qu'on ne sait jamais quand elle tourne, ni quand elle s'en retourne…
- Fiche le camp Peeves… ça ne te regarde pas… fit Malefoy d'un air mauvais.
Peeves lui adressa un sourire grotesque, et leva les mains comme pour dire qu'il n'était pas là :
- Fais donc ce que tu as à faire, Malefoy… se moqua Peeves. Moi, je m'amuse énormément. Je dois dire que je ne me suis jamais autant amusé …
Il croisa les bras, et les jambes, suspendu au dessus de Nott qui reprenait à peine ses sens meurtris.
Malefoy haussa les épaules et détourna son attention de l'esprit.
- A présent, j'ai une bonne raison de te tuer, Teddy… Je n'aurais même pas à justifier mon geste auprès du Maître… Bien au contraire, il me félicitera…
Il tendit sa baguette. Son visage se tordit dans une grimace de haine et de triomphe mêlées :
- AVADA KE…
§
Un long cri de victoire couvrit sa voix. Peeves se jeta sur lui et saisit son poignet. L'éclair vert sortit de la baguette et fit un trou dans le plafond.
- Vous avez entendu ! Vous êtes tous témoins ! cria Peeves. Un Sortilège Impardonnable ! J'ai le droit de le secouer un peu, hein ! J'ai le droit ! C'est moi qui l'ai coincé ! C'est moi qui l'ai coincé ! Je vous ai sauvé la vie ! A tous !
Il montait vers le plafond, emmenant Malefoy qui s'agrippait à la grosse main de Peeves pour lui faire lâcher prise. Il sentait sa baguette s'échapper de ses mains.
- Lâche-moi ! Espèce de…
- Ha ! Ha ! Ha ! Malefoy… Fais attention à ce que tu dis, sale morveux ! Ou je fracasse ta grosse tête vide contre le plafond…
Drago leva les yeux vers les boiseries qui se rapprochaient. Sa baguette tomba au sol, aux pieds de Nott qui se relevait, le visage encore marqué des stigmates de la douleur.
Krum remuait sous la table qui lui était tombée dessus. Londubat se réveillait dans un gémissement. Crabbe le regardait bêtement. Et dans les yeux de Weasley, fixés sur lui, immobiles et seuls vivants dans son corps paralysé, il lisait une joie immense.
§
Lorsque Krum vint délivrer Ron de son sortilège, ce dernier bondit sur ses pieds et rejoignit Goyle que Nott venait de désensorceler.
- Rends-le nous, Peeves ! commanda Nott.
- Nan ! fit Peeves.
- Rends-le nous, Peeves ! répéta Ron.
- C'est mon prisonnier ! J'en fais ce que je veux !
- Peeves, s'il te plait… Repose-le… essaya Krum.
Peeves lui tira la langue dans un bruit grossier. Il secoua Malefoy qui s'accrocha cette fois à la manche de l'esprit frappeur pour ne pas tomber entre les mains de ses camarades.
- Tu paieras ça… Peeves ! Tu le paieras très cher… grinça-t-il entre ses dents.
Peeves le secoua de plus belle :
- Tu n'es pas en mesure de me menacer, Malefoy… clama l'esprit frappeur avec une joie farouche. Tu es mon permis de séjour perpétuel à Poudlard ! Et je vais te soigner… Jusqu'à ce que tu ne me serves plus à rien…
- Peeves ! intervint Neville malgré la douleur dans son bras qui le faisait se plier en deux. Amène-le à mon oncle…
- Taratata ! Il est à moi ! Je vais le mettre en lieu sûr !
§
Nott tendit la main vers la chaussure de Malefoy. Le soulier disparut en même temps que son propriétaire, dans un rire strident qui fit froid dans le dos à ceux qui restèrent dans la Salle des Quatre Maisons.
- Qu'est-ce qui s'est passé ?
Ils se tournèrent vers la porte où Dean Thomas restait stupéfait, la baguette tendue vers Goyle.
- Qu'est-ce qu'il va en faire ? demandait celui-ci.
- Cela n'a pas d'importance pour l'instant, dit Krum.
Il fit signe à Dean de baisser la baguette. Ron ramassa celle de Malefoy à terre.
- Oui, il n'a plus sa baguette de toutes façons…
Krum tendit la main vers elle.
