Chapter 20 - Soupçons

Hermione se réveilla dans son lit, eut quelques secondes de répit, et fut frappée par la réalité de son existence. Elle se redressa d'un coup, affolée, une lèche de cheveux collée en travers du visage. Malefoy était couché à côté d'elle, tout habillé, et semblait dormir paisiblement. Sa seule présence attestait d'une chose : ce qui s'était produit la veille n'était pas un cauchemar. C'était réel.

Et lui dormait. Sereinement. Après ce qu'ils avaient fait.

Il avait enfoui sa tête dans l'oreiller et roupillait du sommeil du juste, les traits parfaitement détendus.

Ils avaient bu presque toute la vodka. Elle se souvenait qu'elle avait pleuré, à un certain point. Ils avaient beaucoup parlé. Et elle avait vomi.

Elle avait vomi devant Malefoy, qui l'avait traînée jusqu'à l'évier et lui avait tenu les cheveux. Hermione ferma les yeux, un sentiment de honte l'étreignant de plein fouet.

Quelqu'un était mort, et elle était là à se morfondre parce qu'elle avait vomi devant Malefoy... Elle se laissa retomber en arrière, et enserra son oreiller de ses bras. Malefoy l'avait couchée, l'avait aidée à retirer son jean à tâtons parce qu'elle ne voulait pas allumer la lumière. Il l'avait forcée à boire une potion anti gueule de bois. Il l'avait serrée dans ses bras pour qu'elle se calme et elle s'était endormie.

Et maintenant, elle voyait les choses clairement. Leur vie était foutue, c'était aussi simple que ça. En une soirée, ils avaient pris une série de décision abruptes et définitives qui allaient changer le sens de leurs vies. Sur l'instant, tout s'était enchaîné, ils étaient pris dans une spirale infernale et avaient eu l'impression d'agir avec logique. Une logique sinistre et assassine, mais une logique quand même. Ils n'arriveraient plus jamais à vivre comme avant. Surtout Pansy... pauvre Pansy. Hermione n'avait jamais vu une telle détresse dans les yeux de quelqu'un.

"Granger, arrête de gigoter, maugréa Malefoy."

Elle ne s'était même pas rendu compte qu'elle agitait ses jambes, parcourues de spasmes nerveux. Elle se tint immobile quelques secondes, puis se redressa à nouveau.

"On est complices d'un meurtre, dit-elle.

- Granger, hier soir, on a décidé de ne plus jamais aborder ce sujet. Pourquoi les premiers mots que tu prononces, c'est ça ? râla le blond en se frottant les yeux.

- J'ai besoin d'en parler. J'ai l'impression que je vais devenir folle... J'arrive pas à comprendre. Ou à me dire que c'est réel. Drago, tu te rends compte ? On a... On a fait quelque chose d'absolument horrible, et on l'a fait comme si c'était évident ! Il faut que j'en parle à quelqu'un, sinon je vais imploser !

- Tant que tu n'en parles pas à quelqu'un d'autre que moi... Bon, il est quelle heure ? On a un gala à organiser."

Il sortit du lit et s'étira, sous le regard stupéfait d'Hermione.

"Je vais faire du café."

Et il sortit de la pièce.

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Hermione passa du temps à choisir une tenue adaptée, qui n'allait pas crier au monde qu'elle avait brûlé un cadavre dans les bois. Elle se maquilla avec soin, et réussit à se faire un chignon malgré ses mains tremblantes. Elle rejoignit Malefoy, qui était attablé devant une tasse avec le journal du jour entre les mains.

Elle passa à côté de la table basse, où les vestiges de leur soirée traînaient toujours, et choisit de l'ignorer. Au point où elle en était, un peu de désordre ne changerait pas grand chose. Elle se dévissa la tête pour voir la Une du journal, et respira un peu mieux en constatant que leurs portraits ne trônaient pas dessus.

"Un toast ? proposa Malefoy en lui tendant une assiette."

Elle fronça le nez en avisant les morceaux de pain carbonisés, et secoua la tête.

"Je n'ai pas très faim."

Elle était pratiquement sûre qu'il allait insister pour qu'elle mange, mais on frappa à la porte. Ils se tendirent immédiatement.

"C'est pas la police, dit la voix de Blaise.

- Quel abruti, pesta Malefoy en se levant pour aller ouvrir.

- Mais qu'est-ce que tu fais là, toi ? J'emmène Pansy. Elle voulait voir Hermione, expliqua Blaise en débarquant dans la cuisine, Pansy agrippée à son bras."

Hermione descendit de son tabouret, et la Serpentard se précipita dans ses bras.

"Merci Hermione, merci. Merci, balbutiait la jeune femme en enfouissant ses joues baignées de larmes contre l'épaule de la Gryffondor.

- Elle ne peut pas aller au travail dans cet état, constata Drago. Ça va attirer les soupçons.

- Je ne veux pas aller en prison, dit Pansy.

- Non, nous non plus, confirma Hermione en caressant les cheveux de Pansy."

