Chapter 13 - Amnésie

Parkinson était repliée en position de fœtus maladif sur le canapé d'Hermione depuis un bon quart d'heure et regardait dans le vide. Au moins, elle avait arrêté de pleurer. Laura la regardait en coin, parfaitement gênée par cette situation, et ne parlait pas. Zabini faisait tourner le contenu de son verre d'un air faussement distrait, pas plus à l'aise que sa collègue.

Et Malefoy et Hermione se disputaient en chuchotant dans la cuisine. A vrai dire, elle avait bravé un interdit en lui ordonnant de la suivre à l'écart. Deux interdits, en réalité : d'une part elle avait osé donner un ordre à Drago Malefoy, et d'autre part elle avait désobéi à Blaise qui lui avait recommandé de le laisser se calmer tranquillement.

Mais, face à ce chaos, elle n'avait pas pu se retenir. C'était allé beaucoup trop loin...

"C'est un peu facile de m'accuser, c'est toi qui a été méchant avec elle, sifflait la Gryffondor.

- Allons donc ! Je lui ai remis les idées en place, elle débloquait. Tout serait très bien allé si tu t'avais pas fourré ton nez dans cette discussion, comme toujours, répliqua Malefoy, appuyé contre le frigo, bras croisés, et toujours sans la regarder.

- J'essayais de t'empêcher d'aller plus loin, et de vraiment la blesser ! Enfin Malefoy, dans quel monde tu vis ? Tu l'as comparée à un fantôme qui vit dans des toilettes !"

Les yeux du blond s'écarquillèrent un bref instant et il lâcha un petit gloussement, qu'il tenta de réprimer aussitôt.

"Et ça te fait rire, en plus ? s'offusqua Hermione, bras ballants.

- T'es beaucoup trop délicate, Granger. Parkinson et moi, on se parle comme ça depuis toujours.

- Et tu ne te dis pas que c'est peut-être pour ça, qu'elle se sent menacée dès que tu passes du temps avec quelqu'un d'autre ? Elle est pleine d'insécurités. Si t'étais plus gentil avec elle, elle se mettrait pas à douter de ta loyauté pour si peu, rétorqua la jeune femme.

- Le retour de la donneuse de leçons... T'as fini, là ? Tout ça, c'est de ta faute.

- Cette discussion tourne en rond, se lamenta Hermione en se passant une main sur le front.

- Non, et je vais t'expliquer pourquoi tout de suite. En plusieurs points, puisque tu adores les démonstrations bien structurées. Écoute bien, parce qu'ensuite cette conversation sera terminée. Petit un, je suis énervé et je n'ai pas envie d'être ici, ça c'est entièrement ta faute. Petit deux, tu as manigancé je ne sais quoi avec Pansy et maintenant que ça t'explose à la figure parce que tu as perdu le contrôle, tu rejettes la responsabilité sur moi. Ta faute encore. Petit trois, Pansy est sur les nerfs à cause de vendredi. Vendredi, où Blaise et moi on a travaillé dur et en secret pour te sauver la mise. A toi. Ta faute. Et petit quatre, quand on se dispute, n'interviens pas. Ta faute."

Après sa petite tirade, Malefoy haussa un sourcils satisfait et jugea qu'il avait réussi au vu de la mine défaite de Granger, qui avait ouvert la bouche dans un mouvement de stupeur muette. Alors ça, ça lui en bouchait un coin.

C'était même plutôt douloureux pour elle.

"Maintenant, tu vas me dire ce qui se tramait ici. C'était quoi le piège ? Et ne me ressors pas cette histoire de Cormac, je n'y crois pas, reprit le blond, bien décidé à profiter de son avantage.

- Non.

- Quoi, non ?"

Cette fois, Malefoy fronça les sourcils. Granger avait de la ressource.

"Non, je ne vais pas balancer Pansy sous prétexte que j'ai pas été irréprochable dans cette histoire. D'ailleurs, je veux bien assumer ma part de responsabilité, mais par contre si tu m'as aidée vendredi pour me le balancer à la figure au moindre remous, c'est vraiment dégueulasse. Ce n'était pas ma faute."

Hermione croisa à son tour les bras sur sa poitrine et foudroya le blond du regard, qui en resta coi. Le vent avait tourné très vite.

"Je reconnais que cette soirée était une idée pourrie. Tu peux t'en aller, suggéra Hermione en lui indiquant la porte d'un geste vague du bras."

Elle se détourna aussitôt et entreprit de ranger les quelques bouteilles de bièraubeurre vides qui traînaient sur le comptoir. Plus pour s'occuper les mains que pour réellement mettre de l'ordre. Elle s'attendait à ce que le blond déguerpisse en faisant claquer la porte, ou au moins qu'il lui renvoie une réplique bien sentie, mais il ne se passa rien.

Elle finit par se retourner vers lui, et constata qu'il n'avait pas abandonné sa position contre le réfrigérateur. Il la dévisageait avec un drôle d'air. Comme s'il essayait de la perforer avec ses prunelles pour lire à l'intérieur de son crâne. Il lui aurait presque donné mal à la tête...

