Chapter 16 - Damage control

Hermione se réveilla loin de Clare Island, de Michelle, de sa chambre de mauvais goût et de Nott.

Et de Malefoy.

Elle s'étira paresseusement, et regarda l'heure indiquée par son réveil moldu, cadeau de ses parents.

"En retard ! s'exclama-t-elle en démarrant à la vitesse de l'éclair en direction de sa salle de bain."

Après avoir quitté le bureau d'Harry, qui l'avait plus ou moins mise dehors en prétextant l'arrivée imminente de la blogueuse qu'il devait interroger, Hermione avait rejoint Astoria pour lui raconter son séjour. Elle avait besoin d'en parler avec quelqu'un et, même si elle avait tû quantité de détails, ça lui avait fait du bien de débriefer avec elle. Elles avaient bu des litres de thé en riant aux éclats. Astoria était probablement la seule personne de son entourage à ne pas voir son rapprochement avec Malefoy d'un mauvais œil - de son entourage historique, du moins. Même si elle avait gardé pour elle ses pensées les plus saugrenues et l'épisode de la chute dans la boue, Astoria n'avait pas semblé la juger, ou trouver tout cela étrange.

Puis Hermione avait répondu à la lettre de Parkinson, en lui donnant rendez-vous dans la salle de détente et de ragots. La pauvre Pansy s'était récemment plaint d'être mise à l'écart, et elle se devait de lui raconter au moins dans les grandes lignes leurs aventures si elle ne voulait pas créer un énième conflit. D'autant plus avec l'épisode tragique de la veille. Blaise refusait que quiconque soit au courant de son passage en garde à vue, et de ses tentatives d'évasion avortées. Mais Pansy était sa meilleure amie, et il avait besoin d'elle.

Ce qui la conduisit à s'inquiéter pour lui. Elle lui avait envoyé une petite lettre de soutien un peu maladroite, ne sachant pas trop comment s'adresser à lui en de pareilles circonstances sans le blesser. Il allait être traîné dans la boue dans les jours à venir, c'était certain. Personne n'aimait voir son linge sale étalé dans les journaux et commenté par toute la population sorcière britannique, encore moins un élu... Blaise avait été là lorsqu'elle avait eu besoin de lui, et c'était son collègue : il était évident qu'elle serait là pour lui. Même dans une situation aussi scabreuse.

Finalement, elle s'était donc couchée tard. Et maintenant, elle était en retard au penthouse.

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La première personne qu'elle croisa fut Cormac, qui rôdait devant la porte de son bureau.

"Ah, Hermione, je voulais te parler... marmonna le jeune homme, agité.

- Je vois ça... Tu vas bien ? Tu veux... qu'on entre dans mon bureau ?"

Il hocha la tête en entra à sa suite sans attendre son reste. Hermione ôta son manteau, lui indiqua une chaise, et poussa une pile de parchemins qui obstruaient sa vue. Quelque chose lui disait que ce qui allait suivre allait l'irriter. Et, après un week-end déstabilisant sur une île et un détour par un commissariat moldu, elle aurait espéré avoir un peu de répit.

"C'est un peu délicat. Je ne savais pas à qui en parler, en fait... commença le jeune homme en se triturant les mains.

- Oh... Et bien, j'espère que je peux t'aider. C'est à quel sujet ?

- Voilà, je fréquente quelqu'un, et j'ai peur qu'il y ait... disons, un conflit d'intérêts."

La jeune femme déglutit. C'était donc personnel. Et ça ne lui disait rien qui vaille. Surtout que le pauvre Cormac avait l'air au plus mal : des gouttes de transpiration perlaient sur son front, et il était tout pâle.

"Un conflit d'intérêt ? Écoute, à moins que tu sortes avec Karacter, ou avec Rogue... gloussa Hermione pour détendre l'atmosphère."

Cormac lui jeta un regard éperdu, et Hermione sentit la pièce se mettre à tourner autour d'elle. Oh non. Non non non... Il n'aurait tout de même pas...

"Enfin Hermione, tu crois que j'ai un faible pour les personnes âgées ? hoqueta le Gryffondor en tirant sur le col de sa chemise, choqué.

- Oh ! Ouf ! souffla la jeune femme avant de se mettre à pouffer de manière légèrement hystérique. Non pas que je porte de jugement, chacun ses goûts, mais c'était les deux pires scénarios d'un point de vue professionnel, alors...

- C'est Candice Cornwell."

Après un froncement de sourcils furtif, Hermione creusa dans sa mémoire, en vain. Ce nom lui évoquait bien quelque chose, mais impossible de mettre un visage - ou même une fonction - dessus.

"Excuse-moi mais... Qui est Candice Cornwell ?

- Une députée des Conservateurs. Elle vient d'être élue. Tu sais, celle qui...

- Celle qui s'est battue avec Parkinson pendant la cérémonie ! réalisa soudain Hermione."

Elle jeta un regard outré à son collègue, tenta de masquer une expression dédaigneuse qui menaçait de poindre, et se racla la gorge.

"Je sais ce que tu dois être en train de te dire... Mais ne la juge pas pour un accrochage, elle est beaucoup plus que ça, se justifia Cormac.

- J'espère, oui. Écoute, ça ne me regarde pas, et ça ne regarde personne ici. A part Malefoy, ton leader. Il devrait être au courant.