- La mienne est cassée, dit-il avec hésitation.
Nott fut plus rapide. Il l'arracha des mains de Ron et la brisa en deux d'un coup sec.
- Celle-ci aussi ! fit-il avec hargne.
§
Ron tendit sa baguette à Krum sans oser le regarder en face.
- Je sais où je peux en trouver une autre, dit-il avec gêne.
Dean sortit alors une baguette de sa poche. Il la proposa à Viktor.
- C'est celle de Seamus, Monsieur… Vengez-le.
Krum la prit en silence, lentement. Goyle regardait Dean la bouche ouverte. Et Dean les regardait lui et Nott avec circonspection. Théodore Nott fut heureux d'entendre la voix de Londubat les rappeler à la réalité.
- Il faut mettre Crabbe à l'abri, disait le neveu de son directeur de Maison. Je crois qu'il n'a pas tous ses esprits…
- Tu n'as qu'à l'accompagner, proposa Nott. Tu me sembles mal en point toi aussi.
- Non ! riposta Neville.
Nott haussa les épaules. Il s'approcha de Crabbe qui lui sourit niaisement sans bouger de sa place.
- Il n'a qu'à rester ici, murmura-t-il. On viendra le chercher plus tard… si on le peut.
Il posa le bout de sa baguette sur l'épaule de Crabbe :
- Je suis désolé, Vincent… mais il n'y a pas d'autre solution pour l'instant.
Il prononça une formule de sommeil et Crabbe s'effondra aussitôt. Puis Nott se releva et écouta le rapport que Thomas faisait à ses camarades.
§
Les Serpentard retranchés dans la salle de Firenze n'avaient pu interdire le passage à tous les mangemorts. Heureusement, surpris par l'arrivée inopinée de Dennis en tenue de combat –ils avaient cru sans doute que le reste de la Brigade Anonyme le suivait- ils ne s'étaient pas vus assez nombreux pour forcer les portes de la grande salle. On s'était battu dans le couloir, pour leur interdire l'accès au Grand Hall où Dumbledore avait rejoint les troupes.
- Dumbledore est là ! s'exclama Neville avec espoir.
- Oui ! répondit Dean. Il a entraîné dehors une partie des mangemorts du hall. Mais ce n'est pas fini pour autant. Je venais vous chercher pour nous prêter main forte. Dumbledore a envoyé les elfes ramasser les blessés pour les emmener à Madame Pomfresh aux cuisines. Il y en a beaucoup parmi les nôtres.
Il s'interrompit. Aucun des autres n'osa lui demander s'il y avait autant de morts.
§
Nott se reprit le premier. Il fit un signe à Goyle.
- Nous retournons tenir la porte de la grande salle avec Vector. On pourra peut-être prendre les mangemorts à revers…
- A deux ? douta Neville. Je viens avec vous…
- Je viens aussi, dit Krum en serrant ses doigts sur la baguette de Seamus Finnigan.
§
Ron partit dans la direction opposée, vers le Hall où Ginny tenait toujours –il l'espérait- les escaliers. Dean le suivit, la tête tournée vers Neville qui côtoyait deux Salamandres notoires sans sourciller.
§§§§§§§§§§§§§§§§
Antonin Dolohov n'était pas très heureux. Non seulement Malefoy les avait conduit dans un piège, mais ce morveux avait aussi pris la fuite. Il avait toujours dit qu'on ne pouvait compter sur les Malefoy. Il avait maintes fois mis en garde le Maître contre Lucius, et il était certain que le fils ne valait pas mieux que le père. Et ce diable de Krum qui avait disparu lui aussi au beau milieu d'un duel passionnant. Tous des couards ! qui tremblaient devant des enfants ! Craignait-il, lui, Antonin Dolohov, de se battre contre plusieurs adversaires ? Et ce n'étaient pas non plus ces bougres d'hommes en noir qui lui faisaient peur ! Ce n'étaient que des enfants, eux aussi. Oh certes ! Ils étaient plus âgés que ceux de l'école. Un peu plus aguerris aussi, cela ne faisait aucun doute. Mais tellement innocents… Oui… innocents… Aucun désir de vaincre. De vaincre vraiment. Aucune envie de détruire. D'écraser l'ennemi et de le faire souffrir. Des agneaux que leur offrait Dumbledore. Tout prêts au sacrifice, par-dessus le marché. Ils venaient à lui comme des papillons de nuit à la lueur d'une bougie. Et ils tombaient sous ses sortilèges comme des mouches… Ou presque… Car ceux-là étaient coriaces. Ils commençaient à avoir de l'entraînement et aucun ne se laissait approcher d'assez près pour qu'il pût leur envoyer sa botte favorite. Il n'avait pu l'utiliser qu'une seule fois, dans le grand hall. Il n'avait même pas pu voir sur sa victime les effets de sa nouvelle formulation.
