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Disclaimer : Tout est à JKR, lieux, personnages -sauf certains que vous reconnaîtrez aisément- créatures, etc je ne tire aucun bénéfice de cette histoire, si ce n'est celui du plaisir que je prends à écrire et faire partager ce que j'écris… Bonne lecture.
Avertissement : comme le titre l'annonce, un chapitre peut-être un peu moins sombre que les autres. Pas d'avertissement spécial, mais restez sur vos gardes... Vigilance constante !
Chapitre 193
L'Espoir dans une Main
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Dobby cessa de parler tout seul. Une impression bizarre le fit frissonner. Il mit sa main sur la bouche d'Hermione, puis se pencha vivement sur la poitrine de la jeune fille. Il lui semblait qu'elle se soulevait imperceptiblement. Un instant, il fut tenté de s'enfuir en courant. Quand les morts bougeaient ce n'était jamais bon…
Enfin, il reprit dans ses mains tremblantes celles d'Hermione. Elles étaient froides, mais non glacées. Il claqua des doigts. Une couverture apparut et il en entoura le corps blessé. Il revint au chevet de la jeune fille et souleva sa tête sous son bras.
- Hermione Granger n'est pas morte… Hermione Granger n'est pas morte, murmurait-il avec ferveur.
- Non…
Dobby resta immobile, la main suspendue au-dessus du visage d'Hermione. Il aurait juré voir ses lèvres bouger. Il aurait juré l'entendre parler, à voix basse et faible. Elle ouvrit les yeux, lentement.
- Du moins, je ne le crois pas… Où est Ron ?
- Ronald Weasley a dit que Hermione Granger était morte…
Elle ferma les yeux à nouveau, bougea un peu sous la couverture.
- Je ne lui en veux pas de l'avoir cru, murmura-t-elle.
Elle sortit une main tordue sur la couverture rêche et la leva jusqu'à ses yeux.
- J'avais oublié… souffla-t-elle avec amertume avant de se rendre compte qu'elle portait à son annulaire une bague qui ne lui appartenait pas quelques heures plutôt.
- Où est Ron ? demanda-t-elle avec fébrilité.
- Ron Weasley est allé tuer Drago Malefoy…
Hermione chercha à se redresser mais la douleur dans ses côtes la fit renoncer. Elle fixait encore la bague à son doigt, les larmes aux yeux.
- Ronald Weasley, tu n'es qu'un idiot !
Elle roula sur le côté, s'agrippa à Dobby en prenant garde de ne pas le blesser avec ses ongles et tenta de se relever une fois de plus.
- Dobby va aider Hermione Granger, commenta l'elfe en se levant lui-même. Il va effacer la mauvaise magie… Ça prendra un peu de temps parce que la magie est puissante… mais Dobby fera ça pour Hermione Granger…
- Dobby… souffla Hermione en reprenant sa main de celles de l'elfe. C'est inutile… Ce sont des sortilèges de transformation partielle qu'il a utilisé… Et de la magie noire… Tu n'arriveras à rien…
- Dobby est arrivé à réduire les dents de Hermione Granger ! s'insurgea ce dernier.
Hermione porta les doigts à sa bouche.
- Ce n'était qu'un sortilège simple, Dobby… Pour le reste, il a fait appel à des maléfices plus… Oh ! Dobby, qu'est-ce que je raconte… Il y a plus urgent. Raconte-moi plutôt où on en est. Depuis combien de temps suis-je ici ? Et que s'est-il passé en bas ? Où est Ron à présent ?
§
Elle réussit à s'agenouiller et se tint les côtes pour reprendre son souffle. Et tandis que Dobby racontait ce qu'il avait compris de la situation, elle se traîna à quatre pattes dans les décombres du laboratoire à la recherche de sa baguette.
Elle retrouva les cendres des deux baguettes dont Malefoy s'était servi pour lancer son sortilège Impardonnable et pas loin, le badge de préfet de Ron. Elle le prit et le retourna longuement entre ses doigts. Dobby la suivait en se tordant les mains, quand il ne se couvrait pas la tête à l'énoncé des lieux investis par les mangemorts.
Hermione mit le badge dans sa poche et se releva dans un effort pour redresser son dos gibbeux. Dobby leva vers elle un regard incertain
- Que va faire Hermione Granger ? demanda-t-il avec anxiété.
- Il faut que je trouve Ida Norton…
Elle se pencha vers l'elfe et le serra contre elle.
- Dobby… murmura-t-elle d'une voix étouffée. Merci…
Un peu décontenancé, Dobby tenta une timide caresse des cheveux emmêlés.
- Dobby est très heureux que Hermione Granger ne soit pas morte…
- Et moi donc ! renifla la jeune fille dans un rire plein de larmes. Ho ! Dobby ! J'ai cru que tout le monde m'avait oubliée…
Elle renifla une fois de plus et essuya ses yeux du dos de sa main tordue.
- Trouve Ron, s'il te plait… et dis-lui que je ne suis pas morte…
- Ronald Weasley ne voudra pas me croire, douta l'Elfe. Il est vraiment très bouleversé…
Hermione fit glisser la bague des Weasley le long de son doigt déformé et la tendit à Dobby.
- Alors donne-lui ceci, avec ce message : Ronald Weasley, tu as autant de courage qu'un Veracrasse…
Dobby ouvrit tout grand et les yeux et la bouche. Il courut derrière la silhouette penchée d'Hermione, la bague au bout des doigts. Il referma la main sur la robe de la jeune fille. Hermione se retourna vers lui.
- Va vite, je t'en prie, Dobby… J'ai peur qu'il ne soit déjà trop tard…
Elle crispait sa main sur l'insigne de préfet dans sa poche. Dobby la lâcha à regrets.
- Hermione Granger va chercher une baguette ? demanda-t-il avec espoir.
Elle secoua la tête.
- Je n'en ai pas besoin pour ce que j'ai à faire.
Elle ouvrit la porte du laboratoire. Une clameur assourdie montait du rez-de-chaussée jusqu'au deuxième étage.
Dobby frémit. Hermione hésita une seconde.
- Les cuisines ou la Grande Salle, Dobby, c'est bien ce que tu as dit ? Où est-elle d'après toi ? De toutes façons, je n'ai pas le choix, il faut que je traverse le Hall, n'est-ce pas…
- Non… fit Dobby.
Il rentra la tête dans les épaules.
- La tapisserie dans le couloir, derrière il y a un passage… vers Serpentard.
Hermione releva la tête.
- Quelle tapisserie ? Celle avec les chevaliers ?
- Non, celle qui change de couleur selon les saisons…
Hermione fronça ses sourcils broussailleux. Elle sortit dans le couloir.
- Je la trouverai… Dépêche-toi de trouver Ron avant qu'il ne lui arrive malheur, Dobby…
Dobby regarda la bague rouge, poussa un soupir à fendre l'âme et s'apprêta à claquer des doigts. Il cria soudain et se cacha derrière Hermione.
§
Le Baron Sanglant venait de traverser le plancher et poursuivait sa montée vers le plafond, quand il sembla s'apercevoir des présences inattendues de l'elfe et de la jeune fille. Il redescendit vers eux et tourna autour d'Hermione avec stupeur.
- Miss… Granger ? fit-il avec une grimace dégoûtée.
- C'est bien moi, Monsieur le Baron, soupira Hermione.
- Miss Granger ! Mais par Merlin ! Le bruit court partout que vous êtes morte…
- Non, pas encore, Monsieur le Baron… Mais pourriez-vous me conduire vers les quartiers de Serpentard. Dobby prétend qu'il y a un passage secret dans le couloir et j'aimerais ne pas perdre de temps à le chercher…
- Je vous montrerai le passage, mais vous me pardonnerez de ne pas vous accompagner. Peeves a kidnappé Drago Malefoy et l'a amené en haut de la tour d'Astronomie où il l'a pendu au crochet des oriflammes… Personnellement, je l'y laisserais volontiers sécher jusqu'à ce que mort s'en suive… mais ce n'est pas le genre de la maison. On m'envoie le raisonner...
