Chapter 15 - Les lendemains qui ne chantent pas trop

Des coups frappés à la porte réveillèrent Hermione en sursaut et, en une fraction de secondes, la réalité de sa situation la frappa de plein fouet. Elle était assise dans son lit, hébétée, coincée entre Nott qui ronflait, et Malefoy qui râlait avec son chapeau vert écrasé sur la tête.

"Miss Granger ? Il est midi, est-ce que tout va bien ? l'appela la voix de Michelle depuis l'autre côté du battant.

- Fais taire cette vieille folle, par pitié, la supplia Malefoy en tirant sur la couverture qui gratte pour s'en couvrir les yeux."

Le blond avait les cheveux en bataille et la mine un peu chiffonnée, mais il parvenait - on ne sait comment - à conserver son apparence angélique. La gryffondor se passa une main dans les cheveux, et s'arracha à la contemplation de son patron.

"J'arrive, Michelle ! s'écria-t-elle."

Le son de sa propre voix lui vrilla les tympans. Elle avait beaucoup trop bu la veille, et les conséquences ne s'arrêtaient pas à une petite migraine : elle avait partagé un lit avec deux Serpentards horripilants, qui ne semblaient pas pressés de mettre les voiles. Elle tenta à nouveau de dompter ses cheveux hirsutes, et s'enroula dans son peignoir à carreaux fluo pour aller entrebâiller la porte. Inutile d'imposer à Michelle la vision d'horreur qu'était devenue sa chambre. En plus, avant de s'endormir, Malefoy avait eut la bonne idée de déplacer tous les bibelots pour leur faire adopter des positions obscènes. Même dans un hôtel de passes, ça ne se faisait pas, Hermione en était persuadée.

"Oulala, vous avez une drôle de tête Miss ! s'exclama la tenancière. Je me suis permise de vous réveiller, les jeux ne vont pas tarder à commencer.

- Drago, habille toi, on va rater le concours de lancer de troncs d'arbres ! paniqua Nott en faisant tomber une lampe de chevet.

- Oh, vous n'êtes pas seule ? réalisa soudain Michelle, les yeux ronds.

- Et bien... En fait, j'héberge des collègues qui ont égaré la clef de leur chambre. Ne vous inquiétez pas, je vous règlerai ce surplus, se justifia Hermione en souriant d'un air crispé.

- Oh non, il n'y a pas de problème ! rit Michelle. Vous êtes jeunes, vous avez raison de vous amuser !"

Elle lui fit un clin d'œil et tourna les talons, laissant une Hermione rougissante et atrocement embarrassée par cet échange. Elle se retourna, poings sur les hanches, vers les deux garçons.

"Vous ne pouviez pas vous taire une minute ? Qu'est-ce qu'elle va penser de moi, maintenant ?

- Je ne sais pas ce qui m'étonne le plus. Que tu t'inquiètes de ce qu'une mère maquerelle pense de toi, ou que tu sois plus coincée qu'une femme de soixante piges. T'as entendu ? Elle t'a dit de t'a-mu-ser, pouffa Malefoy en repoussant les couvertures.

- Je ne suis pas coincée, marmonna Hermione tout en resserrant la ceinture de son peignoir.

- Pourquoi vous vous disputez dès le réveil ? rouspéta Nott. Hermione, dis moi que tu as de la potion anti-gueule de bois...

- Eh bien non, je n'en ai pas. Je n'avais pas prévu de me retrouver dans une version irlandaise du Spring Break.

- J'en ai plein ma valise, mais ma valise est dans notre chambre, et tu as perdu la clef de cette chambre.

- Oh non, j'ai perdu la clef ? répéta Nott en se plaquant deux mains sur les joues.

- Pourquoi tu crois que vous avez dormi ici ? s'agaça Hermione.

- ... Attends, on a pas couché ensemble alors ? réalisa Nott, sourcils froncés."

Malefoy et Hermione éclatèrent de rire à l'unisson, signifiant par là que c'était l'hypothèse la plus grotesque de l'histoire.

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Nott et Malefoy partirent rapidement quémander une nouvelle clef à leur hôtel, et Hermione put enfin prendre une bonne douche bien méritée. Elle avait un peu honte de descendre déjeuner et de faire face à Michelle après tout ça, alors elle rasa les murs et s'assit dans un coin de la salle. Elle devait retrouver les autres à 13h "devant la chapelle Sainte-Brigitte", et comme elle n'avait aucune idée d'où cela se trouvait, elle n'avait pas de temps à perdre.

Elle enfila donc rapidement un manteau, un bonnet, une écharpe, déploya son parapluie, et s'élança sous la pluie. La quantité de monde qui fourmillait au-dehors lui fit un choc : partout où elle posait les yeux, une foule de gens, par grappes joyeuses, et à perte de vue. Les ruelles débordaient, la place était envahie, les champs aux abords du village pris d'assaut. Tout cela produisait une cacophonie incroyable, et personne ne semblait se préoccuper de la pluie. Hermione demanda son chemin et se retrouva mêlée à une foule encore plus dense, qui visiblement se rendait au même endroit qu'elle.

"Oh, Herrrmione ! lui lança un des villageois avec qui elle avait mangé la veille.

- Bonjour Ian, lui répondit la jeune femme en lui tendant sa main gantée."

Il l'attrapa sans ménagement et l'attira à lui pour une accolade virile, puis la relâcha avec un sourire immense.

"Je participe au concours, tu vas me porter chance ! dit-il.

- Oh, j'espère bien ! lui lança Hermione en croisant les doigts en l'air. Tu vas jeter des bûches, c'est ça ?"

