Chapter 14 - Cauchemar à Clare Island
Hermione passa une nuit épouvantable. Comme elle s'était couchée furieuse, après avoir bombardé la pièce de sorts désinfectants, elle avait eu du mal à trouver le sommeil. Les cris, les chants, les conversations bruyantes des gens éméchés n'avaient pas arrêté de la tirer du sommeil. Elle avait imaginé les étrangler tous un par un, hésitant à sortir dans sa parure peignoir-chaussons à carreaux verts fluo pour pourfendre ces mal élevés.
Mais elle avait pris sur elle, elle n'avait pas quitté ses couvertures qui la grattaient, et s'était contentée d'insonoriser la pièce.
Lorsque le jour se leva, elle s'obligea à poser le pied droit au sol en premier, histoire de ne pas repartir sur une journée comme celle de la veille. Elle devait se raisonner : certes, le démarrage avait été compliqué, mais c'était à elle d'inverser la tendance. Elle allait répandre la bonne humeur sur cette île, profiter des paysages, voir la vie du bon côté. Elle se doucha en chantonnant, se forçant à fredonner une mélodie joyeuse plutôt que la marche funèbre. Aussi, lorsqu'elle descendit prendre son petit-déjeuner, elle se sentait d'une humeur conquérante.
Elle mentit à Michelle lorsqu'elle lui demanda si elle avait bien dormi :
"Oh oui, divinement bien."
Elle mentit également lorsqu'elle lui demanda si elle appréciait son thé beaucoup trop infusé :
"Ces arômes sont délicieux, Michelle."
Elle alla même jusqu'à bavarder avec les quelques fêtards déjà réveillés à cette heure si matinale, elle feignit de ne pas remarquer le distributeur à préservatifs moldus qui trônait en plein milieu de la pièce, et elle ne fit aucun commentaire quand un des fêtards se leva accompagné d'une dame peu vêtue qu'il venait à peine de rencontrer.
Puis elle déplia la feuille de route préparée par Astoria, et sortit sur la petite place pour se repérer. Elle devait à présent trouver la mairie, ce qu'elle fit sans aucune difficulté puisque cette dernière était, pour changer, située autour de la même petite place que le pub et l'hôtel.
La matinée se passa beaucoup mieux que son arrivée : le maire du village l'attendait avec une délégation de représentants de l'île, tous plus jeunes et vigoureux que les autres, et tous enchantés de la voir. Ils la couvraient de louanges, ce qui la gêna prodigieusement, puis très vite ils parlèrent des problématiques de leur île, de l'isolement, de l'absence de réaction du gouvernement sorcier face à leurs demandes. Hermione eut beau leur expliquer qu'elle n'était pas leur députée, qu'ils en avaient élu un autre dans cette région, ils s'en moquaient royalement. Et pour cause : leur député, c'était le frère de Dumbledore. Alias le fantôme du Parlement. Il était si absent et inutile qu'il avait fallu qu'Hermione vienne jusqu'à Clare Island pour apprendre que c'était là qu'il avait été élu.
Elle écouta donc patiemment leurs problématiques, prenant des notes, et se promit d'en parler avec Abelforth.
Puis, aux alentours de treize heures, ils la convièrent à manger à "la meilleure table de la région", et la jeune femme se mit à appréhender. A raison. Ils traversèrent l'éternelle place en petit groupe pressé, et pénétrèrent dans une taverne.
"C'est très pittoresque, dit Hermione en essayant de masquer le fait que les semelles de ses chaussures restaient engluées sur le sol."
Le maire et son équipe de jeunes roux athlétiques s'esclaffèrent, et commencèrent à s'installer sur des bancs, disposés autour d'une grande table. Mais Hermione resta debout, non pas parce qu'elle craignait de tâcher sa jupe avec les résidus de bière qui gouttaient un peu partout, mais parce qu'une tête blonde bien connue venait de se retourner à leur entrée.
Malefoy, l'être le plus distingué de la création, était juché sur un tabouret de bar, accoudé au comptoir de l'établissement le plus crasseux de toute la Grande-Bretagne. Peut-être qu'Hermione aurait pu, en d'autres circonstances, être soulagée de croiser un soutien. Mais vu l'état actuel de leurs relations, cela ne fit que lui ajouter une dose de stress. Il pivota complètement pour lui faire face, et après un étonnement non contenu, il esquissa un petit sourire en coin.
"Tu t'es perdue, Granger ? s'enquit-il en soulevant sa bière pour trinquer dans le vide avec une certaine ironie.
- Je peux te retourner la question, grogna Hermione."
Plantée sur ses talons, les deux pieds bien serrés, et son sac à la main, elle avait l'air égarée et apeurée. Alors qu'entre eux deux, c'était elle l'aventurière. C'était elle, qui avait campé dans une forêt hostile avec Harry pendant des mois. C'était elle, qui avait rampé dans la boue, dans le sang, dans les pierres. C'était elle qui avait pris des risques. Tout cela la percuta de plein fouet sous le feu du regard goguenard de Malefoy. Elle se sentit d'autant plus ridicule, et humiliée. A quel moment était-elle devenue une midinette pareille, et que faisait-elle en talons aiguilles dans un village irlandais perdu en mer ? Elle eut soudain envie de se gifler.
