Chapter 18 - Sextape

Hermione enfila ses sous-vêtements de la veille, qui avaient été miraculeusement lavés, repassés et pliés - qui repassait les soutien-gorges ? - pendant la nuit. Elle n'avait pas vu d'elfe la veille, mais peut-être que ceux de Drago étaient particulièrement discrets. Quoi qu'il en soit, elle se promit de lui faire une petite leçon de morale à ce sujet.

Elle allait remettre sa robe, quand un éclat de lumière entra dans son champ de vision. Un peignoir en lamé doré scintillait, accroché derrière la porte de la salle de bain. Sur une impulsion irréfléchie, elle s'enroula dedans, et éclata de rire en croisant son reflet dans le miroir. Seul Malefoy pouvait investir dans ce genre d'accessoire grotesque.

"Ta santé mentale m'inquiète, Granger. Tu ris toute seule dans... lança Malefoy en ouvrant brusquement la porte de la chambre d'amis.

- Bon sang, mais j'aurais pu être nue, tu pourrais frapper ! protesta Hermione en lui jetant le premier objet qui se trouvait à sa portée, soit un bonnet de bain.

- Eh ! gloussa le blond. Tu sais, ce peignoir m'a été offert lors d'une soirée très divertissante dans une boîte de strip-tease. Je ne pensais pas voir un jour une femme non rémunérée pour se trémousser sur une barre de pole dance le porter..."

Horrifiée, Hermione ôta l'objet du délit comme s'il l'avait brûlée et se rua sur une serviette de douche, dans laquelle elle s'enveloppa jusqu'au menton. Malefoy était hilare, fier de son coup.

"Le petit déj est servi, finit-il par annoncer en reprenant son souffle.

- Super ! Maintenant fiche le camp, je dois m'habiller !

- Pourquoi ? Tu devrais embrasser ton destin, et assumer le peignoir doré...

- Sors d'ici, serpent ! cria Hermione en lui désignant la porte d'un doigt autoritaire."

Il obtempéra en gloussant, referma la porte derrière lui, et Hermione soupira. Elle avait passé une nuit affreuse, entrecoupée de cauchemars qui l'avaient réveillée en sursauts à plusieurs reprises. Et finalement, elle avait été soulagée d'ouvrir les yeux dans un lit douillet, en sécurité. Sécurité qui lui apparaissait soudain toute relative, avec un personnage intrusif tel que Malefoy à quelques mètres d'elle seulement.

Elle acheva de se préparer, et se rendit à la cuisine, tout à coup un peu mal à l'aise. Était-ce normal de dormir chez son patron, puis de déjeuner avec lui au saut du lit ? Est-ce que quelqu'un comme Drago Malefoy déjeunait dans sa cuisine ? Il était peut-être plus du genre à se faire servir à table. Elle passa la tête par l'entrebâillement de la porte, et constata avec soulagement qu'il était déjà en costume, et qu'il sirotait son café en lisant la Gazette, juché sur un tabouret de bar. Il releva la tête à son entrée, et esquissa un petit sourire goguenard.

"Ne fais aucun commentaire, l'avertit Hermione avant de s'avancer avec prudence vers le comptoir."

Tout un tas de victuailles fraîchement cuisinées trônaient dessus et, à moins que la passion secrète de Drago Malefoy soit la pâtisserie, elle doutait sérieusement de sa capacité à confectionner des muffins aux myrtilles aussi parfaits.

"J'aimerais que tu me présentes à ton elfe, lança Hermione en s'attablant en face de lui."

Malefoy battit des yeux au dessus de sa tasse de café, puis la reposa.

"Je n'ai pas d'elfe.

- Tu t'es levé cette nuit pour faire de la pâtisserie, donc. Oui, c'est tout à fait crédible.

- J'ai du personnel, humain et rémunéré, comme tout le monde. Enfin, presque tout le monde.

- Tu as une cuisinière ? insista Hermione en se servant une tasse de café.

- Oui. Et une femme de ménage. Tu as d'autres questions ? Parce qu'il me semble qu'on a pas mal de choses à faire aujourd'hui, comme déjouer un complot ou mettre à terre nos ennemis.

- Oh, je suis parfaitement prête pour ça, répondit Hermione en croquant avec férocité dans son muffin."

Toute la nuit, elle s'était repassé le film des événements dans sa tête et, maintenant qu'elle connaissait le vrai rôle qu'avait joué Laura, elle se trouvait vraiment stupide de ne pas l'avoir percée à jour. Elle s'était laissée berner par son attitude apparemment passive, ses hésitations, ses silences qu'elle prenait pour de la timidité. A la minute où elle avait fait savoir qu'elle pensait à quitter le groupe des Progressistes, Laura l'avait manipulée. D'abord, c'était elle qui avait annoncé devant tout l'hémicycle qu'elles quittaient leur alliance. Elle avait sauté sur l'occasion de s'infiltrer. Ensuite, elle avait tout fait pour devenir proche de Drago, Pansy et Blaise. Elle posait sans arrêt des questions pseudo candides, allait dans le sens des autres, se montrait toujours pleine d'entrain pour tous les projets... Parce qu'elle cherchait des informations. Elle les faisait tous parler en étant toujours proche, tapie dans un coin, sans que personne ne la remarque. Et les photos des vacances sur la Côte d'Azur... C'était évident ! Elle était présente sur place, c'était certainement elle-même le paparazzi. Les choses étaient allées tellement loin...