Non, Antonin Dolohov n'était pas très satisfait de sa soirée. La fuite devant les Centaures de la Forêt Interdite lui laissait un goût amer dans la bouche. Il n'aimait pas savoir le Maître trop loin. Et il commençait à trouver qu'il mettait bien du temps à se débarrasser de cet enfant que Malefoy assurait médiocre et ignorant. La seule présence du Maître des Ténèbres ferait plier genou à tous ces imbéciles.
Dolohov compta que c'était le cinquième bouclier consécutif qu'il lançait. Et cela le rendit fou de rage. Il reculait. Lui et ses hommes se retrouvaient poussé vers la pièce d'où ils venaient. Il sentait le vent le glacer par rafales et le tonnerre roulait au loin un bruit de bataille. Ils n'étaient pas assez nombreux pour repousser l'assaut des défenseurs. Trop peu les avaient suivis lui et Malefoy. Et trop avaient déserté le combat.
Et pour corser l'affaire, Krum revenait avec du renfort. Il donnait des ordres. Organisait la défense. Contrait toutes ses tactiques.
Dans un mouvement de rage, Dolohov ordonna le repli vers la salle de divination. Il fut obéi à l'instant. Quelques uns de ses hommes partirent en courant.
Krum cria à son tour de ne pas le laisser s'échapper. Dolohov tourna les talons. Ils ne lui tireraient pas dans le dos, il en était certain. Ce n'étaient que des jeunes gens naïfs et innocents.
- Impedimenta !
Dolohov tomba en avant dans un juron.
- Ne vous approchez pas ! cria Krum.
Un Expelliarmus désarma le mangemort. Puis plusieurs sortilèges d'attache le ligotèrent solidement alors qu'il entendait la porte de la Grande Salle s'ouvrir brusquement. Un espoir féroce lui brûla le cœur quelques secondes avant de s'éteindre brutalement :
- Professeur ! s'exclamait une voix de jeune fille.
Une bouffée de joie intense revint à la tête de Dolohov alors que la jeune fille continuait :
- La petite porte est prête à céder. Il nous faut de l'aide : tous les enfants ne sont pas partis…
- Mais que fait donc Londubat ! gronda Vector.
- Ce n'est pas lui, Monsieur ! s'insurgea la fille. C'est au Ministère. Ils ont tardé à rétablir le contact.
Un ricanement de Dolohov se fit entendre.
- Vous êtes fait comme des rats ! dit-il.
Puis il s'adressa à Krum dans une langue que personne sauf le Bulgare ne comprit. Viktor frémit imperceptiblement et sa main se crispa sur sa baguette. Il laissa tomber avec mépris :
- tišina !
On n'entendit plus le mangemort et seuls ses yeux exprimaient une malice sans nom.
Krum poussa du bout de la baguette le corps de Dolohov dans la grande salle et le laissa retomber près de Londubat devant la cheminée.
- Gardez l'œil sur lui, professeur Londubat, recommanda-t-il avec une moue de dégoût.
Londubat hocha la tête sans s'interrompre dans son décompte des élèves. Il faisait entrer un groupes de cinq ou six élèves dans l'âtre tandis qu'une plume enchantée notait leurs noms sur un parchemin suspendu dans le vide. Algie Londubat jeta une poignée de poudre de cheminette dans le feu et prononça : A destination ! Les enfants disparurent dans une fumée grise.
Krum jeta un coup d'œil sur ceux qu'il restait encore à mettre à l'abri. Ils étaient nombreux encore. Il se tourna vers l'un des jeunes hommes de la brigade anonyme.
- Il faut gagner du temps, dit-il. Vos hommes et moi nous repartons dans le hall pour tenir la porte.