"Tu crois que tu peux me congédier comme ça ? Je suis pas ton elfe, finit-il par lâcher.

- A quoi tu me servirais ? Tu ne sais rien faire de tes dix doigts, rétorqua Hermione avant d'avoir eu le temps de s'en empêcher."

C'est alors qu'il se passa un phénomène étrange. Malefoy éclata de rire. Mais pas un rire méchant ou sarcastique, non. Un vrai rire. Il avait même une petite fossette au coin de la bouche. Hermione ne l'avait jamais remarquée... Et, une fois la seconde de surprise passée, elle se mit à rire aussi, malgré elle. Ça faisait tellement longtemps qu'elle n'avait pas ri aussi sincèrement, aussi librement, que les larmes lui montèrent rapidement aux yeux. Et le blond était dans le même état, puisqu'il se tenait les côtes avec autant de dignité qu'il en était capable.

"Ah mais j'y étais pas du tout, en fait ! s'exclama la voix de Parkinson à l'entrée de la cuisine."

Hermione tenta de reprendre ses esprits mais son corps était toujours parcouru de hoquets d'hilarité qui l'empêchaient de se concentrer. Qu'est-ce que la Serpentard racontait ? Elle croisa le regard de Malefoy à travers ses larmes, et il se remit à glousser. C'était reparti. Et par Merlin, c'était bizarre, mais ce moment de complicité avec Malefoy fit un bien fou à Hermione.

"En fait, tu veux pas changer de meilleure amie ! Tu veux juste sauter Granger ! Mais tout s'explique ! reprit Parkinson sans se démonter. Bon, je suis rassurée."

Malefoy s'arrêta net et essuya une larme qui roulait sur sa joue, tandis que le rire d'Hermione devenaient hystérique.

"Hein ? bafouilla Malefoy.

- Oh j'ai tout compris ! Je vois tout. I see you, ajouta Parkinson en pointant d'abord ses propres yeux, puis la scène devant elle.

- Mais, Pansy... commença le blond.

- Tut tut tut, ne dis rien, continua la brune en plaquant une main sur la bouche de son meilleur ami retrouvé. Tu ne ris jamais, tu ricanes, ou au mieux tu pouffes avec condescendance. Ton maximum dans l'hilarité c'est de sourire bêtement. Alors ça... ça... fit Pansy. C'est comme vendredi soir, au Lucifer ! En fait c'était pas l'alcool qui parlait, c'était... Comment tu l'appelles ?

- Qui ça ? demanda Malefoy, hébété.

- Et ben ta... tu vois. Vous leur donnez des noms, ne me mens pas.

- Pansy ! s'étrangla Hermione, qui avait enfin réussi à arrêter de rire.

- Oh ça va, ne joue pas à ça avec moi. Finalement, ça t'arrangeait bien mon plan à toi aussi ! Tu voulais savoir si Drago couchait avec Laura ! Petite cachotière...

- Mais par Merlin, c'est quoi cette histoire à la fin ? Balancez moi ce plan, et tout de suite ! menaça le blond.

- Moi aussi je veux savoir ! hurla la voix de Zabini depuis le salon.

- Oh. Donc, on entend tout ce qui se passe dans la cuisine depuis le salon, réalisa Malefoy. Comment fais-tu pour vivre dans un environnement aussi exigu ? Enfin, peu importe. Vous allez passer à table, et tout de suite."

Il prit les devants en retournant s'asseoir au salon, et attendit avec la certitude que les filles allaient enfin cracher le morceau. Parkinson échangea un regard inquiet avec Hermione, puis finit par hausser les épaules et à rejoindre les autres.

"Puisque c'est la soirée où on se dit tout... commença-t-elle.

- Parkinson, t'es sure que... tenta Hermione.

- Oh oui. Tout d'abord, Pods, désolée. C'était pas contre toi. Je me demandais avec lequel de mes deux meilleurs amis tu couchais."

Laura cracha la gorgée qu'elle était en train d'avaler et se plaqua une main sur la bouche, outrée.

"J'ai donc pointé les preuves à Hermione et je l'ai forcée à organiser cette soirée, pour pouvoir t'interroger. Et puis ensuite, je me suis dit que tant qu'à révéler au grand jour des choses qu'on me cache, j'allais en profiter pour déterrer d'autres choses. J'ai donc obligé les garçons à venir, en me disant qu'ils allaient être mal à l'aise en ta présence si coucherie il y avait eu. Ensuite, ça aurait été un jeu d'enfant de les faire parler de plein d'autres choses. Bon, rien ne s'est passé comme prévu, mais la vérité a fini par émerger. Une partie, du moins. Du coup, Pods... Tu couches avec qui ?

- Putain Pans', mais t'es complètement ravagée... qu'est-ce que c'est que ces manigances nulles ? s'esclaffa Zabini. Il suffisait de nous poser la question, au lieu d'élaborer un piège foireux !

- Je... Je... bafouilla Laura, écarlate.

- Laura, dis simplement que tu ne couches ni avec Malefoy ni avec Zabini, qu'on en finisse, soupira Hermione.