Il partit dans un grand rire et secoua la tête, faisant voler des mèches rousses sauvages autour de son visage.

"Des troncs d'arbre, pas des bûches, rectifia-t-il.

- Excuse-moi, je n'y connais pas grand chose... En tout cas, j'espère que tu vas gagner.

- Merci, Herrrmione ! rit le géant roux en s'éloignant."

La Gryffondor reprit sa marche et gravit un chemin qui serpentait hors du village, traversant des champs d'un vert presque irréel. La pluie se calma un peu, des rayons de soleil traversèrent les nuages, et un arc-en-ciel immense apparut. Toute la foule s'en extasia, et Hermione s'arrêta pour l'admirer. Le paysage était grandiose. Cette île était une pure merveille, et elle eut un pincement au cœur en réalisant qu'elle avait failli complètement passer à côté. Elle ferma un instant les yeux, et laissa le vent frais venu du large lui fouetter le visage.

Mais son attention fut vite attirée par des musiques celtiques retentissantes : une troupe d'une trentaine de musiciens jouait. Ils était arrivés devant la chapelle.

"Granger ! l'appela Malefoy, installé au sommet d'un muret de pierres grises avec Nott."

Elle s'avança vers eux et, avant qu'elle n'ait eu le temps de réfléchir, ils l'empoignèrent chacun par un bras et la hissèrent avec eux. De la-haut, ils avaient une vue d'ensemble sur les évènements, et les derniers réglages avant le début du concours.

"On a pensé à la bière, vu que toi tu arrives les mains vides, l'informa Théodore en lui tendant une bouteille.

- Encore ? Vous êtes allergiques à l'eau minérale ? grimaça Hermione en regardant avec méfiance le liquide ambré.

- On t'a aussi apporté une potion anti-gueule de bois efficace pendant 24 heures, ajouta Malefoy en sortant une fiole de sa poche.

- Oh, alors dans ce cas..."

Hermione décapsula sa bière d'un coup de baguette et répondit aux grands signes de mains que lui faisait Ian, en train de s'échauffer à une vingtaine de mètres de là.

"C'est qui ce géant ? s'inquiéta Nott, peu à l'aise d'être à portée de jets de troncs d'arbres d'un individu de ces proportions.

- Il s'appelle Ian. Il fait partie du conseil de l'île, je l'ai rencontré hier. Il s'occupe de la sécurité. Vous saviez qu'ici, ils n'ont aucun auror en poste ? Quand il y a un problème, ils doivent transplanner depuis Limerick. A mon avis, il faudrait proposer de créer une sorte de permanence ici, en s'inspirant du système des moldus. Ils ont des commissariats, chaque ville a son propre contingent de forces de l'ordre, et...

- Olala eh, stop, on va arrêter tout de suite de parler des idées de Ian Roukmouth et d'Hermione Granger, c'est le week-end, on se détend, la coupa Malefoy en entrechoquant sa bouteille de bière avec celle de la Gryffondor.

- Ne l'appelle pas comme ça Drago, il a des grandes oreilles, il pourrait nous entendre, pouffa Théodore.

- Vous rigolerez moins facilement avec un arbre en travers du visage, les avertit Hermione.

- Oh, donc t'es ce genre de femme qui aime les brutes viriles, en conclut Nott, qui avait bien compris que ses chances étaient moindres."

Hermione n'eut pas l'occasion de répondre, puisque la fanfare couvrit leur conversation. Les concurrents s'alignèrent, et les centaines de spectateurs se mirent à pousser des cris excités. Même si, foncièrement, elle ne comprenait pas vraiment ce qu'il y avait de transcendant dans ce genre de concours, Hermione se sentit galvanisée par cette soudaine tension. Elle n'aurait jamais imaginé passer de son plein grès son week-end ainsi, mais maintenant qu'elle y était, elle se disait qu'elle aurait raté quelque chose en ne venant pas.

Le premier concurrent, un barbu colossal, prit son élan et projeta un immense tronc d'arbre en avant. Hélas, il n'alla pas très loin et roula misérablement au sol, sous les yeux dépités du géant. Le second réussit mieux son lancer, et la foule hurla de joie. Le troisième tomba dans la boue pendant sa course d'élan, ce qui déclencha un pic d'hilarité féroce sur le mur de pierres. Enfin, ce fut au tour de Ian. Concentré, il soupesait son tronc d'arbre en sautillant, comme un athlète qui prépare un saut à la perche. Puis il bondit en avant, et son tronc d'arbre fendit l'air. La foule retint son souffle... et le bout de bois fusa, dépassant largement les troncs précédents. Il leva un poing victorieux vers la foule qui grondait, et Hermione ne put s'empêcher de glousser bêtement en le voyant lui lancer un baiser en l'air.

"Non mais dites-moi que je rêve... Quel ringard ! grinça Malefoy en se frappant le front du plat de la main.

- Tu es juste jaloux parce que personne ne jette de troncs d'arbres pour toi, rétorqua Hermione en souriant à Ian.

- Je préfère qu'on me jette des fleurs, ou des culottes. Excuse-moi d'avoir des goûts un peu plus raffinés.

- Des culottes, répéta Nott, hilare. OLALA TOUS A TERRE !"

Il sauta à bas du muret, persuadé d'avoir réchappé de peu à une mort certaine, alors que Drago et Hermione n'avaient pas bougé. Un tronc était venu dans leur direction, certes, mais il était passé une bonne vingtaine de mètres au-dessus de leurs têtes. Théodore, penaud, fit mine de chercher quelque chose au sol pour se donner une contenance.