- Je reste ici pour commander les opérations de l'intérieur, approuva Vector. Si cela se passe mal, ramenez-nous du renfort par la grande porte…
§
Krum partit en courant suivi de la brigade, de Malone et de Sanders. Vector désigna les postes à ceux qui restèrent. Il plaça en première ligne les Salamandres qui avaient changé d'avis à la dernière minute. Et quand Neville lui demanda si c'était bien prudent, il répondit :
- Quand la porte s'ouvrira, ils seront plus occupés à essayer de sauver leur peau qu'à se retourner contre nous…
Neville sentit qu'on l'entraînait par le bras vers l'arrière.
- Et puis… il faut prendre des risques dans la vie, Londubat, dit la voix d'Ellie McGregor.
Elle ajouta à voix basse :
- Laisse-les donc prendre les coups les premiers… ils n'auront que ce qu'ils méritent !
§
Elle se posta derrière une table et Neville réalisa que la salle avait été disposée de manière à offrir des abris à ses défenseurs. Seul le grand sapin illuminé rappelait qu'à cette heure ils eussent tous du être en train de fêter le retour de la lumière.
Archer et Montague virent rejoindre leur camarade et le Gryffondor, tandis que Nott et Goyle prenaient place derrière une autre table pour couvrir l'entrée principale.
- Où sont Crabbe et Bobbins ? demanda Ellie.
- Crabbe est dans la salle des Quatre Maison… On a du le laisser là-bas… répondit Neville dans une grimace.
- J'ai laissé Fergus inconscient dans la classe de divination… dit Archer sur le même ton sombre.
- Qu'est-ce qui t'es arrivé ? demanda encore Ellen McGregor à Neville.
Le jeune homme serra son bras contre lui et haussa l'épaule droite –celle qu'il pouvait bouger sans souffrir le martyre.
- Je me suis fait mal au coude, fit-il un peu penaud, certain qu'il allait encore se faire traiter de maladroit.
Mais Ellie ne dit rien. Elle essuya de sa manche le front en sueur de Neville. Il rendit un sourire douloureux à celui qu'elle lui offrait.
- Hermione est morte, dit-il alors. Malefoy l'a tuée. Et Seamus est mort aussi.
Archer et Montague tournèrent la tête et fixèrent leur attention sur Vector qui lançait sortilèges sur sortilèges sur la petite porte de la salle attenante. Le courant d'air glacé du vent couvrait les « A destination ! » du professeur Londubat qui scandait le temps dans la grande salle. Ellie termina d'éponger les tempes moites de Neville.
- Fichus Gryffondor ! murmura-t-elle.
Puis on entendit un peu plus fort le bruit des combats dans le hall. Et Vector s'éloigna de la porte.
- Ils sont dans la petite pièce, dit-il simplement.
- A destination ! clama Londubat.
Il empoigna six autres gamins apeurés et les jeta dans la cheminée.
- A destination ! cria-t-il tandis que la plume s'affolait sur le parchemin.
§§§§§§§§§
Ginny se retrancha derrière la rampe de l'escalier.
- On ne tiendra jamais ! se lamenta Lavande qui ouvrait des yeux exorbités sur le bras de sa condisciple.
Une longue estafilade ensanglantait la main droite de Ginny jusqu'à son poignet. D'un geste agacé, Ginny lança un sortilège pour arrêter le sang de couler.
- On a intérêt à tenir, Lavande ! trancha-t-elle, si on ne veut pas finir comme Seamus ! Et si tu tiens absolument à paniquer tu n'as qu'à remonter jusque chez Gryffondor, t'enfermer dans ton dortoir. Mais si tu crois que tu y seras à l'abri, tu te trompes : il y a des femmes parmi les mangemorts, et si tu espères que les mots de passe te protégeront, tu te fourres le doigt dans l'œil également. Il suffit d'un Imperium bien placé pour faire faire n'importe quoi à n'importe qui !
Lavande retint un sanglot qui l'étouffait.
- On va tous mourir ! gémit-elle.
- Peut-être… répondit Ginny en se relevant, mais on va leur montrer ce que valent chacune de nos vies. Allez, Lavande ! Tu es une Gryffondor, oui ou non !