Il leva les yeux au ciel dans une expression qui voulait tout dire de ce qu'il pensait de sa mission. Hermione fit lâcher sa robe à Dobby et l'incita à quitter les lieux. Ce que fit l'elfe, sans tergiverser cette fois.
Le fantôme de Serpentard indiqua d'un geste du bras la direction à prendre. Et tandis qu'ils cheminaient dans le couloir du deuxième étage, il fixait Hermione avec toujours autant de stupéfaction.
- Que vous est-il arrivé ? interrogea-t-il. Est-ce vraiment Malefoy qui vous a arrangée ainsi ? Ne le prenez pas mal, mais j'ai cru que quelqu'un avait animé la statue borgne du troisième étage…
- Je ne le prends pas mal… grogna Hermione. Après tout, mieux vaut ça qu'être morte, n'est-ce pas…
- A qui le dites-vous ! soupira le Baron qui s'arrêtait devant une tapisserie représentant un paysage d'hiver. Si j'étais vous, j'irais sans tarder retrouver Madame Pomfresh aux cuisines...
§
Le spectre disparut dans le plafond. Hermione soupira autant de soulagement que d'appréhension. Malefoy aux mains de Peeves, c'était inespéré. Au moins Ron était-il éloigné de lui. A présent, elle n'avait qu'à se concentrer sur son but : trouver Ida Norton avant qu'elle n'eût menée à bien l'ultime mission que lui avait confié Malefoy.
Elle frissonna au souvenir de ces moments où elle avait cru toucher le fond du désespoir. Poussée dans le labo, jetée à terre par un sortilège et désarmée avec brutalité, elle avait à peine eu le temps de comprendre ce qui lui arrivait. Les yeux encore pleins des larmes qu'elle venait de verser, l'esprit oppressé de pensées douloureuses, elle avait voulu s'arrêter au laboratoire pour chercher sur la carte où Ron était allé se cacher. Non, ce n'était pas la vérité. Pas toute la vérité en tous cas. C'était elle qui était allée se cacher. Quelques minutes, le temps de reprendre ses esprits. Pour laisser Ron se calmer… Pour réfléchir à ce qu'elle pourrait lui dire… Elle se maudissait encore. Elle qui était toujours si prudente et prévoyante. Se faire surprendre de cette manière stupide…
Ida Norton… Même en y repensant, rien n'aurait pu laisser croire… Hermione avait même cru un instant que la Préfète était sous Imperium. Mais force lui avait été de reconnaître que non. Elle parlait du Maître avec autant de ferveur que Malefoy. Hermione avait alors compris que tout était perdu. Malefoy était prêt et attendait son heure qui n'allait pas tarder. Personne ne s'inquiéterait de son absence à elle. Le Tournoi était annulé. Le bal était dans tous les esprits. Ron était furieux et Harry croirait qu'elle était avec lui. Tous allaient être pris au piège et…
Hermione fit un effort pour chasser ces souvenirs. Elle marchait dans l'ombre du passage, trébuchant à cause de ses jambes flageolantes de douleur. Elle devait avoir plusieurs côtes cassées, et la position courbée à laquelle l'obligeait la déformation de son corps la faisait souffrir d'autant plus. Elle s'essoufflait, se forçant à avancer plus vite, et elle avait conscience qu'elle ne faisait que trotter, ridicule et dérisoire, portée par l'absurde espoir qu'elle pouvait encore faire quelque chose d'utile. Et peut-être était-ce là l'unique et simple raison pour laquelle les protecteurs de Poudlard lui avaient donné une ultime chance.
Son cœur se mit à battre plus fort encore entre ses côtes douloureuses. Des marches à présent retardaient son obscure progression. Elle se retint au mur, sondant à chaque pas les grossiers degrés creusés dans la roche. Elle bouillait de rage. Contre sa stupidité. Contre son impuissance. Et contre cette lenteur qui la ramenait à des mois de là…
Et dans sa tête les mots de Malefoy résonnaient : Ils vont chercher à les mettre à l'abri. Trouve où, et quand tu le sauras, fais-le-moi savoir, à moi ou à l'un des frères Lestrange… Le Maître te sera reconnaissant. Nous verrons si Dumbledore continuera à protéger son petit Potter lorsque toute l'école sera aux mains des nôtres… la vie d'un seul contre celle de tous… nous verrons ce qu'il choisira… Et s'il refuse de livrer son protégé, il sera responsable d'un vrai massacre…
Hermione savait que si Ida menait à bien sa mission, ce serait un vrai massacre de toutes façons… Si les Lestrange étaient informés de l'endroit où les professeurs avaient prévu de réfugier les plus jeunes, il ne s'agirait en aucun cas d'otages. Aucun échange n'aurait lieu, car –cela elle en était certaine- Harry se porterait au devant de Voldemort, quoi qu'il arrivât.
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La haine croissait en lui. Elle gonflait son cœur, envahissait ses pensées. La haine. La peur. La colère. La révolte. Pourquoi devrait-il mourir ? Pourquoi ne pas laisser les ténèbres s'installer sur la terre ? Qu'est-ce que cela pouvait lui faire à lui ? Il vivait dans les ténèbres depuis si longtemps déjà ! Il n'avait droit qu'à des lambeaux de bonheur qu'on s'empressait de lui confisquer ! Que lui importait tous ces gens ? Leur amitié n'était qu'un leurre. Leur intérêt pour lui mouvait comme les marées au gré des humeurs de la presse à son égard. Il était entouré de jaloux qui ne souhaitaient que son trépas. Et ceux qui se disaient ses amis, où étaient-ils à présent ? Ne devraient-ils pas être à ses côtés ? Pourquoi devrait-il se sacrifier pour ces gens qui l'ignoraient ? Que lui importait leur sort ?
Laisse-moi les punir, Potter… Laisse-moi leur infliger le juste châtiment qu'ils méritent pour t'avoir laissé seul, Potter... Rends-moi mes pouvoirs et je te jure que j'abattrai ma colère sur eux… Ecoute, Harry… Entends-tu le vent porter leur plainte jusqu'à toi… Pourquoi serais-tu le seul à souffrir ?
Non ! C'était lui qui lui soufflait ces idées noires. Lui qui lui insufflait sa haine et son ressentiment. Il était si faible. Il avait froid. Et il se sentait si seul. Il ne voulait pas penser à ses amis. Il ne voulait pas penser à ce qu'ils étaient en train de vivre. C'était pour eux qu'il était là. Pour que ceux qui tomberaient ne fussent pas tombés pour rien. C'était son dernier match et il ne devait pas le rater. Il ne devait pas décevoir tout ceux qui comptaient sur lui.
Il rassembla ses forces. Il devait retrouver l'esprit de Voldemort dispersé dans le sien et le pousser devant lui sur le chemin des morts. L'empêcher de quitter son esprit, de retrouver ce corps qu'il avait aidé à ramener à la vie. Le garder prisonnier du sien, malgré la souffrance. Malgré cet étau qui l'étouffait. Jusqu'à ce que la mort les prît tous les deux.
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Viktor Krum entra dans le Grand Hall au moment même où s'élevait la clameur victorieuse des mangemorts. La porte venait de céder. Les capuches noires s'engouffraient dans la petite salle. Viktor vit passer les Weasley à quelques pas de lui et les cris de victoire s'élevèrent du palier. Il se jeta dans la bataille qui continuait dans le Hall.
George se retourna. Il cria des ordres et la brigade couvrit ceux qui défendaient encore la Grande Salle par la petite porte. Il vit avec soulagement arriver Krum et le reste de la brigade qui l'avait suivi à l'extérieur.
Flint conduisait à l'assaut les mangemorts du palier, avec une rage farouche et l'assurance des vainqueurs. Il se heurta néanmoins à la résistance de la Brigade.
George cependant savait que la petite salle n'offrirait qu'un court répit à ceux qui attendaient dans le réfectoire. Il cria :
- Dennis ! Lee !