En la voyant dans cet état, aussi bouleversée et dévastée, elle songea que ce qu'ils avaient fait la veille était incontestablement terrible, mais quelque part justifié. Pour Pansy. Elle lui aurait bien proposé un toast pour la réconforter, mais vu leur état, ça n'aurait pas été un cadeau. D'ailleurs, Blaise les avait remarqués, et adressa aussitôt un sourire moqueur à son meilleur ami.

"Tu as encore essayé de cuisiner ? Il faut vraiment que tu arrêtes de mettre le feu à tout et n'importe quoi, ça va t'attirer des ennuis."

Il y eut un moment de flottement, puis Hermione sentit Pansy ricaner nerveusement contre elle. Elle se mit à pouffer aussi, sans trop savoir pourquoi. Puis Malefoy, en les voyant rire, s'y mit aussi. Et c'est comme ça qu'ils partirent dans un fou-rire hystérique, quelques heures seulement après le crime.

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Arrivés devant l'immeuble qui abritait leurs bureaux, ils ne riaient plus du tout. Alignés tous les quatre face à la porte d'entrée, ils n'arrivaient pas à franchir le pas. Ce fut Pansy qui débloqua la situation.

"On redresse le menton, on sourit, et en marche. Le monde est à nous. C'est ce que ma mère me dit toujours."

Ils traversèrent le hall en silence, et montèrent dans l'ascenseur. Personne ne parlait, et chacun d'eux regardait devant lui, évitant tout contact. Hermione ne put s'empêcher de vérifier s'il ne restait pas de traces de sang dans la cabine. Mais le pire fut de traverser le hall d'accueil. Pansy se bloqua à l'entrée, pâle comme la mort, et Malefoy dû la pincer et lui murmurer quelque chose à l'oreille pour qu'elle se remette en route. Hermione faillit tourner de l'œil en passant devant le desk, et Blaise la poussa doucement pour la faire avancer.

Elle paniqua sérieusement en remarquant un morceau de marbre, reste du buste, qui traînait sous un des canapés. Elle mit un coup de pied discret dedans pour le projeter hors de vue, et se promit de le ramasser quand les bureaux seraient vides.

"Ah, vous voilà ! les salua Cormac, enjoué. Euh, ça va ? Vous avez l'air bizarres...

- On a un peu trop picolé hier soir, expliqua Blaise. On avait besoin de se détendre, et ça a un peu dérapé."

Cormac ricana et asséna une claque amicale dans le dos de son collègue. Ça, pour déraper, ça avait sérieusement dérapé.

"Réunion à 10 heures, c'est obligatoire ! C'est pour l'organisation du gala ! lança Malefoy à tout l'open-space."

Il avait réussi à faire son annonce d'une voix claire et autoritaire, comme à l'accoutumée, sans rien laisser paraître. Hermione n'avait quant à elle toujours pas desserré les dents depuis leur entrée, et appréhendait le moment où quelqu'un allait essayer de lui adresser la parole. Deux solutions : soit elle sprintait vers la sortie en hurlant, soit elle fondait en larmes et tombait à genoux en demandant pardon pour ses pêchés. Ce qui n'avait, dans les deux cas, rien d'envisageable. Elle scanna la pièce rapidement, guettant le moindre regard suspicieux. Mais non. Leurs collègues avaient repris leurs tâches, la fontaine coulait toujours, le son des touches qui s'enfonçaient dans les claviers et des téléphones était exactement le même que d'habitude.

"Bon et bien... au travail, leur indiqua Malefoy en s'en allant d'un pas nonchalant vers son bureau."

Pansy s'empressa de s'élancer vers le sien, tête baissée, et Blaise se retourna vers Hermione.

"Je crois qu'on peut y arriver, marmonna-t-il avant de hausser les épaules.

- Eh, vous savez où sont passées les statues ? lança Seamus en arrivant vers eux.

- Vendues au profit d'une œuvre caritative, débita Hermione.

- Après toutes ces histoires dans la presse, il faut qu'on redore notre image, ajouta Blaise."

Ils échangèrent à nouveau un regard, presque étonnés d'avoir réussi à mentir si facilement. Seamus approuva d'un hochement de tête, marmonna quelque chose au sujet des statues qui étaient de toute façon hideuses, et les laissa s'en tirer sans encombres.

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La Gryffondor dégaina son téléphone et fit semblant d'y lire un message de la plus haute importance pour pouvoir passer devant Astoria sans que cette dernière ne croise son regard. Elle était passée en mode survie. Personne ne devait jamais, jamais savoir ce qu'il s'était passé, ni même n'émettre le moindre soupçon. Et Astoria était bien trop fine pour ne pas tout comprendre si le moindre fil décousu dépassait de leur tissu de mensonges. Elle ne deviendrait pas complice d'un crime elle aussi.

"Salut, Astoria, coassa-t-elle sans lever les yeux de son écran vide.

- Salut, Herm... La porte, la porte est...

- Aïe, merde, putain, fais chier !

-... fermée. Ça va ?"

Pour la discrétion, c'était raté. Hermione se massa la pommette en retenant des larmes de douleur, et fut bien obligée de se laisser guider à l'intérieur de son bureau par Astoria, qui l'aida à s'asseoir.

"Je ne sais pas ce qui t'es arrivé pour que tu sois si perturbée, mais ça doit être important..."