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Après le concours de lancer de troncs, que Ian remporta de justesse, ils assistèrent à un match de hurling sorcier, auquel personne ne comprenait rien. Ce qui n'empêchait pas les gens de faire un bruit monstre, de chanter, et de boire. Ils se rendirent ensuite à un concours de rouler de tonneau, dont le principe était simple : le sorcier entrait dans un tonneau, qu'un autre sorcier lançait dans la pente d'une colline. Le premier arrivé en bas en vie avait gagné. Malefoy et Nott s'esclaffaient, d'autant plus lorsqu'un des concurrents sortait de son tonneau en sang. Puis, lorsque la nuit tomba, ils regardèrent un spectacle de danse folklorique, il y eut un feu d'artifice en nuances de vert, et ce fut non pas le signal du départ, mais le signal du début des hostilités. La musique redoubla d'intensité, des feux magiques furent allumés, et il y avait tellement de bière en circulation que l'air était saturé de cette odeur.

Les joues rouges et les yeux brillants, Hermione sautillait partout, dansait avec des inconnus, buvait des shots avec Nott, sous le regard interloqué de Malefoy, juché sur une botte de foin.

"Granger, viens ici, lui ordonna-t-il d'une voix autoritaire."

Elle lui répondit en lui lançant un doigt d'honneur et un sourire extatique, et il comprit qu'elle était complètement ivre.

"Descends de là et viens danser, lui ordonna Hermione sur le même ton.

- Je ne danse pas ! refusa Malefoy en buvant quelques gorgées de whisky.

- Tu peux faire une exception ! insista la Gryffondor en s'approchant, un air mutin vissé au visage.

- Il ne sait danser que la valse, c'est un Malefoy je te rappelle, intervint Théodore en esquissant un saut de l'ange."

Drago lui jeta le bouchon de sa bouteille, qui toucha son ami en plein milieu du front. Et ça, Nott ne le toléra pas. Il chargea la botte de paille comme un buffle, mais au lieu de la renverser, il rebondit dessus et tomba sur les fesses.

"Je suis sûre que Ian Roukmouth aurait réussi, lui, se moqua Malefoy, juché comme un prince sur sa paille.

- Oh mon dieu Nott, ça va ? Deux choc à la tête en si peu de temps, quand même, tu devrais faire attention..."

Dans sa précipitation pour l'aider à se relever, Hermione trébucha dans les pieds de Nott et bascula en arrière. Elle sentit une boue glacée s'infiltrer dans le tissu de ses vêtements, et se releva tant bien que mal, refroidie dans tous les sens du terme.

"Ah vous êtes beaux, tous les deux, rit Malefoy en pointant du doigt les deux tas de boue ambulants qu'ils étaient devenus."

Nott jeta un regard entendu à Hermione, qui hocha la tête. Malefoy eut à peine le temps de reculer de quelques centimètres que déjà, c'était trop tard : ils l'avaient tiré au sol, et ils étaient à présents assis tous les trois dans la terre.

"Mon duffle-coat ! s'insurgea Malefoy, qui jetait frénétiquement des sorts sur son manteau."

Sa réflexion ne fit qu'ajouter à l'hilarité des deux autres. Nott, qui était pourtant tiré à quatre épingles en permanence et incroyablement guindé, décida que c'était le bon moment pour attraper de la boue dans ses mains et la balancer sur Malefoy, qui vit rouge. Si tant est qu'il puisse encore voir quelque chose à travers le liquide gluant qui lui coulait sur le visage. Qu'importe, il se jeta sur Théodore et ils roulèrent tous les deux dans les flaques, dans un amas de bras et de jambes indescriptible. Hermione s'extirpa du sol pour aller les séparer, mais elle comprit vite qu'ils ne se battaient pas réellement : ils riaient aux éclats.

"Salaud, j'ai mangé de la boue ! pesta Nott en crachant par terre.

- Je crois qu'il est temps pour nous d'aller prendre un bain dans la fontaine, conclut Drago en tendant une main atrocement sale à Hermione pour qu'elle l'aide à se relever."

Sans grande conviction, elle la saisit et l'inévitable se produit : il l'attira au sol, et elle s'écrasa sur lui. D'abord outrée, elle s'apprêtait à protester, mais de se retrouver si proche du visage du blond la déstabilisa. Leurs nez se frôlaient, leurs deux yeux étaient vissés l'un à l'autre, le souffle de Drago s'écrasait sur son visage. Et Hermione sentit son cœur s'emballer.

Cette brutale proximité l'empêchait d'amorcer le moindre mouvement, elle était complètement captivée par les prunelles acier du Serpentard. Elle sentit ses mains remonter, s'arrêter sur ses hanches, puis ses bras se refermèrent autour d'elle dans une étreinte ferme. Et elle ne fit rien pour l'en empêcher.

Sans que leurs regards ne se quittent, il se redressa et l'entraîna avec lui, ce qui fit qu'elle se retrouva à califourchon sur lui, dans la boue, collée à son torse. C'était à la fois très intime et très public, puisqu'une foule de fêtard continuait à s'agiter autour d'eux.

Ce fut Nott qui interrompit cet instant suspendu, en leur balançant à nouveau de la boue. Malefoy lui jeta un regard courroucé, tenta d'essuyer la tâche dégoulinante sur le visage d'Hermione - en réalité il l'étala, mais c'était l'intention qui comptait - et leurs prunelles s'aimantèrent de nouveau. C'était comme si un arc électrique invisible les reliait. La jeune femme sentait le sang pulser dans ses veines, elle était paralysée, mais elle savait pertinemment que même si elle avait eu la capacité de se mouvoir, elle n'aurait pas bougé.