Et il leur montra le couloir du rez-de-chaussée. Il fallait envoyer du renfort à l'intérieur, empêcher que ne se déchaînât là-bas aussi la rage aveugle des mangemorts.
Aussitôt, les deux interpellés se retirèrent vers le couloir. Ils regroupèrent les hommes sous leurs ordres, auxquels se joignirent les élèves de Septième Année.
- On vous suit ! assura Finch-Fletchey.
- Et qui tiendra les cuisines ? demanda Lee Jordan.
Malone leur montra Hannah et Lavande qui s'engouffraient derrière la porte entrouverte.
- Flitwick… Les Elfes sont là aussi, dit Justin. Et d'autres élèves sont montés des cuisines, alertés par les fantômes… Il y a les blessés que Madame Pomfresh a soignés et déclarés aptes au combat, et ceux qui se sont décidés à venir prêter main forte… Ils tiendront le passage…
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Sanders rameuta une partie de ses Sphinx derrière lui.
- Et puis, il y a Flitwick avec eux… Faut pas se fier à sa taille, il est vraiment fort, vous savez…
Il les pressa vers le couloir :
- Allez-y ! Nous, on ferme le chemin !
Il s'avança résolument vers un groupe de mangemorts qui accourait. L'un d'eux cria : Dennis ! et Dennis se retourna. Il revint vers Sanders et l'un des mangemorts retira sa cagoule noire.
- Moon… murmura Dennis.
- Oui… fit l'autre. On se retrouve enfin, sale traître. Et tu vas payer tes mensonges de l'an dernier. Toi et cette garce de McGregor… vous allez regretter de vous en être pris à moi… et vous ferez deux trophées de valeur dans ma collection…
Il leva sa baguette, mais Dennis était déjà prêt.
- Expelliarmus ! cria celui-ci.
Et Moon dut se protéger au lieu d'attaquer.
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Dennis cependant l'éloigna du couloir. Moon ! Plus connu parmi la brigade sous le surnom du « collectionneur ». Un dingue qui volait sur chacune de ses victimes un butin dérisoire. C'était Dennis qui l'avait identifié. Ce ne pouvait être que Moon, pris au piège l'année précédente grâce à sa manie des « trophées »… Un duel face à face avec lui ne lui déplaisait pas. Et tandis qu'il poussait le mangemort loin de la Grande Salle, il concentrait sur lui-même toutes les envies de vengeance de l'ex-Serpentard.
Les sortilèges que Moon lançait avec hargne étaient violents et féroces. Dennis évita de justesse un maléfice de Videntrailles qui se perdit sur les dalles, creusant un sillon dans la pierre. Apparemment, Moon avait mis à profit son année hors de Poudlard pour se perfectionner en magie offensive… Et comme Dennis n'avait aucune envie de finir en momie, il pimenta lui aussi son attaque d'une combinaison de sortilèges peu académique. Il commença par riposter par un Jambencoton assez classique, qui déstabilisa Moon. Puis, sans donner à son adversaire le temps de se remettre, il lui ferma la bouche d'un « Silencio ! » impératif. Enfin, presque à bout portant, il jeta - avec délice, il devait bien l'avouer- un « Tremens ! » inattendu. Et alors que Moon se trémoussait encore sous l'effet du sortilège, il l'acheva d'un « Pétrificus totalus ». Enfin, il se pencha sur son ancien condisciple et arracha sa baguette de ses mains pétrifiées.
- Tu permets ? fit-il avec ironie.
La terreur dans les yeux de Moon n'éveilla aucune compassion chez Dennis.
- Ça remue, pas vrai ! dit-il. Mais ça vaut pas un doloris… Il parait que c'est une de tes spécialités, Moon… Tu sais quelle est la mienne ? Les sortilèges de répulsion. J'ai passé six mois à marquer des livres et des objets interdits de ces charmes quand je suis entré au Département des Mystères… J'ai jamais essayé sur des choses vivantes…
Il pointa sa baguette sur la main de Moon :
- Expellosemper !
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Dennis lut dans les yeux de Moon quelque chose qui ressemblait à de la haine en plus féroce encore, et il entendit la voix de Walters derrière lui qui le pressait de le suivre.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda le jeune homme en se penchant lui aussi sur Moon. Il a son compte…
- Je m'assure qu'il ne pourra plus tenir une baguette… ni rien d'autre d'ailleurs !
Et comme le regard de Moon ne le quittait pas, il lança un stupéfix sur lui.
Walters l'entraîna vers la grande porte.
- Nous sommes désignés pour voir ce que devient Dumbledore, dit-il.
Il jeta un dernier coup d'œil sur le corps saucissonné de Moon.
- Il t'avait fait quoi, celui-là ? demanda-t-il.
- Il m'a piqué mon insigne de préfet, et assommé dans les toilettes… répondit Dennis d'un air sombre. Il y a un an….
Walters émit un léger sifflement admiratif.
- Rappelle-moi de ne jamais te faire de vacherie…
Ils sortirent sur le parvis du château dans la nuit noire. Au loin, vers le lac, ils n'étaient plus que trois à s'acharner sur le vieux directeur de Poudlard. Les étincelles de couleur qui sortaient des baguettes des quatre hommes dans le parc éclairaient par moment la barbe blanche de Dumbledore.
Un grondement leur parvint de l'intérieur alors qu'ils atteignaient la pelouse enneigée. Les deux jeunes gens se mirent à courir dans le brouillard, ombres dans l'ombre froide.
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Hermione trottait à petits pas. Elle se hâtait mais n'avançait pas. Les couloirs de Serpentard n'en finissaient pas. Elle crut qu'elle s'était perdue. Enfin, elle remonta marche après marche vers le rez-de-chaussée. Il lui fallait encore traverser le long couloir jusqu'à la Grande Salle. Et là tout dépendrait de la situation. Si on se battait à l'intérieur… elle aviserait à ce moment-là… Les cuisines ou la Grande Salle, avait dit Dobby. La Grande Salle pour les Serpentard et ceux qui se trouvaient dans la Salle des Quatre Maisons… Les Cuisines pour les Serdaigle, les Gryffondor et bien sûr les Poufsouffle… C'était logique. Mais Ida Norton était-elle encore dans les cuisines ? Si seulement elle avait eu la Carte… Non… C'était une chance que la carte ne fût plus à Poudlard. Elle avait juste besoin que la chance durât un tout petit peu de temps encore … si ce n'était pas trop demander…
Hermione s'appuya au mur pour reprendre son souffle et calmer les battements de son cœur. Le vent lui amenait un brouhaha de bataille, mais elle ne parvenait pas à déterminer d'où il venait exactement. Elle avança vers la Grande Salle, d'où le battant de la porte entrouverte laissait échapper les voix des professeurs Vector et Sinistra qui lançaient des sortilèges de renforcement désespérés.
Hermione hésita. Ida était peut-être là… attendant le moment propice pour contacter un mangemort… Il faudrait entrer dans la salle sous les yeux de tous… Et puis qu'est-ce que cela pouvait faire ?
Elle reprit son chemin, espérant qu'elle n'aurait pas à se traîner jusqu'au Hall. Elle entrevoyait au loin, tout au bout du couloir, –à des années-lumière lui semblait-il- bouger des ombres sur le seuil et le sifflement du vent portait des cris qui lui glaçaient le sang.
Elle s'arrêta soudain, et se força à rester dans l'ombre, en plein courant d'air, sans bouger pour ne pas se faire remarquer.
Des ombres qui s'agitaient sur le pas du hall, quelques unes s'échappèrent vers le couloir. Hermione frissonna, incertaine. Puis elle réalisa qu'ils n'avaient pas de capuches et comme pour confirmer ses conclusions une voix s'éleva :
- Vite ! Vite ! On doit prendre positions avant qu'ils forcent la porte !