Alors, elle balança son sac nonchalamment sur le banc, en priant pour qu'il n'entre pas en contact avec une quelconque tâche non identifiée.
« Excusez-moi, j'ai quelque chose à faire, lâcha-t-elle. »
Une lueur de défi passa dans ses yeux. Elle s'avança vers Malefoy, qui changea aussitôt d'expression. C'était à lui d'avoir l'air égaré. Mais elle le contourna, et se planta devant le barman.
« Une pinte, je vous prie. »
Elle serait bien allée jusqu'à s'accouder au comptoir, mais elle n'osa pas prendre de tels risques. Même Malefoy avait retroussé les manches de son pull, et avait posé son coude sur un sous-boc.
« Granger, qu'est-ce que tu fabriques ? T'es en campagne ? Ne te méprends pas, j'approuve ton ambition, mais tu ne peux pas être élue deux fois en même temps, à deux endroits différents. Tu comprends ? vérifia Malefoy en adoptant un ton de maîtresse d'école.
- Je bois une pinte. Voilà ce que je fabrique. Et toi ? répliqua la jeune femme en saisissant son énorme verre de bière.
- Euh… pareil. Je viens noyer mes soucis sur cette île depuis que je suis en âge de transplaner. »
Le blond avait replongé son regard dans son verre, comme si tout à coup le liquide était devenu fascinant. Cette confession sarcastique déstabilisa Hermione, qui était partagée : elle sentait qu'il ne plaisantait pas vraiment, mais ne comprenait pas pourquoi il mentionnait ses problèmes de but en blanc. Encore moins à elle. Elle, qu'il détestait.
Dans le doute, elle choisit de lui tendre la main. Tant pis s'il la mordait.
« Quels soucis ? »
Malefoy lui jeta un regard en coin, et soupira.
« Tu ne te rends pas compte du poids qui pèse sur les épaules des personnes comme moi. Cette pression constante, les gens qui attendent de te voir chuter.
- Oh, Malefoy…
- C'est si dur d'être si beau ! la coupa le blond. Partout où je vais, je suis le centre de l'attention. »
Il baissa un peu la tête pour mimer la peine, mais ne réussit pas à se contenir plus longtemps, et se mit à pouffer. Très fier de lui, il se tourna vers sa voisine et jaugea sa réaction. Étrangement, Granger le dévisageait, mais sans animosité. Elle avait juste l'air blasée. Et vaguement amusée. Il réalisa qu'elle avait le même regard bienveillant que Pansy lorsqu'elle apprenait leurs frasques, à lui et à Blaise. Elle ne s'énervait plus contre lui, ne démarrait plus au quart de tour, et ça le contraria profondément.
« Tu devrais rejoindre tes amis, suggéra Malefoy en finissant le reste de sa pinte cul sec.
- Tu veux… te joindre à nous ? proposa Hermione, qui prit sur elle pour ne pas reculer face à la froideur du Serpentard.
- Je connais ta passion pour les rouquins. Je ne voudrais pas gâcher ton coup avec eux. Bon appétit, Granger ! »
Malefoy bondit de son tabouret, enfila sa parka, et disparut aussi vite qu'il lui était possible de le faire. Elle resta quelques secondes immobile, bras ballants. Quelle mouche l'avait piqué pour qu'il passe de la plaisanterie à l'agacement aussi vite ? Puis le gang des rouquins l'appela, et elle se résolut à les rejoindre pour déjeuner.
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Elle regagna sa chambre en milieu d'après-midi, un peu ivre, et s'effondra sur son lit après avoir jeté la plupart de ses vêtements par terre. Elle était prête à s'y endormir sans plus de cérémonie, lorsque des coups retentirent contre sa porte. Hermione enfila donc son immonde peignoir vert fluo, et alla ouvrir. Mais ce n'était pas Michelle qui se tenait face à elle : c'était Théodore Nott. Et son petit chapeau vert, qui avait été un peu cabossé par la soirée de la veille.
"Euh... A quel moment tu as décidé d'envoyer balader ta dignité ? se renseigna le Serpentard en la détaillant des pieds à la tête."
Hermione se contenta de soupirer, et c'est là qu'il fronça les sourcils.
"Serais-tu bourrée, Granger ?
- Pas du tout, objecta Hermione en secouant la tête.
- Bien, dans ce cas, tu ne verras pas d'objections à venir boire un verre avec moi."
La jeune femme retint un hoquet de surprise, ne sachant comment interpréter cette invitation. Pourquoi Nott, qu'elle n'avait jamais fréquenté de près ou de loin, voulait l'inviter ainsi ?
"Fais pas cette tête, c'est pas un rencard. Je voudrais juste qu'on parle, on va quand même être amenés à bosser ensemble dans les mois à venir. Et puis, on est ici, autant profiter des bars et de la fête, non ? expliqua le jeune homme.
- Il est 16h, Nott.
- Et alors ? Enfile une tenue un peu moins ridicule je te prie, je t'attends en bas. Michelle a un faible pour moi et me donne tout un tas de biscuits. Tu as dix minutes !"