Hermione eut l'impression d'avaler une balle de ping-pong tant sa déglutition fut difficile.

"Je... J'ai... Ça va, bafouilla-t-elle. Tu peux m'apporter mon planning ?"

Astoria n'insista pas, mais ne se départit par de son air suspicieux.

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Hermione attendit le dernier moment pour se rendre à la réunion, appréhendant sérieusement de faire face à autant de personnes. Mentir était une chose. Mentir en présence de personnes qui étaient dans la confidence et savaient que vous mentiez, c'en était une autre. Et ils étaient quatre à connaître la vérité. Trois paires d'yeux allaient la regarder mentir effrontément, et même s'assurer qu'elle le fasse, parce que sans ça ils allaient tous tomber.

Elle entra dans la salle déjà bondée et se faufila en silence pour s'asseoir à côté de Pansy, qui elle aussi semblait chercher à éviter les regards. Le brouhaha et les conversations animées stoppèrent lorsque Drago entra dans la pièce, le menton bien droit et l'air parfaitement neutre. Hermione observa sa démarche assurée en essayant d'y déceler un signe de faiblesse, une faille quelconque, mais elle ne parvint pas à identifier la moindre insécurité. Elle remarqua que Pansy le dévisageait aussi, visiblement impressionnée. Hermione attrapa sa main sous la table et Pansy la serra en retour, sans lui jeter le moindre regard. Personne n'en était conscient, mais elles étaient en train de vivre un moment très particulier.

Malefoy se racla la gorge, et prit la parole pour parler du gala, secondé par Blaise qui avait lui aussi l'air aussi placide que d'habitude.

"Hestia, tu étais wedding planer, on a donc pensé à toi pour organiser tout ça. Est-ce que tu te sens à la hauteur de la tâche ? On parle d'environ trois-cent personnes. Il y aura toute l'assemblée, des personnalités publiques diverses, des journalistes triés sur le volet, des élus étrangers...

- Oui, c'est dans mes cordes. J'ai gardé mes contacts.

- Tu peux constituer une équipe de cinq personnes autour de toi pour l'organisation, choisis qui tu veux."

Hestia posa toute une série de questions logistiques précises, prenant des notes en même temps, sous le regard absent d'Hermione qui avait du mal à se sentir concernée. C'est la voix de Pansy qui la tira de sa torpeur.

"Oui, j'ai sélectionné une dizaine de lieux assez proches de Londres..."

Elle s'arrêta. Une suite était attendue, tout le monde était suspendu à ses lèvres, mais rien ne vint. Hermione se racla la gorge, et sauta dans le vide.

"L'idée, c'est d'en mettre plein la vue sans basculer dans les excès, commença-t-elle avec une voix mal assurée.

- On veut un luxe feutré, pas ostentatoire, ajouta Drago, qui la fixait avec un regard intense.

- Rien de trop extravagant, compléta Hermione. Il faut un endroit qui a une histoire et une personnalité. Un endroit élégant, où on peut réunir des politiques et faire une soirée mondaine, mais pas guindée non plus. Il faut favoriser l'échange entre nous et les autres, montrer un visage humain, et motivé. Tout le monde doit bien comprendre qu'on est pas un groupe qui arrive sans idée et sans préparation."

Plus elle parlait, plus elle sentait le regard de Malefoy sur elle, et plus elle se sentait en confiance. Les mots sortaient de sa bouche de façon organisée, et elle se sentit plus libérée que quelques secondes auparavant, où elle était prostrée en silence sur sa chaise.

"Les gens doivent se sentir à l'aise, mais pas au point de se sentir chez eux. Il faut qu'ils gardent en tête que l'élite, c'est nous, et que s'ils ont la chance de participer à cette soirée, c'est uniquement parce qu'on les y autorise, ajouta Blaise.

- Il faut qu'ils admirent notre groupe et nous envient, renchérit Malefoy en balayant la pièce du regard. S'ils trouvent notre position plus enviable que la leur, ils seront plus enclins à nous aider. Voire à nous rejoindre. Pensons à long terme."

C'était difficile de se projeter dans l'avenir avec une telle épée de Damoclès au dessus de la tête. A chaque seconde, ils pouvaient être découverts, et tout s'effondrerait.

"Et il faut penser à la sécurité, on doit pouvoir filtrer les entrées, et contrôler tous les accès, ajouta Hermione comme pour répondre à ses propres angoisses. On a eu suffisamment de problèmes avec les médias, alors les seuls journalistes autorisés à entrer seront des reporters sérieux et approuvés par nous."

La réunion se poursuivit pendant près d'une heure, et tous les députés du groupe semblaient assez réceptifs et séduits par l'idée de cette soirée de gala. Même les plus réticents au départ avaient à présent l'air convaincu du bien-fondé d'une telle soirée. Lorsque tous les rôles furent attribués, Drago frappa sèchement ses deux mains l'une contre l'autre comme pour disperser ses subalternes, mais Flint se leva brusquement.

"Est-ce qu'on va parler de l'éléphant dans la pièce ? lança-t-il, un brin exaspéré."