- OH ! s'exclama d'un coup Malefoy, avant de devenir livide."

Tous les regards se tournèrent vers lui, à mesure qu'il se décomposait. Il fixait un point au plafond et semblait complètement ailleurs. Laura, quant à elle, se mordait la lèvre en le regardant avec une certaine intensité. Et Hermione sentit le sang affluer par vagues dans sa boîte crânienne.

L'évidence la frappa de plein fouet.

"OH ! s'écria-t-elle à son tour.

- Mais qu'est-ce que vous avez tous, à dire OH sur ce ton ! rouspéta Parkinson, larguée."

Zabini dardait deux yeux inquiets sur son meilleur ami, visiblement aussi perplexe que Pansy. Qu'est-ce qu'ils avaient l'air de savoir et que lui, ignorait ?

"Je crois qu'on a couché ensemble, non ? finit par souffler Drago en fronçant le nez d'un air embarrassé.

- QUOI ! rugit Parkinson.

- Comment ça tu crois ? hoqueta Zabini.

- Mais... Mais... QUAND ? demanda Hermione, blême, en jetant un regard écœuré à sa collègue."

Elle se sentait trahie. Il était évident que Laura savait, elle. Elle se souvenait. Contrairement à Malefoy qui visiblement venait juste d'être frappé par une réminiscence, Laura, elle, avait connaissance de ça, et elle l'avait volontairement caché à Hermione. Elle avait menti. Elle avait prétendu ne pas le connaître, elle avait joué les étonnées, les hésitantes, les distantes. Mais depuis combien de temps ?

"Laura ? insista Hermione."

Acculée, la jeune femme rougit de plus belle.

"C'était il y a longtemps... Trois ans, marmonna-t-elle. C'est arrivé qu'une fois."

Bizarrement, Malefoy la fixait avec l'air de quelqu'un qui apprend quelque chose, et attend la suite. Laura, elle, était très gênée.

"En fait, on a pas vraiment couché ensemble, c'était pas... Enfin... On avait beaucoup bu.

- C'était où ? demanda Malefoy, n'y tenant plus.

- Mais bon sang mec, t'étais pas là ce jour là ou quoi ? grogna Zabini.

- C'est pas grave, dit Laura avec la tête de quelqu'un qui pense exactement l'inverse. C'était à un concert d'un groupe moldu.

- Ah ? s'étonna Malefoy en pinçant le nez.

- Mais comment t'as fait pour oublier ça aussi ? s'agaça Pansy. Quel groupe moldu ? Le seul concert où je t'ai vu à l'époque, c'était pour Muse et... Ah, alors oui, tout se tient, reprit la Serpentard avant de jeter un regard empli de pitié à Laura.

- J'avais pris une potion d'absyntis, compléta Malefoy.

- Un anti-inflammatoire si puissant qu'il entraîne des hallucinations, des troubles du comportement et supprime l'inhibition, récita Hermione mécaniquement. Mais c'est uniquement délivré sur ordonnance...

- On avait un ami qui était interne en médicomagie à Sainte-Mangouste. Il nous filait des trucs, parfois. Mais là, c'était vraiment excessif, se souvint Zabini."

Le silence retomba, lourd. Hermione se tourna vers Laura et fut prise d'un élan de peine pour elle, qui avait porté ce secret tout ce temps et se retrouvait à présent obligée de tout déballer devant tout le monde. C'était extrêmement humiliant. D'autant plus que Malefoy était son leader à présent. Même si cette nouvelle laissait un goût amer à Hermione, elle ne pouvait s'empêcher de plaindre sa collègue.

Elle prit la main de Laura dans la sienne et la serra, lui tirant un faible sourire. Elle faisait bonne figure, mais visiblement son orgueil était touché. Ce qui était parfaitement compréhensible. Hermione se sentait coupable. Tout ça, c'était de sa faute. A elle et à Pansy. Elles avaient acculé Laura et l'avaient humiliée. C'était... indigne !

Laura éprouvait peut-être toujours une certaine attirance pour Malefoy... Après tout, elle le trouvait sexy. Elle minaudait un peu devant lui. Elle ne faisait pas de vagues, mais elle était toujours là, proche... Et elle avait caché ça pendant tout ce temps. Hermione relâcha un peu sa pression sur la main de Laura, et s'en voulut aussitôt. Quel genre de personne était-elle, enfin ? Elle se reprit rapidement et lança un sourire plus franc à sa collègue.

Malefoy était un goujat. Il n'avait même pas l'air d'éprouver de remords, trop occupé à essayer de collecter ses maigres souvenirs de cette soirée.

"Bon, assez de révélations pour ce soir, décréta Zabini. Je pense qu'il est temps qu'on rentre chez nous.

- Oui ! s'empressa d'acquiescer Laura en se levant rapidement."

Elle salua tout le monde d'un geste général, et se précipita vers la sortie sans demander son reste, bien décidée à mettre le plus de distance possible entre elle et ses collègues. La porte se referma et aussitôt, Pansy gronda.

"Non mais sérieusement, Drago ? T'as oublié avoir couché avec cette fille, et ça te revient que maintenant, alors que ça fait des semaines que tu la croises tous les jours ?"