Et il repartit en sifflotant, ne lui laissant pas le choix. De toute façon, la curiosité d'Hermione était piquée : depuis quand elle devait collaborer avec cet individu, et pendant des mois qui plus est ? Malefoy avait vraisemblablement préparé un autre de ses coups tordus, et il fallait encore une fois qu'elle y mette de l'ordre. Elle s'habilla donc, mais cette fois de manière moins guindée : elle enfila un jean et un pull, chaussa des bottines plates, et descendit en essayant de ne pas rater de marches.
"Ah, voilà la plus belle ! lança Michelle lorsqu'elle arriva dans le hall.
- Où ça ? fit mine de demander Nott alors qu'il fixait Hermione.
- Et bien jeune homme, vous avez des leçons à apprendre sur la façon de séduire une dame, le rabroua Michelle en retirant vivement l'assiette de biscuits qui trainait sous le nez de Nott."
Ce dernier s'esclaffa et se leva, tendant son bras à Hermione pour qu'elle s'accroche à lui. Ce qui était, bien entendu, totalement hors de question. Elle ne marchait pas très droit, mais ce n'était pas une raison pour entrer en contact avec ce goujat. Aussi, elle lui octroya une petite tape dédaigneuse et s'élança seule au dehors. Il fut donc obligé de cavaler pour la suivre.
"Granger, ne sois pas d'aussi mauvaise humeur. C'est parce que tu t'es disputée avec Drago, que tu as décidé de te mettre minable ?
- Je ne me suis pas disputée avec Malefoy, grogna Hermione.
- Vous êtes deux gros menteurs. Je sais que vous êtes en pleine guerre froide, ça se voit comme le nez au milieu de la figure. Mais si tu ne veux pas en parler toi non plus, allons nous installer au pub, et mettons les choses au clair sur notre travail. Mais avant, j'aurais une petite question. Que fait Hermione Granger dans un hôtel de passes ?"
Hermione s'arrêta net, et lui fit face. Mais ce qui l'avait interpellée, ce n'était certainement pas les particularités de cet hôtel.
"Quel travail, Nott ? Tu es journaliste, non ? Pourquoi diable travaillerais-je avec toi ?
- Drago était censé te parler de ça cette semaine, mais j'avais l'intuition qu'il ne l'avait pas fait. Il est trop occupé à bouder. Bon, on s'assoit ?"
Il ouvrit la porte du pub et lui fit signe d'y d'entrer, visiblement pressé d'exposer ses idées. Et Hermione, qui sentait que quelque chose de gros se tramait, n'eut d'autre choix que d'entrer et d'aller s'asseoir sur une des banquettes libres. Elle repéra au fond de la salle le groupe de villageois avec qui elle avait déjeuné peu avant, mais baissa la tête pour ne pas entrer en contact avec eux. Elle ne faisait pas suffisamment confiance à son foie pour entamer une discussion avec eux, qui se terminerait invariablement par une tournée de pintes.
"Bon, j'ai commandé deux thés, ça te fera du bien, décréta Nott en s'asseyant face à elle.
- Oh... Merci, souffla Hermione, agréablement surprise par sa sollicitude."
Le Serpentard s'assit face à elle après avoir retiré son manteau, et fit apparaitre un dossier épais d'un coup de baguette. Ça, c'était quelque chose qui parlait à Hermione.
"J'avais pas prévu de te rencontrer maintenant, et encore moins ici, mais finalement c'est très bien, commença Nott en faisant glisser le dossier vers son vis-à-vis. Avec Drago, on a eu cette idée bien avant qu'il soit élu, mais pour la mettre en œuvre il fallait d'abord que j'obtienne un poste sur une grosse chaîne de télévision. Maintenant que c'est chose faite... Voilà, l'idée c'est que je réalise une série de documentaires et d'interviews des Non-alignés. En mode "coulisses du pouvoir", tu vois."
Hermione hocha la tête sans lever les yeux de la pile de parchemins devant elle. Des graphiques, des tableaux, des listes, tout ce qu'elle chérissait. Ses yeux scannaient les informations à tout vitesse, et ce malgré son taux d'alcoolémie. Nott avait très bien préparé sa démonstration, c'était évident.
"Le truc, c'est qu'on ne veut pas faire du documentaire ringard et superficiel, où vous débiteriez des platitudes sur la politique et votre engagement. Le ton sera plus... en off, tu vois. On filmera votre quotidien, les moments de rigolade, les engueulades, les débats houleux, tout. Pour montrer aux électeurs comment ça se passe vraiment derrière, qu'ils se sentent proches de leurs élus.
- Euh... Nott, tu veux faire une télé-réalité politique ? Parce que c'est hors de question qu'une caméra entre dans ma vie personnelle, s'exclama Hermione en repoussant un parchemin qui listait les lieux de tournage possibles."
Nott haussa les épaules, pas franchement surpris par son refus. Il savait qu'elle n'allait pas être facile à convaincre, mais c'était capital qu'il réussisse à la rallier à leur cause. Les députés l'écoutaient, et la respectaient. Si elle marchait avec eux, ils suivraient, c'était certain. Alors, qu'ils le veuillent ou non, Malefoy et lui se devaient de travailler main dans la main avec elle. Au sens figuré, évidemment...