"De la fumée sort de tes oreilles, Granger, l'interrompit Malefoy, qui la dévisageait sans aucune gêne.

- J'ai réfléchi, cette nuit. Je pensais à Laura. Et au fait que je ne me suis pas méfiée, alors que tous les indices étaient là, sous mon nez. Je me sens vraiment, vraiment stupide, confessa la jeune femme.

- Inutile de te flageller, on l'a tous été. Moi aussi j'y ai pensé cette nuit, et je ne comprends toujours pas pourquoi elle fait tout ça. Ça n'a aucun sens !

- Elle veut détruire notre groupe, c'est une taupe en infiltration parmi nous. Je te jure Drago, que si l'occasion d'écrabouiller ce cafard se présente, je ne la raterai pas !

- Tout doux, Tony Montana. Pour l'instant, on observe. Il faut qu'on comprenne avant d'agir."

Cette situation était curieuse. Hermione Granger était emportée par une rage aveugle, et Drago Malefoy anticipait ses coups en l'exhortant au calme. C'était le monde à l'envers. Et le blond dû s'en apercevoir, parce qu'il fronça subitement les sourcils et secoua la tête, comme pour se débarrasser d'un mauvais rêve.

"Lupin te hait depuis toujours, c'est un secret pour personne. Et il a commencé à vriller quand tu as grimpé dans les sondages. Peut-être qu'il la manipule pour obtenir des informations...

- Tu crois que c'est une vendetta personnelle ? Qu'il fait tout ça pour me nuire, et que Blaise et toi, vous êtes des dommages collatéraux ?"

Malefoy avait l'air horrifié par cette idée. Il savait qu'il ne suscitait pas une vague d'amour populaire, et que sa personnalité était clivante, mais qu'on lui en veuille autant... au point de blesser ses proches... C'était intolérable. Il pouvait comprendre qu'on s'en prenne à lui, il y était préparé et savait rendre les coups. Mais qu'on agisse sournoisement, dans son dos, en attaquant des personnes innocentes... Il n'avait pas entraîné ses amis et les personnes qu'il estimait dans cette aventure politique pour les détruire.

"J'en sais rien, Drago. Quoi qu'il en soit, c'est une stratégie intelligente, parce qu'on ne peut pas voir les coups arriver. Ça peut tomber sur n'importe lequel d'entre nous. N'importe quand. Et ça nous désorganise, regarde ce qui est en train de se passer... Au lieu de travailler, on organise un gala pour débusquer une taupe...

- Hein ?

- Oh..."

Hermione grimaça. Évidemment, Parkinson n'avait toujours pas jugé utile de prévenir Drago qu'elle organisait une fête retentissante en son nom. Et elle venait de le faire de la pire des manières.

"Comment ça, oh ? Granger, c'est quoi cette histoire de gala ?"

Malefoy avait posé son journal, et attendait une réponse immédiatement.

"Et bien... C'est une idée de Pansy. Elle attendait certainement d'avoir un plan qui tienne la route avant de t'en parler, mentit Hermione, qui savait pertinemment que Parkinson avait déjà mis en route toute l'organisation sans attendre aucune approbation.

- Granger, quel gala ? répéta le blond en s'avançant vers elle, quelque peu menaçant."

Il se servait de sa stature et de son corps pour la distraire et l'inciter à parler, c'était réellement sournois. Le parfum du blond sembla soudain saturer l'air autour d'elle. Elle ne voyait plus que son torse qui se soulevait doucement, ses longs cils et sa fichue mèche blonde devant deux yeux métalliques qui, elle l'aurait juré, étaient remplis de paillettes argentées. Elle était en train de se laisser complètement engloutir par son aura Malefoyenne. Et elle ne voyait pas d'autre moyen de s'en sortir que de tout déballer.

"Une soirée mondaine, en l'honneur de notre groupe. Je ne connais pas tous les détails. Mais elle veut montrer qu'on est toujours là, tu vois, renvoyer une image de cohésion au monde... Et aussi, mobiliser tous nos membres derrière un même événement. A vrai dire, elle en profite pour surveiller nos collègues, mais...

- C'est une excellente idée ! la coupa Malefoy, la prenant au dépourvu.

- Vraiment ? s'étonna Hermione.

- NON ! Mais bon sang, qu'est-ce qui vous a pris de faire ça sans m'en parler ! Un foutu gala ! Comme si on avait que ça à faire en ce moment ! On fournit une occasion en or à Lupin et Pods de nous exposer, de ruiner la soirée d'une quelconque manière... On peut pas se permettre d'être sous le feu des projecteurs en ce moment, scrutés à la loupe... Pourquoi je suis le seul à comprendre ça ? C'est pas vrai ! pestait Malefoy en tournant en rond autour de l'ilot central de la cuisine.

- C'est ce que je pensais aussi au début, mais en temps de crise, c'est particulièrement important de penser à notre image, réfuta Hermione. T'es le premier à miser sur le paraître, d'habitude. Les démonstrations publiques, les grands gestes, c'est ton truc."

Drago pivota en faisant crisser les semelles de ses chaussures italiennes, et la foudroya du regard.

"Mais je ne suis pas... commença-t-il d'un ton furieux, avant de s'arrêter tout net.

- Tu n'es pas quoi ? demanda Hermione d'une petite voix.

- J'allais dire que je n'étais pas en guerre. Mais en fait, si. Je suis perpétuellement en guerre. Cette campagne électorale était une guerre. La seule différence, c'est qu'ici on connait le visage de nos ennemis.