Elle ne se montra pas cependant, car une silhouette se laissait distancer. Elle se glissait le long du mur, et, brusquement, disparut dans la clarté d'une salle ouverte. Hermione reconnut la robe sombre des élèves de Poudlard et la chevelure auburn de la préfète de Poufsouffle.
Elle laissa les membres de la brigade se faufiler dans la Grande Salle et reprit sa progression, avec au cœur cette fois une détermination qui allongeait son pas trébuchant.
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Ginny jetait ses Chauve-furies avec rage. C'était tout ce qu'elle pouvait faire. Viktor les avait avertis. Quand il faudrait se battre, il ne s'agirait plus de duels de sorcier à sorcier. Ils devraient se garder à droite, et à gauche, et derrière également. De partout à la fois, des sortilèges arrivaient. Se protéger était tout ce qu'ils pouvaient faire. Et pendant ce temps, les mangemorts forçaient le passage vers la Grande Salle.
Justin et les autres tenaient le couloir du rez-de-chaussée. Mais pour combien de temps ? Elle voyait monter des cuisines des élèves de plus en plus jeunes… Les Cinquième Année se mêlaient à présent aux Sixième et Septième. Ginny se replia derrière Viktor Krum venu à son secours. Elle vit passer Gerry qui ne la remarqua pas, occupé à un duel avec un mangemort qu'elle ne put reconnaître. Lee Jordan emmenait les plus expérimentés des élèves derrière lui dans le couloir. Qu'allaient-ils devenir ? Ils ne pourraient jamais tenir le Hall tout seuls. Elle ne voyait plus George. Ni Ron. Viktor l'avait quittée pour foncer vers la petite salle. Elle l'entendait crier à George d'envoyer davantage d'hommes à l'intérieur.
Soudain, le cœur de Ginny se serra douloureusement. Et en même temps, la colère étouffa presque le sortilège qu'elle était en train de lancer. Elle courut vers le couloir du rez-de-chaussée, le dos courbé pour passer sous les éclairs qui fusaient. Et elle se jeta dans un placage brutal mais efficace dans les jambes de la fille qui tentait de passer le seuil du Hall. Le garçon qui la suivait tomba sur Ginny ; ce qui lui sauva probablement la vie, bien qu'il n'en eut jamais connaissance.
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- Baissez la tête ! cria Ginny avec fureur. Mais qu'est-ce que vous foutez ici tous les deux !
- Je cherche Colin ! répondit Dennis Crivey.
- Lâche-moi, Weasley ! gronda Jezebel Dawson. Elle va m'échapper ! A cause de toi !
- La ferme, Dawson ! Mais vous êtes totalement idiots ou quoi ? haleta Ginny.
Elle fit baisser la tête à la fille et lança un expelliarmus, imitée par Dennis.
- McGonagall a-t-elle perdu la tête ! Vous allez redescendre immédiatement ! décida-t-elle.
- Pas question ! se débattit Dawson. Cette fille ne m'échappera pas !
- Et moi, je l'accompagne ! décréta Dennis. T'aurais pas vu Colin ?
- Dennis ! Tu as vu cette pagaille ? Un Kneazle n'y retrouverait pas ses petits ! Et qu'est-ce que c'est que cette fille qui ne doit pas t'échapper, Dawson ?
- Une Poufsouffle ! répondit Dawson de mauvaise grâce. Elle n'arrêtait pas de poser des questions à McGonagall. Et où on les envoyait ?… Et pourquoi ?… Et qui est-ce qu'il y aurait là-bas… ? trop louche, si veux me croire… Et dès qu'elle a arraché à McGo quelques bribes de renseignements, elle est montée avec les blessés assez valides pour aider Flitwick à tenir les portes…
- Et tu l'as suivie ! renifla Ginny. Tu sais, Dawson, tu es pire que Miss Teigne !
- T'inquiète pas, Ginny ! fit Dennis. Quand j'ai vu qu'elle montait avec les autres, j'ai dit à McGonagall que je la ramenais…
- Tu parles ! Tu voulais rejoindre ton frère ! grogna Dawson.
- La ferme ! gronda Ginny. Cette fille, ce serait pas Ida Norton ?
- Sais pas… Une préfète… Poufsouffle… les cheveux bruns… et un air pas très net, si tu vois ce que je veux dire…
Ginny plissa les yeux.
- Elle est partie par où ?
- Si tu m'avais pas sauté dessus, je le saurais ! Mais je parierai pour la Grande Salle…
- Couchez-vous ! cria Ginny.
Elle se jeta à terre, elle aussi alors que deux éclairs se croisaient presque au-dessus d'eux. Elle entendit Dennis Crivey s'exclamer : Génial ! et elle lui envoya une taloche derrière les oreilles puis rattrapa Dawson par la robe alors qu'elle rampait vers le couloir.
- Vous êtes deux idiots ! ragea Ginny. Et c'est moi qui vous ai sur les bras… !
§
Elle jeta un regard sur le Hall. Deux ombres s'échappaient vers l'extérieur. Krum se précipitait dans la petite salle.
Ginny se mordit les lèvres pour ne pas les laisser trembler. La Grande Salle allait être investie d'une seconde à l'autre. Impossible de ramener ses deux camarades entêtés vers les cuisines, à moins de les changer en boutons de manchettes et de les faire disparaître. Il n'y avait qu'une solution. Prendre le couloir, et foncer sur les traces de Ida Norton. Sortir Dawson et Dennis de ce piège à rat, les conduire dans la Grande Salle auprès d'Algie Londubat avant qu'il ne fût trop tard. Ginny se redressa lentement.
- On file vers la Grande Salle ! commanda-t-elle. Quand je vous le dirai ! précisa-t-elle pour Dawson.
§
Un cri de guerre roula de l'escalier. Une hurlante marée noire dévala les marches de marbre et se répandit dans le hall.
- Maintenant ! cria Ginny.
Et elle poussa Dawson devant elle, alors que Dennis Crivey murmurait un Génial ! de plus.
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Dobby apparut dans le Hall, recroquevillé sur lui-même, la main sur les yeux. Ron Weasley. Il devait trouver Ron Weasley. Il serrait dans son poing, contre le tee-shirt d'Harry Potter, la bague rouge qu'Hermione Granger lui avait confiée. De tous ses yeux agrandis de terreur, il cherchait une tête rousse au-dessus de la mêlée. Et il la vit devant l'entrée de la petite salle où se pressaient les nouveaux élèves à la rentrée. Dobby claqua discrètement des doigts et disparut du Hall.
§
- Ronald Weasley… ?
Ron évita de justesse un sortilège qui laissa sur sa joue une trace brune.
- Va-t-en, Dobby… C'est pas le moment.
Dobby claqua des doigts et le mangemort qui faisait face à Ron fut envoyé contre le mur de la petite salle, à l'opposé de l'endroit où il se trouvait.
- Waw ! fit Ron, impressionné.
Il daigna baisser les yeux vers l'elfe et l'entraîna vers la porte à demi dégondée, pour se mettre à l'abri relatif des sortilèges. Ce devait être important pour que l'elfe passât outre la crainte viscérale de lever la main contre un sorcier.
- Qu'est-ce qui se passe ? demanda-t-il.
Dobby tendit son poing fermé et l'ouvrit lentement, comme avec appréhension. Le visage de Ronald Weasley devint plus pâle qu'il ne l'était déjà.
- Dobby ! Non ! murmura-t-il.
Puis il prit la bague dans la paume tendue, avec colère.
- Dobby ! Sale petit rat ! Tu n'avais pas le droit de la prendre… !
Dobby se ratatina devant Ron, les bras sur la tête, pour se protéger des coups auxquels il s'attendait.
- Non ! Non ! couina-t-il. Dobby n'a rien pris ! Dobby n'est pas un voleur ! C'est elle qui l'a donnée à Dobby ! Elle a dit porte-la à Ronald Weasley ! elle a dit : Ronald Weasley, tu as autant de courage qu'un Veracrasse ! Mais ce n'est pas Dobby qui dit cela. C'est elle ! C'est elle ! Non ! Ronald Weasley ne doit pas frapper Dobby…
L'elfe s'interrompit, glissa un œil vers Ron, pour s'assurer qu'il n'était pas en train de le battre. Le jeune homme semblait stupéfixé. Il tenait la bague entre ses doigts et son regard fixait l'elfe intensément.