"On n'a pas encore fixé les détails des tournages, mais je note ton objection, dit Nott, conciliant. Le but, c'est vraiment de se rapprocher du public, et de lui montrer que vous êtes vraiment au travail, que vous êtes des vraies personnes, et que vous ne mentez pas contrairement à ce qu'ils pensent des politiques.
- Sur le principe, pourquoi pas... Mais je suis pas sûre qu'on obtienne cet effet là en nous filmant en continu. Personne ne se comportera vraiment naturellement, et puis ce serait encore pire si ça arrivait ! Imagine que le public découvre Parkinson en train d'insulter la planète entière, Malefoy être condescendant avec les plus modestes, Zabini sauter sur tout ce qui bouge, Flint tenir des discours homophobes... Je suis pas sûre qu'il faille tout montrer de nous...
- Je te rassure tout de suite, il y aura du montage. On pourra couper, refaire des scènes, enfin on aura un contrôle total sur ce que vous voulez montrer ou non. L'idée c'est de maîtriser totalement votre communication, justement. On crée le contenu qu'on veut, et on le diffuse en toute connaissance de cause.
- Mais du coup, ça ne va pas à l'encontre du principe de base de l'émission ? On est supposés montrer notre vrai visage, et si on écrit des scénarios qui nous arrangent... Enfin, c'est de la manipulation du coup. Non ? fit mine de vérifier Hermione, alors qu'elle connaissait parfaitement la réponse."
Nott accusa le coup, mais visiblement il s'y était préparé. Il prit son temps pour répondre, attendant que le serveur ait fini de poser leurs tasses de thé sur la table.
"On n'écrira pas de scénarios, on choisira juste des moments qu'on souhaite montrer au public. Il faut que ces moments soient représentatifs d'une réalité, ça les rendra vrais, même si c'est pas forcément spontané. Par exemple... Et bien, on décidera de filmer une pause café, on réfléchira aux sujets qui pourraient y être abordés, et on tournera une fois le contenu préparé. Bien sûr, tout ce que je te dis là, c'est uniquement dans le cas où on manquerait de contenu disons, décent. Je pense qu'on aura pas besoin de faire ça, on aura suffisamment de matière en vous regardant travailler. Vous n'aurez pas à jouer de rôle, en aucun cas."
Pas totalement convaincue, Hermione continua à étudier le dossier de Nott, qui ne s'impatienta pas. Il se contenta de verser un nuage de lait dans son thé, et de le touiller en évaluant la Gryffondor en toute discrétion. Il comprenait parfaitement qu'elle puisse agacer, mais elle était consciencieuse et honnête, et c'était le prix à payer que de devoir déployer des trésors de persuasion pour l'amener à s'engager. Si Drago semblait au bout de sa patience avec elle, lui, il ne voyait absolument pas le problème : elle était raisonnable et cartésienne, lui aussi, ils pouvaient donc s'entendre, et ce même si ça prenait des heures. Il la trouvait même nettement moins irritante qu'à Poudlard. Peut-être qu'il lui pardonnait plus facilement son attitude parce qu'elle était devenue beaucoup plus séduisante, ce qu'il reconnaissait sans problème. Il avait plus de facilité à écouter une belle femme débiter des bêtises, qu'un cageot avec un esprit brillant qui parlait de physique quantique. Nott avait conscience d'être un connard. Mais un connard honnête. Et Granger était parfaitement à son goût.
"J'ai besoin de temps pour réfléchir, lâcha Hermione en lui jetant un regard inquiet."
Pourquoi est-ce qu'il la dévisageait de cette façon ? Elle était à deux doigts de se sentir mal à l'aise.
"Tu peux garder le dossier, Igor en a fait une copie, déclara Nott.
- Oh ! Dis-moi Nott, c'est peut-être indiscret mais... quel est le rôle d'Igor, exactement ?
- Déjà, tu pourrais commencer par m'appeler Théodore, ça t'autoriserait à poser des questions indiscrètes, lança le Serpentard avec une œillade séductrice.
- Théodore. Très bien. Et donc, Igor ? reprit Hermione sans se laisser distraire."
Nott mit de côté son égo blessé par cet échec, et but une gorgée de thé.
"C'est mon assistant. Il gère mon agenda, il coordonne mes équipes. Ne fais pas cette tête, s'il a autant de responsabilités, c'est parce qu'il a un bachelor en management. Je ne lui confierais pas de tâche si centrales s'il n'avait pas un solide bagage.
- Ton elfe a un bachelor en management, répéta bêtement Hermione.
- Dis donc, tu parles d'une progressiste... Pourquoi les elfes ne pourraient pas faire de grandes écoles ? ricana Théodore.
- Aucune raison. Je suis surprise, c'est tout."
Hermione se frotta le front, atteinte par un début de migraine. Elle avait fini son thé, mais ne se sentait pas mieux pour autant.
"Il faut soigner le mal par le mal, Hermione."
Théodore se leva et fila en direction du bar, d'où il revint avec un pichet de bière et deux choppes. Tout ça ne s'annonçait pas très bien.
"Bon, maintenant qu'on a parlé boulot, dis m'en plus sur toi, suggéra le Serpentard en s'installant confortablement sur la banquette, à quelques centimètres de la jeune femme.