Les réactions dans la salle furent partagées. Beaucoup levèrent les yeux au ciel, déjà irrités par son intervention. Et une part non négligeable des députés hocha la tête, comme s'ils étaient déjà au courant de ce qu'il allait dire et étaient d'accord. Pansy et Hermione se tendirent sur leurs chaise, dans l'attente anxieuse de ce qui allait suivre. Et Malefoy, une nouvelle fois, prit les devants sans montrer le moindre signe d'inquiétude.

"Quoi, Flint ? maugréa-t-il en commençant à rassembler ses papiers pour bien signifier qu'il n'avait pas le temps de l'écouter.

- Il y a un traître parmi nous. On le sait tous. Est-ce qu'on va continuer à faire comme si de rien n'était, et le laisser nous pourrir ? Qu'est-ce que tu comptes faire avec lui, Drago ?"

Malefoy mit quelques secondes à réagir, mais lui adressa finalement un regard glacial et condescendant.

"On n'a aucune preuve que qui que ce soit ici nous trahisse. On ne peut pas accuser les gens et commencer à nous suspecter les uns les autres. Faites le ménage dans vos vies, et les médias n'auront rien à raconter, c'est simple, répliqua le blond en rangeant sa chaise.

- Mais... Tu vas rien faire, alors ? s'écria Hestia.

- Vous voulez que je fasse quoi, exactement ? Des interrogatoires musclés dans mon bureau ? Ou alors du veritaserum ? s'agaça Malefoy. Ça ne vous vient pas à l'esprit que, peut-être, il n'y a aucun danger ici à part vous-mêmes ? Prenez vos responsabilités un peu !"

Hermione grimaça. Blâmez ses collègues n'était certainement pas la bonne chose à faire dans un climat de suspicion généralisé. Un vent de révolte menaçait. Flint avait rassemblé autour de lui, c'était évident. Et, au lieu, d'éteindre les flammes, Drago les attisait en faisant peser la responsabilité des scandales sur des innocents. Hestia, Dubois, Blaise... Ils n'avaient rien fait de mal. Et ils avaient raison, il y avait bien une taupe parmi eux. Le brouhaha s'intensifia, et Malefoy échangea un regard crispé avec Blaise, qui se tenait toujours à ses côtés. C'est ce qui décida Hermione à se lever à son tour ; si Malefoy perdait la main, s'il se coupait de ses députés, ça allait rapidement tourner au vinaigre.

Tous les regards se posèrent sur elle, mais elle ne savait pas exactement ce qu'elle voulait dire. Elle se mordit la lèvre pour se donner quelques secondes de réflexion, et se lança un peu à l'aveugle.

"Vous en avez assez d'être des cibles, et c'est normal. C'est injuste, mais c'est le lot des politiques, ça a toujours été le cas, et ça l'est d'autant plus parce qu'on a pris le risque de fonder un nouveau groupe. Drago a raison, il faut qu'on se fasse confiance entre nous et qu'on fasse front si on ne veut pas laisser de prise à l'adversaire. Tout ça ne continuera pas indéfiniment. On encaisse, on se serre les coudes, et très vite ils auront épuisés leur sujets.

- Et alors, on se laisse traîner dans la boue en attendant qu'ils se lassent ? grogna Cormac."

Hermione lui jeta un regard interdit. D'entre tous, elle ne s'était pas attendue à ce que Cormac prenne le parti de Flint, et s'oppose à elle en public. Et le jeune homme remarqua la surprise d'Hermione, parce qu'il lui adressa une moue désolée.

"Ce que je veux dire, reprit-il, c'est qu'on doit être prudents. C'est bien mignon de faire confiance, mais voilà où ça nous a menés. Je pense qu'on devrait éviter de parler de notre vie privée ou de choses qui pourraient nous incriminer, par sûreté...

- D'accord avec MacLaggen, dit Flint. Mais ça suffit pas.

- Et tu proposes quoi ? grogna Seamus, qui commençait à s'inquiéter.

- Le traitre est ici, c'est je veux qu'il sache qu'on va le trouver, et qu'il va payer, balança-t-il en pointant un doigt vengeur devant lui, désignant l'ensemble des Non-alignés. C'est pas des menaces en l'air !

- On est pas obligés d'en arriver à une guerre civile, râla Fortarôme.

- Vous êtes des dégonflés ! accusa Flint.

- On sait que t'adores traquer les gens et les crucifier avec une capuche sur la tête, Marcus, siffla Astoria, qui était debout au fond de la pièce, appuyée contre le mur.

- Qu'est-ce que t'as dit ? rugit l'intéressé, sans pour autant impressionner Astoria qui se contentait de le regarder.

- Bon, ça suffit, coupa Malefoy en haussant la voix, ce qui ne lui arrivait jamais. Vous vous êtes exprimés, c'est bien, maintenant retournez à vos bureaux. Que ce soit bien clair, je ne tolèrerai pas de violences ou de pressions dans ce groupe. Arrêtez cette paranoïa !"

Si une partie des députés s'empressa de s'éloigner de l'air saturé de la salle, d'autres ne semblaient pas décidés à obtempérer. Notamment Flint, qui lâcha Astoria du regard pour tomber directement sur les yeux noirs de son leader.

"Flint, je ne vais pas répéter, l'avertit Malefoy sèchement.