Le blond poussa un soupir à fendre l'âme.

"Pans', s'il te plait... Je m'en souviens même pas vraiment. J'ai eu comme un flash. Mais plutôt comme si c'était un film tu vois, pas un truc qui me serait arrivé à moi... Plus jamais, l'absyntis.

- T'aurais quand même pu t'excuser... marmonna Zabini.

- ... Ah, oui... songea le blond en se frottant le front.

- Et profites-en pour lui dire que c'est mort entre vous, ça lui évitera de s'épuiser à te courir indéfiniment après, ajouta Parkinson.

- Tu dis plus rien, Granger ? remarqua Zabini tout à coup."

Hermione, enfoncée dans son fauteuil, ne pipait mot. Son esprit était très confus. Elle était sous le choc, passablement énervée sans trop savoir contre qui ou quoi, et surtout très fatiguée.

"On m'a dit de plus intervenir dans vos discussions de Serpentard, se justifia-t-elle.

- Depuis quand elle écoute ce que je dis ? ricana Malefoy.

- Laisse-là tranquille, le coupa Pansy. Cesse de tourmenter les femmes qui t'entourent, Drago.

- Hashtag Me Too, dit Zabini. Balance ton Drago.

- Eh ! protesta Malefoy en se retenant de pouffer."

Et, même si cette soirée avait connu un démarrage des plus désastreux, elle s'acheva dans une ambiance nettement plus détendue. Ils discutèrent de choses et d'autres sans s'invectiver, personne ne se mit à pleurer, la porte d'entrée ne claqua pas. Même Malefoy, qui continuait à se comporter avec une froideur d'homme des glaces avec Hermione, consentit à se relâcher un peu et s'autorisa à ne plus la foudroyer du regard. A la place, il ne la regardait pas et lui parlait par l'intermédiaire des autres, sans jamais lui faire face ou croiser son regard. Mais la jeune femme s'en contenta : c'était déjà un net progrès.

Zabini avait l'air satisfait de voir qu'elle suivait ses précieux conseils, dispensés la veille. Elle faisait le dos rond et attendait que l'orage Malefoy ait fini de s'abattre sur elle. A vrai dire, il était même surpris qu'elle n'ait pas encore cédé à ses pulsions en s'excusant auprès du blond, et en remettant leur sujet de discorde sur le tapis. C'était... fort inattendu. Comme si la Gryffondor tenait vraiment à préserver Malefoy et à faire amende honorable.

Zabini lui glissa un regard en coin alors qu'elle pouffait à une blague de Pansy, les yeux brillants. Il n'aurait jamais cru la voir se détendre si rapidement en leur présence à tous. Il avait déjà été étonné de sa capacité à évoluer avec autant d'aisance et de maîtrise dans ce nouveau groupe. Ce soir, il s'était attendu à ce qu'elle soit sur la défensive, mais quelque chose avait changé.

Précisément depuis vendredi.

"Pourquoi tu me regardes comme ça, Zabini ? sursauta Hermione.

- Je me demandais combien de temps tu allais mettre pour t'apercevoir que ton chemisier est transparent, rétorqua-t-il du tac au tac en pensant la déstabiliser.

- Je ne vais même pas baisser les yeux pour vérifier, parce que je suis sûre et certaine que c'est faux, lui renvoya Hermione en haussant un sourcil.

- Oh... souffla Zabini, déçu que sa tentative d'intimidation ait aussi lamentablement échoué.

- En fait, c'est Balance ton Blaise le hashtag qu'il faut lancer. Tu sais que ce que tu viens de faire, ça pourrait être considéré comme du harcèlement sexuel ? Par une personne en position de supériorité hiérarchique en plus... intervint Drago en regardant distraitement ses ongles parfaitement manucurés.

- Oh ça va mec, on le sait que t'es allé à un séminaire pour les leader à l'assemblée ! ricana Blaise, pas inquiet pour un sou.

- C'est une excellente initiative, ce séminaire, parce que vu les comportements misogynes et insultants qu'il y a tous les jours dans ce parlement... Il était grand temps de faire quelques rappels ! s'exclama Parkinson. D'ailleurs, je me disais que tu pourrais mettre à profit cette expérience pour faire un petit speech féministe à la prochaine réunion. Pour rappeler à l'ensemble de nos collègues qu'on est un groupe féministe et progressiste. Pour les inspirer un peu quoi !"

Malefoy déglutit difficilement, et fronça les sourcils.

"Euh... Pans, je ne sais pas..."

Hermione se retint de rappeler à tout le monde le comportement désastreux du blond à la conférence pour les droits des sorcière à laquelle ils avaient assisté. Parkinson pinça les lèvres et s'empressa de respirer profondément, avant de casser quelque chose. Sujet sensible, qui lui tenait profondément à cœur. Et Merlin savait qu'elle était déjà à fleur de peau compte tenu du début de soirée.

"Je ne crois pas que... Enfin, je ne suis pas légitime, se corrigea automatiquement Malefoy. J'aurais peur de pas avoir le bon discours, les bons mots. Pourquoi tu prendrais pas la parole, toi ?"