- Je savais que tu allais me dire ça... Et je savais que j'aurais dû l'avertir dès le début, après tout elle appartient à notre groupe ennemi et ça pourrait créer des tensions. C'est beaucoup te demander, mais... Je ne me vois pas aller lui raconter ça, tu vois. Tu sais comment il est. Il va me rire au nez et, au mieux, il va faire des commentaires sarcastiques. Mais s'il veut que je la quitte ? Ou que je démissionne ?

- Attends, Cormac... Tu veux que j'aille l'en informer à ta place ? s'étrangla Hermione, qui visualisait déjà la scène."

Elle, embarrassée, en train de colporter des potins, face à un Malefoy condescendant qui n'allait certainement pas laisser passer cette occasion de l'humilier. Il était tellement intimidant que même un grand gaillard comme Cormac avait peur de l'affronter. Et elle venait tout juste de retomber dans ses bonnes grâces. Alors, c'était égoïste, mais pourquoi ne pouvaient-ils pas tous la laisser tranquilles avec leurs problèmes relationnels ?

"Il ne va pas te demander de la quitter, il n'a pas le droit de faire ça et il le sait... C'est ta vie privée, ça ne regarde personne.

- J'ai pensé que je pourrais signer un accord de confidentialité, ou quelque chose comme ça, pour rassurer tout le monde...

- Cormac, c'est déjà le cas. Tout le monde ici en a signé un à la minute où vous vous êtes engagés avec les Non-alignés. Bon sang, mais personne ne lit les contrats à part moi ?"

La jeune femme se pinça les lèvres pour se contenir, et respira un grand coup.

"Très bien. Je lui en glisserai un mot. Mais tu devras quand même aller lui parler en personne. Bon sang Cormac, il n'est pas si horrible, grommela Hermione."

L'intéressé lui jeta un regard dubitatif.

"Pas si horrible ? Pas plus tard que la semaine dernière, il a conseillé à Fortarôme de se faire refaire le menton pour ne pas renvoyer une image déplorable des non-alignés auprès des électeurs...

- Pardon ?!

- ... Et il a ajouté qu'il se sentait personnellement offensé par son visage disgracieux !"

La bouche d'Hermione refusait de se refermer. Elle se contentait de papillonner des yeux, en état de choc. Oh bien sûr, elle ne doutait pas une seule seconde du fait que Malefoy soit parfaitement capable de faire ce genre de commentaires. Ça lui ressemblait même terriblement. Mais pour qu'il exprime ce type de remarques perfides, il fallait qu'il soit au minimum agacé par quelque chose, et Fortarôme ne faisait pas vraiment de vagues...

"T'étais pas vraiment dans le coin pour voir ça, la semaine dernière. Mais il était vraiment irritable. Genre... Furieux. Alors s'il est dans le même état d'esprit cette semaine, j'ai pas vraiment envie d'en faire les frais, se justifia Cormac.

- Alors que moi, j'ai envie de prendre ses foudres en pleine tête, bien sûr, maugréa Hermione.

- Il te virera jamais, toi, et en plus t'es une des rares ici à ne pas avoir peur de lui ! S'il-te-plait...

- Tu pourrais avoir la décence de te respecter un minimum et de ne pas me supplier avec cette voix de bébé, le rabroua la jeune femme en masquant une brusque envie de rire."

Passé la surprise, Cormac baissa la tête avec un petit rire.

"Franchement, si t'avais eu l'air un tout petit peu plus sournois, ta réplique aurait pu sonner très Drago Malefoy.

- Sors de mon bureau, espèce de couard."

Hermione lui indiqua la porte d'un doigt qui se voulait autoritaire mais, au vu des gloussements que produisit Cormac, personne n'était dupe.

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Une fois seule, Hermione entreprit de lire la pile de dossiers et de courriers urgents qu'Astoria avait mis de côté. Elle n'avait même pas atteint un quart du tas que Parkinson entra en trombes dans son bureau, deux immenses gobelets de café à la main.

"Je sais, on a rendez-vous plus tard, mais je ne pouvais plus attendre et ni Drago ni Blaise ne sont arrivés. J'ai besoin de savoir. Il s'est passé quoi ? Ne me mens pas, je sens qu'un truc grave s'est produit... Il y a comme une odeur dramatique qui flotte dans l'air."

Devant la mine défaite de la Serpentard et les légers trémolos dans sa voix, Hermione se résolut à abandonner son courrier en retard. Elle lui fit signe de s'asseoir, ce que Parkinson s'empressa de faire, et se racla la gorge. Il s'était passé tellement de choses absurdes et surréalistes ces derniers jours qu'elle ne savait même plus par où commencer.

"Lance-toi, l'incita la Serpentard, les mains serrées autour de son café.

- Je crois qu'il faut que je remonte pas mal en arrière pour que tu comprennes bien tout ce qui se passe, souffla Hermione en se massant les tempes."

Elle ne savait pas très bien pourquoi elle s'apprêtait à se confier à sa collègue, mais brusquement ça lui paraissait évident. Elle sentait confusément qu'elle pouvait lui faire confiance, et qu'elle était une alliée. Et Parkinson lui confirma qu'elle prenait la chose au sérieux en jetant plusieurs sorts pour insonoriser la pièce et s'assurer que personne, en dehors d'elles deux, n'entendrait cette conversation.

"Ce fameux vendredi, où on a disparu... En fait, quelqu'un a envoyé des photos de moi en position... embarrassante à une journaliste. Genre... dénudée. De quoi foutre en l'air ma carrière et ma réputation. Et Zabini et Malefoy m'ont aidée à détruire ces photos avant qu'elles ne puissent être publiées, résuma Hermione.