- Je sais, désolé mec, mais on est tous inquiets, insista le Serpentard en se radoucissant un peu.

- Et bien ne le soyez pas. Tout est sous contrôle. On se connait depuis suffisamment longtemps pour que tu saches que je ne prends pas ce genre de choses à la légère. Si taupe il y a, elle sera démasquée, et exclue du groupe. Je m'en charge, et vous, concentrez-vous sur votre travail de députés.

- Oui... finit par abdiquer Flint avec un air un peu penaud.

- Si tu as des inquiétudes à l'avenir, viens nous en parler au lieu de faire des conciliabules dans les couloirs, ajouta Blaise.

- On est ensemble là-dedans, d'accord ? Ça va bien se passer, décréta Hermione autant pour elle-même que pour les autres."

Tout le monde finit par sortir de la pièce plus ou moins rasséréné, et la jeune femme s'autorisa un profond soupir. Malefoy passa à côté d'elle, pressa si rapidement son avant-bras qu'elle aurait pu croire qu'elle l'avait rêvé, et d'un coup elle se retrouva seule avec Pansy, qui était toujours assise en silence sur sa chaise.

"C'est bon, tout le monde est parti, l'informa Hermione d'une voix douce."

La Serpentard tressaillit, comme tirée d'un songe.

"Ils n'ont pas remarqué qu'elle n'était pas là, souffla-t-elle.

- Non, réalisa Hermione en s'asseyant à côté d'elle."

Elle se retourna pour vérifier que personne ne les écoutait, et chuchota :

"Il faut que tu tiennes le coup, Pansy. Je sais que c'est dur. On est tous là pour toi, si tu as besoin... De quoi que ce soit.

- Vous en avez fait déjà tellement pour moi, gémit Pansy en reniflant bruyamment.

- On ne l'a pas fait uniquement pour toi... On l'a fait pour le groupe, aussi... souffla Hermione, qui essayait tant bien que mal d'alléger la charge de culpabilité que portait sa collègue.

- Je sais pas comment vous réussissez à avoir l'air si... normaux. J'arrête pas d'y penser. J'ai l'impression que tout le monde le sait. Et d'avoir littéralement du sang sur les mains, avoua Pansy à demi-mots, en se triturant les doigts. Dès que je ferme les yeux, je revois le moment où elle a basculé sur cette statue, et la surprise dans ses yeux, et le sang partout, et Théo qui criait...

- Moi aussi, j'y pense. C'est difficile. Mais on doit pas le montrer, et on ne peut rien y changer. Ce qui est fait est fait, murmura Hermione en enroulant une main tremblante autour de celle de Pansy. Qu'est-ce que tu as prévu, aujourd'hui ?

- La chambre de commerce. Avec Hestia et Drago.

- Bien. Prépare cette visite, et accroche-toi.

- Est-ce que je peux dormir chez toi, ce soir ? J'ai pas envie d'être seule...

- Bien sûr ! s'empressa de répondre Hermione. Mais Théo..."

Pansy émit un ricanement un peu inquiétant.

"Je suis sûre qu'il va disparaître, comme à chaque fois que les choses se corsent. C'est pas vraiment le genre de mec sur qui on peut compter, tu vois. C'est pas quelqu'un qui va débarquer chez toi sans prévenir pour te soutenir, juste pour être avec toi. Même un petit geste d'affection ou de soutien... C'est pas son truc. Il viendra pas ce soir."

Hermione pensa immédiatement à Drago, la veille, devant sa porte, avec un air chiffonné et une bouteille à la main. Lui non plus n'avait pas particulièrement l'air affectueux ou présent pour les autres au premier abord. Pourtant, il savait l'être. Il n'avait pas fuit, ne s'était pas détourné. Il s'était retroussé les manches et il était resté.

"Les gens sont parfois surprenant dans l'adversité, dit Hermione, les yeux dans le vague."

Pansy se retourna enfin vers elle et la contempla d'un air suspicieux. Il en fallait peu pour la ramener à la vie, finalement. Elle flairait un potin potentiellement scandaleux et impliquant de la romance, et elle était de retour.

"De qui tu parles, là ?

- De personne en particulier, c'était simplement une remarque, répliqua Hermione en haussant les épaules.

- C'est ça, oui, je vais te croire... Je suis peut-être momentanément hors du coup, mais ne pense pas que je ne vois rien.

- Bref, ce que je veux dire, c'est que tu devrais peut-être laisser une chance à Théo. Ce qui ne t'empêche pas de dormir chez moi, tu es toujours la bienvenue, éluda Hermione."

Pansy laissa tomber sa tête sur l'épaule de la Gryffondor et expira pesamment.

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Lorsque Hermione regagna enfin son bureau, ce ne fut que pour un bref passage. Drago avait gribouillé de son écriture élégante un "viens dans mon bureau", sans même prendre la peine de signer. Elle rangea le mot dans un tiroir comme s'il s'agissait d'un élément incriminant, et prit qutelques secondes pour vérifier qu'elle n'avait pas de rouge à lèvres sur les dents.

Elle s'avança vers le bureau de son leader en rougissant à la pensée de ce qu'il avait failli se passer la dernière fois qu'elle s'y était trouvée.