Le teint de Parkinson s'éclaircit d'une demie teinte, signe que le blond avait réussi à parer l'attaque. Mais elle n'avait pas l'air de vouloir abandonner si rapidement. Elle voyait bien que Malefoy se sentait légèrement mal de s'être emporté contre elle juste avant, et comme ses élans de culpabilité étaient brefs, elle se devait d'en profiter. Et de capitaliser dans l'instant sur cette minuscule faille dans sa carapace hermétique. Elle prit donc des yeux implorants pour l'amadouer, et s'il fronça dédaigneusement le nez au début, il finit par soupirer avec lassitude. Parkinson avait gagné, et elle le savait parfaitement. Hermione regardait ce balais étrange se dérouler sous ses yeux, fascinée.

"Bien. Je vais préparer un discours et tu le liras aux autres. Je vais rentrer ! décréta la Serpentard."

Le départ de Parkinson déclencha celui des deux garçons, et Hermione rangea les restes de la soirée d'un coup de baguette avant d'aller se pelotonner sous sa couette. Assez d'émotions pour aujourd'hui.

Elle était passée par tous les stades avec Malefoy, mais c'était bien la première fois qu'elle se sentait frustrée. Probablement parce qu'elle ne pouvait pas s'excuser, et que cela laissait planer un énorme malaise entre eux. Elle l'avait blessé, sans le vouloir certes, mais la culpabilité la rongeait. C'était terrible de le regarder l'ignorer ostensiblement, fuir son regard, ne même plus prendre la peine d'essayer de l'énerver. Il se contentait de faire comme si elle n'était pas là. Comme si elle était devenue Bruce Willis dans Sixième sens. Elle avait pris sur elle pour accepter cette phase, et ne pas faire de vague. Elle le laissait digérer, juste comme Zabini le lui avait demandé. Mais ça n'avait pas l'air de fonctionner. Il lui en voulait vraiment, cette fois. Même leur bref échange dans la cuisine un peu plus tôt, où il avait fait mine de se dérider, s'était soldé par un constat d'échec : il l'avait ignorée tout le reste de la soirée, ne lui parlant que lorsqu'il y était obligé. Plus rien n'était naturel.

Parkinson avait réussi à perforer la carapace, mais pas elle.

Hermione se retourna brutalement, comme si elle pouvait laisser ses sombres pensées de l'autre côté du lit.

Mais non. Elle songea à Laura, et à Malefoy. De nouveau. Dire qu'ils avaient fricoté ensemble trois ans auparavant ! C'était vraiment... dérangeant.

La jeune femme soupira bruyamment et enfouit sa tête sous son oreiller pour y ensevelir en même temps ses pensées. C'était beaucoup trop compliqué. Elle avait besoin de se reconcentrer sur l'essentiel : son travail.

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Le lendemain, Hermione retrouva Astoria au centre-ville de Londres, et elles réalisèrent ensemble une série de visites et de rencontres effrénée. Aucune d'entre elles ne mit les pieds au penthouse. Le surlendemain, la Gryffondor se rendit avec Cormac aux archives pour effectuer des recherches, puis elle déjeuna avec Parkinson avant de repartir tambours battants à la bibliothèque moldue pour faire encore plus de recherches. Elle devait se rendre en Irlande quelques jours plus tard pour assister à des commémorations auxquelles elle était conviée, et elle se devait d'être parfaitement préparée. C'était une petite fête locale d'après ce qu'elle avait compris, une sorte de célébration traditionnelle d'une petite île en Irlande. Ils avaient tenu à l'inviter chaque année depuis la fin de la guerre, pour la remercier de son courage, et elle n'avait jamais pu s'y rendre avant cette année. Même si l'attention la gênait, elle pouvait tout de même passer trois jours sur place. Ces gens étaient isolés, et en tant qu'élue, elle ne pouvait pas les abandonner à leur triste sort. Alors, comme à son habitude, elle potassa l'économie de l'île, l'évolution de sa démographie, étudia précisément ses exportations.

Elle consacra également deux journées entières à traiter ses affaires courantes et à planifier les mois à venir depuis son appartement, puisqu'elle gardait en même temps une Dahlia enrhumée.

Personne ne parvint à lui faire avouer ce qui la perturbait réellement. Hermione faisait mine que tout allait bien, elle travaillait dur, mais elle ne faisait que sauver les apparences et personne n'était dupe. Encore moins Harry, qui venait justement chercher sa fille.

"Et donc, tu fuis quoi exactement ? lâcha le brun sans tourner autour du pot.

- Pardon ? s'étonna Hermione, avec son air le plus ingénu.

- Allons. Astoria dit que tu n'es pas allée à votre QG depuis presque une semaine, il y a forcément quelque chose là-bas que tu évites... insista Harry.

- J'avais des tas de rendez-vous à l'extérieur, ça arrive parfois tu sais... se défendit Hermione en haussant les épaules.

- Herm'... S'il y a quelque chose, quoi que ce soit, tu peux m'en parler. Tu as reçu d'autres menaces ? Ce n'est pas encore une histoire de photos volées, ou quelque chose dans ce goût là, n'est-ce pas ?"