- Ça veut dire que tu acceptes cette idée de gala ?"

Il lâcha un soupir à fendre l'âme. Aussi pénible que ce soit pour lui de l'admettre, oui, il acceptait l'idée. Il sentait même une certaine excitation poindre à l'idée de pouvoir provoquer ses détracteurs en costume de créateur, une coupe de champagne à la main.

"Pansy se croit tout permis. Je vais lui rappeler que c'est moi le chef, lança-t-il."

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Diego les conduisit au penthouse, et ils passèrent le trajet à échafauder des plans pour piéger Laura. Leurs manigances n'étaient pas au point, mais ils se mirent d'accord pour garder leur découverte pour eux pour l'instant. Pour autant, ils allaient la mettre sous pression, et lui rendre la tâche plus ardue. Tout en l'écartant des réelles décisions politiques, des documents confidentiels, des discussions privées.

"Je devrais peut-être la draguer, ça la déstabiliserait, suggéra Malefoy.

- Fais donc ça, elle pourra ajouter une plainte pour harcèlement sexuel par un supérieur hiérarchique à la liste de ses manœuvres. Bon sang, comment je vais faire pour lui sourire, faire semblant d'être son amie... Est-ce que je suis supposée l'inviter à déjeuner, ou à boire des verres, comme avant ? Non, parce que je crois que je ne pourrais pas. Elle va voir que je mens. Je ne sais pas mentir, c'est comme si j'avais un panneau clignotant sur le front qui dirait cette fille est hypocrite, elle n'est pas sincère, regardez elle ment.

- Je vois surtout un panneau je suis un moulin à paroles, faites-moi taire !"

A leur entrée dans l'open space, ils échangèrent un regard décidé, et s'élancèrent d'un pas conquérant vers leurs bureaux respectifs.

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Hermione passa toute la mâtinée penchée sur ses courriers, ses mails et ses projets en cours. Elle travailla à un rythme tellement soutenu qu'elle n'eut pas le temps de penser au moindre complot. Et son petit coup de gueule de la veille avait au moins eu le mérite de réduire les allées et venues dans son bureau : personne n'était venu lui demander de l'aide, et ça, c'était très rafraichissant.

Mais d'un autre côté, c'était aussi inquiétant. Si personne n'était là pour les écouter et régler leurs problèmes, qu'allaient faire ses collègues ? Encore plus de mauvaises décisions et de drames se profilaient, c'était certain. Hermione regarda la porte de son bureau, désespérément close. Elle les avait effrayés, et maintenant, ils étaient là dehors, en train de semer le chaos et de ruiner leurs vies.

Elle était à deux doigts de se lever et d'aller se renseigner, quand des coups retentirent à la porte de son bureau.

"Oui ! lança-t-elle, soulagée."

La tête de Pansy apparut, un sourire gêné plaqué au visage.

"Hey... Je peux entrer ? demanda la Serpentard, dans un effort de politesse qui ne lui ressemblait pas du tout.

- Bien sûr, entre, l'encouragea Hermione en refermant le dossier qu'elle était en train d'annoter."

Pansy s'engouffra sans demander son reste, referma la porte avec une douceur inaccoutumée, et vint s'asseoir face à elle.

"Je ne vais pas y aller par quatre chemins, parce que c'est difficile pour moi de... enfin, tu vois. M'excuser. Pour hier... Je n'aurais pas dû te parler comme ça."

Hermione lui sourit, et tapota sa main comme une mère rassurerait son enfant pris en flagrant délit de vol de cookie.

"Quand Théo est dans les parages, c'est comme si mon double maléfique surgissait. T'as bien fait de m'engueuler, je partais complètement en vrille... C'est ça, l'effet qu'il me fait, avoua Pansy, le menton tremblotant légèrement.

- C'est quoi l'histoire, entre vous deux ?"

Pansy haussa les épaules, mal à l'aise.

"On s'est tourné autour, à Poudlard. Et puis après, à la fac. Mais ça n'a jamais vraiment abouti à rien de sérieux, tu vois... C'est Théo. Et c'est moi. Et maintenant, c'est très embarrassant. Je suis tellement... awkward, quand il est dans le coin... On dirait une cinglée, j'en ai bien conscience !

- Vous en avez déjà parlé ? Peut-être que c'est juste bizarre parce que vous n'avez pas suffisamment communiqué sur ce que vous ressentez, une discussion..."

Hermione stoppa le flot de ses conseils, interloquée par le regard affolé de Pansy, qui avait brusquement saisit le bord du bureau et le serrait si fort que les jointures de ses doigts étaient devenues blanches. Son regard révulsé était fixé sur la bouche d'Hermione, comme si les mots qui en sortaient étaient insoutenables.

"Je ne peux pas, dit-elle après un long silence.

- Très bien Pansy, rien ne t'y oblige... la rassura Hermione. Quand tu seras prête. Pas de pression."

La Serpentard hocha la tête frénétiquement, réellement paniquée. Visiblement, évoquer le sujet Théo avait été un effort pour elle, et cette conversation n'avait pas l'air de l'aider. Du tout.

"Tu as pu voir Blaise, hier ?

- Oui, j'étais chez lui hier soir quand on a appris la nouvelle. Il est sûr que c'est la même personne qui l'a piégé lui qui veut balancer cette histoire à la presse. C'est possible, tu crois ?"