Le blond esquissa un sourire en coin, et elle le lui rendit instinctivement.

"Bon ça va on a compris que vous étiez réconciliés, vous comptez vous relever à un moment ou je dois partir à la recherche de Ian Roukmouth pour vous décoller ? beugla Théodore."

Malefoy ferma les yeux brièvement pour garder son calme, et ils se relevèrent de concert. La magie du moment ne fut même pas altérée par le bruit de scission atroce que produisit la séparation entre leurs corps et la boue.

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Hermione se pelotonna avec délice dans son lit, le corps encore bouillant après la longue douche qu'elle venait de prendre. Elle avait essayé de ne pas mettre de la boue partout en rentrant au Leprechaun Joyeux, mais elle était prête à parier que ses semelles avaient laissé de très nettes empreintes dans le couloir. Pauvre Michelle.

Hermione serra son oreiller entre ses bras, un sourire béat aux lèvres. Elle ne savait pas très bien pourquoi elle se sentait dans une telle plénitude, mais ses lèvres s'étiraient toutes seules.

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Le lendemain matin, Hermione décida de mettre une robe légère. Certes, il ne faisait pas un temps tout à fait printanier, mais elle avait remarqué que les filles d'ici portaient des robes avec des bottes de pluie, et il n'y avait donc pas de raison pour qu'elle s'en prive. Elle transforma donc une de ses robes pour l'adapter à la mode locale, ornant le tissu fluide de petites fleurs discrètes. Elle était à deux doigts d'aller acheter un chapeau de paille pour compléter sa tenue, mais se dit au dernier moment qu'elle se comportait comme une Pansy Parkinson et que ce n'était pas une bonne idée.

C'est donc d'un pas guilleret qu'elle descendit déjeuner.

"Oh, vous avez bonne mine, la félicita Michelle en lui déposant une assiette de scones."

La remarque aurait pu être des plus agréables si elle ne l'avait pas agrémentée d'un haussement de sourcils suggestif.

"Vous avez dormi seule, cette nuit ? s'enquit-elle avec une curiosité non contenue.

- Oui, mes collègues, avec qui j'entretiens des rapports parfaitement professionnels par ailleurs, ont retrouvé leur clef.

- Je vois, gloussa Michelle, qui visiblement ne la croyait pas du tout.

- Quel est le programme des festivités, aujourd'hui ? se renseigna Hermione.

- Oh, le gros de la fête était hier. Aujourd'hui, il y a seulement un match de football gaélique, et la parade de clôture. Ensuite, tout le monde quittera l'île jusqu'à l'année prochaine... C'est bien triste, lorsque les gens s'en vont.

- Je reviendrai peut-être cet été, lança Hermione pour lui remonter le moral.

- Oh, Miss Granger, ça serait formidable !"

Rassérénée, Michelle s'éloigna vers sa cuisine. Après tout, pourquoi pas. Elle n'avait pas exploré l'île et c'était l'endroit idéal pour se reposer, loin de tout. Hermione acheva de déjeuner et sortit sur la place, sa robe doucement agitée par le vent. C'était très agréable.

"Oh, Miss, attendez ! Vous avez reçu un hibou, hier soir ! lui cria Michelle en lui tendant une lettre par la fenêtre."

Hermione la remercia, et s'empressa d'aller s'installer sur un banc au soleil pour décacheter l'enveloppe.

"Grangy,

Je viens d'apprendre par Astoria que tu étais à Clare Island pour le week-end. Après quelques heures de fou-rire, je te le cache pas, j'ai réalisé que c'était l'endroit idéal pour renouer avec Drago. Je ne sais pas exactement ce qu'il s'est passé entre vous, puisque lui et Blaise refusent catégoriquement d'en parler, mais pour le bien des Non-alignés tu as le devoir de recoller les morceaux. Ça, c'était l'argument faisant appel à ta conscience professionnelle. Mais en vrai, je ne suis plus jalouse, et je trouve que ni lui ni toi n'avez l'air d'aller très bien depuis votre dispute. Je pense que tu devrais simplement coucher avec lui pour évacuer toute cette tension. Je suis sûre qu'il sera d'accord. Mais ce n'est que mon avis, si tu as une meilleure idée libre à toi de suivre ton instinct.

PS : Théodore est là ? Si oui, ne lui dis pas que j'ai demandé de ses nouvelles.

PPS : Essaye de glisser à Drago que j'organise un gala en son nom. Il va criser, je t'en demande beaucoup, mais comme j'avais inventé cette histoire pour obtenir des informations sur le +1 de Laura, je me suis dit qu'il fallait aller jusqu'au bout. Donc, dans quinze jours, réserve ta soirée. S'il est trop énervé, je réitère mon conseil : tu devrais coucher avec lui. Merci.

Salutations très distinguées (bisous, quoi)

Pansy"

"Tu fais une drôle de tête quand tu lis, lui lança Nott en s'incrustant à côté d'elle sur le banc. Tu fronces le nez, on dirait un petit animal.

- Qu'est-ce que tu fais debout aussi tôt ? soupira Hermione, en choisissant d'omettre ses commentaires.

- Drago. C'est une pile électrique ce matin. Il est allé courir, ensuite il écrit une lettre de recommandation à un gamin du village dans notre foutue chambre, et pour finir il a osé chantonner un truc celtique. Je suis parti, je n'en pouvais plus. Je ne peux pas être ami avec lui quand il est aussi... joyeux."