- Sur moi ? Qu'est-ce que tu veux savoir ? s'inquiéta Hermione.
- Ce que tu es devenue depuis Poudlard, tiens ! Alors certes, tout le monde sait que tu es la femme politique préférée des sorciers britanniques, mais qu'en est-il de ta vie privée ?"
Hermione attrapa la choppe qu'il lui tendait et se contenta de sourire.
"Ma vie privée est privée, justement. Ne crois pas que je vais raconter quoi que ce soit à un journaliste.
- Oh, méfiante, donc..."
Il re-tenta le coup de l'œillade séductrice, mais Hermione ne le regardait même pas. Elle fixait la porte du pub avec la bouche à demi-ouverte, comme si elle s'attendait à ce que quelque chose la heurte en pleine figure. Vexé mais un peu interpellé, il se retourna.
"Oh, Drago... T'as enfin décidé de te lever ? lança Théodore en lui faisant signe de les rejoindre."
Le blond sembla hésiter, mais vint s'asseoir en face d'eux. Son regard alla d'Hermione à Théodore, assis sur la banquette, puis il dévia sur les choppes de bière, et fronça les sourcils. Sans répondre, il se débarrassa de son manteau et se passa une main dans les cheveux pour y remettre de l'ordre. Tout ça alors qu'ils étaient, comme toujours, savamment coiffés.
"Ils débarquent dans quelques heures, je ne voulais pas rater ça, expliqua-t-il.
- Qui ça ? se renseigna Hermione."
Les deux garçons lui lancèrent un regard stupéfait et, gênée d'être visiblement la seule à ne pas être au courant d'une évidence, elle rougit.
"Mais Hermione, pourquoi est-ce que tu es venue exactement ? demanda Nott, sincèrement perplexe.
- J'ai été invitée par le conseil de l'île. Pour résoudre des problèmes politiques. Et j'imagine que ça leur faisait plaisir que je leur rende visite pour leur petite fête.
- Leur petite fête ? On parle du plus grand rassemblement d'Irlande quand même... expliqua Malefoy.
- Hein ? s'étrangla Hermione, outrée qu'une telle information ne soit pas apparue dans ses recherches poussées.
- Les fêtes de Clare Island sont réputées dans le monde entier, reprit Nott. Tous les sorciers irlandais du monde rentrent exprès. Ils devraient commencer à arriver dès ce soir. Pour la parade d'ouverture. Il va y avoir une foule dans les rues, tu ne reconnaitras plus le village. T'as pas vu les immenses tentes installées à la sortie ?"
Estomaquée par ce flot d'informations, Hermione écarquillait deux yeux ronds. Bien sûr que non, elle n'avait rien remarqué, rien vu, rien compris. Elle n'avait même pas pris la peine de visiter le village, ce qui ne lui ressemblait pas. Elle s'était braquée dès son arrivée, et n'avait pas perçu l'effervescence qui régnait. Pourtant, ce n'étaient pas les indices qui manquaient : les chants, les chapeaux, le monde au pub, les enfants qui gonflaient des ballons, l'hôtel complet...
"Je me sens parfaitement stupide, reconnut-elle à voix haute avant de boire plusieurs gorgées de bière.
- C'est une première, ne put s'empêcher de signaler Malefoy."
Elle ne répondit pas à cette énième pique, et il se renfrogna d'autant plus. Elle le ménageait. Et ça, c'était insupportable pour lui. Il était à deux doigts de s'emporter contre elle et sa gentillesse dégoulinante, mais Nott attrapa son chapeau pointu et le dupliqua d'un coup de baguette.
"Tiens, mets ça, proposa Nott en tendant à la jeune femme le chapeau vert. Tu te sentiras plus dans l'ambiance."
Il posa le couvre-chef sur la tête bouclée de la Gryffondor, qui se laissa faire, et alla jusqu'à replacer une de ses mèches de cheveux qui voletait en travers de son visage. Granger ne protesta pas, et Malefoy déglutit. Depuis quand ces deux-là étaient-ils devenus si complices ?
"Je suppose que je dois te remercier, Théodore, lâcha Hermione qui n'osait pas imaginer sa dégaine avec cet immonde chapeau."
Oh, et elle l'appelait par son prénom. Rien que ça. Malefoy plissa les yeux.
"Allez, slawn-cha ! s'exclama Théodore en levant sa choppe."
Les occupants du pub, qui n'attendaient que ça, reprirent en chœur d'un coup, ce qui résonna comme un signal. Un groupe entama un chant traditionnel, tous tapaient en rythme sur les tables, et le barman offrit une tournée générale. Dépassée, Hermione se mit à rire et imita les autres en levant sa choppe. Une chaleur réconfortante l'envahit, et pour la première fois depuis son arrivée sur l'île, elle se sentit bien. A sa place.