Mais maintenant, tout avait changé.

Elle poussa la porte sans frapper, et trouva Malefoy assis dans son canapé, a moitié avachi dans ses coussins, un avant-bras plaqué devant ses yeux comme s'il dormait. Elle referma silencieusement derrière elle, et n'osa plus bouger.

"Je dors pas, l'informa-t-il en abaissant son bras."

Il avait l'air stressé et épuisé, tout à coup. Ce n'était pas le visage qu'il avait montré à la réunion... Hermione alla s'asseoir à côté de lui, en prenant soin de conserver une distance de sécurité d'un bon mètre avec lui. Mais même comme ça, une tension s'installa immédiatement entre eux. Et il n'arrangea rien en l'observant, tranquillement, sans dire un mot. Elle se sentit fondre sous l'intensité de ses deux prunelles métalliques.

"Tu voulais me dire quelque chose ? demanda la jeune femme d'une petite voix.

- Non, répondit Drago sans cesser de la fixer."

Hermione pinça légèrement les lèvres, pas vraiment sûre de ce qu'elle faisait là. Sans aucune raison valable, son les battements de son cœur accélérèrent et elle sentit des pulsations étranges dans le bout de ses doigts. Juste respirer le même air que lui devenait difficile. Sans prévenir, il se redressa et glissa vers elle, jusqu'à ce que leurs genoux soient en contact. Puis il attrapa sa main et en caressa le dessus, avant de se mettre à jouer avec ses doigts.

"Qu'est-ce que tu fais ? lâcha-t-elle avant d'avoir eu le temps de s'en empêcher.

- Aucune idée, dit-il simplement.

- C'est bizarre, marmonna Hermione.

- J'en conviens."

Malefoy étouffa un rire.

"T'as peur de moi ?

- Non, répliqua Hermione en haussant les épaules.

- Bien, dit-il en se laissant tomber contre le dossier du canapé, un air satisfait vissé au visage."

Il avait gardé sa main dans la sienne. Hermione suivi le mouvement et bascula en arrière à son tour, se collant contre lui. Son épaule était un peu dure mais il dégageait une chaleur rassurante et, une fois le sentiment d'étrangeté disparu, elle réalisa qu'elle se sentait plutôt bien. Soudain détendue, elle se tourna vers lui pour l'observer. Il avait fermé les yeux, et continuait à faire de petits cercles du bout des doigts sur son poignet. Il avait presque l'air angélique à cet instant, ses traits étaient reposés et ses longs cils blonds ne bougeaient pas.

"Arrête de m'observer, bougonna le Serpentard en passant un bras autour du cou d'Hermione pour l'attirer contre lui."

La tête de la jeune femme se retrouva en appui sur son torse, emprisonnée dans le bras ferme de Malefoy. Elle pouffa comme une midinette, avant de se fustiger mentalement.

"Comment tu te sens ? demanda-t-il après un long silence.

- Je ne sais pas. Groggy. Et toi ?"

Il soupira, et recommença à tripoter la main d'Hermione distraitement.

"Pareil. Mais pour l'instant, tout va bien. Dans quelques heures, cette journée sera derrière nous.

- Et demain...

- On verra."

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Hermione parapha un dernier parchemin, et tapota le dessus de sa pile d'un air satisfait. Ce n'était pas grand chose, mais elle avait réussi à mener à bien une partie de ses tâches, et c'était en soi un exploit. Il était 16 heures, et la plupart de ses collègues étaient partis sur le terrain, se prêtant à diverses obligations. Elle étira ses muscles endoloris, et consulta sa montre pour la centième fois de la journée. Drago, Pansy et Hestia étaient actuellement sous le feu des projecteurs, répondant sûrement à des questions déplacées en essayant d'éviter un nouveau scandale. C'était extrêmement angoissant de les imaginer dans l'arène, à découvert, surtout avec Pansy aussi proche de la dépression nerveuse.

"Une tasse de thé ? suggéra Astoria en passant la tête par la porte du bureau.

- Pourquoi pas, répondit Hermione."

Elle se redressa et posa ses mains bien à plat devant elle. C'était étrange de se comporter ainsi face à son amie, mais elle devait rester sur ses gardes. Il était inconcevable qu'Astoria soit mêlée à tout ça à son tour. Et la connaissant, à la seconde où elle flairerait une piste, elle ne la lâcherait pas.

Astoria revint avec deux tasses de thé, et s'installa sur un fauteuil face à Hermione.

"Le vignoble Cinelli a demandé une confirmation de ta présence pour l'inauguration de leur programme de réinsertion. C'est le 25. Et il y a deux remises de l'Ordre de Merlin au ministère pour lesquelles on a requis ta participation. Ah, et Daphné veut savoir si tu peux garder Dahlia vendredi soir, Harry et elle vont au théâtre.

- Oui, pour chacune des questions. Est-ce qu'on a reçu une réponse du syndicat des médicomages ? S'ils ne nous appuient pas, on ne va pas pouvoir défendre correctement leurs conditions de travail.

- Leur représentant m'a assuré que tu aurais leur soutien officiel d'ici à la fin de la semaine.

- Bien. Est-ce que la réunion avec le nouveau maire de Londres a été fixée ?