- Elle ? Qui elle ? réussit-il à demander d'une voix tremblante.
- Elle ! répéta Dobby, pas encore certain de ne pas risquer une taloche. Hermione Granger. Elle a dit : porte-la à Ronald Weasley. Et Dobby l'a portée. Même s'il savait que Ronald Weasley serait en colère d'être traité de Veracrasse…
- Elle est vivante ? souffla Ron sans entendre ce que racontait l'elfe fébrile.
- Hermione Granger est vivante, oui…
§
Il sembla à Ron qu'on venait de lui retirer tout l'oxygène de la pièce. Les larmes brouillèrent sa vue un instant. Il dut s'appuyer au mur derrière la porte arrachée. Ses jambes ne le portaient plus.
- Elle est vivante…
Il saisit Dobby par le tee-shirt, le regard tout aussi fou que lorsqu'il l'avait crue morte.
- Où est-elle ? questionna-t-il brutalement. Tu l'as laissée dans le laboratoire ?
- Elle a pris le passage pour descendre au rez-de-chaussée… Dobby ne voulait pas… Hermione Granger n'a pas de baguette… Non ! Dobby ne voulait pas la laisser partir comme ça… Mais Dobby est un serviteur. Dobby est fait pour obéir… alors Dobby a obéi… même s'il a désobéi à Ronald Weasley en allant dans le laboratoire d'Hermione Granger.
Il leva un œil inquiet sur le jeune homme. La main de Ron se crispa sur l'épaule gracile du petit être qui se courbait devant lui.
- Dobby… quand nous sortirons de cette galère… Tu pourras me demander n'importe quoi. J'ai une dette envers toi.
Ron se redressa. Son visage avait changé d'expression. Il jeta un coup d'œil vers le couloir du rez-de-chaussée.
- Elle t'a dit pourquoi elle devait descendre ? demanda-t-il.
- Elle cherche quelqu'un… Une fille…
Dobby se frappa la tête de ses poings fermés.
- Oh ! Dobby est bête ! Dobby a oublié le nom… Elle voulait descendre aux cuisines ou dans la Grande Salle… Oh ! Dobby ! Dobby ! Stupide elfe sans cervelle… Elle a dit… Helga… Non… Hilda…
- Ida Norton ? souffla Ron.
Dobby sursauta : Oui !
Il se frappa la tête comme pour se faire entrer le nom dans le crâne : Ida ! Ida ! Ida Norton !
Ronald Weasley mit la bague dans sa poche et brandit sa baguette avec assurance.
- Elle est sûrement dans les cuisines, marmonna-t-il. Si elle n'est pas déjà partie avec les autres… Mais si Hermione croit qu'elle est encore là, c'est qu'elle a de bonnes raisons.
Son cœur se serra à lui faire mal. Il se retint une fois encore à la porte. Elle est vivante ! murmura-t-il pour lui-même. Comme pour se persuader que ce n'était pas un effet de la folie qui l'avait saisi un peu plus tôt. La nuit se déchirait tout à coup. Le bruit du Hall l'assourdit brusquement. Il entendit un tumulte, des cris et des incantations. Il lui semblait qu'ils étaient des centaines à hurler sous le dôme du Grand Hall. Il sortit de derrière la porte brisée et son cœur à nouveau bondit dans sa poitrine comme s'il voulait s'en échapper et rejoindre les silhouettes noires que déversait l'escalier de marbre.
L'une d'entre elles glissait sur la rampe, les bras levés, dans un cri de joie enfantine. Ron voulut crier : Fred ! et il hurla : Elle est vivante !
Il partit en courant dans la pagaille que venaient de semer les nouveaux arrivants.
§§§§§§§§§
Hermione s'appuya au chambranle de la porte de la Salle des Quatre Maisons. C'était assez ironique, en somme, que ce fût l'endroit choisi par Ida Norton pour se réfugier, voire y accomplir ses sombres desseins…
- Tu fais les poubelles, Ida ? demanda Hermione alors que la jeune fille était accroupie devant une corbeille à papiers renversée.
Ida Norton tendit instinctivement la main vers sa baguette, posée sur le sol à côté d'elle.
Hermione fit un geste de sa main tordue et la baguette glissa jusqu'au fond de la salle. Ida se releva lentement, un papier entre les doigts, les yeux écarquillés sur la Préfète en Chef. Elle ouvrit la bouche mais aucun son n'en sortit. Hermione avança aussi vite qu'elle le put vers la fille effarée.
- Tu pensais que ce serait aussi facile, Ida ? Donne-moi ça…
Hermione tendit les doigts vers le bout de papier qu'Ida tenait serré entre ses doigts. Et malgré les efforts de celle-ci pour le retenir, il s'envola vers la caricature de sorcière qu'était devenue Hermione Granger. Ida Norton ne pouvait détourner son regard horrifié de la monstruosité qui se tenait à quelques pas d'elle.
- Co… Comment est-ce possible… ? murmura-t-elle.
Hermione leva les yeux du papier.
- Quoi donc ? demanda-t-elle calmement.
Elle était certaine à présent que l'espionne des mangemorts n'avait pu mener à bien sa mission.
- Comment est-ce possible que je ne sois pas morte ? Ou bien comment est-ce possible que j'ai pu te retrouver ? Ou encore comment est-ce possible qu'on puisse faire autant de mal à quelqu'un… ? Que croyais-tu Ida ? Que Drago Malefoy voulait m'offrir le thé ? Ou me compter fleurette ?
Hermione avança d'un pas vers la fille et celle-ci recula d'autant.
- Je te fais peur ? reprit la Préfète en Chef. Tu as tort. Ce n'est qu'une apparence… peu agréable à regarder, je ne le nie pas. Mais je ne te ferai pas de mal. Je veux juste t'empêcher d'en faire.
Hermione leva la main, et les yeux d'Ida reflétèrent une panique immense. Elle chercha sa baguette d'un regard frénétique. Hermione entendait sa respiration saccadée.
- N'approche pas ! haleta Ida Norton.
Elle heurta en reculant une table qui l'empêcha de poursuivre sa retraite devant l'avancée d'Hermione.
- Je ne suis pas contagieuse, tu sais… Je veux simplement prendre ton badge…
D'un geste instinctif, la jeune fille mit sa main dessus. Hermione eut un sourire qui déforma sa bouche, lui donnant une expression cruelle dont elle n'avait pas conscience.
- J'en étais sûre… murmura-t-elle.
Elle s'approcha encore et tendit sa main aux ongles sales vers celle d'Ida. Celle-ci frissonna de dégoût et retira ses doigts de son insigne de préfète.
- Accio ! murmura Hermione et le badge fut dans sa main.
Elle l'observa un instant avant de fermer son poing dessus.
- C'est avec ça que toi et Malefoy correspondiez, n'est-ce pas… Chaque fois qu'il avait un courrier à faire passer, ou que tu recevais une réponse… une manière de vous donner discrètement rendez-vous chez les Préfets… Ensuite c'était simple… à peine risqué… Dis-moi, comment faisais-tu ? Malefoy sait faire réapparaître des objets à distance, je le sais. Mais toi… ?
Ida Norton adressa un regard mauvais à Hermione.
- Oui… fit-elle. Oui, nous correspondions grâce à nos badges… au nez et à la barbe de tout le monde… Drago a eu une idée prodigieuse... et il a prouvé qu'il était un grand sorcier… Meilleur… ho oui ! bien meilleur ! que toi…
Hermione fit une grimace amère. Ida continua avec délectation :
- C'est amusant, n'est-ce pas Dumbledore lui-même nous a donné les moyens de le détruire en nous donnant ces badges… Et tu veux savoir le plus drôle, Granger… La plupart du temps, c'est toi qui faisais passer mes lettres pour Drago… Il me suffisait de les déposer sur la pile des messages à distribuer et tu te chargeais du reste avec ton zèle habituel… Tu nous as été très utile, Granger… Tu n'imagines pas à quel point…
- Je n'en doute pas, Ida… je n'en doute pas…
Hermione soupira. Elle jeta un regard désolé sur le papier qu'elle tenait à la main.