Hermione ne répondit pas, songeant qu'il fallait profiter de sa bonne humeur pour lui parler du gala. Ce qui était un réflexe vraiment sournois.

"Vous partez à quelle heure ? s'enquit Hermione, en enfouissant la lettre de Parkinson dans les profondeurs de son sac.

- Ce soir ? Je ne sais pas, sûrement après la parade. Et toi ?

- Pareil. Enfin, mes valises sont prêtes.

- Je sens que tu n'as pas très envie de rentrer, glissa Nott."

La Gryffondor haussa les épaules, perplexe. Elle avait haï cette île à la seconde où elle avait posé le pied dessus et, maintenant, elle n'avait plus envie de la quitter. Théodore était très perspicace.

"C'était une chouette parenthèse. Mais bon... le Parlement ne va pas nous attendre, répondit-elle avec une pointe de regret.

- Hermione Granger n'a pas envie d'aller au travail, servir le peuple ? pouffa Nott."

L'intéressée rit sincèrement avec lui, et ils regardèrent la place s'animer peu à peu, en silence. Jusqu'à ce que sa majesté Malefoy déboule au milieu, son parapluie à la main en prévision du déluge habituel.

"Ah, vous êtes là ! lança-t-il en s'asseyant entre eux, les forçant à s'écarter. Granger, on doit rentrer à Londres.

- Quoi ? s'exclama Hermione, interloquée.

- Une urgence. Blaise a dégoupillé. On doit aller étouffer un scandale.

- Ne dis pas ça devant lui ! paniqua la jeune femme en écarquillant les yeux.

- Drago sait très bien qu'il peut avoir confiance en moi, je ne dirai rien enfin... Vous êtes mes poulins. Je vais construire votre gloire. Faire rayonner vos noms à travers le monde. Vous serez mon chef-d'œuvre.

- Ne dis pas des trucs comme ça, tu me fais peur, le rabroua Malefoy en grimaçant exagérément. Je viens de recevoir un appel d'un grande dame moldu, apparemment ils l'ont enfermé parce qu'il enfreignait leur loi. Je n'ai pas très bien compris, mais ça avait l'air urgent.

- Un grande dame ? Un gendarme, tu veux dire ? comprit Hermione. Zabini est en garde à vue ?

- Je ne sais pas ce que ça veut dire. Il est en prison, je crois.

- Mais non, les moldus n'enferment pas les gens en prison sans décision judiciaire. Il doit simplement être dans une gendarmerie quelconque. Il t'a dit où on devait aller le chercher ?

- Mais qu'est-ce qu'elle raconte ? demanda Malefoy à Nott, qui ne comprenait rien non plus.

- Malefoy, au téléphone, le grande dame t'a dit où il fallait venir chercher Zabini ?

- Il m'a dit qu'il était en prison, je viens de te le dire ! On a qu'à aller à la prison, il doit pas y en avoir des milliers quand même. Tu ne vas pas me dire que les moldus commettent des crimes avec leurs petits poings, gloussa Malefoy."

Nott ricana à son tour, ne se rendant pas compte de l'absurdité de ce qu'ils étaient en train de dire.

"Par Merlin... marmonna Hermione. Donne moi ton téléphone.

- Quoi ? Pourquoi ? s'étonna le blond, cramponné à son précieux bien high-tech.

- Je vais rappeler le grande dame et lui demander où on doit aller. Si Zabini est dans une gendarmerie, il y en a des centaines."

Malefoy soupira et accepta de lui laisser son téléphone, dépassé par la complexité de la société moldue. Elle s'éloigna quelques minutes pour parler, et revient avec le front barré d'un pli soucieux.

"Quoi ? Qu'est-ce qu'il a dit ?

- Zabini est en cellule de dégrisement dans une gendarmerie du Surrey. Ils vont lui faire subir une expertise psychiatrique parce qu'ils pensent qu'il est fou... Ils ont confisqué sa baguette, et comme pour eux ce n'est qu'un bout de bois sans importance, on ne doit pas perdre de temps. Imagine qu'ils s'en débarrassent ! Et Zabini ne doit pas voir de psy, il ne va jamais pouvoir s'en sortir... Malefoy, ta valise, dépêche toi, lui ordonna Hermione en se précipitant vers son propre hôtel.

- Elle est toujours comme ça ? se renseigna Nott.

- Pire, grogna le blond en obéissant néanmoins."

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"Vous voulez que je vous remette le bout de bois que nous avons saisi en la possession de monsieur Zabini ? répéta le gendarme pour la quatrième fois.

- Oui, je vous en prie. Il a une valeur symbolique très forte pour lui, c'est... un cadeau... de sa mère. Décédée. Il vient de l'arbre qui a servi à fabriquer son cercueil."

Le gendarme se décomposa, et s'empressa de tendre la baguette de Zabini à Hermione. Qui ne s'en voulait même pas une seconde d'avoir menti.

"Il faut que vous le libériez. Il n'est pas fou du tout, il a juste beaucoup trop bu hier soir.

- Mademoiselle, il est quand même entré dans une maison nu comme un vert et a fait exploser un canapé. On ne sait pas où sont passés les explosifs, mais il est dangereux. La famille était très choquée ! Ils ont cru voir une femme avec lui, mais elle a disparu d'un coup. Ils devaient être en état de choc. Vous comprenez bien que dans ces conditions, il m'est impossible de le laisser sortir comme ça."