- Il est en contact avec Blaise, ça a l'air d'être quelqu'un de compliqué mais c'est en bonne voie. Oh, et on a reçu les résultats des études d'opinion que tu as demandées la semaine dernière.

- Alors ?

- Très positif. Les CSP+ sont majoritairement favorables, les jeunes aussi, la seule tranche qui coince c'est les plus de 65 ans.

- On s'y attendait. Bon, tout a l'air de rouler.

- Il y a quand même quelque chose d'étrange, lâcha Astoria en jetant un regard de conspiratrice en direction de la porte."

Hermione se crispa, et sa tasse trembla dangereusement entre ses mains. Elle préféra la poser pour éviter toute catastrophe.

"Quoi donc ? se renseigna-t-elle sans oser regarder Astoria trop directement.

- J'ai fait une copie de l'agenda de Laura hier, tu sais... "

Hermione sentit son estomac faire un bond douloureux, et se força à croiser ses jambes sous son bureau pour ne pas les laisser s'agiter nerveusement.

"Oui, et ?

- Et ce matin, elle avait un rendez-vous ici, dans le penthouse. Elle n'était pas là. Même pas à la réunion. Tu ne trouves pas ça bizarre ?"

Hermione émit une moue dubitative, qu'elle jugea très convaincante.

"A tous les coups, elle est encore en train de manigancer un truc... Elle est de moins en moins dans le coin. Tu devrais l'appeler pour essayer de savoir ce qu'elle trafique, cette fois !

- Tu crois...? coassa Hermione.

- Mais oui... invente un prétexte pour la forcer à ramener ses fesses ici.

- Mmmh..."

Hermione regarda ses mains, sa tasse de thé, sa plume, et son téléphone. Il n'était qu'à quelques centimètres, mais amorcer un mouvement dans sa direction avait l'air franchement impossible. Elle était la mieux placée pour savoir que Laura ne risquait pas de décrocher.

D'un autre côté, ne pas l'appeler ou la chercher risquait de paraître suspect. Elle était supposée être proche de Laura, et donc en son absence d'essayer de la joindre.

Voilà que je prépare mon alibi comme une véritable criminelle.

"Je pourrais l'appeler pour lui parler du gala, proposa Hermione.

- Oui, tout simplement."

Astoria était enjouée, comme excitée par le fait de piéger la taupe. Le piège s'était refermé définitivement la veille, mais elle ne pouvait pas - et ne devait pas - le deviner. Hermione empoigna donc son téléphone, chercha le nom de Laura dans son répertoire, et appuya sur la touche d'appel avant d'avoir le temps de changer d'avis.

Elle tomba directement sur messagerie, et songea que le téléphone avait dû se décharger. Ou être volé par un des habitants du quartier malfamé où Blaise avait abandonné le sac à main de Laura.

"Euh, oui, Laura, salut, c'est moi... Hermione ? Voilà, tu n'étais pas là ce matin, ni cet après-midi... On est en train de planifier le gala. Est-ce que tu pourras me rappeler dès que tu auras ce message ? Merci. Bisous."

Bisous. Le téléphone atterri sans aucune douceur sur le bureau, et Astoria fronça les sourcils.

"Je vais rentrer, je suis fatiguée, dit Hermione en enfilant son manteau.

- Tu vas bien ? s'inquiéta Astoria en lui tendant son écharpe.

- Oui ! Parfaitement bien, la rassura Hermione avec un sourire faux qui devait la faire ressembler au Joker. Bonne soirée, Astoria, ne traîne pas trop avant de rentrer toi aussi..."

Sans demander son reste, elle quitta le penthouse, et décida de rentrer chez elle en marchant pour se remettre les idées en place. Ils avaient survécu à cette journée, et c'était presque comme si rien n'avait changé. Ce qui rendait la situation encore plus difficile à affronter, parce que derrière ce statu quo était tapie l'horrible vérité. Tôt ou tard, la disparition de Laura serait signalée. Une enquête commencerait. La presse poserait des questions. Ils seraient interrogés, et ils allaient devoir mentir, et prier pour que les aurors ne remettent pas en place les pièces du puzzle.

Harry savait que Laura était une taupe. Il savait aussi que Drago et elle étaient au courant. Il allait forcément additionner les informations et réaliser qu'ils avaient quelque chose à voir avec sa disparition...

Comme la veille, Hermione sentit sa cage thoracique se refermer sur elle et ses poumons crier pour un oxygène qui ne leur parvenait plus. Elle arrêta sa marcha effrénée, et plaqua ses deux mains sur son plexus. Que ferait Harry ? Bien sûr, il ne voudrait pas la croire impliquée, il accuserait Malefoy, et il finirait par tout comprendre. Est-ce qu'il les dénoncerait ?

Elle se laissa tomber sur le premier banc qu'elle croisa, heurtant au passage un homme d'affaire qui lui lança un regard courroucé. Elle resta là pendant un moment, fixant sans les voir les passants et les voitures qui circulaient autour d'elle. Elle se sentait comme absente de sa propre vie, plongée dans un brouillard de plus en plus épais, toxique, oppressant. Et elle serait probablement restée là tout la nuit si son téléphone n'avait pas sonné.