Hermione reposa son crayon avant d'avoir eu le temps de le briser en deux. Hier soir, elle était chez Malefoy, en train de recevoir le ciel qui avait décidé de lui tomber sur la tête. De quoi Pansy parlait-elle ?

"Attends, Pansy... Quelle nouvelle ?

- Oh merde, je pensais que vous étiez au courant... Cormac, il n'arrivait pas à vous joindre, Drago et toi, alors il a appelé Blaise, après tout c'est lui qui dirige notre communication, il était tout indiqué.

- Cormac ? répéta Hermione."

Il avait essayé de la joindre la veille, et elle avait ignoré son appel.

"Hermione, lui aussi il a été contacté par un journaliste hier soir, qui voulait sa version des faits sur un tuyau anonyme. Cormac couche avec une nana des Conservateurs.

- Candice Cornwell, oui, et alors ?

- T'étais au courant ? Enfin bref, le souci, c'est qu'il couche aussi avec Savana Whitlock. Et Anna Brice.

- Il a vraiment un type de femmes... Que des conservatrices ! constata Hermione, avant de prendre conscience du problème. Le journaliste veut balancer ses coucheries ? Mais enfin, ça intéresse qui ?

- Je dois vraiment répondre à cette question ? Rien n'intéresse plus les gens que les histoires de fesses. Surtout entre des personnalités politiques de bords opposés. Blaise a essayé de négocier avec le journaliste, mais tout ce qu'il a obtenu, c'était de repousser la publication de 24 heures. On est foutus, on ne peut plus empêcher ça.

- Il faut qu'on le court-circuite ! s'exclama Hermione. Cormac doit parler aujourd'hui, et donner sa version des faits avant que l'article ne soit publié. On doit prendre les devants. Drago est au courant ?

- Cormac est avec lui dans son bureau en ce moment. Je n'ai pas entendu de cris, ils doivent chercher une solution. Grangy, on doit trouver cette foutue taupe très vite, parce qu'il y a des secrets à déterrer sur tout le monde ici !"

Hermione se passa une main dans les cheveux et se laissa retomber en arrière contre le dossier de son fauteuil. Laura n'avait pas perdu de temps. Elle n'avait aucun scrupule à jeter un ami en pâture, ce n'était plus à prouver. La rage de la veille se remit à bouillonner dans les veines de la Gryffondor, et elle dû puiser au plus profond de son âme pour ne pas traverser l'open-space en traînant cette traîtresse pas les cheveux. Elle se leva, et tira sèchement les stores pour dégager la vue sur le bureau de Laura. Elle était assise là, l'air parfaitement détendue, et discutait avec Dubois. Ils riaient. Hermione serra les poings à s'en faire mal.

"Drago m'a passé un savon pour le gala, ajouta Pansy, la tirant de ses pensées meurtrières.

- Je suis désolée, j'ai vraiment gaffé... répondit Hermione sans arriver à détacher ses yeux de cette peste de Laura.

- Oh, tant mieux, au moins maintenant il est au courant. Et puis, finalement, le seul truc qui le gêne c'est que ce n'était pas son idée. N'oublie pas, la réunion pour planifier tout ça est à 18 heures."

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Hermione s'accorda une pause en début d'après-midi et descendit manger avec Astoria dans un café. Elles discutèrent principalement de sujets professionnels, et ne s'aventurèrent pas à parler des sujets qui risquaient de créer des tensions. Depuis leur altercation de la veille au sujet du gala, leurs rapports étaient tendus. Et la vérité, c'est qu'ils l'étaient déjà depuis un moment. Hermione avait d'abord cru que c'était le changement qui les avait éloignées. Après tout, elles avaient toujours travaillé à deux, partageant absolument tout, et maintenant elles n'étaient même plus dans le même bureau. Parfois, une journée entière s'écoulait sans qu'elles n'échangent réellement. Astoria se sentait mise à l'écart, renvoyée à un rôle de secrétaire, alors qu'Hermione voulait la protéger des drames internes. Elles n'étaient plus d'accord sur la manière de procéder. Aussi, leur déjeuner se déroula dans le calme, mais le poids des non-dits entre elles abrégea cette petite pause.

Hermione remonta au penthouse le cœur lourd, mais le spectacle qui l'attendait surpassait largement tout ce qu'elle aurait pu imaginer.

Hestia Carrow était assise par terre, contre un mur, et pleurait à chaudes larmes, une flopée de gens accroupis autour d'elle pour la réconforter. D'autres, comme Flint ou Dubois, étaient positionnés plus en retrait, un air de pitié vissé au visage. Parkinson faisait les cent pas en vociférant. Et Malefoy était planté à quelques mètres de l'agitation, les deux mains plaquées à l'arrière de son crâne, agrippées à ses cheveux. Lorsque leurs regards se croisèrent, Hermione eut la confirmation qu'il s'était passé quelque chose de grave.

"Bordel, qu'est-ce qu'il y a encore... s'inquiéta Astoria en constatant l'ambiance de fin du monde qui régnait dans les bureaux."

Ce fut Pansy qui accourut, et se pencha vers elle pour chuchoter.

"Quelqu'un a posté une vidéo d'Hestia sur un site pornographique, Hermione."

La jeune femme se plaqua une main sur la bouche, horrifiée. Elle chercha immédiatement Laura du regard, mais ne parvint pas à la localiser, et en fut presque soulagée. Elle n'aurait pas pu se retenir de lui arracher les yeux.