Hermione roula des yeux et posa une main rassurante sur le bras de son meilleur ami.

"Rien de tout ça. J'ai du travail, c'est tout. Je pars en Irlande demain, c'est beaucoup de préparation."

Harry n'en crut pas un mot mais, constatant que ce qui la rongeait n'avait pas l'air de l'accabler au point qu'elle ne puisse plus travailler... Il décida de laisser couler.

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Le jour du départ arriva finalement et, après avoir tout passé en revue une dernière fois avec Astoria, Hermione se rendit à l'aire de Portoloin la plus proche. Elle avait réservé pour 21h, se disant qu'ainsi elle éviterait de perdre une journée complète de travail. Ce fut donc dans la nuit, et sous une pluie glacée, qu'elle se précipita tête baissée pour éviter les gouttes. Elle pénétra le hall bondé en glissant un peu sur ses talons, et en lâcha sa valise qui s'affala dans un bruit sourd.

"Tiens, tiens... Hermione Granger, la héla une voix hautaine."

L'intéressée leva vivement la tête, et tomba nez à nez avec Théodore Nott. Il avait visiblement jugé utile d'enfiler une parka bordée de fourrure par dessus son costume, et portait un petit chapeau pointu d'un vert criard, ce qui lui donnait un drôle d'air. Le choc de le voir dans un tel accoutrement dépassa largement le choc simple qu'elle aurait dû avoir, après l'avoir perdu de vue pendant des années.

"Un coup de main ? offrit le jeune homme.

- Comme si quelqu'un dans ton genre proposait son aide gratuitement, le rabroua Hermione en redressant elle-même sa valise.

- Oh, je ne te proposais pas mon aide. Je te proposais celle de mon elfe, Igor."

La Gryffondor leva les yeux au ciel. Évidemment. Les Nott s'accrochaient à l'esclavage de ces pauvres créatures comme des moules à leurs rochers. Puis elle posa les yeux sur le dénommé Igor, qui était assis sur un banc et pianotait sur ce qui semblait être... un téléphone moldu ? La Gryffondor fronça les sourcils, et son étonnement augmenta au fur et à mesure de son examen.

Igor possédait des chaussures en cuir italiennes, une montre, et une parka qui n'avait rien à envier à celle de son maître. Il avait sa propre valise, et semblait revêtir le même désintérêt pour le monde que toute la clique de Sangs purs pour laquelle il travaillait.

"Il est trop occupé à jouer aux Sims, de toute façon, soupira Nott. Tu vas à Clare Island, toi aussi ?"

Hermione cligna des yeux rapidement pour revenir à la réalité.

"Comment ça, moi aussi ? répéta la jeune femme.

- Ta légendaire vivacité d'esprit a pris le large, ou quoi ? gloussa Nott en lui désignant le hall."

Sur la centaine de gens qui attendaient, la majorité portait le même chapeau pointu ridicule que lui. Certains avaient poussé le vice jusqu'à se munir de drapeaux verts, voire se vêtir en vert des pieds à la tête. Un groupe de jeunes chantait dans une langue qu'Hermione ne connaissait pas, mais qu'elle identifia comme du Gaélique. Elle avait fait suffisamment de recherches avant le départ pour reconnaître quelques lettres de cet alphabet si particulier, notamment grâce à Cormac qui lui avait expliqué quelques rudiments. Il n'avait absolument pas compris pourquoi elle s'entraînait à déchiffrer des runes pour un séjour de trois jours, mais il n'avait pas réussi à s'échapper à temps.

"Je ne pensais pas que tant de gens se mobilisaient pour une fête locale, dit Hermione laconiquement."

Nott éclata de rire comme si elle venait de faire une blague hilarante, et se mit à faire des signes de main pour alerter quelqu'un dans le dos de la jeune femme.

"Bon sang Drago, on part dans moins de deux minutes, t'étais passé où ? lança Nott."

Hermione sentit le sang affluer vers son visage et se retourna lentement, avec un mélange d'émotions indéterminées. Malefoy était là, dans le hall, avec un blouson en cuir et un de ces affreux petits chapeaux à la main. Au moins, il avait eu la décence de ne pas le mettre sur sa tête.

"Granger ? sursauta le blond en s'arrêtant d'un coup.

- Malefoy... Mais qu'est-ce que tu fais là ? demanda la jeune femme d'une voix blanche."

Elle ne savait pas exactement pourquoi elle était affolée de le voir là, après tout ils se côtoyaient depuis des semaines. Mais ils n'étaient pas en bons termes. Et il n'avait pas l'air ravi de la voir. Nott paru perplexe face à ce duel de regards silencieux, mais ne pipa mot. Il connaissait bien Drago, mais pour une fois, il n'arrivait pas à déchiffrer son expression ; il avait l'air à la fois survolté, et à la fois abattu.

"Je viens tous les ans depuis la fac, répondit-il abruptement.

- C'est notre tradition, ajouta Nott comme si ça faisait avancer la conversation.