Hermione déglutit. Ça allait être très difficile de sortir de ce mauvais pas.

"On a des images de vidéo surveillance qui attestent de l'effraction. Il a raconté n'importe quoi aux interrogatoires. Il a essayé de s'échapper de sa cellule en tourbillonnant sur lui-même. Il a même crié des choses en latin, mademoiselle. Cet homme est, au mieux, totalement fou, au pire, psychotique."

A la mention des images de vidéo surveillance, Hermione blêmit. Elle avait forcé Malefoy à rester dehors pour qu'il ne se fasse pas arrêter à son tour pour motif de folie, ou pire, qu'il jette des sorts aux gendarmes pour tirer Zabini de là... Mais à présent elle ne voyait pas d'autres solutions. Ces images, ce dossier complet devaient disparaître !

Bien entendu, elle ne songeait pas une seconde à le faire elle-même. C'était bien trop grave, ce genre de délit pouvait la conduire droit à Azkaban.

Une seule personne pouvait intervenir, avec ses prérogatives d'auror : Harry.

"Je comprends, monsieur l'agent. Écoutez, je vais sortir prendre l'air un instant. Ces nouvelles sont très difficiles à encaisser.

- Bien sûr... Attendez, mademoiselle... Qui est monsieur Zabini pour vous, exactement ?

- ... Mon frère, répondit Hermione avec son air le plus peiné."

Elle fila ensuite dehors, et rejoignit Malefoy qui tournait en rond sur le parking. Les nouvelles n'étaient vraiment pas bonnes.

"Les nouvelles n'ont pas l'air bonnes, comprit immédiatement le blond.

- Il faut qu'on fasse vite. Transplane au ministère, va chercher Harry, et dis lui de venir immédiatement avec une équipe d'Oubliators.

- Potter ? Tu veux que parmi toutes les personnes sur cette planète, j'appelle Potter à l'aide ? s'étrangla Malefoy, une main sur le cœur.

- Drago, on a pas le temps de tergiverser. Fais le. Je reste ici pour empêcher que d'autres personnes soient témoins de la présence de Zabini. Le psychologue est en route, il faut que je l'empêche de passer.

- Oh seigneur... se lamenta Malefoy."

Il ne comprenait rien à ce qu'elle racontait, mais il sentait que c'était grave. Il lui serra rapidement la main en signe de remerciement pour ce qu'elle était en train de faire, et disparut dans un craquement.

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Lorsque les aurors débarquèrent quelques minutes plus tard avec Drago, Hermione soupira de soulagement. Le psychologue était à deux doigts de la bousculer pour pouvoir entrer, et elle avait épuisé toutes ses tactiques.

"Oubliettes ! lui lança-t-elle immédiatement.

- Hermione, c'est pas vrai, tu ne pouvais pas attendre quelques secondes ? protesta Harry, bras ballants. Messieurs, occupez-vous de cet homme, puisque VOUS y êtes habilités.

- Désolée, j'ai paniqué, balbutia Hermione."

Harry leva les yeux au ciel. En voyant Malefoy débarquer mèche au vent dans son bureau, il avait compris que la situation était critique. Mais impossible pour lui d'en savoir plus, puisque le Serpentard déblatérait n'importe quoi.

"Harry, ils ont des images de vidéosurveillance, plusieurs témoins, des comptes rendus d'interrogatoire... C'est une catastrophe. Zabini a essayé de transplaner devant eux, et de lancer des sorts à voix haute. Il faut effacer la mémoire de toute cette gendarmerie !

- Chef ? intervint un des oubliators, qui voyait un Harry Potter trop soufflé pour répondre.

- Oui, faites ce qu'elle dit, vous connaissez votre métier. Ne laissez aucune trace du passage de Zabini ici, et trouvez-moi les noms de tous ceux avec qui il est entré en contact dans la nuit. Effacez les bandes de toute la journée d'aujourd'hui, jusqu'à notre départ. Et allez rendre visite à cette famille moldue. Maintenant, rentrons, inutile de créer un attroupement suspect. Par Merlin, mais comment s'est il retrouvé ici ?

- Aucune idée, on n'a pas pu le voir, expliqua Hermione. Une femme était avec lui, mais elle a transplané avant l'arrivée des gendarmes.

- Une femme ? tiqua Malefoy."

Visiblement, il n'était pas au courant.

"Tout ce que j'ai appris, c'est que Zabini serait entré par effraction chez des moldus, qui l'ont découvert, lui et la mystérieuse femme, nus. Leur canapé aurait explosé, résuma Hermione."

Malefoy était de plus en plus perdu. Tout ça ne tournait pas rond. Il se laissa tomber sur une des chaises métalliques de la salle d'attente, et appuya son menton contre sa main.

"Malefoy ? l'interrogea Harry, qui avait bien senti qu'il y avait un problème.

- Ça ne ressemble pas à Blaise. Je veux dire... Ramener une fille chez lui, ou à l'hôtel, d'accord. Mais s'introduire chez des moldus ? Faire exploser des trucs ? N'appeler aucun de nous à l'aide ?

- Peut-être qu'il avait bu, tout simplement, suggéra Harry.

- Blaise tient très bien l'alcool. Dans le pire des cas, il s'endort sur place, mais il ne devient pas violent, réfuta Drago. Non, je le sens, il y a quelque chose de bizarre.

- C'est ton pote, je comprends que ce soit difficile pour toi de le concevoir, mais peut-être qu'il a dérapé. Ça arrive aux meilleurs d'entre nous, tempéra Harry."