C'est alors qu'elle croisa le regard métallique de Malefoy, qui visiblement en avait assez de l'ignorer ostensiblement. Il la fixait avec un tel ressentiment, que le sourire d'Hermione se fana. Ils étaient les deux seuls à être figés au milieu d'une ambiance digne d'un stade. Le blond ne bougeait pas d'un pouce, se contentant de darder sur elle ses yeux qui avaient viré au noir. Quelques jours auparavant, Hermione aurait soutenu ce regard agressif et lui aurait envoyé une pique bien sentie. Là, non seulement elle baissa les yeux, mais en plus elle sentit quelque chose remuer en elle. Comme une tristesse profonde, qui l'atteint avec vivacité. Cette sensation était si profonde qu'elle commença à paniquer. Et si elle se mettait à pleurer ? Affolée, elle réalisa qu'à la seconde où elle avait songé à cette possibilité, des larmes avaient empli ses yeux, et obstruaient sa vue. Elle devait sortir d'ici, et vite.
Elle bondit sur ses pieds et fendit la foule bruyante en direction de la porte, bien décidée à ne pas s'afficher en public en larmes, et encore moins à cause de cet imbécile de Malefoy. Elle ne s'était jamais sentie aussi faible et ridicule !
Elle parvint à pousser la porte et s'arrêta à quelques mètres de l'entrée, essoufflée, et sous le choc de ce qui venait de se produire. Que venait-il de lui arriver ? Elle s'obligea à prendre une grande respiration, et sécha ses larmes avec un geste rageur.
"Granger ? résonna une voix irritée."
Hermione hésita entre se retourner ou partir en courant. Elle ne se sentait pas vraiment en état pour une confrontation.
"Granger, t'en as pas marre de fuir ? insista Malefoy."
Oh... Fuir, vraiment ? La jeune femme pivota sur ses bottines, prête à lui rentrer dedans. Quel toupet ! Il la forçait à partir en étant désagréable et l'accusait ensuite de le faire. Elle était lasse de se battre contre lui et d'encaisser. Elle avait fait le dos rond comme Zabini le lui avait demandé, elle avait patiemment attendu, et la situation n'avait fait que se dégrader. Plus elle courbait l'échine, plus il était furieux contre elle.
Mais dès qu'elle posa les yeux sur lui, son énervement retomba légèrement, aussi vite qu'il était arrivé. Il était planté devant la porte, le manteau d'Hermione et son sac à main sur le bras, le front barré d'un pli soucieux. On ne pouvait pas dire qu'il avait l'air avenant, mais il semblait moins prêt à la trucider que quelques secondes auparavant.
"Tiens, cracha-t-il en lui jetant son manteau."
Elle le saisit au vol par réflexe. Comme il restait quelqu'un de bien élevé, il n'alla pas jusqu'à propulser le sac à main de la jeune femme de la même façon. Dans une impasse, il se résolut à marcher vers elle et le lui tendit d'un geste maladroit. Il avait l'air de ne pas trop savoir quelle attitude adopter, alors dans le doute il lui jeta un regard malveillant.
"J'en ai assez, Malefoy, dit tout à coup Hermione."
Le bras du blond retomba le long de son corps, le sac pendant au bout. Alors ça, ce ton calme, et cet air résolu, il ne s'y attendait pas.
"J'en ai assez, répéta la jeune femme froidement. Tu te comportes comme un sale gamin pourri gâté. Je préférais encore que tu m'ignores, plutôt que tu me regardes avec cet tête d'hippogriffe agressif. Tu souffles le chaud et le froid, tu malmènes tout le monde, tu te prends pour un fin stratège, mais la vérité c'est juste que t'as un horrible caractère. T'es détestable. Et méchant. Tu sais quoi, va te faire foutre."
Elle ne bougea pas pour autant, et constata que Malefoy restait de marbre. A peine un tressaillement. C'était presque comme s'il se réjouissait de la voir l'insulter.
"Tu ne vas même pas te donner la peine de me répondre ? s'agaça Hermione.
- Mets ton manteau, tu grelottes, lâcha Malefoy comme s'il n'avait rien entendu de tout ce qu'elle venait de lui dire.
- Pardon ? sursauta la jeune femme en sentant un rire nerveux arriver. Non mais, je rêve là..."
Il continua à la regarder d'un air impénétrable, pas franchement ébranlé qu'elle lui ai dit d'aller se faire foutre.
"Oh mais je vois très bien ce que tu essayes de faire ! Tu joues avec moi, comme tu joues avec tout le monde. Tu me pousses à bout parce que t'es un sale sadique manipulateur. Et maintenant tu espères que je vais faire une crise de nerf. Je te donnerai pas cette satisfaction ! Et puis tant qu'on y est, je vais aussi te dire un truc : je suis désolée d'avoir parlé de prison pour mineur. Je ne savais pas pour toi, et je n'aurais jamais été aussi indélicate si j'avais eu connaissance de cette période de ta vie. Si tu t'étais posé deux minutes pour y penser, tu l'aurais compris tout seul. Continue à me mettre la misère si tu veux, mais j'en assez de m'écraser face à tes petites crises. C'est terminé."
Elle releva le menton, et se décida à enfiler son manteau parce que, oui, effectivement, elle avait froid.
"T'as fini ? demanda Malefoy sans aucune émotion.
- Ne sois pas si condescendant. T'es vraiment pas en position de le faire, là.
- Je t'offre une pinte, il annonça."
Cette-fois, elle n'arriva pas à retenir un éclat de rire hystérique. Ce type était complètement cinglé.