Lavande ferma les yeux un instant. Une Gryffondor, oui ! Mais si ni Seamus ni Hermione n'avaient réussi à s'en tirer, que pouvait-elle faire, elle ? A part espérer rester en vie jusqu'à ce que ce cauchemar se terminât.
Ginny avait repris son poste auprès de Hannah. Lavande entendait sa voix envoyer sortilèges sur sortilèges. Susan et Luna faisaient de même de chaque côté de l'escalier. Elle tourna la tête vers la volée de marches qui montaient au palier du premier étage. Il lui semblait encore voir le corps de Seamus étendu en travers de l'escalier, bien que les elfes fussent venus le chercher un peu plus tôt.
Le bruit montait du Hall et emplissait sa tête d'une douleur aigue. Les ombres sur les murs avaient quelque chose de terrifiant qui la clouait au sol et faisait trembler sa main. Sa voix refusait de sortir d'elle.
§
Ginny baissa la tête vers sa camarade. Comme pétrifiée, Lavande levait les yeux vers les escaliers. Hannah s'effondra à côté de Ginny. Instinctivement, celle-ci s'accroupit et un éclair d'argent passa au-dessus de sa tête. Luna cria un sortilège d'entrave.
Ginny se retourna. Hannah était inconsciente à ses pieds. Et du haut l'escalier glissait un mangemort entravé.
- Lavande ! cria Ginny. Empêche-les de descendre !
Elle désensorcela Hannah stupéfixée avant de lancer des sortilèges pour cantonner les mangemorts sur le palier du premier étage. Lavande paraissait s'être reprise. Hannah se réveillait. Luna et Susan couvraient la montée des escaliers.
§
Ginny luttait contre la panique. Son cœur cognait dans sa poitrine. Une onde de colère et de désespoir l'envahit. Fred ne viendrait plus… Elle l'avait espéré si fort… ni lui ni aucun de ceux qui étaient restés à Pré-au-Lard. Et Dumbledore qui les avait abandonnés. Et Harry qui n'était pas là. Et Hermione qui ne l'était plus. Et Ron et Gerry qui ne revenaient pas.
§
Un cri en bas dans le hall : Ginny !
C'étaient Ron et Dean au bas des escaliers. Elle leur fit signe de ne pas monter.
- On ne peut pas rester là ! cria-t-elle aux filles. Il faut descendre…
- Comment ? demanda la voix tremblante de Lavande. On va se faire massacrer.
- Les garçons sont en bas, ils couvriront notre fuite, prévint Susan. C'est de ceux d'en haut dont il faut se protéger.
- Comment ? redemanda Lavande. On ne peut pas courir dans l'escalier et jeter des sorts en même temps…
Ginny brandit sa baguette la première et dit d'un ton ferme :
- Chauve-furie, les filles ! Y a que ça de vrai, je l'ai toujours dit ! A trois, on double la dose… pensez qu'à cause d'eux, on est privées de bal de Noël ! Et un… et deux… Trois !
§
Les filles fondirent dans un même élan vers les escaliers alors que des cris de surprise et de rage leur parvenaient du palier supérieur. Leurs pieds glissaient sur les bords en marbre des marches et elles sentaient dans leur dos la présence bruyante des mangemorts. Leurs pas résonnaient à leurs oreilles comme le piétinement d'une armée innombrable. Les cris sans aucun sens prenaient des airs de maléfices. Lavande tomba devant Susan. Ginny sauta au bas des marches et leva sa baguette vers le palier. Elle lança un Expelliarmus sur une baguette qui menaçait le dos de Luna tandis qu'Hannah s'affalait dans les bras de Dean qui la mit à l'abri dans le renforcement de la porte sous l'escalier. Il aida ensuite Lavande qui pleurait de douleur à boitiller jusqu'à sa camarade. Elle s'était tordu la cheville et avait dévalé les escaliers. Dean retourna au bas des marches aider Ron, sa sœur, Luna et Susan à interdire aux mangemorts de descendre dans le Hall. Mais ceux-ci n'avaient pas l'intention de plonger dans la mêlée. Plus nombreux, ils investissaient efficacement les positions tenues par les filles et surplombaient à leur tour les combats. Les Weasley et leurs camarades durent se réfugier sous l'escalier, devant la porte qui menait à l'extérieur par les jardins.
Ginny n'eut pas le temps de demander où se trouvaient Gerry et les autres. George les rejoignit.