- Tu t'attends certainement à ce que j'éclate de rire face à cette révélation... Granger-la-morale fait des photos compromettantes... Mais en fait, je vais pas du tout faire ça. C'est purement et simplement indigne ! s'offusqua Parkinson en attrapant la main d'Hermione dans la sienne."

Elle imprima une pression sur les doigts de la Gryffondor, trop surprise pour réagir.

"Si t'étais un homme, jamais on t'aurait menacée avec des photos de nu, tout le monde s'en foutrait. C'est toujours pareil. Les femmes qui réussissent, on essaye toujours de leur nuire. Et cette journaliste, elle a déjà entendu parler de sororité, de solidarité féminine ? Ruiner la carrière politique d'une femme, héroïne respectée par tous, et pourquoi ? Parce que tu as un corps et une vie sexuelle ? Qui a envoyé ces photos ? Drago l'a trouvé, j'imagine. Et ton pote Potter ? Il peut pas nous aider à mettre hors d'état de nuire cette vermine lâche ?"

L'empressement et la fureur de Parkinson, conjugués à l'emploi du pronom "nous", acheva de convaincre Hermione qu'elle avait bien fait d'enfin dire toute la vérité à la jeune femme.

"Harry et Malefoy ont bien cherché, mais impossible de remonter la piste. En plus, ces photos étaient vieilles de deux ans, alors...

- Attends, quoi ? Quelqu'un détenait ces immondices depuis deux ans et décide de les sortir maintenant, en pleine apocalypse à l'assemblée ? Quelle coïncidence... siffla Parkinson.

- C'est ce qu'Harry a dit aussi.

- Non mais... Pause. Quand tu dis qu'Harry Potter et Drago ont cherché la balance, tu veux dire... ensemble ?"

Hermione haussa les épaules, peu enthousiaste à l'idée de s'appesantir sur le sujet. C'est vrai qu'à bien y repenser, ils avaient collaboré pour l'aider, et c'était inattendu. Quand Pansy allait savoir que cela s'était reproduit par la suite...

"Bref, l'incident semblait clos. Mais ensuite, quand on était à Clare Island...

- Oh, oui, il est largement temps d'aborder ce sujet. Pourquoi vous vous faisiez la gueule ? Qu'est-ce que tu as fait à Drago pour le blesser comme ça ? Parce qu'il n'était pas juste grognon, ou vindicatif, comme d'habitude. Il était touché ! Alors ? Tu as suivi mes fabuleux conseils, et tu l'as attiré dans ton lit ? J'imagine que ça n'a pas dû être bien difficile. D'autant plus sur l'île de la débauche. Lui et Théo, tous les ans c'est pareil, de vraies traînées... Mais je m'égare. Vous êtes réconciliés ?

- Pansy... C'est un tout autre sujet, qui n'a rien à voir avec le réel problème. J'ai fait une gaffe, mais je me suis excusée auprès de lui et maintenant c'est arrangé, résuma Hermione en fixant son gobelet de café. Le truc, c'est qu'il est arrivé un truc à Zabini quand on était sur l'île."

La Serpentard se tendit comme un arc, et se pencha en avant. Tout à coup, elle n'avait plus envie de taquiner Hermione au sujet de Drago, et son appétit pour les potins s'était tari. Elle se maudit intérieurement d'avoir laissé un instant sa soif de ragots détourner la conversation. Si Granger prenait la peine de se confesser, au sujet de sa vie privée par dessus le marché, ce n'était pas pour rien. Quelque chose de grave s'était produit.

"Il va bien, il est en sécurité chez lui, et il n'est pas blessé, la rassura immédiatement Hermione.

- Par Merlin Granger, mais qu'est ce qui s'est passé ?

- Il a été arrêté par la police moldue. Il était avec une femme, dont il ne se souvient plus, ils sont entrés par effraction chez une famille moldue, puis par un enchaînement de circonstances inexplicable, il s'est retrouvé nu, la fille a fait exploser un canapé devant les moldus, a stupéfixié Zabini, et s'est enfuie. Le temps qu'il soit libéré du sort, les moldus lui avaient confisqué sa baguette et l'avaient embarqué. On est rentrés aussitôt pour le sortir de là, mais c'était trop tard, on a dû appeler Harry et une équipe d'oubliators pour réparer les dégâts."

Pansy s'était plaqué une main sur la bouche et écarquillait les yeux. Elle était tellement choquée qu'aucun son ne parvenait à sortir de sa bouche, et face à ce flot d'informations, elle n'arrivait plus à faire le tri.

C'est ce moment que choisit Malefoy pour entrer dans le bureau d'Hermione sans frapper, mèche au vent.

"Oh. Parfait, vous êtes là toutes les deux, lança-t-il en balançant sa cape sur le dossier d'une chaise."

Il claqua la porte derrière lui d'un coup de pied agile, et se planta devant les deux femmes.

"On a un problème, annonça-t-il.

- C'est pas vrai, pas ENCORE, pesta Hermione.

- Si. Encore."

Il attrapa le gobelet de café qui trainait toujours devant Pansy, le renifla d'un air suspicieux, et en but une longue gorgée. Tout ça sans que la jeune femme n'émette la moindre objection. Il se retourna donc vers elle, et fronça les sourcils.

"Pans' ? l'appela-t-il."