Malefoy. Elle dû s'y reprendre à deux fois pour décrocher tant ses mains tremblaient.

"Granger ? T'es où ?"

La voix du blond la ramena à la réalité, et elle regarda autour d'elle, un peu égarée.

"Dans la rue, je... Je ne sais pas, balbutia-t-elle.

- Comment ça tu ne sais pas ? demanda-t-il d'une voix étranglée. Astoria a dit que tu étais rentrée chez toi il y a deux heures. Qu'est-ce que tu fous ?

- M'engueule pas, couina Hermione."

Il y eut un silence interloqué d'une part, inquiet de l'autre.

"Regarde autour de toi, il a forcément des panneaux. J'entends des voitures, il y a une route.

- Je suis à Kensington, réalisa Hermione. Je vais transplaner.

- Bien, on se retrouve chez toi, souffla Malefoy. Sois prudente, ajouta-t-il avant de raccrocher."

.

Hermione déboula sur son palier essoufflée, et y trouva Drago, assis dans les marches qui menaient aux étages supérieurs. Un pli soucieux lui barrait le front, mais il disparu dès qu'il la vit.

"Bon sang, qu'est-ce qu'il s'est passé ? s'exclama-t-il en l'empoignant par les épaules.

- Rien, j'étais stressée et je suis sortie prendre l'air, marmonna Hermione en se dégageant."

Elle n'aimait pas du tout être prise en flagrant délit de faiblesse, et encore moins par lui. Elle releva le menton et lui jeta un regard de défi, ne réussissant qu'à lui arracher un léger haussement de sourcil réprobateur.

"Comment ça s'est passé, ce rendez-vous ? finit-elle par demander.

- Bien. Hestia a repris du poil de la bête. Et ça a fait du bien à Pansy de se remettre au travail. Elle s'est nettement détendue en voyant Théo, en fait, raconta Drago en craquant un sourire en coin.

- Théo était là ?

- Ouais, il traînait dans le quartier pour une raison qui m'échappe. Elle est rentrée avec lui."

Hermione se surprit à sourire, même si ce fut très léger. Nott n'avait pas pris la fuite. Et Drago non plus. Il était toujours là, sur son palier, les mains dans les poches, avec l'air insondable de quelqu'un qui attendrait quelque chose. Et Hermione était déstabilisée. Que faisait-il là, exactement ?

"Bon, je vais devoir rester sur le palier où est-ce qu'on va rentrer à un moment ?"

Oh. Et il voulait entrer, évidemment. La jeune femme fouilla dans la poche de son manteau d'un geste nerveux, à la recherche de ses clefs. Toute cette situation était hors de contrôle. Elle finit par insérer la clef dans la serrure d'une main tremblante, et poussa la porte pour laisser le blond entrer en premier. Ce qu'il fit, non sans l'avoir frôlée d'un peu trop près.

Respire.

Le parfum de Malefoy pénétra de plein fouet dans ses poumons et un petit frisson la parcourut.

Non, ne respire pas.

Elle entra à son tour, et referma la porte. Et maintenant, quoi ?

"Il te faudrait un elfe de toute urgence, grinça le blond en jetant un regard réprobateur à la table basse qu'ils avaient encombrée ensemble la veille.

- Ça tombe bien que tu sois venu, alors, cingla Hermione en enlevant son manteau avec une brusquerie inhabituelle.

- Tu viens de me traiter d'elfe ? hoqueta Malefoy en s'approchant dangereusement d'elle."

Elle se tendit instinctivement par anticipation. S'il entrait de nouveau dans sa zone, elle savait pertinemment qu'elle allait perdre le contrôle de la situation.

C'est alors que quelqu'un frappa à la porte, faisant éclater leur bulle en éclat.

"Tu attends quelqu'un ? chuchota Malefoy, sourcils froncés."

La Gryffondor secoua la tête. Comme la veille, elle se sentit doucement glisser dans l'angoisse et, sans s'en apercevoir, sa main se porta à sa baguette. Drago avait fait la même chose. Comme s'ils étaient à nouveau en guerre, prêts à devoir défendre leurs vies. Drago s'élança vers la porte, la jeune femme sur ses talons, et ils attendirent sans se consulter que la personne se manifeste une seconde fois.

Ce qu'elle fit, de manière bien plus vigoureuse cette fois-ci.

"Hermione, je sais que tu es là, j'ai entendu ta voix. Ouvre cette porte, ordonna une voix autoritaire."

Lupin. Lupin se trouvait devant sa porte, vingt-quatre heures après qu'ils aient brûlé sa complice.


Merci pour toutes vos réactions sur le chapitre précédent, qui était - j'en conviens - déstabilisant. Certain.e.s d'entre vous ont été un peu choqués, notamment par le comportement d'Hermione. Je ne la vois pas comme un être parfait, elle a des contradictions et dans cette fiction, ça ne sera pas la première de la classe qui respecte toutes les règles (ce qu'elle n'est pas non plus dans l'œuvre originale). Ce moment était important pour la suite, pour plusieurs raisons que vous comprendrez au fur et à mesure...

En attendant, on dirait que c'est le début des ennuis ! Notre petit Lupin diabolique est de retour...