Le blond lui asséna un regard noir, et serra les poings dans les poches de son manteau. Potter refusait de l'écouter, et osait lui faire le coup du mec compréhensif.

"Peut-être qu'on devrait écouter Malefoy. S'il a une intuition... intervint Hermione d'une petite voix."

Elle se racla la gorge et bloqua sa respiration lorsque le regard d'Harry se posa sur elle, suspicieux.

"Très bien. Quelle est ton hypothèse, dans ce cas ? demanda le brun.

- J'en sais rien... Je sens que quelque chose ne tourne pas rond. Cette fille, là... expliqua Malefoy avec un geste de la main.

- On en saura plus dès qu'on pourra parler à Zabini, conclut Harry, avant de se retourner vers son équipe."

Les quatre aurors avançaient méthodiquement, faisant disparaître petit à petit toute trace du passage de Blaise. En quelques minutes, ils avaient atteint sa cellule, et envoyèrent un signal lumineux à Harry.

"On décolle, ordonna celui-ci. Il attrapa le bras de sa meilleure amie et celui de Malefoy, et les fit transplaner.

.

Harry était parti aussitôt rejoindre ses équipiers et Zabini dans une salle d'interrogatoire, et Malefoy et Hermione étaient obligés de patienter dans son bureau. Ce qui était déjà une immense faveur. Compte-tenu de ses liens personnels avec l'affaire, Harry n'aurait même pas dû s'en occuper.

La jeune femme se rongeait un ongle, nerveuse. Jusqu'à maintenant, le drame était contenu. Mais Harry allait devoir rendre des comptes pour son intervention, il allait devoir rédiger un rapport. Toute cette affaire n'allait pas disparaître. Elle se tourna vers Malefoy, qui avait calé ses coudes sur ses genoux et se tenait la tête à deux mains. Il devait en être arrivé aux mêmes conclusions qu'elle. Elle espérait seulement qu'il ne lui en veuille pas d'avoir décidé d'appeler Harry...

"Granger, le code de sorcellerie n'a aucun secret pour toi. Qu'est-ce qu'il risque ? finit par demander le blond d'une voix rauque.

- Je... Je ne sais pas. Il pourrait être accusé d'avoir fait usage de la magie devant des moldus, ce qui lui vaudrait un rappel à la loi devant un tribunal, une amende... Ou alors, ils retiendront l'effraction, l'explosion... Et qui sait ce qu'il s'est passé dans ce commissariat. Il pourrait être radié, Drago. Perdre son mandat de député, faire de la prison."

Hermione tendit la main vers Drago pour lui communiquer un peu de soutien, mais arrêta son geste en cours de route. Son bras resta suspendu en l'air, à mi-chemin entre elle et lui. Il était prostré, et connaissant son caractère, un geste doux de sa part pouvait déclencher sa colère. Mais Malefoy tendit lui aussi son bras, attrapa la main d'Hermione dans la sienne et la ramena sur ses genoux. Choquée, la Gryffondor laissa sa main où elle était. Entre les doigts glacés du Serpentard. Ils restèrent là, en silence, pendant quelques minutes.

"Si ça en arrive là... Il faudra penser au groupe. Les Non-alignés passeront d'abord. C'est mon meilleur ami, je ferais tout pour lui, mais il ne s'agit plus de moi. On parle de nous tous.

- Qu'est-ce que tu veux dire ? s'inquiéta Hermione."

Malefoy n'eut pas à répondre, parce qu'Harry revint dans son bureau. Il avait un visage impénétrable, qui ne fit que renforcer l'angoisse des deux autres. Il ferma la porte derrière lui, alla s'asseoir derrière son bureau, et retira ses lunettes pour se frotter les yeux.

"J'ai exfiltré Zabini, lâcha-t-il sans les regarder dans les yeux. Il est chez lui.

- Quoi ? s'étonnèrent Hermione et Drago d'une même voix.

- Les quatre aurors qui sont intervenus aujourd'hui étaient d'accord, on a voté, alors c'est comme si rien n'était arrivé, reprit Harry.

- Mais enfin, Potter, pourquoi tu... objecta Malefoy, choqué de voir le survivant cacher des cadavres dans les placards sans que personne ne le lui demande.

- Zabini n'a rien fait du tout ! expliqua Harry. Il vous racontera plus en détail, mais tout concorde. Il est rentré dans cette maison avec un bandeau sur les yeux, sans savoir où il allait. Il a été déshabillé, mais il croyait être dans un endroit... propice. C'était un genre de jeu, en définitive. Il y a eu une explosion, mais elle n'est pas de son fait, on a vérifié sa baguette : elle n'a jamais lancé ce sort. Et ensuite, s'il n'a pas transplané pour s'échapper, c'est parce qu'il était stupéfixié. Le sort s'est dissipé quand il a été embarqué par la police, et privé de sa baguette.

- Attends, t'es en train de dire quoi, là ? La fille qui était avec lui a fait tout ça ? s'étrangla Hermione, affolée.

- Ouais, confirma Harry. Et on a aucune idée de son identité.

- La salope d'ordure, si je l'attrape, je...

- Tu rien du tout, Malefoy. Je me charge de ça. Faites profil bas, ne parlez de ça à personne. C'était un coup monté, et Blaise a eu beaucoup de chance que vous ayez la présence d'esprit de m'appeler sur place. Quelqu'un cherche à vous nuire, et à vous salir. D'abord Hermione, avec ces photos volées, et maintenant ça... développa Harry, préoccupé.

- Attends, Harry... Pourquoi tu es aussi sûr que c'était un piège contre les Non-alignés ? demanda Hermione, de plus en plus stressée.