Elle ne cligna même pas des yeux. Le blond se tourna alors vers Hermione, qu'il tenait pour responsable de l'état cataleptique de son amie.

"Granger, pourquoi as-tu cassé ma meilleure amie ?

- J'ai commencé à lui raconter cette histoire de complot contre les Non-alignés. Et ne me regarde pas comme ça, elle mérite de savoir ! On est tous en danger, ici, si quelqu'un cherche à nous piéger en employant des méthodes aussi dégueulasses..."

Malefoy leva une main autoritaire en l'air pour la faire taire, ce qu'elle fit pour une raison obscure.

"Tu as bien fait. D'autant plus que notre petit intrigant a encore frappé. Visiblement, il a décidé d'accélérer le mouvement, révéla le blond, en guettant la réaction de la Gryffondor."

Celle-ci, lèvres pincées, était devenue toute rouge à une vitesse étonnante. D'abord, elle ne bougea pas d'un pouce. Puis elle abattit brutalement sa main sur son bureau, ce qui fit sursauter Pansy.

"Écoute, c'est pas le moment de partir en vrille. Blaise déprime et traine dans son loft en pyjama, Pansy est devenue muette, j'ai besoin que tu sois en pleine possession de tes facultés.

- Oh mais ne te méprends pas, je vais t'aider. Et on va exterminer ce petit intrigant, comme tu dis. Qu'est-ce qui s'est passé, cette fois ?"

Elle pianotait du bout des ongles sur son bureau, avec une nervosité évidente. Elle sentait la colère monter en elle graduellement, sans s'affaiblir.

"Oh... lâcha Malefoy, surpris."

La Gryffondor ne paniquait pas, et en plus elle était prête à partir au combat. Il se félicita mentalement d'avoir recruté une arme de destruction massive aussi performante.

"Et bien, une de nos notes internes a été divulguée à Wizzards Channel ce matin. Je l'ai rédigée la semaine dernière, et comme chacun sait j'étais légèrement... irrité. Il se pourrait donc que mon choix de vocabulaire ait été excessif.

- Malefoy... grogna Hermione, appréhendant la suite.

- Oh, ça va ! Ces notes sont strictement confidentielles, et ensorcelées pour ne pas être visibles par des étrangers au mouvement ! Comment voulais-tu que je devine que quelqu'un allait en faire une copie, et la divulguer ?

- Malefoy, qu'est-ce qu'il y avait dans cette note ? insista la jeune femme.

- Peu importe, Théo l'a interceptée évidemment. Il a prétendu que c'était un faux grossier, et l'a détruite. Problème réglé ! Maintenant, on doit trouver la taupe."

Mais Hermione ne l'entendait pas de cette oreille, et se leva brusquement. Puis elle se pencha en avant par-dessus son bureau, surplombant le blond de toute sa hauteur. Elle attendit en silence que la tension monte suffisamment, et ne se décida à parler que lorsqu'elle le vit déglutir avec difficulté.

"Qu'est-ce qu'il y avait dans cette note, Malefoy ? répéta-t-elle avec un calme glaçant.

- J'avais jamais remarqué avant, mais tu ressembles sacrément à mon père... souffla le blond.

- Même moi, j'ai peur, ajouta Parkinson qui semblait sortie de sa transe. Dis-lui, l'exhorta-t-elle.

- Bon, très bien... maugréa Malefoy. Je l'ai envoyée à Patil. Je lui ai demandé de se dépêcher à venir dans mon bureau, pour...

- De bouger son gros cul vers ton bureau, corrigea machinalement Parkinson. Quoi, on l'a tous lue ta note... Elle pleurait, je te signale !

- Mais c'est pas vrai ! s'exclama Hermione, outrée.

- Je lui ai déjà passé un savon, t'en fais pas, intervint Pansy en jetant un regard réprobateur à son meilleur ami. Donc, cette note disait précisément Bouge ton gros cul vers mon bureau, et ramène moi le dossier sur les allocations aux pauvres, ces crève-la-faim sont foutus de se mettre en grève si on ne leur file pas quelques gallions. Et prends un chewing-gum, tu vas asphyxier tout l'étage avec ton haleine d'inferi.

- J'ai pas les mots, souffla Hermione en se rasseyant."

Penaud, le Serpentard haussa un sourcil inquiet, attendant sa sentence. Il savait bien qu'il allait se faire étriller, mais maintenant qu'il était face à elle, il sentait l'anxiété peser de plus en plus lourd dans sa poitrine. Il avait besoin d'elle dans l'immédiat, pour l'aider à débusquer le traitre dans leurs rangs. Alors le timing était terrible... Il ne pouvait pas se permettre de se la mettre à dos juste avant de débuter l'enquête.

"Je me suis excusé, ajouta Malefoy comme si c'était suffisant.

- Auprès de tous les crève-la-faim ? siffla Hermione avant même qu'il n'ait eu le temps de finir sa phrase."

Le Serpentard choisit de se taire, puisqu'il se savait indéfendable et n'avait pas envie de gaspiller des forces précieuses dans des justifications nébuleuses.

"Bon, il va falloir qu'on renforce les protections des notes internes, ce genre d'incident ne peut pas se reproduire. Mais surtout, on doit être irréprochables. On cherche à nous nuire, alors inutile de leur donner de quoi nous détruire.

- Je m'occupe des sorts de protection, décréta Parkinson. Mais avant, il faut que vous m'expliquiez précisément ce qu'il se passe avec Blaise, sinon je ne vais pas arriver à me concentrer.