- Qui sont-ils ? demanda-t-il en désignant du chef le palier au-dessus d'eux.
- Je crains qu'ils ne viennent de Pré-au-Lard par un passage secret ! répondit Ginny en ravalant un sanglot.
George secoua la tête.
- Ils seraient plus nombreux…
Lavande frissonna sans oser émettre le moindre gémissement. Luna sortit la tête pour mieux voir au-dessus d'elle. George la ramena à l'abri.
- Hé ! fit-il. Reste là, toi…
Hannah accrocha la robe de la Serdaigle.
- Luna ! je t'en prie… pour une fois… conduis-toi rationnellement !
George leva un sourcil.
- Luna… Lovegood ? fit-il. Je me disais aussi…
- Ce sont ceux qui ont suivi Malefoy, dit Luna comme si elle ne venait pas de se faire rabrouer.
- Comment peux-tu en être sûre ? insista Dean avec précaution.
- A cause des chaussures… répondit Luna.
Et elle se tut comme si ce qu'elle venait de dire se suffisait à lui-même.
George la regarda dans les yeux et elle soutint son regard.
- Et ? fit-il avec une pointe d'agacement qui ne lui était guère coutumier.
- Celui qui est tombé dans les escaliers, reprit Luna avec évidence. Il a des chaussures vertes en peau de dragon et ce sont les mêmes qui m'ont marché dessus au milieu du hall quand Malefoy a appelé les mangemorts à le suivre dehors.
Il y eu une inspiration de compréhension sous l'escalier.
- Alors ce doit être Flint… conclut George. Il est venu à la boutique un jour. Il fouinait partout. C'est vrai qu'il avait des bottes en dragon.
- Qu'est-ce qu'il voulait ? demanda Ron.
- Acheter des trucs à ce qu'il a dit. Mais il n'a rien acheté du tout. Ou de la poudre à éternuer, je crois… En fait, moi, je suis persuadé qu'il cherchait Higgs. Il a du le voir entrer dans la boutique un jour où il l'aurait suivi… Bon…si c'est bien lui, vous faites attention. Il a une fâcheuse tendance à faire ses coups en vache… Enfin, c'est un moindre mal… Je craignais…
Il ne termina pas sa phrase. Une ombre passa sur son visage d'ordinaire jovial.
Un cri de victoire descendit jusqu'à eux.
- La porte ! cria Dean.
Ron et lui se jetèrent en avant, aussitôt suivis par George. Ginny et Susan furent sur leurs talons. La porte de la pièce attenante à la grande salle venait de céder sous la pression des Mangemorts.
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La douleur fut soudain la plus forte. Harry savait que ce n'était pas la sienne. La colère non plus n'était pas la sienne. Et cela lui donnait la force de supporter cette brûlure intense dans tout son être. Il la ressentait jusqu'au fond de son âme. Dans cette partie qui n'était pas lui et que la présence de Voldemort dans son esprit réveillait.
J'arracherai ton cœur et ton âme s'il le faut, Potter… mais je reprendrai ce qui m'appartient.
- Non !
C'était insupportable. Il ignorait si le hurlement qui prenait possession de son esprit était le sien ou celui de Voldemort. Une voix dans sa tête se mêlait à celle d'Ellen qui chantait. N'oublie pas qui est Lord Voldemort… C'était le moment où jamais. Il fallait tenter sa chance maintenant. Et ignorer la douleur et les images sanglantes que lui offrait à présent Voldemort. Il essaya encore d'appeler à son aide le souvenir d'Ellen. Voldemort lui envoya l'image de la salle de la mort au Ministère. Le Voile retombait devant Sirius, à l'infini. Harry évoqua alors l'image de la garde rapprochée qui était venue lui faire escorte sur le quai de la gare à Londres. Voldemort riposta aussitôt. Il lui fit revivre les derniers moments de ses parents à Godric's Hollow. Et il enchaîna en lui montrant Peter Pettigrew dans chacune de ses basses œuvres.
Harry s'engluait dans la colère et le désespoir ; il sentait ses forces fondre comme neige au soleil. La nuit autour de lui s'épaississait. Il entendait les cris d'agonie de ceux qui combattaient là-bas. Ils le maudissaient dans la mort. Et au loin le château s'embrasait.