- Ce que je n'arrive pas à croire, cependant, c'est que tu aies voulu la mort de tous nos camarades…
- Ceux qui se lèveront contre le Seigneur des Ténèbres méritent la mort ! répliqua Ida sur un ton farouche.
Hermione colla le papier sous le nez de la fille.
- Et eux ? ils méritent de mourir aussi ?
Ida eut une expression d'incompréhension.
- Mais ils ne devaient pas mourir… Ils devaient juste servir d'échange contre Potter…
- Tu crois cela… murmura Hermione d'une voix sourde. Où crois-tu que sois Harry à présent ?
- Dumbledore doit le cacher… Je n'ai pas entendu dire qu'il était aux côtés de ses amis qui se battent…
- Et moi je n'ai pas vu ton maître parmi ceux qui se battent… répondit Hermione. Où est-il ? Il n'aurait qu'à étendre sa main pour tous nous soumettre… Qu'attend-il pour se montrer ? Il doit avoir un empêchement sans doute…
La fille serra les mâchoires et son regard s'étrécit.
- Tu es bien naïve, Ida… Crois-tu que ceux dont tu souhaites la victoire t'épargneront ? Ils ne feront pas de détail… J'ai déjà eu affaire à eux, je sais de quoi je parle. Et j'ai encore à l'esprit l'attaque des Détraqueurs d'Halloween.
Ida Norton pinça les lèvres, les joues pâlies.
- Si c'est à Malefoy que tu pensais envoyer ce message, je ne pense pas qu'il soit en état de le recevoir… ou du moins de faire avec quoi que ce soit d'utile –à ton sens, du moins. Lestrange peut-être ?
Ida ne répondit pas. Elle se jeta vers Hermione, les mains en avant pour la repousser. Hermione leva les bras pour prévenir le choc qui serait rude pour son corps déjà éprouvé. Le coup de poing qu'elle reçut dans l'estomac manqua la faire tomber. Ses ongles s'accrochèrent aux cheveux de la fille et Ida poussa un cri de rage. Le souffle coupé, tout le corps transpercé de douleurs, Hermione sentit ses genoux s'affaisser. Ida referma un poing rageur sur les doigts d'Hermione, cramponnés au bout de papier dont dépendait la vie de ses camarades.
§§§§§§§§§§§§§§
Fred mit le pied sur la dernière marche de l'escalier de marbre au moment même où, du palier, tombaient plusieurs bombasouses sur les mangemorts à portée. Il siffla l'un de ses camarades qui fit tournoyer au dessus de sa tête un sac qu'il lâcha vers le centre du Hall. Fred leva sa baguette et CRACBADABOUM ! le sac se déchira laissant s'échapper une pluie de grenouilles rebondissantes. Dans les exclamations de rage ou de joyeuse surprise, la panique qui s'ensuivit mit un frein aux duels et autres combats.
§
Ron fut auprès de son frère en un bond.
- On ne vous espérait plus ! s'écria-t-il partagé entre l'émotion et le rire.
Fred éclata de rire.
- Tu sais combien j'aime me faire désirer, Ronnie ! Où est George ?
Ron lui montra du bras la porte disloquée de la petite salle.
- Il essaie d'empêcher les mangemorts d'investir la Grande Salle…
Fred voulut l'entraîner avec lui vers la petite salle prise d'assaut. Ron repoussa la main de son frère.
- Ron ? Où vas-tu ? demanda Fred comme Ron prenait la direction du couloir du rez-de-chaussée.
- Rejoindre Hermione ! cria Ron, un large sourire sur son visage maculé.
Et il attrapa au vol une grenouille en chocolat dans laquelle il mordit à pleines dents.
§
Fred rameuta ses troupes et ils s'engagèrent dans la bataille avec une ardeur nouvelle. Lorsque les défenseurs de Poudlard confinés dans la petite salle des Première Année eurent vent de l'arrivée du renfort qu'on n'attendait plus, ils redoublèrent eux aussi d'enthousiasme. Les retrouvailles entre les jumeaux Weasley se soldèrent par un festival de sortilèges tous plus délirants les uns que les autres dont les mangemorts qui couvraient leurs collègues assignés à la destruction de la porte firent les frais.
- Tu as vu Ginny ? questionna George entre deux lancers de sorts.
Fred secoua la tête.
- Mais j'ai vu Ron ! Il avait l'air très exalté… il est parti vers le couloir du rez-de-chaussée…
George lança un sort de confusion. Fred jeta un sortilège de bégaiement.
- Il m'a dit qu'il allait rejoindre Hermione… reprit ce dernier.
Il adressait à George un clin d'œil entendu, quand Viktor Krum se retourna vers lui à quelques pas. Le Bulgare leva un bouclier autour de lui afin de rejoindre les jumeaux.
- Hermione est morte… dit-il.
Fred cessa de sourire. George rata la cible qu'il visait. Krum s'apprêta à les quitter.
- La porte ne va pas tarder à céder. Essayez de tenir encore un peu.
- Où vas-tu ? essaya de le retenir Fred.
Viktor lui lança un long regard avant de rebrousser chemin vers le Hall.
§
Chaque minute perdue à affronter ceux qui le considéraient comme un traître à leur maître, chaque pas en arrière, chaque détour qui l'éloignait du couloir, enfonçait dans le cœur de Krum une lame effilée. Il eût voulu être dans la petite pièce, et dans la Grande Salle en même temps. Il ne pouvait qu'assister, impuissant, à la poussée des hommes en capuches noires vers le couloir. Il vit les dernières défenses s'effondrer sur le seuil. Et lui était coincé au milieu du Hall.
Un éclair rouge venu de la droite toucha le mangemort qui le menaçait. Il sentit la main de Fred taper son épaule.
- T'es pas tout seul, Viktor… Nous aussi on a envie de s'amuser…
Il fit signe au Bulgare de le suivre et Krum passa devant, conscient qu'à chaque enjambée s'accroissait le petit groupe que Fred rassemblait derrière lui.
§§§§§§§§§§§§§§
- Elle est là ! cracha une voix vers la porte. Bouge pas, sale espionne !
Hermione se laissa tomber au sol et Ida Norton roula par-dessus elle.
Ginny cria : Hermione ! Dennis Crivey fit : Waaaa ! et Jezebel Dawson hurla.
- Bouge pas ! répéta Ginny, menaçant Ida Norton qui se relevait, essuyant son visage griffé d'une main nerveuse.
Ginny commanda à Dennis de tenir la fille en joue et courut à Hermione. Elle l'aida à se relever lentement, sans pouvoir s'empêcher de la dévisager. Elle se mordait les lèvres pour ne pas montrer combien elle était choquée de la voir ainsi dénaturée. Hermione était bien incapable d'ouvrir la bouche sans gémir de douleur. Elle se contenta de lui tendre le papier qu'elle avait confisqué à l'indicatrice de Malefoy. Jezebel Dawson le lui arracha des mains, apparemment remise de sa frayeur. Elle poussa un cri de victoire.
- J'avais raison ! Je savais bien que c'était louche toutes ces questions…
Ginny lui prit le bout de papier et Dawson se précipita vers Ida Norton qu'elle saisit par le col.
- Je vais te pulvériser, espèce de sale fouineuse…
- Personne ne pulvérisera personne, Jezebel… la calma Hermione, dans un souffle.
- C'est pas toi qui vas m'en empêcher !
- Tu paries ?
Hermione tendit la main et la baguette de Dawson sauta vers le plafond.