- Oui, Malefoy va tout te raconter, dit Hermione en le fusillant du regard. Moi, je vais parler à Patil. Elle a toutes les raisons du monde d'avoir balancé cette note à la presse. Rien ne dit que cette fuite ait quelque chose à voir avec notre mystérieux ennemi."

Bien décidée à tirer tout ça au clair, elle se leva, rangea sa chaise dans un geste brusque, et sortit sans attendre une quelconque réponse.

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Hélas, Patil n'était pas dans son bureau, et personne n'avait l'air de savoir où elle était passée. Hermione tenta de la joindre sur son téléphone, lui envoya un hibou, interrogea avec tact Cho Chang et les autres députés proches de sa collègue... Rien. Elle s'était comme évaporée. Elle retourna donc dans son bureau sans avoir progressé.

"Ah, Hermione ! Alors ? s'enquit immédiatement Parkinson, qui n'avait toujours pas bougé de sa chaise.

- Je ne la trouve pas, impossible de mettre la main sur elle.

- C'est un aveu de culpabilité, la fuite, remarqua Malefoy, lui aussi installé dans le bureau de la Gryffondor.

- Et tu t'y connais en matière de fuite, répliqua la jeune femme.

- Tu vas me sauter à la gorge dès que j'ouvre la bouche pendant longtemps ?

- Aussi longtemps que tu mettras en danger notre groupe en insultant tes collaborateurs.

- Temps mort, les gars... s'interposa Pansy."

Malefoy croisa les bras, un air renfrogné scotché au visage, et Hermione lâcha un soupir à fendre l'âme.

"Peut-être qu'elle est rentrée chez elle, ou qu'elle a des rendez-vous à l'extérieur... supposa Parkinson.

- Il n'y a rien de noté dans son agenda, réfuta Hermione.

- Tu as lu son agenda ? C'est pas très éthique, ça... ne pu s'empêcher de lancer Malefoy.

- Tu veux vraiment qu'on débatte sur l'éthique maintenant ? s'exclama la Gryffondor, effarée par le culot de son leader.

- Ah non, ça ne va pas recommencer ! Grandissez un peu, on a encore des chose à régler et c'est autrement plus important que vos petites prises de bec. Je m'occupe de sécuriser les notes internes, et je file chez Blaise lui remonter le moral. Vous deux, débrouillez-vous comme vous voulez, mais évitez de vous entretuer et trouvez-nous la taupe."

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C'est ainsi qu'Hermione se retrouva sur le palier de Patil, à sonner désespérément devant une porte close.

"On a qu'à entrer, suggéra Malefoy dans son dos."

Elle ferma les yeux une seconde pour se calmer, et éviter de l'étrangler. Il avait tenu à la suivre pour s'excuser à nouveau auprès de celle qu'il avait insulté, et semblait prêt à rattraper le coup. Dans l'intérêt du groupe, Hermione avait été forcée d'accepter sa présence. Mais à présent, elle le regrettait amèrement. Il avait un don pour la mettre sur les nerfs. A ses côtés, elle était systématiquement à fleur de peau, tendue comme un arc, les sens en alerte. Elle se sentait comme consciente d'un danger, et ressentait absolument tout de manière décuplée. Et elle n'était pas du tout sure de comprendre ce que cela signifiait. Le résultat, dans l'immédiat, c'est qu'il la rendait complètement cinglée et l'énervait prodigieusement. Même entendre le son pourtant discret de sa respiration lui donnait envie de le frapper.

"Tu suggères d'entrer en tout illégalité dans l'appartement d'une collègue ? Je ne suis pas sûre que ce soit la bonne attitude pour qu'elle te pardonne, répliqua Hermione avec un ton hautain qui, elle le savait, allait agacer le blond."

Si elle devait être irritée et prête à lui sauter à la gorge, autant qu'il le soit aussi. Il n'y avait aucune raison pour que seule sa journée à elle soit fichue en l'air.

"Si tu redescendais un peu du piédestal sur lequel tu t'es mise toute seule, et que tu réfléchissais deux secondes ? On entre, on vérifie qu'elle n'a rien de compromettant, et on repart. Ni vu ni connu.

- Non, objecta Hermione en sonnant une énième fois à la porte."

Cette dernière cliqueta d'un coup, déverrouillée.

"Tu vois ! Pas besoin de faire n'importe quoi, elle vient d'ouvrir, fanfaronna Hermione.

- Entrons, alors, fit Malefoy d'un air dégagé."

Elle arrêta aussitôt son geste, et pivota vers lui d'un air suspicieux. Il ne manifestait pas suffisamment son agacement. Et se fichait qu'elle ait eu raison. C'était très louche...

"C'est toi qui vient de déverrouiller cette porte, pas vrai ? devina-t-elle.

- Je n'ai même pas ma baguette, se défendit-il en levant les mains en l'air.

- On sait tous les deux que tu maitrises les sortilèges informulés, et que tu peux réaliser un simple alohomora sans toucher ta baguette.

- Tu me surestimes, Granger.

- Tu me mens, Malefoy."

Ils se dévisagèrent en silence pendant quelques secondes, mais ils pensaient tous les deux à cette porte ouverte qui leur tendait les bras. Tiraillée entre sa curiosité et le respect de la loi, Hermione était vissée au sol. Malefoy lui, savait déjà qu'il allait entrer. Il attendait simplement qu'elle abdique, et entre avec lui. Et elle allait le faire, il en était certain. Miss Granger n'était pas si parfaite qu'elle le pensait.