"Non, je n'en veux pas. Au cas où tu n'aurais pas compris, je ne veux rien venant de toi. Et je m'en vais, dit-elle en pointant du doigt son hôtel de Leprechaun.
- Oh ça va, Granger, soupira Malefoy en levant les bras, ce qui agita le sac à main de la jeune femme puisqu'il le tenait toujours.
- Mais non, ça ne va pas ! objecta Hermione d'une voix aiguë. Qu'est-ce que tu veux, à la fin ?
- Boire une pinte avec toi, répondit-il comme si c'était simple.
- Et bien moi, pour toutes les raisons que j'ai données à l'instant, je ne veux pas.
- Permets-moi d'insister.
- Mais NON Malefoy, qu'est-ce que tu… Oh, ça suffit ! craqua Hermione. »
Elle lui fonça dessus, arracha son sac de ses mains sans qu'il ne résiste, et lui tourna le dos pour retrouver son Leprechaun joyeux. Tout à coup, elle avait hâte de rejoindre sa chambre moche et son peignoir vert fluo. Elle traversa donc la place, et réalisa au léger bruissement derrière elle que Malefoy était en train de la suivre. Il marchait sur ses talons.
« Mais c'est une blague ?! s'exclama-t-elle. C'est du harcèlement !
- Ah oui, tout à fait.
- Pourquoi tu me colles, tout à coup ? Tu m'évites depuis des jours !
- Toi aussi, tu m'as évité toute la semaine.
- Je te laissais du temps et de l'espace pour que tu digères, se justifia Hermione.
- Eh bien, j'ai digéré c'est bon. »
Hermione en lâcha son sac par terre. Il fit son atterrissage dans une flaque composée d'un mélange de pluie et de bière, et elle lâcha un juron.
« Je te rachèterai un nouveau sac, dit Malefoy en levant les yeux au ciel.
- Est-ce que tu as pris des substances ? Tes propos n'ont aucun sens…
- Je suis parfaitement lucide. Ce n'est qu'un sac. Disons que ça sera une réparation pour mon attitude exécrable de ces derniers jours. »
Hermione arrêta d'essuyer son sac à coup de sorts, et le regarda dans les yeux pour la première fois depuis un bon moment. Il avait l'air calme, et étrangement sincère. Il avait glissé ses mains dans les poches de son manteau, et attendait qu'elle accepte ses excuses non formulées.
« Tu reconnais avoir été stupide, injuste et odieux ? »
Malefoy hocha la tête et une de ses mèches blondes bascula sur son front. Il la replaça d'un bref mouvement de tête, et Hermione se maudit de sentir son énervement s'envoler. La pluie se remit à tomber, c'était un léger crachin glacé. De petites gouttes se déposaient un peu partout sur le visage du jeune homme.
« Pourquoi tu t'es pas excusée ? demanda Malefoy de but en blanc.
- Je voulais le faire, mais… commença Hermione, avant de se raviser. »
Si elle développait, elle allait mettre Zabini en porte à faux. Hors de question d'attirer le courroux de Malefoy sur quelqu'un d'autre pour s'en débarrasser.
« Mais ? insista le blond.
- Mais je n'osais pas, mentit la jeune femme.
- Comme si c'était ton genre. Non, c'est Blaise qui t'a conseillé de me ficher la paix quelques jours, parce que c'est ce qu'il fait quand on se dispute. Du coup il croit que c'est mon mode d'emploi.
- Oh, souffla Hermione. »
Pour une fois qu'elle écoutait quelqu'un d'autre qu'elle-même pour ce genre de choses, voilà qu'il lui faisait faire fausse route. C'était un comble. Si elle s'était fait confiance, elle serait allée s'excuser, Malefoy aurait peut-être hurlé un bon coup, et jamais ils ne seraient passés par cette guerre froide destructrice.
« Bon, allons boire cette pinte, je suis trempée, dit Hermione. »
Elle craignait un peu qu'il rejette l'idée et recommence son manège de froideur, puisqu'il ne faisait que la déstabiliser par ses changements d'humeur, mais il craqua un petit sourire. Il lui tendit le bras pour l'escorter, elle l'accepta volontiers, et ils retournèrent trempés comme des soupes vers le pub.
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« Jsais pas. Jsais pas, ânonna Théodore en louchant vers la fontaine centrale de la place.
- Comment ça tu sais pas ? Théo ! C'est toi qui avais les clefs… s'agaça Malefoy en commençant à lui palper les poches. Où tu les as rangées ?
- Fontaine.
- Tu n'as pas mis les clefs dans la fontaine, quand même ?
- Bon, je vais vous laisser les chercher, bonne nuit, j'ai sommeil, je retourne au bordel, débita Hermione en zigzaguant vers la direction supposée de son hôtel.
- Au bordel ? sursauta Malefoy en la regardant partir. Granger, ne bouge pas. Bon sang… Théo, LES CLEFS ! Tu comprends ? Elles sont où ? »
Théodore haussa les épaules excessivement haut, et se mit à rire pour une raison que lui seul connaissait.
« Elles sont peut-être vraiment dans la fontaine, songea Hermione en faisant demi-tour si vite qu'elle dérapa.