"Des tas de gens sont en train de partager la vidéo sur les réseaux sociaux sorciers, c'est une catastrophe. Blaise et Cormac sont en ligne avec le Ministère et le directeur de ce foutu site, mais pour l'instant, ils n'ont pas retiré la vidéo, poursuivit Pansy, les larmes aux yeux.

- C'est trop tard. Même s'ils la retirent, elle a dû être copiée et re-postée... C'est peine perdue, fit Astoria en secouant la tête. Pauvre Hestia..."

Hermione se dirigea vers la jeune femme, prostrée au sol, et les collègues qui l'entouraient s'écartèrent pour la laisser passer. Elle s'accroupit face à elle, et posa ses mains sur les épaules de la Serpentard.

"Hestia, regarde-moi."

Cette dernière renifla bruyamment, le corps agité de spasmes.

"Hestia, tu n'as rien fait de mal. Ce n'est pas de ta faute. Tu n'as pas à avoir honte."

Les pleurs redoublèrent d'intensité, et la jeune femme planta deux yeux baignés de larmes dans ceux d'Hermione.

"Je... J'étais à l'université... C'était mon... mon petit-ami... et... je ne voulais pas que... je suis désolée ! annona Hestia avant de se remettre à sangloter.

- Peu importe, tu n'as pas à te justifier. Tu n'as rien fait de mal. Rien du tout, répéta Hermione. C'est ta vie privée et tu y fais ce que tu veux. Ça ne regarde que toi. Personne n'avait le droit de te faire ça. C'est à eux d'avoir honte, pas à toi. Tu comprends ? Tu n'as rien fait de mal. Tu n'as pas à t'excuser ou à être désolée."

Hestia bascula en avant, et atterri dans les bras d'Hermione qui la serra contre elle. Hestia n'était pas quelqu'un qu'elle portait dans son cœur, mais à cet instant, elle partageait pleinement sa peine et sa colère. Qu'Hestia soit une sœur ou une inconnue n'avait pas d'importance. Elle la garda contre elle quelques minutes, en lui répétant en boucle que ce n'était pas de sa faute. Elle n'avait même plus conscience que la totalité de ses collègues étaient là, dans leurs dos, et qu'ils devaient les dévisager. Une colère sourde l'envahissait.

Elle sentit plus qu'elle n'entendit Malefoy approcher doucement, et se planter à côté d'elles.

"Hestia, lève-toi, ordonna-t-il d'une voix calme."

Hermione repoussa gentiment sa collègue, et lui attrapa les mains pour la tirer vers le haut. Hestia suivit le mouvement mollement, et flagella sur ses jambes lorsqu'elle se retrouva debout. Elle regardait fixement ses pieds, soudain consciente d'être au centre de l'attention.

"Écoutez-moi tous, s'exclama Malefoy. Je veux que les choses soient bien claires. Hestia a besoin de nous tous, et on va la soutenir. A partir de maintenant, je veux que tout le monde appelle ses contacts dans la presse. Vous allez sortir, et vous allez la défendre. Pas parce qu'elle est une victime, pas parce qu'elle vous fait pitié, mais parce qu'elle est l'une des nôtres et ce qu'on lui a fait aujourd'hui est purement et simplement immonde. Sortez-moi vos plus beaux discours féministes, insurgez-vous, débrouillez-vous pour que la honte change de camp. Est-ce que c'est bien clair ?"

Tout le monde s'empressa de hocher la tête, et Pansy écrasa une larme en couvant Malefoy d'un regard très fier. Puis le blond claqua des doigts, agacé que personne ne se mette à courir partout pour le satisfaire.

"Hestia, tu ne vas pas prendre ta journée, et tu ne vas pas annuler ta visite à la chambre de commerce demain. Tu vas ravaler tes larmes, relever le menton, et continuer à faire ton travail, reprit Malefoy."

Elle se remit à pleurer, les épaules affaissées. Pansy s'avança vers elle d'un pas décidé, et l'entraîna un peu plus loin.

"Ah non jeune fille, tu ne vas pas leur faire le plaisir de t'effondrer. Je vais venir avec toi demain, et si quelqu'un moufte, je te promets que je vais lui botter les fesses tellement fort que je vais l'expédier sur Mars, ou n'importe quelle planète du système solaire, l'entendit dire Hermione.

- Moi aussi, je viens, les informa Malefoy avant de faire signe à Hermione de le suivre dans son bureau."

Ils y entrèrent sans un mot et Hermione rabattit sèchement la porte, avant de s'appuyer contre le montant. Malefoy se passa une main dans les cheveux, et l'y laissa, en proie lui aussi à une colère contenue. Il regardait Hermione et Hermione le regardait. Ils n'avaient pas besoin de parler. Ils savaient tous les deux ce que l'autre pensait. Malefoy s'avança vers elle, et s'arrêta à un mètre, les bras ballants.

"C'est la merde, dit-il.

- C'était très bien, ce que tu as dit, souffla Hermione.

- C'est vrai ? geignit Drago. J'étais pas très sûr. Tu crois que ça va aller, Hestia ?

- On va pas la lâcher."

Drago hocha la tête sans la quitter des yeux.

"On aurait peut-être dû mettre Laura hors d'état de nuire dès hier soir, regretta-t-il.

- A quoi bon ? Elle avait sûrement déjà balancé toutes ces infos. Mais il faut qu'on trouve le moyen de s'en débarrasser, et vite. Peut-être qu'on devrait juste lui dire qu'on est au courant de tout, et elle démissionnera.