Ce furent des bruits de pas dans les escaliers qui décidèrent pour eux : Malefoy poussa Hermione à l'intérieur de l'appartement, y entra à sa suite, et referma la porte derrière eux en silence.

"Mais si c'est elle qui arrive ? chuchota Hermione, stressée."

Elle était coincée entre la porte et le corps de Malefoy, qui la pressait contre le montant pour pouvoir écouter lui aussi ce qu'il se passait sur le palier. C'était difficile de faire plus proche que leur position à cet instant et Hermione, troublée, en oublia ce qu'elle faisait là. Le souffle de Malefoy contre sa nuque l'empêchait de se souvenir qu'elle était prête à lui mettre une gifle quelques secondes auparavant. D'ailleurs, elle ne savait plus pourquoi elle s'était énervée.

Les pas passèrent sans ralentir devant la porte et poursuivirent leur ascension.

"Tu vois ! gloussa Malefoy, satisfait."

Il était tellement collé à elle, que son petit rire émit un souffle qui fit bouger les cheveux de la jeune femme. Il le faisait exprès, c'était évident. Hermione se décala sur le côté, et remis ses cheveux en place.

"Bon, maintenant qu'on est là... marmonna-t-elle.

- Fouillons ! lança Malefoy en se frottant les mains."

Si son éducation aristocrate ne l'en avait pas empêché, il se serait mis à sautiller d'excitation. Au lieu de ça, il s'élança vers une commode et ouvrit méthodiquement tous les tiroirs, sondant leur contenu avec une dextérité évidente.

"Tu fais ça souvent ? se renseigna Hermione, qui était plantée au milieu du salon et n'osait rien toucher.

- Tu sais, fouiner ne demande pas d'aptitudes particulières. Laisse toi aller, ça ira tout seul, lui conseilla le blond en passant à une penderie."

Les bras ballants, Hermione balaya le petit appartement du regard, et constata qu'il ne contenait que peu d'effets personnels. Contrairement à ce qu'elle aurait pensé, Patil ne vivait pas au milieu de fourrures roses et d'accessoire très girly. En réalité, on aurait presque dit qu'elle ne vivait pas là. Il n'y avait pas de photos dans les cadres, uniquement des œuvres d'art impersonnelles. Un poster de Quidditch dédicacé. L'affiche d'un film de gangster moldu. Et tout un tas de vyniles, classés soigneusement. Hermione ne savait pas Patil si mélomane... Ses meubles étaient élégants mais relativement neutres. Sa vaisselle était parfaitement ordonnée dans les placards, qui ne contenaient quasiment pas de nourriture. Sauf si on estimait que les nouilles chinoises instantanées constituaient une manière acceptable de se sustenter. Prise d'un doute, Hermione se précipita dans la chambre, et ouvrit le dressing.

"Heu, Granger, t'es sûre que tu t'es pas trompée d'adresse ? l'interrompit Malefoy, qui entrait avec un parchemin à la main.

- C'est bien l'adresse qu'elle nous a donnée... Mais ce n'est pas elle qui vit ici, confirma Hermione en pointant du doigt les costumes masculins qui trônaient dans le dressing."

Malefoy leva les yeux de son papier, et fronça les sourcils.

"C'est une facture d'électricité, au nom de...

- Seamus Finnigan, coupa Hermione.

- Comment tu le sais ?

- La rosette d'Irlande au-dessus du lit. Elle était dans son dortoir à Poudlard. Une des feuilles du trèfle est déchirée, parce que Ron a voulu lancer un sort avec sa baguette cassée, et il a ricoché."

Malefoy la dévisagea comme si elle était complètement cinglée. Comment pouvait-elle retenir autant de détails insignifiants, et les utiliser de manière totalement imprévisible des années après ?

"Comment tu sais que ce machin trainait dans son dortoir ? finit-il par demander.

- C'était aussi celui d'Harry et Ron, il m'arrivait d'y passer, expliqua Hermione. Bon, pourquoi Padma a donné l'adresse de Seamus dans absolument tous ses formulaires officiels ? Je suis sûre qu'on est au bon endroit. J'ai trouvé cette adresse dans le registre des Non-alignés.

- Si on est en réalité chez Finnigan...Peut-être que les papiers se sont mélangés, ou que la secrétaire s'est emmêlé les pinceaux... marmonna Malefoy, songeur. Dans ce cas, on va la virer."

Hermione leva les yeux au ciel, et choisi d'ignorer sa dernière remarque.

"Aussi bien Seamus que Padma aurait dû le signaler, et faire corriger l'erreur. On a envoyé la charte ici, les formulaires d'assurance ici, les salaires aussi... Si Seamus avait reçu tous les courriers de Padma, il l'aurait dit..."

Malefoy se laissa tomber sur le lit de Finnigan, et se replongea dans une observation minutieuse de la pièce.

"Ils sont peut-être ensemble, finit-il par suggérer. En couple, quoi.

- Ça aussi, ils auraient dû le signaler... Et puis, tu as l'impression que Padma vit ici toi ? Il n'y a absolument aucune trace de sa présence. Pas de vêtements, pas d'objets personnels, il n'y a qu'une seule brosse à dent dans la salle de bain, et...

- J'ai compris l'idée. Bon, elle ne vit pas ici. Et Seamus la couvre. Pourquoi ?"