- Génial ! fit Dennis Crivey. Quand je vais raconter ça à Colin…
Dawson n'eut pas le temps de s'offusquer de l'intervention d'Hermione. Elle lâcha Norton et se jeta sur Ginny qui venait de mettre le feu au papier, prenant à peine le temps de ramasser sa baguette.
- Ça ne va pas ? s'écria-t-elle en essayant de se saisir du poignet de Ginny. Tu détruis mes preuves là !
- Tes preuves ? railla Ginny. Quelles preuves ?
- Les preuves que j'ai empêché cette abjecte pourriture d'envoyer les mangemorts massacrer tout le monde au château des McGregor ! grogna Jezebel.
- Crie le donc sur les toits, Dawson ! Et je serais en train de me cramer les doigts pour rien !
Ginny repoussa brutalement la gamine et lâcha ce qui restait du papier avant que la brûlure fût trop cuisante.
- Et puis on a Hermione comme preuve ! trancha-t-elle de mauvaise humeur. Et jusqu'à preuve du contraire, c'est elle qui l'a empêchée d'envoyer son message, pas toi !
- Qu'est-ce qu'on va en faire ? Demanda Dennis Crivey.
- On la ratatine ! s'écria Dawson.
- On l'amène à Algie Londubat, corrigea Hermione, la main sur les côtes.
- Ah non ! Il va encore lui trouver des excuses ! Elle va échapper à son châtiment ! tempêta Dawson.
- C'est son problème et celui du Professeur Londubat. Nous, nous avons fait ce que nous avions à faire, reprit Hermione : éviter un sort funeste à nos camarades.
- Eviter un sort funeste à ses camarades, est bien le dernier des soucis de Jezebel Dawson ! renifla Ginny. Bien au contraire !
§
Dawson n'eut pas l'occasion de s'indigner. Un cri depuis la porte les fit sursauter. Ils ne s'étaient pas retournés que Ron étouffait Hermione entre ses bras et sous ses baisers.
§
- Ron… Tu me fais mal… réussit à souffler Hermione sans le repousser cependant.
- Ho ! Pardon ! dit-il tout en continuant à la serrer contre lui.
Il s'aperçut soudain des regards, dégoûtés ou exaspérés, de ses camarades. Il désigna du menton Ida Norton, effarée face aux Gryffondor.
- Tu l'as trouvée… constata-t-il à l'intention de Ginny.
- Je l'ai trouvée ! s'offusqua Dawson, furieuse.
- On l'a trouvée, tenta Dennis Crivey. Mais c'est Hermione qui est arrivée la première… Et on sait toujours pas quoi en faire… Et je crois qu'on devrait bouger d'ici sous peu…
Il courut à la porte jeter un œil vers le bout du couloir et leur fit signe de se dépêcher.
§
Ginny attrapa Norton par le col et la poussa en avant.
- Londubat saura quoi en faire, assura-t-elle. Marche devant, Ida. Dawson, tu joues les gardes-chiourme : ça te va bien ! Hermione…
Elle se mordit les lèvres. Hermione n'avait peut-être pas très envie de se montrer à tous sous cette apparence.
La jeune fille leur fit signe de se hâter et lâcha la main de Ron qui voulait l'entraîner avec lui.
- Allez-y… Je ne peux pas courir, je vous retarderais… Je vais me cacher ici…
- Oooh Non ! Pas question ! s'exclama Ron. Je ne te quitte plus, quoi qu'il arrive ! Tiens-moi ça !
Et il lui planta sa baguette magique dans la main avant de la soulever dans ses bras d'un mouvement décidé.
- J'ai traversé la Forêt Interdite, je peux traverser le couloir…
A grandes enjambées, il rejoignit sa sœur qui l'attendait sur le pas de la Salle des Quatre Maisons. Ginny lui montra le seuil du couloir. Les mangemorts poussaient les dernières défenses et s'engouffraient dans le corridor. Ginny se mit à courir. Dennis Crivey prit ses jambes à son cou et suggéra à Dawson de garder son souffle pour détaler plutôt que pour hurler, tandis que Ida Norton préférait manifestement tomber entre les mains de l'ennemi que se laisser rattraper par ses alliés.
§
Hermione, par-dessus l'épaule de Ron, voyait se réduire la distance entre eux et les baguettes des mangemorts. Elle pointa celle de Ron vers le couloir et celui-ci l'entendit marmonner à son oreille.
- Qu'est-ce que tu fais ? demanda-t-il toujours courant.
- Le sortilège de Dumbledore contre les gerbilloises dans les souterrains à Halloween… Je l'ai cherché et je l'ai trouvé…
- Hermione… commença Ron.
- Oui, je sais… je n'ai pas vraiment pratiqué… Mais j'ai l'impression que ça marche… et ça tiendra toujours le temps de nous permettre d'arriver à la Grande Salle.
Ron ne se retourna pas pour vérifier les dires de sa bien-aimée, que semblaient confirmer les cris de rage qui lui parvenaient. Il poursuivit sa course, un peu essoufflé.
- Non, Hermione… dit-il pourtant. Tu es incroyable. Et c'est pour ça que je t'aime… enfin… je crois que c'est pour ça…
- Ho ! Ron… murmura Hermione d'une petite voix émue à son oreille.
§§§§§§§§§§§§§§§§
Viktor se précipita dans le couloir du rez-de-chaussée. A quelques mètres, au niveau de la salle des Quatre Maisons, les mangemorts semblaient bloqués par un mur invisible.
Fred arrêta ses gars et retint Krum.
- Lâchez les rainettes ! ordonna-t-il avec un sourire sardonique.
Les jeunes gens de la brigade s'exécutèrent avec enthousiasme. Les mangemorts se retournèrent vers eux. Leurs tentatives pour lancer des sortilèges furent empêchées par la nuée de crapauds qui se jeta sur eux.
- Et vive la pagaille ! cria Fred. Planquez-vous !
La Brigade, d'une seule voix, claironna un Protego que Krum imita, à tout hasard.
Fred mit sa main en porte-voix :
- Attention ! Voilà Peeves !
Et il se protégea à son tour.
Les grenouilles se mirent à enfler, enfler jusqu'à exploser toutes en même temps dans une débauche de substance visqueuse et malodorante. Les cris de rage emplirent le couloir. Ils se répétèrent lorsque les mangemorts s'aperçurent qu'ils ne pouvaient se défaire de la matière poisseuse. Elle dégoulinait sur les capuches noires, obstruait les orifices des yeux, engluait les doigts et couvrait les baguettes.
L'un des fidèles de Voldemort s'avança pour faire face aux jeunes gens et glissa sur un tas gélatineux qui était une rainette quelques instants plus tôt. Les autres renoncèrent à se jeter dans un combat où ils n'étaient pas en position de force. Ils firent bloc face à la brigade qui s'élançait.
§
- Efficace ! dit Krum à Fred.
- Oui… fit le jeune homme, assez fier. Rainettes Ombrageuses © (1), une spécialité de Weasley Frères… Modèle offensif, spécialement modifié par votre serviteur, pour la lutte contre les forces du mal… Tu devrais la mettre au programme, Viktor…
Fred frappa sur l'épaule de Krum :
- Allez… viens… ou ils ne nous laisseront que des miettes…
§
Effectivement, la plupart des mangemorts étaient immobilisés ou empêchés d'user de leur baguette quand Viktor atteignit l'endroit où ils étaient regroupés. Il comprit pourquoi les partisans du Seigneur des Ténèbres n'avaient pas cherché à fuir vers la Grande Salle. Un champ de force interdisait tout passage. Krum se retourna vivement comme il entendait un bruit de course derrière lui. La Brigade fit de même, comme un seul homme, la baguette en avant.
§
Justin Finch-Fletchey leva les mains, et cessa d'avancer, retenant ses camarades derrière lui :
- Hé ! c'est que nous !
La Brigade baissa les armes. Une petite voix aigue se fit entendre alors :
- Laissez passer ! Allons ! Allons ! les enfants ! Qu'est-ce qui se passe ?