- Vous devriez regarder vos téléphones, leur conseilla le brun."

Hermione dégaina la première, et constata que le boitier s'affolait. Elle ouvrit un mail de Parkinson, cliqua sur la pièce-jointe, et poussa un petit cri. Malefoy, penché contre elle pour voir aussi, souffla bruyamment. Une photo de Zabini, débraillé, chemise ouverte, luisant de transpiration, s'étalait sur l'écran. Elle avait visiblement été prise dans une ruelle, et avait été postée par une blogueuse people très suivie par les sorciers. La légende disait : Le député Blaise Zabini participe à des soirées de débauche #shame #démission.

"Regardez l'heure du post, ajouta Harry.

- Deux heures du matin... Attends, comment cette fouille merde a eu cette photo aussi vite ? réalisa Malefoy.

- La rue est vide, la seule personne qui a pu la lui envoyer à part Zabini, c'est la fille. Vu l'angle de la photo et la proximité... Il regarde droit dans l'objectif. Il connait la personne qui prend la photo, poursuivit Harry. J'ai appelé cette blogueuse, elle devrait pas tarder à arriver. Elle a un peu flippé quand je me suis présenté. Du coup, elle m'a dit tout ce que je voulais savoir : elle a reçu d'autres photos de Zabini, mais elle ne les a pas postées parce qu'elle attendait une confirmation avant de les balancer. Le scandale était trop gros, elle poste des gossip sur des stars mais pas sur des politiques.

- La fille mystère a donc soigneusement documenté sa soirée pour abreuver une blogueuse de photos décadentes de Zabini, résuma Hermione. Son coup a totalement foiré, puisque les photos ne sont pas sorties.

- D'autres personnes sont susceptibles de les relayer... marmonna Malefoy en se passant une main sur le visage. C'est pas fini. Et en plus, si ça arrive, Potter... Tu vas être accusé d'avoir couvert Blaise.

- Tu me prends pour un débutant ? répliqua Harry. Je n'aurais pas libéré Zabini sans l'assurance qu'il ne risquait plus rien. La blogueuse m'a certifié qu'elle avait reçu les photos par un canal instantané. A la seconde où elle les a téléchargées, elles ont disparu du téléphone de notre photographe mystère.

- Oh, Snapzard, je connais, lança Malefoy.

- Je ne veux même pas savoir pourquoi tu utilises ce genre d'applications... grogna Harry.

- C'est une version améliorée de la version moldue, intervint Hermione. C'est très pratique pour ne pas laisser de traces et, en politique, on est assez nombreux à l'utiliser... Les photos sont protégées, on ne peut les stocker qu'à un seul endroit. Dès qu'on les reçoit, elles disparaissent du téléphone qui les a envoyées. C'est plus discret, tu comprends."

Harry lui jeta un regard étrange.

"Pourquoi moi, qui suis auror, donc par définition le roi de la discrétion, je n'en ai jamais entendu parler ? s'offusqua-t-il.

- Les rouages d'une administration figée dans le passé... conclut laconiquement Malefoy air un petit air condescendant."

Ceci n'échappa pas à Harry, qui choisit de l'ignorer.

"Soit. Bref, cette blogueuse détient les seules copies. Et je vais m'assurer qu'elle les supprime. Après tout, elle est complice d'une tentative d'extorsion. C'est du moins ce que je vais lui dire."

Harry avait l'air très satisfait de son tour de passe-passe. Il recula dans son fauteuil, et croisa les bras derrière sa tête.

"C'est comme ça qu'on règle les problèmes, fanfaronna-t-il. Mais ne prenez pas l'habitude de venir me chercher dès que vous êtes attaqués.

- Cette version de toi est nettement moins horripilante, le félicita Malefoy.

- J'allais dire exactement l'inverse, marmonna Hermione, qui n'aimait pas particulièrement voir son meilleur ami faire le kéké. Bon, tout ça ne nous dit pas qui nous en veut. Ni même si cette peste est aussi derrière mes photos volées.

- Je m'occupe de cette enquête, concentrez vous sur votre boulot habituel, leur ordonna Harry. Je suis sérieux. N'allez pas vous exposer.

- Merci mec, on te doit une fière chandelle, reconnut Malefoy."

Interloqué, Harry faillit tomber de sa chaise. Drago Malefoy était en train de reconnaitre qu'il était redevable à Harry, et en plus il le remerciait. C'était inespéré. Et puis, le regard d'Harry suivi le bras de Malefoy. Il se posa sur sa main. Sa main qui tenait toujours celle d'Hermione. Il la dévisagea avec stupeur, à deux doigts de se mettre à hurler de terreur, et constata qu'elle n'avait même pas l'air de se rendre compte que le Serpentard avait capturé sa main. Il sa racla la gorge pour attirer son attention sur cette erreur inqualifiable, mais Hermione ne semblait pas percuter.

"Je vais aller retrouver Blaise, il doit être sous le choc... décréta le blond."

Il se leva et, ce faisant, il lâcha la main de la jeune femme. Aussitôt, il fronça les sourcils, comme s'il avait l'impression d'avoir perdu quelque chose sans savoir ce que c'était. Hermione regarda sa main vide, avec le même ressenti. Et Harry cessa de respirer.


Pardonnez mon absence, je suis de retour ! J'ai enfin terminé la rédaction de mon mémoire, je suis donc libre d'écrire enfin des trucs un peu plus divertissants. J'espère que ce chapitre vous a plu, et qu'il vous fera oublier ce retard :)