Hermione s'affala à son tour sur le lit de Seamus, et fixa le plafond. Elle sentit que Malefoy se laissait tomber en arrière lui aussi, et ils restèrent allongés en silence l'un à côté de l'autre. L'affaire se compliquait.

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"Mais qu'est-ce que vous foutez-là ? rugit Seamus Finnigan, flanqué de Cormac."

Les deux garçons se tenaient dans l'embrasure de la porte de la chambre, et fixaient les deux individus allongés sur le lit avec l'air de ne pas en croire leurs yeux. Leurs mines étaient tout bonnement indescriptibles. Et Malefoy éclata de rire, incapable de se retenir.

"Oh... Heu... c'est pas du tout ce que tu crois, bafouilla Hermione en se relevant si vite que sa tête se mit à tourner.

- C'est exactement ce que dirait un coupable, se moqua Cormac.

- Non mais, sérieusement, qu'est-ce que vous foutez chez moi ? Sur mon lit ? Vous avez forcé la porte ? Pourquoi vous faites ça ? les mitrailla Seamus, le teint écarlate.

- On se calme, Finnigan. Offre nous une bièraubeurre et on va t'expliquer, le coupa Malefoy une fois son hilarité vaincue.

- Non mais, vous êtes dingue ! Vous vous incrustez chez moi pendant mon absence pour faire Merlin sait quoi, vous vous allongez dans mon lit... MON LIT ! Et en plus je dois vous offrir l'apéro ! Mais on marche sur la tête ! s'emporta le jeune homme en levant les bras au ciel."

Heureusement pour tout le monde, Cormac eut la présence d'esprit de poser une main apaisante sur l'épaule de son ami. Cela eut le mérite de temporiser la situation, où Seamus bouillait de rage face à un Drago hautain et une Hermione effarée.

"Peut-être qu'on devrait tous respirer un bon coup, et aller boire un truc, proposa Cormac.

- Oui, on va tout vous expliquer, s'empressa de confirmer Hermione.

- Vous avez plutôt intérêt oui, grinça Seamus en menaçant Malefoy du doigt, suspect idéal pour toute félonie.

- Dis donc, je suis ton leader quand même, fais attention à la direction dans laquelle tu pointes cet index ou la prochaine fois, je te le casse en deux, rouspéta le blond en passant en trombe devant le pauvre Finnigan.

- Ne fais pas attention, le supplia Hermione en grimaçant."

Quelques secondes plus tard, ils étaient attablés face à quatre bièraubeurre en silence. Les temps semblait s'être arrêté, et Hermione se sentait prodigieusement gênée. Déjà parce qu'elle s'était introduite en toute illégalité chez un ami et collègue, et avait été prise la main dans le chaudron. Et ensuite - ce qui était bien pire, finalement - parce qu'elle n'osait même pas imaginer ce que pensaient les deux garçons assis en face d'elle après l'avoir trouvée sur un lit avec Drago Malefoy.

Ce fut de nouveau Cormac qui désamorça la crise qui menaçait.

"Alors... Pourquoi êtes-vous là, tous les deux ?

- On enquêtait, rétorqua Malefoy en fixant Seamus avec un regard d'aigle. Quelqu'un a vraisemblablement menti, ou du moins caché certaines informations.

- Ou alors c'est un malentendu, intervint Hermione."

Le blond la fusilla du regard, et reprit :

"S'il y a quelque chose que je déteste par dessus tout, c'est d'être pris pour un abruti. Alors, Seamus, pourrais-tu m'expliquer où est Padma ? Je ne la vois nulle part dans cet appartement, mais peut-être qu'on a mal cherché. Est-ce qu'elle est sous la table ? s'enquit le blond en faisant mine de regarder dessous."

Interloqué, Seamus ne pipait mot.

"Non, je ne la vois pas. Peut-être derrière le canapé, alors ? Cormac, va vérifier je te prie.

- Mais... Qu'est-ce qui se passe, exactement ? se renseigna le Gryffondor, perplexe. Hermione ?

- Fais ce qu'il te dit, sinon il va continuer son cirque toute la journée, grogna la jeune femme."

Elle fixait Seamus dans l'espoir de comprendre ce qu'il cachait, mais il avait juste l'air complètement dépassé par la situation. Et un peu effrayé, ce qui était compréhensible au vu de l'attitude psychotique de Malefoy, qui ressemblait en tout point à un Rogue de la grande époque.

Alors Cormac se leva, marcha jusqu'au canapé, fit mine de regarder derrière, et articula lentement :

"Non, Padma n'est pas derrière le canapé.

- Oh, vraiment ? Mais où se cache-t-elle ? Et si on allait voir dans le placard, elle est peut-être là...

- Bon ça suffit maintenant, s'interposa Hermione, agacée. On a compris.

- Pourquoi tu sapes mon autorité devant tout le monde ? s'offusqua Malefoy, courroucé.

- Parce que tu délires, là.

- Bien, continue par dessus le marché ! Mais quelle équipe je me traîne, vous ne me méritez pas. Tous, autant que vous êtes ! s'agaça le blond. FINNIGAN, où est Patil ?!"

Le blond frappa du poing sur la table d'un coup, faisant sursauter tout le monde. Cormac avait l'air d'hésiter entre intervenir, ou rester tranquillement à l'écart.

"Je... Je n'en sais rien ! répondit Seamus, pâle.

- Vraiment ? Elle habite ici pourtant, tu devrais être au courant de ses allées et venues ! objecta Malefoy.

- Quoi ? s'étonna Cormac.