Les rangs des élèves de Poudlard s'écartèrent et le minuscule professeur Flitwick, essoufflé, fit son apparition. Il jeta un regard appréciateur sur le tas nauséabond de mangemorts recouverts des résidus des Rainettes Ombrageuses.
- Hé bien ? pourquoi n'avancez-vous pas ? demanda-t-il à Fred.
- Parce que nous ne le pouvons pas, professeur, répliqua ce dernier avec évidence.
- Il y a comme un mur invisible, expliqua Viktor.
Flitwick s'approcha et tendit la main. Il fit une grimace d'approbation.
- Qui a fait cela ? demanda-t-il. L'un d'entre eux ?
Il désigna de la tête les mangemorts immobilisés.
- Pas l'impression, dit Fred. Ils semblaient assez perturbés par l'étrangeté de la chose quand nous leur sommes tombés dessus…
Flitwick hocha la tête plusieurs fois.
- Monsieur Finch-Fletchey… vous et vos camarades surveillez nos arrières je vous prie…
Il leva sa baguette devant lui et marmonna une mélopée qui n'eut, sembla-t-il, pas l'effet escompté. Il fronça les sourcils.
- Magie puissante… murmura-t-il. C'est étrange… Mais intéressant…
Il remonta ses manches et leva sa baguette à nouveau… Fred l'arrêta de la main sur son bras.
- Avec tout le respect que je vous dois, professeur… Vous résoudrez ce cas une autre fois… On a intérêt à se sortir de ce traquenard avant de se retrouver dans la même situation que ceux-là… Il faut retourner dans le hall…
- On peut faire le tour par la classe de divination, ajouta Krum.
Il s'élança sans attendre un quelconque assentiment.
- Attendez-moi ! cria la petite voix aigrelette du professeur Flitwick tandis que retentissait déjà dans le couloir la course précipitée des jeunes gens.
§§§§§§§§§§§§§§§§§
Ron s'engouffra par la porte laissée entrouverte par Ginny et celle-ci la referma derrière lui d'un énergique Collaporta.
Ron s'écroula à genoux derrière le premier abri qu'il rencontra. Hermione poussa un cri en rencontrant le sol.
- Désolé, Trésor ! s'excusa Ron.
- Beurk ! Qu'est-ce que c'est ! fit Goyle d'un ton écoeuré.
Théodore Nott considéra la Préfète en Chef de la tête aux pieds alors qu'elle essayait de se redresser, en se tenant les côtes.
- Je me suis toujours demandé ce qu'une fille comme toi faisait avec une brute comme lui… dit-il.
Il se retourna vers le centre de la salle, non sans lancer un coup de coude dans les côtes de Goyle qui ne cessait de dévisager Hermione d'un air dégoûté. Celle-ci se cacha derrière sa tignasse avant de répondre :
- Et moi je t'ai toujours répondu que cela faisait partie des choses qui n'avaient pas d'explication rationnelle, Théodore…
Nott jeta un œil sur Weasley qui tenait jalousement contre lui le corps mal tourné d'Hermione et adressait aux Serpentard des regards soupçonneux. Théodore esquissa un sourire :
- Je suppose que ce doit être ça, murmura-t-il.
Il donna un coup de baguette sur le crâne de Goyle, qui fixait toujours Hermione avec ostentation :
- On ne regarde pas les gens la bouche ouverte, Greg ! Sois poli, veux-tu ! Pour une fois qu'on ne rechigne pas à nous tenir compagnie. Je commençais à croire que nous sentions l'empestine…
Gregory Goyle porta ses mains à son nez pour les renifler ;
- Non ! C'est juste l'encaustique de Rusard… dit-il avec contrariété.
§
Ginny s'était assurée que la porte était bien fermée, ou du moins que les mangemorts mettraient assez de temps à briser le sortilège pour permettre à ses camarades de se mettre en place.
Elle rejoignit les positions tenues par Ellie et Neville auprès desquels Dennis Crivey et Jezebel Dawson s'étaient réfugiés avec Ida Norton. Dennis rapportait les raisons de leur présence dans la Grande Salle, et Dawson n'osait apporter à son récit autant de corrections qu'elle l'eût souhaité, sous le regard narquois de McGregor. Ida Norton, quant à elle, commençait à se sentir très mal à l'aise. Archer et Montague lui lançaient des coups d'oeil peu aimables et le peu qu'elle avait vu de la situation lui avait fait comprendre que la prise de Poudlard par les fidèles du Maître ne se passait pas aussi bien que prévu.
Car, même si les professeurs n'avaient pu évacuer tout le monde, et s'ils lançaient désespérément des sorts de défense contre la porte de la petite salle, il n'en restait pas moins que la moitié de ceux sur lesquels Drago Malefoy comptait était ligotée dans un coin et que l'autre avait une baguette, certes, mais était prête à la tourner contre leurs « frères ».
§
Aussi, quand Ginny Weasley la releva de force par le col de sa robe pour la pousser devant elle jusqu'au Professeur Londubat sous le regard curieux de quasi toute la salle, adopta-t-elle un profil très bas. D'autant que le frère demandait à McGregor, par-dessus les tables renversées, si elle avait des nouvelles de Potter et que celle-ci claironnait qu'il était allé montrer au seigneur des encapuchonnés de quel bois il se chauffait.
La préfète de Poufsouffle n'entendit pas, dans cette déclaration provocante, le tremblement de la voix d'Ellen, ni ne vit la grimace de Ron.
§
Elle écoutait ce que racontait Ginny Weasley à Londubat. Ce dernier s'était interrompu, la baguette levée vers la porte, et laissait tomber sur la jeune Poufsouffle un long regard sévère.
- Qu'est-ce que j'en fais, Monsieur ? termina Ginny sur un ton farouche.
Londubat n'eut pas le temps de répondre, un craquement sinistre emplit la salle entière. Algie Londubat poussa Ginny derrière les bancs renversés et la jeune fille entraîna avec elle Ida Norton. La préfète de Poufsouffle tomba sur les pieds entravés de Wilford. Les deux jeunes gens échangèrent un regard complice et les hurlements des mangemorts, parvenus à leurs fins, mit à leur cœur un espoir qu'ils pensaient mort.
§§§§§§§§§§§§§§§§§
Il tendait ses forces. Les dernières. Une bouffée de souvenirs lui vint. Le vent sur son visage quand il fendait l'air sur son balai. L'odeur des fleurs. Le goût des gâteaux de Molly. La couleur de la lande. Les voix. Les rires. La douceur d'un baiser. La tendresse d'une caresse. La main de Ron sur son épaule. La joue d'Hermione sur sa joue. Les railleries de Ginny. Le sourire de Neville. Et le parfum d'Ellen qui emplissait sa tête.
Il n'avait pas réussi à lui reprendre son enfance volée. Cela n'avait pas d'importance. Puisqu'ils allaient mourir tous les deux.
Tu vas mourir Potter… Je sais ce que tu essaies de faire. Et tu n'y arriveras pas. Je suis plus fort que toi. Je l'ai toujours été. Sans ta stupide mère, tu n'aurais jamais survécu. Personne ne viendra à ton secours aujourd'hui. Tu vas mourir. Laisse-moi reprendre cette partie de moi qui me fait défaut et j'abrègerai tes souffrances.
Non ! Il sentait l'esprit de Voldemort lui échapper. Non ! Il s'accrocha à cet esprit torturé. Non ! Il s'enroula autour de ses pensées morbides. Non ! La haine lui dévorait le cœur. Non ! Il avait tant appris à chasser de son esprit celui de Voldemort qu'il ne savait comment le retenir. Non ! La douleur le terrassa. C'était comme si son front s'ouvrait à nouveau. Son âme qui se déchirait en deux. Comme si on lui arrachait le cœur. Non ! Il entendit un cri de victoire en même temps qu'un hurlement de mort.
La transe fut rompue.
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(1) Avec l'aimable autorisation de Black Phoenix.