- Pourquoi il aurait rangé les clefs de notre chambre dans la foutue fontaine du village ? râla Malefoy en rejoignant quand même la jeune femme près de ladite fontaine.
- Pourquoi il a mangé son chapeau vert tout à l'heure avant d'escalader un lampadaire ?
- Tu marques un point, grogna Malefoy. »
Il se pencha par-dessus le rebord pour regarder, et Hermione sortit sa baguette pour éclairer le fond du bassin.
« Tu les vois ?
- Non… Par contre il y a tout un tas de gallions là-dedans, c'est… Aaaaaaah ! »
Malefoy bascula brusquement en avant, s'écrasant dans la fontaine en projetant une gerbe d'eau qui trempa Hermione. Elle amorça un geste pour l'aider à remonter, mais elle fut propulsée à son tour dans l'eau glacée par un Théodore ravi de sa bonne blague.
Malefoy fut le premier à se redresser en position assise, les fesses dans l'eau, et il tira vers lui une Hermione qui ne faisait que glisser en arrière à chaque fois qu'elle essayait de se lever.
« J'ai froid ! protesta la jeune femme, les cheveux plaqués contre son visage.
- Théodore Nott, je te préviens, si tu ne cours pas très vite tu vas avoir de sérieux problèmes. »
Un ricanement aigu lui répondit, puis un bruit de pas saccadé, et enfin un grand bruit sourd qui résonna longtemps dans les rues du village.
"Oh. Il a foncé dans un platane, annonça Hermione qui tendait le cou pour l'apercevoir.
- Au moins pendant ce temps il ne nous les brise pas. Quel abrutit, pesta Malefoy en patinant sur ses pieds pour essayer de rester debout."
Il faillit s'étaler une bonne dizaine de fois, mais finit par se stabiliser. L'équilibre était précaire, mais il en profita pour aider Hermione à se relever. Heureusement qu'elle était légère, parce qu'il ne se sentait pas assez sûr de ses appuis pour résister. Elle se cramponna à lui, et il essaya de ne pas penser à son corps mouillé, ni à ses vêtements qui lui collaient au corps, et encore moins à ses lèvres qui tremblaient de froid. L'alcool dans ses veines était bien entendu tenu pour responsable de ses pensées tordues.
S'appuyant l'un sur l'autre, à petits pas prudents, ils réussirent à attraper la margelle de la fontaine et à en sortir sans se briser quoi que ce soit. Hermione leur jeta un sort pour sécher leurs habits et les réchauffer un peu.
"Accio clefs, tenta Malefoy, qui venait seulement d'y penser."
Bien entendu, il ne se passa rien.
"Je ne peux tout de même pas dormir dehors, comme un vulgaire sans abris ! protesta-t-il.
- Chuuuut ! l'exhorta Hermione en plaquant un doigt sur ses lèvres. Si quelqu'un t'entendait...
- Le seul journaliste sur cette île est inconscient sous un platane, je ne risque rien. D'ailleurs je vais en profiter pour dire des trucs. Je méprise les pauvres ! J'exècre le ministre de la Magie ! Légalisons la prostitution et la drogue ! Mpppff !"
La Gryffondor avait opté pour le bâillonnement, il ne pouvait tout de même pas continuer à beugler de telles horreurs au milieu d'un village.
"Granger, profites-en toi aussi, je suis sûr que t'as des tas de trucs honteux à avouer ! ricana Drago dès qu'il pu de nouveau en placer une.
- Pas du tout ! Tais-toi ! Tu vas nous attirer des ennuis !
- Oh, allez, il y a bien une loi que tu aimerais défendre en secret... Un truc inavouable ! la poussa Malefoy.
- Oh, regarde, Théodore bouge, tenta Hermione pour le lancer sur un sujet moins dangereux.
- Pourquoi tu l'appelles par son prénom, lui ? maugréa le blond en croisant les bras sur sa poitrine.
- Parce qu'il me l'a demandé, expliqua Hermione en s'approchant du Serpentard évanoui. C'est drôle, j'ai l'impression qu'il dort...
- Tu veux pas le prendre dans ta chambre ? On a qu'à le coucher dans un coin, sous une table ou dans un placard. Il ne te dérangera pas !
- C'est absolument hors de question, réfuta la jeune femme.
- Et moi ? Tu ne vas quand même pas laisser le leader de ton groupe à la rue, errant seul dans le froid, à la merci de tous les dangers..."
Hermione arrêta son inspection du corps immobile de Nott, et plissa les yeux pour faire la mise au point sur Malefoy. Il avait l'air de penser ce qu'il venait de dire. Il était tout bonnement en train d'essayer de s'incruster dans sa chambre, et ce avec son ami proche du coma éthylique. Était-ce une bonne idée ? Non. Est-ce qu'Hermione voulait refuser ? Parfaitement.
"C'est d'accord, dit Hermione."
Coucou ! Je passe juste en vitesse poster un nouveau chapitre, qui se sera fait attendre. La réconciliation tant attendue a enfin eu lieu, c'est historique. J'espère que vous avec apprécié !
Et vous, est-ce que vous auriez accepté Drago et Théo dans votre chambre ?