- Oh... Moi, c'est la première fois que j'y vais, déclara Hermione d'une petite voix.

- On l'aurait deviné, cingla Malefoy avant de s'éloigner vers le portoloin.

- Euh... Tu... Tu pars seule ? s'enquit Nott, sans que la jeune femme ne sache s'il voulait faire la conversation, ou s'il attendait vraiment une réponse.

- Oui. C'est un déplacement de travail, je ne compte pas me balader avec un chapeau pointu et chanter des trucs folkloriques, répliqua Hermione."

Elle s'empara de sa valise et fonça vers le portoloin, en prenant bien soin de se positionner à l'opposé de Malefoy. Qui de toute façon, l'ignorait superbement. Il avait l'art et la manière de la faire se sentir mal à l'aise, et pas à sa place. Comme si elle envahissait SA petit île irlandaise de malheur, alors qu'elle s'y rendait pour travailler. Pas pour prendre des vacances avec un individu de la trempe de Nott.

Qu'importe ! Cette île faisait plus de quinze kilomètres carrés, ils ne se croiseraient pas. Le personnel leur indiqua qu'il était temps de toucher le portoloin, et quelques secondes plus tard il entra en action.

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Hermione marchait sur un chemin rocailleux, emmitouflée du mieux qu'elle pouvait dans son manteau. Comme tous les sorciers composant la file indienne, elle avait fait léviter sa valise. Tous semblaient très excités d'être là et un esprit festif régnait sur leur petit groupe. Malefoy et Nott, en tête du cortège, riaient aux bêtises du groupe de jeunes chanteurs qu'Hermione avait vu un peu avant. Elle buta sur une pierre et faillit s'envoler par dessus le parapet qui surplombait la falaise, mais personne ne sembla s'en apercevoir. Elle se sentait... déconnectée. Tous ces gens étaient plein d'entrain, heureux d'être ensemble, et elle... et bien, elle était seule. Elle aurait dû inviter Astoria avec elle, finalement, le travail aurait pu attendre.

Le groupe chemina dans une ambiance potache jusqu'aux lumières du village, et Hermione déplia le parchemin sur lequel Astoria lui avait indiqué sa feuille de route. Elle avait visiblement réservé un hôtel nommé "Le Leprechaun joyeux", ce qui arracha une grimace à la Gryffondor. Quel genre d'hôtel pouvait porter un nom pareil ?

Elle avait perdu un temps précieux à lire son parchemin, et le groupe avait déjà traversé la place du village pour s'engouffrer bruyamment dans un pub très animé. Hermione soupira, et partit à la rechercher du Leprechaun joyeux. Fort heureusement, le village était minuscule, et elle mit la main dessus en quelques secondes : l'hôtel se trouvait sur la même place, en face du pub bruyant.

"Grandiose, marmonna la jeune femme en se dirigeant vers une porte un peu vermoulue."

Deux lanternes qui dispensaient une lueur verte encadraient l'entrée, et elle frappa vigoureusement. Elle n'avait qu'une hâte : prendre un bain chaud, relire ses notes, et dormir. La porte s'ouvrit en grinçant, mais au lieu du vampire angoissant qu'elle s'attendait à voir, une petite dame replète apparut.

"Bonjour Miss, bienvenue au Leprechaun joyeux ! Je suis Michelle. Vous avez une réservation, j'espère ? Parce que ce week-end, tout est complet ! expliqua la dame en attrapant d'autorité la valise d'Hermione, qu'elle poussa à l'intérieur. Mettez-vous devant le feu, là, vous avez l'air drôlement gelée... C'est quoi, votre nom ?

- Granger. Hermione, ajouta la Gryffondor en étudiant discrètement les lieux."

La décoration était rustique, voire un peu branlante, mais l'ensemble était très chaleureux. Des tapis partout, des bibelots au goût douteux, des tableaux à l'effigie de Leprechaun, des napperons en dentelle, du bois foncé, partout... Hermione aurait pu se sentir oppressée, mais elle se sentit étrangement apaisée.

"Oh, oui, Hermione Granger, une chambre simple, pour trois nuits ! lança Michelle. Vous savez, Miss, je suis flattée que vous ayez choisi mon établissement pour votre séjour... C'est pas tous les jours qu'on a une grande dame comme vous, ici !

- Merci beaucoup, Michelle, je suis ravie d'avoir choisi le Leprechaun joyeux, répondit Hermione en essayant de ne pas réaliser à quel point cette phase était bizarre. Est-ce qu'il serait possible d'avoir une chambre qui ne donne pas sur la place ? J'ai le sommeil léger, et avec le pub..."

La dame lui jeta un regard circonspect.

"Personne vient trop ici pour dormir, mais je peux vous donner la 24 si vous voulez. Elle donne sur la cour. C'est en haut de l'escalier, sur votre droite !"

Hermione fronça les sourcils. Dans quel genre d'hôtel Astoria avait réservé ? Elle balaya une nouvelle fois la pièce à la recherche d'indices, mais ne trouvant pas d'éléments laissant penser que cet endroit était une maison de passe, elle se résolut à poser la question. Non sans crainte de la réponse...