- On perdrait notre atout. Là, on peut la surveiller, et lui fournir des fausses infos pour Lupin... On peut la contrôler à notre avantage.

- C'est pas flagrant, aujourd'hui, soupira Hermione.

- Il faut tenir bon, répondit Drago en s'avançant encore un peu vers elle."

Elle pouvait voir sa poitrine se soulever à travers son pull. Ses pectoraux frôlaient presque sa propre poitrine, et elle sentait très nettement le souffle du jeune homme sur son front. Il était plus grand qu'elle, et ses yeux étaient à la hauteur de la naissance de son cou. Le sternum de Malefoy se soulevait régulièrement, et elle le regarda monter et descendre, sans oser amorcer le moindre mouvement. Ils étaient vraiment très proches. Aucun d'eux ne parlait. Et elle vit qu'il levait son bras gauche, avant de sentir ses longs doigts replacer une boucle derrière son oreille. Cela lui arracha un frisson. Et il le sentit, parce qu'il se colla un peu plus à elle. Ce qui se produisit alors troubla profondément Hermione, qui n'avait jamais vu son corps effectuer ce genre de mouvement sans son autorisation. Elle se cambra, collant son bassin à celui du blond, qui en profita pour la plaquer plus sèchement contre le montant de la porte. Ils ne disaient toujours rien. Hermione sentait son cœur battre tellement fort qu'elle se demanda un instant s'il n'allait pas briser ses côtes et sortit de sa cage thoracique. Malefoy posa une main sur sa hanche, et pencha sa tête vers elle. Elle, qui gardait le visage obstinément baissé, et ce en luttant contre elle-même. Sa volonté et son corps combattaient en ce moment même. Elle savait que si elle relevait le menton, ne serait-ce que de quelques centimètres, il allait l'embrasser. Et son cerveau n'était pas prêt à envisager une telle chose.

La bouche de Malefoy, chaude et douce, se posa sur son front. Elle ferma les yeux. Il ne fallait pas sous-estimer le pouvoir érotique d'un baiser sur le front.

Elle sentit sa propre main se mouvoir toute seule et se poser sur la joue du blond. Il bougea un peu. Sa cuisse se plaça entre les siennes. Elle sentit son bas-ventre se crisper et toutes ses hormones se mirent à hurler. Elle se demanda même si elle n'avait pas gémi à voix haute, ce qui serait extrêmement embarrassant. La main de Malefoy descendit le long de sa hanche, faisant naître des fourmillements délicieux sur son passage, la contourna, et se posa sur ses fesses. Il y enfonça ses doigts, agrippant fermement la chair, et le visage d'Hermione bascula en arrière. Elle avait lutté, mais elle avait perdu. Son regard heurta celui du blond de plein fouet, et ce qu'elle y lut de l'aida pas à garder les idées claires. Ses iris gris étaient presque noirs. Elle tenta de prendre une inspiration, à moitié asphyxiée par l'intensité de ce qu'elle ressentait, et tomba sur ses lèvres entrouvertes. Il ne bougeait pas dans sa direction, se contentant de la tenir là, contre lui. Est-ce qu'il attendait qu'elle amorce le mouvement ?

Aucun d'entre eux n'eut de réponse à cette question, puisque quelqu'un frappa contre le montant, et les tira brutalement de leur bulle. Hermione sursauta, sa tête heurta la porte, Drago recula d'un bond, et c'est avec des regards parfaitement gênés qu'ils accueillirent Blaise. Fort heureusement, il avait les yeux baissés sur une tablette tactile.

"La vidéo a été retirée du site porno, mais elle continue à apparaître sur les réseaux sociaux, et je ne peux rien y faire à part les signaler... Le type de la plateforme m'a assuré qu'il allait bloquer les posts mais ça n'a pas l'air de marcher.

- Merci Blaise, dit Drago, qui s'était assis précipitamment à son bureau. Qu'a dit le Ministère ?

- Ils font pression auprès de plusieurs réseaux sociaux pour qu'ils soient vigilants. Mais ils conseillent de porter plainte. Les aurors pourront enquêter, mais à mon avis ils ne sont pas formés pour ça et ça nous sera pas d'une grande aide. Du coup Cormac a eu l'idée de contacter un hacker, il est prêt à traquer le coupable. Je n'ai rien compris à ce qu'il racontait, mais il a l'air compétent.

- Embauche-le, fais le venir ici au plus vite, ordonna Malefoy.

- Il demande pas mal de fric, vu que c'est pas vraiment légal...

- Donne-lui ce qu'il demande, trancha Malefoy.

- Comment va Hestia ? s'enquit Hermione.

- Elle est avec Padma et Astoria en salle de repos. Elle pleure toujours, grimaça Blaise. Pansy a réuni les autres en salle de réunion pour leur faire un topo de ce qu'ils peuvent dire ou pas à la presse. Elle leur a filé des éléments de langage, et je crois qu'elle s'est mise à expliquer le principe du féminisme parce que Flint ne comprenait rien."

Drago soupira, et fit défiler le fil d'actualité sur l'écran de la tablette de Blaise d'un geste las.

"Cormac est prêt pour son allocution ? demanda-t-il.

- Attendez... Vous l'avez maintenue ? tiqua Hermione. Je veux dire, vu les circonstances, les coucheries de Cormac, c'est pas un sujet, si ?