- Oh... Je vois, souffla Seamus."

Hermione se tendit sur sa chaise, aux aguets. Il allait enfin s'expliquer... Mais les secondes s'écoulaient, et il ne parlait toujours pas. Il avait l'air d'être en proie à un dilemme intérieur.

"Dis-nous, Seamus... Tu ne risques rien, ça restera entre nous. Vous êtes ensemble, c'est ça ? demanda Hermione calmement.

- Good cop bad cop, tu crois vraiment que ça fonctionne dans la vraie vie ? geignit Malefoy.

- Elle fait envoyer son courrier ici, mais elle ne vit pas avec moi. Elle utilise juste mon adresse pour ses papiers officiels, articula Seamus à tout vitesse, avant de fermer les yeux comme s'il s'attendait à être foudroyé sur place par une puissance divine.

- Ça alors, ça a fonctionné... siffla le blond.

- Mais pourquoi fait-elle ça ? poursuivit Hermione sans lui prêter attention.

- Je... Je ne peux pas vous le dire. Je lui ai promis. Mais ce n'est rien d'illégal ! Je vous jure qu'on ne fait rien de grave, ça n'a aucun rapport avec les Non-alignés ou la politique.

- Ah mon petit Finnigan, si tu crois que tu vas t'en tirer comme ça tu te fourres le doigt dans l'œil, objecta Malefoy. Je me fiche de savoir si c'est légal ou non, je veux savoir ce que c'est. Ma députée a menti avec ta complicité, et si vous ne me dites pas pourquoi, je vous vire. Immédiatement. Tous les deux."

La menace de Malefoy claqua dans l'air et Hermione le regarda d'un air effaré. Seamus encaissa la menace avec difficulté, mais ne plia pas. Il redressa le menton et fixa son leader sans broncher. Et c'est ce courage et cette loyauté qui poussèrent Hermione à prendre le parti de collègue.

"Seamus, il a le droit de te virer, c'est un motif valable. Padma et toi, vous n'allez pas tomber et gâcher vos carrières pour un truc sans importance. Si tu veux... Dis le juste à Malefoy, Cormac et moi on va sortir. Il est tenu à la confidentialité, rien de tout ça ne sortira d'ici. S'il te plait...

- Ce n'est pas un petit truc sans importance. C'est important pour elle, et je lui ai donné ma parole.

- Mec, elle ne t'en voudra pas si tu parles pour sauver ta carrière et la sienne... Pense à elle, justement, le pria Cormac."

De nouveau tiraillé, Seamus se mura dans le silence. Sa détresse faisait peine à voir. Mais il tenait bon. Et Malefoy fronça les sourcils, étonné de voir ce petit député discret lui tenir tête et faire preuve de loyauté. Ça, c'était des choses qui forçaient le respect.

"Parle maintenant et je ne vous vire pas, ni l'un ni l'autre. Si tu dis la vérité et que ce n'est pas un secret grave, je n'en parlerai pas à Patil. Ni même à toi. Ça sera comme si on n'avait jamais eu cette conversation, lâcha Malefoy.

- Très bien, très bien ! capitula Seamus. Vous pouvez rester, indiqua-t-il aux deux autres. Mais on va faire un serment de ne parler à personne de ce que je m'apprête à révéler !"

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Drago referma la porte de l'appartement de Seamus, en entreprit sa descente des escaliers en silence. Alors ça, il ne s'y était pas attendu. Même Granger, ce foutu moulin à paroles, se contentait de le suivre en silence. De la stupeur. Voilà, c'était ça : ils étaient tout bonnement et simplement choqués. Ils sortirent de l'immeuble, marchèrent quelques mètres dans la rue, et la Gryffondor craqua.

"Par Merlin, Malefoy, on est obligés de faire quelque chose !

- On a fait un serment Granger, on ne fera rien du tout.

- Mais on ne peut pas sciemment laisser une personne, qui plus est une collègue, vivre dans la rue ! s'emporta Hermione d'une voix stridente. Padma est une SDF. Une députée, une sorcière, dort tous les soirs dans une voiture moldue abandonnée. On ne peut pas faire comme si on ne savait pas !

- Bravo, tu auras tenu trois minutes avant d'éventer le secret. Parle moins fort, enfin !"

Hermione se mordit la lèvre, honteuse. Elle était tellement sous le choc que sa voix partait dans les aigus. Quand Seamus avait lâché la bombe, elle avait eu l'impression de recevoir un grand coup dans le plexus.

"Elle n'a pas voulu de l'aide de Seamus, son ami. Elle ne voudra certainement pas de la nôtre non plus, ajouta Malefoy.

- Je comprends, ce doit être tellement humiliant... Mais elle ne devrait pas avoir honte, ce n'est quand même pas de sa faute si elle paye les erreurs de ses parents ! Et cette dinde de Parvati qui a pris la fuite, ça ne m'étonne même pas... Bon sang, c'est terrible !"

Malefoy laissa Hermione continuer à se lamenter sur le sort de Padma pendant une dizaine de minutes, puis conclut laconiquement :

"Tout ça ne nous dit pas si elle a balancé ma foutue note interne à la presse."


Et de 16 ! Je pense pouvoir publier plus régulièrement maintenant, et je vous répondrai le plus vite possible. Merci d'être toujours là, de lire et de partager avec moi votre avis et vos petites intuitions ! C'est toujours agréable d'avoir vos retours.

A bientôt pour le prochain chapitre :)