"Mais... pour quoi les gens viennent ici, si ce n'est pas pour dormir ?"

Michelle éclata de rire, et lui tendit une clef. Décidément, depuis son départ de Londres, elle faisait tout un tas de blagues sans le faire exprès. Hermione attrapa la clef tendue avec appréhension, et s'autorisa quelques secondes de pause. Qu'avait-elle comme autre alternative ? Elle était au milieu de nulle part, alors s'il fallait qu'elle dorme dans une maison close, et bien soit. Elle n'aurait qu'à jeter quelques sorts désinfectants. Insonoriser. Ne pas regarder dans les yeux les éventuelles personnes dénudées qu'elle pourrait croiser. Tout compte fait, rien n'était perdu.

Son court moment de blocage au milieu du hall lui valut un regard curieux de Michelle, qui se demandait ce que cette Hermione Granger avait contre son hôtel. Mais elle fut vite rassurée : la Gryffondor ferma ses doigts autour de la clef, fit léviter sa valise, et s'engouffra d'un pas hésitant dans l'escalier qui menait aux chambres. Hermione posait un pied après l'autre avec précaution, regardant autour d'elle à intervalles réguliers. Si jamais un Leprechaun nu surgissait au détour d'une porte, elle était prête à fermer les yeux et à courir.

Fort heureusement, elle n'eut pas à en passer par là puisqu'elle trouva la porte de sa chambre, y enfonça sa clef avec précipitation, et entra. La pièce était de taille raisonnable, mais elle était tellement encombrée qu'il était difficile d'y circuler. La jeune femme trébucha sur un guéridon rococo, et sa valise s'écrasa au sol dans un bruit sourd. Voilà qui commençait bien. Hermione s'assit sur l'imposant lit recouvert d'un édredon en tweed, et entama son examen de la pièce. Une commode chargée de bibelots, un miroir tâché, une causeuse d'un autre âge, une penderie dans laquelle trônait un peignoir et des chaussons vert fluo... Même le bureau, meuble le plus important d'une habitation selon Hermione, était surchargé de décoration variée. Elle se leva pour soulever une figurine de nain barbu, et sursauta lorsqu'il se mit à gigoter en riant. Après un inévitable sursaut, elle le reposa vivement.

Où était-elle tombée ? Là, vraiment, Astoria allait l'entendre. Et comme si ça ne suffisait pas, elle entendait distinctement des gens chanter dans la soit disant cour silencieuse.

Irritée, Hermione se précipita sur la fenêtre, et l'ouvrit en grand pour demander à ces énergumènes de la fermer. Malheureusement, le timing n'était pas son fort : elle eut à peine ouvert le battant qu'un ballon vert fluo explosa en plein sur sa poitrine.

"ESPÈCES DE SAUVAGES ! hurla Hermione, hystérique, en se penchant par la fenêtre.

- Oh ! Pardon madame ! On s'entraîne pour demain, on ne voulait pas vous viser ! Ça va ? demanda une voix perchée d'enfant."

Trois garçons d'une dizaine d'années, baguettes à la main, tentaient de faire léviter une multitude de ballons. Et Hermione sentit un liquide tiède couler sur sa poitrine, s'infiltrer dans son manteau, rouler sur son ventre. Paniquée, elle se palpa rapidement.

"Mais qu'est-ce qu'il y a, dans ces foutus ballons ? s'écria-t-elle.

- C'est de la bière madame ! C'est rien ! répondit un des enfants.

- C'est RIEN ? beugla la jeune femme. Vous jouez avec de l'alcool à l'aide de vos baguettes magiques ? Vous savez que vous enfreignez deux lois du code de la sorcellerie ? Vous voulez être renvoyés de Poudlard ? VOUS AVEZ DIX ANS !"

Un bruit de cavalcade effrénée lui répondit. Ils avaient pris la fuite, ces petites pestes.

Hermione rabattit sa fenêtre brusquement, et s'empressa de se débarrasser de ses vêtements, qu'elle jeta à terre en maugréant. Ce voyage était déjà un cauchemar, et cela ne faisait qu'une petite demie heure qu'elle était arrivée. Elle dormait dans un bordel, elle était couverte de bière, tout ça sur une île quasi déserte où elle ne connaissait personne si ce n'était deux Serpentard qui lui voulaient du mal. Non, vraiment, elle sentait qu'elle allait pouvoir se détendre à Clare Island.


Est-ce que vous aussi, vous rêvez d'aller sur cette île formidable ?

Théodore Nott est enfin arrivé, j'espère que tout le monde est aussi ravi que moi... Et j'attends avec impatience vos retours au sujet de Drago (et de Laura).

Merci de continuer à me lire, on se retrouve très vite pour le prochain chapitre :)

Et j'en profite pour remercier ici les revieweurs/revieweuses qui ne sont pas identifiés : Nanapanda, pour tes commentaires en live qui m'ont faire sourire, Drou, pour ta lecture assidue et ton enthousiasme, Cam/Camille (es-tu la même personne ?), et cxndrey qui est impatiente mais tellement gentille que je lui pardonne.

Continuez, vous êtes supers !