- On a légèrement modifié son intervention pour qu'il insiste sur le fait que la vie privée des députés, et des gens en général, ne regarde qu'eux, et que la voir étalée dans la presse est indigne. Que les Non-alignés sont la cible de ragots malveillants et déplacés, mais qu'on s'en fout, on disparaîtra pas, et on s'excusera pas d'avoir une vie personnelle épanouie. Et puis on contrôle tout, il va juste parler face caméra ici, dans les locaux. Aucune question, pas de risque de dérapage, résuma Blaise, sûr de son fait."

Hermione se rangea à son avis, qui après tout se défendait parfaitement. Elle se tritura nerveusement les mains, s'agita d'un pied à l'autre, et finit par prendre la fuite d'un coup. Elle se réfugia dans son bureau, claqua la porte, baissa les stores, et se laissa glisser au sol contre le mur.

Que lui arrivait-il ? Elle avait très chaud, brusquement, le sang palpitait dans ses tempes, et elle crut bien qu'elle allait s'évanouir. Elle avait faillit embrasser Malefoy. Et pire, elle en avait eu vraiment très envie. Même de plus qu'un baiser. Un flash brutal passa devant ses yeux, dans lequel elle était penchée sur son bureau, nue. Elle se gifla, et grogna de douleur. Elle était folle, voilà, elle perdait totalement la tête.

Elle était sous pression, elle était en colère, elle était inquiète, et lui, il était toujours là, et il était son allié, alors elle devait tout simplement tout mélanger. Confondre reconnaissance et désir. C'était possible, ce genre de choses devait arriver. Parfois.

Elle s'autorisa quelques minutes supplémentaires de repos, et se releva en lissant sa robe. Elle se planta devant son miroir, arrangea son chignon, et se regarda droit dans les yeux.

"Tu vas te calmer, ma grande, se menaça-t-elle."

Elle était parfaitement ridicule, mais pendant quelques secondes, elle se sentit mieux. Avant qu'un nouveau flash explicite traverse son esprit.

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"Herm', il est presque 18 heures, et on a envoyé tout le monde sur le terrain, alors j'ai reporté la réunion pour le gala, l'avertit Pansy en entrant dans la salle de Détente et de Ragots."

Hermione sursauta, et renversa un peu de thé sur son poignet.

"Merde, grommela-t-elle."

Parkinson ne dit rien et plaça d'autorité sa main sous l'eau froide du robinet.

"Ça va toi, en ce moment ?

- Oui, très bien. T'en fais pas, Pansy. Où est Hestia ?

- Padma, Dean et Cormac l'ont amenée boire un verre. Elle va dormir chez Dean avec Padma. On s'est dit que c'était mieux qu'elle ne reste pas seule ce soir.

- Oui, c'est une bonne idée, soupira Hermione en regardant l'eau couler sur son poignet.

- Coucou les filles, lança une voix qui fit se tendre immédiatement Pansy.

- Salut Théo, répondit Hermione en se retournant vers l'intru."

Elle asséna un petit coup de coude à Parkinson pour que cette fois, elle lui dise bonjour dans le timing adéquat.

"Bonjour Théo, lança la jeune femme.

- Qu'est-ce que vous trafiquez avec ce lavabo ?

- Hermione s'est brûlée avec son thé, répondit la Serpentard.

- Mais ça va mieux ! Bon, j'ai des trucs à faire, je vous laisse, décréta-t-elle en sortant précipitamment de la pièce."

Pansy allait lui en vouloir, mais c'était pour son bien. Elle ne savait pas vraiment où elle allait, mais ses pas la conduisirent vers le bureau d'Astoria, qui tapait à un débit soutenu sur le clavier de son ordinateur.

"Tu peux rentrer chez toi, si tu veux. Je ne crois pas qu'on fasse grand chose de plus ce soir, lui proposa Hermione.

- Je préfère rester là. Ron est infernal en ce moment. Il est en panne d'inspiration pour son prochain tome des aventures du Blaireau. Figure toi que ce pauvre blaireau n'arrive pas à faire ses lacets, et tout le monde se moque de lui à l'école, gloussa Astoria en envoyant son mail.

- Ce blaireau a décidément de sérieux problèmes, pouffa Hermione en s'asseyant sur une chaise vide.

- Tu sais... Tu devrais envoyer un hibou à Laura. Tout le monde se demande pourquoi elle n'était pas là cet après-midi. Ils risquent de finir par avoir des doutes."

Interdite, Hermione se pencha en avant. Astoria était très intuitive, et elle s'était toujours méfiée de Laura.

"Ne me regarde pas comme ça. Je ne sais pas pourquoi vous ne faites rien pour la stopper, mais c'est évident que l'un d'entre nous abreuve la presse. Et elle n'est jamais là quand quelque chose explose, ce qui est quand même très louche.

- Personne n'est au courant, Astoria. Seulement Drago et moi.

- Drago, hein ? reprit la jeune femme avec un petit sourire en coin. Vous comptez faire quoi, avec elle ?

- On n'en sait rien, à vrai dire. Elle espionne pour le camp adverse. On pensait pouvoir la garder à l'œil et l'utiliser contre eux, mais la situation nous a échappé.

- Je vais la surveiller, moi. Je vais lui coller aux basques. J'ai dupliqué son agenda tout à l'heure, elle ne fera plus un pas sans que je sois au courant.

- Sois discrète, elle ne doit pas se douter qu'on sait... s'inquiéta Hermione. Je vais lui confier un gros projet pour l'occuper, j'ai une petite idée.

- C'est quoi cet air machiavélique ? pouffa Astoria.

- Je me disais qu'il était grand temps de faire passer des lois contre le cyber harcèlement et le revenge porn. Pour forcer les plateformes à censurer un peu plus rapidement ce genre de contenus. Et Laura me semble la personne parfaite pour mener à bien ce projet."

Astoria émit un petit rire, et approuva d'un sourire entendu.

"Cette garce va mordre la poussière, pas vrai ? demanda-t-elle, soudain sérieuse.

- Ça ne fait aucun doute.

- Parfait. Bon, je vais rentrer, sinon Ron va vraiment détruire notre appartement à force de se lamenter en tournant en rond."

Hermione lui souhaita une bonne soirée, et la serra dans ses bras un peu plus longtemps que nécessaire. Astoria était la personne la plus loyale qu'elle connaissait. Et elle s'en voulait de lui avoir donné l'impression de la négliger, et de ne pas lui faire confiance.

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Lorsque le journal de 20 heures débuta, Hermione était sagement assise dans son canapé, un verre de vin à la main. Elle était curieuse de voir comment Wizzards Chanel allait couvrir l'actualité politique de la journée. Le générique défila, et le présentateur habituel apparut, ses fiches à la main.

"Bonjour à tous et bienvenue pour ce journal. Nous sommes le 8 avril 2019, et ce soir, l'actualité est mouvementée. Avant la présentation des titres, je tiens à communiquer à Hestia Carrow, députée Non-alignée élue du Surrey, mon soutien et ma compassion. Nous sommes le 8 avril 2019, et nous continuons à humilier nos femmes politiques parce qu'elles ont eu l'imprudence de faire l'amour. Je vais peut-être être viré, ceci est peut-être mon dernier journal de 20 heures, mais il est de mon devoir de vous rappeler que relayer des contenus pornographiques volés, traîner dans la boue une femme, parce qu'elle est une femme, doit être fermement condamné. Je suis un homme, et je suis solidaire avec Hestia Carrow. Toute de suite, le rappel des titres."

Estomaquée, Hermione avala une grande lampée de vin. Théo s'était surpassé sur ce coup-là. Nul doute qu'il avait orchestré cette introduction. Parce que ce présentateur, qui était l'incarnation du conservatisme, n'avait absolument pas pu écrire ça sans qu'on le lui souffle. Elle sentit son portable vibrer, et l'attrapa à tâtons, hypnotisée par l'écran

Parkinson.

"Je crois que je suis amoureuse de Théo."

Hermione éclata d'un rire nerveux, et se rongea un ongle. Elle écouta l'actualité internationale, bâilla devant un sujet sur les marchés régionaux où Janice et Hank critiquaient les tomates sans saveur qui poussaient sous serre, grimaça en découvrant les nouveaux chiffres du chômage, et se tendit lorsque le visage de Cormac apparut à l'écran.

L'allocution était parfaite. Efficace, claire, parfaitement équilibrée entre indignation et sérénité. Cormac avait l'air sincère et inspirait confiance. Et il ne se plaignait pas : il reprochait aux gens de s'en prendre aux femmes, et pas à lui, qui était le fautif si fautif il y avait. Ce qui était une transition parfaite pour défendre Hestia. Ils avaient très bien travaillé. Ensuite, il y eut un retour en plateau. Le présentateur était entouré d'une journaliste de la Gazette, d'une militante féministe et du directeur du Twitter sorcier. Ils condamnèrent unanimement le lynchage d'Hestia. La journaliste rappela que le rôle de la presse était d'informer et d'éduquer, pas de relayer des ragots anonymes et de détruire gratuitement l'image d'une personnalité publique, adressant là un tacle franc à ses concurrents des tabloïds. Elle déclara qu'il fallait élever les débats au lieu de parler aux instincts primaires des citoyens, ce qui fit extrêmement plaisir à Hermione. La militante fut parfaite, très pédagogue, et rappela que le seul coupable ici était la personne qui avait divulgué une vidéo privée. Et, même si personne ne le crut, le directeur du principal réseau social sorcier s'engagea à modérer les contenus pornographiques plus efficacement. Le présentateur ajouta ensuite, en clôture du débat, qu'un hashtag prenait de l'ampleur, lancé par une collègue d'Hestia, Pansy Parkinson.

S'attendant au pire, Hermione se mordit la lèvre. Une Pansy furieuse et survoltée était capable de tout.

"#libéreznosvagins ? s'écria Hermione en bondissant sur ses pieds."

Elle se mit à rire si fort que des larmes roulèrent sur ses joues. Pansy n'avait pas dû attendre l'approbation de Blaise pour poster ça, mais elle avait bien fait. La jeune femme attrapa son téléphone, et posta à son tour #libéreznosvagins. A mesure qu'elle tapait les lettres, elle se rendait compte qu'elle n'aurait jamais osé faire ça quelques mois auparavant, emprisonnée parmi les Progressistes et la rigueur froide de Lupin. Elle songea à ses parents. Elle se demanda si les électeurs les plus âgés allaient apprécier qu'elle parle de son vagin. Et puis elle appuya sur "publier".

Quelques secondes plus tard, Malefoy lika son post.


Enfin un sérieux rapprochement ! Il aura fallu attendre 18 chapitres, je suis désolée... Et encore, ils ne se sont même pas embrassés. Patience, patience ! J'espère que ça vous a plu. Parce que maintenant, ils risquent d'être déconcentrés par la chasse à la Laura... Ou peut-être pas, qui sait.

A la semaine prochaine, chers lecteurs !